Fulcran Vigouroux
Dictionnaire de la Bible
Letouzey et Ané, (Volume II,p.1533-1534-1927-1928).
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ECBATANE — ECCLÉSIASTE (LE LIVRE DE L’)
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d’hui Réï, ville du nord-est de la Médie, n’était pas situéeà proprement parler dans la montagne d’Ecbatane. On asupposé qn’Ecbatane désignait ici une chaîne de montagnesde Médie qui tirait son nom de la ville d’Ecbatane; mais il est plus probable que le texte latin actuel estaltéré ou la traduction défectueuse. Les textes grecs n’ontrien de pareil, non plus que l’ancienne Italique, quoiqu’elleamplifie dans ce passage le texte grec de la manièresuivante: s Rages, ville des Mèdes. Il y a deux joursde marche de Rages à Ecbatane. Rages est dans les montagneset Ecbatane dans la plaine.» Voir Rages.
F. Vigouroux.
- ECCÉTAN##
ECCÉTAN (hébreu: Haqqâtân, «le petit;» Septante: ’AxxaTav), père de Jobanan, qui revint de la captivitéde Babylone au temps d’Esdras. I Esdr., viii, 12.
- ECCHELLENSIS ou ECHELLENSIS Abraham##
ECCHELLENSIS ou ECHELLENSIS Abraham,
savant maronite, né à Éckel en Syrie, d’où il tira sonnom, mort à Rome en 1664, dans un âge avancé. Aprèsavoir étudié en cette dernière ville, il se fit recevoir docteuren philosophie et en théologie et y enseigna l’arabeet le syriaque. En 1630, il vint à Paris pour travailler à laPolyglotte de Le Jay, où il publia le livre de Ruth en syriaqueet en arabe, et le livre III des Machabées en arabe.Son travail sur Ruth fut vivement attaqué par Valériende Flavigny et Gabriel Sionite, auxquels il répondit partrois lettres apologétiques: Epislolm apologelicse duseadversus Valerianum de Flavigny pro editione syriacalibelli Ruth, in-8°, Paris, 1647; Epistola apologeticatertia in qua respondetur libello Gabrielis Sionitx, in-8°, Paris, 1647. À la suite de ces démêlés, il revint enItalie et fut employé par la congrégation de la Propagandeà la traduction de la Bible en arabe. Il avait encorecomposé une Apologia de editione Bibliorum polyglottorutnParisiensium, in-8°, Paris, 1647; Linguse syriacsesive chaldaicss perbrevis institutio, in-4°, Rome, 1628, et autres nombreux ouvrages. — Voir Lelong, Bibl. sacr., p. 24, 28, 39, 593; Gesenius, dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopàdie, sect. i, t. XXX, p. 360; R. Gosche, dans Herzog, Real -Encyklopàdie, 2e édit.,
t. iv, p. 17.
B. Heurtebize.
1. ECCLÉSIASTE (hébreu: Qôhéléf). Titre queprend l’auteur du livre de l’Ecclésiaste. Voir EccléSIASTE 2.
2. ECCLÉSIASTE (LE LIVRE DE) (hébreu: Qôhéléf; Septante: ’ExxXr]<ria<jTrjç; Vulgate: Ecclesiastes), un descinq livres sapientiaux de l’Ancien Testament. Il est lesecond de ces livres dans les Septante et dans la Vulgate.Dans la Bible hébraïque, il occupe la septième placeparmi les hagiographes (ketûbîm) et il est le quatrièmedes cinq megillôf, «rouleaux» que les Juifs lisent dansleurs cinq principales fêtes. L’Ecclésiaste se lit dans lessynagogues à la fête des Tabernacles.
I. Nom du livre. — Il est difficile d’expliquer aveccertitude le sens du nom hébreu du livre, Qôhéléf.nSnp vient de bnp, qâhal, inusité, dont la notion radicaleoffre l’idée d’ «appeler, convoquer», et de «parler, prêcher». Du moins est-ce l’opinion de plusieurs.rnnp (participe présent féminin) peut donc se traduire: «celui qui parle dans une réunion, en public». Cf. S. Jé-TÔme, In Eccle., i, 1, t. xxiii, col. 1011 (concionator).L’étymologie, l’opinion de graves auteurs, et le tongénéral de l’écrit, qui est comme un discours véhémentsur la vanité des choses humaines, telles sont les raisonsqui appuient ce sens.. La forme féminine s’explique probablementpar l’usage hébreu assez récent de mettre auféminin les noms d’offices ou de dignités. I Esdr., ii, 55, 57; I Par., iv, 8; vii, 8. Cf. J. Olshausen, Lehrbuchder hebr. Sprache, Brunswick, 1861, p. 224. Voir d’autressignifications du mot et d’autres explications de sa termi. liaison féminine dans G. Gietmann, In Ecclesiasten,
Paris, 1890, p. 58-64. — Le mot grec’Ev.yà^maT-rf^, «Ecclésiaste,» signifie le prédicateur qui parle et enseignedans une assemblée (èxx).r, (7Îa).
IL Doctrine. — L’Ecclésiaste tend, en somme, âmontrer que la félicité ici-bas consiste à craindre Dieuet à observer sa loi, en jouissant modérément de tousles biens que la Providence a départis à l’homme, xii, 13.Ce livre est ainsi une sorte de traité de la béatitudeterrestre. L’idée de piété envers Dieu y est exprimée nettementcomme condition d’une vie heureuse. L’usagemodéré des choses y est cent fois répété. Qôhéléf prouvedonc, par une série de petits paragraphes: 1° que lafélicité ne consiste ni dans la science, i, 18; — 2° nidans le rire et le plaisir, qui est «une folie», ii, 2; —3° ni dans l’éclat et la magnificence, le luxe et l’abondancedes biens: «J’ai reconnu, dit-il, que tout cela est vanitéet pâture de vent» (Vulgate: afflictio animi). ii, 11.Dieu a fixé un temps pour chaque chose, et ainsi il n’y ade bon pour l’homme que de se réjouir et de mener unevie honnête ici-bas. iii, 12. — Il arrive à la même conclusionpar ses observations sur ce qui se passe dans la viecivile. L’injustice et l’impiété le révoltent. L’oppressionpartout triomphe. Il s’indigne. À quoi bon? Le succèsest jalousé. L’envie se ronge. Vanité encore et pâture devent. Ainsi en est-il de l’homme solitaire et morose. Ilrompt avec ses semblables; mais «malheur à l’hommeseul». Toujours vanité et affliction d’esprit, iv, 16. «Nevaut-il pas mieux manger, boire et jouir en paix de sontravail: ce qui est un don de Dieu?» v, 17-18. — Toutesces maximes sont reprises dans le reste du livre, et récapituléeset amplifiées, un peu au gré de l’auteur. Dieu avoulu que l’effort de l’homme servît à son honnête jouissance, vu, 7. Il faut éviter les extrêmes, le rire insensé, la tristesse exagérée, les passions excessives. La vraiesagesse rend fort, plus fort que «dix princes». vii, 19.Avec elle j’ai cherché la cause de cette infinie misère, etj’ai trouvé que c’était la femme en général, car Dieua fait la nature humaine droite; ce sont les hommesqui inventent les mensonges sans fin et les maux, vii, 24-30. Cf. Gietmann, In Eccle., p. 251-257. Il ne fautcependant pas se tromper. L’honnête jouissance des biensde la vie ne doit pas exclure l’assiduité dans l’action, ni la piété et la crainte de Dieu. Il y a un Dieu, providencesuprême réglant le temps et les choses; il fauty être attentif. Parmi les injustices dont ce bas mondeest rempli, attendons. Encore une fois il n’y a riende bon pour l’homme que de manger, de boire, de seréjouir pendant les jours que Dieu lui a donnés surterre, viii, 15. Même la science, modères-en l’ardeur: l’homme ne sait rien de rien. Affranchis-toi des vainsdésirs. Jouis de la vie honnêtement gagnée. Une fois dansle scheol, on ne peut plus agir. Applique-toi à la vraiesagesse. Surtout prends garde à l’indignation qu’éveillela vue des iniquités sociales, x, 4-15. Il vaut mieux sedonner au silence, à la paix. Du reste travaille matin etsoir, quoique les affaires de ce triste monde se règlentnon sur le mérite, mais par le hasard. Pratique enfin lapiété et la religion dès tes jeunes années jusqu’à cequ’arrivent ces jours dont tu diras: Rien ne m’y plait.Voilà donc le résumé de tout: se garder de l’excès dansle savoir, le plaisir, les richesses; user modérément, avecjoie, des biens de la vie, et craindre Dieu en obéissantà sa loi; car, en dehors de cela, vanité des vanités et toutest vanité. — Telle est la doctrine du livre. Qohélét regardela vie par ses côtés douloureux, et c’est dans lesconstatations de l’infinie misère des choses humainesqu’il cherche ses raisons et ses arguments. Tout est vanité, tel est le résultat vingt fois exprimé de toutes sesexpériences. Ce qui ajoute à l’impression d’acre tristessecausée par ce livre, c’est la vigueur et la profondeur dusentiment exprimé. Toutes ces misères, qu’il décrit paraphorismes, l’une après l’autre, il en a senti lui-mêmepersonnellement, à une profondeur incroyable, l’amer1535
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tnme. Il les a vécues. On le voit de reste, on l’éprouverien qu’à remarquer le ton véhément, tragique, dont ilne se départit guère. Il exagère, il parle en orateur, enpoète parfois; mais avec quel mouvement, quel heurtde pensées! À part Job peut-être, nul n’est descendu siavant dans cet inexorable ennui qui fait le fond de la viehumaine. "Voir iii, 18-21; iv, 2-16; ix, 11, 12; xii. C’estpar là, en parlant avec exagération des côtés sombres dela vie, que sa doctrine a donné prise aux objections.
Objections doctrinales. — On accuse l’Ecclésiaste d’épicurisme, de fatalisme, de pessimisme. On trouve qu’il niela valeur de la raison, et qu’il ne reconnaît pas l’immortalitéde l’âme. Reprenons ces affirmations. — 1° Qôhélétadmet l’immortalité de l’âme. Il n’en donne pas la notioncomplète, qui était réservée aux temps nouveaux, maisil en exprime la notion essentielle, telle qu’il convenaitqu’elle fût alors. Il ne peut pas ne pas l’avoir, car lesHébreux dès le temps de Moïse l’avaient très certainement.J. Knabenbauer, Das Zeugniss des Menschengeschlechtesfur die Unsterblichkeit der Seeîe, vi" Ergà’nzungsheftdes Stimmen aus Maria-Laach, Fribourg-en-Brisgau, 1878, p. 9. Et il l’a en effet. Quoi de plus clairque xii, 7: «La poussière fera retour à la terre, commece qu’elle était, et l’esprit reviendra vers Dieu, qui l’adonné.» Du reste, sa théorie favorite du jugementfutur dans l’autre vie exige qu’il croie à l’immortalité. Cf.m, 17; viii, 1-8, 11; XI, 9; xii, 14. Pas de justice ici-bas, et cependant il faut une justice; c’est Dieu qui la rendraaprès la mort. Tel est son raisonnement. Un seul passage: (Quis novit si spiritus filiorum Adam ascendatswsum, et si spiritus jumentorum descendat deorsuni?)m, 21, semble contredire. Il n’en est rien. Ou bien ilaffirme, en effet, l’idée de survivance, si l’on entend ascendatsursum de l’immortalité bienheureuse, et descendatdeorsum de l’immortalité malheureuse (voir G. Gietmann, In Eccle., p. 185)., ou bien il ne touche pasmême à la question, si l’on traduit ruâfy, spiritum, parsouffle, et non pas par «esprit»: il s’agirait simplementalors du dernier souffle de l’homme et de la bête exhaléidentiquement, mais dont le lieu de retour serait différent, l’un porté en haut, l’autre tombant en bas. Voir troisautres sens au mot Ame, t. i, col. 468. Qôhélét ne niedonc pas l’immortalité. — Il ne méconnaît pas davantagela valeur de la raison. Quand même il dirait que «l’hommene peut se rendre compte de rien», i, 8; que même ense privant de sommeil pour étudier, il «ne saurait jamaisarriver à la compréhension de ce qui se fait sous le soleil», viii, 16, 17; que lui, Qôhélét, ayant appliqué touteson âme à la sagesse et à la science, il a vu enfin que «cela aussi n’est que vanité et pâture de vent», i, 12-18, il ne dit rien que de très orthodoxe: ce n’est pas la capacitéde la raison et sa valeur intime qu’il met en doute, il ne traite pas cela; mais c’est sa limite dans la compréhensionqu’il affirme. La raison ne peut comprendretout: est-ce dire qu’elle ne sait rien avec certitude?Non, certes. Il en exalte ailleurs la force, ix, 14-18; lalumière, la gloire, viii, 1; la divine origine, vii, 29. —2° Passons à l’accusation de pessimisme. L’Ecclésiasteserait, dit-on, un désenchanté, un ennuyé incurable, parcequ’il sent et exprime avec passion le néant des chosesqui occupent le cœur de l’homme. Mais ne nous tromponspas. Autre est cette doctrine, et autre le pessimismed’un Schopenhauer ou d’un von Hartmann. C. H.Wright, Ecclesiastes, Londres, 1883, e. vi et vii, p. 141-214. Laraison et la foi répudient les opinions de ces philosophes; elles admettent au contraire l’appréciation de l’Ecclésiastesur la vie et sçs misères, parce qu’elle est vraie au fond, quoique très noire. Voici comment il faut comprendre sapensée. Qôhélét cherche à établir l’homme dans l’usagemodéré des choses. Pour y atteindre, il s’efforce d’assombrirla vie et d’en exagérer le vide et le néant. Il sait que, lié comme il l’est aux sens, l’homme ne se déprendra passi totalement de ses illusions qu’il ne lui paraisse toujours
bon et joyeux de vivre: ce sera alors Vaurea mediocritas, son rêve. Qôhélét, en effet, est si peu pessimistedans le sens moderne du mot, que çà et là il interromptsa lamentation pour exciter à la vie et à la joie. II n’y aqu’une chose de bonne: jouir de la vie et de son travail, manger son pain en liesse, boire son vin en bonnehumeur, iii, 22 (Vulgate, 21); viii, 15; ix, 7; xi, 9.S’il était pessimiste, il ne pourrait pousser au travailassidu comme il le fait avec tant d’éloquence. Sème lematin, et le soir ne laisse pas reposer ta main, xi, 1, 2, 6.Il croit à la Providence qui régit tout, sans que l’hommepuisse pénétrer le secret de ses lois, xi, 11, 12, et ilexhorte celui-ci, malgré cette douloureuse ignorance, à la piété et à la crainte de Dieu. Certes ce n’est paslà la doctrine d’un pessimiste. — 3° Il n’est pas plus fatalistequ’il n’est pessimiste. Il a des textes qui semblenttout assujettir à l’aveugle hasard, ne, 11, 12. L’homme, d’après d’autres passages, ne saurait agir librement: savie, son sort, sa condition ne sont pas dans sa main.Il, 15, 16, 26. Tout ce que Dieu a fait restera éternellementce qu’il l’a fait. Rien n’y peut être changé ni retranché, m, 14, 15. Il est possible, à ne prendre que lesmots, d’entendre les textes dans ce sens. Mais, en fait, ce n’est très certainement pas celui qu’il faut leur donner.Les interpréter de la sorte, ce serait nier l’actiondivine dans le monde et dans l’homme la liberté. Or ilest incontestable que ces deux dogmes sont acceptés parl’auteur de l’Ecclésiaste. Il reconnaît une loi généraleimmuable, devant laquelle tout finit par plier; mais enmême temps les misères de la vie, dont il parle sur unton si amer, il les dit expressément causées par la volontéde Dieu, iii, 11, 14; vi, 2, 10; vii, 14, 15; viii, 3, 8; x, 5.Il les rapporte aussi à la volonté de l’homme, vii, 30.Partout il parle de la liberté humaine. Il invite à la piété, il exhorte à la modération, il veut que l’on cultive lasagesse, 1, 13-18; viii, 16-17; il oppose la vraie prudenceàla prudence mondaine, vi, 5, 12, 20; vii, 1, 5; ix, 13; x, 12; xii, 10. Est-ce le fait d’un sage qui nie la liberté?De plus, la cause de tous ces maux, dont il se plaint, c’est l’abus qu’a fait le premier homme de sa liberté, lepéché originel, vii, 30. La doctrine de l’Ecclésiaste n’estdonc nullement le fatalisme. — 4° On l’a accusé d’épicurisme.Personne ne songe à nier qu’il y a dans son livredes mots et des textes qui d’apparence justifient l’accusation.— 1. Les mots ou expressions’qu’on relève sont: y’ôkal vesâfâh (comedere et bibere), ii, 24, cf. v, 18(hébreu, 17); viii, 15; râ’âh tôb (videre bonum), iii, 13; éâmah (lœtari), iii, 12, 22. Écartons’âéâh tôb (facerebene), iii, 12, qui n’a pas le sens de «se réjouir», qu’onlui donne. — 2. Les textes sont: ii, 10; iii, 12, 22, 23, 24; v, 17; viii, 15; ix, 7, 8, 9; xi, 9. Dans tous ces passages, l’Ecclésiaste invite à jouir de la vie, mais une sage exégèseles explique sans difficulté. — 1. Par eux-mêmesd’abord, les mots n’énoncent pas nécessairement l’épicurisme, c’est évident. Ils sont peut-être littérairement peudélicats; mais qui ne sait que l’hébreu ne doit pas sejuger comme nos langues occidentales? Ils ne signifientpas autre chose que: jouir de la vie et des biens qu’ellenous offre. Or cela même, réglé par la droite raison, n’est pas l’épicurisme, mais la simple et honnête moraleconvenant à ces temps-là. — 2. Les textes n’ont pas unautre sens, il faut les interpréter selon les deux grande’spensées du livre. La première pensée est exprimée dansces passages d’une indicible mélancolie où se sent le vide, des émotions humaines épuisées jusqu’au dégoût. Voilà/un excès, un désordre qui n’est pas selon la raison. Pourle redresser et placer l’homme dans le vrai, l’auteurramène celui-ci à l’usage réglé de la vie, dont la conditionest Vaurea mediocritas du poète: c’est la secondepensée générale. Qu’il faille le comprendre ainsi, c’est cequ’il montre lui - même clairement, quand il dit cent foisque cette joie de vivre est un «don» de Dieu, qu’elledoitêtre jointe au «travail», à «la crainte de Dieu >, i 1537
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1538 «la sagesse», à «l’ordre» et à la «paix domestique».il, 26; ix, 9; cf. xi, 8-xii, l; ii, 24; iii, 13, 22; v, 11, 17.Qui oserait affirmer que cette morale est l’épicurismepaïen? Morale élémentaire, soit; mais morale irréprochable, convenant à des lecteurs de Salomon vivant sousun régime de rémunérations terrestres. A. Motais, L’Ecclésiaste, Paris, 1877, p. 66-118; Vigouroux, Les LivresSaints et la critique rationaliste, 4e édit., t. v, p. 69-79.III. Division et analyse. — Il y a dissentiment parmiles auteurs sur la division du livre. Il en est qui le partagenten deux parties, d’autres en trois. Plusieurs enfont quatre parties. Quelques-uns même vont jusqu’àsept et treize parties. Les divisions en deux ou trois partiessont les plus communément admises. B. Schàffer, Nette Untersuchungen ûber das Buch Koheleth, Frihourg-en-Brisgau, 1870, p. 172. Nous allons donner dansl’analyse la division en trois parties, parce que c’est cellequi répond le mieux, selon nous, à l’allure libre etquelque peu irrégulière de l’ouvrage. — L’Ecclésiastecomprend un prologue, trois parties et un épilogue. —Prologue. I, 1-11. — Vanité des choses en général.Toutes choses sont vaines: l’homme passe, tandis quetout autour de lui demeure, i, 1-7; il ne sait que peude chose de ce qui est toujours, i, 8-11. — Premièrepartie, i, 12-m, 15. — Vanité des choses dans la vieprivée. Vaine est la science. I, 12-18. Vain le plaisir.Il, 1, 2. Vaines les grandes choses faites avec une prudenceachevée: les maisons, les vignes, les jardins, lesvergers, les réservoirs, ii, 3-11. Comparaison de cetteprudence avec la fausse sagesse, ii, 12-17. Et cela aussiest vain; car le fruit de son labeur, c’est à un autre, àun inconnu qu’on le laisse, ii, 18 23. Mieux vaut jouir dece que l’on a fait, de ce qui vient de Dieu, ii, 24-26.
— Appendice: Toutes choses ont un temps fixé, etl’homme ne peut rien y changer, iii, 1-15. — Deuxièmepartie, iii, 16-vi, 6. — Vanité dans la vie civile. Vaineest la douleur de ceux qui s’indignent en voyant d’iniquesjugements, iii, 16-22, d’iniques oppressions, iv, 1, 2.Vaine est la jalousie, vain l’effort pour surpasser son semblable, iv, 4-6. Vain est l’homme solitaire (l’avare), queJe dédain des conseils isole de la société, iv, 7-16. —Récapitulation. — Indignation contre l’injustice, iv, 17*v, 7. Cf. G. Gietmann, In Eccl., p. 193. Censure del’avarice, v, 8-19. Folie du roi qui méprise les conseils, vi, 1-6; cf. iv, 13-16. — Amplification. Répétition: 1. Soumissionà la volonté arrêtée de Dieu, vt, 7-vu, 1 (Vul^ate); cf. m. — 2. Excès dans la légèreté et la joie, vii, 2-7; cf. n. — 3. Excès dans la tristesse et l’indignation, vu, 8-15; cf. iii, 16. — 4. Louange de la médiocrité, quise tient entre ces extrêmes, vii, 16-23. — 5. Cause profondede l’universelle vanité: la femme «dont le cœurest un lacs, et les mains des chaînes», vii, 24-29, et lepremier péché, vii, 30. — Troisième partie: Préceptesde sagesse pratique. ( Ils ont des affinités avec ce qui précède.) viii, 1-xii, 8. — 1° Observe le temps du roi (Dieu), et ne cherche pas à t’y soustraire, viii, 1-8. — 2° Restecalme et froid devant les injustices de ce monde, viii, 9-15. Réjouis-toi modérément. — 3° Réprime le désir deconnaître tout ce qui se passe sous le soleil, viii, 16IX, 1; cf. i, 13-18. — 4° Affranchis-toi de tout vain désir.Jouis de la vie, qui est meilleure que la mort, et attendsen paix l’heure de la destinée, qui t’est inconnue, jx, 3-12; cf. ii, 1-11; iv, 1-16. — 5° Cherche la vraie sagesse, IX, 13X, 3. — 6° Surtout garde-toi de l’indignation, x, 4-15; cf. iii, 16; iv, 1. — 7° Du reste travaille hardiment etassidûment, x, 16-xi, 6; cf. x, 10. — 8° Enfin jouis dela vie, selon Dieu. Souviens-toi de ton Créateur jusqu’à lavieillesse. ( Belle et saisissante description de la vieillesse, xii, 2-8.) xi, 7- xii, 8. — Épilogue. L’Ecclésiaste y loueles «dires des sages», et y proclame que craindre Dieuet observer ses commandements, c’est là tout l’homme; car le jugement attend chacune de ses actions. Tel est lerésumé du livre, xii, 9-16.
DICT. SE LA BIDLE.
IV. Forme, langue. — L’Ecclésiaste est sous le rapjport du style et de la langue unique en son genre. Ne
considérons ici son hébreu qu’en lui-même. On sait qu’àcôté de la langue des livres, classique et savante, il y a lalangue parlée, nécessairement moins polie et moins pure, avec des mots et des tournures de provenance étrangère.L’hébreu de Qohélét se rapproche plutôt de celle-ci quede celle-là. Son vocabulaire, ses particularités grammaticales, ses périodes qui sentent l’artifice et la recherche, .les sens singuliers attribués à des mots, en font commeun hébreu à part dans les écrits salomoniens. — i. Vocabulaire: 1° Mots aryens: 1. pardesîm, horti (paradis), m, 5; — 2. pifgam, sententia, viii, 11. — 2° Motsaraméens: 1. békén, tune, viii, 10; — 2. bâtai (formehébr.), otiosus fuit, xii, 3; — 3. zemân, tempus, iii, 1;
— 4. kisrôn, sollicitudo, iii, 21; iv, 4 (industria); —5.’anîân, ratio, i, 13 (peut être hébreu); — 6. pésar, explicatio, viii, 1; — 7. re’ûf, pastio, I, 14, etc.; —8. kebar, i, 10; — 9. besal, propter quod, viii, 17; —10. taqan, rectus fuit, i, 15; — 11. nekâsîm, v, 18;
— 12. zua’, commotus est, xii, 3; — 13.’illû, etiamsi, vi, 6; — 14. kânas, congregavit, ii, 8, 26; — 15. miskén, pauper, iv, 13; — 16. medinâh, provincia, ii, 8.B. Schïffer, Neue Untersuchungen, p. 151-155; Bohl, De aramaismis libri Koheleth, Erlangen, 1861. La listedes àîtaÇ Xey<S|j.sva et des mots qu’on dit volontiers chaldéensou usités seulement dans les écrits postérieurs àla captivité de Babylone et particulièrement dans la Mischna, les Targums et les livres rabbiniques, a été dresséeavec soin par Frz. Delitzsch, Hoheslied und Koheleth, Leipzig, 1875, p. 197-206: c’est cette liste, trop abondante, que l’on reproduit encore aujourd’hui. V. C. H. Wright, Ecclesiastes, Excursus iv, p. 488-500. — n. Particularitésgrammaticales. Les verbes dits lamed-aleph seconjuguent comme les verbes lamed-hé: hôte’pourhôte’, viii, 12; yôsâ’pour yôse’dh, x, 5. Quelques-unsnient que ce soit une particularité de Qohélé(. G. Gietmann, In Eccl., p. 24. Certains modes sont relativementtrès peu usités: l’optatif, vii, 23; le subjonctif, vii, 16, 18; x, 4. Une autre singularité est la rareté du vav conversif, i, 17; iv, 1, 7. Une particularité facile à remarquerest le verbe suivi du pronom personnel qui en estle sujet, i, 16; ii, 1, 11, 12, 13, 15, 18, 20, etc. Lesparticipes et les adjeclifs verbaux sont aussi très souventsuivis de leur pronom. Le relatif *, s, composé ounon avec les particules, se lit dans le livre soixante-huitfois: c’est certainement un de ses traits les plus caractéristiques.Voir C. H. Wright, Ecclesiastes, p. 199. —m. La syntaxe des phrases est assez fréquemment irrégulière.— Tel est l’hébreu de Qôhélé(, un hébreu original, comme l’exigeaient le sujet du livre et le cercle doslecteurs, hébreux et non hébreux, pour lesquels Salomonl’écrivait. Oratoire en général, poétique par endroits, lestyle de la dernière partie ressemble beaucoup au stylede la poésie proverbiale.
V. Texte original. — Le texte original actuel est l’hébreumassorétique. Nul doute qu’il ne représente dogmatiquementet, en un sens, diplomatiquement même l’hébreuprimitif. M. G. Bickell, il est vrai, ne le pense pas: ila imaginé deux reconstitutions du texte qui font honneurà la finesse de sa critique, mais que nous ne pouvonsadmettre parce qu’elles sont difficilement conciliablesavec la notion d’intégrité substantielle et d’inspiration.Voir G. Bickell, Der Prediger ûber den Werth des Daseins, Inspruck, 1881, p. 53, 54, 57-110. Cf. TheologischeZeitschrift, 1886, p. 556 et suiv.; 1887, p. 203 et suiv.; S. Euringer, Der Masorahtext des Koheleth, "Leipzig, 1890, p. 19-29; R. Coruely, Introductio, p. 159-160. Ilfaut donc s’en tenir au texte actuel. Il ne paraît pasavoir souffert, du moins en ce qui concerne les mots etles consonnes. Les manuscrits présentent sans doute desvariantes; mais de ces variantes très peu portent sur leslettres mêmes, un grand nombre ont trait aux voyelles,
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et aucune ne modifie le texte. Après avoir compare lesversions anciennes, grecques, syriaques, coptes, latines, et plus de trois cents citations tirées des écrits juifs dessept premiers siècles, S. Euringer, en somme, n’enregistrepar rapport aux consonnes qu’une trentaine de leçonsdifférentes, qui n’atteignent pas la substance du texte. DerMasorahlext des Koheleth, p. 136. Cf. de Rossi, Variéelectiones Vet. Test., Parme, 1780, t. iii, p. 247-204.
VI. Versions. — 1° La version des Septante, qui datede l’an 132 au plus tard, est en général trop littérale, quelquefois au détriment du sens. Aussi est-elle inéléganteet assez souvent incompréhensible, par exemple, V, 10: KaV t£ iv&pi(a tô> rap’aùtîic; Sti &pyr toû âpâvéqp8aX[ioï; aùtoû. Le traducteur a rendu l’hébreu enquelque sorte syllabe par syllabe, coupant mal en partieles mots et n’en saisissant pas le vrai sens. Du reste, ellea été corrigée dans la suite, et actuellement il semble impossiblede la restituer dans son état originel. Voir G. Gietmann, In Eccle., p. 54-56. Cf. C. H. Wright, Ecclesiasles, p. 50-52. Avec les signes critiques d’Origène, elle forme l’Ecclésiaste hexaplaire, duquel dérive la versionsyro-hexaplaire de Paul de Tela. C’est sur les Septanteque furent faites VItala «des premiers temps de lafoi» et la version copte, qui fut retouchée. P. Ciasca, Sacrorum Bibliorum fragmenta copto-sahidica MuseiBorgiani, Rome, 1885-1889, t. ii, p. 47. — 2° La Peschitoprovient aussi de l’hébreu, mais elle dépend notablementdes Septante. — 3° Il faut en dire autant de laversion latine qu’on lit dans le commentaire de saint Jérôme; elle se rapproche des Septante «en ce qui ues’écarte pas beaucoup de l’hébreu»; il s’y rencontre pareillementquelques adaptations aux autres versionsgrecques. In Eccle., Pnef., t. xxiii, col. 1011-1012.L’autre version latine est la Vulgate actuelle. Quoiqueachevée très rapidement, puisque saint Jérôme ne mitque trois jours, avec son maître d’hébreu, à traduireles écrits de Salomon, elle rend exactement l’original; elle est élégante, recherchée même; elle ajoute, ellesupprime, selon que la clarté l’exige, et aussi le géniedu latin. Il est vrai. qu’elle n’est pas absolument sansdéfauts; ainsi on lui reproche quelques faux sens etquelques additions discutables; mais au total, de toutesles versions de l’hébreu, c’est encore celle qui est la plusexacte et la plus apte à reconstituer l’hébreu primitif.G. Gietmann, In Eccle., p. 50-52. Cf. S. Euringer, DerMasorahtext, p. 6-15.
VII. Origine salomonienne. — Toute l’antiquité juiveet chrétienne, on peut le dire, regarde Salomon commeétant l’auteur de Qôhélét. Le Talmud et les talmudistesle font clairement entendre. Voir A. Motais, Ecclésiaste, t. ii, p. 7-8. Cf. C. H. Wright, Ecclesiastes, Excursusi, p. 451-459. Les Pères et les écrivains ecclésiastiques, qui rapportent le canon hébraïque, le prouventégalement en rangeant l’Ecclésiaste parmi les écrits deSalomon. Que si la Bible massorétique ne le place pasavec les autres écrits de ce roi, c’est pour une raisond’ordre liturgique. Les écrivains des quinze premierssiècles, quels qu’ils soient, l’ont attribué invariablementà Salomon, à partir de la version des Septante transmisepar les Apôtres aux Églises qu’ils fondaient. Voir A. Motais, L’Ecclésiaste, t. ii, p. 8-10 (avec les références bibliographiques).La pleine unanimité à cet égard a été briséepar Luther (Pineda, In Eccle., Prxf., v, 1, Paris, 1620)et surtout par H. Grotius (Annotata ad Vet. Test., Paris, 1648, t. i, p. 521). Celui-ci découvrit dans le livre «beaucoupde mots» qui sont d’auteurs venus après l’exil: c’enfut assez pour nier que l’auteur soit Salomon. La négationne fit que s’accentuer avec le temps. Aujourd’huitous les non-catholiques, sauf un petit nombre, et mêmeplusieurs catholiques, comme Herbst, Mo vers, et maintenant, en un sens, MM. G. Bickell et F. Kaulen, révoquenten doute ou rejettent l’origine salomonienne dulivre. — Pour combattre le témoignage de la tradition, ils
en appellent à un témoignage identique, disentils, donnantcomme de Salomon le livre de la Sagesse et celuide l’Ecclésiastique, qui certainement ne sont pas de lui.Comme si ces deux témoignages étaient réellement identiqueset non pas, ce que l’on prouve, inégaux et dissemblables.L’un est constant, universel, l’autre partiel etcontroversé. Saint Augustin, par exemple, écrit que «lessavants, doctiores, ne doutent pas que ces deux sapientiauxsont d’un autre auteur que Salomon». De Civ. Dei, vil, 20, 1, t. xli, col. 554. Rien de pareil lorsqu’il s’agit del’Ecclésiaste. D’autre part, le livre lui-même, le titre i, l, certains mots, les idées exprimées, le style, l’art achevéavec lequel il est composé, sa parenté de mots, de phrases, de facture, notamment avec les Proverbes et le Cantique(The authorship of Ecclesiastes, Londres, 1880, p. 57-64, 66-82, 99, etc.; B. Schàffer, Neue Vntersuchungen, p. 92-99), sont une preuve confirmative qu’il vient deSalomon. Salomon, en particulier, y est désigné commeauteur i, 1, 12, 16; ii, 4-10; xii, 9, 10; cf. III Reg., m, 12; vii, 1; ix, 28; x, 12, 23; aucun si ce n’est lui, et, en tout cas, aucun comme lui ne réalise la donnée deces textes. — Fraude pieuse et fiction, dit-on, pur procédélittéraire: l’auteur a pris le nom de Salomon pour concilierà son livre plus d’autorité, moyen du reste usité parl’auteur de la Sagesse, par des psalmistes intitulant leursPsaumes: «De David,» et par des historiens grecs etlatins mettant parfois dans la bouche de leurs héros desdiscours que ceux-ci n’ont pas prononcés. — Non, d’abordparce que ce genre de fraude ne convient pas à des écrivainsinspirés, et ensuite parce que les analogies apportéessont imparfaites et non concluantes. Salomon, il estvrai, parle dans la Sagesse; mais il ne s’y donne nullepart comme en étant l’auteur. David est nommé dans lestitres, mais là seulement et non pas dans le texte desPsaumes; or il faudrait établir que ces titres sont authentiques, ce qui est difficile. — Quant aux discoursamplifiés ou inventés par les historiens, disons qu’il s’agitprécisément de discours et non pas de livres entiers, et qu’en outre, en admettant qu’il y ait dans les LivresSaints des discours quelque peu développés, non dans lespensées, mais dans les mots et les expressions seulement, il n’est en fait aucun écrit scripturaire qui soit attribuéà un auteur totalement étranger à sa composition. Nousaffirmons donc que l’Ecclésiaste a eu Salomon pourauteur, et nous le démontrons t° par le témoignage et2° par l’examen du livre lui-même. Cf. pour les preuvesextrinsèques: B. Schàffer, Neue Vntersuchungen, p. 11-21; G. Gietmann, In Eccle., p. 20-23, etc. Pour les preuvesintrinsèques: B. Schàffer, p. 24-125.
Objections rationalistes. — Il y en a deux principales(nous écartons celles qui sont faciles à résoudre, cf.R. Cornely, Introductio, ii, 2, p. 170, 171). L’une est tiréede la langue, l’autre des choses dites, toutes deux dulivre même; ce sont elles qui, pour les adversaires, établissentla thèse négative. D’après eux, la langue, avecses aramaïsmes, ses mots nouveaux, son très rareusage des verbes à certains modes, ses particules composées, ses noms de forme abstraite, son style et sasyntaxe, est récente, au moins postérieure à l’exil. Doncle livre n’est pas de Salomon. «S’il était de Salomonil n’y aurait plus d’histoire de la langue hébraïque.» Frz. Delitzsch, Hoheslied und Koheleth, p. 197. —Seconde preuve: «Les allusions aux choses sociales etpolitiques qu’on y rencontre ne sont pas de celles quidevraient tomber des lèvres de Salomon. Le Salomonhistorique, ce chef d’un empire grand et prospère, nesaurait avoir ainsi censuré son propre gouvernement.» Voir nr, 16; iv, 1; v, 8. «Qôhéléf n’a aucun des sentimentsd’un roi ou d’un patriote juif. Il vit dans un tempsde servitude politique, sans patriotisme, sans enthousiasme.Parle-t-il des rois, il les voit d’en bas, commequelqu’un de la foule souffrante. Ses pages reflètent unétat d’abaissement qui est causé par le despotisme orien1541
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tel, avec sa corruption, ses injustices, iii, 16; iv, 1; v, 8; vjii, 9; ses caprices, x, 5; ses révolutions, x, 7; sonsystème de délation, x, 20; son horreur des réformes.Il doit avoir vécu lorsque les Juifs, ayant perdu leurindépendance, ne formaient déjà plus qu’une provincede l’empire persan.» S. R. Driver, An Introduction, p. 441. — Il s’en faut bien que ces raisons soient convaincantes.Elles sont d’ordre interne, relevant uniquementdelà critique. Or «les questions d’histoire, tellesque sont l’origine et la conservation des livres, c’estpar des témoignages historiques avant tout qu’ellesdoivent être tranchées…; les raisons internes en généralne sont pas telles qu’on puisse les invoquer, si cen’est par mode de confirmation…». Encycl. ProvidentissimusDeus, § Est primum, t. i, p. xxvii. Et, eneffet, examinons ici l’argument tiré de la langue. Il estsi peu décisif, que les rationalistes, dont cependant c’estl’argument capital, se partagent, sur la date et l’auteurde Qôhélét, en plus de vingt-quatre groupes différents; etces groupes d’opinions, qui se recommandent surtout dela langue, s’échelonnent entre l’an 975 et l’an 4 avantnotre ère. La langue et le style ne sont donc pas unepreuve péremptoire. (Voir la liste de ces opinions dansG. Gietmann, In Eccle., p. 22, 23.) À vrai dire, enfait, rien ne s’oppose positivement à ce que la langueet le style soient de Salomon. Il suffit, pour s’en convaincre, de remarquer: 1o que l’araméen est un dialectetrès voisin de l’hébreu, qu’il a été parlé eu Israël entout temps, plus ou moins, qu’il a dû l’être notammentdans le royaume de Salomon, qui s’étendait jusqu’àThapsa, III Reg., iv, 24; 2o qu’il y a des raisons de croireque, parlant en général à son peuple, aux Hébreux etaux non Hébreux, aux Araméens, il s’est servi de termeset de tours araméens; 3o qu’il a dû, en ce cas, choisir depréférence non pas l’hébreu Classique et savant, maisl’hébreu vulgaire, moins pur nécessairement, dans lequelreviennent des mots et des formes non employés ailleurs.Ajoutons enfin que la critique a singulièrement exagéréle nombre de ces irrégularités linguistiques araméennes.Plusieurs n’en sont pas et plusieurs se rencontrent dansdes écrits antérieurs, par exemple Jud., v; Ps. lxviii.L’argument de la langue et des aramaïsmes n’est doncpas probant. Voir G. Gietmann, In Eccle., p. 23-39. —L’autre est moins concluant encore. Tout ce que Qohélélécrit des injustices sociales, des vexations du pouvoir, de l’esprit de révolte, de la justice mal rendue, de l’incertitude sur l’héritier du ^trône, tout cela estgénéral et s’entend de tous les âges. Plusieurs traitsconviennent à Salomon. Et pourquoi pas? Ne pouvait-ilsavoir que son gouvernement était blâmé, difficilementsupporté, vers la fin surtout? Et s’il le savait, qu’avait-ilà cacher? Le fait est qu’il faut considérer son livre commeune peinture de la vie privée et de la vie sociale ou politiqueen général, représentant en Orient à peu près tousles pays et tous les temps dans leur universalité. Rienqui exige qu’il soit rapporté à l’époque persane. Conclusion: le témoignage de la tradition établit qu’il a étécomposé par Salomon, et la critique sagement exercée, loin d’y contredire, le confirme. — Il n’est pas certainqu’il l’ait compose dans sa vieillesse. Plusieurs le pensent.Quelques-uns prétendent, au contraire, que ce fut dansson âge mur, après les Proverbes, mais avant sa chute.Nous croyons plus probable que c’est une œuvre de sonrepentir et de ses dernières années. S. Jérôme, In Eccle., t. xxiii, col. 1021. Cf. R. Cornely, Inlroductio, II, 2, p. 174-176.
VIII. Inspiration du livre. — Elle ne fait aucunedifficulté. Les Juifs l’ont toujours professée, comme lemontrent leurs citations assez nombreuses ( Si nai Schiffer, Das Buch Kohelet nach der Auffassung der Weisendes Talmud und Midrasch und der jûdischen Erklârertfc» Miltelalters, in-8o, Leipzig, 1844, p. 73, 74, 77-104; C. 11. Wright, Ecclesiasles, Excursus i, § 5, p. 469), leurs
listes ou catalogues connus, et la lecture offmelle qui s’enfait dans les synagogues. Elle fut discutée vivement entreles deux écoles juives du Ier siècle; mais, remarquons-le, ce n’est pas de la réception de Qôhéléf dans le canonqu’il s’agissait: il y était admis, mais de son exclusion.Discussion du reste ignorée du vulgaire et tranchée affirmativementen l’an 90, au synode de Jamnia. Les objectionssoulevées, rapportées par saint Jérôme, In Eccle., t. xxiii, col. 1110, tombèrent devant la récapitulationde la fin, xii, 13. II en fut ainsi dans l’Église. Lespreuves de sa foi sur ce point sont les citations, les commentaires, la lecture publique et les listes privées ouofficielles. Il s’éleva vers le Ve siècle des doutes à cetégard et même des négations. De qui provenaient-elles, il est malaisé de le dire, Philastre, Her., XII, t. cxxxiv, col. 1265-1267, qui les mentionne, n’étant pas clair.Théodore de Mopsueste est explicite: il soutint quele livre n’avait pas été écrit avec l’esprit prophétique, mais suivant une prudence humaine. Il fut condamnéau Ve concile œcuménique, II» de Constantinople. Mansi, Coll. conc, t. ix, p. 223. Et depuis lors l’inspiration del’Ecclésiaste demeura inattaquée. — Il en est qui ontobjecté contre elle les doctrines qui y semblent professéeset quelques contradictions; mais celles - ci n’existentpas, et nous avons montré que celles-là n’ont rien qued’orthodoxe. Il est inutile, pour les justifier, de recouriraux conceptions de ceux pour lesquels le livre estune discussion ou dispute où sont émises des opinionsfausses que l’on réfute, ou un dialogue vrai ou fictif entreun jeune et ardent philosophe et un sage, ou encoreentre un Juif hellénisant et un Juif attaché aux traditions.La vraie conception de ce livre est tout autre; nous l’avons montré. R. Cornely, Introduclio, ii, 2, p. 158, 159.
IX. Commentaires. — 1o Période palrislique. — Il nereste des premiers siècles de l’Église que le commentaire «très court et inachevé» de Denys d’Alexandrie, t. x, col. 1578-1588; la MsT «çpâ<ri; «courte, mais très. utile», de saint Grégoire Thaumaturge, t. x, col. 987-1018; huithomélies pratiques de saint Grégoire de Nysse sur lestrois premiers chapitres, t. xliv, col. 615-754, et le commentairecomplet d’Olympiodore, t. xciii, col. 478-628.Ajoutons la Chaîne des Pères grecs, dont l’auteur estCEcumenius (Vérone, 1532). Le meilleur à tous égardsdes commentaires latins est celui de saint Jérôme, t. xxiii, col. 1010-1116. Il a été souvent abrégé ou reproduit, dans la suite: Salonius, t. lui, col. 993-1012; Alcuin, t. c, col. 665-720; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, t. cxiii, col. 1115-1126. Plus personnel est le petit commentairede saint Grégoire pape, Dial., iv, 4, t. lxxvii, col. 321-328. — 2o Période scolastique. — Il existe dix-neufhomélies de Hugues de SaintVictor sur Eccle., i, l-rv, 5, t. clxxv, col. 114-256. Hugues de Saint-Cheraun commentaire sur le livre tout entier, ainsi que saintBonaventure, qui l’explique selon la méthode scholastique.Mais le plus savant et le plus complet commentairede cette époque est incontestablement celui de J. dePineda, Commentarii in Eccle., Séville, 1619; Paris, 1620.
— 3o Beaucoup d’autres ont paru avant ou après, il seraittrop long d’en citer les auteurs et les titres. Nommonsseulement J. Férus, Sermones in Eccle. juxta lilteram, Mayence, 1550; Corn. Jansénius de Gand, Commentarii, Anvers, 1589; J. Lorin, Commentarii, Lyon, 1606; Salazar, Expositio in Eccle., Lyon, 1651; Bossuet, Nottsin quinquelib. Sap., dans ses Œuvres, Paris, 1867, t. i, p. 529-568.
— 4o Période moderne. — Il s’y rencontre peu de grandstravaux catholiques. Indiquons L. van Essen, Der PredigerSalonw’s, Schaffhouse, 1856; B. Schàffer, Neue Vntersuchungenûber das Buch Kohelelh, Fribourg-en-Brisgau, 1870; Vegni, Il Ecclesiaste secondo il testo ebraico, Florence, 1871; A. Motais, Salomon et l’Ecclésiaste, Paris, 1876 (épuise la matière); L’Ecclésiaste, Paris, 1877; Rambouillet, L’Ecclésiaste, Paris, 1879; G. Bickell, 1543 ECCLÉSIASTE (LE LIVRE DE L’) — ECCLÉSIASTIQUE (LE LIVRE DE L’) 1544
Der Prediger ûber den Werth des Daseins, Inspruck, 1885; G. Gietmann, Commentarius in Ecclesiaslen, Paris, 1890, p. 1-336 (commentaire critique et exégétique trèsapprofondi). — Du côté des protestants et des rationalistes, les travaux sont très nombreux, mais d’inégalevaleur. Voici les principaux: H. G. Bernstein, (Juœstionesnonnullx Kohelethanx, Breslau, 1854; Bohl, DeAramaismis iibri Koheleth, Erlangen, 1860; Bullock, Commentaiand critical notes on Ecclesiastes, dansSpeaker’s Commentary, Londres, 1878; 0. Zôckler, DosHohelied und der Prediger, Bielefeld et Leipzig, 1868; édition américaine avec annotations et dissertations parTaylor Lewis, Edimbourg, 1872; Frz. Delitzsch, dansHoheslied und Koheleth, Leipzig, 1875, p. 191-462; A. H. Mac Neile, An introduction to Ecclesiastes, in-8o, Cambridge, 1904. — On peut voir une histoire de l’interprétationde ce livre dans C; D. Ginsburg, Cohelet, Londres, 1861, p. 27-243, 495, histoire mise au courant parC. H. H.Wright, The Bookof Koheleth commonly calledEcclesiastes, in-8, Londres, 1883, p.xiv-xvii. Cf. B. Scliâffer, Neue Untersuchengen, p. 7. E. Philippe.
1. ECCLÉSIASTIQUE, un des livres sapientiauxde l’Ancien Testament.
I. Titres du livre. — Le livre de l’Ecclésiastique aporté des noms divers. Son titre hébreu n’est pas connud’une manière certaine. D’après un passage de saintJérôme, Prssf. in lib. Salomonis, A. xxviii, col. 1242, il seserait appelé en hébreu d’un mot qu’il traduit par «Proverbes», et qui aurait été par conséquent Mislê Yèsû’aben Sirach. Le titre grec: 20ç! o’lrjiioù u’oO Sstpi-/, suppose cependant un autre titre hébreu: ffokmat Yêsû’aben Sirach. Il est possible que l’Ecclésiastique ait étédésigné, dans la langue originale, tantôt sous le nom deMiSlê, tantôt sous celui de Ifokmâh. En grec, le titredu livre est quelquefois abrégé en <ro ?îa Eapdfy, ou mêmesimplement vi ao ?ia. Ce livre partage aussi en grec, avecles Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiqueset la Sagesse, le nom générique de r) fcavdpsTOç uoçîa(G. Cédrénus, Hist. cômp., t. cxxi, col. 377), d’où lenom latin de Panssrelus Jesu filii Sirach liber, qu’onlit dans saint Jérôme, Prsef. in lib. Salom., t. xxviii, col. 1242. — Chez les rabbins, il est cité sous le nom deBen Sirach, et beaucoup plus communément sous celuide Ben Sirà (Sirâ étant, d’après certains critiques, laforme primitive, et Sirach une forme corrompue). — Ensyriaque, il est appelé «La Sagesse du fils d’Asiro (le lié, le captif)», et plus complètement: «Livre de Jésus le filsde Simon Asiro.» — Dans l’Eglise latine, on trouve parfoisle titre de Liber Jesu filii Sirach; mais le titre communémentadmis est celui d’Ecclesiasticus, que le concilede Trente a employé dans sa définition du canon desÉcritures. Ce nom d’Ecclésiastique a été diversementexpliqué. — «Le titre d’Ecclésiastique, que les Latinsdonnent à cet ouvrage, dit dom Calmet, marque oul’usage que l’on en a fait en le lisant dans les assembléesde religieux et dans l’Église, ou il sert seulement à ledistinguer de celui de Salomon, qui est intitulé l’Ecclésiasteou le Prédicateur, l’un et l’autre contenant desexhortations à la sagesse et des instructions sur les devoirscommuns de la vie.» Ecclésiastique, 1730, Préface, p. 1.Voir d’autres explications dans Rufin, In Symb. Apost., 36, t. xxi, col. 374; Rhaban Maur, Comment, in Eccli., t. cix, col. 764. L’explication d’après laquelle le nomd’Ecclésiastique équivaut à celui de Livre de lecture -àl’usage de l’Eglise paraît être la vraie. — Des critiques, tels que Westcott, pensent que le mot Ecclesiasticus, appliqué au livre de Ben Sirach, est d’origine africaine, qu’il fat admis d’abord par la Velus lalina, et devintcommun en Occident après que saint Jérôme eut adoptecette traduction pour le livre quinous occupe. — Quantau titre grec de jtavâpEto; , il doit avoir été employé pourinsinuer que le groupe de livres ainsi nommé contient
la règle de toutes les vertus. — Le titre syriaque de «Sagessede Jésus, fils de Simon le prisonnier», est dû àl’interprétation fautive du mot Asiro, qui représente enle défigurant le nom propre Sirach de l’hébreu. En faisantd’Asiro un qualificatif, «le captif,» on a éprouvé lebesoin de préciser le nom propre que l’on regardaitcomme sous-entendu, et l’on a supposé au hasard le nomde Simon, peut - être en l’identifiant avec le nom del’un des grands prêtres qui ont jeté le plus d’éclat.
II. Auteur. — Un certain nombre d’écrivains anciensont attribué l’Ecclésiastique à Salomon; mais «les plusdoctes», dit saint Augustin, De Civ. Dei, xvil, 20, t. XLl, col. 554, n’ont pas voulu dire que le livre était de Salomon; ils voulaient seulement laisser entendre que parson caractère littéraire ce livre se rattachait au genregnomique, dont la paternité était attribuée au grand roid’Israël. Cf. S. Isidore de Séville, In libros Vet. et Nov.Test. Proœmia, 8, t. lxxxm, col. 158. L’Ecclésiastiquenous fait connaître lui-même son auteur. On lit l, 29, enun passage qui est comme la conclusion de tout le livreavant le cantique final: IlaiSei’ocv ouvéuew; xa’t è(*i<TTir l jjLif]çl](dipa|a Iv tù (SiëXiqi tovtgi’Irinoûç uiôç 2eipâj(’Iepona-Xv(j.i’ttic. «Jésus, fils de Sirach, de Jérusalem, a écrit ladoctrine de sagesse et de science dans ce livre.» Cetexte désigne donc comme auteur du livre un certainJésus fils de Sirach. Ce renseignement, parfaitement enrapport avec les titres mentionnés plus haut, est confirmépar le prologue du traducteur, qui désigne ainsil’auteur du livre: 6 jiccjitio; [iou’Iyiooûç, «mon aïeulJésus». Le premier texte nous fournit en outre un seconddétail sur la personne de l’auteur: il était de Jérusalem.
Ces renseignements sont précis, mais peu abondants.Diverses traditions ont tenté de les compléter. C’est ainsique saint Isidore de Séville, De officiis, i, 12, t. lxxxiii, col. 749, croyait savoir que Ben Sirach était petit-fils dugrand prêtre Jésus, dont parle Zacharie, iii, 1. Le grandprêtre dont il est ici question ne saurait être que Josuéou Jason, fils de Josédec (536 avant J.-C). Nous verronsque cette date est de trois siècles antérieure à celle qu’ilfaut attribuer à notre livre. — Georges le Syncelle, Chronog., édit. de Bonn, 1829, t. i, p. 525, identifiait à sontour Ben Sirach avec le grand prêtre Jésus, successeurd’Onias III (175-172). Ainsi Jésus ben Sirach aurait étégrand prêtre pendant six ans et le treizième pontifeaprès la captivité de Babylone. Il aurait été le fils deSimon II et le frère et successeur d’Onias III. Toutesces données sont basées sur de fallacieuses assimilationsde noms. On ne saurait confondre l’auteur d’un livreaussi religieux et aussi patriotique que celui qui nousoccupe, avec le grand prêtre Jason qui mit tout en œuvrepour introduire les coutumes grecques chez les Juifs, au dépens de l’esprit national. — C’est par des conclusionstout à fait hasardées que l’on a voulu déduirede son livre que Ben Sirach était prêtre. Les passages surlesquels on s’appuie (vu, 31-35) prouvent simplementqu’il était un pieux Israélite. C’est également sans raisonqu’en s’appuyant sur l’éloge qu’il fait de la médecine(xxxviii, 1-15), on a conclu que Ben Sirach était médecin.
Ce que l’on peut déduire plus sûrement de son livre, c’est que Ben Sirach était très versé dans la littératurereligieuse des anciens. Il imite le style des écrivains antérieurs, il en reproduit les expressions et parfois des phrasesentières. Il connaît tous les livres protocanoniques existantà son époque. Il les mentionne ou s’en inspire dansles fameux chapitres xliv-xlix, consacrés à l’éloge desancêtres. Il est facile d’établir des rapports entre ceschapitres et les livres suivants: Pentateuque (Eccli., xliv-xlv); Josué (Eccli., xlvi, 1-12); Juges (Eccli., xlvi, 13-15); Samuel (Eccli., xlvi, 16-xlvii, 13); lesPsaumes de David (Eccli., xlvii, 9-12); Rois (Eccli., xl vii, 14-xlix, 9); Proverbes, Cantique, Ecclésiaste{Eccli., xlvii, 18; douteux en ce qui regarde l’Ecclésiasle); Isaïe (Eccli., xlviii, 23-28, où l’on voit des allu1545
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sions à la seconde partie d’Isaïo aussi bien qu’à la première); Jérémie (Eccli., xlix, 9; le ^.8 semble viserles Lamentations); Ezéchiel (Eccli., xlix, 9-11); lesdouze petits prophètes (Eccli., xlix, 12); enfin les mémoiresde Néhémie (Eccli., xlix, 13-15). De ce derniertémoignage on peut même inférer que Ben Sirach connaissaitégalement Esdras. Il connaissait aussi le livre deJob, comme on peut le voir par Eccli., xlix, 9, dontle sens est définitivement fixé par le fragment du textehébreu découvert en 1896: «Ezéchiel… fit aussi mentionde Job.» Les seuls livres protocanoniques qui ne figurentpas dans ces chapitres sont Daniel et Esther. Ces renseignements, qui nous donnent une si haute idée de laculture intellectuelle et religieuse de Ben Sirach, sonttrès précieux au point de vue de l’histoire du canon del’Ancien Testament.
Très versé dans la littérature religieuse d’Israël, BenSirach s’est personnellement adonné à la «Sagesse»; ilen a étudié l’origine en Dieu et la communication dansles hommes; il a décrit la place que doit avoir la pratiquede la sagesse dans la vie humaine. Il appartenaità la catégorie des sages, des Ifakamim. Peut-être aussiétait-il un scribe, comme on l’a conclu de xxxviii, 24.En tout cas, il est tout à fait étranger à l’esprit pharisaïque, qui devait être plus tard un élément si importantdans le judaïsme. — Notons enfin que, de certainspassages (xxxiv, 12-13; li, 3-13), on peut inférer que BenSirach n’était pas toujours demeuré à Jérusalem, maisqu’il avait beaucoup voyagé et couru de grands dangers.
III. Date de composition. — Nous avons sur ce pointdeux données principales à recueillir. La première deces données nous est fournie par Ben Sirach lui-même.Dans son livre, en effet, l’éloge des ancêtres d’Israël setermine par le panégyrique du grand prêtre Simon, filsd’Onias, L, 1-23; et ce dernier panégyrique dépasse parson étendue et par la magnificence du langage tout ceque notre auteur a dit précédemment à la gloire des plusillustres ancêtres de son peuple. Ce n’est pas témérité deconclure de là que Ben Sirach, en parlant de Simon filsd’Onias, parle de quelqu’un qu’il a vii, admiré et vénéréen union avec tout le peuple. D’ailleurs les paroles: 5; êvïonj aÙToû jnépoa’j/ev olxou, «qui a pendant sa vie soutenula maison (le Temple),» lesquelles sont au débutdu panégyrique, supposent que le grand prêtre n’étaitplus en vie au moment où Ben Sirach écrivait. Cette premièredonnée tendrait donc à faire regarder notre livrecomme composé quelques années seulement après le pontificatde Simon (ils d’Onias, à une époque où le souvenirdu grand prêtre était vivant dans toutes les mémoires.
Une seconde donnée nous est fournie par le prologuedu traducteur, petit-fils de l’auteur. Il nous apprend qu’ilest venu en Egypte à une date très précise, et qu’aprèsy être demeuré un certain temps il a entrépris de traduirel’œuvre de son grand-père. Malheureusement il estassez difficile d’identifier la date précise dont il est questionen ce passage: ’Ev tw by&ôm xal rpiaxocrcô) etsi iiàtoO EùepyiTou ftauiiéto; . «La trente-huitième année autemps du roi (Ptolémée) Evergètc.» Le traducteur veut-ilnous dire qu’il était âgé de trente-huit ans quand il vinten Egypte, sous le règne du roi Évergète? ou bien veut-ilnous dire qu’il vint en Egypte la trente-huitième annéedu règne d’Évergète? La première opinion est soutenuepar Cornélius a Lapide et autres commentateurs; laseconde a encore plus de partisans. Elle traduit èm tgûE-iepféTûu par «sous le règne d’Évergète», donnant à lapréposition grecque le sens qu’elle a dans I Mach., xiii, 42; Agg., i, 1; ii, 1; Zach., i, 7; vii, 2 (Septante). De là ilrésulte que le traducteur est allé en Egypte la trentehuitièmeannée du roi Évergète. Comme d’ailleurs le traducteurétait le petit-fils de l’auteur, il est assez facile deremonter de deux générations jusqu’à la date de BenSirach lui-même. En combinant ces deux données, onarrive à un renseignement en apparence très précis, que
l’on peut ainsi formuler: Ben Sirach vivait et composaitson livre cinquante ans environ avant que son petit-filsle traduisit, une quinzaine d’années avant le règne d’Évergète, très peu de temps après la mort du grand prêtreSimon fils d’Onias.
Mais une difficulté très sérieuse surgit de ce fait qu’ily a eu deux grands prêtres du nom de Simon: Simon Ier, .fils d’Onias, grand prêtre de 310 à 291, et Simon II, filsd’un autre Onias (219-199). De même il y a eu deux Ptoléméesqui ont porté le surnom d’Évergète: Ptolémée III, fils et successeur de Ptolémée Philadelphe, qui régnade 247 à 222, et Ptolémée VII, plus connu sous le surnomde Physcon, qui gouverna de 170 à 117. Il ne fautdonc pas trop s’étonner qu’il n’y ait pas moins de quatreopinions sur la date à assigner à notre livre de l’Ecclésiastique.— 1o Les uns, tels que Horowitz, Das BuchJésus Sirach, dans la Monalsschrift des Judenthums, Breslau, 1865, admettent que le traducteur parle de latrente-huitième année du règne d’Évergète et que cetÉvergète est Ptolémée VII; ils croient en outre que legrand prêtre Simon dont Ben Sirach fait l’éloge est SimonIer, dit le Juste. Mais quand le traducteur désignel’auteur du livre par cette épithète: 6 irimto; [ioy’lriooO; , il emploierait le mot 7rinnoç, non dans le sens strict degrand-père, mais dans le sens plus général d’ancêtre. Cequi explique comment Ben Sirach a pu écrire vers 280, date de Simon Ier, et le traducteur vers 130, date qui correspondà la trente-huitième année de Ptolémée VII. —2o Westcott, dans le Dictionary of the Bible de Smith, admet, avec Winer et de Wette, qu’il est question deSimon Ier le Juste; mais que Ben Sirach pouvait bienencore quelques années avant le règne de Ptolémée VILfaire en termes pompeux l’éloge d’un grand prêtre aussipopulaire que le fut Simon 1er. Par conséquent Westcottadmet que le traducteur a écrit sous le règne dePtolémée VII, et que le mot n<Î7t7ro; est à prendre ausens strict. — 3o Les partisans de la troisième opinion(Cornélius a Lapide, Welte, Danko, Hug, Keil, Haneberg, etc.) prétendent que Ben Sirach parle de Simon I" leJuste. Ils déclarent en outre, comme d’ailleurs Westcottlui-même le faisait, que la locution êv yàp icj) ôySoM xcùTpiaxoffrô) exei liA toO EùepféTou désigne, dans la penséedu traducteur, la trente-huitième année de son âge etnon la trente-huitième année du règne d’Évergète. Ilspréfèrent enfin voir dans l’Évergète dont il est questionle roi Ptolémée III. Dès lors le traducteur a vécu sous lerègne de ce prince (247-222); la date de l’auteur peutse placer vers 280, peu d’années après la mort de SimonIer. — 4o Enfin, d’après la quatrième opinion, letraducteur est venu en Egypte la trente-huitième annéedu règne de Ptolémée VII; l’auteur est son grandpère; il avait écrit environ cinquante ans auparavant, peu detemps après la mort du grand prêtre Simon II, et c’estde ce pontife qu’il nous fait l’éloge. — Cette dernièreopinion, qui est celle de Bossuet, Prasf. in Eccli., vii, édit. de Versailles, t. ii, p. 367, de Frz. Delitzsch, deFritzsche, Die Weisheit Jesus-Sirach’s, p. xm-xvii, etc., nous paraît la mieux fondée.
IV. Mode de composition. — Il existe deux opinionsprincipales sur le mode de composition de l’Ecclésiastique.— 1o D’après les uns, Ben Sirach est le véritableauteur des maximes et des discours contenus dans celivre et de leur arrangement, quoiqu’il ait dû écrire àdiverses époques et emprunter à d’autres livres plus anciensde même qu’aux adages populaires (cf. Eccli., viii, 9-12; xxx, 15 [texte grec]; xxxiii, 16; L, 29). — 2o D’aprèsles autres, Ben Sirach, à part quelques parties qu’il faudraitlui attribuer, se serait borné à réunir des collectionsde proverbes antérieurement existantes. Ils croientretrouver la trace de ces collections diverses dans lastructure même du livre, dans la manière dont les sériesde sentences se succèdent sans lien apparent, dans desrépétitions de plusieurs maximes, reproduites çà et là, 1547
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XX, 29, 30; xli, 14, 15, etc, sans qu’on puisse s’expliquerces répétitions autrement que par la multiplicité des collections, dans certains jugements en apparence contradictoires, etc. Cette opinion remonte pour le fond jusqu’auPseudo-Athanase, l’auteur de la Synapse de la SainteÉcriture, t. xxviii, col. 1377. Elle peut être soutenuecomme la première.
V. Langue originale et histoihe du texte. — L’auteurdu Prologue de l’Ecclésiastique déclare que songrand-père avait écrit son livre en hébreu: iêpaïml. Sontémoignage est pleinement confirmé par la découvertefaite, en 1896, de plusieurs chapitres du texte original.Au Ve siècle, saint Jérôme, Prsef. in lib. Saloni., t. xxviii, col. 1242, avait eu entre les mains le texte hébreu del’Ecclésiastique. Ce même texte avait été cité aux v «etVIe siècles par divers rabbins; au vu» et au vm «par lesMidraschim; au IXe par R. Nathan; au Xe par un gaonde Dagdad, R. Saadyah († 919). À partir du x" siècle, onn’en trouvait plus de trace. Dans un voyage en Palestinefait en 1896, M m8 Agnès Smith Lewis et M me Gibson, sa sœur, firent l’acquisition d’un certain nombre de manuscritshébreux, la plupart fragmentaires. Au mois dejuin 1896, elles les remirent à- M. Schechter, professeurd’hébreu rabbinique à l’université de Cambridge, qui ydécouvrit deux pages du texte original de l’Ecclésiastiquecorrespondant à Eccli., xxxix, 15-xl, 6. — Presque enmême temps un nouveau fragment plus considérable dumême manuscrit était arrivé d’une synagogue juive duCaire à Oxford par l’intermédiaire du professeur Sayce.Il correspond à Eccli., xl, 9-xlix, 11. (Voir, fig. 511, lefac-similé des folios 1, recto, et 9, verso, du Bodleian Ms.du texte hébreu de l’Ecclésiastique, reproduits avec autorisation.) M. Suhechtêr a retrouvé en 1897 dans la mêmesynagogue du Caire une autre partie notable du textehébreu. D’après M. Neubauer, sousbibliothécaire de laBibliothèque Bodléienne, à Oxford, le manuscrit remonteau plus tôt à la fin du XIe siècle: il a été probablementcomposé à Bagdad ou en Perse. Cette dernière conclusions’appuie sur l’existence de quelques indications qu’on litdans le manuscrit et’qui sont rédigées en persan. On yremarque aussi un certain nombre de notes marginalesqui ont dû être empruntées à des copies différentes. Lesvariantes proviennent en général d’une série de manuscritsassez bien conservés et présentant souvent la meilleureleçon. Quant au texte (et à quelques rares variantes), ilappartient à une famille de manuscrits beaucoup plusaltérés. Le manuscrit qui a fourni le texte peut provenirdes communautés juives de Babjlonie; les manuscritsauxquels sont empruntées les variantes peuvent être palestiniensd’origine.
Ben Sirach a écrit en hébreu classique. Sa syntaxe nerenferme aucune trace des constructions particulières aunéo-hébreu. Toutefois on rencontre çà et là des expressionset des mots récents ou araméens. Le style, souventaisé et coulant, est meilleur que celui des Chroniques ouParalipomènes, etc. Le lexique renferme aussi des particularités: mots anciens employés en des sens nouveaux, verbes à des formes inconnues, expressions que l’on netrouve nulle part ailleurs dans la Bible.
VI. Version grecque. — Elle a été faite par le petit-filsde l’auteur; son nom est inconnu; une tradition ancienne, mais de peu de valeur, lui donne le nom de Jésusfils de Sirach, comme à son grand-père. — La versiongrecque de l’Ecclésiastique, pas plus que le texte hébreu, n’a été exempte des altérations auxquelles donnent lieules transcriptions fréquentes des copistes. La comparaisondes manuscrits nous fournit de nombreux exemples deces corruptions: changement de cas, substitutions denoms ou d’adjectifs, suppressions de mots, parfois de versentiers, interversion dans l’ordre des mots, déplacementde phrases et de distiques. Voici, d’après Westcott, toute une série de passages qui figurent dans le CodexAtexandrinus, le Codex Vaticanus et l’édition de Camplute, et qui manquent dans les meilleurs manuscrits: 1, 5, 7, 18’, 21; iii, 25; iv, 23^; vii, 2C; x, 21; xii, 6 «; xiii, ’25*; xvi, 15, 16, 22 «; xvii, 5, 9, 16, 17°, 18, 21, 23s 261>; xviii, 2 b, 3, 27’, 33’; xix, 5'> > 6>, 131>, 14 «, 18, 19, 21, 25°; xx, 3, l4 b, l7 b, 32; xxii, 9, 10, 23s xxiii, 3 «, 4 «, 5<>, 28; xxiv, 18, 21; xxv, 12, lfc; xxvi, 19-27; l, 29>>. Parfoisles désordres sont allés plus loin encore, et des chapitresentiers ont été bouleversés. Le tableau suivant, empruntéaussi à Westcott, donne une idée de ces changements:
Edit. Compl. lai. syr. E. V. Edit. Vat. A. S. C.
xxx, 25 xxxiii, 13, XapKpà-xa^ôss
y., t.), .
XXXI, XXXII XXXIV, XXXV.
xxxiii, 16, 17, Y)Yp-jjrïr, oa. xxxvii, $1-$20.xxxiii, 10 et suivants, ù;
xa).a(i.(D; j.eyo; xxx, 25 et suivants.
- XXXIV##
XXXIV, XXXV XXXI, XXXII.
xxxvi, 1-11, çuXà; ’laxiôo. XXXIII, 1-13.xxxvi, 12 et suivants, xaî
xaTîx).ï)pové(i.7|o<x xxxvi, 17 et suivants.
Les manuscrits ne suffisent pas toujours à rétablir lateneur primitive de la version grecque; il faut assez souventavoir recours à la conjecture critique.
Fritzsche, dans son commentaire sur l’Ecclésiastique, estimait qu’entre tous les manuscrits grecs le CodexVaticanus était celui qui représentait le plus fidèlementle grec primitif. La comparaison que l’on peut établirentre ce Codex et les fragments hébreux paraît confirmercette conclusion. Les autres codices portent des tracesévidentes de relouches, de corrections après coup, et souventpar ailleurs ils sont plus altérés. Entre ces dernierstoutefois, Fritzsche attribuait une importance toute spécialeau Codex 248: ce manuscrit, corrigé d’aprèsl’hébreu, a ceci de remarquable, que les corrections qu’ilprésente sont du même auteur et que plusieurs d’entreelles étaient déjà connues de Clément d’Alexandrie: cequi montre que ce manuscrit représente un travail decorrection déjà fort ancien, et est par conséquent précieuxpour le rétablissement du texte hébreu.
En comparant le grec avec les fragments hébreux, onremarque que la traduction est en général plus conformeaux variantes qu’au texte; et quand elle s’écarte de cesvariantes, c’est souvent pour suivre une leçon hébraïquemeilleure. Ce n’est pas à dire que la version reproduisetoujours fidèlement la variante ou l’autre leçon; maismême si la traduction est fautive, on peut reconnaîtrela leçon qui lui a donné naissance et conclure que laversion grecque représente un texte moins altéré que lesmeilleurs d’entre les manuscrits dont les particularitéssont consignées dans les fragments hébreux.
D’ailleurs la traduction est généralement fidèle; le petit-filsde Ben Sirach connaissait la langue hébraïqueet la langue grecque assez bien pour que son travail nelaisse pas trop à désirer de ce chef. Il traduit servilement, rendant chaque mot dans l’ordre où il se trouve dans letexte; les exemples de traduction large sont rares ensomme. Les différences qui existent entre le texte et lesversions sont dues à des lectures différentes, quelquefoismeilleures que celles du texte hébreu nouvellement découvert.En un mot, cette version présente des ressourcestrès précieuses, pourvu qu’on sache, en la consultant, user de toutes les précautions que suggère la critique etne donner qu’à bon escient créance aux renseignementsqui portent sur de petits détails.
VII. Version latine. — Des auteurs tels que Cornéliusa Lapide, Sabatier, G. Bengel, frappés des divergencesqui existent entre le grec et le latin, ont prétenduque la version latine avait été faite sur l’hébreu. Celtehypothèse, contre laquelle de Wetle, B. Welte et Westcottn’avaient pas osé se prononcer, était regardée par Fritzschecomme inadmissible et contraire à toutes les vraisem 1551
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doit se comporter dans les diverses situations où il setrouve et éviter le péché. — xxiv, 1-xxxvi, 16. Lasagesse, la Loi, et les rapports de l’auteur avec la première.Proverbes, développements et avis sur la conduitede l’homme au point de vue social. — xxx, 28-xxm, 11; xxxvi, 16 b -22 (d’après le grec). La conduite sage etjuste de l’homme. Le Seigneur et son peuple. — xxxvi, 23- xxxix, 11. Avis et exhortations sur les rapports sociaux.— xxxix, 12-xui, 14. La création et la place quel’homme y occupe. — Comme on le voit, la plupart dessubdivisions de cette première partie rentrent les unesdans les autres; il est impossible qu’il en soit autrementavec un livre tel que l’Ecclésiastique.
2° La secondé partie forme, au contraire, un toutcomplet parfaitement ordonné, consacré à l’éloge desœuvres divines, xlii, 15-XLlll, et au panégyrique des ancêtresd’Israël. Le plan de l’auteur est facile à suivre. Dansl’hymne au Créateur, Ben Sirach commence par célébrerla grandeur de Dieu et de ses attributs, xlii, 15-25; puisil passe en revue les principales merveilles de la création: le soleil, xliii, 1-5; la lune, 6-8; les étoiles, 9-10; l’arc-en-ciel, 11-12; la neige, les nuages, la grêle, la tempête, le tonnerre, 13-22; la mer et les lies, 23-25; il termineen déclarant que ce dont il vient de parler n’estrien en comparaison de ce qu’il ignore. — Dans l’élogedes ancêtres et après un assez long préambule, xuv, 1-15, l’auteur parle successivement d’Enoch, 16; de Noé, 17-18; d’Abraham, 19-21, d’Isaac, 22, et de Jacob, 23; de Moïse, xlv, 1-5, d’Aaron, 6-22, et de Phinées, 23-26; de Josué, xlvi, l-#, et de Caleb, 9-12; de Samuel, 13-20; de Nathan, xlvii, 1; de David, 2-1 1; de Salomon, 13-25; d’Élie, xlviii, 1-11, et d’Elisée, 12-16; d’Ézéchias et d’Isaïe, 17-25; de Josias, xlix, 1-5; de Jérémie, 6-7; d’Ézéchiel, 8-9; des douze petits prophètes, 10; de Zorobabel, 11; deJosué fils de Josédec, 12; de Néhémie, 31, et de Simonfils d’Onias, ii, 1-21. Les f$. 22-20 sont comme l’épiloguede l’éloge des ancêtres: c’est une invitation à bénir Dieupour toutes les merveilles qu’il a opérées dans son peuple.Suit la première conclusion de tout le livre, 27-29, et lecantique final additionnel du chapitre u.
XL Doctrine de l’Ecclésiastique. — On peut caractériserd’un mot la doctrine de l’Ecclésiastique: BenSirach est avant tout traditionnel. C’est la vieille doctrinejuive sur Dieu, sur l’homme, sur les destinéesd’outre-tombe, qu’il nous transmet. Il est étranger auxdéveloppements qui s’étaient accomplis dans les idées juivesen certains milieux, particulièrement à Alexandrie. Lesprogrès que l’on peut constater en comparant son livreavec ceux de l’ancienne littérature hébraïque ne portentque sur quelques points spéciaux.
1° Dieu. — 1. Le monothéisme de Ben Sirach dériveen droite ligne de celui du Pentateuquè, des prophèteset des sages. Dieu est un, et il n’y a pas d’autre Dieuque Jébovah, xxxvi, 5. Il existe en dehors du monde; ilest absolu, éternel, parfait, xviii, 1-5, 8, 14; ses attributsde toute-puissance et de bonté, de justice et de miséricorde, sont décrits comme dans les anciens livres de laBible, xvi, 13-20. — 2. Ben Sirach en ditil davantagesur la nature divine? Est-il initié à la conception de lapluralité des personnes divines en une seule nature? 11ne le paraît pas: le texte de Eccli., i, 9, «[Dieu] lui-mêmel’a créée (la sagesse) dans l’Esprit-Saint,» si clairen faveur de la Trinité elle-même, n’est que dans lelatin; le texte de Eccli., li, 14: «J’ai invoqué le Seigneur, père de mon Seigneur», n’est pas sans difficulté auxyeux de la critique. Toutefois par ce qu’il dit de la sagesse, Ben Sirach nous fait faire un grand pas vers ladoctrine du Logos et de sa génération éternelle. — 3. Parrapport au monde, Dieu en est le créateur. xviii, l-5.D’une parole il a produit tous les êtres; la création estla manifestation de sa toute-puissance et de sa sagesse, xvi, 23-31; tous les êtres sont bons et utiles en leur temps.xxxix, 39. Après avoir créé le monde, Dieu le conserve
et le dirige: la création se continue par la Providence.xli, 19-20.
2° L’homme. — Créé lui aussi par Dieu et à son image, l’homme est le prince de la nature, xvii, 1-5. Il est douéd’intelligenCe et de science: Dieu lui a fait connaître lagrandeur de ses œuvres, afin qu’il pût célébrer son saintnom. xvii, 6-8. Mais les jours de l’homme sont comptés, et toutes ses voies sont sous les yeux du Seigneur, xvii, 10-13. L’homme est libre et peut choisir entre le bien etle mal, xvi, 14-21; mais Dieu est juste à son égard, quoiqu’ilreçoive avec miséricorde celui qui revient à lui. xvii, 16-28. Ben Sirach connaît d’ailleurs ce qui est raconté dupremier couple humain dans Gen., ni; il sait que de 1° femme nous sont venus tous les maux, xxv, 33. — L’auteurdit très peu de chose sur les destinées de l’homme.La récompense terrestre occupe la place principale, onpourrait dire unique, dans l’Ecclésiastique comme dansles anciens livres de la Bible, xiv, 22- xv, 6; xvi, 1-14.La mort n’a le caractère de récompense ou de châtimentqu’en tant qu’elle est calme pour le juste ou qu’elle vientle délivrer de maux plus terribles que la mort même, xli, 3, 4, tandis que pour le pécheur elle le surprend aubeau milieu de la vie, alors qu’il croit ses plaisirs éternels, ix, 16-17. Quant au scheol, c’est toujours le séjour morneet triste où l’on ne loue pas Dieu, xvii, 27-28.
3° Israël. — Dieu s’occupe de tous les hommes et detous les peuples; il donne un roi à chaque nation. MaisIsraël a une place à part; il est le peuple choisi, xxiv, 12-16.Au moment où Ben Sirach écrit, le peuple de Dieu esthumilié, avili sous le joug étranger. Mais le Sage espèreen des jours meilleurs: Dieu, qui a châtié Israël, se montreraà nouveau son protecteur, et bientôt il le délivrerade ses ennemis, xxxvi, 1-19. Le prophète Élie aura uneplace à part dans cette restauration: c’est lui qui apaiserala colère du Seigneur, lui qui affermira la paix, xlviii, 10. C’est uniquement par cette espérance de la restaurationd’Israël que Ben Sirach touche à l’idée messianique: en nul endroit il ne parle directement du Messie.
4° La sagesse. — 1. Comme le livre des Proverbes, l’Ecclésiastique donne une très grande place à la doctrinede la sagesse; et à cet égard Ben Sirach est en progrèssur les auteurs qui l’ont précédé. La sagesse a son origineen Dieu; elle vient du Seigneur et demeure aveclui à jamais, i, 1. Elle est éternelle; elle a été produitela première de toutes choses, avant le temps, dès lecommencement, dès l’éternité. I, 4. Venue de Dieu etdemeurant en Dieu, la sagesse se manifeste en toutes lesœuvres divines; Dieu l’a répandue sur toute la création.I, 9. Quant à l’homme, Dieu la lui communique; il l’arépartie à ceux qui l’aiment et ils en retirent d’immensesavantages: la sagesse, qui produit en eux la crainte duSeigneur, réjouit leur cœur, leur assure une longue vieet une fin tranquille, i, 10-13. Toutefois c’est en Israëlsurtout que la sagesse fixe son séjour, xxiv, 11 - 20, —Un trait particulier à Ben Sirach consiste en ce qu’ilregarde la sagesse en tant qu’elle se communique àl’homme et qu’elle est l’objet de sa connaissance, commeincarnée dans la loi mosaïque, xxiv, 32-33. D’ailleurs lasagesse est un abîme de science: les prophètes y ontpuisé; les sages y ont puisé; Ben Sirach y puise à sontour, et la source n’est jamais tarie, xxiv, 38-47. — 2. Sila sagesse est ainsi offerte par Dieu à l’homme et si elleproduit de si précieux fruits, l’homme doit faire tout sonpossible pour l’acquérir et pour y faire participer lesautres. VI, 18-23. — Or, en lui et dans les autres, cettesagesse doit produire des résultats pratiques. Elle doitproduire la foi en Dieu, l’espérance; elle doit engendrerl’amour, qui lutte jusqu’à la mort pour la justice et contrela tentation; la religion ou la crainte de Dieu sera laperfection, le comble de la sagesse, i, 16. Comme laLoi occupe une grande place dans les préoccupations deBen Sirach, le sage est invité à en observer toutes lesordonnances cultuelles, vii, 32-35; là toutefois, Ben Sirach 1553
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se montre très éloigné des exagérations du pharisaïsme.
— 3. La sagesse ne règle pas seulement les rapports del’homme avec Dieu, mais elle pénètre dans tous les détailsde sa vie morale. C’est elle qui lui fait éviter l’orgueil, l’avarice, l’impureté et les autres vices qui souillentl’âme, x, 14 30, etc.; elle qui bannit de la société le fléaude la mauvaise langue, elle qui règle les devoirs desdivers membres de la famille et de la société, xlii, 9-14, etc. — Nous ne pouvons entrer dans tous les détails decette morale; c’est la morale juive traditionnelle, bienrudimentaire encore si on la compare à la morale chrétienne; mais bien élevée, au contraire, si on la met enparallèle avec les diverses morales du paganisme.
XII. Autorité de l’Ecclésiastique chez les Juifs etCHEZ les chrétiens. — Il est étrange qu’un livre aussitraditionnel que l’Ecclésiastique n’ait pas été universellementreçu par les Juifs; il n’a pas été admis dans lecanon des Écritures par les Juifs de Palestine. On ne sauraitexpliquer cette anomalie en disant que le livre n’étaitpas ou était peu connu dans son texte original; la découvertedont nous avons parlé prouve, au contraire, que lelivre hébreu a été répandu dans les milieux palestinienset y a été maintes et maintes fois copié. La véritable raisonsemble être que, si le canon n’était pas clos à cetteépoque, on n’y admettait néanmoins que des livres anciensou se recommandant de noms vénérés en Israël. Or BenSirach était un contemporain; peut-être même que lespersécuteurs contre lesquels il avait protesté durant savie ne lui firent pas grâce après sa mort. Il se peut aussique, selon la remarque d’Ewald (Jahrbùcher der BiblischenWissenschaft, t. ix, 1858, p. 190), ce livre fût considérécomme formant double emploi avec les Proverbessalomoniens, et que cette raison ait contribué à le fairedéfinitivement exclure du canon palestinien. À certainesépoques, en effet, les Proverbes de Ben Sirach paraissentavoir été comme sur la limite du recueil officiel, mêmedans les communautés juives asiatiques; l’Ecclésiastiqueest cité une fois dans le Talmud (Talmud babylonientraité Baba Qama, ꝟ. 92 b), comme appartenant à la classedes ketubim ou hagiographes, et avec la formule «commeil est écrit a, réservée aux écrits canoniques. D’ailleursmême après avoir été exclu du canon palestinien, il estcité avec honneur par les rabbins; il est considéré commeun livre bon à lire. Le Talmud, dans plusieurs de sestraités, lui emprunte nombre de proverbes. Il faut, eneffet, identifier avec notre auteur ce Ben Sira auquelsont attribuées quatre-vingts sentences environ: la concordancequi existe entre le texte hébreu et plusieurs deces sentences ne laisse aucun doute sur cette identification(cf. Cowley et Neubauer, The original Hebrew ofa portion, of Ecclesiasticus, p. xix-xxx). — Quant auxJuifs alexandrins, ils ont toujours regardé ce livre commecanonique.
L’Ecclésiastique n’est parvenu aux Églises chrétiennesque dans la traduction grecque, et les doutes qui avaientplané sur sa canonicité dans la synagogue ont eu leurécho dans l’Église. — Il est difficile de déterminer si celivre a été cité dans le Nouveau Testament. Nulle partil n’est allégué avec la formule consacrée aux Écriturescanoniques de l’Ancien Testament. Si en certains cas onpeut établir des rapprochements entre des passages del’Ecclésiastique et tel ou tel écrit du Nouveau Testament, Joa., xiv, 23, Luc, XII, 10, notamment l’Épître de saintJacques, I, 19, ces rapprochements sont trop vagues pourqu’en stricte logique on puisse conclure à un empruntdirect. — Quant aux Pères, le premier qui cite le livre deBen Sirach d’une manière précise et certaine est Clémentd’Alexandrie, et en trente endroits de son Pxdag., i, 8, etc., t. viii, col. 325, 329, etc., il le cite comme Écriture; il en présente les extraits comme étant la voix du grandMaître. Origène le cite à son tour, avec la formule «commeil est écrit.» In Numer., Hom. xviii, 3, t. xii, col. 714.Les autres écrivains de l’école d’Alexandrie, notamment
saint Athanase, Ëpistol. ad Episcopos Egypti, 3, t. xxv, col. 540, en parlent dans les mêmes termes. D’ailleursles Églises d’Orient, avec saint Cyrille de Jérusalem, Catech., 11, 9, t. xxxiii, col. 716, et saint Épiphane, Hœr., 24, 6, t. iii, col. 316, en Palestine; saint JeanChrysostome, Ad vid. jun., 6, t. xlviii, col. 608, et Théodoret, In Dan., 1, 9, t. lxxxi, col. 1278, à Antioche; saint Basile, In Psalm. xiv, 10, , t. xxix, col. 257, saintGrégoire de Nysse, De vita Moysis, t. xliv, col. 357, et saint Grégoire de Nazianze, Orat. xiv, 30, t. xxxv, col. 898, en Cappadoce; saint Éphrem, Opéra gr. lat., Rome, 1732, 1. 1, p. 71, 76, 77, etc., à Édesse, le reçoiventbientôt sans aucun doute comme Écriture inspirée. Plustard toutefois, saint Jean Damascène, De fide orth., iv, 17, t. xciv, col. 1180, émet des doutes sur son inspiration, et l’Église d’Abyssinie ne l’admet que pour l’instructiondes enfants. — En Occident, la défiance à l’égard del’Ecclésiastique persiste plus longtemps. Néanmoins saintCyprien, De mortalit., 9, t. IV, col. 588; saint Ambroise, De bono mortis, 8, t. XIV, col. 556, saint Optât, De schism.Don, , iii, 3, t. xi, col. 1000, le traitent avec le mêmerespect que l’Écriture, qu’un livre protocanonique. SaintAugustin, De civil. Dei, xvil, 20, t. xli, col. 554, croitmême pouvoir dire que l’autorité de l’Ecclésiastique, comme d’ailleurs des autres livres deutérocanoniques, est acceptée depuis longtemps dans l’Église et surtouten Occident; et il l’emploie contre les hérétiques. SaintJérôme, Prsefal. in libr. Salorn., t. xxviii, col. 1242, 1243, au contraire, tout en le considérant comme inspiré, émet des doutes sur sa canonicité et pense que, si on peut l’employer pour l’édification des fidèles, onne saurait s’en servir pour prouver le dogme. — Toutefoisle courant traditionnel s’accentue vite en faveur dela canonicité de l’Ecclésiastique; le décret du pape saintGélase devient de plus en plus la règle de la foi. Et c’estbien l’idée de la tradition tout entière que consacre ledécret du concile de Trente en définissant l’inspirationet la canonicité du livre de Ben Sirach.
Depuis lors les protestants sont les seuls à en rejeterla valeur scripturaire. Les raisons qu’ils allèguent nesont pas des plus sérieuses. C’est ainsi que Raynald veuty reconnaître trois erreurs très graves: le chapitre xxivfavoriserait l’arianisme; le chapitre xlvi, par ce qu’il ditde Samuel, favoriserait la nécromancie, et enfin le rôleattribué à Élie au chapitre xlviii consacrerait une superstitionjudaïque. Exposer de telles raisons, c’est lesréfuter. Aussi bien les protestants d’aujourd’hui n’y attachent-ilsque peu de valeur. — Remarquons, à proposde la définition du concile de Trente, que, selon l’avisde graves exégètes, elle ne porte en aucune façon sur lePrologue, œuvre du traducteur, et que ce Prologue n’estpas considéré comme inspiré. (Cf. Laur. Veith, Script, sacra contr. incred. propugnala, Malines, 1824, p. 328.)
XIII. Commentateurs principaux. — En partie peut-êtreà cause des doutes qui planaient sur sa canonicité, à cause aussi de sa forme et de son caractère gnomique, le livre de l’Ecclésiastique, comme celui des Proverbes, a été peu commenté par les Pères. On ne trouve guèreque les courtes explications que saint Patère a recueilliesdans les livres de saint Grégoire le Grand, t. lxxix, col. 922-940. D’après Cassiodore, t. lxx, col. 1117, saintAmbroise et saint Augustin auraient fait des homélies surl’Ecclésiastique, mais elles ont péri. Rhaban Maur, t. cix, col. 763-1126, est le premier qui ait commentéle livre de Ben Sirach, et c’est de son commentaire queWalafrid Strabon a tiré la Glose ordinaire de notre livre, t. cxiii, col. 1183-1230. — Au moyen âge, parmi les commentairesdes Postilles, celui de Nicolas de Lyre occupela première place. — Aux xvie et xviie siècles, les commentairesde l’Ecclésiastique sont plus nombreux; citonsceux de: Cornélius a Lapide, in-f°, Anvers, 1664; dePaul Palazio de Salazar, in-8°, Cologne, 1593; d’Oct. deTufo (pour les chap. i-xviii seulement), Cologne, 1628; 1557
- ECCLÉSIASTIQUE##
ECCLÉSIASTIQUE (LE LIVRE DE L’) — ÉCHANSON
1558
de Jean" de Pina., Lyon, "1630-1648, etc. etc. — Auxviii» siècle, dora Calmet est le principal commentateurde l’Ecclésiastique, in-4°, Paris, "1714. — Au xixe siècle, citons: M. Lesêtre, L’Ecclésiastique, in-8°, Paris, 1880, parmi les catholiques. Le meilleur commentaire protestantest celui de O. Fritzsche, Die Weisheit JésusSirach’sdans le Kurzgefassles exegetisches Handbuch zuden Apocryphen der Alten Testaments, in-8°, Leipzig, 1860. — Les fragments hébreux découverts en 1896 ontété publiés par E. A. Cowley et Ad. Neubauer, Theoriginal Hebrew of a portion of Ecclesiaslicus (xxxix, 15 to XLlX, 11) together with the early versions and anEnglish translation followed by the quotations fromBen Sira in rabbinical literature, in-8°, Oxford, 1897.Sur le texte hébreu de l’Ecclésiastique, voir J. Halévy, Étude sur la partie du texte hébreu de l’Ecclésiastiquerécemment découverte, in-8°, Paris, 1897; J. Touzard, L’original hébreu de l’Ecclésiastique, in-8°, Paris, 1897; R. Smend, Dos hebrâische Fragment der Weisheit desJésus Sirach, dans les Abandlungen der Gesellschaftder Wissenschaften zu Gôttingen, 1897.
J. Touzard.
2. ECCLÉSIASTIQUES (LIVRES), nom donné quelquefoisaux livres deutérocanoniques (Ruiin, Comm. insymb., 38, t. XXI, col. 374), parce que, quoique dans lèspremiers siècles ils ne fussent pas admis de tous commeÉcritures canoniques, on les lisait cependant dans l’Églisepour l’édification des fidèles.
- ÉCHAÏA##
ÉCHAÏA (hébreu: Ahiyyâh; Septante: ’A fa), undes chefs du peuple qui signèrent le renouvellement del’alliance sous Néhémie. H Esdr., x, 26.
ÉCHALOTTE. Voir Ail, t. 1, col. 310-311.
- ÉCHANGE EN NATURE##
ÉCHANGE EN NATURE (hébreu: femûrâh; Septante: àvTaXX «Y|A5t, aXXavixa; Vulgate: commutatio), transaction en vertu de laquelle un vendeur cède la propriétéd’un objet quelconque à un acheteur, en recevantde celui-ci un autre objet qu’il estime avoir une valeuréquivalente. — Dans les derniers temps du peuple juif, les achats se faisaient ordinairement, comme aujourd’hui, au moyen de la monnaie frappée (voir Monnaie); maisantérieurement, avant l’époque des rois perses, lorsqu’onn’avait pas encore inventé la monnaie proprement dite, les ventes et achats se faisaient soit par des échanges ennature, soit à l’aide de métaux précieux. Cf. Gen., xlvii, 14-25. Les Égyptiens avaient imaginé des coupures d’oret d’argent d’un poids déterminé, qui jouaient le rôle denotre monnaie. Les Hébreux devaient avoir des coupuresde ce genre (seror Itaspô), Gen., xlii, 35; cꝟ. 25, 27-28; xlhi, 12, 15, 18, 21-23; Deut., xiv, 22-26. Cequi est du moins certain, c’est qu’ils faisaient quelquefoisusage dans leurs transactions, surtout lorsqu’il s’agissaitd’achats importants, de fragments de métaux d’unpoids fixe dont l’unité était le sicle. Gen., xxiii, 15-16.Voir Sicle. Pour s’assurer qu’il n’y avait pas de fraudedans les poids, on avait soin d’ailleurs de peser toujoursle métal qui était donné en payement. Gen., xxm, 16. Voir Balance, t. i, col. 1403-1404. Dans laplupart des cas, lorsqu’il s’agissait de menues ventes, les échanges se faisaient en nature. Une peinture fortcurieuse, sur un tombeau de Saqqarah (fig. 512), fait assister, en quelque sorte, aux transactions de ces sièclesprimitifs. Elle remonte à la Ve djnastie, et par conséquentest antérieure à l’époque du patriarche Abraham.Non seulement elle nous met sous les yeux les scèneselles-mêmes, mais les légendes hiéroglyphiques qui lesaccompagnent nous en donnent l’explication. Le marchandest assis, comme aujourd’hui encore en Orient, devant les marchandises qu’il met en vente. L’acheteurest debout, tenant dans ses mains les objets qu’il lui proposeen échange. Dans le registre supérieur, nous voyons
d’abord, à droite, un marchand de sat. «Voici pour toide la liqueur sat douce,» ditil à l’acheteur. Celui-ci luiprésente une paire de sandales en disant: «Voici pourtoi des sandales solides.» Derrière lui, un autre Égyptiens’avance pour acheter à son tour, en offrant enéchange un petit coffret.’La scène suivante, à gauche, figure un marchand de poissons; il en tient un à la main, et l’on en voit quatre autres dans une nasse placée devantlui. Une ménagère vient lui en acheter. Elle portedans un coffret placé sur son épaule ce qu’elle va donneren échange au vendeur. Derrière elle, une autre acheteuseoffre des vases à un marchand accroupi devant elle.
— Sur le registre inférieur, à droite, deux acheteursviennent acheter des oignons et des céréales. «Faisvoir, donne l’équivalent,» dit le marchand au premierpersonnage qui tient sous le bras gauche une sacoche etqui vient d’en tirer un collier de verroterie multicolorequ’il offre au marchand; il tient un autre collier dans lamain gauche. Le second personnage va faire ses achatsen échange d’un éventail qu’il tient de la main droite etd’un attise-feu qu’il a dans la main gauche. — Dans ladernière scène, deux hommes, à droite, sont en pourparlers; celui de gauche offre trois hameçons qu’il porte dela main droite. Enfin une femme portant un coffret surl’épaule débat les prix d’échange avec un marchand d’habits.Voir G. Maspero, Gazette archéologique, t. VI, 1880, p. 97; Id., histoire ancienne des peuples de l’Orientclassique, t. r, 1895, p. 323. — Ce qui se passait ainsi enEgypte se faisait d’une manière analogue en Palestine.Aujourd’hui encore, en Orient, où la monnaie est raredans les villages et parmi le peuple, les ventes et lesachats de denrées et d’objets usuels ne se font pas autrement.C’est ainsi que nous avons vu à Latroun, au pieddes montagnes de Juda, les Arabes acheter aux Trappistesdes choux-fleurs en leur donnant en échangeune poignée de blé ou deux œufs de poule. — Plusieurspassages des Écritures font allusion à ces échanges ennature. Job, xxviii, 17, dit qu’on ne peut acheter la sagesseen donnant en échange (temûrâh) des vases d’or.Cf. Job, xv, 31 (hébreu); Lev., xxvii, 10, 33; Ruth, iv, 7; IVReg., v, 26; Is., lv, 1; Ezech., xxvii, 27 (Ma’ârdbêk);
PS. XLHI (XLIV), 13. F. VlGOL’ROUX.
- ÉCHANSON##
ÉCHANSON (hébreu: maSqéh, de Sâqâh, «boire;» Septante: àpxtoivo; (<50ç; «chef des échansons;» ohox^o; ,
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513. — Ecbanson égyptien. Kléthya.
D’après ChampolUon, Monuments de l’Egypte, U ii, pi. cxi.n. «échanson;» Vulgate: pincerna), officier chargé deverser à boire au roi et de tout préparer en conséquence.
— La Genèse, xl, 2-23, raconte que, dans la prison
égyptienne où fut enfermé Joseph, arrivèrent un jourdeux prisonniers de marque qui avaient encouru la colèredu roi, le grand panetier et le grand échanson. Ce dernierétait le chef des échansons de la cour. Il décrit lui-mêmeses fonctions dans le récit qu’il fait à Joseph dusonge qu’il a eu: «Je voyais devant moi une treille; elleavait trois branches; il y croissait des bourgeons, puisdes fleurs et des raisins qui mûrissaient. J’avais en mainla coupe du pharaon; je pris les raisins, j’en exprimai lejus dans la coupe et je la tendis au pharaon.» Les échansonssont souvent représentés sur les monuments égyptiens(fig. 513). Il y avait alors des vignes en Egypte, et l’on yimportait du vin de Syrie et d’ailleurs. Les riches n’avaientpas seuls le privilège d’en boire: le vin était d’un usagegénéral, et, à en croire les monuments, il arrivait assezsouvent qu’on en abusait. Voir F. Vigouroux, La Bible etles découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. ii, p. 39-40, 73-82. Dans des entrepôts ou «maisons du vin» se conservaientles provisions destinées à la table royale, et à la têtede ces magasins étaient des préposés de haut rang dontl’office se combinait avec celui des échansons. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 284-286. Quand Joseph eut expliquéà l’échanson le sens du songe qu’il avait eu, cet officiersortit bientôt de prison et fut rétabli dans son emploi.C’est seulement par la suite qu’il se souvint de l’interprèteet le fit venir à la cour pour expliquer les songesdu pharaon. Gen., xi, i, 12-14. — Le texte sacré, III Reg., x, 5; II Par., IX, 4, énumére des échansons parmi lesofficiers dé la cour de Salomon. — D’après le texte grecdu livre de Tobie, i, 22, un neveu de ce saint personnage, Achiacharus (voir t. i, col. 131), était échanson du roid’Assyrie Sacherdon ou Asarhaddon. On voit sur plusieursmonuments assyriens des échansons remplissantdes coupes et les apportant aux convives (voir fig. 389, col. 1077). — Il y avait aussi des échansons à Suse, à lacour du roi de Perse Assuérus (Xerxès Ier). Quand celui-cidonna ses grands festins pendant cent quatre-vingtsjours (voir t. i, col. 1142), des officiers royaux étaientpréposés à chaque table, et parmi eux des échansons, «sans qu’aucun obligeât à boire ceux qui ne voulaientpas. s.Esth., i, 8. — Néhémie était échanson du roiArtaxerxès dans la même ville de Suse. II Esdr., i, 11. —Sur l’architriclinus, le maître d’hôtel des noces de Cana,
voir t. i, col. 936.
H. Lesêtre.
- ÉCHELLE##
ÉCHELLE (hébreu: sullàm; Septante: yllu.il; Vulgate: scala), instrument portatif, composé de deux montantsen bois, qui réunissent et supportent des bâtonsdisposés l’un au-dessus de l’autre en forme d’escalier.Elle sert à monter et à descendre. L’échelle, employéeaux usages ordinaires, n’est pas mentionnée dans laBible. Nous ne pouvons douter cependant qu’elle n’aitété connue de bonne heure, puisque Jacob vit en songeà Béfhel une échelle, sullàm, qui s’élevait de terre ettouchait le ciel, et sur laquelle les auges de Dieu montaientet descendaient. Gen., xxviir, 12 et 13. Cette échellegigantesque était un symbole de la providence par laquelleDieu veille constamment sur les hommes et dontles anges sont les ministres. Voir t. i, col. 1672-1673.Elle est aussi un indice certain de l’emploi habituel del’échelle à cette époque reculée de l’histoire. Les songesdivins, en effet, aussi bien que les songes humains, présententà l’imagination de l’homme endormi des imagesd’objets qui l’entourent et dont il peut saisir facilementla signification. Les rabbins distinguaient l’échelle deTyr, qui était courte, de l’échelle égyptienne, qui étaitlongue. Talmud de Jérusalem, Eroubin, ix, 1, trad.Schwab, Paris, 1881, p. 288. — L’échelle peut devenirmachine de guerre et servir à tenter l’assaut d’une villeassiégée. L’application des échelles aux remparts pourforcer l’entrée d’une forteresse est le procédé! e plus anciennementemployé, et on le voit souvent représenté sur
les bas-reliefs égyptiens (voir t. i, fig. 286, col. 1CC2)et assyriens (t. i, fig. 261, col. 983), comme chez lesRomains (fig. 514). Il est indiqué une fois seulement dansla Bible. Lorsque Judas Machabée alla au secours de laforteresse de Dathéma pour la délivrer, les Syriens, quien faisaient le siège, s’armèrent d’échelles et de machinesde guerre pour l’emporter d’assaut, mais sans succès.
SU. — Soldat romain portant une échelle do s; <ge.D’après FrOhner, Xa colonne Trajane, pi. 115.
IMach., v, 30. L’échelle dut servir aussi à d’autres sièges, dans les guerres racontées dans les Livres Saints, quoiquece soit le seul passage où elle soit nommée.
E. Makgenot.
ÉCHI (hébreu: ’Êhî; Septante: ’Ay^iç), un des filsde Benjamin. Gen., xlvi, 21. Les Septante font Échi filsde Bala, et par conséquent petitfils seulement de Benjamin.Échi semble être le même que Ahiram de Num., xxvi, 38. Voir Ahara, t. i, col. 290. Dans la généalopiedonnée dans la Genèse, il faut unir à Échi une partie dumot suivant, Ros: n>sn wNni iro», et l’on retrouve lagénéalogie des Nombres: Dnsur DnmN. Le ii, mem,; ïété pris pour un N, aleph; et après avoir fait deux moison a ajouté naturellement la conjonction i, vav, «et.» De plus, le vi, schin, doit s’unir au mot suivant. Tousces noms des enfants de Benjamin ont été maltraités parles copistes. Voir t. i, col. 1589. E. Levesque.
ÉCHO (v^<i), son réfléchi ou renvoyé par un corpssolide de telle sorte que l’oreille l’entend de nouveau
une ou plusieurs fois, et lieu où se produit cette répétitiondu son. L’écho est mentionné par l’auteur du livrede là Sagesse, xyn, 18, dans sa description de la plaiedes ténèbres en Egypte. Cette plaie, dit-il, avait tellementeffrayé les Égyptiens, que tout devenait pour eux un sujetde nouvelle terreur, même l’écho, àvTavaxXw[iÉviri èx xoi-Xotixtuv(xotXdTTjToç, Deane, The Book of Wisdom, in-4o, Oxford, 1881, p. 101, 208) ôpéwv fix**"; * l’écho répercutédu creux des montagnes.» La Vulgate n’a pas rendurigoureusement tous les mots grecs; au lieu de traduire: «du creux des montagnes,» elle dit: «des montagnestrès hautes.» — Les Septante ont employé le mot -Jj^ûdans deux autres passages de leur version, mais sansqu’il soit question d’un écho proprement dit dans letexte original. III (I) Reg., xviii, 41 (hébreu: hâmôn, «bruit» ), et Job, iv, 13 (hébreu: liazôn, «vision» ).
F. Vigouroux.
- ECLAIR##
ECLAIR (hébreu: bârâq, et une fois bâzâq, Ezech., I, 14; poétiquement, ’ôr, «lumière,» Job, xxxvi, 32; xxxvii, 3, 4, 11, 15; liâzîz, «trait,» Job, xxviii, 26; xxxviii, 25; Zach., x, 1; liés, «flèche,» Ps. xvii, 15; Hab., iii, 11; Septante et Nouveau Testament grec: âorpami; Vulgate: fulgur), vive lumière produite parle dégagement de l’électricité atmosphérique. — Leséclairs sont fréquents en Palestine, surtout en automne.La Sainte Écriture parle de l’éclair dans un certainnombre de passages, à l’occasion des phénomènes atmosphériquesqu’il accompagne. Voir Tonnerre. D’autresfois l’éclair est pris pour la foudre elle-même. — 1o Ilest fait mention de l’éclair dans les théophanies où Dieuapparaît entouré de toutes les puissances de la création, comme au Sinaï. Exod., xix, 16. L’éclair accompagne lesmanifestations de la justice divine. Exod., ix, 23; Il Reg., xxii, 15; Ps. xvii, 15; lxxvi, 19; xcvi, 4; cxliii, 6; Nahum, i, 3-6; Zach., ix, 14; Apoc, iv, 5; viii, 5; xi, 19; xvi, 18. — 2o L’éclair est un phénomène naturel quiexcite l’admiration de l’homme. Job, xxxvii, 15; Dan., m, 73. Sa rapidité est merveilleuse. Job, xxxviii, 3, 4, 11; Matth., xxiv, 27; Luc, x, 18; xvii, 24. Sa lumière est siéblouissante, qu’on lui compare les objets les plus brillants.Ezech., i, 13, 14; Nah., ii, 4; ïlabac, iii, 11; Dan., x, 6; Matth., xxviii, 3. L’éclair est ordinairement suivid’une abondante chute de pluie. Ps. cxxxiv, 7; Jer., x, 13; Ll, 16. — 3o Ce n’est pas l’homme qui commande àl’éclair. Job, xxxviii, 35. C’est Dieu seul qui le faitbriller et le dirige, et l’éclair lui obéit. Job, xxviii, 26; xxxvi, 32; xxxviii, 35; Zach., x, 1: «le Seigneur donnerafrtïzîzîm,» les éclairs; Septante: çavrccafaç; Vulgate:
nives; Bar., vi, 60; Sap., v, 22.
H. Lesêtre.
- ECLIPSE##
ECLIPSE, occultation momentanée, soit partielle, soit totale, de la lumière du soleil ou de la lune. Quandle soleil, la terre et la lune arrivent à se trouver exactementsur la même ligne droite, une éclipse de soleilpeut se produire si la lune est placée entre cet astre etla terre; on a, au contraire, une éclipse de lune si laterre se trouve entre les deux autres astres. L’éclipsé estpartielle ou totale pour un point donné de la terre, suivantque l’astre interposé cache en partie ou en totalitéla lumière envoyée à la terre par le soleil ou par la lune.Les anciens Égyptiens ne savaient pas se rendre comptedu phénomène des éclipses. L’éclipsé de soleil était àleurs yeux le résultat d’une attaque du serpent Apôpicontre Rà, le dieu-soleil. Ils ne savaient pas prédire leTetour de ces éclipses solaires; mais, quand elles se produisaient, ils cherchaient à venir en aide au soleil eneffrayant le monstre Apôpi par leurs cris et le bruit detoutes sortes d’instruments et d’ustensiles. La lune avaitégalement ses ennemis qui la guettaient, le crocodile, l’hippopotame, la truie, constellations qui faisaient courirles plus grands périls à l’astre des nuits vers le quinzièmejour de chaque mois, et qui parfois l’avalaient gloutonnement, mais étaient obligés par les dieux à le rendre.
Les Chaldéens possédaient des notions plus précises surla nature des éclipses et sur les lois qui régissent cesphénomènes. Les nombreuses observations faites chezeux de longue date sur l’état du ciel leur avaient permisde découvrir la période de deux cent vingt-trois lunaisons, au bout de laquelle les éclipses lunaires se reproduisentdans le même ordre. Ils prédisaient donc cesdernières, sinon à coup sûr, du moins avec un succèshabituel. Il n’en était pas de même pour les éclipses desoleil. Les éclipses de lune sont visibles de tous lespoints de la terre d’où l’on peut apercevoir la lune; leséclipses de soleil, au contraire, tout en ayant la mêmepériodicité et une plus grande fréquence, n’affectent pastoujours le même point du globe terrestre. Aussi, commeles observations des Chaldéens étaient nécessairementlocales, par conséquent très incomplètes, les astronomesde ce pays ne pouvaient saisir la loi qui préside à lapériodicité de ces phénomènes. Ils prédisaient néanmoinsles éclipses solaires, qui précèdent ou suivent à environquatorze jours et demi d’intervalle une éclipse lunaire; mais leurs prédictions ne se réalisaient pas toujours, aumoins pour la contrée où ils vivaient. Cf. Oppert, dansle Journal asiatique, 1871; t. xviii, p. 67; Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 91-93, 776. — L’hébreu n’avait aucun motspécial pour désigner les éclipses. L’Écriture ne s’en estoccupée que pour y faire allusion directement ou indirectement.Il en est question dans plusieurs passages. —1o Amos, IV, 13, dit que le Seigneur «change l’aurore enténèbres», ce qui s’entend plus naturellement d’uneéclipse que d’un temps couvert (Septante: «il fait l’auroreet l’obscurité;» Vulgate: faciens malutinam nebulam).
— 2o II dit encore, viii, 9: «Le soleil se Couchera enplein midi». La comparaison des ténèbres qui succèdentinopinément à la clarté du soleil semble empruntée auphénomène des éclipses, et figure l’adversité succédanttout d’un coup à la prospérité. On a supposé qu’Amosfaisait allusion à une éclipse totale de soleil qui futvisible à Jérusalem, un peu après midi, le 9 février 784avant J.-C, ou à une autre éclipse qui se produisit le6 août 803; mais rien ne prouve que le prophète ait envue une éclipse spéciale. J. Knabenbauer, Comment, inproph. min., t. i, 1886, p. 324. — 3o Joël, ii, 32, décrivantles signes précurseurs de la venue du Seigneur, dit que «le soleil se changera en ténèbres et la lune ensang», c’est-à-dire qu’elle prendra cette teinte d’un rougeobscur qu’elle a durant les éclipses. Ces phénomènesinspiraient toujours l’effroi aux anciens; c’est pour celaque le prophète les range au nombre des signes terriblesde la venue de Dieu. — 4o Michée, iii, 6, annonce qu’enpunition des péchés du peuple, «le jour sera obscurci.» Certains commentateurs ont pensé qu’il s’agissait là del’éclipsé de soleil qui eut lieu le 5 juin 716 avant J.-C, et dont il est question dans Denys d’Halicarnasse, ii, 56; mais c’est là une hypothèse sans fondement. Le prophètes’exprime métaphoriquement, et il est même douteux quesa métaphore soit empruntée à une éclipse. — 5o Il enest de même du passage de Zacharie, xiv, 6: «En ce jour, il n’y aura pas de lumière.» — 6o On doit égalementexpliquer au sens figuré l’expression de Jérémie, xv, 9: «Son soleil s’est couché pendant qu’il était encore jour.» Le soleil est ici l’image de la vie, qui, comme dans uneéclipse, s’éteint prématurément. On ne doit donc pasvoir dans ce prophète la mention de l’éclipsé du 30 septembre610, dont Hérodote, i, 74, 103, a conservé le souvenir.— Les ténèbres qui se produisirent à la mort deNotre -Seigneur, Matth., xxvii, 45; Marc, xv, 33; Luc, xxiii, 44, ne furent point l’effet d’une éclipse de soleil.On célébrait alors la Pàque juive, et par conséquent onétait au quatorzième jour de la lune, c’est-à-dire à lapleine lune. Exod. xii, 6. Or la pleine lune est l’époquepossible des éclipses de lune, parce qu’alors la terre setrouve placée entre cet astre et le soleil; les éclipses de
soleil, au contraire, ne peuvent avoir lieu qu’à l’époquede la nouvelle lune, quand ce satellite est interposé entrela terre et le soleil. Les ténèbres du Vendredi-Saint ontdonc un caractère miraculeux et sont dues soit à uneinterposition extraordinaire de nuages très épais, soit àune atténuation momentanée de la transparence atmosphérique.H. Lesêtke.
1. ÉCOLE, local dans lequel des enfants ou des jeunesgens apprennent des leçons d’un maître les éléments d’unart ou d’une science (fig. 515). Les écoles sont privées oupubliques, selon qu’elles sont tenues par des particuliersou bien au nom de l’Etat. On ne trouve pas trace d’écolespubliques chez les Hébreux avant la captivité de Babylone.Ce qu’on appelle improprement «écoles des prophètes» n’a point de relation avec un enseignement suiviet méthodique. Voir ce mot. L’instruction religieuse etmorale des enfants se donnait dans la famille. Voir ÉdvS’il y avait quarante enfants, il devait y avoir un assistant; pour cinquante, deux maîtres étaient nécessaires.Si nous en croyons les Talmuds, les écoles étaient trèsrépandues en Palestine; mais leur exagération à ce sujetdépasse toute mesure. À l’époque de sa destruction, Jérusalemaurait compté dans son sein quatre cent quatre-vingtsécoles. Bien plus, au dire de R. Simon ben Gamaliel, laville d’ailleurs inconnue de Béthar avait encore soùs Adrien, cinquante-deux ans après la ruine du Temple, cinq centsécoles, dont la plus petite réunissait cinq cents enfants.Talmud de Jérusalem, Taanilh, trad. Schwab, Paris, 1883, t. vi, p. 190. Selon R. Simon ben Yohaï, beaucoup devilles de la Palestine ont été ruinées, faute d’ëcoles etd’instituteurs. D’après d’autres rabbins, les écrivains, lesprofesseurs et ceux qui instruisent la jeunesse sont lesvéritables gardiens des cités. Talmud de Jérusalem, Haghiga, ibid., p. 265. Les rabbins disaient encore: «L’haleine des enfants qui fréquentent les écoles est le
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515. — École égyptienne de musique et de danse. Tell el-Amarna. xvin» dynastie. D’après Lepslus, Denkmiiler,
Abth. iii, Bl. 106.
cation. Après l’exil, les synagogues servirent en quelquesorte d’écoles publiques pour la lecture et l’interprétationde la Loi et des prophètes. Voir Synagogue. Cependantil y eut encore, en dehors d’elles, des écoles élémentairespour les garçons et des écoles supérieures, dirigées pardes scribes et des docteurs.
I. ÉCOLES ÉLÉMENTAIRES POUR LES GARÇONS. — La traditionrabbinique rapporte leur origine à Siméon benSchétah, frère de la reine Salomé et président du sanhédrindans le i" siècle avant Jésus-Christ. Il établitcette disposition: «Les enfants doivent aller à l’école.» Talmud de Jérusalem, Kethouboth, viii, 8, trad. Schwab, Paris, 1886, t. viii, p. 110. Il nomma l’école Beth-hassépher, «maison du livre.» Mais ce ne fut que l’an 64 denotre ère que des écoles publiques pour les petits garçonsde six à sept ans furent fondées dans toutes lesvilles de Palestine. Le grand prêtre Jésus ben Gamalarendit cette fondation obligatoire. Chaque ville devaitentretenir au moins une école primaire. Si la cité étaittrès grande ou coupée en deux par un fleuve difficile àtraverser, on devait bâtir deux écoles. Si la communautéétait pauvre, la synagogue pouvait servir d’école pendantla semaine. Partout où il y avait vingtcinq enfants enâge de s’instruire, on devait établir un maître spécial.Si le nombre des élèves était inférieur à ce chiffre, leliazzan, ou sacristain de la synagogue, servait de maître.
plus ferme soutien de la société. — Périsse le sanctuaire! mais que les enfants aillent à l’école.» À leur jugement, les femmes qui conduisaient leurs enfants aux écolesméritaient la faveur spéciale de Dieu. Talmud de Babylone, Bevakhoth) trad. Schwab, Paris, 1871, p. 29-1.
Le Pirké Abotli détermine ainsi les divers degrés del’instruction de l’enfant: «À cinq ans, il doit commencerles études sacrées; à dix ans, il doit se livrer à l’étudede la tradition; à treize ans, il doit connaître et accomplirles commandements de Jéhovah; à quinze ans, ildqjt perfectionner ses études.» Le nombre des heures declasse était limité. À cause de la chaleur, les leçons étaientinterrompues de dix heures du matin à trois heures del’après-midi. Aux mois de juin et de juillet, on no consacraitque quatre heures par jour à l’enseignement, et ilétait alors interdit aux maîtres de châtier leurs élèves.Le maître no devait rien promeltre qu’il ne put tenir. Ildevait éviter tout ce qui pouvait provoquer dos penséesdésagréables ou déshonnétes. Il ne devait pas s’impatientercontre les enfants qui apprenaient difficilement.Il avait le droit de punir, quand le châtiment était nécessaire; et il pouvait frapper avec une lanière, mais jamaisavec une baguette. Il devait graduer les leçons et traiterl’enfant comme une génisse dont on augmente chaquejour le fardeau. Son office était honorable, et les parentsne pouvaient envoyer leurs enfants à une autre école qu’à
celle de la ville où ils habitaient. Le jour du sabbat, lemaître pouvait surveiller la lecture des enfants et énoncerles premiers mots des chapitres que ses élèves devaientlire. Mais, en raison du repos sabbatique, il ne pouvaitlire lui-même. Talmud de Jérusalem, Schabbath, i, 3, trad. Schwab, t. iv, 1881, p. 13 et 16. Nul célibataire, homme ou femme, ne devait exercer la profession d’instituteur.Talmud de Jérusalem, Qiddouschin, iv, 10; trad. Schwab, t. ix, 1887, p. 287 et 289. En somme, l’instruction primaire des jeunes Israélites se bornait àsavoir lire et écrire et à répéter par cœur les passagesessentiels de la Loi mosaïque.
IL Écoles supérieures des scribes. — Les scribes, dont il est si souvent parlé dans l’Évangile, tenaient desécoles où ils distribuaient aux jeunes gens, leurs disciples, et aux Israélites qui assistaient à leurs leçons, unhaut enseignement religieux. Leur école était appelée
Les auditeurs restaient debout; après la mort de Gamalielseulement, ils purent s’asseoir. Quelquefois on comparaitpoétiquement les rangs d’auditeurs aux rangéesdes ceps dans une vigne, et on appelait l’école «la vigne».Le mailre se tenait sur un siège élevé ou dans une chaire.Il exerçait sur ses élèves un très grand empire. Il sefaisait nommer Rabbi, «mon maître.» Matth., xxiii, 7.Les rabbins prétendaient passer dans le respect et l’affectionde leurs disciples avant les parents de ceux-ci. Talmudde Jérusalem, Baba Mecia’, ii, 11, trad. Schwab, Paris, 1888, t. x, p. 99. «Le respect de ton maître toucheau respect de Dieu.» Pirké Aboth, xiv, 12. Les rabbinsprenaient partout la première place et se faisaient saluerjusqu’à terre par leurs disciples. Matth., xxiii, 6 et 7; Marc, xii, 38 et 39; Luc, xi, 43; xx, 46. Leur enseignementétait gratuit, et ils exerçaient tous un métier quileur permettait de gagner leur vie. Cependant quelques516. — École grecque. À droite, leçon d’écriture; à gauche, leçon de musique. — Le pédagogue, qui a conduit le Jeune Greo
il ses deux maîtres, est assis, a droite, sur nn siège; il tient un bâton de la main gauche.
Coupe peinte de Duris. Musée de Berlin.
bet ha-midras, (’maison de recherche ou d’étude.» Ilsy interprétaient l’Écriture et la tradition au point de vuelégal ou juridique, suivant la méthode dite plus tardhalaka. Ils faisaient de véritables cours de casuistique.Les réunions avaient lieu spécialement le jour du sabbat, après le service au temple ou à la synagogue. Elles setenaient dans un des parvis ou dans une salle intérieuredu Temple, ou à la maison d’école, quelquefois en pleinair. D’après le Pirké Aboth, les hommes de la GrandeSynagogue auraient dit: «Formez beaucoup d’élèves.» Par application de cet ordre et sous l’influence du mouvementd’idées qui accrut leur importance, les scribesmultiplièrent les écoles. Ils avaient une haute estime deleurs fonctions. «On trouve l’Éternel dans les maisonsd’étude aussi bien que dans les temples,» disaient-ils.Les hommes d’étude contribuent à la paix de l’univers.R. Nechounia ben Hakana faisait une courte prière enentrant à l’école et en en sortant. À l’entrée, il demandaitde ne pas s’irriter contre ses disciples et de ne pasleur fournir de sujet d’irritation contre lui; il demandaitsurtout de ne pas se tromper dans son enseignement, aCn de n’être pas méprisé en ce monde et en l’autre.A la sortie, il remerciait Dieu de son sort; car il préféraitfréquenter les écoles et les synagogues plutôt que lesthéâtres et les cirques. Talmud de Jérusalem, Berakhoth, trad. Schwab, 1. 1, Paris, 1871, p. 80-81, 97 et 176.
uns prenaient un salaire, mais c’était seulement en raisondu dérangement que l’enseignement apportait à leursoccupations ordinaires. Talmud de Jérusalem, Nedarim, iv, 3, trad. Schwab, t. viii, 1886, p. 190. Ils exigeaientde leurs élèves une bonne mémoire et une grande fidélitéà répéter leurs leçons. Chacun doit enseigner dansles termes mêmes dont son maître s’est servi. Le plus beléloge d’un élève était de le comparer à une citerne enduitede ciment, qui ne perd pas une goutte de ses eaux.Cf. Talmud de Jérusalem, Haghiga, trad. Schwab, t. vi, 1883, p. 271-272. Comme chaque docteur avait son enseignementpropre, des discussions s’élevaient souvent àla maison d’école et dégénéraient parfois en injures eten coups.
Les rabbins rattachent les écoles des scribes à la GrandeSynagogue par l’intermédiaire de Siméon le Juste etd’Antigone de Soccho, et ils mentionnent, depuis lesMachabées jusqu’à Hérode le Grand, une double sérienon interrompue de docteurs de la Loi, des zougoth, «couples,» de chefs d’écoles. Ces duumvirs sont Josében Joéser et Joseph ben Jochanan; Josué ben Perachiaet Nittaï d’Arbelles; Siméon ben Schétach et Judaben Tabbaï; Schemaïa et Abtalion; Hillel et Schammaï.Nous ne savons presque rien sur leur histoire, etJosèphe ne les nomme même pas, sauf les derniers.Ilillel s’instruisit à l’école de Schemaïa et d’Abtalion.
Lui-même ouvrit une école rivale de Schammaï et la laissa à ses successeurs. Son fils Siméon et son petit-fils Gamaliel y enseignèrent. Saint Paul étudia la Loi aux pieds de ce dernier. Act., xxil, 3. Ces écoles furent continuées après la ruine de Jérusalem par l’école rabbinique de Tibériade, dont nous n’avons pas à nous occuper ici. Cf. E. Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 138-139, 285-296; Trochon, Introduction générale, Paris, 1887, t. ii, p. 681-687; B. Strassburger, Geschichte der Erziehung und des Unlerrichts bei den Israeliten, in-8°, Stuttgart (1885), p. 1-91.
III. École grecque.
Il est question accidentellement dans les Actes, xix, 9, d’une école, σχολή, de la ville d’Éphèse, qui est désignée comme l’école d’un certain Tyrannus. Il s’agit probablement d’une maison ou d’une salle où l’on donnait des leçons (fig. 516). Saint Paul, ne voulant plus prêcher l’Évangile dans la synagogue des Juifs d’Éphèse, à cause de leur endurcissement, continua ses prédications dans l’école de Tyrannus. Voir ce mot.
E.Mangenot.
2.ÉCOLES DE PROPHÈTES. On appelle de ce nom, qui n’appartient pas à l’Écriture et qui est assez impropre d’ailleurs, des associations religieuses que formèrent les prophètes Samuel, Élie et Elisée, et sous lesquelles ils groupèrent un certain nombre de membres ou de disciples. On s’est fait souvent une idée fausse ou exagérée de ces associations. Il importe donc de distinguer nettement les renseignements certains qui nous sont parvenus sur leur existence et leur histoire, et les hypothèses que les exégètes ont faites sur leur nature et leur organisation.
I. Leur existence et leur histoire.
1° Les Livres Saints ne font allusion à cette institution qu’incidemment, et ils ne racontent pas son origine. La première mention qui en est faite se lit I Reg., x, 5, 6, 10-13. Samuel venait d’oindre Saül. Parmi les signes d’élection divine qu’il donne au nouveau roi, il lui annonce qu’il rencontrera à Gabaa une troupe (hébreu: ḥébel, «bande, file;» Septante: χορός, «chœur;» Vulgate: grex) de prophètes, qui descendraient de la hauteur où ils habitaient et qui chanteraient avec accompagnement d’instruments de musique. Les événements s’accomplirent comme Samuel l’avait prédit. L’Esprit du Seigneur se saisit de Saül, qui se mit à prophétiser avec les prophètes. Les habitants de Gabaa s’étonnèrent d’un changement si soudain et dirent: «Qu’est-il donc arrivé au fils de Cis? Saül est-il devenu prophète?» D’autres repartirent: «Les prophètes héritent-ils de leur père?» voulant dire que la fonction prophétique n’est pas héréditaire et que Dieu en investit qui il veut, Saül aussi bien que d’autres. Et dès lors la formule: «Saül est-il aussi parmi les prophètes?» devint une locution proverbiale.
Saül revint une seconde fois dans l’assemblée des prophètes (lahäqâh, ἐκκλησία, cuneus), à Ramatha, pour y poursuivre David. Le fugitif s’était réfugié auprès de Samuel, qui l’emmena dans les habitations rustiques, nâyôṭ, dans lesquelles étaient réunis ses disciples. Le roi y envoya des émissaires pour prendre son gendre. Mais ceux-ci, à la vue d’une assemblée de prophètes qui prophétisaient sous la direction de Samuel, furent saisis de l’Esprit du Seigneur et se mirent aussi à prophétiser. Le même effet se produisit deux autres fois sur de nouveaux émissaires de Saül. Ce dernier y vint en personne, et, saisi à son tour de l’Esprit divin, il se dépouilla de ses vêtements royaux, prophétisa avec les autres devant Samuel, et demeura nu par terre tout le jour et toute la nuit. Cette circonstance donna une nouvelle signification au proverbe: «Saül est-il donc aussi devenu prophète?» I Reg., xix, 18-24.
On a conclu de ces renseignements que Samuel avait été le fondateur de ces réunions de prophètes. On sait que, lorsqu’il était enfant, la parole de Dieu était rare et que Dieu ne se manifestait pas clairement. I Reg., iii, 1. Comme dans son âge mûr il a autour de lui des prophètes en grand nombre, il en résulte qu’il peut passer avec vraisemblance pour l’instigateur de ces assemblées de prophètes, dont nous déterminerons plus loin la nature. Nous ignorons si des colonies semblables existaient ailleurs et si celle de Ramatha s’est perpétuée. On a présupposé, malgré le silence des Livres Saints, qu’elle avait persévéré jusqu’au temps d’Élie, où il est de nouveau question de réunions de prophètes. Il est permis aussi de penser qu’après avoir disparu ces associations furent alors rétablies.
2° A la seconde période de leur histoire, elles reparaissent incidemment encore dans les récits bibliques, qui en parlent comme d’une institution établie et connue, mais sous le terme nouveau de réunions de «fils de prophètes». Comme l’expression «fils» a le sens de «disciple», l’usage s’est introduit de désigner ces assemblées par le nom d’«écoles de prophètes». Quand l’impie Jézabel faisait mourir les prophètes du Seigneur, Abdias, l’intendant de la maison d’Achab, cacha cent «fils de prophètes», en les plaçant par groupes de cinquante dans les cavernes du pays, et leur donna la nourriture nécessaire. III Reg., xviii, 4 et 13. Voir t. 1, col. 23. Les autres périrent par le glaive. Élie pouvait donc se dire seul en présence des quatre cent cinquante prophètes de Baal.III Reg., xviii, 22, et xix, 10 et 14. On pense qu’il était le chef des fils de prophètes tués ou cachés.
La persécution finie, ceux qui avaient échappé sortirent de leur retraite, et au moment de l’enlèvement d’Élie, leur maître, nous les retrouvons réunis à Béthel et à Jéricho. Ils savaient la disparition prochaine du prophète, et ils l’annoncèrent à son disciple Elisée. Cinquante de ceux qui habitaient Jéricho furent témoins de l’enlèvement d’Élie, et ils reconnurent Elisée comme leur chef. IV Reg., ii, 3-7, 15-18. Leur histoire sous son gouvernement est tout épisodique. La femme de l’un d’eux, après la mort de son mari, eut recours à Elisée, qui multiplia l’huile pour payer les dettes du défunt. IV Reg., iv, 1-7. Ceux qui demeuraient à Galgala eurent à souffrir de la famine, et se crurent empoisonnés pour avoir mangé des coloquintes, que le cuisinier de la communauté avait cueillies dans les champs. Elisée enleva l’amertume du potage en y mélangeant un peu de farine. IV Reg., iv, 38-41. Voir col. 859. Ces fils de prophètes étaient au nombre de cent. IV Reg., iv, 43. Giézi demanda à Naaman un talent d’argent et deux vêtements de rechange pour deux jeunes disciples des prophètes, qui venaient d’arriver des montagnes d’Éphraïm. IV Reg., v, 22. Un jour les fils des prophètes dirent à Elisée: «Vous le voyez, le lieu que nous habitons avec vous est trop petit pour nous; allons nous bâtir une maison auprès du Jourdain.» Ils y allèrent, et c’est en travaillant que l’un d’eux laissa tomber dans le fleuve sa hache, qu’Elisée fit surnager. IV Reg., vi, 1-7. Ce prophète chargea un de ses disciples d’oindre Jéhu, roi d’Israël. IV Reg., ix, 1-10. De ces textes isolés on a conclu que les fils des prophètes vivaient en communauté, et qu’ils avaient à Galgala, à Béthel, à Jéricho et sur les bords du Jourdain, des centres où ils se trouvaient cent ou au moins cinquante. Comme, pour justifier sa mission divine, Amos répond à Amasias qu’il n’est ni prophète ni fils de prophète, mais un simple berger, vii, 14, on a pensé que les écoles de prophètes existaient encore de son temps (804-799). Trochon, Les petits prophètes, Paris, 1883, p. 181. On ignore quand et comment elles disparurent.
II. Leur nature et leur organisation.
1° Les anciens commentateurs à la suite des Pères, saint Jérôme, Epist. Lviii ad Paulinum, n° 5, et cxxv ad Rusticum monachum, n° 7, t. xxii, col. 583 et 1076; Cassien, De cœnobiorum instituits. l. i. c. ii, et Collatio xviii, c. vi, t. un, col. 61 et 1101; saint Isidore, De ecclesiastiers officiis, 1. ii, c. xvi, t. lxxxiii, col. 794, tenaient généralement les communautés de prophètes pour de véri- tables monastères, où des moines s’exerçaient, sous l’autorité d’un supérieur, à toutes les pratiques de la vie religieuse. Cf. Haneberg, Histoire de la révélation biblique, trad. franc., Paris, 1856, 1. 1, p. 304-305. L’assimilation ne saurait être complète, car il ne parait pas que les fils de prophètes fussent liés par des vœux, et on pense ordinairement que ceux qui étaient mariés ne menaient pas la vie commune.
2° Appuyé sur l’autorité d’Abarbanel et de David Kimchi, qui reconnaissaient dans les écoles de prophètes des «maisons d’interprétation », Vitringa, De Synagoga vetere, 1726, p. 349-361,a vu dans les fils de prophètes des jeunes gens qui s’adonnaient à l’étude de la philosophie et de la théologie et écoutaient les leçons d’un maître savant, et dans les écoles de prophètes, des académies, qui étaient bâties dans la solitude et où s’enseignaient les sciences religieuses. D’après le même principe, d’autres critiques ont pensé qu’on formait, dans ces écoles normales, des maîtres ou des catéchistes pour instruire le peuple. Les déistes anglais du siècle dernier se sont représenté ces écoles comme des collèges, dont ils ont dressé le programme d’études et où l’on enseignait l’histoire, la rhétorique, la poésie, les sciences naturelles et la philosophie. C’est à ce sentiment que l’on doit le nom d’ «écoles de prophètes ». L’hypothèse d’écoles proprement dites n’est pas justifiée par le texte sacré, et elle est peu vraisemblable en elle-même. Ramenée à de justes bornes, elle peut signifier au plus que les prophètes expliquaient oralement à leurs disciples la loi mosaïque et leur enseignaient la musique vocale et instrumentale, qui servait aux exercices religieux.
3° Beaucoup de critiques modernes font de ces écoles de véritables séminaires de prophétisme, où des jeunes gens se préparaient à la mission prophétique par des exercices appropriés, sous la conduite d’un chef expérimenté. Mais tous n’ont pas du prophétisme et de la prophétie la même idée. Les uns conservent la véritable notion des prophètes, qu’ils regardent comme des hommes réellement inspirés de Dieu en vue d’une mission spéciale et pour annoncer l’avenir. Sans doute ils reconnaissent que Dieu appelle qui il veut au ministère prophétique; mais, conformément aux principes de saint Thomas, Summa Theologica, 2a 2ae, q. 172,art. iv, ils pensent que cette vocation, toute miraculeuse qu’elle était, avait d’ordinaire sa providentielle préparation dans les écoles de prophètes. Tous les prophètes ne sont pas sortis de ces écoles; mais cette institution fut souvent le moyen dont Dieu se servit pour leur recrutement. Kranichfeld, De iis quai in Testamento Veteri commemorantur prophetarum societatibus, Berlin, 1860;J. Datiko, Historia revelationis divinse Veteris Testamenti,Vienne, 1862, p. 227-230; Mgr Meignan, De Moïse à David, Paris, 1896, p. 480; Les prophètes d’Israël. Quatre siècles de lutte contre l’idolâtrie, Paris, 1892,p. 14-18. Mais les rationalistes ont une autre conception des écoles prophétiques. Pour eux, les prophètes sont seulement des orateurs inspirés, des interprètes officiels de la loi mosaïque et des avocats de la théocratie, et leurs collèges ont été un institut permanent, qui exerça une grande influence en Israël et représenta le véritable esprit de la Loi, en face des prêtres souvent trop attachés au culte matériel, en face du pouvoir dont il empêchait les empiétements. S. Munk, Palestine, Paris, 1881,p. 247 et 419; A. Réviile, Les prophètes d’Israël au point de vue de la critique historique, dans la Revue des Deux Mondes, t. lxxix, 1867, p. 844; Michel Nicolas, Études critiques sur la Bible, Ancien Testament, Paris, 1862,p. 357-364. Quelques-uns même attribuent à ces groupements de prophètes des ivresses orgiastiques, des accès de fureur divine, E. Renan, Histoire du peuple d’Israël,t. i, 1887, p. 378-380; t. ii, 1889, p. 278-280, ou au moins les apparences de la névrose et une invasion épidémique de la grande hystérie. Marcel Dieulafoy, Le roi David,Paris, 1897, p. 120-137. Ces explications si diverses ont un fondement commun; elles donnent au verbe nâbâ‘, «prophétiser», I Sam. (I Reg.), x, 5 et 6, 13; xix, 20-24, le sens strict d’annoncer la volonté de Dieu et de présager l’avenir. Cf. Knabenbauer, Commentarius in libros Samuelis,Paris, 1886, p. 114 et 196-197. Or ce verbe,aux formes niphal et hithpael, qui sont ici employées,a d’autres significations. Il signifie notamment louer Dieu par le chant des cantiques sacrés avec accompagnement d’instruments de musique. I Par., xxv, 1-3. Or, la première fois que l’assemblée des prophètes est mentionnée,elle comprend des instrumentistes. I Sam. (I Reg),x, 5. Nous pouvons en conclure légitimement que ces prophètes prophétisaient, non pas en prédisant l’avenir,mais en parlant et en chantant sous une impulsion surnaturelle et avec accompagnement musical. C’est à cet exercice de piété que Saül prit part, en se mêlant à la troupe des prophètes. Quant aux manifestations extraordinaires,qui se produisaient au milieu des chants et des louanges divines, et sur la nature desquelles nous sommes peu renseignés, elles n’avaient rien de commun avec la manie des devins antiques ni avec la névrose;c’étaient des charismes, analogues à ceux dont l’Esprit-Saint favorisa les premiers chrétiens. D’ailleurs elles n’eurent lieu que du temps de Samuel, et rien n’indique qu’elles se soient reproduites sous Élie et Elisée.
4° Pour caractériser autant que cela est possible les écoles de prophètes, nous dirons que «les prophètes y enseignaient simplement à bien croire et à bien vivre». Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. i, p. 4, note. Ils se proposaient un but pratique, celui de former de véritables adorateurs de Dieu, des observateurs fidèles de la loi mosaïque, qui par leurs exemples agiraient sur la foule,arrêteraient les progrès de l’idolâtrie et ramèneraient leurs frères au culte du vrai Dieu. Ces écoles, en effet,fleurirent à des époques troublées, sous Samuel et plus tard exclusivement dans le royaume d’Israël, sous le règne désastreux d’Achab. Leur organisation n’a peut-être pas été identique aux deux périodes de leur histoire. A la première il n’y aurait eu, semble-t-il, que des réunions accidentelles, sous la présidence de Samuel. Les écoles des prophètes auraient donc été alors des associations libres, dont les membres se groupaient pour la prière et la louange de Dieu au son des instruments. Durant la seconde période, elles auraient eu un caractère plus stable et auraient ressemblé à des collèges, soumis à une discipline et régis par un supérieur. Cependant les habitations dressées sur les bords du Jourdain ne paraissent guère propres qu’à une destination passagère, et l’existence des fils de prophètes mariés rend douteuse la stabilité des communautés. Mais toute conclusion tirée de données historiques si insuffisantes reste nécessairement conjecturale.
Cf. Schwebel-Mieg, De prophetarum scholis,Strasbourg, 1833 et 1835; Clair, Les livres des Rois, Paris,188i, t. i, p. 67-75; Trochon, Introduction générale aux prophètes, Paris, 1883, p. xxix-xxxii; F. Vigouroux,Manuel biblique, 9° édit, 1896, t. ii, p. 103-104.
E.Mangenot.
ÉCONOME ( Nouveau Testament: οἰκονόμος; Vulgate: dispensator, Luc, xii, 42; I Cor., iv, 1, 2, etc.; villicus, Luc, xvi, 1, 3, 8; actor, Gal., iv, 2; arcarius, Rom., xvi, 23), homme de confiance chargé de l’administration d’une maison, ce qui, dans le Nouveau Testament grec, est appelé οἰκονομία. Luc, xvi, 2, 3, 4. Cf. Septante, III Reg., iv, 6 (hébreu: ’al-hab-bâiṭ, «celui qui est préposé à la maison» ); I Par., xxix, 6;Esth., i, 8; viii, 9.
1° L’économe a soin de tous les intérêts, fait valoir les biens, Luc, xii, 42; I Cor., iv, 2,vend, achète, règle les dépenses, etc. Son rôle est plus étendu que celui du villicus, chargé seulement de faire valoir un domaine. Cf. S. Jérôme, Epist. cxxi, ad Algas.,6, t. xxii, col. 1018, 1019.
2° Dans une de ses paraboles,Luc, xvi, 1-8, Notre-Seigneur met en scène un économe employé dans la maison d’un riche. Le maître, informé que l’économe dilapidait ses biens, lui ordonna de rendreses comptes et lui signifia que sa charge allait lui êtreôtée. L’économe, habitué à commander et à être bientraité, réfléchit sur sa situation et conclut qu’il ne pourraitse faire ni au travail des champs ni à la mendicité.Il résolut en conséquence de se ménager des amis parmiles débiteurs de son maître. Il les appela donc les unsaprès les autres, prit leurs créances et leur en fit substituerde nouvelles, dans lesquelles le montant des dettesétait considérablement diminué. Aussi peu scrupuleuxque l’économe, les débiteurs se prêtèrent à cette opéralionmalhonnête, qui servait si bien leurs propres intérêts,et les disposait à accueillir chez eux l’économe,quand celui-ci aurait quitté la maison de son maître. Laprudence de cet économe est louée dans l’Évangile, sansqu’on puisse déterminer si le «maître» qui formule cetéloge est le maître de la maison ou NotreSeigneur lui-même.La seconde hypothèse paraît plus probable, carles débiteurs durent garder pour eux le secret de ce quis’était passé, sous peine de s’exposer aux revendicationsdu maître. Il est évident que ce qui est loué par Notre-Seigneur,ce n’est pas la malhonnêteté de l’économe,qu’il range lui-même parmi «les fils de ce siècle»; maisson habileté, offerte en exemple aux «fils de la lumière».Cette parabole rappelait aux auditeurs du divin Maître unfait qui ne devait pas être absolument exceptionnel. Latentation de s’enrichir aux dépens d’un propriétaire opulentétait trop forte pour que, même chez les Juifs decette époque, on n’y succombât pas de temps à autre. —Tous les économes ne ressemblaient pas à celui de laparabole. Il y avait aussi «le serviteur fidèle et prudentque le maître a préposé à sa famille pour lui fournir lanourriture au temps voulu». Matth., xxiv, 45. En récompensede sa fidélité, cet économe est mis à la tête detous les biens de son maître. Luc, xii, 42, 44. Cf. Luc,xiv, 17, 23. — 3° Le trésorier de certaines villes grecquesportait le titre de otxovd(io;. Un disciple de saint Paul,nommé Éraste, était «économe» (Vulgate: arcarius) deCorinlhe. Rom., xvi, 23. — 4° Par une belle image, lesApôtres et les chrétiens qui annoncent l’Évangile sontappelés, I Cor., iv, 1: oîxovôiiot |ui<JTïip! uv ©soO, «lesadministrateurs des mystères divins.» Dans l’Épître àTite; I, 7, l’évêque est qualifié oîxov6|ioç 0eoG, «l’économede Dieu.» Saint Pierre recommande aux fidèlesd’être de «bons économes des multiples grâces de Dieu»,xotvo oixov<S|*ot itoixiAï]C z» P"o «@eoû. I Petr., IV, 10.
H. Lesêtre.
- ÉCRITOIRE##
ÉCRITOIRE (de scriptorium, chambre ou meuble àécrire; hébreu: qését), petite boîte portative dans laquelleon met les ustensiles nécessaires à écrire, l’encre, les calâmesou roseaux et le canif. L’écritoire comprenait deux
517. — Scribe égyptien avec son ccritoire. Tbcbos.D’après Wilkinson, llanntrs, t. ii, p. îsr.
compartiments: un vase contenant l’encre et un étuipour les roseaux et le couteau. Elle différait donc deVencrier, qui peut être renfermé dans l’écritoire ou enêtre isolé. Les scribes égyptiens se servaient de palettesen bois, en ivoire ou en pierre, dans lesquelles étaientcreusés des godets pour détremper l’encre sèche (voir
fig. 17, col. 51), et aussi de petits vases contenant del’encre noire et de l’encre rouge (fig. 517). L’écritoiren’est mentionnée qu’une fois dans la Bible. Le prophèteÉzéchiel, ix, 2-11, vit sept anges que le Seigneur envoyaitchâtier Jérusalem. L’un d’eux, vêtu comme les scribes,portait à la ceinture le qését hassôfêr. Le Seigneur lui ordonnade passer au milieu de la ville et de marquer d’un(av (voir col. 1131) le front des pieux Israélites qui devaientéchapper au carnage de leurs concitoyens. Étymologiquement,le qését paraît désigner exclusivement l’encrier,la fiole qui contient l’encre; mais il pouvait fort bien, envertu de l’usage, signifier l’écritoire. Les Septante avaientlu un autre mot et avaient traduit îwvt) aampefpou, «uneceinture de saphir.» Aquila, dans la première édition desa version, et Théodotion avaient transcrit en caractèresgrecs le mot hébreu qu’ils ne comprenaient pas, xi(rruYpau.u, aTé{. Aquila traduisit dans sa seconde édition|i£).avo80-/£; ov ypa<fiu>i, et Symmaque tcivoxJSiov Ypapéoi;.Un Juif, interrogé par Origène, lui dit que le xiurud’Aquila et de Théodotion correspondait au x «Xou.âpiov
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518. — Écritoire orientale moderne, en cuivre.
ou écritoire des Grecs. Selecta in Ezech., vii, 2, t. xiii,col. 800; Hexapl., Ezech., ix, 2, t. xvi, col. 2451-2455.Saint Jérôme a traduit atramentarium, «encrier.» Lesaint docteur savait cependant que beaucoup de commentateursdonnaient à ce passage d’Ézéchiel un sensplus précis, et entendaient le qéséf de l’écritoire, «thecaescribentium calamorum.» In Ezech., 1. iii, t. xxv,col. 86-87. On a découvert à Pompéi des encriers enterre cuite ou en bronze, ordinairement munis d’un couvercle.Parfois deux encriers étaient soudés: l’un contenaitl’encre noire, l’autre l’encre rouge. Ces objets ontsouvent une anse ou un anneau, qui permet de les pendreà la ceinture. Voir fig. 20, col. 53. Aujourd’hui encore,les écrivains do profession en’Orient portent toujoursappendu à leur ceinture un tube de métal (fig. 518) oud’ébène, qui renferme le roseau et l’encrier. — Dans leNouveau Testament, il est plusieurs fois question d’encre;mais l’écritoire n’est pas nommée. Voir Encre.
E. Mangenot.
1. ÉCRITURE, ÉCRITURE SAINTE, c’est-à-direécriture par excellence, un des noms par lesquels ondésigne les «écrits» inspirés qui composent l’Ancien etle Nouveau Testament. L’origine de cette expression setrouve dans les livres de l’Ancien Testament postérieursà la captivité de Babylone. L’auteur des Paralipomènesdésigne les prescriptions de la loi en disant kakkâtûb, «comme il est écrit,» ce que les Septante traduisent:xotà Trp ypocç-rçv, rcapà Tiyv çpaç-rçv, «selon l’Écriture».II Par., xxx, 5, 18. La même locution se lit dans Esdraset dans Néhémie. I Esdr., iii, 4; II Esdr., viii, 15. De làl’usage d’en appeler à l’autorité des livres inspirés parla formule ylYp «7rt «t, Matth., iv, 4, 6; x, 21, etc.; xa6ù>;yÉ-ypatTat, Bom., i, 11; ii, 24, etc., ce qui est la traductionde l’hébreu kakkâtûb, et d’appeler simplement ceslivres par antonomase l’Écriture. Les écrivains du NouveauTestament nomment l’Ancien» i Tpaipri, Scriptura,Joa., vii, 38; x, 35; Act., viii, 32; Rom., iv, 3; ix, 17;Gal., iii, 8, 22; iv, 30; II Tim., iii, 16; Jac, ii, 8;I Petr., ii, 6; II Petr., i, 20; al rpocçai’, Scriptural, Matth.,xxi, 42; xxii, 29; xxvi, 54; Marc, xii, 24; xiv, 49; Luc,xxiv, 27, 45; Joa., v, 39; Act., xvii, 2, 11; xviii, 21, 28;I Cor., xv, 3, 4; Tpaça’i âfi», Scriptwrat Sanctse, Rom., 1573
ÉcniTURE — écriture hébraïque
1574
1, 2; ils citent 1rs prophètes en les appelant «l ypxfxi tûvjrpo ?ï)Twv, Scripturæ prophetarum, Matfh., xxvi, 56; ypaçaî jtpoçTiTixai, Scripturse prophetarum, Rom., xvi, 26, et ils reproduisent des versets on passages des auteurssacrés en général en les nommant simplement ypa^r, , scriptura: «N’avezvous pas lu cette écriture?» c’est-à-direce passage de l’Écrilure. Marc, xii, 10. Voir aussiLuc, iv, 21; Joa., XIX, 37; Act., i, 16. — Saint Pierre aappliqué le nom d’Écritures, al Y pif xi, aux écrits duNouveau Testament, aussi bien qu’à ceux de l’Ancien, II Petr., iii, 16, et l’Église a adopté universellement cettemanière de désigner tous les livres inspirés, de la mêmemanière qu’elle a adopté les noms de Livres Saints, deSaintes Lettres, d’Ancien et de Nouveau Testament, quisont également d’origine biblique. Pour le mot Bible, voir t. i, col. 1175-1176. F. Vigouroux.
2. ÉCRITURE HÉBRAÏQUE. L’écriture est l’art de représenterla pensée et de fixer la parole par des signesou caractères, naturels ou conventionnels, tracés à lamain ou à l’aide d’un instrument. On appelle idéographiquel’écriture qui exprime directement, par des peinturesou des symboles, les idées; phonétique, celle quireproduit les sons de la parole. Cette dernière est syllabiqueou alphabétique, selon que les caractères représententdes articulations complexes ou des syllabes, oubien des sons simples ou des lettres. Les Hébreux n’ontemployé que l’écriture alphabétique; mais ils se sontservis successivement de deux formes différentes d’alphabetset ils ont eu deux écritures, la phénicienne etl’assyrienne, dont nous allons résumer l’histoire et lestransformations.
I. Écriture phénicienne. — 1° Son origine. — LesHébreux, parlant une langue semblable à celle des Phéniciens, adoptèrent de bonne heure l’écriture de ces derniers.Voir Alphabet hébreu, 1. 1, col. 402-416, pour l’origineet les éléments de l’écriture phénicienne. Sa dépendancedes caractères hiératiques égyptiens paraît certaine.Toutefois l’emprunt n’a pas été fait de toutes piècesni d’un seul coup. Le passage des hiéroglyphes à l’alphabetn’a été ni si simple ni si direct qu’on l’avait crud’abord. Les hiéroglyphes héthéens et les inscriptionscypriotes, qui en dérivent, montrent par quels tâtonnementson a passé avant d’inventer l’alphabet. Le syllabairecypriote (voir col. 467-469) se rattache au courantde simplification qui s’est produit presque simultanémentdans les anciennes écritures idéographiques etd’où est sorti l’alphabet; c’est un de ces essais qui ontprécédé l’invention de l’alphabet et ont contribué soitdirectement, soit indirectement, à son éclosion. Il fauten rapprocher, semble-t-il, les caractères gravés surdes sceaux en pierre, découverts récemment dans lePéloponèse et l’île de Crète. À côté de signes hiéroglyphiques, empruntés au corps humain, aux animaux, aux plantes et à d’autres motifs d’ornementation, on atrouvé des formes cursives qui en sont le développementet qui constituent un syllabaire, semblable à celuide Chypre. A. J. Evans, Primitive Pictographs anda præ-pheenician Script front Crète and the Péloponnèse, dans le Journal of Hellenic Studies, t. xiv, 1894. Cf. Beilage zur Allgemeinen Zeitung, du 21 octobre1895. Des signes de même nature ont été rencontrésdans la Basse Egypte, à Kahoun, sur des objets, de laXII 8 dynastie, et à Médinet-Ghorab, sur des objets de laXVIIIe et de la XIX» dynastie. Ce sont des marques depotier ou de maçon, qui reproduisent des signes hiératiqueset des lettres des alphabets phénicogrecs. L’auteurde cette découverte, FI. Pétrie, les attribue à desprisonniers de race méditerranéenne, que les Égyptiensemployaient comme captifs aux travaux publics. Ces travailleursétrangers ne furent pas vraisemblablement initiésà l’écriture hiéroglyphique; mais ils purent apprendredes maçons égyptiens, avec qui ils vivaient, l’usage des
marques d’ouvrage. On finit par employer ces marqueshiéroglyphiques pour reproduire le son des mots qu’ellesreprésentaient. Après avoir été d’abord une simple conventiond’ouvriers, ces signes syllabiques furent transportésà travers la Méditerranée par le commerce internationalet servirent de mode d’écriture pour d’autresusages que leur emploi primitif. Ainsi ils pourraient êtreconsidérés comme un anneau intermédiaire entre lessignes hiératiques et l’alphabet phénicien. FI. Pétrie, Kahun, Gurob and Hawara, in-4°, Londres, 1890. Cf.Revue critique d’histoire et de littérature, du 27 avril 1891, p. 322-323.
L’époque à laquelle les Phéniciens ont tiré leur alphabetdes caractères hiératiques égyptiens est incertaine. On lafixe au temps de la domination des Hyksos. M. de Vogué, Corpus inscripfionum serniticarum, part, ii, t. i, Paris, 1889, p. il. Renan, Histoire du peuple d’Israël, t. i, Paris, 1887, p. 134-136, a précisé le lieu de l’emprunt.Ce lieu serait San ou Tanis, centre de l’empire des Hyksos.Ces Chananéens adaptèrent l’hiéroglyphisme égyptienà leur langue et transcrivirent les noms sémitiques aumoyen d’un choix de vingt-deux caractères hiératiques.L’emprunt doit être plus ancien, car des découvertes récentesnous ont appris que les relations des tribus chananéennesavec l’Egypte ont précédé l’invasion des roisPasteurs. D’ailleurs la présence de signes identiques auxcaractères phéniciens sur les monuments de Kahun, quiremontent à trois mille ans environ avant notre ère, prouve au moins que les premiers essais d’alphabétismesont bien antérieurs aux Hyksos. Tout ancienne que soitson origine, l’écriture alphabétique n’est devenue usuelleet commune chez les tribus palestiniennes qu’à uneépoque assez tardive, vers le XIVe ou le xm» siècle avantnotre ère. En effet, la correspondance trouvée à Tell-el-Amarnanous a révélé que l’écriture cunéiforme étaitemployée au xve siècle avec la langue assyrienne commemoyen officiel de communication entre le roi d’Egypteet ses tributaires ou alliés de la Mésopotamie, de la Syrieet de la Palestine. Si l’écriture alphabétique avait étérépandue alors dans les pays araméens et phéniciens, lesgouverneurs de Byblos, de Sidon et de Jérusalem auraientsans doute écrit au pharaon en phénicien, avec des caractèresalphabétiques. L’emploi de ces caractères était doncalors limité. La nouvelle écriture n’était pas encore uneécriture littéraire; elle servait surtout aux Phéniciensdans leurs relations commerciales et n’était guère employéepar les tribus chananéennes et autres qui habitaientl’intérieur de la Palestine. A. Loisy, Histoire critiquedu texte et des versions de la Bible, dans L’enseignementbiblique, Paris, 1892, p. 64-70.
2° Époque à laquelle les Hébreux ont adopté l’écristure phénicienne. — Nous manquons de renseignementsprécis pour déterminer cette époque, et nous ne pouvonsdire avec certitude si les Israélites connurent l’alphabetdurant leur passage en Palestine avant leur entrée enEgypte, ou seulement pendant leur séjour dans la terrede Gessen. Les philosophes français du siècle dernierniaient que Moïse fût l’auteur du Pentateuque, sous lefaux prétexte que l’écriture n’était pas inventée de sontemps. Tout en reconnaissant l’existence de l’alphabetavant Moïse, les rationalistes prétendent encore que lesHébreux ont appris à écrire sous les Juges, et qu’en Israëll’écriture est postérieure à Moïse et à Josué de trois àquatre cents ans. E. Reuss, L’histoire sainte et la loi, Paris, 1879, t. i, p. 114; E. Renan, Histoire du peupled’Israël, Paris, 1887, 1. 1, p. 143 et p. 181, note 3. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. ii, p. 548-551. On peut soutenir que l’écriture étaitconnue en Chanaan avant l’exode, et que malgré leur vienomade les patriarches Abraham, Isaac et Jacob s’en servirentdans leurs relations d’affaires avec les habitants dela Palestine. Trochon, Introduction générale, Paris, 1886, 1. 1, p. 259-260. Il y a tout lieu de penser que, s’ils n’avaient 1575
écriture hébraïque
1576
pas auparavant l’usage de l’alphabet, les Israélites leprirent durant leur séjour dans la terre de Gessen. Ignorantla langue des Égyptiens, Gen., xlii, 23, ils ne furentguère sans doute initiés aux hiéroglyphes. Ne se mêlantpas avec la population égyptienne, habitant près de lafrontière, en contact avec des Chananéens, ils adoptèrentplutôt l’écriture phénicienne, qui servait à reproduireune langue voisine de la leur. D’ailleurs ils comptaientparmi eux, durant la persécution, des chefs d’équipe qui, sous les ordres des officiers royaux, surveillaient les corvées.Exod., v, 6, 10, 15. On les nommait Sôterim, c’est-à-dire «scribes». Ils savaient écrire et ils notaient laprésence de tous les ouvriers, la quantité de matériauxemployés et la besogne accomplie. Les quatre dernierslivres du Pentateuque nous fournissent d’autres renseignementsqui montrent que les Israélites faisaient autemps de Moïse un usage fréquent de l’écriture. Sans
Jud., viii, 14. Lorsque la royauté fut établie en Israël, Samuel rédigea le pacte de la monarchie et le déposaauprès de l’arche. I Reg., x, 25. À partir de cette époque, l’usage de l’écriture fut très répandu. David et ses successeurseurent auprès d’eux une sorte de secrétaired’État, qui rédigeait et conservait les actes publics. Lesannales du royaume furent tenues régulièrement depuisSalomon. Malheureusement nous ne possédons aucundocument de ces temps reculés. Les plus anciennes inscriptionssémitiques sont seulement du ix" siècle avantJésus-Christ. Nous pouvons suivre dès lors les modificationssuccessives de l’écriture hébraïque.
3° Développement de l’écriture hébraïque. — Aumoment où nous la trouvons, cette écriture est encore: presque identique avec l’écriture phénicienne. Cependantles deux alphabets se diversifient déjà dans deux sensdivergents, qui donneront deux types différents. Lés diver519. — Inscription phénicienne sur le bord d’une coupe en bronze dédiée a BaaI-Lebanon.Cabinet des antiques de la Bibliothèque nationale de Paris. — D’après le Corpus inscriptionum semiticaTUm, part. 1, 1. 1, pi. iv, n° 5.
Partie supérieure de-la coupe: n nsma rramnn m» fiab Srab jn> w niiï-bn mn iay rrannmp pDl. «… sôken deQartahdast, serviteur de Hiram, roi des Sidoniens. Il a donné ceci a Baal - Lebanon, son seigneur, des prémices de l’airain…» —Petit fragment à gauche: «rwrnnp JDD 313, I …tob, Sôken de Qartahdast…» — Petit fragment a droite: >3TN pab Sy[38], «… [à Ba] al -Lebanon, son seigneur.»
parler des tables du Décalogue, gravées par Dieu lui-même, Exod., xxiv, 12; xxxi, 18; xxxii, 15 et 16, etc., Moïse écrit par ordre divin le récit de la victoire remportéesur Amalec, Exod., xvii, 14; les conditions del’alliance avec le Seigneur, qu’il lut au peuple, Exod., xxiv, 4 et 7; la suite des campements depuis Ramessèsjusqu’au mont Hor, Num., xxxiii, 2; le livre de la Loi, qu’il remit aux lévites et aux anciens. Deut., xxxi, 9.Cf. xxviii, 58 et 61; xxix, 20 et 27; xxxi, 19-26. Les nomsdes tribus d’Israël sont gravés surl’éphod d’Aaron. Exod., xxviii, 9-12. Une inscription se lit sur la lame d’or quiservait de coiffure au grand prêtre. Exod., xxviii, 36, etxxxix, 29. Les noms des tribus sont écrits sur douzeverges. Num., xvii, 2. Le prêtre devait transcrire lesmalédictions lancées contre la femme adultère, et leseffacer dans les eaux amères que l’accusée devait boire.Num., v, 23 et 24. Chaque Israélite était obligé d’écriresur sa porte le Décalogue. Deut., vi, 9; xi, 20. Le mari quirépudiait sa femme était tenu de lui remettre un acte dedivorce. Deut., xxiv, 1. Moïse ordonne au peuple d’écriresur des pierres une partie de la législation, Deut., xxvii, 2-8, et cet ordre est exécuté après le passage du Jourdain.Jos., viii, 32. Une description du pays de Chanaanest écrite dans un livre pour préparer le partage entreles tribus. Jos., xviii, 6-9. Le renouvellement de l’alliancedivine fut rédigé par Josué dans le volume de la Loi duSeigneur. Jos., xxiv, 26. Un jeune homme de Soccothécrivit pour Gédéon les noms des notables de l’endroit.
gences se produisent sous l’influence de la rapidité dumouvement, qui amène la main à se soulever le moinspossible, Le plus ancien spécimen du type phénicien estune inscription tracée sur le bord d’une coupe en bronze, qui a été découverte, vers 1876, dans l’île de Chypre, et quiest dédiée au dieu Liban (fig. 519). Le caractère archaïquede l’écriture oblige à placer cette inscription au plus tardà 800 ans avant notre ère. Quelques pierres gravées, tellesque le sceau de Molokram, trouvé sous le pied d’un desgrands taureaux ailés du palais de Khorsabad, appartiennentà la même période. Certaines inscriptions deSardaigne, quoique plus récentes, reproduisent le mêmetype. Dans les épigraphes tracées sur les jambes d’un descolosses du grand temple d’Ipsamboul, entre 650 et 595avant notre ère (fig. 520), l’écriture phénicienne est envoie de transformation; quelques lettres ont déjà la formedu phénicien classique. La stèle de Byblos offre l’exemplele plus remarquable de cette écriture de transition. Laplupart des caractères y ont une tournure moderne. Lesinscriptions les plus récentes (400-100 avant J.-C.) serapportent à trois types bien distincts: le type sidonien, dans l’inscription du sarcophage d’Esmunazar, vers 380; le type cypriote, dont le sommet des lettres s’entr’ouvre, et le type carthaginois, dont l’écriture est plus légère etplus élancée. Par une dernière modification, l’écriturephénicienne aboutit en Afrique, sous la dominatioii romaine, à l’alphabet néo-punique. Ph. Berger, Histoirede récriture dans l’antiquité, Paris, 1891, p. 169-187. 1577
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De son côté, l’écriture hébraïque se développe dansune direction différente. Nous en possédons peu de monuments.Bien que moabite, la stèle de Mésa appartientà la même famille paléographique que l’hébreu. L’inscriptionqui y est gravée reproduit la série complète deslettres de l’alphabet. On y observe déjà une tendancemarquée à pencher les caractères et à recourber leurqueue. Les lettres quiescentes y sont employées plus souventque dans le phénicien. Tous les mots sont séparésl’un de l’autre par un point. L’écriture présente des tracesd’usure qui attestent un emploi déjà assez long de l’alphabet.Elle a aussi les traits distinctifs qui deviendrontles marques caractéristiques de l’écriture hébraïque. Lesangles sont très aigus et fortement accusés; les barrestransversales du hé, du iod, du zaïn et du tsadé acquièrentune importance qu’elles n’ont pas en phénicien; le vavprésente une forme arrondie très particulière. Ces caractèressont encore plus sensibles sur les pierres gravées
jours dans l’écriture samaritaine. Les monuments de cetteécriture sont des manuscrits du Pentateuque et des inscriptionsprovenant de Naplouse. Les manuscrits neremontent pas au delà du Xe siècle de notre ère. Lesinscriptions sont plus anciennes. On a voulu les rapporterà l’époque du temple de Garizim, qui fut détruit l’an 129avant J.-G. Mais, plus probablement, elles sont seulementantérieures à la révolte des Samaritains sous Justinien Ier, en l’an 529 de notre ère. L’alphabet qu’elles reproduisentest sensiblement le même que celui des manuscrits, et ildérive de l’ancienne écriture hébraïque. Les enjolivementsy tiennent une trop grande place et donnent à l’écrituresamaritaine quelque chose de factice et de capricieux.Elle paraît s’être arrêtée à un moment de son développementet être devenue hiératique. Anguleuse et massive, elle se replie sur elle-même et elle s’immobilise dans sescaractères stéréotypés. Ph. Berger, Histoire de l’écrituredans l’antiquité, p. 188-204. «20. — Inscription phénicienne des colosses d’Ipsamboul. D’après le Corpus Inscriptionum semitiearum, part. i, pi. xx, n «112.C’est une série de graffiti, contenant des noms propres. Voir laid., p. 131-135.
à légendes hébraïques. Mais ces cachets n’ont que trèspeu de lettres. Un monument plus complet, c’est l’inscriptioncommémorative du percement du canal de Siloé.Voir t. l, col. 805 - 806. Il date du règne d’Ézéchias, delàfin du vin" siècle. Les mots sont séparés par un point, comme dans l’inscription de Mésa (voir Mésa). Les lettresont quelque chose d’archaïque et de heurté; leurs profilssont nettement accusés. Les queues, déjà penchées sur lastèle de Mésa, se replient de plus en plus sous la lettre.
Telles sont les modifications qu’a subies l’écriture monumentale.Nous ne pouvons, faute de documents, suivreles transformations de la paléographie manuscrite. Ilnous est impossible de savoir si l’écriture a subi lesmêmes changements dans les manuscrits que sur les monuments.Nous pouvons soupçonner seulement, d’après larègle générale et par analogie avec l’écriture araméenne, que l’écriture manuscrite des Hébreux s’est altérée plusvite que celle des inscriptions. Une grande lacune nousdérobe pendant plusieurs siècles l’écriture hébraïque, et, quand nous la retrouvons, elle est totalement modifiée; elle s’est confondue avec l’écriture araméenne, dont estsorti l’hébreu carré. Cependant, même après cette substitution, l’ancienne écriture a persévéré dans la numisrmatique. Sous les Machabées, quand l’hébreu carré estdéjà devenu l’écriture courante, les monnaies frappéespar Simon et ses successeurs ont toutes des légendes encaractères archaïques. Le même retour aux formes anciennesse retrouve sur les monnaies de Barcochébas, dont la révolte amena la ruine définitive du judaïsme, en l’an 134 après Jésus-Christ.
L’alphabet phénicien a même persévéré jusqu’à nos
4o Manière dont l’écriture phénicienne était transcrite.
— Les verbes qui désignent l’action d’écrire, kâfab, bê’êr, hârat, «tailler, sculpter,» nous indiquent quel’écriture fut d’abord gravée. Nous savons que les Hébreuxont gravé sur la pierre des inscriptions commémorativesou des textes assez courts, comme le Décalogue et despassages de la Loi. Exod., xxrꝟ. 18; xxxiv, 28; Deut., xxvii, 8; Jos., viii, 32. Ils écrivaient aussi sur des plaquesde métal, Exod., xxviii, 36; Job, xix, 24, et sur des tablettesde bois. Num., xvii, 3; Ezech., xxxvii, 16 et 17.Mais cette écriture monumentale ne pouvait être employéepour les œuvres littéraires un peu étendues, ni dans l’usageordinaire. On ne voit pas que les Israélites aient eu coutumed’écrire sur l’argile, comme on le faisait à Niniveet à Babylone. Une Bible écrite sur des briques exigeraitune grande bibliothèque pour la loger. Nous n’avonspas de renseignements explicites sur la matière dont lesHébreux se servaient pour écrire leurs livres. Mais lenom de «rouleau», megillâh, Ps. xxxix, 8; Jer., xxxvi, 2; Ezech., ii, 9; iii, 1-3; Zach., v, 1-2, laisse supposer queles livres étaient formés d’une matière flexible, peau préparée, papyrus ou étoffe. Des bandes de papyrus ou decuir étaient rattachées l’une à l’autre et s’enroulaientautour de deux bâtons. De simples feuillets de papyrusou des morceaux de parchemin servaient à recevoir desécrits plus courts. On n’écrivait que d’un seul côté. Dansles rouleaux, le texte était disposé en colonnes perpendiculaires, allant de droite à gauche. Les pages étaient appeléesdelâtôf, «portes,» Jer., xxxvi, 23, probablement àcause de leur ressemblance avec une porte rectangulaire.
Les caractères étaient gravés sur la pierre avec un 4579
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style, l.iérét. Is., viii, 1. Cf. Job, xix, 24. Pour l’écritureordinaire, on employait le calame, ’et (voir col. 50-53), qu’on taillait avec le canif (voir col. 131). Le calame portaitl’encre, Jer., xxxvi, 18 (voir Encre), et traçait leslettres. À l’origine, les scribes hébreux ne séparaient pasles mots les uns des autres, et leur écriture était continue, sans interruption ni intervalle. Sur la stèle de Mésa etdans l’inscription de Siloé, les mots sont distingués parun point. On ne peut affirmer avec certitude qu’il en étaitde même dans l’écriture cursive, et il se pourrait quedans les manuscrits la séparation n’ait pas été marquée.Le Pentateuque samaritain a conservé l’usage du stylelapidaire, et des points sont placés entre les mois. Cf. Trochon, Introduction générale, Paris, t. ir, 1887, p. 6C6-669; A. Loisy, Histoire critique du texte et des versions de
Voir d’autres variantes dans Montfaucon, In Hexaplaprxlim., Patr. gr., t. xv, col. 41-46.
II. Écriture assyrienne. — 1° Écriture araméenne.
— Les Hébreux, après le retour de la captivité de Babylone, changèrent d’écriture et remplacèrent l’alphabetphénicien, dont ils s’étaient servis dès l’origine, par l’alphabetaraméen. Celui-ci dérivait du premier, et il s’enétait distingué par des modifications successives, dont onpeut se rendre compte par les monuments. Les Araméensou Syriens donnèrent peu à peu à l’écriture phénicienne, qu’ils avaient adoptée, cette forme cursive, qui est appropriéeau génie de leur race, qui a été acceptée par lesautres peuples sémitiques, et qui a fait d’eux les propagateursde l’alphabet dans le monde oriental. Une inscriptiondécouverte à Singerli, au nord d’Antioche, et con521. — Papyrus Borgianus. — D’après le Corpus tnscHptionum semUicarnm, part, ii, t. î, pi. xv, n° 111.
…pi nn> >b» iD N-i>-iun mn N» n.3 — …omis "p 37 nnrrrnriD >» id bb».1 «1. À mon seigneur Mithravahlst, ton serviteur Palitm… — 2. vivant, joyeux et fort. Mon seigneur, qu’il soit…»
la Bible, dans L’enseignement biblique, Paris, 1892, p. 96-100.
5° Influence de l’ancienne écriture sur la version desSeptante. — Cette traduction a été faite sur des manuscritsécrits en caractères phéniciens. En effet, Origène, Selecta in Ps. ii, t. xii, col. 1104, dit que les meilleursmanuscrits grecs de cette version reproduisaient le nomineffable de Dieu avec les anciens caractères hébraïques, êëpïi’xoïc àpxafoiç -(piy.y.aai, . Or certaines variantes quiexistent entre la version grecque et le texte hébreu s’expliquentseulement par l’ancienne écriture. Ainsi plusieursleçons proviennent d’une confusion de lettres, quin’a été possible qu’avec l’alphabet phénicien: 6aio61[i(pxii) au lieu de pïN, Gen., xlvi, 16; t^ç ènaûXecoi; (rrnxiirT) au lieu de rvn’nn, Exod., xiv, 2; ttj; (rro16r)ç(nwiîn) au lieu de nain?, Ruth, iii, 7; XocX^cn) ("m>)au lieu de nar», Ps. xvii, 3; jioi (>b) au lieu de xb, Ps. xxxv, 20; xparatoùç (dhdk) au lieu de nnn», Ps. CXXXVI, 18; çoeYWnevoç ("in» ) au lieu de iwb», Lam., 1, 12, etc. Cf. F. Kaulen, Einleitung in die heilige Schrift, 3e édit., Fribourg, 1890, p. 63. D’autre part, l’écriturecontinue a produit des coupures différentes de la séparationactuelle des mots. Ainsi les mots jssn» ay pi, Zach., XI, 7 et 11, ont été traduits: eiç ttjv Xavaocvfttv, parceque les traducteurs n’ont fait qu’un seul mot des deuxpremiers et ont lu likna’anî au. lieu de lâkên’aniyê.F. Vigoureux, Manuel biblique, 9e édit., 1895, 1. 1, p. 196.
temporaine de la chute de Samarie, sinon antérieure, par conséquent de la seconde moitié duviir 5 siècle avantnotre ère, montre la transition entre l’écriture phénicienneet l’araméenne. Les caractères y sont très mélangés; quelques-uns ont gardé les anciennes formes phéniciennes; d’autres, comme le iod, ont déjà les signesdistinctifs de l’écriture araméenne. Les mots et parfoismême des lettres isolées sont séparés par des points, comme sur la stèle de Mésà. Le même mélange se rencontredans les plus anciennes inscriptions araméennesdes poids de bronze qui ont été trouvés dans les ruinesde Ninive, et dont l’alphabet se confond presque avec lephénicien. Le changement est très petit en apparence, mais il est caractéristique. Dans toutes les lettres qui ontune tête fermée, le sommet s’ouvre; il se fait commeun trou, et au lieu d’un triangle il ne reste qu’une petitecavité dont les parois latérales vont en diminuant. Lesdivergences s’accusent de très bonne heure et vont rapidementen augmentant. Ces modifications rapides proviennentde l’emploi fréquent de l’écriture araméennecomme écriture cursive et populaire.
A l’époque perse, l’écriture araméenne prit une grandeextension et devint l’instrument officiel des relationsquotidiennes des rois perses avec leurs vassaux. Parsuite, elle s’altéra vite. On peut suivre la marche desmodifications et en déterminer les lois. La transformations’opéra de trois façons à la fois: 1. par la suppression de 1581
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la tête des lettres; 2. par l’effacement des angles; 3. parune sorte de retour des lettres sur elles-mêmes. Elles’explique par l’usage du papyrus et de l’écriture cursive.L’élan de la main en écrivant amène ces modifications.Toutes les inscriptions de cette période ne présententpas le même degré d’altération pour toutes les formes.Il y a de grandes variétés d’un pays à l’autre et parfoissur le même monument. Les nouveaux caractères setrouvent réunis sur les papyrus (fig. 521) et les monumentsaraméens d’Egypte qui datent de 500 à 200 avantJésus-Christ. L’écriture diffère tout à fait de la phénicienne, et on l’a appelée araméenne de transition, parcequ’elle sert d’intermédiaire entre l’ancien alphabet ettoutes les écritures sémitiques modernes. Sur la stèlede Teima, découverte en Arabie, en 1883, par Ch. Huber(fig. 522), les lettres sont mieux formées que sur les mo-522. — Inscription de Teima.
D’après le Corpus inscript, semit., part, ii, pi. x, n «114.
rÔN obs’T j[-i].3 np >i N3n>[D].1
nïrsa» nS n.4 Dy na I37D[3] s «1. Trône qu’a offert — 2. Ma’anân, flls de’Im — 3. rân, an dieu Salin, — 4. pour sa vie.»
numents araméens d’Egypte, bien qu’elles appartiennentau même type. À la fin de la période perse, l’écriture araméenne, devenue l’écriture populaire et courante, estadoptée par tous les peuples sémitiques. Nous suivronsses modifications postérieures chez les Hébreux seulement.Ph. Berger, Histoire de l’écriture dans l’antiquité, p. 205-220; M. de Vogué, Corpus inscriptionwn semiticarum, pars il", t. i, Paris, 1889, proœm., p. n-v.
2o L’écriture araméenne devient l’hébreu carré. —L’hébreu carré, tel que nous l’écrivons encore aujourd’hui, dérive de l’écriture araméenne, qui s’est substituéepeu à peu chez les Juifs à l’écriture phénicienne.Les auteurs juifs attribuent cette substitution à Esdras.Ils appellent la nouvelle écriture nnwK, assyrienne, parce qu’ils l’ont rapportée du pays de. la captivité, et ilsla distinguent de l’ancienne, qu’ils nomment nnsy, hébraïque. Talmud de Jérusalem, traité Meghilla, trad.Schwab, t. vi, Paris, 1883, p. 212-213. Origène, Selectain Psalmos, ii, 2, t. xii, col. 1103, et saint Jérôme, Prologusgaleatus, t. xxviii, col. 548-549, ont connu cettetradition, que les Juifs acceptent encore. Cf. L. Wogue *Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique, Paris, 1881, p. 115 -118; Ad. Neubauer, The Introduction of theSquare Characters in Biblical Mss., dans les StudiaB’tblica, t. iii, 1891, p. 1-22. Mais les critiques modernespensent généralement que ce changement d’écriture estmoins ancien et qu’il s’est fait progressivement. Il nepeut être attribué ni à l’activité personnelle ni même àl’influence d’Esdras. L’écriture carrée n’est que l’écritureancienne peu à peu transformée par les calligraphes,
sous l’influence et à l’imitation des Araméens. L’écriturehébraïque s’aramaïsa en même temps que la languehébraïque, et elle suivit les mêmes phases que la paléographiearaméenne. On constate sur les monuments sestransformations progressives.
Il faut en placer le point de départ au ve ou au vie siècleavant notre ère. À cette époque, le peuple juif a été misen rapport direct et constant avec la civilisation araméenne, et il en a subi l’influence. Le premier terme de, comparaison des écritures doit être emprunté aux papyrusaraméens d’Egypte. On peut penser que les prophètescontemporains de la captivité écrivaient leurs œuvres, etque la Loi était transcrite au temps d’Esdras avec descaractères à peu près analogues. On se représente ainsil’aspect du texte à cette époque, et on comprend l’originede certaines fautes de copistes. La transition de cetteécriture araméenne cursive à l’hébreu carré ne fut pasbrusque et ne se produisit pas de la même façon pourtoutes les lettres. Les formes anciennes gardèrent pluslongtemps leur pureté primitive dans l’écriture monumentaleque dans les manuscrits. Le nom de Tobie, lusur les soubassements de la citadelle d’Araq-el-Émir, estun document de la transformation. Le hé, le beth et le iodont encore une forme nettement araméenne. Or le ioden particulier rend mieux compte de l’hébreu carré quecelui des papyrus araméens.
Nous trouvons l’hébreu carré entièrement formé dansles inscriptions de Jérusalem et des environs, du Ier siècleavant notre ère. L’inscription du tombeau de Benê Hézir, dit tombeau de saint Jacques, reproduit l’écriture carréeavec ses caractères distinclifs, qui dérivent de la tripletendance de l’alphabet araméen à l’époque perse. La têtedes lettres a complètement disparu, et il ne reste plusque la base du crâne, qui forme comme une barre continue.Cependant le beth, le daleth, le caph et le reschgardent encore un vestige de la tête, une légère encochequi dépasse la ligne. L’appendice qui dans le hé, le hethet le tliav surpasse la barre, ira peu à peu en diminuant, et disparaîtra entièrement vers le me ou le iv «siècle denotre ère. Le iod garde encore ses dimensions premièreset son inclinaison sur la ligne, mais il perd la barretransversale qui le distinguait du zaïn, Il sera réduitbientôt à un simple trait, plus ou moins grand, qui setransformera insensiblement en un point, le > de l’hébreumoderne.
Dans les inscriptions des deux synagogues de Kefr-Berein(fig. 523 et 524), que Benan rapporte au m» ouau IVe siècle avant notre ère, l’hébreu carré est définitivementconstitué. D’autres exemples de l’hébreu carré noussont fournis par l’inscription de la synagogue d’Alma, par celles de la synagogue de Palmyre, qui datent probablementde l’époque de Zénobie. L’écriture palmyrénienneressemble singulièrement à l’hébreu carré; cesont deux écritures sœurs, deux rameaux parallèles et àpeu près contemporains de l’écriture araméenne. Cellede Palmyre est plus ornementée; l’hébreu carré est plusmassif et plus anguleux. Les lettres se referment par enbas, sauf dans les finales, qui s’allongent au-dessous de laligne, et dont l’apparition, excepté pour le nun, ne dateguère que des premiers siècles de notre ère. Les dernièrestraces d’archaïsme disparaissent à la même époque.
Aux vu" et vm’siècles de notre ère, l’hébreu arrive àsa forme à peu près définitive. Les rabbins le regardentcomme une écriture sacrée; ils le stéréotypent, pour ainsidire. Les caractères n’ont pas toujours la régularité mathématiquedes types de l’imprimerie; cela tient exclusivementà la main du scribe. Dans les manuscrits et lesrouleaux des synagogues, l’écriture reste la même et nesubit plus de transformations pareilles à celles des âgesantérieurs. Les Juifs du moyen âge en ont tiré cependantune écriture cursive, qu’on appelle l’hébreu rabbinique.Il revêt, suivant les pays, des formes assez différentes.Sans parler des manuscrits babyloniens (voir 1. 1, col. 1359), 1583
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les manuscrits occidentaux présentent trois types différentsd’écriture. Les manuscrits allemands et polonaisont des caractères anguleux; les manuscrits espagnolsont des lettres carrées et majestueuses; les manuscritsfrançais et italiens ont des formes intermédiaires. Ph. Berger, Histoire de l’écriture, p. 252-263; M. de Vogué, L’alphabet araméen et l’alphabet hébraïque, dans laRevue archéologique, 1865, p. 319-341, et dans les Mélangesd’archéologie orientale, Paris, 1868, p. 164-166; A. Loisy, Histoire critique du texte et des versions dela Bible, dans L’enseignement biblique, 1892, p. 80-95.
Berein, la distinction des mots n’est que peu ou pointmarquée. Il n’est donc pas certain que dans les manuscritscommuns on ait toujours laissé un intervalle entreles mots. La séparation a dû se régulariser avec l’usagedes lettres finales. Le Talmud de Babylone, Menachoth, 30 a, détermine l’espace exact qu’il faut laisser entrechaque mot dans la transcription des Livres Saints. Celuide Jérusalem, Meghilla, trad. Schwab, t. vi, Paris, 1883, p. 213-217, y ajoute d’intéressants détails, dont voici lerésumé. Les rouleaux de la Loi doivent être écrits surdes morceaux de parchemin, cousus ensemble par des
SÏ3. — Inscription d’une des fenêtres de la synagogue I de Kefr-Bereln en Galilée. TH.» 12 "ITy’îN …3 <i B… Éléazar…?…» D’après E. Renan, Mission de Fhéaicie, pi. lxx et p. 764.
Consulter les tableaux des différents alphabets, t. i, col. 407-414.
3° Manière d’écrire durant cette période. — Les matériauxsur lesquels on écrivait furent les mêmes quedurant la période précédente. Cependant le parcheminsupplanta graduellement le papyrus. Les traducteurs grecsde Jérémie, xxxvi, 2, 4, 6, et d’Ézéchiel, ii, 9, se serventde termes qui supposent l’emploi du papyrus. Josèphe, Ant. jud., XII, ii, 11, rapporte que Ptolémée Philadelphe
nerfs. Chaque bande contiendra trois colonnes au moinset huit au plus. Les lignes sont tracées avec un jonc. Ilfaut laisser entre deux lignes l’équivalent d’une ligne, entre deux mots l’espace d’une lettre, entre deux lettresun espace infime, entre deux pages la largeur d’unpouce. La longueur et l’épaisseur du parchemin ne sontpas déterminées; mais il faut laisser en haut une margede deux doigts, et en bas une marge de trois doigts. Onétablira un cjlindre de bois sur lequel on collera la fin
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524. — Inscription de la porte de la synagogue II de KefrBerein. Cette inscription, sur un listel de 5 centimètres de large
ménagé à la partie inférieure du linteau, est sur une seule ligne, qui a été ici partagée en deux.
Partie supérieure de notre fac-similé: DV "ww WDipD " «ai niîl DipD3 obw >n>
(Partie inférieure) VWÏD3 roia N3n n» l rjipwn nwy lV) J3 >-ftn n «Soit la paix en ce lieu et dans tous les lieux (de réunion) d’Israël i Jos |] é, lévite, fils de Lévl, a fait ee linteau.
Vienne la bénédiction sur son œuvre!» D’après E. Renan, Mission de Pliénicie, pi. lxx et p. 766-771,
admira beaucoup, pour la finesse du parchemin et labeauté des caractères, l’exemplaire du Pentateuque quele grand prêtre lui avait envoyé de Jérusalem. La formedu manuscrit continua longtemps encore à être le rouleau.Après le commencement de l’ère chrétienne seulement, les manuscrits des particuliers prirent la formedes codices ordinaires. Pour l’usage liturgique, on a maintenujusqu’à nos jours les anciens rouleaux. R. Simon, Histoire critique du Vieux Testament, 1. I, ch. xxi, Rotterdam, 1685, p. 117-121, et Lettres choisies, 2e édit., Amsterdam, 1730, t. iv, p. 190-195. Quant à la séparationdes mots, elle existe sur certains monuments de l’écriturearaméenne. Les inscriptions de Ninive et de Babylonela marquent quelquefois par un point, le plus souventpar un intervalle. Les papyrus araméens d’Egyptemettent aussi un intervalle entre chaque mot. Mais dansd’autres textes, comme les inscriptions de Palmyre, cellesdu tombeau des Bené Hézir et de la synagogue de Kefrd’un texte complet de la Bible. Pour le Pentateuque, ily aura deux bois, un à chaque bout. Ainsi une biblecomplète sera enroulée de façon à laisser le commencementouvert; pour le Pentateuque, on laissera libre lemilieu. Les lettres finales sont regardées comme de traditionmosaïque. — Plus tard, les massorètes ne se bornèrentpas à inventer les points-voyelles; ils étudièrentaussi les consonnes et notèrent les moindres particularitésdes manuscrits. Ils distinguèrent les majuscules, les minuscules et les lettres renversées ou suspendues.J. Buxtorf, Tiberias, Bâle, 1620, p. 152-173. Ces minutieusesremarques furent scrupuleusement observées dansla transcription des textes sacrés, et firent de l’écriturehébraïque une écriture hiératique, dont les plus légèresmodifications contenaient des mystères.
III. Bibliographie. — Gesenius, Gescldchte der hebrâischenSprache und Schrift, in-8°, Leipzig, 1815; E. A. Steglich, Schrift und Bucherwesen der Hebrâer, 1585
écriture hébraïque — ed
1586
Leipzig, 1876; Héron de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine, in-8°, Paris, 1876; Conder, Hebreiv Inscriptions, dans Palestine Exploration Fund, octobre 1883, p. 170; Corpus inscriptionumsemiticarum, Paris, 1881-1893; Chwolson, Corpus inscriptionum hebraicarum, in-4°, Saint-Pétersbourg, 1882.
E. Mangenot.ÉCRIVAIN (hébreu: sôfér, «celui qui écrit» ). LaVulgate a traduit deux fois par scriptor, «écrivain,» Ezech., IX, 2, 3, le mot hébreu sôfêr, qu’elle traduit ailleurs parscriba. Voir Scribe. Dans les deux versets cités, le prophète parle de l'écritoire que «l'écrivain» porte à saceinture. Voir Écritoiiie.
- ÉCURIE##
ÉCURIE ( hébreu: 'uryâh ou 'urvâh, «crèche, mangeoire», et, par suite, écurie; Septante: çixvri; Vulgate: stabulum, prxsepe), lieu où l’on renferme leschevaux ou les autres animaux de selle ou de trait. LaBible ne parle d'écurie que dans deux circonstances.— 1° Quand Salomon eut acquis un grand nombre dechevaux, il les plaça dans des écuries réparties entreJérusalem et les villes où il tenait ses chars. I Reg., v, 6(Vulgate, III Reg., iv, 26, prassepia; Septante, dans leCodex Alexandrinus: toxotSeç, puerperse equse). II Par., IX, 25 (Vulgate: stabula; Septante: O^Xsiai, fœminse[equse]). — 2° Ézéchias, dit le texte sacré, eut «desécuries (Vulgate: prsssepia; Septante: cpàtvaî) pour touteespèce de bêtes (behêmâh) et des écuries (étables; Vulgate: caulas; Septante: ^àvôpa; ) pour les troupeaux('àdârirn)». II Par., xxxii, 28. Nous n’avons aucun détailsur la construction des écuries des Hébreux. Les souterrains situés au sud-est de l’angle du Haram, à Jérusalem, et qui sont connus sous le nom d' «Écuries de Salomon», sont d’une époque inconnue, mais sans doute bien postérieure à ce prince. Voir Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, 1882, p. 287. Les monuments égyptiens nousmontrent des ânes mangeant dans une écurie (flg, 525).On voit aussi sur un monument représentant une villaune écurie où est un cheval. Wilkinson, The mannersand customs of the ancient Egyptians, 2e édit., in-8°,
525. — Anes à leur mangeoire. xviii «dynastie. Tell el-Amarna.D’après Lepsius, Denkmaler, Abth. iii, B l. 95.
Londres, 1878, t. i, p. 370, pi. ix. Un monument assyrien (reproduit flg. 250, col. 679) représente une écurieoù plusieurs chevaux sont en train de manger, tandisqu’un valet étrille un autre cheval. Voir Étable.
E. Beurlier.ÉCUYER (Vulgate: armiger), serviteur chargé deporter le bouclier ou les armes d’un chef. La languehébraïque n’a pas de mot spécial pour nommer ce serviteur; elle le désigne par une périphrase: han-na’arnasê' këlim, «le jeune homme qui porte les armes,» Jud., IX, 54; I Sam. (Reg.), xiv, 1, 6, etc.; noie' ha&hnâh, «celui qui porte le bouclier.» I Sam. (Reg.), xvii, 7, 41. Les Septante traduisent ces mots par to jrarôipiov-rô ai’pov xà eræiir), Jud., ix, 54; I Reg., xiv, 1, 9, etc.; à aîpojv ta ôirXï. I Reg., xvii, 1. Les écuyers accompagnaient leur maître à la guerre, portaient ses armes etJes lui donnaient quand il avait à s’en servir. — Le premier écuyer dont il soit fait mention est celui d’Abimélech, qui, à la demande de son maître, le perça de sonépée. Jud., IX, 54. Il est question à plusieurs reprises del'écuyer de Jonathas, fils de Saûl. I Reg. (Sam.), xiv, 1, 6, 7, 12, 13, 14, 17; I Mach., iv, 30. Saùl avait aussi un
526. — Écuyers du roi d’Assyrie. Nimroud. D’après Layard, Monuments, t. i, pi. 20.
écuyer, I Reg. (Sam.), xxxi, 4, 5, 6; I Par., x, 4, 5, quirefusa de tuer son maître après la défaite de Gelboé, malgré l’ordre qu’il en reçut. David fut pendant quelquetemps écuyer de Saùl. I Reg. (Sam.), xvi, 21. Joab avaità sa suite plusieurs jeunes gens chargés de porter sesarmes. II Reg. (Sam.), xviii, 15. L’un d’eux, qui étaitl'écuyer en titre, s’appelait Naharai. II Reg. (II Sam.), xxin, 37; I Par., xi, 39. — Les écuyers étaient arméspour leur propre compte et combattaient à côté de leursmaîtres. I Reg. (Sam.), xiv, 13, 14. L’usage d’avoir desécuyers existait aussi chez les Philistins; Goliath estaccompagné d’un homme qui porte son bouclier. I Reg.(I Sam.), xvii, 7 et 41. Il ne semble pas que les roisd’Egypte aient ainsi fait porter leurs armes, on ne voitauprès d’eux que le cocher monté sur leur char. Au contraire, les rois d’Assyrie (flg. 526) sont accompagnés de porteurs d’armes: l’un tient le carquois, un autre le bouclier. G. Rawlinson, The five great monarchies in theEastem world, 4e édit., in-8°, Londres, 1879, t. i, p. 495, 506, 507, 515; Layard, Monuments of Niniveh, t. i, pi. 17, 20 et 23; t. ii, pi. 42. Cf. flg. 321, t. i, col. 1159.Ces serviteurs étaient des eunuques, à l’exception duporte-bouclier. Les rois de Perse avaient auprès d’euxdes officiers portant leur carquois et leur arc. C'étaientdes personnages importants à la cour. G. Rawlinson, Thefive great monarchies, t, iii, p. 209-210.
E. Beurlier.ED (hébreu: 'Êd; Vulgate: Testimonium, «témoignage» ), nom donné à un autel élevé par les tribustransjordaniennes de Gad, de Ruben et de Manassé oriental. Jos., xxii, 34. Lorsque ces tribus eurent pris définitivement possession de leur territoire, elles élevèrent, dans le pays de Galaad, près du Jourdain, peut-être prèsde l’embouchure du Jaboc, «un grand autel.» Jos., XXH, 10. Les tribus cisjordaniques craignirent qu’il n’yeût là un acte de schisme; mais ceux qui avaient érigél’autel les rassurèrent, en leur expliquant qu’ils n’avaient
eu d’autre intention’que de faire de ce monument un’êd, un «témoignage» durable de leur alliance avec leursfrères, d’où l’appellation qui lui fut attribuée. Le textehébreu massorétique, dans sa forme actuelle, non plusque les Septante, ne donnent formellement le nom de’Êd, Maprùpiov, à l’autel, mais le conteste le suppose, et quelques manuscrits, la Peschito et la version arabeportent comme la Vulgate: «On l’appela’Êd ou le Témoignage.»
EDDO (hébreu: ’Iddô; omis dans les Septante; Codex Alexandrinus: ’AOocvei’n), lévite, chef des Nathinéens, qui étaient en captivité à Chasphia (voir col. 615).Au temps du second voyage de Babylone à Jérusalem, Esdras les envoya prévenir de son retour dans la villesainte, et il les pria de se joindre à lui. I Esdr., viii, 17.
- ÉDÉMA##
ÉDÉMA (hébreu: ’Âdâmâh, «terre;» Septante: Codex Alexandrinus, ’ABaju; Codex Vaticanus, ’Aplatit), par suite de la confusion fréquente entre le dalelh, t, etle resch, i), ville forte de la tribu de Nephthali, mentionnéeune seule fois dans l’Écriture. Jos., xix, 36. S’appuyantsur l’origine du mot hébreu, qui signifie» rouges, Knobel a imaginé de l’identifier avec Ras el-Ahmar, «latête» ou «le cap rouge», localité située au nord deSafed. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 161. C’est uneassimilation fantaisiste. D’après l’énumération de l’auteursacré, dans laquelle elle est citée après Cénéreth, elle appartient au groupe méridional de la tribu; elle enmarque même, croyons-nous, la limite extrême. Lesexplorateurs anglais l’ont identifiée avec le village actuelde Damiéh, à deux lieues environ à l’ouest de Tibériade.Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, 1881, t. i, p. 365; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Namés andplaces in the-Old and New Testament, Londres, 1889, p. 4. Il nous semble que cet emplacement convient mieuxà une autre ville de la même tribu et à peu près dumême nom, c’est-à-dire Adami. Jos., xix, 33. VoirAdami 1, t. i, col. 209. Aussi reconnaissons-nous plusvolontiers Édéma dans Khirbet Admah, sur la rive droitedu Jourdain, un peu au-dessous de l’embouchure duYarmouk. Il y a d’abord correspondance exacte entrel’hébreu noiti, ’Adâmâh, et l’arabe L*M, Admâ. Ensuite
Édéma termine la liste des villes méridionales de Nephthali, Jos., xix, 35-36, comme le nom suivant, Arama, commence celle des cités du nord. Jos., xix, 36-38. —La liste géographique des pylônes de Karnak donne unnom, n° 51, dont on peut rapprocher celui qui nous
occupe; c’est TlTtT fcji 1 | À „ SémèS-Aduma. Le même
mot se retrouve sur une stèle votive d’Amenhotep II, etdésigne une ville près de laquelle le roi «frappa commeun lion les pays de Ma-mn-n», et qui ne devait pas êtresituée plus haut qu’Achsaph et Dan ou Laïs. Cf. W. MaxMûller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denkmàlern, Leipzig, 1893, p. 203-204. Le rang qu’occupeSémes-Aduma dans la liste égyptienne cadre bien avecla position de Khirbet Admah. Elle est, en effet, mentionnéeentre Biar ou Bir, qu’il est facile d’assimiler àEl-Biréh, sur l’ouadi de même nom qui se jette dans leJourdain au-dessous du lac de Tibériade, et AnoukharotouOU Anûhertû, qui n’est autre que VAnaharathde la tribu d’Issachar, Jos., xix, 19, aujourd’hui En-Na’ourah, à la partie septentrionale du Djebel Dahyou PetitHermon. Voir Anaharath, t. i, col. 535, et lacarte d’IssACHAR. Si maintenant l’on admet que la premièrepartie de SémeS-Aduma ait pu tomber, il serapermis de rapprocher la seconde de l’Édéma de Nephthali.Cf. G. Maspero, Sur les noms géographiques dela Liste de Thoutmos III qu’on peut rapporter à laGalilée, Londres, 1886, p. 10. — Khirbet Admah n’offrerien de particulier, sinon quelques ruines et quelques
sources aux environs. Cf. Survey of Western Palestine,
Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 121.
A. Legendre.
ÉDEN ( hébreu: ’Êdén, «délices» ), nom d’un léviteet de plusieurs localités.
1. ÉDEN (hébreu: ’Êdén; Septante: ’IwaSân), lévite, fils de Joah, d_> la descendance de Gerson. I Par., xxix, 12. Il prit part à la purification du Temple, sousÉzéchias. Probablement c’est le même qui était sous lesordres du portier Coré, chargé des dons volontaires.II Par., xxxi, 15.
2. ÉDEN (Septante: ’E8é(i, rpvqiij), nom du jardin oùfurent placés Adam et Eve et que nous appelons Paradisterrestre. La Vulgate a traduit’Êdén par voluptas, «délices.» Gen., ii, 8, 10, 15; iii, 23, 24. Elle n’a conservéle mot Éden que Gen., iv, 16. Voir Paradis terrestre.
3. ÉDEN (Septante: ’ESén, IV Reg., xix, 12; omis dansIs., xxxvii, 12), pays mentionné II (IV) Reg., xix, 12, etIs., xxxvii, 12, par les messagers de Sennachérib à Ézéchias, parmi ceux qui n’ont pas pu résister à la puissancedes rois d’Assyrie. Il est nommé avec Gozan, Haran etRéseph (voir ces mots), et il est dit que «les fils d’Éden» habitaient «à Thélassar». Dans Ézéchiel, xxvii, 23, Éden, qui fait le commerce avec Tyr, est également mentionnéà côté de Haran. L’assyriologie a révélé le nom d’uneville de Bit-’Adini située sur les deux rives de l’Euphrate, entre Balis et Béredjik. Il y a tout lieu de croireque c’est l’Éderi dont s’étaient emparés les rois d’Assyrie.É. Schrader, Keilinschriften und Geschichlforschung, in-8o, Leipzig, 1878, p. 198-200; Id., Die Keilinschriften.und das Alte Testament, 2= édit., 1883, p. 327; Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies, in-12, Leipzig, 1881, p. 98, 184.
4. ÉDEN (omis dans les Septante), un des marchésqui approvisionnaient le commerce de Tyr d’étoffes brodées.Cet Éden ne différait probablement pas de l’Édeadont il est question IV Reg., xix, 2, et Is., xxxvii, 12.Voir Éden 3.
5. ÉDEN (BETH), lieu nommé dans Ainos, i, 5 (textehébreu; la Vulgate traduit: domus voluptatis, «maisonde délices» ). C’est, d’après les uns, Bit-Adini (voirÉden 3), d’après les autres, une localité différente. Voir1. 1, col. 1671.
EDER (hébreu: ’Êdér). Nom d’un lévite et d’uneville de Palestine. Voir Migdal Eder, t. iv, col. 1084.
1. ÉDER (Septante: ’ESfp), lévite, fils de Musi et pèredeMoholi, de la famille de Mérari, au temps de David.I Par., xxiii, 23; xxiv, 30.
2. ÉDER (hébreu: ’Êdér, «troupeau;» Septante: CodexVaticanus, "Apa; Codex Alexandrinus, ’ESpaQ, ville dela tribu de Juda, située à l’extrémité, «près des frontièresd’Édom, dans le négéb ou le midi.» Jos., xv, 21. C’est laseconde de l’énumération, et, comme la plupart des autresdu même groupe, elle est inconnue. Quelques auteursont cru ici sans raison à une transposition de lettrespour’Arad. On a proposé de reconnaître cette localitédans Khirbet el-’Adâr, à deux lieues environ au sud deGaza, ou dans Khirbet Oumm’Adréh, plus loin vers lesud-est, au-dessus de l’ouadi esch-Schérî’ah. Cf. Survey ofWestern Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, , p. 236; F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, in-8, .Leipzig, 1896, p. 185. Ce n’est pas certain; il semble
qu’il faudrait la chercher plus bas.
A. Legendre.
- EDERSHEIM##
EDERSHEIM (Alfred), né à Vienne le 7 mars 1825, .
1589
EDERSHEIM — ÉDRAI
1590
mort à Menton en mars 1880. Né de parents juifs, il sefit protestant et prit le grade de docteur en théologie àl’université d’Edimbourg. D’abord ministre de l’Égliselibre, en -1849, il reçut les ordres dans l’Église anglicane, en’1875, et fut vicaire de Loders, dans le comté de Dorset, de 1876 jusqu’en 1883. Il s’établit à Oxford, en 1884, ety devint, en 1886, Lecturer on the Septuagint. Il a étél’un des collaborateurs du Speakers Commentary et alaissé plusieurs ouvrages: History of the Jewish Nationafter the destruction of Jérusalem, in-8°, Edimbourg, 1856; History of Elisha the Prophel, in-8°, Londres, 1868; The Temple, its Ministry and Services, in-12, Londres, 1874; The World before the Flood and theHistory of the Patriarchs, in-8°, Londres, 1875; Sketchof Jewish social Life in the days of Christ, in-16, Londres, 1876 (traduit en français par G. Roux, sous letitre de La société juive à l’époque de Jésus-Christ, in-16, Paris, 1896); The Exodus and the Wanderings inthe Wilderness, in-8°, Londres, 1876; Israël in Canaanunder Joshua and the Judges, in-8°, Londres, 1877; Israël under Samuel, Saul and David, in-8°, Londres, 1878; History of Judah and Israël from the birth ofSolomon to the reign of Ahab, in-8°, Londres, 1880; Prophecy and History in Relation to the Messiah, being the Warburton Lectures for 1880-I881, in-8°, Londres, 1885; The Life and Times of Jésus the Messiah, 2 in-8°, Londres, 1883 (ce dernier ouvrage est son œuvrela plus remarquable; il a eu une seconde édition en 1881); History of Israël and Judah from the reign of Ahabto the Décline of the Two Kingdoms, in- 8°, Londres, 1885; History of Israël and Judah from the Décline tothe Assyrian captivity, in-8°, Londres, 1887, etc.
F. Vigouroux.
- ÉDISSA##
ÉDISSA (hébreu: Hâdassâh; omis dans les Septante), nom hébreu d’Esther. Il signifie «myrte». VoirEsiher.
EDNA (hébreu: ’Adnâ’; Septante: ’ES-it), un des filsde Phahath-Moab, qui sur l’ordre d’Esdras renvoyèrentles femmes étrangères qu’ils avaient prises en captivitécontre la loi. I Esdr., x, 30.
- EDNAS##
EDNAS (hébreu: ’Adnâh), nom de deux personnages.
1. EDNAS (Septante: ’E8vâ), un des chefs de la tribude Manassé qui se rangèrent au parti de David avant ledernier combat livré par Saùl aux Philistins. I Par., xii, 20.La Vulgate répète à tort deux fois ce même nom dansl’énumération que contient ce verset.
2. EDNAS (Septante: "ESvaj), chef d’armée de latribu de Juda au temps de Josaphat; il commandait àtrois cent mille hommes. II Par., xvii, 14.
ÉDOM (hébreu: ’Èdôm, «roux;» Septante: ’EMu.), surnom d’Ésaû, Geu., xxv, 30; xxxvi, 1, et du pays auquelil donna son nom et qui s’appelait auparavant montSéir. Gen., xxxii, 3; xxxvi, 8, etc. Nous appelons ordinairementce pays Idumée. Voir Ésau et Idumée.
- ÉDOMITES##
ÉDOMITES, habitants du pays d’Édom. Voir lou8IÉENS.
- ÉDRAÏ##
ÉDRAÏ (hébreu: ’Edré’î, «fort, puissant;» Septante: ’E8 ?cestv), nom de deux villes situées l’une à l’est, l’autreà l’ouest du Jourdain.
1. ÉDRAi (hébreu: ’Édré’i; Septante: Codex Vaticanus, ’ESpæiv, Num., xxi, 33; Deut., i, 4; Jos., xii, 4; xiii, 12, 31; ’ESpaeîu., Deut., iii, 1, 10; Codex Alexandrintis, Eîpaîfi, Jos., xiii, 31; Nsaépâein, Jos., xiii, 12), ville à l’est du Jourdain, de la tribu de Manassé (fig. 527).Elle est mentionnée avec Àstaroth comme une des deux
capitales d’Og, roi de Basan, Deut., 1, 4; Jos., xii, 4; xm, 12, 31, et dans laquelle ou près de laquelle il futdéfait par les Israélites. Num., xxi, 33; Deut., iii, 4.
I. Identification. — Édraï se trouvait sur la route quedevaient suivre les Hébreux quand, remontant de Galaadvers le nord, ils allaient conquérir le pays de Basan.Num., xxi, 33. Le «chemin de Basan» dont il est iciquestion est probablement ce qu’on appelle aujourd’hui leDerb el-Hadj ou la «Route des Pèlerins» ( de la Mecque), qui traverse du nord au sud toute cette contrée orientale.Elle est citée avec Selcha (aujourd’hui Salkhad, au
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527. — Monnaie d’Édraï.
AOYKIAAA AYrOTSTA. Buste de Lucille, fllle de Marc-Aurèle, a droite. - 4 TTXH AAP | AHNQN. Buste dela Tyehê (Fortune) d’Àdraa, à droite.
sud du Djebel Hauran) comme une des limites de Basan.Deut., iii, 10. C’est pour cela que le roi vint jusque-làdéfendre l’entrée du pays. Elle était donc sur la frontièreméridionale. Quelques auteurs ont tort de distinguer icideux Édraî, l’une théâtre du combat, Num., xxi, 33; Deut., iii, 1, l’autre opposée à Selcha, Deut., iii, 10, etsituée par là même au nord-ouest de celle-ci, et identifiéepar eux avec Ezra’, aux confins ouest du Ledjah.Cf. Keil, Numeri und Deuteronomium, Leipzig, 1870, p. 309, 426. Il est plus naturel d’admettre que l’écrivainsacré a tout simplement tracé une ligne de démarcationau sud, dans la direction de l’est à l’ouest.
Les données scripturaires sont vagues; celles 1 de là traditionnous aideront à préciser la position de l’antiquecité. Eusèbe et saint Jérôme, Onomaslica sacra, Gœttingue, 1870, p. 118, 253, nous disent que, de leur temps, «Edraï où fut tué Og, roi de Basan,» s’appelait Adra, "ASpi ou’ASpai, et était «une ville importante de l’Arabie, à vingt-quatre milles (vingt-cinq, au mot Astaroth, p. 86, 213), c’est-à-dire trente-cinq ou trente-six kilomètresde Bostra (Bosra) et à six milles (près de neufkilomètres) d’Astaroth (Tell Aschtaréh). Dans la Tablede Peutinger, Adraha est placée sur la voie romaine deGadara (Oumm Qeïs) à Bostra, à seize milles (vingt-quatrekilomètres) de Capitolias (Beit er-Ràs?) et vingt-quatrede Bostra. Elle est encore mentionnée par saintËpiphane et dans certaines listes épiscopales. Cf. Reland, Palœslina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 547-549. Ces indicationsnous conduisent suffisamment à une ville du Hauran dontle nom se rapproche exactement de l’ancienne dénomination.Elle se trouve à environ dix kilomètres au sudsud-est d’El-Mezéirib, une des stations des pèlerins surle Derb el-Hadj. On l’appelle généralement Der’ât, bienque le nom ait plusieurs variantes. Abulfeda, TabulaSyrix, édit. B. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 97, écritO^Oj^i’Adra’ât. Les autres géographes arabes disentégalement Adhra’âh ou Adhri’âh. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, in-8°, Londres, 1890, p. 383, 560. Les Bédouins prononcent C->^%^>’Edre’ât(avec dal au lieu de dal), d’où, dans certaines tribus, l’abréviation C-Ac)>, Der’ât, et même Der’à dans laville, dans la Nouqra et à Damas. Cf. J. G. Wetzstein, Reisebericht ùber Haurand und die Trachonen, in-8°, Berlin, 1860, p. 77, note 1. Il est facile de retrouver làla forme hébraïque u™, ’Édré’i. Cf. G. Kampffmeyer,
Alte Namen xm heutigen Palâstina und Syrien, dans
la Zeitschrift des deutschen Palâslina-Vereins, Leipzig, t. XVI, 1893, p. 15-16. La position concorde aussi, d’unefaçon générale, avec les indications des auteurs anciensque nous venons de citer. Cette identification est admisepar la plupart des voyageurs et des exégètes: J. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 241; Van de Velde, Memoir to accompany theMap of the Holy Land, in-8°, Gotha, 1858, p. 308; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and placesin the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 51; R. von Riess, Bibel-Attas, Fribourg-en-Brisgau, 2e édit.,
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tion y sont même plus abondantes et plus frappantesqu’ailleurs. Nous trouverions suffisante à la rigueur lacorrespondance onomastique entre Ezra’et’Édré’i; mais celle qui existe avec Der’ât nous satisfait davantage.Enfin l’hypothèse de Porter a contre elle les donnéestraditionnelles de YOnomasticon et des sources anciennes.Enfin le voisinage de Tell Aschtaréh (Astaroth)et la situation de l’antique cité sur la frontière méridionalede Basan corroborent notre opinion: on comprendque le roi Og soit «venu au-devant» des Israélites, Num., xxi, 33, jusqu’à l’emplacement occupé par Der’ât,
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E23, — Ruines d’Édraï et plan de la cité souterraine. D’après G. Schumacher, Across the Jordan.
1887, p. 10; Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1888, t. i, p. 505, etc.
J. L. Porter cependant s’est fait le défenseur d’uneopinion qui cherche Édraï plus haut, à Ezra’, que nousavons mentionnée tout à l’heure sur le bord occidentalduLedjah (l’ancienne Trachonitide). Ses principaux argumentssont tirés de la position relative des deux villes: l’une, Ezra’, située au sommet de rochers escarpés, entourée de hauteurs et de défilés qui, lui servant dedéfense naturelle, la destinaient à être la capitale d’unevieille nation guerrière; l’autre, Der’ât, établie, au contraire, dans une plaine et sans fortifications. Il ajoute àcela que cette dernière n’avait ni puits ni fontaines quipussent attirer des colons, obligée qu’elle était d’allerplus loin s’approvisionner d’eau au moyen d’un aqueduc.Enfin les ruines d’Ezra’seraient, d’après lui, plus anciennes, plus importantes et plus étendues que cellesde Der’ât. Cf. J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 221-226; Handbook for travellersin Syria and Palestine, Londres, 1858, t. ii, p. 532-534; J. Kitto, Cyclopsedia of Biblical Literature, Edimbourg, 1862, t. i, p. 726. La description suivante montre queDer’ât était parfaitement apte à faire la capitale d’unpeuple guerrier, que les traces d’une ancienne civilisatandis qu’on ne comprend guère qu’il eut «attendu» l’ennemidans sa forteresse d’Ezra’.
II. Description. — Der’ât est aujourd’hui la plusgrande ville du Hauran et la résidence d’un kaïmmakam; elle renferme de quatre à cinq mille habitants. Au milieude ses maisons de pierre et de ses huttes en terre s’élèventseulement quelques convenables et solides constructions, comme le Serai et la demeure du Scheikh Naïf. Ellea en somme un aspect misérable, pleine de boue pendantles hivers pluvieux, et si pleine de poussière enété, qu’on en souffre des yeux en marchant à travers lesrues: boue et poussière proviennent des monceaux decendres qui sont entassés en dehors des maisons. Partoutsont les ruines d’anciennes bâtisses et de huttes modernesabandonnées et délabrées. Les pierres qui entrentdans les édifices sont antiques, et l’élévation actuelle dela ville est due aux débris anciens sur lesquels elle repose.Elle comprend deux quartiers (fig. 528, au haut): le plusimportant est bâti sur un plateau uni, enclos à l’est età l’ouest par Vouadi Zéidi desséché, et au sud par unevallée que forme un éperon des collines de Zoumléh. Aunord, elle est séparée par une sorte de dépression del’autre quartier, nommé Karnh, situé sur une collinearrondie et un peu plus haute que la parlie principale
de la ville. La route de Mezéirib passe an nord le longd’une étroite langue de terre et se poursuit à travers uneplaine fertile et bien cultivée.
Après avoir traversé un bras de Vouadi Zéidi, onarrive à un aqueduc appelé par les Arabes QanâtirFir’oûn, «les arches de Pharaon.» Son point de départétait autrefois le petit village de Dilli, bâti près d’unmarais et sur le Derb el-Hadj. D’après des documentsarabes, cet aqueduc a été construit par le GhassanideDjébelé Ier et est long de vingt lieues. Ruiné maintenant, il ne donne plus d’eau, en sorte que la ville a peine às’approvisionner: les habitants doivent aller aux deuxsources d’Aïn el-Mallâhah, vers le nord, et à celle d’Aïnet-Taouïléh, vers le sud; encore les premières sont-ellessaumàtres et peu abondantes. Il franchit la vallée sur unpont de cinq arches, à l’ouest d’un birket ou réservoirqu’il alimentait autrefois. Non loin se trouve le Hammames-Siknâni, contraction ruinée, à voûtes arrondies, dont l’ensemble et les détails indiquent d’anciens thermesromains; à côté, le Siknâni, mausolée inaccessible. Cesdeux monuments sont situés sur un plateau entre la villeet Karak, séparés de ce dernier par une dépression deterrain.
En entrant dans la ville proprement dite, qui gardeencore, vers le nord, quelques vestiges de ses vieillesmurailles, on rencontre dans un même groupe les ruinesd’une église, la mosquée et le Médany ou minaret, tourrectangulaire en forme de pyramide tronquée et assezélevée. En se dirigeant vers le sud, on arrive au Seraiou palais du gouvernement; c’est une maison modernebien bâtie. Mais ces édifices sont loin d’avoir pour nousl’intérêt que présente la ville souterraine qu’il nous resteà décrire.
L’entrée de ces singulières excavations se trouve àl’extrémité orientale de Der’ât, sur le bord de l’ouadiZéidi. On rencontre d’abord (fig. 528) une petite cour (a), entourée de murs bâtis en pierres sans mortier, avec unescalier qui conduit à l’ouverture actuelle du souterrain.On pénètre ensuite en rampant dans un couloir bas ethumide (6), long de sept mètres sur un mètre cinquantede large, qui se dirige en pente, à l’ouest, vers unechambre rectangulaire, fermée par une porte en pierre.Cette première chambre ( c) est évidemment une caverneartificielle; les parois et le plafond gardent les tracesd’un ancien plâtrage. Le toit naturel est formé de mincescouches de cailloux, alternant avec un calcaire tendre etblanc, qui compose le banc rocheux dans lequel le toutest creusé. Il est soutenu par des colonnes surmontéesd’une sorte d’abaque en forme de petite table de basalte, qui ont dû être ajoutées longtemps après le creusement, probablement à l’époque romaine. On voit aussi cependantde ces supports naturels taillés dans le roc vif dèsl’origine. Au coté méridional, des mangeoires ont étépratiquées dans le mur. Çà et là se trouvent égalementdans la muraille, à environ deux mètres du sol, des cavitésdemi-circulaires vraisemblablement destinées à deslampes.
De cette chambre, un court et étroit passage (d) àtravers la paroi occidentale conduit dans une autrepièce (e) également carrée et à peu près de même grandeur.Des colonnes de basalte y supportent la voûte; outre des mangeoires semblables aux précédentes, il y adeux ouvertures à la partie supérieure, communiquantavec le dehors, pour donner de l’air. Ces soupiraux sont, à l’extérieur, entourés d’une muraille en ruine, ce quifait supposer qu’ils étaient primitivement protégés pardes constructions: on comprend du reste l’importancequ’ils avaient pour ces sortes d’habitations. Le sol estcouvert de décombres, de pierres brutes et taillées, fragments de colonnes avec moulures. L’extrémité ouestcommunique avec une autre chambre (f) dont le planest en forme de croix: on suppose que les deux côtésservaient de magasins. On arrive de là dans une autre
plus petite (g), dont le plafond est au centre soutenu parune colonne. Dans le mur opposé à l’entrée, à deux piedsdu sol, est un réduit taillé dans le roc, et au fond duquelest disposé un rang d’auges, pas assez larges pourêtre des loculi, mais servant plus probablement de dépôtspour le blé. Au sud, au-dessous d’un soupirail, un étroitpassage conduit dans une pièce (i) à laquelle est attenantun appartement rectangulaire. En rampant sur lesmains et sur les genoux par un long couloir, qui descendvers l’ouest pour retourner vers le midi, on arriveà une chambre carrée (fe), ayant un soupirail à gauche, et, au milieu, une citerne avec un orifice circulaire et laforme d’une bouteille. Un escalier mène ensuite dansune pièce irrégulière, probablement restée inachevée, d’où l’on entre, en tournant à gauche, dans la chambrela plus vaste (l). Près de l’entrée est une citerne semblableà celle que nous venons de mentionner, et del’autre côté un soupirail traverse la couche assez épaissedu rocher.
Ce n’est là qu’une partie des demeures souterraines.Les habitants assurent qu’elles s’étendent au-dessous detoute la ville, et qu’il y a d’autres ouvertures, maintenanten partie obstruées par les décombres. Celles quenous venons de décrire d’après G. Schumacher ne sontprobablement pas celles que visita Wetzstein. Cette étrangeet remarquable cité a dû être creusée pour abriter lapopulation dans les moments de danger; il faut avouercependant que les ennemis avaient beau jeu s’ils parvenaientà boucher les soupiraux. Par contre, Guillaumede Tyr, Hist. rerum transmarin., lib. xvi, cap. x, t. cci, col. 650, nous montre comment les croisés, mourant desoif, éprouvaient une singulière déception en cherchantà puiser de l’eau dans les citernes dont l’orifice paraissaità l’extérieur. Des hommes cachés à l’intérieur coupaientla corde qui descendait les vases destinés à procurerquelque rafraîchissement aux soldats, et le dépit s’ajoutaità la souffrance. Cf. G. Schumacher, Across the Jordan, in-8o, Londres, 1886, p. 121-148; J. G. Wetzstein, Reisebericht, p. 47.
III. Histoire. — Il est permis de reconnaître danscette ville souterraine l’œuvre des premiers habitants dela contrée, ces Baphaïm ou «géants» dont Og lui-mêmeétait un des derniers descendants. Les Israélites, aprèsavoir vaincu les Amorrhéens du sud, montèrent vers lenord. C’est alors que le roi voulut leur barrer le passageà Édraï et qu’il fut complètement défait. Num., xxi, 33-35; Deut., i, 4; iii, 1-10. Le pays fut donné à la demitribude Manassé. Num., xxxii, 33; Deut., iii, 13; Jos., xiii, 31. Après cela, la ville n’est plus mentionnée dansla Bible. Faut-il la reconnaître dans V’O-ta-ra’a desinscriptions égyptiennes (Listes géographiques de Karnak, n° 91)? Quelques-uns le croient; ce n’est pas certain.Cf. A. Mariette, Les Listes géographiques despylônes de Karnah, Leipzig, 1875, p. 39; G. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste de Thotmés IIIqu’on peut rapporter à la Judée, extrait de l’InstitutVictoria, Société philosophique de la Grande-Bretagne, 1888, p. Il; W. Max Mùller, Asien und Europa nachaltâgyptischen Denkmàlern, Leipzig, 1893, p. 159; F. Buhl, Géographie des Alten Palàstina, Leipzig, 1896, p. 251. Durant la période romaine, elle était une desprincipales villes de la province d’Arabie. Nous en avonsdes monnaies, qui sont d’une grande rareté; les plusriches cabinets n’en comptent que peu de spécimens.Cf. F. de Saulcy, Numismatique de la Terre Sainte, in-4o, Paris, 1874, p. 373-377. Pour les inscriptions, cf. Waddington, Inscriptions grecques et latines de laSyrie, in-4o, Paris, 1870, p. 488; Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1890, p. 188-189.
A. Legendrk.
2. ÉORAl (hébreu: ’Édré’i; Septante: Codex Vaticanus, ’AaaàpEi; Codex Alexandrinus, ’ESpâei), villeforte de Nephthali, mentionnée une seule fois dans la
Bible, Jos., six, 37. Citée entre Cédés (Qadës) et Etfhasor(Khirbet Haziréh), elle fait partie du groupe septentrional, et peut être cherchée, avec certains auteurs, auxenvirons de cette dernière. On a, en effet, proposé de lareconnaître dans le village actuel de Ya’ter, au norii deKhirbet Haziréh. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881, 1. 1, p. 205; G. Armstrong, W. Wilsonet Conder, Names and places in the Old and NewTestament, Londres, 1889, p. 54. Si la correspondanceonomastique laisse à désirer, la position est convenable.Cette identification nous paraît plus acceptable que cellesuggérée par J. L. Porter, dans J. Kitto, Cyclopædia ofBiblical Literature, Londres, 1862, t. i, p. 726, et d’aprèslaquelle Édraï serait aujourd’hui El-Khouréibéh, au sudde Qadès. Voir Nephthali, tribu et carte. L’antique citéétait ainsi sur la frontière de Nephthali et d’Aser.
Le village de Ya’ter n’est plus que l’ombre d’une petiteville jadis florissante. «Le site principal où elle s’élevaitest à une très faible dislance au nord-nord-ouest deYa’ter; c’est une belle colline depuis longtemps livrée àla culture et parsemée de figuiers; elle s’étendait aussidans la vallée où se trouve le village actuel. Deux autrescollines rocheuses situées, la première au sud, et la secondeau sud-est de ce même village, servaient de nécropoleà la ville antique. C’est de là également qu’avaientété tirées toutes les pierres avec lesquelles elle avait étébâtie. De vastes carrières, des citernes, des pressoirs etdes tombeaux ont été creusés sur les flancs et sur lesommet de ces monticules, que sépare un étroit vallon.La plupart des grottes sépulcrales contenaient chacuneneuf auges funéraires, groupées trois à trois, à droite, à gauche et au fond, sous un arcosolium cintré. La farçade de deux d’entre elles est percée de plusieurs petitesniches, les unes destinées à recevoir de simples lampes, les autres des statuettes. L’une de ces cavernes paraitavoir eu un caractère sacré. Elles sont presque toutestrès dégradées.» V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 413-414.
A. Legendre.
- ÉDUCATION##
ÉDUCATION, art d’élever, de former un enfant etde le conduire jusqu’à l’âge d’homme, en développant eten dirigeant ses facultés physiques, intellectuelles et morales.Chez les Hébreux, l’éducation des enfants se faisaitexclusivement dans la famille et était surtout l’œuvre desparents.
1° Éducation physique. — Les premiers soins étaientordinairement donnés par la mère à l’enfant. Voir Enfant.Les familles riches confiaient parfois l’éducation de leursfils à des gouvernantes, Il Reg., iv, 4, ou à des précepteurs.IV Reg., x, 1 et 5. À mesure que les garçons grandissaient, ils aidaient leur père dans les travaux agricoleset dans le soin des troupeaux. Quelques-uns apprenaientdes métiers, et le nombre des artisans s’accrut en raisondu développement que les arts prirent en Palestine. Lesystème pédagogique des Grecs pénétra un instant à Jérusalem, quand le grand prêtre Jason obtint d’Antiochus IVÉpiphane l’autorisation d’établir dans la capitale juive uijgymnase et une éphébie, où les fils d’Aaron eux - mêmess’exerçaient à la palestre et au disque. II Mach., ’iv, 9-14.La dynastie asmonéenne abolit d’abord ces coutumespaïennes et devint plus tard favorable aux mœurs grecques.Mais la masse du peuple juif resta fidèle à la simplicitéantique. Jésus était charpentier et pratiquait la professionde son père nourricier. Mattb., xiii, 55; Marc, vi, 3.Saint Paul fabriquait des tentes et exerçait, pour gagnersa vie, le métier qu’il avait appris dans son enfance. Act., xviii, 3; I Thess., iv, 11. Le travail manuel était à cetteépoque très en honneur en Palestine, et c’était une maximedes rabbins que «n’enseigner aucun métier à son fils, c’est en faire un voleur de grand chemin». Talmud deJérusalem, Qiddouschin, i, 8, et iv, 12, trad. Schwab, t. ix, Paris, 1887, p. 233 et 287. Cf. Frz. Delitzsch, HandwerkerlebenzurZeitJesu, Erlangen, 1868; L.-C. Fillion, Le travail et les artisans chez les Juifs de Palestine au
temps de NotreSeigneur JésusChrist, dans les Essaisd’exégèse, Paris, 1884, p. 239-266. — Les jeunes fillesétaient employées par leurs mères aux soins du ménage, et elles vivaient en général très retirées. II Mach., iii, 19.Elles gardaient parfois les troupeaux, et elles allaientpuiser de l’eau à la fontaine. I Reg., ix, 11.
2° Éducation intellectuelle. — Le principal devoirdes parents était d’enseigner à leurs enfants la loi qu’ilsdevaient observer. Moïse leur en avait fait une obligationrigoureuse. Deut., iv, 9. Cf. Exod., xii, 6; xiii, 8, 14; Deut., vi, 7, 20; xi, 19. Les pieux Israélites pratiquaientexactement ce devoir. David avait été instruit dès sa jeunessedans la Loi du Seigneur, Ps. lxx, 17, et il priaitDieu pour que Salomon profitât de l’éducation qui luiétait donnée. I Par., xxix, 19. Salomon disait: «Instruiston fils; il te consolera et fera les délices de ton âme.» Prov., xxix, 17. Tobie pratiquait ce conseil et instruisaitson fils et ses petits-fils. Tob., i, 10; iv, 6-20. Ragueldonnait à Sara, sa fille, d’excellents avis. Tob., x, 13.Susanne était pieuse, parce que ses parents, qui étaientjustes, l’avaient élevée suivant la loi de Moïse. Dan., xm, 3. Le jeune homme rend sa voie pure, s’il observela parole de Dieu qu’il a étudiée. Ps. cxviii, 9. Timothéea hérité de la foi de son aïeule et de sa mère, etdès son enfance il a appris les Saintes Lettres. II Tirn., i, 5; iii, 15. Josèphe, Vita, § 2, et Cont. Apion., ii, 25, vante l’ardeur avec laquelle les jeunes Israélites de sontemps apprenaient la Loi, et lui-même l’aurait connuetout entière à l’âge de quatorze ans. Philon, Legatio adCaium, § 31, fait passer avant tout l’étude de la Loi. Lesrabbins avaient la même doctrine, et ils disaient que cetteétude n’a pas de limites et qu’il faut étudier la Loi le jouret la nuit. Talmud de Jérusalem, Péa, trad. Schwab, Paris, 1878, t. ii, p. 1 et 14. Cette étude, ajoutaient - ils, mérite le pardon des fautes. Talmud de Babylone, Berakhoth, trad. Schwab, t. i, Paris, 1871, p. 237 et 251. Elleest préférable à tous les métiers du monde. Talmud deJérusalem, Qiddouschin, iv, 10, trad. Schwab, t. ix, Paris, 1887, p. 287-288. D’après ces principes et cesexemples, dans toute famille juive, l’enfant, dès qu’ilsavait parler, apprenait quelques passages de la Loi. Samère lui répétait un verset; quand il le savait, elle luien disait un autre. Plus tard, on mettait aux mainsdes enfants le texte écrit des versets qu’ils récitaientdéjà de mémoire. Ils s’initiaient ainsi à la lecture, et, quand ils avaient grandi, ils pouvaient compléter leurinstruction religieuse en lisant et en méditant la loi duSeigneur.
3° Éducation morale. — Elle était à la charge desparents, les premiers et les mieux écoutés des éducateurs.C’est au sanctuaire de la famille et sur les genouxde son père et de sa mère que l’enfant devait recevoirles premières et les plus profitables leçons de vertu. Onl’a toujours compris et pratiqué en Israël, et on le constateà diverses époques de l’histoire juive. On connaissaitl’influence de la formation morale durant la vie entière, et on savait que les bonnes habitudes contractées persévèrent.— 1° C’était un proverbe ancien que Salomonrecueillait: «Le jeune homme, une fois engagé dans savoie, ne la quittera pas, même en sa vieillesse.» Prov., xxii, 6. Aussi le sage roi conseille-til aux parents dedonner à leurs enfants une éducation ferme, et il recommanded’user de la correction. Il en indique les raisons, le but et les effets. «La sottise est rivée au cœur de l’enfant; c’est la verge de la discipline qui la chassera.» Prov., xxii, 15. S’il est nécessaire d’amender la mauvaisenature de l’enfant, c’est dans le dessein de le rendremeilleur. Mais le père n’a pas le droit de punir de mortson fils coupable; il ne doit pas non plus le faire mourirpar des châtiments excessifs. Prov., six, 18. Il n’emploierala correction qu’en vue des bons effets qu’ellepeut produire: «La verge et la correction procurent lasagesse; mais l’enfant abandonné à son caprice fait la
honte de sa mère.» Prov., xxix, 15. «Ne ménage pasla correction à l’enfant; car, si tu le frappes de la verge, il ne mourra point (de la mort de l’âme). Frappe-le dela verge, et tu sauveras son âme du se’ôl.» Prov., xxiii, 13 et 14. C’est en considération de ces heureux fruitsque Salomon disait encore: «Le père qui ménage laverge n’aime pas son fils; celui qui chérit son enfant lecorrige au matin de sa vie.» Prov., xiii, 24. Le sage roine recommande pas la correction aveugle et brutale quin’aboutit pas; il condamne seulement une faiblesse coupable, qui serait contraire à la véritable affection du pèrepour ses enfants. En conséquence, il conseille aux filsd’écouter les instructions et les avis de leurs parents.Prov., i, 8 et 9; xxiii, 22. «L’enfant sage est le fruitde la discipline paternelle; mais celui qui est moqueurn’écoute pas quand on le reprend.» Prov., xiii, 1. «L’irïsensése rit des enseignements de son père; mais celuiqui tient compte des réprimandes deviendra plus habile.» Prov., xv, 5. — 2° Le fils de Sirach a sur l’éducationmorale des enfants les mêmes idées que Salomon; il esttoutefois plus sévère, et il fait appel à des motifs moinsélevés. Il préfère un seul fils pieux à une nombreusepostérité d’enfants impies. Eccli., xvi, 1-5. La mauvaiseéducation des enfants ne procure aux parents que honteet désavantages, xxii, 3-5. La correction et l’instructionsont en tout temps des œuvres de sagesse, xxii, 6. Lemorceau xxx, 1-13, est un court traité de pédagogie, etdans le texte grec il a pour titre: Ilepi texvùv, «Desenfants.» Le Sage indique d’abord les motifs qui doiventporter les parents à corriger et à instruire leurs enfants.La correction, marque d’une véritable affection, procurerafinalement le bonheur du père, qui n’aura pas besoindans sa vieillesse d’aller frapper à la porte des voisins.y. 1. L’instruction produira au père la gloire et le profitau milieu de ses amis et de ses ennemis eux-mêmes, durant sa vie et après sa mort, puisqu’elle lui prépareradans ses fils de dignes successeurs et héritiers..)L 2-6.Le père ne cédera donc pas aux caprices de son fils, ilne le flattera pas, ne plaisantera pas avec lui; il ne luilaissera pas une trop grande liberté, mais surveilleratoutes ses démarches et punira ses folies. ^. 7-11. «Faisplier sa tête pendant qu’il est jeune, et ne lui ménagepas les coups tandis qu’il esl enfant, dé peur qu’il nedevienne opiniâtre, ne t’obéisse pas et fasse la douleurde ton âme.» ^. 12. L’éducation est une œuvre laborieuse, qui mérite attention. jL 13. Le Sage avait déjàdit précédemment,: «As-tu des fils? Élève-les bienet plieles au joug dès leur enfance. As-tu des filles?Veille sur leur corps et ne leur montre pas un visagegai.» vii, 25 et 26. L’éducation des filles est particulièrementdifficile, parce qu’il faut garder la jeune fille à lamaison paternelle et en même temps lui trouver un partihonorable, vii, 27. Le Sage a été frappé des sollicitudesque causent aux parents les jeunes filles, xlii, 9-11. Lesmotifs naturels et parfois même égoïstes sur lesquels ilappuie ses conseils et justifie sa sévérité montrent bienl’imperfection de l’ancienne alliance, qui faisait compterplus sur la récompense temporelle que sur le bonheuréternel. Card. Meignan, Les derniers prophètes d’Israël, Paris, 1894, p. 423-426. D’ailleurs la correction sévèrea toujours été employée dans l’éducation de l’enfance.H. Lesèlre, Le livre des Proverbes, Paris, 1879, p. 128.
— 3° Saint Paul, qui exigeait de la veuve chrétiennequ’elle ait bien élevé ses enfants, I Tim., v, 10, a tracéaux pères leurs devoirs. Ephes., vi, 4; Col., iii, 21. Parune application touchante de l’esprit de douceur de l’Évangile, il leur recommande d’abord de ne pas provoquerleurs fils à la colère, en les traitant avec dureté; il craignaitque, poussés à bout par des châtiments exagérés, les enfants ne tombassent dans le découragement et ledésespoir. L’Apôtre cependant ne condamne pas la justeet modérée correction des enfants par leurs pères, puisqu’ill’invoque, Hebr., xii, 7, pour justifier la conduite
de Dieu, qui éprouve les justes. D’ailleurs il place la correctionparmi les moyens positifs et légitimes d’une bonneéducation. «Élevez vos enfants, dit-il, èv ica18eî<j xa vou-HuriaKupîou.» Ephes., "VI, 4. IlaiSsia désigne l’éducation, l’instruction, dans tous ses modes, même par lechâtiment, s’il est nécessaire. NoviŒafa signifie «l’admonition», qui se manifeste, suivant les cas, par l’encouragement, la remontrance, la répréhension, le blâme.Cf. R. C. Trench, Synonymes du Nouveau Testament, trad. franc., Bruxelles et Paris, 1869, p. 129-133. L’éducationet l’admonition doivent être données par les parentschrétiennement, comme le veut NotreSeigneur, d’unemanière conforme à son esprit. — Voir B. Strassburger, Geschichte der Erziehung und des Unterrichts bei denIsræliten von der vortalmudischen Zeit bis aùf dieGegenuiart, in-12, Stuttgart, 1885. E. Mangenot.’ÉDÛT, terme obscur, qui se lit au titre des Psaumeslx et lxxx, dans le texte hébreu de la Bible. Ps. lx: ’alsûSan.’édûf. miktârn le-Dâvîd. Ps. lxxx: lamnaséâh elSôSannim.’édûf. le’Âsâf mizmôr. Les versions anciennesgardent au mot’édûf, dans ces titres, sa significationcommune de «précepte, loi, témoignage», naptûpiov, (tapTupia, qui peut, en s’appliquant à un hymne, seprendre comme équivalent de «louange». Cf. Ps. cxxii, 4.Au premier de ces titres, ’édûf n’a été traduit ni par lesSeptante, ni par la Vulgate, ni par la Peschito, ni enfinpar les Targums, mais seulement par Aquila et Symmaque.Au Psaume lxxx (lxxix), les versions grecqueset syriaques semblent joindre’édût au mot suivant, soit: «Témoignage (règle) d’Asaph.» Les interprèles modernesvarient dans leurs explications. Gesenius traduit «révélation», puis, au sens concret, «poème révélé, bou encore «poème lyrique, destiné à être chanté sur lalyre ou le luth». On peut, en effet, comparer le mot
hébreu à l’arabe.je, «luth.» L’antiquité asiatique
connut, excepté l’usage des instruments à archet, lesinstruments en usage dans l’Orient moderne. Le luth, comme les autres instruments à manche, peut, aussi bienque ceux à cordes pincées, figurer dans le titre despsaumes. J. Parisot.
- EFFRAIE##
EFFRAIE, oiseau de la famille des rapaces nocturneset du genre chouette. Voir Chouette. L’effraie commune, strix flammea (fig. 529), a le
bec crochu, le plumage dorsal
nuancé de fauve et de cendré
ou de brun avec des mouchetures noires et blanches. C’est le
nocturne qui a la coloration la
plus agréable. L’effraie est un
peu plus grosse que le pigeon.
Elle est très répandue dans nos
pays, et y rend les plus grands
services à l’agriculture, en détruisant une multitude de rongeurs nuisibles, rats, souris,
musaraignes, insectes, etc. L’effraie pousse dans le silence de
la nuit un cri aigu, entrecoupé
de bruissements réitérés. Le nom
français de l’oiseau vient sans
doute de l’effroi que cause ce
cri et de la crainte superstitieuse
qu’inspirent d’ailleurs tous les
rapaces nocturnes. La strix
flammea est aussi commune en
Palestine que dans nos contrées.
Elle y habite les ruines et les cavernes, où son cri prendquelque chose de plus lugubre encore etde plus effrayant.Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 192, identifie l’effraie avec l’oiseau impur appelé
829. — L’uŒrale.
en hébreu tahmâs. Lev., xi, 16; Deut., xiv, 15. Ce nomvient de fyâmas, «opprimer,» et convient par conséquentà un rapace. Les anciennes versions supposent que lepahmâs est un rapace nocturne: Septante: y^ùÇ; Vulgate: noctua; Gr. Venet.: vuxtixipat Les Targums enfont aussi un oiseau rapace. L’identification du tahmâset de la strix flammea est donc possible et même très
probable.
H. Lesêtre.
- EGBERTI##
EGBERTI (CODEX). Ce manuscrit latin appartientà la bibliothèque de la ville de Trêves. L'écriture estonciale et d’une main du x» siècle. C’est un volume de165 feuillets format in-4°: 27 cent, de hauteur sur21 cent, de largeur. Ce n’est pas un manuscrit des Évangiles, mais un évangéliaire, c’est-à-dire un recueil desleçons (épîtres et évangiles) du missel: Liber evangeliorum per circulum anni sumptus ex libro comitis.Le Codex Egberti est célèbre, non pour son texte, maispour ses miniatures, dont la publication en phototypie aété faite par F. X. Kraus, Die Miniaturen des CodexEgberti, in-4o, Fribourg-en-Brisgau, 1884. Le manuscritavec ses miniatures fut fait pour Egbert, archevêque deTrêves de 977 à 993; il fut exécuté à l’abbaye de Reichenau, par les moines Kerald et Héribert. C’est un importantmonument pour l’histoire de l’illuslralion de la Bible.
P. Batiffol.
EGÉE (hébreu: hêgé', Eslh., ii, 3, et hègay, Esth., n, 8, 15; Septante: Tat, Esth., ii, 8; omis ii, 3, 15; Vulgate: Egeus), eunuque de la cour-d’Assuérus (Xerxès Ier), spécialement chargé de pourvoir au harem royal. Esth., il, 3, 8, 15. Les Septante, qui omettent ce nom aux yy. 3et 15, l’introduisent au y. 14, à la place de Susagazi(hébreu, Sa’asgaz), nom d’un autre eunuque, préposéà la garde des concubines du roi. On trouve un 'Hft’açparmi les officiers de la cour de Xerxès. Ctésias, Pers., 24; Hérodote, ix, 33. D’autre part, selon quelques interprètes, hêgé' ne serait pas un nom propre, mais un nom communsignifiant «eunuque», comme âga en sanscrit. Cf. turc: agha. Gesenius, Thésaurus, Addenda, p. 86.
E. Levesque.
ÉGLÂ (hébreu: 'Eglâh, «génisse;» Septante: Alyixot 'AyXâ), une des femmes de David, mère de Jethraam, le sixième des enfants qui naquirent au roi à Hébron.H Reg., iii, 5; I Par., iii, 3. D’après une ancienne tradition juive, mentionnée par l’auteur des Quxst. hebr., Patr. lat., t. xxiii, col. 1347, 1370, Égla ne serait autreque Michol, l'épouse de sa jeunesse. Cette opinion reposeuniquement sur la particularité suivante: parmi les sixfemmes de David, citées II Reg., iii, 2-5, et I Par., iii, 3, le nom d'Égla est seul accompagné de l’apposition, «épouse de David.» La raison n’est pas suffisante, mêmepour insinuer cette identification. E. Levesque.
- ÉGLISE##
ÉGLISE, du grec ltyMaia., signifie proprement «assemblée». Dans l’Ancien Testament, les Septante onttraduit par èxxXr|er£a l’hébreu qâhâl, qui désigne tantôtune réunion quelconque, Ps. xxv, 5; tantôt la réuniondes Israélites, Num., xx, 4; tantôt la société religieuseformée par le peuple de Dieu, qehal Yehôvâh. Num.xix, 20; Deut., xxiii, 2, 3, 7 (Vulgate, 1, 2, 3, 8), . 8, Dans le Nouveau Testament, IxxXirieria a des sens analogués. Il signifie quelquefois une assemblée quelconqueAct., xix, 32, 39, 40. Il désigne le plus souvent une réunion de fidèles, soit leur réunion en un même lieupour prier et accomplir d’autres devoirs religieux, I Cor.xi, 18; xiv, 4, 12, 19, 34; Col., iv, 15; Philem., 2(cette réunion des chrétiens ne porte qu’une seule foisjac, II, 2, le nom de nyvayaJYTi, qui était réservé auxréunions des Juifs et aux édifices où elles se faisaient)— soit la société particulière formée des fidèles d’unemême ville, par exemple Jérusalem, Act., viii, 1; xi, 22xv, 4; Antioche, Act., xiii, 1; xiv, 26; xv, 3; Ephèse, Act., xx, 17; Cenchrée, Rom., xvi, 1; — soit enfin la société
de tous les fidèles répandus dans le monde. Matth., xvi, 18; I Cor., xii, 28; Eph., i, 22, 23; iii, 10; v, 23, 24, 25, 27, 29, 32; Col., i, 18, 24; I Tim., iii, 15. C’est de l'Église entendue en ce dernier sens que nousallons nous occuper. Nous ne parlerons pas de son organisation ni des sacrements et autres moyens de sanctification qui lui ont été confiés. Il en est question dansd’autres articles. Nous l’envisagerons seulement commela société des fidèles.
I. L'Église dans les Évangiles. — Pour nous donnerses enseignements sur l'Église, le Sauveur s’est servi detrois métaphores principales. Il l’a appelée le royaumedes cieux, Matth., xvi, 19, en promettante saint Pierrede l’en Constituer le chef. C’est de cette manière qu’il ladésigne aussi dans les paraboles du festin nuptial, Matth., xxii, 2-14; des filets, Malth., xiii, 47-50; du champ quicontient de l’ivraie, Matth., xiii, 24-30, paraboles où ilfait ressortir que l'Église est destinée à recevoir des justes, et que cependant il s’y rencontre des pécheurs avec eux.Il l’a encore appelée le royaume des cieux dans la parabole du grain de sénevé et dans celle du levain, Matth., xm, 31, 32, où il annonce comment elle [devait se répandre par tout l’univers. — Il l’a désignée sous son nompropre d'Église, Matth., xvi, 18, lorsqu’il l’a représentéesous la figure d’un édifice bâti sur l’apôtre Pierre commesur un rocher inébranlable. Il lui donna alors une constitution monarchique, et lui promit une indéfectibilitéqui devait rendre inutiles tous les assauts de l’enfer.— Il l’a enfin comparée à un troupeau dont il est lepasteur, Joa., x, 1-16, et déclaré que ce troupeau doitêtre unique. Reprenant cette comparaison, il a établi 'saint Pierre le pasteur de ce troupeau. Joa., xxi, 15-17.Il a ainsi réalisé les promesses qu’il avait faites à cetapôtre et l’a investi d’une primauté perpétuelle sur l'Église. — Il a également conféré à ses Apôtres et à leurssuccesseurs une autorité perpétuelle dans cette Église, en les chargeant de porter sa doctrine à toutes les nations et d’en faire des chrétiens par le baptême. Matth., xxviii, 18-20; Marc, xyi, 15-20; Luc, i, 8.
IL L'Église dans les Épitres. — Saint Paul nous montrel'Église comme une société organisée et unique. Il serepent de l’avoir persécutée. I Cor., xv, 9; Gal., i, 13; cf. Act., viii, 3. Il l’appelle «la maison de Dieu, l'Églisedu Dieu vivant, la colonne et la base de la vérité». I Tim., m, 15. Il montre l’union étroite de cette Église avec leChrist dans plusieurs comparaisons, où il fait ressortiren même temps son caractère social, £on unité, les relations de ses membres, la sainteté surnaturelle que leChrist lui a assurée en la rachetant et qui lui est communiquée par le Saint-Esprit, sa fin, qui est la sanctification et le salut de ceux qui la composent. Elle est le «temple de Dieu», habité par le divin Esprit, bâti surle Christ, en dehors de qui il ne saurait y avoir d’autrefondement; bâti aussi sur le fondement des Apôtres, avecle Christ pour pierre angulaire. I Cor, , iii, 9-17; vi, 19; Ephes., ii, 20-22. Elle est le «corps du Christ», dont leChrist lui-même est la tête et dont les fidèles sont lesmembres. Tous ne font qu’un même corps en vertu deleur baptême, qu’ils soient juifs ou païens, esclaves oulibres; et cependant, comme les membres d’un mêmecorps, ils se distinguent les uns des autres par la diversité des grâces, des ministères et des fonctions que l’EspritSaint leur a partagés inégalement. Ils sont unis par lacharité, et ils doivent s’appliquer à se revêtir de l’espritet des vertus de Jésus-Christ, leur chef, comme d’unehumanité nouvelle et parfaite. I Cor., xii, 4-30; Rom., xii, 4, 5; Eph., i, 22, 23; iv, 4-16; Col., i, 18. L'Égliseest encore appelée par saint Paul «l'épouse» soumiseet bien-aimée du Christ, qui s’est livré pour elle, afin dela rendre sainte et sans tache. Eph., v, 23-32. — LesÉpitres pastorales à Tite et à Timothée nous font connaître avec plus de précision l’organisation et la législation intérieure de cette Église, et spécialement l’autorité
qu’exerçait l'évêque sur l'église qu’il était chargé degouverner. — La première Epltre de saint Pierre revient sur la comparaison par laquelle le Christ et ensuitesaint Paul avaient représenté l'Église comme un édificeet un temple. Elle insiste sur la dignité surnaturelle etsacerdotale que les fidèles reçoivent en entrant avec leChrist, comme autant de pierres vivantes, dans cettedivine bâtisse. I Petr., ii, 4-10. Elle leur rappelle qu"ilssont ainsi devenus une nation sainte, le peuple de Dieu, et les exhorte à pratiquer en conséquence les vertuschrétiennes, afin que les nations au milieu desquellesils vivent rendent gloire à Dieu. Ils étaient des brebiserrantes, mais ils sont revenus au Christ, le pasteur etl'évêque de leurs âmes. I Petr., Il, 11-25.
III. L'Église dans les Actes des Apôtres. — Les Actesnous racontent l’histoire de l'Église pendant les annéesqui suivirent la mort du Sauveur. Nous y voyons sa fondation le jour de la Pentecôte, par la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres, ii, 4; les premières conversionsdes Juifs, ii, 41, et des païens, x, xi; leur entrée dansl'Église par le baptême, x, xi; leur union dans la doctrine des Apôtres, dans la fraction du pain, dans lesprières en commun, ii, 43, et dans une charité mutuelle, n, 44; iv, 32, 34. Les Actes nous renseignent encore surle rôle, les travaux et les miracles de saint Pierre, desApôtres et des collaborateurs qu’ils se donnèrent, ii, 14; ni, v, 15, 25, 42; vi, 1-8; viii, 35-38, etc.; ils nousexposent les hésitations des premiers chrétiens au sujetdes observances mosaïques, et racontent comment tousse soumirent au décret porté à Jérusalem, sur la proposition de Pierre, par l’assemblée des Apôtres et des anciens, et adressé aux fidèles comme une décision inspiréepar le Saint-Esprit, xv.
IV. Conclusion. — Il ressort de ces enseignements quel'Église est la société visible des fidèles, instituée parJésus-Christ sous l’autorité de l’apôtre Pierre, fondéepar les Apôtres, assistée par le Saint - Esprit, unie surnaturellement au Christ, son chef invisible, groupant lesmembres qui la composent dans la profession de la doctrine du Sauveur, l’observation de sa loi et l’usage de sessacrements, pour procurer le règne de Dieu sur la terreet assurer aux fidèles le salut éternel. A. Vacant.
ÉGLON. Nom d’un roi de Moab et d’une ville chananéenne.
1. ÉGLON (hébreu: 'Églôn; Septante: 'EyXcJ|jl), roi de Moab. Lorsque les Israélites, délivrés une première fois par Othoniel de l’oppression de Chusan Rasathaïm, furent retombés dans leurs infidélités, Dieu leschâtia encore par une nouvelle oppression. Ce fut Églonqu’il choisit, avec les Ammonites et les Amalécites, alliésde ce roi, comme les instruments de sa vengeance et le(léau de son peuple. Jud., iii, 12-14. Cf. Deut., xxiii, 4; Exod., xvii, 8-16; Jud., vi, 3-5; vii, 12. L’intention d'Églonparait avoir été de s'établir d’une manière définitive dansle pays; car après avoir battu les Hébreux, il alla se fixerà la «ville des Palmes», c’est-à-dire à Jéricho. VoirJéricho. Églon ne pouvait choisir une position plus heureuse pour le centre de son gouvernement. En arrière, leJourdain, dont il lui était facile de garder les gués, opposait un obstacle infranchissable aux attaques d’ailleurspeu probables qu’auraient pu tenter les Gadites et lesRubénites. Devant lui s’ouvrait en éventail le réseau desouadis et des diverses voies qui pouvaient le mettre encommunication avec les territoires d'Éphraïm, de Benjamin et de Juda, et lui permettre de se porter rapidement partout où sa présence serait nécessaire. En outre, grâce au peu de distance qui séparait Jéricho de la frontière moabite, le conquérant avait la facilité d’aller luimême d’un pays à l’autre selon que les circonstances l’exigeraient. Il n’est pas à présumer, en effet, que ce princeait fixé sa résidence à l’ouest du Jourdain, sur le ternDICT. DE L. BIBLE,
toire conquis; il dut continuer de demeurer dans ses Étatsaprès sa victoire, et se rendre de là à Jéricho pour lerèglement des affaires importantes et en particulier pourla perception du tribut annuel. Quoique le texte sacré nedise pas expressément que cette perception eût lieu àJéricho, cela semble bien résulter de l’ensemble du récit, et tel est le sentiment commun des interprètes. Jud., m, 20. — Le livre des Juges ne nous apprend rien touchant le caractère de ce prince et son administration. Il neparait pas avoir exercé sa domination sur une partie fortétendue du territoire israélite; elle ne dépassa pas probablement les limites des tribus méridionales à l’ouestdu Jourdain; mais elle n’en dut peser que plus lourdement sur cet espace restreint. Quelques mots de Jud., iii, 19-20, pourraient faire penser que l’oppression matérielledes étrangers était encore aggravée par le spectacle d’unculte idolâtrique importé par eux au milieu du peuplevaincu. On lit en cet endroit qu’Aod passa par «Pesîlîm, qui est à Gilgâl» (hébreu). Pesîlîm peut se traduire par «carrières» (voir col. 318) bu par «idoles». La Vulgateet les Septante ont adopté ce dernier sens. S’il est fondé, on pourrait supposer que les Moabites avaient érigé en celieu quelque sanctuaire, où le culte des dieux étrangersoffrait aux enfants de Jacob un perpétuel danger de tomberdans l’idolâtrie. Cf. Num., xxv, 1-3; III Reg., xi, 7. Letriste état dans lequel ils languissaient depuis dix-huitans réveilla chez les Israélites le sentiment religieux etpatriotique; ils invoquèrent le Seigneur, et il les délivra.Aod, de la tribu de Benjamin, fut le libérateur qu’il leurenvoya; Églon fut tué par lui dans son palais, et cettemort, suivie du massacre général des étrangers, mit finà la servitude du peuple de Dieu. Pour le récit de la mortd'Églon et des événements subséquents, voir Aod, t. i, col. 715-717. E. Palis>.
2. ÉGLON (hébreu: 'Églôn, Jos., x, 3, 5, 23, 37; xii, 12, xv, 39; 'Églônâh, avec hé local, Jos., x, 34, 36; Septante: 'OSoXXâ[i, Jos., x, 3, 5, 23, 34, 37; Codex Vaticanus, AÊXâu.; Codex Alexandrinus, 'EyX<i[; .; CodexAmbrosianus, 'EyX(iv, Jos., xii, 12), ancienne ville chananéenne dont le roi s’appelait Dabir. Jos., x, 3. Ellefaisait partie du territoire amorrhéen, Jos., x, 5, fut prisepar Josué, x, 34, 35, 37; xii, 12, et assignée à la tribu deJuda. Jos., xv, 39. Elle appartenait au second groupe de «la plaine» ou Séphélah, Jos., xv, 39, et était voisinede Lachis, avec laquelle elle est ordinairement mentionnée. Jos., x, 3, 5, 23, 34; xii, 12; xv, 39. Au chapitre xde Josué, les Septante ont mis Odollam au lieu d'Églon.De là vient sans doute qu’Eusèbe et saint Jérôme Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 118, 253, ne reconnaissent sous ces deux noms qu’une seule et même ville, qui de leur temps était encore «un très gros bourg, à dixmilles (près de quinze kilomètres; saint Jérôme met: douze milles, environ dix-huit kilomètres) à l’est d'Éleuthéropolis», aujourd’hui Beit - Djibrîn. Il y a ici uneerreur évidente. D’abord la Bible distingue nettementÉglon d’Odullam, Jos., xii, 12, 15, ou Adullam, Jos., XV, 35, 39. Voir Odollam. Ensuite il est impossible de placerÉglon à quinze ou dix-huit kilomètres à l’est de BeitDjibrin, parce qu’alors on quitte la Séphélah et on s'éloignebeaucoup de Lachis, pour tomber dans la montagne deJuda. Faudrait-il donc corriger le texte des deux auteurs, et lire rcpb; 8u<r(ictç, «vers l’occident,» au lieu de rcpôcâviToXà; , «vers l’orient»? Cette leçon nous conduiraitdirectement à un endroit qu’ils appellent Agla, situé àdix milles d'Éleuthéropolis, sur la route de Gaza. Cf. Onomastica sacra, p. 103, 234, aux mots Bethagla et By)8 «X» i(i. À cette distance et dans cette direction se trouveactuellement le village de Khirbet 'Adjlân, dont le nomreproduit exactement la forme hébraïque: Tibiy, 'Églcn,
^^Li.Afi, 'Adjldn, avec l’aï» initial. Cf. Kampffmeyer, Aile Namen im heutigen Palâstina und Syrien, dans
II. — 51
la Zeltschrift des deutschen Palâstina-Verèins, t. xvi, 1893, p. 53. Il est placé à l’est d’Oumm Lâqiset au nordde Tell el-Hésy, dont le premier rappelle le nom, et lesecond marque plus probablement le site de l’ancienneLachis. Les ruines s’étendent sur un plateau maintenantlivré à la culture; elles sont fort indistinctes et consistentuniquement en des amas confus de pierres, disséminésdans des champs de blé, ou formant divers enclos autourde plantations de tabac. Tout a été détruit et rasé.Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 298; W. M. Thomson, TheLand and the Book, in-8o, Londres, 1881, t. i, p. 208.Cette identification est admise par tous les voyageurset commentateurs modernes. Cf. E. Robinson, BiblicalResearches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 49; Vande Velde, Memoir to accompany the Map ef the HolyLand, Gotha, 1858, p. 308; G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 54, etc. Cependant un explorateurrécent, M. Flinders Pétrie, dont les fouilles à Tellel-Hésy ont offert le plus grand intérêt, identifie Églonavec Tell Nedjiléh, an sud-est de ce dernier endroit. Cesite, d’après les ruines qu’il renferme, serait plus ancienque Khirbet’Adjlân. Pour expliquer cette différenceentre l’antique emplacement et celui qui aujourd’hui engarde le nom incontestable, l’auteur suppose que la vieillecité d’Églon fut, au moment de la captivité, occupée parde nouveaux habitants. Les Juifs, à leur retour, n’ayantpas la force de les déloger, allèrent plus loin bâtir unenouvelle ville, à laquelle ils donnèrent le nom de l’ancienne.Cf. W. M. Flinders Pétrie, Tell el-Hesy, in-4o, Londres, 1891, p. 18-20; Explorations in Palestine, dansle Palestine Exploration Fund, Quarterly Slatement, 1890, p. 159-166.
Comme on le voit, l’histoire d’Églon ne va pas au delàde la conquête de la Terre Promise et n’en est qu’unépisode. Adonisédech, roi de Jérusalem, voyant que lesGabaonites avaient passé du côté des enfants d’Israël etavaient fait alliance avec eux, fut saisi de crainte et fitun appel aux rois d’Hébron, de Jérimoth, de Lachis etd’Églon, pour marcher tous ensemble contre Gabaonet la punir de sa trahison. Les cinq rois, vaincus danscette fameuse journée où Josué arrêta le soleil, s’enfuirentet vinrent se cacher dans une caverne de Macéda.Ils en furent retirés pour être mis à mort. Le chef desIsraélites s’empara alors successivement des différentesvilles de la contrée, entre autres d’Églon, dont il exterminala population, comme il avait fait à Lachis. De là ilmonta à Hébron, qu’il attaqua et prit également, se rendantmaître du plateau central comme de la plaine desPhilistins. Jos., x. Églon n’est pas mentionnée au retourde la captivité. L’auteur sacré se contente de nommer «Lachis et ses dépendances». I( Esdr., xi, 30.
A. Legendre.
1. EGYPTE (hébreu: Misraîm; Septante: AfyunTo; ; Vulgate: ^Egyptus), contrée située à l’angle nord-est del’Afrique.
I. Noms. — L’Egypte est ordinairement appelée enhébreu Misraim ou, sous une forme plus complète, ’érésMisraim, «la terre de Misraîm.» Ce nom lui vient deMisraîm, fils de Cham, par les descendants duquel ellefut peuplée. Gen., x, 6, 13. Misraîm a la forme du duel enhébreu, d’après l’opinion commune. On explique communémentcette forme en disant qu’elle indique la divisionnaturelle du pays en Haute et Basse-Egypte. — Quelquesinterprètes ont cru trouver la forme simple de Mifraîmdans Màsôr, qui, d’après eux, désigne la BasseEgypte, Is., xix, 6 jxxxvii, 25; II (IV) Reg., xix, 21; Mich., vii, 12; Gesenius, Thésaurus, p. 815; mais cette opinion est contestée.N4 les Septante ni la Vulgate n’y ont vu l’Egypte.
— Ce pays est certainement désigné en style poétique parl’appellation: ’érés Hâm, «la terre de Cham,» Ps. cv(Vulgate, civ), 23, 27; cf. lxxyiji (lxxvii), 51, par allusionsans doute à Cham, l’ancêtre des habitants de la
vallée du Nil. — On croit aussi généralement que le motRahab, «fier, superbe,» est un nom poétique de l’Egypte.Ps. lxxiv (lxxiii), 12; lxxxix (lxxxviii), 11; lxxxvii(lxxxvi), 4. — Le nom ordinaire de l’Egypte dans les
textes hiéroglyphiques est &m l q, Kern, copte,
Kême, Kemi, «noir,» par allusion sans doute à la couleurnoire de la terre d’Egypte. Cf. Plutarque, De Is. etOsiris., 33. — Le nom d’Egypte, qui nous est venu desGrecs et des Romains, est expliqué comme une transformationgrecque de l’expression égyptienne Ha-ka-Plah, c’est-à-dire le «temple du dieu Ptah», appellation religieusedonnée à la ville de Memphis, ou bien de Ageb ouAkeb, qui désigne «l’inondation» du Nil.
II. Géographie de l’Egypte. — 1° L’Egypte en général.
— L’Egypte s’étend depuis la Méditerranée au nord jusqu’auxlimites d’Assouan, «de Migdol à Syène (Assouan),» dit Ézéchiel, xxix, 10; xxx, 6 (texte hébreu). Elle peutêtre considérée comme une vaste oasis au milieu desdéserts africains; elle est une vallée étroite parcouruepar le Nil et bornée par deux chaînes de montagnesparallèles, qui ont la direction du nord au sud. La chaîneorientale est appelée arabique, et l’occidentale libyque.Ces montagnes se rapprochent vers le sud de manièreà former des défilés. Le plus important est celui deKhennou, le Silsilis des Grecs et des Romains, aujourd’huiDjebel Selseléh. L’Egypte doit sa grande fertilitéau Nil, qui la féconde par ses inondations périodiques.Voir Nil. — Au-dessous du Caire, le Nil se partage endeux branches, avec deux embouchures, dont l’orientaleest celle de Damiette, et l’occidentale celle de Rosette.La première était appelée anciennement Phtanilique, etl’autre Bolbinitique. — Mais à une époque plus reculée, quand l’état géographique de cette partie de l’Egypte étaitfort différent, il y avait aussi d’autres branches et d’autresembouchures; c’est-à-dire, en allant de l’est à l’ouest, laPéhtsiaque, la Tanitique, la Mendésienne, la Sébennitiqueet la Canopique. Le Nil aux temps pharaoniquesformait trois lacs: 1. un lac au sud de l’embouchure Phtanitique(de Damiette), qui avec une plus grande extensionest devenu aujourd’hui le grand lac de Menzaleh; 2. le lac de Butis, au sud de l’embouchure Sébennitique, qui est appelé aujourd’hui le lac Burlus; et 3. du côtéoccidental le lac Maréotis, près duquel Alexandrie futfondée. Entre ce dernier et le lac Burlus, il y a aujourd’huile lac Edku.
2° Le Delta. — L’espace compris entre les bras lesplus éloignés du Nil inférieur (le Canopique et le Pélusiaque) formait le territoire que les Grecs ont appeléDelta; il a une superficie de 23000 kilomètres carrés.Arrosé par le fleuve et les canaux qui en dérivent, il estd’une très grande fertilité. Dans les temps préhistoriques, le Delta était couvert par les eaux de la mer. Dans lapartie orientale du Delta se trouvait la terre de Gessen, où les Hébreux ont demeuré pendant leur séjour enEgypte. Voir Gessen.
3° Haute et Basse -Egypte. — La division la plusgénérale et la plus ancienne de l’Egypte était en septentrionaleet méridionale; la première formait ce qu’onappelle aujourd’hui Basse-Egypte, et la seconde la Haute-Egypte, d’après le cours du fleuve. La Haute-Egypte(appelée Es-Ça’id par les Arabes) commençait à Éléphantine, vis-à-vis d’Assouan, et arrivait jusqu’au voisinage dudétroit de Memphis. La Basse -Egypte comprenait tout lereste du pays (le Behréh des Arabes), le Delta des écrivainsgrecs. La dénomination de Moyenne -Egypte n’estpas ancienne; elle correspond au sud de Memphis, où, la chaîne libyque s’interronipant, on trouve un territoirefertile, arrosé par de nombreux canaux et par le lac deFayoum, l’ancien lac Mceris. — La division en Haute etBasse-Égygte, qui concorde avec la différence de langage, de mœurs et de coutumes des habitants, remonteà la plus haute antiquité: on la trouve déjà sur les monuL.TInuIliEP.dal*
530. — Carte de l’^gypto.
1607
EGYPTE
1608
ments de la IV» dynastie, comme sur les monuments postérieurs, sous la dénomination de To-res, «terre du sud» (l’Egypte du sud), et To-mék, «terre du nord» (l’Egyptedu nord). La formule la plus usuelle pour indiquer lasouveraineté des pharaons était celle qui les désignaitcomme rois de la Haute et de la Basse -Egypte, c’est-à-direSuten Sekhet, qui précède toujours les cartouchesdes noms royaux.
4° Nomes. — Chacune de ces deux parties du paysétait divisée en districts ou provinces appelées par lesEgyptiens hesep, et par les Grecs vo|ioî, «nomes».L’Egypte entière était partagée en quarante-quatre nomes, dont vingt dans la Basse-Egypte et les autres dans la Haute-Egypte.Chaque nome était commandé par un chef militairerésidant dans la ville principale, et chaque nomeavait aussi ses divinités locales et son culte spécial. —Nous sommes assez bien renseignés sur les noms de ces
cuit.» — Temples et localités diverses: Ater, lac sacré, près du temple de Ptah; hat-amen, «la demeure mystérieuse;» Pi-Imhotep-se Ptah, «le temple d’Imhotep filsde Ptah;» Ro-sta-t, «la nécropole;» Ha-pi-en Asar Hapi, s le temple de la demeure de Osiris-Apis;» le célèbreSérapéurri qui fut découvert par Mariette, à Sàqqarah, etc.
— Divinités du nome: Plah, Mathor, Sekhet, Imhotep.Voir Memphis.
5° Villes égyptiennes nommées dans l’Ecriture. —Un certain nombre de villes et localités d’Egypte sontmentionnées nommément dans les Écritures: On (Héliopolis), Gen., xli, 45; xlvi, 20; Ezech., xxx, 17; — Tanis, Num., xiii, 23; Ps. lxviii (lxxvii), 12; Is., xix, 11, 13; xxx, 4; Ezech., xxx, 14 (texte hébreu); — Péluse (hébreu: Sîn), Ezech., xxx, 15, 16; — Ramessès, Gen., xlvii, 11; Exod., i, 11; xii, 37; Num., xxxiii, 3; — Phithom, Exod., i, 11; — Socoth, Exod., xii, 27; xiii, 20; Num., xxxiii,
531. — Arrosage au moyen du schadouf dans l’ancienne Egypte. Tombeau d’Aponi. D’après les Mémoiresde la mission française ou Caire, t. v, année 1894, pi. i, p. 612.
provinces et sur les villes et les divinités par les listes denomes découvertes dans les inscriptions hiéroglyphiques, à Philæ à Karnak, à Dendérah, à Abydos, à Edlou etailleurs, et publiées par H. Brugsch, Dùmichen et defiougé. Voir H. Brugsch, Geographische Jnschriften, 3 in-4°, Leipzig, 1857-1860; J. de Rougé, Géographieancienne de la Basse-Egypte, in-8°, Paris, 189t. —Les nomes étaient séparés l’un de l’autre par des lignesde pierres, et il y en avait de dimensions très inégales.Les plus célèbres étaient, dans la Basse-Egypte, ceux deMemphis et à’Héliopolis, et, dans la Haute-Egypte, celuide Thèbes. — Nous donnerons ici un échantillon des indicationsque nous possédons sur ces nomes, et nous choisironsle premier nome de la BasseEgypte (celui deMemphis), à cause de sa célébrité. — Premier nome: Aneb-hat (Memphites). Chef-lieu: Men-nefer, «la bonneplace,» d’où le nom de Memphis. Celte ville avait aussides noms symboliques, dont voici les principaux: KhaneferHa-Ka-Ptah, «la demeure de Ptah,» d’où vienttrès probablement le nom grec Aîyu7rro; ; Ba-Ptah, a lademeure de Ptah;» Khu-ta-ui, «la splendeur des deuxpays,» etc. — Division du nome: 1. Mu ou canal; 2. Vu, territoire appelé sekhet Ra, c’est-à-dire champ du soleil; 3. Pehu, terrains inondés, appelés Sen-ur, «le grand cir5, 6; — Élham, Exod., xiii, 20; Num., xxxiii, 6, 8; —Phihahiroth, Exod., xiv, 2; Num., xxxiii, 7, 8; — Magdalum, Exod., xiv, 2; Num., xxxiii, 7; Jer., xliv, 1; xlvi, 14; — Béelséphon, Exod., xiv, 2, 9; Num., xxxiii, 7; Bubaste, Ezech., xxx, 17; — Memphis., Is., xix, 13; Jer., il, 16; xuv, 1; xlvi, 14, 19; Ezech., xxx, 13, 16; Ose., ix, 6; — Taphnès, Jer., ii, 16; xlhi, 7, 8, 9; xliv, 1; xlvi, 14; Ezech., xxx, 18; — No-Amon (Thèbes), Nahum, m, 8; — Phathurès, Jer., xliv, 1, 15; Ezech., xxix, 14; xxx, 14; — Syène, Ezech., xxix, 10; xxx, 6. Voir ces mots.
6° Climat. — Le climat, surtout celui de la Haute-Egypte, est très salubre, quoique la chaleur en été y soittrès forte. Le khamsin, vent du sud qui souffle pendantune période d’une cinquantaine de jours, en avril et enmai, avec des interruptions, est extrêmement fatigant.La pluie est très rare, surtout au Caire. La sécheressede Fair produit ine énorme quantité de poussière quicause de nombreuses maladies d’yeux. Voir Aveugle, t. i, col. 1289. Les maladies épidémiques y font quelquefoisde grands ravages. Deut., vii, 15; xxviii, 27, 35, 60.
7° Fertilité. — La fertilité de l’Egypte est merveilleuse; tout ce qui est arrosé par le Nil produit deux outrois récoltes annuelles. Elle l’était encore plus du tempsdes Hébreux qu’aujourd’hui, parce que les canaux d’irri
gation étaient alors plus nomhreux. L'Écriture fait allusion à cette fécondité extraordinaire de la vallée du Nil, Gen., xiii, 10; Deut., xi, 10-11, due à l’inondation dufleuve. Amos, viii, 8; ix, 5. Dès la fin de l’inondation, vers les derniers jours de novembre, sur le riche limonnoir déposé par les eaux on sème, et trois ou quatremois après commence la moisson. L’arrosage est le grandmoyen employé pour accroître la production du sol.Cf. Deut., xi, 10. Aussi dans toute l’Egypte, en dehorsdu temps de l’inondation, tant que l’eau ne manque pas, passe-t-on les journées entières à arroser, soit avec leschadouf (fig. 531 et 532), soit avec la sakiéh (fig. 533).L’agriculture a toujours été en grand honneur en Egypte:
des données des anciens écrivains grecs et romains. Maisla découverte, par Champollion, du secret de l'écriturehiéroglyphique ouvrit tout un monde aux recherches dessavants. On dut écrire alors de nouveau l’histoire del’Egypte et de sa civilisation, et une science nouvelle futaussi fondée, Yégyptologie, qui devint une branche trèsimportante des études orientales. Cependant au milieude ce grand progrès une partie reste encore dans l’obscurité, c’est-à-dire la chronologie égyptienne, au moinspour ce qui regarde les premières dynasties des pharaonsjusqu'à la XVIIIe; et nous devons nous contenter à cetégard de documents incomplets et des données incertaines et vagues de la tradition.
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532. — Arrosage au moyen du schadouf dans l’Egypte moderne. D’après une photographie.
les peintures des tombeaux représentent à satiété toutes lesopérations agricoles. Voir 1. 1, fig. 43-48, col. 277-284, etc.On cultivait un grand nombre de céréales, le liii, Ezech., xxvii, 7; la vigne et toute espèce de légumes, parmi lesquels les Israélites dans le désert regrettaient les concombres, les melons, les poireaux, les oignons et les aulx.Num., xi, 5. — Les animaux domestiques y étaient élevés, comme aujourd’hui, en très grand nombre: ânes, bœufs, brebis et plus tard chameaux et chevaux. Gen., xii, 16; jlu, 2, 3; Exod., îx, 3; I (III) Reg., x, 28-29. Voir cesmots. Voir aussi, pour la faune de l’Egypte, Crocodile, Hippopotame, etc. — Un grand nombre d’articles du Dictionnaire montrent, par les figures qu’ils reproduisentet par les détails qu’ils donnent, quels progrès avaientiaits les Égyptiens dans les arts et dans la civilisation. —Sur l’armée égyptienne, voir t. i, col. 992-994, 1034.
III. Histoire sommaire de l’Egypte. — Avant le commencement de notre siècle on connaissait bien peu dechose de l’histoire de l’Egypte, parce que, ayant perdu lesecret de la langue égyptienne, les monuments étaienttout à fait muets. On était donc obligé de se contenter
On ne sait rien sur l’histoire de l’Egypte avant Menés, le fondateur du royaume et de la première dynastie. Onsuppose qu’avant cette fondation le peuple égyptien étaitdivisé en petits États appelés hesep. Avec Menés commence l’histoire de l’Egypte, qui fut une monarchie oùle pharaon était le chef suprême de l'État et de la religion; il était aussi considéré comme une espèce de divinité et appelé «fils du dieu, fils du soleil», etc. —L’histoire de l’Egypte peut être divisée en périodes dontchacune est représentée par un certain nombre des dynasties royales des pharaons. On distingue l’ancien, le moyenet le nouvel empire (I r «-X s dynasties, XI'-XVII», XVIII» XXXI» ).
I" Période de l’ancien empire. — Elle est aussi appeléememphite, parce que ses rois résidaient alors à Memphis, dans la Basse-Egypte (près du Caire). — Dans cettepériode, il y eut dix dynasties de pharaons. Les plu: célèbres de ces dynasties anciennes ou au moins les plusconnues sont la quatrième et la sixième. À la IVe appartiennent les rois bâtisseurs des grandes pyramides (fig. 534), Chufu, appelé par les Grecs Chéops, Kafra ( Chefrem), et
Menkau-ra (Mikerinos). On Suppose que ces pharaonsont régné 40Ô0 ans à peu près avant J.-C., et l’on doitadmettre que la civilisation égyptienne fut très avancée àcette époque lointaine. En effet, les monuments contemporainsdes pyramides nous montrent que l’Egypte possédaitalors déjà une organisation civile et religieuse etque la langue et l’écriture hiéroglyphique étaient toutà fait fixées. — La VIe dynastie est aussi très célèbre, surtout les pharaons Pepi et Vna; et on sait par les inscriptionsque les Égyptiens avaient déjà à cette époquedes relations avec les peuplades de l’Afrique méridionale.II’Période. — Elle est appelée thébaine, parce quela capitale en fut Thèbes, dans la Haute-Egypte (près des
faire considérer comme.de vrais pharaons. Ils furentnéanmoins toujours ennemis des rois de Thèbes, et lepharaonRasqenen ou Soqnounra, de la XVIIe dynastie, commença contre eux une guerre sanglante, qui futachevée par Ahmès Ier. Ce pharaon, après avoir battules Hyksos et après les avoir chassés de l’Egypte, réunitde nouveau le pays sous sa domination et inaugura laXVIIIe dynastie.
IV’Période ou nouvel empire thébain. — C’est lapériode la plus éclatante de l’Egypte. Elle embrasse troisdynasties, la XVIIIe, la XIXe et la XXe. Le plus puissantdes rois de la XVIIIe fut Thotmès III, dont les guerreset les conquêtes, qui s’étendirent jusqu’à la Mésopotamie,
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533. — Arrosage au moyen de la sakléh. D’après une photographie.
villages modernes de Louqsor et de Karnak). Cette périodeva de la XIe à la XIIe dynastie. Ces pharaons de la XIeet de la XIIe sont bien connus. Parmi les rois de laXI» dynastie on doit rappeler les Mentuhotep, qui étendirentleur domination sur toute l’Egypte et purent êtrejustement appelés «rois de la Haute et de la Basse-Egypte». Parmi les pharaons de la XIIe dynastie, les pluscélèbres furent les Osorlésen et les Amenhémat, dont letroisième de ce nom fut le constructeur du fameux lacMœris, destiné à régler les inondations du Nil.
III’Période. — Invasion des Hyksos. — Ces Hyksosou rois pasteurs étaient des chefs des populations nomadesmêlées de Sémites et de Chamites, qui de l’Asie Mineureenvahirent l’Egypte et fixèrent leur résidence à Avaris, dans la Basse -Egypte, ayant enlevé ces provinces auxpharaons du pays. On ne sait pas au juste à quel momentde l’histoire égyptienne cette invasion eut lieu; mais ellearriva sans doute après la XII» dynastie et continua jusqu’àla XVIIe inclusivement. Les rois pasteurs, qui étaientau commencement tout à fait étrangers aux mœurs del’Egypte, finirent par en adopter la civilisation et par se
nous sont connues par ses nombreuses inscriptions, etdont le règne peut être fixé vers le xve siècle avant J.-C.Cet éclat continua sous la dynastie suivante (XIXe), àlaquelle appartient le règne très long de Ramsès II, l’un des plus grands pharaons et le plus célèbre par lesmonuments élevés dans toutes les régions de l’Egypte.Après ce pharaon, on commence à noter quelques indicesde décadence dans l’Egypte; elle perd ses provinces éloignéesde l’Asie et reste enfermée dans ses ancienneslimites. Néanmoins la XXe dynastie, appelée aussi des-Ramessides, est encore une dynastie puissante, commenous le montrent les monuments.
V’Période. — Période de la décadence de la XXI’àla XXIVe dynastie. — La capitale des pharaons changede place à cette époque, et elle est successivement Tanis(dynastie tanite, XXIe), Bubaste (dynastie bubastite, XXIIe) et Sais (XXIVe). Survient ensuite Tinvasion des-Éthiopiens, qui fondent une nouvelle dynastie, la XXVe, appelée éthiopienne. Sous cette dynastie eut lieu la conquêtede l’Egypte par les Assyriens; puis le pays fut partagé: en douze petits États (dodécarchie, viie siècle avant J.-C.}..
1613
EGYPTE
1614
Vp période. — Période saîte. — Psammétique, roi deSais, capitale d’un des douze États, après avoir soumisles autres, inaugure la dynastie XXVIe, appelée saîte, et la gloire de l’Egypte semble pour un moment revivre.Pendant cette période la civilisation égyptienne se mêleà la civilisation grecque, et on constate une vraie renaissancedans la littérature et surtout dans l’art. Mais cettegloire devait être de courte durée, parce que la puissancepersane, qui avait succédé en Orient aux anciens-royaumes de Ninive et de Babylone, menaçait toujoursl’indépendance égyptienne. Après la mort de Cyrus, sonfils et successeur Cambyse porta ses armes contre PsammétiqueIII, fils d’Amasis II, le vainquit à Péluse, et l’Egyptedevint une province perse (525 avant J.-C.).
tain, c’est que le polythéisme était établi en Egypte dèsles premières dynasties des pharaons. Ce polythéisme, dureste, était très compliqué; mais le fond de toute la religionétait une sorte de panthéisme. Il considérait tousles dieux et toutes les choses existantes comme des émanationsd’une divinité suprême, qui se serait donnée naissancepar soi-même dans le nun ou chaos primordialdans lequel nageaient tous les germes. Le soleil, qui selève chaque jour après les ténèbres de la nuit, était regardécomme l’image la plus vive de Dieu, toujours jeuneet toujours vainqueur des puissances malfaisantes de lanature; et on peut dire que chaque divinité des Égyptiensétait une divinité solaire et qui représentait un desattributs ou des effets du soleil. Le développement de ce
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531. — Les grandes pyramides de Ghizéh. D’après une photographie.
VIP Période. — Domination étrangère. — Après laconquête de Cambyse, les Égyptiens firent diverses tentativespour rétablir l’ancien royaume des pharaons.; maisà l’exception de quelques provinces où des rois nationauxréussirent à s’établir (dynasties locales, XX VIIIe -XX Xe), l’Egypte resta sous le joug des Perses jusqu’à la conquêted’Alexandre le Grand.
- VHP Période##
VHP Période, appelée alexandrine. — Après la mortd’Alexandre (323 avant J.-C.) son empire fut partagéentre ses capitaines, et l’Egypte fut assignée à Ptolémée, fils de Lagus, qui inaugura la dynastie des Ptolémées oudes Lagides. La résidence de ces rois fut Alexandrie, bâtie par le grand conquérant macédonien, et cette villedevint alors le centre d’une nouvelle civilisation grécoégyptienne, qui continua à briller même après la fin dela dynastie lagide, qui disparut avec Cléopâtre et futremplacée par la domination romaine.
IV. Religion et civilisation des anciens Égyptiens.
— On ignore si les premiers habitants de la vallée duNil furent monothéistes ou polythéistes; ce qui est cerculte solaire fut dû en grande partie sans doute à la naturemême et au climat de l’Egypte, où le ciel toujourspur et sans nuages permet d’admirer le grand astre dujour dans toute sa beauté. Au milieu du grand nombredes divinités qui forment le panthéon égyptien se détachentdes groupes divins réunis en triades, formés d’unpère, d’une mère et d’un fils, triades dont chacune étaitadorée d’une manière spéciale dans une des grandesvilles de l’Egypte. La plus célèbre et la plus connue deces triades est celle â’Osiris, Isis et Horus.
A la conception panthéistique du culte égyptien serattache aussi le culte des morts, qui joue un rôle trèsimportant dans la religion de ce pays. En effet, les âmesdes hommes étaient considérées comme des moléculesdétachées de la substance divine et qui devaient un jourse réunir à Dieu, d’où elles émanaient. C’est par suite decette persuasion que l’âme de l’homme juste recevait letitre d’Osiris, qu’on la considérait comme une vraie divinitéet qu’on l’adorait comme telle. On pouvait par conséquentériger des temples et des autels aux âmes des
morts et surtout aux âmes des pharaons, qui étaientl’objet d’un culte spécial et même officiel. Le tombeauétait considéré aussi comme l’habitation du défunt, oùl'âme devait venir de temps en temps visiter le cadavre, pour s’unir à lui et y vivre d’une vie semblable à cellequ’elle avait vécue sur la terre. De cette idée était venul’usage de l’embaumement, qui avait pour but de conserver le corps le plus longtemps possible, afin que l'âmeput trouver où s’attacher dans sa visite au sépulcre. Delà encore l’usage de décorer la chambre sépulcrale depeintures ou de sculptures qui se rapportaient aux occupations mêmes du défunt pendant sa vie, et d’y déposerles objets dont il avait fait usage.
On croyait aussi que les âmes des morts devaient parcourir différentes régions dans le monde souterrain etsubir plusieurs épreuves avant de se réunir à la divinité.La description de ces pérégrinations était renfermée dansle document sacré appelé Sat per em heru ou Livre desortir du jour, ou pendant le jour, que les égyptologuesmodernes appellent le Livre des morts. Ce précieux document, qu’on trouve en grand nombre dans l’intérieur destombeaux, se composait de 165 chapitres, dont un desplus importants était le 125e, qui nous montre la scène dujugement de l'âme dans le tribunal d’Osiris. (Voir fig. 115, t. i, col. 469.) Après le jugement, même favorable, il ya encore pour l'âme d’autres épreuves à subir, et enfinl'âme purifiée tout à fait est absorbée par la divinité etréunie à l’essence divine. LeLivre des morts a été publiéd’abord par Lepsius, in-4°, Leipzig, 1812, sous le titre: DasTodtenbuch der alten Aegypler. Une autre édition a étédonnée par M. Edouard Naville, .Das àgxjptische Todtenbuch der XVIII. bis XX. Dynastie, 2 in-f», Berlin, 1886. Une traduction française du texte a été donnéepar M. Pierret, Le livre des morts, Paris, 1882, et uneanglaise par P. Lepage Renouf, The Egyplian Bookof the Dead, in-8°, Londres (quatre parties parues, 1897), publiée par la Society of Biblical Arrhxology. Voir aussiW. Budge, À new and complète édition of the Book ofthe Dead, 3 in^i», Londres, 1897 (texte et traduction dela recension thébaine).
Sur les idées des anciens Égyptiens à propos de la viefuture, nous possédons aussi un autre document trèsimportant, le Sat em ap ro ou Livre de l’ouverture dela bouche, qui porte aussi le nom de Livre des funérailles. Dans ce livre, qui a été confondu à tort avec leLivre des morts, il y a la description des rites funérairesqu’on pratiquait après l’embaumement du cadavre, jusqu'à l’enterrement et au sacrifice près du tombeau. Cetexte a été publié dans son intégrité pour la première foispar M. Ernest Schiaparelli, directeur du Musée égyptiende Turin: Il libro dei funerali degli antichi Egiziani, in-8 «, 1882-1890.
Dans les cercueils des momies, outre les papyrus funéraires, on a trouvé aussi d’autres papyrus traitant desujets religieux, philosophiques, littéraires et scientifiques, de sorte qu’on peut dire que les tombeaux nous ont conservé le trésor de la science des anciens Égyptiens. Voiciquelques-uns des plus importants: Les maximes du scribeÀni, traité de morale, traduit par Fr. Chabas, dansl'Égyptologie, 1874 et suiv. (ce sont sans doute desmaximes comme celles d’Ani qui avaient valu aux Égyptiens la réputation de sagesse à laquelle il est fait allusionIII Reg., iv, 30. Cf. Act. vii, 22; Is., xrx, 11; xxxi, 2; Josèphe, Ant. jud., viii, vi, 5); — Le papyrus magiqueHarris, formulaire de prières et d’exorcismes contre lesmauvais esprits, traduit aussi par Chabas, Chalon-surSaône, 1860; — Le papyrus Sallier n° i, récit historiquede la fin de la domination des Hyksos, traduit aussi parM. Chabas; — Le grand papyrus Harris, le plus étendudes papyrus égyptiens, qui se rattache à l’histoire despharaons de la XIXe dynastie. L'étude la plus complètesur ce papyrus est celle de M. Eisenlohr; — Le papyrusde Senaaht ou de Sinéh du Musée de Berlin, épisode de
la XIIe dynastie, traduit par M. Griffilh, dans les Pro~ceedings of the Society of Biblical Archœology, juin 18l12;
— Le papyrus Anastasi n° i, qui contient une description de voyage de l'époque de la XIXe dynastie, publié'par Chabas, Voyage d’un Égyptien en Syrie, en Phénicie, en Palestine, etc., in-4°, Paris, 1866; — Le papyrus d’Orbiney ou Le roman des deux frères, conteégyptien de l'époque de la XIXe dynastie, traduit et publiépar de Rougé, Maspero, etc.; — Le papyrus Harrisn a 500 ou Le roman du prince prédestiné, traduit parGoodwin et Chabas, 1861, et par Maspero, dans les Étudeségyptiennes, Romans et poésies, in-8°, Paris, 1879; —Le roman de Setna, d’un manuscrit démotique du Muséedu Caire, de la XXVIe dynastie. Voir Maspero, dans laZeitschrift fur die âgyptische Sprache, 1877, p. 133.
— Enfin une quantité de textes épistolairés, décrets, etc.Le Musée de Turin en possède une belle collection, quia été publiée par Rossi et Pleyte: Papyrus de Turin, Leyde, 1869-1876. Plusieurs des papyrus déjà cités appartiennent au Musée Britannique et sont publiés dans lesSelect Papyri of the British Muséum.
Les anciens Égyptiens se distinguèrent encore plus dansles arts que dans la littérature. Leurs monuments d’architecture, pyramides, temples, tombeaux, obélisques; leurs sculptures, statues et bas-reliefs; leurs peintures, qui représentent au vif leur vie de chaque jour, ont jouide tout temps d’une juste célébrité. Les travaux qu’ilsavaient exécutés pour endiguer le Nil, canaliser et répandre partout ses eaux bienfaisantes, leur font le plusgrand honneur. Leur industrie était très florissante. Leurstapis étaient renommés en Orient, Prov., vil, 6, ainsique leurs broderies, Ezech., xxvii, 3 (voir t. i, fig. 621et 622, col. 1941, 1943); leurs tissus étaient d’une grandefinesse; leurs ameublements de bon goût et souvent d’unegrande richesse, comme on peut en juger par les peintures et par les débris, qui, échappés aux injures dutemps, sont conservés dans nos musées. Voir P. Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, in-12, Paris, 1887.
V. L’Egypte dans la Bible. — 1° Dans le Pentateuque.
— 1. L’origine du peuple égyptien est indiquée, commeon l’a déjà remarqué plus haut, Gen., x, 6, 13. Les filsde Misraïm, qui peuplèrent l’Egypte et d’autres contrées, sont Ludim, Anamim, Laabim, Nephthuim, Phetrusim, Chasluim et Caphtorim. Voir ces mots. — 2. Peuaprès son arrivée dans la Terre Promise, une famineobligea Abraham d’aller en Egypte. Gen., xii. Voir t. i, col. 76. Plus tard, une autre famine étant survenue, Dieudéfendit à Isaac, fils d’Abraham, d’aller dans ce pays, Gen., xxvi, 2; mais une autre famine devait, quelquesannées après, y conduire ses petits - fils, les enfants deJacob. Dieu avait prédit à Abraham, Gen., xv, 13, queses descendants seraient asservis en Egypte. Pour que laprophétie s’accomplit, il permit que Joseph, fils de Jacob, y fut vendu comme esclave et y devint premier ministredu pharaon, ce qui amena l'établissement de toute safamille dans la terre de Gessen. Gen., xxxvii, xxxixxlvh. Voir Jacob et Joseph. C’est là que le peuple d’Israël grandit, sous la domination des Hyksos. Quand cesderniers eurent été expulsés, les progrès des Hébreuxinquiétèrent les pharaons indigènes de la XIXe dynastie; ils les opprimèrent et les soumirent à de dures corvées, dont Moïse les délivra au moyen des plaies d’Egypte etdu passage miraculeux de la mer Rouge. Exod., i-xiv.Ces grands événements restèrent gravés en traits profonds dans la mémoire des Israélites, et l'écho en retentitdans tous les livres de l’Ancien Testament, Jos., ii, 10; xxiv, 4, etc., et jusque dans le Nouveau. Act. vu; Hebr., m, 16; viii, 9; xi, 27; Jude, 5.
2° Sous les rois. — Depuis l’exode jusqu’au règne deSalomon, le peuple de Dieu n’a aucun rapport directavec l’Egypte. Après son élévation au trône, le fils deDavid épousa la fille d’un pharaon, III Reg., iii, 1, et reçutde lui comme dot de la reine la ville de Gazer. UI Reg., ^âtZvfc
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535. — Table royale d’Abydos.
A gauche, le roi Sétl I" brûle des parfums en l’honneur des rois qui l’ont précédé. Devant lui, son flls Eamsès II tient les rouleauxdes pharaons, ses ancêtres. La table royale contient les cartouches de soixante - seize rois, placés par ordre chronologiquedans deux registres de trente-huit noms chacun. Le troisième registre ne contient que le prénom et le nom de Séti I" plusieursfois répétés. La liste commence en haut, à gauche. La seconde partie de notre gravure ne fait qu’un tout avec la première dansle monument original. — I™ dynastie. 1. Mena. — 2. Téta. — 3. Atoth. — 4. Ata. — 5. Hesepti. — 6. Miriba. — 7. Semsou. —8. Kabhou. — IIe dynastie. 9. Bouzaou. — 10. Kakéou. — 11. Baïnouterou. — 12. Outsnas. — 13. Senda. — III «dynastie. 14. Zazai.
— 15. Nebka. — 16. Zoslrsa. — 17. Téta. — 18. Sezès. — 19. Noferkara. — IV «dynastie. 20. Snofrou. — 21. Koufou. — 22. Doudefra.— 23. Khafra. — 24. Menkara. — 28. Shepeskaf. — V dynastie. 26. Ousirkaf. — 27. Sahoura. — 28. Kaka. — 29. Noferefra.— 30. RænouBer. — 31. Menkaouhor. — 32. Dadkara. — 33. Ounas. — VI» dynastie. 34. Téta. — 35. Ouserkara. —36. Mérlra. — 37. Merenra. — 38. Noferkara. — Second registre: 1. Mehtlemsaf. — VII*- VIII" dynasties. 2. Nouterkara. —3. Menkara. — 4. Noferkara. — 5. Noferkara-Nebi. — 6. Dadkaschemara. — 7. Noferkara-Khondou. — 8. Merenhor. — 9. Snofrika.10. Bænka. — 11. Noferkara -Tererou. — 12. Hornoferka. — 13. Noferkara -Pepisenb. — 14. Snoferka-Anu. — 15. Oukaura. —16. Noferkaura. — 17. Noferkauhor. — 18. Noferarkara. — XI «dynastie. 19. Nebkherra. — 20. Sankhkara. — XIIe dynastie.21. Schotepabra (Aménemhat I"). — S2. Khoperkara (Osortésen I"). — 23. Noubkaura (Aménemhat II). — 24. Khakboperra(Osortésen II). — 25. Ehakaura (Osortésen III). — 26. Maatenra (Aménemhat III). — 27. Mââkheroura (Aménemhat IV). —XVIIIe dynastie. 28. Nebpehtira (Ahmès). — 29. Zoserkara (Amenhotep Ier). — 30. Aâkhoperkara (Thothmès I «0. — 31. Aâkhoperenra(Thothmès II). — 32. Menkhoperra (Thothmès III). — 33. Aakhoproura (Amenhotep II). — 34. Menkhoproura (Thothmès IV),
— 35. Nebmaatra (Amenhotep III). — 36. Zeserkhoprou-Râsotepenra (Horemhcb). — XIX* dynastie. 37, Menpehtlra (Bamsès I").
— 38. Ramauien ( prénom de Séti I"), — Troisième registre: Séti Meronptah ( Séti I"). - -
K, 16. Salomon fit aussi le commerce avec l’Egypte et yacheta des chars et des chevaux. III Reg., x, 28-29; II Par., I, 16; IX, 28. Ce pays était alors divisé entre plusieursprinces ennemis. L’un d’eus, du temps de David, avaitdonné asile dans la partie de l’Egypte qui était sous sadépendance à un ennemi d’Israël, l’Iduméen Adad, quifit plus tard la guerre à Salomon. III Reg., xi, 15-22. Voir1. 1, col. 166. C’est aussi en Egypte, auprès de Sésac, quese réfugia Jéroboam, pour échapper à la colère de Salomon, lorsque le prophète Ahias, voir t. i, col. 291, lui eut préditque Dieu lui donnerait dix tribus. III Reg., xi, 28-40; Il Par., x, 2. — Lorsque la prophétie eut été réalisée sousfioboam, fils de Salomon, ce fut sans doute Jéroboam quiappela le pharaon Sésac (voir Sésac) en Palestine, afinde mettre le roi de Juda dans l’impossibilité de porterses armes contre le royaume d’Israël. III Reg., xiv, 25; II Par., xii, 2-9. Sésac est le premier pharaon qui soitnommé par son nom dans l’Écriture. Voir Pharaon. Dutemps d’Asa, roi de Juda, l’Éthiopien Zara entreprit, mais sans succès, avec les troupes égyptiennes, unecampagne contre la Palestine. II Par., xiv, 9-13. VoirZara.
Sauf l’allusion vague que font les soldats syriens à unealliance de Joram, roi d’Israël, avec les Égyptiens, IV Reg., vu, 6, il n’est plus désormais question de l’Egypte, dansl’histoire du peuple de Dieu, que vers les derniers joursdu royaume d’Israël. De graves événements se sontaccomplisalors dans l’Asie antérieure.. À une époque fort ancienne, les royaumes des bords de l’Euphrate et du Tigreavaient été en rapport avec l’Egypte. Les pharaons yavaient conduit leurs armées en conquérants; de gré oude force, des relations de commerce s’étaient établiesentre eux et les princes asiatiques; puis les uns et lesautres s’étaient renfermés chez eux, et les rapports avaientcessé. Mais maintenant l’Assyrie avait établi sa prépondérancesur les rives du Tigre, elle s’avançait menaçantevers l’ouest et vers le sud, et l’Egypte lui apparaissaitcomme une riche proie. Les malheureuses populationsplacées sur là route qui conduisait d’Asie en Afrique, incapables de résister aux rois de Ninive, tournaientleurs regards vers les pharaons et les appelaient à leursecours, puisqu’ils étaient intéressés, eux aussi, à lesdéfendre et à barrer le chemin de leurs États aux redoutablesAssyriens. C’est pourquoi Osée, le dernier roid’Israël, afin d’échapper au joug de Salmanasar, roi d’Assyrie, appela à son secours le pharaon Sua. IV Reg., xvii, 4. Voir Sua. Mais alors, comme souvent plus tard, soit parce qu’ils ne se rendirent pas suffisamment comptedu danger qui les menaçait eux-mêmes, soit par négligenceou par manque d’énergie, les Égyptiens ne secoururentpas efficacement leurs alliés. Malgré cette leçon, lorsque, après la chute de Samarie, le royaume de Juda n’eut plusdevant lui aucune barrière qui put le défendre contreles attaques de l’Assyrie, il y eut toujours à Jérusalem unpuissant parti en faveur de l’alliance égyptienne contreNinive. Ce parti, lors de l’invasion de Sennachérib, comptait, pour triompher des Assyriens, sur Tharaca, roi d’Ethiopie et d’Egypte; mais ce ne fut pas ce pharaonqui sauva le royaume de Juda, ce fut l’intervention divine.IV Reg., xix, 9; Is., xxxvii, 9. Voir Tharaca. Lesprophètes, au nom de Dieu, s’élevèrent constammentcontre l’alliance avec l’Egypte, et c’est la pensée qui remplittous leurs oracles contre ce pays. Ose., vii, 11, 16; îs., xviii; xix; xx; xxx, 2-5, 7; xxx, 1, 3; cf. xxxvi, 6, 9-10; Jer., ii, 16, 18, 36; ix, 26; xxv, 19; xxxvii, 4-6; xliii, 8, 13; xliv; xlvi; Lam., v, 6; Ezech., xvii, 15; xxix-xxxii; Nahum, iii, 8-10. Malgré leurs protestations, non seulement les enfants de Juda comptaient sur. les secours de l’Egypte, mais plusieurs se réfugiaient dansce pays. Jer., xxiv, 8. Après la prise de Jérusalem parNabuchodonosor, ils s’y rendirent en assez grand nombre, et ils y entraînèrent malgré lui Jérémie lui-même. Jer., xii, 17; xuii, 7-8; xuv, 1; IV Reg., xxv, 26. Josias fut
le seul roi de Juda qui se déclara contre les Égyptiens.Il essaya d’arrêter le pharaon Néchao dans sa marchecontre l’Asie, mais il périt dans la bataille qu’il livra contrelui à Mageddo. IV Reg., xxiii, 29; II Par., xxxv, 20-24.Voir Néchao. Son fils Joachaz, qui lui avait succédé’surle trône de Jérusalem, fut chargé de chaînes et emmenéen Egypte par Néchao, qui fit régner à sa place un autrefils de Josias, Joakim. IV Reg., xxiv, 31-34; II Par., xxxvi, 3-4. Le pharaon ne tarda pas lui-même à êtrebattu par le roi de Babylone, Nabuchodonosor, «et, ditle texte sacré, le roi d’Egypte (Néchao) ne sortit plusde son pays.» IV Reg., xxiv, 7. Pendant que Jérusalemétait assiégée par Nabuchodonosor, le pharaon Éphréeessaya, mais inutilement, de lui porter secours. VoirÉphrée. C’est le dernier des pharaons mentionné dansles Saints Livres.
3° Après la captivité de Babylone. — Peu après la chutede l’empire de Chaldée, l’Egypte ne tarda pas à perdre sonindépendance. Elle devint d’abord la proie des Perses, puis d’Alexandre et de ses successeurs. Sous ces derniers, les Juifs furent de nouveau à plusieurs reprises soumisaux nouveaux maîtres de l’Egypte. Les Lagides et lesSéleucides se disputèrent souvent la Palestine et la Syrie; le prophète Daniel, xi, avait prédit leurs compétitions, et les livres des Machabées y font plus d’une fois allusion.I Mach., i, 17-21; x, 51-57; xi, 1-13; II Mach., IV, 21; v, 1; ix, 29. Voir les articles sur les Piolémées.Sous leur domination, les Juifs s’établirent en grandnombre en Egypte, surtout à Alexandrie. Voir t. i, col. 355, 359. Cf. Esth., xi, 1; Eccli., Prol.; II Mach., I, 1, 10; cf. Act., ii, 10; vi, 9. J. P. Mahaffy, The Empireof the Ptolemies, in-12, Londres, 1895, p. 85-89, 216, 267, 353, 381. C’est probablement à Alexandrie etcertainement en Egypte que fut composé et écrit engrec le livre de la Sagesse. — Le pays où les enfantsd’Israël étaient devenus un peuple fut enfin visité parla Sainte Famille. Joseph et Marie s’y réfugièrent avecJésus enfant, pour se mettre à l’abri de la fureur du roiHérode. Matth., ii, 13-15, 19-21. Le lieu où ils habitèrentet le temps qu’ils y séjournèrent nous sont inconnus. —Dans l’Apocalypse, xi, 8, la grande ville (Rome sansdoute) où gisent les corps des saints est appelée symboliquementl’Egypte.
VI. Bibliographie. — Outre lès sources grecques, déjàconnues par les anciens orientalistes, nous possédonsaujourd’hui des sources égyptiennes, c’est-à-dire les nombreusesinscriptions qu’on est maintenant en état de déchiffreret qui sont réunies dans les différents ouvragesd’égyptologie. — 1° Les listes de pharaons que nous possédons, outre les célèbres listes grecques de Manéthon, sont les suivantes: Le papyrus royal de Turin, publiépar J. G. Wilkinson (The fragments of the hieraticPapyrus at Turin, in-8°, Londres, 1851). — La premièretable d’Abydos, découverte en 1818, et conservéeaujourd’hui au British Muséum. — La nouvelle tabled’Abydos, plus complète, découverte en 1864 (fig. 535).Voir Mariette, Revue archéologique, 2e série, t. xiii, 1866, p. 73-99. — La table de Saqqarah, découverteen 1863 et publiée aussi par Mariette, Revue archéologique, 2 «série, t. x, 1864, p. 169-186. Elle est au muséedu Caire. — 2° Collections principales des textes originaux: Champollion, Monuments de l’Egypte et dela Nubie, 4 in-f», Paris, 1835-1845; Roselhni, Monumentsdell’Egitloe délia Nubia, 3 in-f°, Florence, 1833-1838; R. Lepsius, Denkmâler aus Aegyptenund Aethiopien, 12 in-f°, Berlin, 1850-1858; SelectPapyri of the BHtish Muséum, Londres, 1844-1860; E. de Rougé, Inscriptions hiéroglyphiques copiées enEgypte, in-4°, Paris, 1877-1879, etc. — 3° Ouvragesmodernes principaux d’histoire égyptienne: E. deRougé, Recherches sur les monuments qu’on peut attribueraux six premières dynasties, in-4°, Paris, 1866, Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 6 iu-8%
Paris, 1811-I887; H. Brugsch, Geschichte Aegyplensunter dcn Pltaraonen, in-8°, Leipzig, 1877; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., in-12, Paris, 1886; nouvelle édition illustrée, t. i, 1895; t..h, 1896; A. Erman, Aegypten und âgyptisches Lebenim Allertum, 2 in-8°, Tubingue, 1887; FlindersPétrie, À hislory of Egypt, 2 in-12, Londres, 18941896, etc. — 4° Quant aux applications de l’égyptologieà la Bible, on peut consulter surtout G. Ebers, Aegypten und die Bûcher Moses, t. I (ouvrage restéinachevé), in-8°, Leipzig, " 1868, et F. Vigouroux, La Bibleet les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 189C, t. iet h. — 5° Pour la bibliographie complète, voir H. Jolowicz, Bibliotheca xgypliaca, in-8°, Leipzig, 1858; Ergànzungsheft, 1861; Ibrahim Himly, The Literatureof Egypt and the Sudan, 2 in-8°, Londres, 1888; A. vonFircks, Aegypten 1804, 2 in-8°, Berlin, 1895-1896, t. ii, p. 279-290. H. Marucchi.
2. EGYPTE (PLAIES D’). Voir Plaies.
3. EGYPTE (TORRENT ou RUISSEAU D’) (hébreu: nahal Misraim; Septante: /eifiâpjîovî AîyOtitou; Vulgate: torrens ou rivus Mgypti), ruisseau ou plutôt torrentainsi appelé parce qu’il séparait de la terre de Chanaanl’Egypte, dont la domination s’était aulrefois étendue, comme aujourd’hui encore, jusqu’à cette limite. On admetcommunément que le Torrent d’Egypte est l’ouadi El-Arischactuel, qui reçoit les eaux de la partie centraledu Sinaï et se jette dans la Méditerranée. (Voir la carted’Egypte, col. 1600.) Il ne coule que dans la saison d’hiveret lorsqu’il pleut; il est souvent à sec. Mais lorsqu’ila plu abondamment, il roule avec impétuositédes eaux jaunâtres, rongeant ses rives et entraînantdans son cours des arbres déracinés. Il est alors trisdifficile de le traverser, et les caravanes sont quelquefoisobligées d’attendre deux ou trois jours avant depouvoir le franchir. Il tire son nom actuel du villaged’El-Arisch, place fortifiée, entourée de murailles etflanquée de tours. Outre sa petite garnison, elle abrite unepopulation d’environ quatre cents habitants. Elle s’élèvesur le site de l’ancienne Rhinocolure, ainsi appelée, disent Diodore de Sicile, i, 60, et Strabon, XVI, ii, 31, encela peu croyables, parce que le roi Actisane y envoyaiten exil les criminels après leur avoir fait couper le nez.On désignait aussi quelquefois le Torrent d’Egypte par lenom de cette ville: c’est ainsi que les Septante dans Isaïe, xxvii, 12, traduisent nahal Misraim par’Pivoxopovpa, «Rhinocolure.» Cf. saint Jérôme, In Isahani, xxvii, 12, t. xxiv, col. 313.
Le Torreut d’Egypte est plusieurs fois mentionné dansl’Écriture comme marquant la frontière de la Terre Promiseau sud-ouest. Gen., xv, 18; Num., xxxiv, 5; (Jos., Xiii, 3; ) Jos., xv, 4, 47; III Reg., viii, 65; IV Reg., xxiv, 7; (I Par., xiii, 5; ) II Par., vii, 8; Is., xxvii, 12.Dans deux de ces passages, Jos., xiii, 3, et I Par., xiii, 5, le Torrent d’Egypte, au lieu d’être appelé comme ailleursen hébreu nahal Misraim, porte le nom de Sihôr. (VoirChihob 2°, col. 702-703.) Dans Gen., xv, 18, le texte original, au lieu de dire comme dans les autres endroitsnahal ( «torrent» ) Misraim, écrit: nehar Misraim, «fleuve d’Egypte,» comme traduit la Vulgate. Cette expressionpouvant signifier le Nil, certains commentateurs ontconclu de là, comme Calmet, Commentaire littéral, Genèse, 1715, p. 389, que Dieu, indiquant à Abrahamd’une manière tout à fait générale et sans précision rigoureuseles limites de la Terre Promise, lui avait ditréellement que la terre qu’il lui donnerait s’étendraitdepuis le Nil jusqu’à l’Euphrate. Cette interprétation, quoique soutenable, paraît peu fondée, et il est préférabled’identifier le nehar Misraim avec l’ouadi el-Arisch.— Voir V. Guérin, Judée, t. ii, p. 237-249.
F. Vigouroux.
1. ÉGYPTIEN (hébreu: Misri; Septante: At-rrârioî; .
Vulgate: JEgyptius), natif d’Egypte (fig. 536). Les Égyptiens, en généra], sont souvent nommés dans les SaintesÉcritures. Gen., xii, 14, etc. — Les Égyptiens dont il estquestion en particulier sont les suivants: 1° Agar, servantede Sara et mère d’Ismaël, était Égyptienne, Gen., xvi, 1; xxi, 9; xxv, 12, et elle fit épousera son fils uneÉgyptienne. Gen., xxi, 1. — 2° Moïse tua un Égyptien, dont le nom ne nous est pas connu, parce qu’il maltraitait
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636. — Type égyptien. Musée au Louvre.
un Hébreu. Exod., ii, 11-14; Act., vii, 24, 28. — 3° Unblasphémateur, qui fut lapidé dans le désert du Sinaï enpunition de son crime, était fils d’un Égyptien et d’uneIsraélite, Salumith, de la tribu de Dan. Lev., xxiv, 10-14.
— 4° Le premier livre des Paralipomènes, iii, 34-35, mentionne’Un esclave égyptien de Sésan, de la tribu deJnda. Il s’appelait Jéraa. Son maître, qui n’avait point defils, lui donna en mariage une de ses filles. Voir Jéraa.
— 5° La ville de Siceleg, que le roi philistin Achis avaitdonnée à David pendant la persécution de Saùl, ayantété pillée par les Amalécites, tandis que tous les hommesvalides étaient dans l’armée des Philistins avec leurchef, le fils de Jessé les poursuivit dès son retour; il futrenseigné sur la route qu’ils avaient suivie et guidé lui-mêmedans sa marche par un Égyptien, esclave d’unAmalécite, qui l’avait abandonné en chemin, parce qu’ilétait malade. I Reg., xxx, 11-16. — 6° Parmi les exploitsde Banaïas, fils de Joïada, un des gibborim, «les vaillants» de David, l’auteur sacré signale sa victoire surun Égyptien de taille gigantesque, qu’il terrassa avecun bâton et tua avec sa propre lance, après la lui avoirarrachée. II Reg., xxxiii, 21; I Par., xi, 23. — 7° Letribun romain Lysias, dans les Actes des Apôtres, xxi, 38, en parlant à saint Paul, qui venait d’être arrêté par lesJuifs dans le temple de Jérusalem, lui demande s’il n’estpas «l’Égyptien qui quelque temps auparavant a excité unesédition et conduit quatre mille sicaires dans le désert».Voir Sicaire. Le fait auquel il fait allusion a été racontépar Josèphe. D’après son récit, Bell, jud., II, xiii, 5, unÉgyptien, qui était magicien et se faisait passer pour prophète, sous le règne de Néron, du temps du procurateurFélix, rassembla autour de lui 30000 hommes (nombrequi paraît en contradiction avec Anl. jud, . XX, viii, 6,
où le même historien ne mentionne que 400 des partisansde l’Égyptien comme ayant été tués et 200 pris); illes conduisit sur le mont des Oliviers, en annonçantqu’à son seul commandement les murs de Jérusalemtomberaient comme autrefois ceux de Jéricho. Jos., y, 13yi, 21. Félix les fit poursuivre par ses troupes et lesdispersa; mais l’Égyptien parvint à s’échapper, ce quiexplique comment Lysias put d’abord prendre saint Paulpour cet Égyptien. Le nombre de «quatre mille sicaires», qui ne concorde pas avec les chiffres donnés par Josèphe, peut être celui des hommes armés que le tribun compteseul, tandis que l’historien juif compte tous les adhérentsdu faux prophète. F. Vigouroux.
2. ÉGYPTIENNE (LANGUE). La langue égyptienneavait des relations avec les langues sémitiques; maiscomme elle n’avait pas atteint le même degré de développementde ces dernières, on l’appelle langue subsémitique.Elle fut parlée pendant toute la période pharaoniqueet même à l’époque des Ptolémées, dont l’idiomeofficiel était le grec. Parlé toujours par le peuple, l’égyptiendut certainement se modifier sous l’influence grecque, de manière qu’il en résulta la langue copte, mélange degrec et d’égyptien. L’écriture de l’ancienne Egypte fut- employée même après la chute des pharaons, sous ladomination perse, sous les rois grecs et aussi pendantla domination romaine. Le dernier exemple que l’on connaîtappartient à l’époque de l’empereur Dèce (249-251de J.-C.). Après le triomphe "du christianisme, elle futabandonnée, et elle resta un mystère jusqu’à la découvertede l’inscription bilingue de Rosette (en 1799) etdu texte bilingue de Philæ qui permirent à Champollionde faire le déchiffrement de quelques hiéroglyphespar la comparaison du texte égyptien avec la traductiongrecque.
I. écriture. — L’écriture hiéroglyphique, employéedès l’époque la plus reculée, est formée de signes quireprésentent des figures d’hommes et de femmes, desanimaux, des plantes, des objets différents d’usage religieux, militaire et domestique, et aussi des objets dontl’usage est tout à fait inconnu. Voir Alphabet, t. i, col. 403. Ces signes, dont le nombre des plus usuels estde près d’un millier, étaient employés ou comme signesidéographiques ou comme signes phonétiques. — Onpeut distinguer les signes idéographiques en représentatifs, comme © = Râ = soleil, qui sont l’image mêmede la chose, et en symboliques, qui expriment la chosed’une manière conventionnelle, comme, par exemple:
H = neter = Dieu; I = suten = roi. — Les signes
phonétiques (qui peuvent être aussi pour la plupart à leurtour idéographiques) sont ceux qui sont employés pourexprimer un son syllabique ou alphabétique contenu dansla prononciation du signe même, par le système appelé deVacrophonisme. De cette manière, le signe déjà indiqué,
1 (suten), peut être employé pour la syllabe su, et le
signe de l’aigle, ^^, exprime la lettre A, c’est-à-dire
l’initiale du mot akoni, qui veut dire «aigle». — Enfinon emploie très souvent des signes qui sont aussi à leurtour idéographiques, mais sans les prononcer et tout simplementpour indiquer la nature du mot précédent; parexemple, une divinité pour un dieu, un homme ou unefemme, un animal, un arbre, une pierre, un liquide, uneville, etc. Ce sont les signes «déterminatifs», qui sontd’une grande utilité dans l’étude des textes égyptiens. —On doit lire les hiéroglyphes en commençant par le côtévers lequel regardent les figures des animaux, et on leslit en conséquence quelquefois de gauche à droite et quelquefoisde droite à gauche.
En général, les mots égyptiens ont été écrits par lesscribes avec une combinaison compliquée de signes idéographiques et de signes phonétiques, soit syllabiques soitalphabétiques. Exemples: "1 ^ J ( neter = Dieu);
X — (suten = roi); T À Q (men-nofer = «la bonne place», la ville de Memphis). Les noms despharaons, pour les distinguer des autres, étaient renfermésdans des cartouches et précédés de titres spéciaux.Il y avait deux cartouches, le premier du prénom ounom d’intronisation et le second du vrai nom royal, etchacun était précédé d’un titre religieux ou de dignité, par exemple:
{ * 0î3 ¥ ŒEEMS
Suten seket Ra-user-ma-sotep-en-Ba se Ra Bamessu meri Amun.
Roi de la Haute et de la Basse -Egypte, RausermasotepenRa
Sis du Soleil Bamessu merl Amun.
Cartouches royaux du pharaon Ramsès II.
L’écriture hiéroglyphique était employée dans les inscriptionset aussi dans quelques papyrus religieux, comme, par exemple, dans le Livre des morts. Mais comme elleétait d’une exécution toujours difficile, on adopta uneécriture cursive dérivée des hiérogyphes et appelée écriturehiératique. Elle est employée dans presque tous lesmanuscrits à partir de l’Ancien Empire. Enfin, vers l’époquesaïtique, en continuant encore l’usage de l’hiératique, onintroduisit, surtout pour les documents privés, une formed’écriture plus abrégée, à laquelle on donna le nom d’écrituredémotique ou populaire.
II. grammaire. — La grammaire égyptienne est biensimple, et elle a des relations étroites avec la grammairedes langues sémitiques, comme, par exemple, l’hébreu, surtout pour l’usage des pronoms personnels et des possessifs.— 1° Article et pronoms. — 1. Article défini: singulier: pa (masculin); ta (féminin); pluriel: na(commun). — 2. Article indéfini: «a = un; pa àtef, <s. le père;» ta mât, «la mère;» duel: na son-ui, «lesdeux frères;» pluriel: na son-u, «les frères.» — 3. Particulesde relation: em (de, en, a, du); en (du); enàtef, «du père;» em son, «au frère;» em per, «de lamaison.» — 4. Pronoms personnels isolés: sing.: ànuk, «je» (comm.); entuk, «tu» (masc); entul, «tu» (fém.); entuf, «il;» entus, «elle;» plur.: anun, «nous» (comm.); entuten, «vous» (comm.); entusen, «ils» (comm.). — 5. Pronoms personnels sujets: sing.: 1™ pers., à (comm.); 2°, k (masc); t (fém.); 3e, /’(masc); s (fém.); plur. (comm.): 1° pers., an; 2°, ten; 3e, sen.Celte série de pronoms sert pour former les possessifsaprès les substantifs ou après l’article défini, en intercalantune voyelle d’union, par exemple: pa-ik atef, «tonpère» (de toi homme); pa-it mât, «ta mère» (de toifemme), etc.; per- à, «ma maison;» per-k, «ta maison» (masc); per-t, «ta maison» (fém.); per-f, «samaison» (masc); per-s, «sa maison» (fém.). Cette sériesert aussi pour la conjugaison des verbes, comme on leverra tout à l’heure. — 6. Pronom régime, qui sert dansla composition des phrases avec les verbes: sing.: Ire pers., ua (comm.); 2e, tu (comm.); su (masc); set(fém.); plur. (comm.): 1™ pers., nu; 2e, ten; 3e, sen.
— 7. Pronoms démonstratifs: i™ série: àp, «ce;» àpt, «cette;» àpu, «ces;» 2° série: pen, «ce;» ten, «cette;» nen, «ces.» — 8. Pronoms relatifs: sing.: enti, «qui» (comm.); plur.: entu, «qui.»
2° Le verbe. — Le temps simple du verbe consiste dansl’application de la série des pronoms personnels sujetsà la racine verbale, très souvent avec l’intercalation d’unevoyelle auxiliaire, par exemple: dr= faire; sing.: ari-à, «je fais;» ari-k, «tu fais» (masc); ari-t, «tu fais» (fém.); arif, «il fait;» ari-s, «elle fait;» plur.: ari-nu, «nous faisons;» àri-ten, «vous faites;» àri-sen, «ilsfont.» — Les temps composés sont formés avec la com
binaison de la racine verbale des pronoms personnels etdes verbes auxiliaires: au, «être;» tu, «être;» un ( id.); àr, «faire,» où il y a à noter que le pronom personnel estquelquefois répété après l’auxiliaire et après la racine duverbe principal, par exemple: àu-à, àri-à, «je fais;» àu-k, àri-k, «tu fais,» etc. — Aux verbes auxiliaireson peut ajouter aussi des prépositions et très souventhir (sur), par exemple: àu-f hir djed en-f, «il fut surdire à lui» (il lui dit). — Le temps du verbe égyptienpeut être considéré toujours comme un aoriste ou indéfiniqui est capable d’exprimer le présent, le passé et lefutur. De cette manière, mer-à veut dire «j’aime, j’aimerai» et «j’ai aimé». — Néanmoins il y a des marquesspéciales pour distinguer les temps, et on peut dire engénéral que la particule en est la marque du passé, etla particule er est celle du futur, par exemple: au-à enmer, «j’ai aimé;» au-à er mer, «j’aimerai.» — Enfinle verbe passif est formé avec l’auxiliaire tu, par exemple: mertu à, «je suis aimé.»
3° Particules. — 1. Voici quelques adverbes entre lesplus usuels: àm, «là;» hir, «dessus;» kher, «dessous;» djet, «toujours; vmati, «pareillement.» —2. La conjonction est henâ, «et.» — 3. La négation estan, «non.»
Bibliographie. — Th. Benfey, Ueber dos Verhâltnissder âgyptischen Sprache zum semitischen Sprachstamm, in-8°, Leipzig, 1844. — Comme grammaires, onpeut citer: E. de Rougé, Chrestomathie égyptienne, 4 in-4°, Paris, 1867-1876; H. Brugsch, Grammairehiéroglyphique, in-4°, Leipzig, 1872; Rossi, Grammaticacopto-geroglifica, Turin, 1878; Loret, Manuel de lalangue égyptienne (grammaire, tableau des hiéroglyphes, textes et glossaire), Parjs, 1889. — Dictionnaires: H. Brugsch, Hieroglyphisch-detnotisches Wôrterbuch, 7 in-4°, Leipzig, 1867-1882; P. Pierret, Vocabulairehiéroglyphique, in-8°, Paris, 1875; S. Levi, Vocabolario geroglifico copto-ebraico, 7 in-f°, Turin, 1887-1889. H. Marucchi.
3. ÉGYPTIENNES ( VERSIONS j DE LA BIBLE. Voir
Coptes (versions) de la. Bible.
4. ÉGYPTIENS (ÉVANGILE DES). L’Évangile selonles Egyptiens, EùafréXtov iat’Aîyu «tîo - JÇ, est un évangileapocryphe, qui est signalé par les écrivains ecclésiastiquesanciens, mais dont nous ne possédons quequelques fragments. Saint Épiphane écrit, Hxr., lxii, 2, t. xli, col. 1052: «L’erreur des sabelliens et l’autoritéde leur erreur est puisée par eux dans certains apocryphes, surtout le prétendu évangile égyptien, ainsique quelques-uns l’ont nommé: dans cet évangile serencontrent maintes maximes semblables [au sabellianisme], soi-disant énoncées en secret et mystérieusementpar le Sauveur enseignant ses disciples: parexemple, que le Père est le même que le Fils et le mêmeque le Saint-Esprit.» L’auteur des Philosophoumena, v, 7, t. xvi, col. 3130, écrit des gnostiques naasséniens: «Ils enseignent que l’àme est insaisissable et inintelligible: car elle ne demeure pas en la même figure ou lamême forme toujours…; et ces transformations diverses, les naasséniens les trouvent exprimées dans l’évangilequi s’intitule Évangile selon les Égyptiens.» Origène, Homil. i* in Luc, t. xiii, col. 1803: «L’Église a quatreÉvangiles, les hérésies plusieurs, parmi lesquels un estintitulé selon les Égyptiens.» Clément d’Alexandrie surtoutconnaît et cite un même passage de ce faux évangileà maintes reprises, Strom., iii, 6, 9, 13; Excerpta exTheod., 67, t. viii, col. 1149, 1165, 1192; t. ix, col. 689; il le donne comme une autorité chère aux encratites, pour la parole que cet évangile prêle au Sauveur sur lacontinence, et dont les encratites tirent la condamnationdu mariage. —Ainsi au n «siècle l’Évangile des Égyptienscirculait dans les milieux gnostiques et encratites. Le
passage mentionné par les Philosophoumena fait penserque cet évangile ne répugnait pas à la métempsycose; lepassage mentionné par saint Épiphane, qu’il préludaitau monarchianisme modaliste; le passage cité par Clément, qu’il abondait dans la morale rigoriste et antipénitentielle.Ces trois passages, tout ce qui nous reste desûr de l’Évangile des Égyptiens, ont été souvent reproduits: on les trouvera au mieux dans E. Nestlé, NoviTestamenti grxci supplementum, Leipzig, 1896, p. 72-73.Clément d’Alexandrie, dont le canon est si peu sûr, Revue biblique, 1895, p. 630, n’exprime aucune réservesur l’autorité attribuée par les encratites à l’Évangile desÉgyptiens; il n’est même pas prouvé que Clément citeCet évangile directement, et l’on peut penser que l’uniquepassage qu’il produit est pris par lui à l’encratite Cassianos.On a voulu retrouver l’Évangile des Égyptiens, mis au rang des Écritures canoniques, dans le morceauque l’on désigne sous le titre de seconde Épltre desaint Clément Romain, et qui est sans doute une homélieromaine datant de 150 environ. L’auteur a connul’Évangile des Égyptiens; il cite, en effet, une parolequ’il attribue au Sauveur, et cette parole est précisémentcelle que Clément d’Alexandrie rapporte d’aprèsCassianos comme empruntée à l’Évangile des Égyptiens.Il est à noter que la Secunda démentis attribue cetteparole au Sauveur, sans exprimer qu’elle soit prise à uneécriture quelconque. — Mais il y a dans la Secunda démentisd’autres citations de paroles du Christ: trois sontprises dans les Synoptiques textuellement, d’autres sontdes citations infiniment plus libres, trois sont tenues pardes critiques comme Hilgenfeld, Lightfoot, Harnack, pourdes emprunts faits à l’Évangile des Égyptiens. — 1° «LeSeigneur dit: Si vous êtes avec moi réunis dans monsein, et si vous n’observez pas mes préceptes, je vousrejetterai et vous dirai: Retirez-vous de moi, je ne saisd’où vous êtes, artisans d’iniquité.» IV, 5. — 2° «LeSeigneur dit: Vous serez comme des brebis au milieudes loups. Et Pierre répondant lui dit: Et si les loupsdéchirent les brebis? Jésus répondit à Pierre: Que lesbrebis ne redoutent point les loups après leur mort: etvous ne redoutez point ceux qui vous tuent et après nevous peuvent plus rien faire; mais redoutez celui qui, après que vous serez morts, a pouvoir sur votre âme etsur votre corps, et vous peut jeter dans la géhenne dufeu.» v, 2-4. — 3° «Le Seigneur dit dans l’Évangile: Si vous n’observez pas le petit, qui vous donnera legrand? Je vous dis: Qui est fidèle dans le moindre serafidèle dans l’important.» viii, 5. — Le fait que ces troistextes proviendraient de l’Évangile des Égyptiens est «supposé avec une haute vraisemblance», nous assuret-on(Harnack), et cette «haute vraisemblance» tientuniquement à ce que l’on trouve dans la Secunda démentisun emprunt à ce même évangile. À quoi nousrépondons: 1° Il n’est pas établi que l’auteur de la Secundadémentis ait eu en mains l’Évangile des Égyptiens, cité par Clément d’Alexandrie d’après l’encratiteCassianos, et il est plus vraisemblable qu’il rapporte lemême propos que Cassianos, mais de mémoire et commeun propos courant: la preuve en est que l’auteur de laSecunda démentis^ interprète le propos en question enun sens qui n’est nullement encralite, c’est-à-dire quin’est nullement celui du propos même, et qu’il l’attribueà Jésus parlant à un personnage innommé, tandis queCassianos l’attribue à Jésus parlant à Salomé. — 2° Il n’estpas établi même comme vraisemblance que les trois proposci-dessus doivent appartenir à l’Évangile des Égyptiens: le premier dépend pour sa majeure part de saint Luc, xin, 27; le second de saint Matthieu, x, 28, et de saintLuc, x, 3; le troisième de saint Matthieu, xxv, 21-23, etde saint Luc, xvi, 10. Et si quelques traits, comme «Sivous êtes avec moi réunis dans mon sein… Et si les loupsdéchirent les brebis…», peuvent faire penser à un évangileapocryphe, l’idée que l’âme et le corps sont ensemble
pris dans la géhenne du feu fait penser à une doctrinetrès contraire à la métempsycose, que nous avons vureprocher à l’Évangile des Égyptiens. Il se pourra doncque la Secunda démentis ait cité un évangile apocryphed une certaine valeur; mais cet évangile n’est pas l’Évangiledes Égyptiens. Quant à ce dernier, il convient d’yvoir une compilation apocryphe, sans valeur comme traditionévangélique, fiction égyptienne hérétique des environsde 150, loin d’y trouver, comme M. Harnack, unetradition parallèle aux évangiles synoptiques et dont larédaction pourrait remonter à la fin du Ier siècle. Pourl’hypothèse de M. Harnack, qui voit dans les Logia dupapyrus de Benhésa, découvert par MM. Grenffell et Hunt, en Egypte (1897), des extraits de l’Évangile des Égyptiens, elle ne paraît pas fondée. A. Harnack, Geschichteder altchristlichen Litteratur, t. i, Leipzig, 1893, p. 12, et t. ii, 1897, p. 612; Batiffol, Anciennes littératureschrétiennes, la littérature grecque, 2 a édit., Paris, 1898, p. 38; Revue biblique, 1897, p. 501-515.
P. Batiffol.
- EICHHORN Jean Gottfried##
EICHHORN Jean Gottfried, exégète rationaliste allemand, né à Dorenzimmern le 16 octobre 1752, mort àGœttingue le 25 juin 1827. D’abord professeur de languesorientales à l’université d’Iéna, en 1775, il passa, en 1788, à celle de Gœttingue. Il imagina l’explication naturelledes miracles et fut l’un des pères du rationalisme allemand.Voir F. Vigouroux, Mélanges bibliques, 2e édit., 1889, p. 144-161; Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. ii, p. 438-449. Parmi ses nombreuxécrits plusieurs se rapportent ^t l’Écriture Sainte; nousciterons: Einleitung in das Alte Testament, 3 in-8o, Leipzig, 1780-1783; Einleitung in die apokryphischenSchriften des Alten Testaments, in-8o, Gœttingue, 1795; Einleitung in das Neue Testament, 2 in-8o, Gœttingue, 1804-1810; Commentarius in Apocalypsim Joannis,
2 in-8o, Gœttingue, 1791; Die hebrâischen Propheten,
3 in-8o, Gœttingue, 1816-1820. Il a en outre écrit ungrand nombre d’articles dans les deux recueils suivants: Repertorium fur biblische und morgenlândische Literatur, 18 in-12, Leipzig, 1777-1786; Allgemeine Bibliothekder biblischen Literatur, 10 in-8o, Leipzig, 17871801.— Voir H. G. A. Eichstædt, Oratio de J. G. Eichhornillustri e.xemplo felicitatis Academicse, in-4o, Iéna, 1827; Th. G. Tyschen, Memoria J. G. Eichhorn, in-4o, Gœttingue,
1828.
B. Heurtebize.
EL (hébreu: ’El; Septante: ©erfç; Vulgate: Deus; assyrien: ilu), nom générique de Dieu, dans la languehébraïque. Élohim a en hébreu la même signification, quoiqu’il en soit distinct. Voir Élohim. Nous n’avonsd’ailleurs dans nos versions aucune trace de la distinctionexistant dans le texte original entre ces deux mots, parcequ’elles ont rendu l’un et l’autre par le même terme, 0e6î, Deus, Dieu.I. Le mot El. — On le fait dériver assez communémentde Vin, ’ûl, racine verbale inusitée, à laquelle on attribue, entre autres sens, celui de «être fort», de sorte que’El signifierait «le fort». Cf. Gen., xxxi, 29 (hébreu). Cetteétymologie n’est pas acceptée aujourd’hui par plusieurshébraïsants, qui donnent du mot des explications diverseset toutes sujettes à difficulté. Voir Fr. Buhl, Gesenius, Hebrâisches Handwôrterbuch, 12e édit., 1895, p. 39.Quoi qu’il eft soit, ’El a régulièrement dans l’AncienTestament une valeur appellative, de même qu’Élohim, de sorte qu’il peut s’appliquer aux faux dieux comme auvrai Dieu. Par suite, pour désigner le vrai Dieu d’unemanière précise et sans aucune équivoque, dans les écritsen prose on détermine souvent’El, soit par un adjectif: ’El haï, «le Dieu vivant,» Ts. xlii (xli), 3; lxxxiv(lxxxhi), 3; ’El’Ëlyôn, «le Dieu très haut,» Gen., Xiv, 18, etc.; soit par un complément: hâ-’Êl’Ëlôhê’abîkâ, «le Dieu, dieu de ton père,» Gen., xlyi, 3; ’El’ôldm, «le Dieu d’éternité,» Gen.’, xxi, 33; ’El Bêt’El, «le Dieu de Béthel,» Gen., xxxi, 13; ’El’êlim, «le Dieudes dieux,» Dan., xi, 36, etc. Dans le style poétique, parabréviation’El peut s’employer sans aucun déterminantcomme nom propre de Dieu. Job, v, 8; viii, 5; Ps. x, M; xvi, 1; xvii, 6, etc. Quelquefois, mais plus rarement, ilest précédé de l’article hâ-’Êl, pour désigner «le Dieu» par excellence, le seul vrai Dieu. Ps. lviii, 20; ls., xlii, 5.Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 465-470.
II. Emploi du nom divin’El dans la Bible hébraïque.
—’El se lit, au singulier, deux cent vingt-six fois dansles livres protocanoniques de l’Ancien Testament (S. Xlendelkern, Concordantix hebraicse, 2 in-4o, Leipzig, 1896, t. i, p. 85-86); le pluriel’Êlim est employé seulementneuf fois.’Elôhîm est d’un usage beaucoup plus fréquentdans la Bible hébraïque. Voir Elohim. On doit remarquerque ce sont généralement les auteurs les plusanciens qui se sont le plus servis du mot’El. Il estdix-huit fois dans la Genèse (dont cinq fois avec l’épi—, thète èaddaï, «tout-puissant,» et quatre fois avec l’épithète’Élyôn); quatre fois dans l’Exode, vi, 3 (avec èaddaï); xv, 2; xx, 5, et xxxiv, 14; dix fois dans lesNombres (huit fois dans les oracles de Balaam [xxm, 8, 19, 22, 23; xxiv, 4, 8, 16, 23] etxii, 13; xvi, 22); treize fois dans le Deutéronome (dont cinq dans lescantiques de Moïse). Il est absent des chapitres xi-xxxide ce livre, de même que du Lévitique tout entier, oùDieu est toujours appelé Jéhovah et où Élohim lui-mêmene se lit qu’une seule fois pour qualifier Jéhovah, xix, 2, et une autre fois pour désigner les faux dieux, xrx, 4. Josué l’emploie trois fois, Job plus de cinquantefois. Il est usité à peu près dans un tiers des Psaumes.Dans les livres de Samuel (I et II Reg.), il ne se rencontreque dans les morceaux poétiques. I Sam., i, 2, 3; II Sam., xxii (quatre fois); xxm (cinq fois). Isaïe l’emploietrois fois dans sa première partie, v, 16; xiv, 13; xxxi, 3; quatorze fois dans la seconde partie. Jérémien’en fait usage que deux fois, li, 56, et xxxii, 18; cedernier passage est un emprunt au Deutéronome, X, 17.Ézéchiel emploie’El Saddaï, x, 5; ’El seul, xxviii, 2, 9.On le trouve trois fois dans Osée et autant dans Malachie, une fois dans Michée, dans Nahum et dans Jonas, trois fois dans Daniel. On voit par là que peu à peu l’usagedu nom de’El a diminué, et qu’il a été surtout conservé’par les poètes, qui ont toujours aimé les formes archaïques, et à qui l’emploi de ce mot monosyllabique étaitparfois plus commode que celui du nom d’Elohim. On nele lit jamais dans le court livre de Ruth, dans le Cantiquedes cantiques, TEcclésiaste, les Proverbes, les (III et IV)livres des Rois, Joël, Amos, Abdias, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Esther, (I) Esdras, les Chroniques(Paralipomènes). Dans Néhémie (II Esdr.), il ne figureque dans une citation de l’Exode, II Esdr., ix, 31 etExod., xxxiv, 6, et dans une double citation du mêmepassage du Deutéronome, II Esdr., i, 5; ix, 32, et Deut., x, 17.
III. Le mot’El dans les noms propres. — Les Sémites, en général, manifestaient leur religion et leur piétéenvers leurs dieux en faisant entrer leur nom dans lacomposition des noms propres de personnes et de lieux, soit comme élément initial, soit comme élément final.Conformément à cet usage, les Hébreux se servirent dunom commun divin El (et plus souvent encore du nompropre de Dieu, Jéhovah, abrégé, voir Jéhovah; jamaisd’Elohim, qui était trop long) pour former leurs nomspropres: par exemple, Éléazar, Elchanan, etc., Israël, Ézéchiel, Daniel, Métabéel ( nom de femme), etc.; Phanuel, Béthel, etc. Cet usage existait encore du temps de Notre-Seigneur: nous trouvons dans l’Évangile: Nathana-el.Joa., i, 46, etc. Les Sémites polythéistes se servaient souvent, pour former leurs noms propres, du nom personnelde leurs dieux (voir Assurbanipal, Baltassar, etc.); mais on rencontre aussi l’emploi d’El chez plusieurs
autres peuples sémitiques, tels que les Moabites, Nachliel, Nom., xxi, 19; les Ammonites, Pudwilu, d’aprèsles inscriptions cunéiformes (voir Schrader, Die Keilinschriftenund das aile Testament, 2e édit., 1882, p. 141; comparer Phedaël, Num., xxxiv, 28); les Chananéens, Jezræl, I Sam., xxix, 1, etc.; Jephtahel, Jos., xix, 14, 27; Jéraméel, I Sam., xxvii, 10 (tous les trois, noms de lieux); les Phéniciens, ’EvjXoî, roi de Byblos(Arrien, II, xx, 1), appelé sur ses monnaies SNi’y, «l’œil de Dieu,» etc.
IV.’El dans quelques locutions particulières. —Dans certaines locutions poétiques, ’El, complémentd’un substantif, a la valeur d’un superlatif: harerê-’Êl, «montagnes de Dieu,» signifie «montagnes très hautes», Ps. xxxvi (xxxv), 7; ’arzê-’Êl, «cèdres de Dieu,» veutdire «cèdres très élevés». Ps. lxxx (lxxix), 11. — VoirE. Nestlé, Die isrælilischen Eigennamen nach ihrerreligionsgeschichllichen Bedeutung, in-8o, Harlem, 1876, p. 33; D. H. Mûller, Veber ha und ré im Sabâischen, dans les Actes du sixième Congrès des orientalistes, tenuen 1883, à Leyde, part, ii, sect. i, p. 465-472; Frd. Bæthgen, Beitràge zur semitischen Religionsgeschichte, in-8o, Berlin, 1888, p. 296-310; Th. Nôldeke, Elohim, El, dansles Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaftenzu Berlin, 1882, p. 1175-1192; E. Renan, Des noms théophoresapocopes dans les anciennes langues sémitiques, dans la Bévue des études juives, 1882, t. v, p. 161; E. G. King, Hebrew Words and Synonyms, Part. I.The Names of God, in-8o, Cambridge, 188Ï.
F. VlGOUROUX.
ÉLA (hébreu: ’Êlâh, et une fois’Élâ’), nom d’unIduméen et de cinq Israélites.
1. ÉLA (Septante: ’HXâ; ), un des alloufs ou chefs detribu en Idumée. Gen., xxxvi, 41; I Par., i, 52.
2. ÉLA (hébreu: ’Élâ’; Septante: ’HXâ), père deSéméi, l’intendant de Salomon dans la tribu de Benjamin.III Reg. iv, 18.
3. ÉLA (Septante: ’H).â), fils et successeur de Baasa, roi d’Israël. III Reg., xvi, 6, 8. Il établit sa résidence àThersa, ^.9, et imita la conduite coupable de ses pères, ꝟ. 13. II fut tué par Zambri, un de ses officiers, pendantqu’il s’enivrait dans la maison de son intendant, Arsa, Jꝟ. 9-12, la vingt-cinquième année d’Asa, roi de Juda.Son règne dura moins de deux ans, ꝟ. 8; toute sa famillepérit avec lui, ^. 11.
4. ÉLA (’HXi), père d’Osée, le dernier roi d’Israël.IV Reg., xv, 30; xvii, 1; xviii, 1, 9. Il ne faut pas le confondreavec le précédent, qui vécut deux siècles plus tôt.
5. ÉLA (Septante: ’ASi; Codex Alexandrinus: ’AXà), fils de Caleb, de la tribu de Juda. I Par. iv, 15.
6. ÉLA (Septante: ’HXcô; Codex Alexandrinus: ’HXâ), fils d’Ozi, de la tribu de Benjamin. I Par., ix, 8.
ÉLAD (hébreu: ’El’âd, «Dieu a attesté;» Septante: ’EXeâS), descendant d’Éphraïm par la branche de Suthala, selon la Vulgate; plutôt frère de Suthala, selon letexte hébreu. I Par., vil, 21. II fut tué avec son frèreÉzer par les habitants primitifs de Geth, dans une expéditionoù ils tentèrent de ravir leurs troupeaux.
- ELADA##
ELADA (hébreu: ’El’âdâh, «Dieu a orné;» Septante: ’EXoeSi), fils de Thahath et père d’un autre Thahalh, dans la descendance d’Éphraïm. I Par., vii, 20.
EL AH, nom hébreu, ’Êlâh, de la vallée que la Vulgateappelle «vallée du Térébinlhe», parce que c’est lasignification du mot’Êlâh. VoirTÉRÉBiNTHE (Vallée du).
ÉLAÏ (Septante: ’EXxîoe), ancêtre de Judith, de latribu de Siméon. Judith, viii, 1. Les noms de cette généalogieprésentent bien des divergences entre les Septanteet la Vulgate. Les noms donnés dans cette dernière versionparaissent assez altérés; on ne voit guère qu’'EXxïoedes Septante qui puisse répondre à Élaï.
ÉLAM (hébreu: ’Êlâm), nom d’un descendant deSem, de six Israélites et du pays habité par la postéritéd’Élam, fils de Sem.
1. ÉLAM (Septante: ’EXâjz, Gen., x, 22; ’A! X£p, I Par., i, 17; Vulgate: JElam), le premier des fils de Sem mentionnésdans les listes généalogiques de l’Écriture. Gen., x, 22; I Par., i, 17. Il s’agit ici de la branche la plusorientale des peuples sémitiques, et son histoire se confondavec celle du pays même. Voir Élam 8.
A. Legendre.
2. ÉLAM, chef de famille de la tribu de Benjamin, dans la descendance de Sésac. I Par., viii, 24, 25.
3. ÉLAM, lévite de la branche de Coré, cinquième filsde Mésélémia, Il était portier du Temple du temps JeDavid. I Par., xxvi, 3.
4. ÉLAM (Septante: ’AïXâ[i, ’HXiu.), chef de familledont les descendants sous Zorobabel revinrent de la captivitéde Babylone au nombre de douze cent cinquante-quatre.I Esdr., H. 7; II Esdr., vii, 12. Plus tard, soixanleet onze autres de ses descendants se joignirent à Esdrasà son retour de l’exil. I Esdr., viii, 7. En ce dernier passage, la Vulgate le nomme Alam. Voir t. i, col. 333. Cefut un de ses descendants, Séchénias, qui encourageaEsdras dans la réforme du peuple. I Esdr., x, 2. Parmiceux qui renvoyèrent les femmes étrangères qu’ils avaientprises contre la loi se trouvent six membres de la familled’Élam. I Esdr., x, 26. Dans 1 Esdr., x, 2, le texte hébreuporte Dbny, par allongement du >, yod, en î, vav; aussiau qeri a-t-on ponctué’Olâm.
5. ÉLAM, chef de famille dont les descendants revinrentégalement de Babylone avec Zorobabel. On a soin de ledistinguer du précédent, puisqu’on ajoute’ahêr, «autre,» à son nom: «l’autre Élam.» Mais ce qui est étrange, c’e.->tque le nombre de’ses descendants revenant de l’exil soitexactement le même, douze cent cinquante-quatre. I Esdr., H, 31; II Esdr., vii, 34. Il a dû se glisser ici quelquefaute de copiste.
6. ÉLAM, un des chefs du peuple qui, à la prière deNéhémie, signèrent le renouvellement de l’alliance théocratique.II Esdr., x, 14.
7. ÉLAM, un des prêtres qui accompagnèrent Néhémie, quand il fit la dédicace des nouveaux remparts de Jérusalem.II Esdr., xii, 41 (hébreu, 42). E. Levesqie.
8. ÉLAM (hébreu: ’Êlâm, «pays haut;» Septante: ’AiXan, Jer., xxv, 25; xlix, 34, 35, 36, 37, 38, 39; Ezech., XXXII, 21; Dan., viii, 2; Codex Vaticanus, AtXaneréai, Is., XI, 11; ’EXanetToei; Is., xxi, 2; xxii, 6; Codex Sinaiticus, ’EXa[itTai, Is., xxi, 2; xxii, 6; Vulgate: Elam, Jer., xxv, 25; JElam, Is., xi, 11; xxi, 2; xxii, 6; Jer., xlix, 34-39; Ezech., xxxii, 24; Dan., viii, 2), nom dupays habité par les descendants d’Élam (voir Élam 1) etsitué au nord du golfe Persique, avec Suse pour capitale.C’est aussi le nom du peuple lui-même. Is., xi, 11; xxi, 2; xxii, 6, Jer., xxv, 25; xlix, 34-39; Ezech., xxxii, 24; Dan., viii, 2.
I. NOM. — Élam est souvent mentionné dans les inscriptionsassyriennes avec la forme féminine, Ilamtu, mât Ilam-ti, tandis que l’ «élamite» est appelé Ilamû.Le sens géographique de ce mot s’explique et se pré
cise encore davantage par l’inscription de Béhistoun, dans laquelle au babylonien I-lam-mat répond te persanUvaja, c’est-à-dire «la Susiane».’Êlâm, qui signifie «pays haut», est le nom donné par les Babyloniens sémitesau pays montagneux qui commence au nord et àl’est de Suse. Le terme accadien employé pour désignerla même contrée, Numma-ki, avait la même valeur; c’est ce qu’avaient déjà reconnu les premiers assyriologues.Le nom particulier, indigène) d’après les monumentseux-mêmes, était èuSinak (cf. Sûsankâyê’, I Esdr., IV, 9), de SuSân ou SUSin, Suse, la ville principale. Sila région élevée s’appelait Numma, Hamma, la plaineétait nommée Anzân, AnSân, et par assimilation de lanasale à la chuintante, AsSân, nom qui se trouve mentionnédans les inscriptions des rois et des patesi deLagas, dans le Livre des présages des vieux astronomeschaldéens, et dans le protocole royal de Cyrus et de sesancêtres (cf. Rawlinson, Cun. Insc. W. A., t. v, pi. 35, 1. 12, 21), et qui a donné lieu à d’ardentes polémiques.’Êlâm est devenu en grec’EX’jjiai, ’EXuiiaïç, l’Élymaïdedes auteurs classiques. Cf. Frd. Delitzsch, Wo lag dasParadies? Leipzig, 1881, p. 320; E. Schrader, Die Keilinschriftenund das Allé Testament, Giessen, 1883, p. 111; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples del’Orient classique, t. ii, 1897, p. 33.
II. Géographie. — 1° Situation et description. — Plusieursauteurs anciens ont confondu Élam avec la Perse.C’est une erreur au triple point de vue ethnographique, philologique et historique. N’eussions-nous que la Biblepour guide, nous pourrions encore assez exactementdéterminer le territoire et le peuple désignés sous cenom. Elle range les Élamites parmi les descendants deSem, Gen., x, 22; I Par., i, 17, tandis que les Persessont des Aryas, c’est-à-dire de race indogermanique.Elle leur donne pour voisins Sennaar ou la Babylonie, Gen., xiv, 1; I Esdr., iv, 9, le Guti (hébreu: Gôim; Vulgate: Gentium), au nord de ce dernier royaume, Gen., xiv, 1, les Mèdes, Is., xxi, 2, et pour ville principaleSuse, sur le fleuve Ulai, l’ancien Eulssus, EùXato; .Dan., viii, 2. Toutes ces données nous conduisent à laSusiane, entre la Babylonie et la Perse, en sorte que lepays d’Élam touchait’au sud au golfe Persique, à l’ouestà la Chaldée, au nord à l’Assyrie et à la Médie, et ducôté de l’est à la Perse. Les traducteurs arabes de laBible l’avaient bien compris: Saadia rend le nom parKhouzistân, Gen., x, 22; xiv, 1; Is., xi, il; l’auteur dela version des Prophètes dans la polyglotte de Londres, Is., xi, 11; xxi, 2; xxii, 6; Jer., xlix, 34; Ezech., xxxii, 21, le traduit par Ahouaz, ville encore existante de la contrée.Cf. A. Knobel, Die Volkertafel der Genesis, Giessen, 1850, p. 139. (Voir la carte, lig. 537.)
L’Élam correspond donc en grande partie au Khouzistânou Arabistan actuel, dont la configuration est nettementaccusée. Il comprend deux régions distinctes, celle de laplaine et celle des montagnes. Les plaines basses, que legolfe Persique borde au sud et le Schatt el-Arab à l’ouest, ont un aspect nu et inculte; brûlées en été par une chaleurpresque tropicale, elles sont partiellement inondéesen hiver par les pluies et le débordement des rivières, qui les transforment en lacs ou en marais. Mais, à mesurequ’on s’élève vers l’intérieur, des collines à pente douceconduisent à un premier palier d’élévation moyenne, oùse sont développées de tout temps les villes les plus importantesdu pays, comme Suse anciennement et Chousteraujourd’hui. À partir de ce premier gradin commence lamontagne proprement dite, qui se compose de chaînonsparallèles, dont la direction générale est du nord-ouestau sud-est. La chaîne est principalement formée de rochescalcaires et crétacées, tandis que les avant-monts rapprochésdu Tigre ont pour la plupart des nummulites etdes grès plus récents. En venant de la plaine, il fautmonter par une succession de degrés et de cluse en cluse: les montagnes s’étagent l’une derrière l’autre et s’alignent
parallèlement sur six ou sept rangs, comme autant deremparts, entre le plateau de l’Iran et les campagnes duTigre. Cette zone est entrecoupée de vallées nombreuses, latérales ou transversales, que parcourent d’innombrablescours d’eau alimentés par les sources ou par les neiges.Le sol ici est très riche; on y récolte du blé et de l’orge; mais la plus grande partie des vallées est couverte d’immensespâturages où paissent des troupeaux de moutonset de gros bétail. Les étés y sont tempérés et les hiverstrès froids: aussi la végétation y est-elle bien différentede celle qui couvre les plaines inférieures.Le Khouzistân est situé tout entier sur le talus du plaEchdla
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537. — Carte de l’Elam.
teau incliné vers le bassin de l’Euphrate. C’est dans cettedirection que s’écoulent toutes les eaux. Les rivières ysont nombreuses, et plusieurs sont considérables. Citonsprincipalement la Kerkha, VUknû des Assyriens, leKhoaspès des Grecs, et le Kourân ou Karoûn, qui représentedans une partie de son cours l’Ulai de Daniel, viii, 2, 16, le nâr U-la-a des inscriptions assyriennes, VEu-Iseosdes classiques, appelé aussi Pasitigris. Le bras duKaroûn qui passe à Dizfoul est aujourd’hui reconnu pourêtre l’ancien Ididi, nâr Id-id-ê. Cf. Frd. Delitzsch, Wolag das Paradies? p. 193, 329. Ces rivières se réunissentpar des canaux en quittant les hauteurs et se déplacentperpétuellement à travers le sol meuble de la plainesusienne; elles égalent bientôt la largeur de l’Euphrate, puis elles se perdent à moitié au milieu des vases, et ellesvont rejoindre le Schatt el-Arab. Elles se jetaient autrefoisdans la partie du golfe Persique qui pénétrait jusqu’àKornah, et la mer servait de frontière au versantméridional du pays. La côte a quelques baies, et les coursd’eau qui se jettent dans le golfe y forment de petitsestuaires.
2° Population. — À la division physique du pays correspondla division de la population. Deux races différentes, les Loûrs et les Arabes, occupent chacune exclusivementune des deux grandes régions. Les premiers, qui appartiennent à la famille iranienne ou persane, possèdentseuls le haut pays. Les seconds, beaucoup moinsnombreux, sont répandus dans les plaines inférieuresjusqu’au Tigre et à l’Euphrate. La classe pastorale formela très grande majorité des habitants. Aussi le Khouzistânn’a guère d’autres produits que. ceux de ses troupeaux; on y cultive cependant le tabac, le coton, l’indigo, le
maïs. La contrée d’alluvions qui s’étale derrière les maraisest aussi féconde et aussi riche que les alentours deEabylone. Le froment et l’orge y rendaient autrefois centet même deux cents pour un. Strabon, xv, p. 731. Lespalmiers entouraient les villes d’une ceinture épaisse; lessculptures assyriennes nous les montrent nombreux autemps d’Assurbanipal comme ils le sont encore aujourd’hui.L’amandier, le figuier, l’acacia, le peuplier, lesaule, se serraient en bandes étroites au bord des rivières.Cf. E. Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 167, 290-298; Maspero, Histoire ancienne, t. II, p. 30-32; Jane Dieulafoy, La Perse, la Chaldée, la Susiane, dansle Tour du monde, t. ii, p. 65-112; À Suse, dans la mêmerevue, t. liv, p. 1-96; t. lv, p. 1-80; Layard, Descriptionof the province of Khûzistân, dans le Journal of theSociety of Geography de Londres, t. xvi, 1846, p. 1-105.
B38. — Élamite. Bas-relief du Louvre.
Dans le pays que nous venons de décrire vivaient detoute antiquité trois peuples dont les descendants persistentde nos jours, amoindris et mêlés à des élémentsd’origine plus récente. Les sculptures assyriennes représentantdes scènes de guerre dans la contrée d’Élam, montrent qu’un type négroïde très caractérisé prédominaitdans cette population de sang mélangé. C’étaient deshommes trapus, robustes, bien pris dans leur petite taille, avec peau brune, œil et cheveux noirs (fig. 538). Ils setenaient principalement sur les plages basses et dans lecreux des vallées, où le climat humide et chaud favorisaitleur développement; mais ils étaient répandus aussipar la montagne jusqu’aux premiers plans du plateauiranien. Ils y entraient en contact avec une autre race destature moyenne, a la peau blanche, probablement apparentéeaux nations de l’Asie centrale et septentrionale.Cette seconde population est rattachée par quelques auteursà la race dite sumérienne, que l’on trouve établieen Chaldée. Il y avait enfin des Sémites. «Les sculpturesassyriennes… justifient l’écrivain biblique en attribuantà la plupart des chefs de tribus et des hauts fonctionnairesde la cour des rois de Suse un type de race toutà fait différent de celui des hommes du peuple, des traitsqui sont, sans aucun doute possible, ceux des nationssyroarabes (fig. 539). Il y avait donc eu dans le paysd’Élam, à une époque qu’il nous est impossible de déterminer, introduction d’une aristocratie se rattachant à larace de Sem, aristocratie qui avait rapidement adopté le
langage du peuple auquel elle s’était superposée, maisqui, ne se mélangeant pas avec les indigènes des classesinférieures, avait conservé fort intact son type ethniqueparticulier. C’est là ce que le document sacré désignesous le nom d’Élam, fils de Sem.» F. Lenormant, Histoireancienne de l’Orient, Paris, 1881, t. i, p. 281.L’existence d’une population sémite en Élam est encoreprouvée par les noms des villes anciennes que nouscitons plus bas, et dans lesquels les préfixes appartiennentbien aux langues sémitiques: Bit, «. maison;» TU, «colline;» Bàb, n porte.»
L’Élam constituait une sorte d’empire féodal, diviséentre nombre de tribus: les Habardîp, qui sont lesanciens Mardes ou Amardiens, les Khapirti-Apirti destextes susiens et akhéménides, et habitaient le pays aunord-est de Suse; les Hussi ou Ouxiens; les gens d’Yatbûret d’Yamûtbal, dans la plaine, entre les marais du Tigreet la montagne; VUmlial, entre l’Uknù et le Tigre. Ces
630.
Élamite. Koyoundjik. British Muséum.
tribus étaient indépendantes les unes des autres, maissouvent réunies sous l’autorité d’un suzerain qui demeuraità Suse. Cette ville s’épanouissait dans l’espace comprisentre l’Ulai et l’ididi, huit ou dix lieues en avantdes premières rangées de collines. La forteresse et lepalais s’étageaient sur les penchants d’un monticule quicommandait au loin la campagne. Voir Suse. Les autrescités étaient: Mataktu, la Badaka de Diodore, xix, 19, située sur l’Eulæos, entre Suse et Ecbatane; Nagîtu, prèsdu golfe Persique; Til-H^mba, la «Motte-Humba», ainsiappelée d’après l’un des principaux dieux élamites, peut-êtreaux ruines actuelles de Boudbar; Dûr-UndaH, identifiée, mais sans certitude, avec la forteresse de Kalai-Dis, sur le Dizfoul-Roud; Khidalu, Bit-Imbi, Bâb-Dûri, Pillatu, etc. La plupart s’attribuaient le titre decités royales. Cf. Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies?p. 322-329.
III. Histoire. — L’histoire d’Élam nous vient presqueentièrement de sources étrangères, c’est-à-dire assyrienneset chaldéennes.
, /* Période. Empire élamite. — Aussi loin qu’ellesnous font remonter, nous rencontrons une dynastie élamitequ’on a appelée celle des Kudurides, à cause dupremier élément, Kutir ou Kudur, du nom de plusieurssouverains. Vers l’an 2285 avant notre ère, leprince qui gouvernait ce pays était KudurNanl.iundi(déformation de Kutur-Nal.iunta, que donnent les inscriptionssusiennes, et qui veut dire «Serviteur de ladéesse Nahunta» ). Grâce à la cohésion de l’unité nationale, la puissance du royaume avait grandi dans l’ombre, tandis que la Chaldée, affaiblie par des dissensions intesII. - 52
fines, avait fini par se trouver. hors d’état de défendreses frontières et son indépendance. Une invasion, descendantle cours du Khoaspès, couvrit rapidement toutle bassin inférieur du Tigre et de l’Euphrate. Le roid’Élam traversa la contrée en triomphateur, dévastant lescampagnes, n’épargnant ni ville ni temple, emportantcomme trophée la statue de la déesse Nanâ, qu’il enlevaà Uruk et qu’il emprisonna au sanctuaire de Suse. Lesouvenir de ce désastre resta gravé profondément au cœurdes Chaldéens jusqu’au jour où, longtemps après, ilsprirent une éclatante revanche en portant le fer et le feudans la capitale de leurs ennemis séculaires. C’est le roiAssurbanipal qui, dans le récit d’une glorieuse campagnecontre l’Élymaïde, nous raconte comment il trouva etréintégra dans son temple la statue qui «était dans lemalheur depuis mille six cent trente-cinq ans». Maisalors la Chaldée entière, et Bahylone elle-même, dutreconnaître la suprématie de l’envahisseur; un empiresusien l’absorba dont ses États furent les provinces et ses
idinnam est le nom du roi de Larsa (la tablette vient deLarsa-Senkeréh), qui fut détrôné par Kudur-Mabuk etRimsin. Il fut sans doute remis au pouvoir par Hammurabi, roi de Babylone, après sa campagne contre le princed’Ëmutbal (l’Élam occidental) et Rimsin, campagne quiest mentionnée, en dehors du texte que nous venons deciter, par les inscriptions des contrats de Tell-Sifr etSenkeréh. Cf. Revue biblique, Paris, t. v, 1896. p. 600-6M.On avait jusqu’ici identifié Kudur-Lagamar avec Kudur-Mabuk.Les monuments viennent de justifier la Bible enrévélant le vrai nom du conquérant dont parle la Genèsedans son premier récit militaire. Gen., xiv. Dans cettecampagne, les trois rois d’Élam, de Babylone. et deLarsa avaient été alliés; car on reconnaît généralementÉri-Aku dans Arioch et Hammurabi dans Amraphel.Nous sommes à même de comprendre maintenant commentChodorlahomor avait pu porter ses armes jusqu’àla Méditerranée. «L’ensemble des faits connus jusqu’àprésent suggère l’idée d’un grand empire élamite, qui
540.’— Bataille d’Ulaï. Archers et chars de guerre des Élamites. Koyoundjlk. D’après Layard, Monuments
0/ Xïitevek, t. ii, pi. 45.
dynasties les vassales. Cette soumission résulte du titred’Adda Martu, «souverains de l’Occident,» que prennentplusieurs princes élamites. C’est du reste ce qui expliquecomment ceux-ci purent étendre leur autorité par delàl’Euphrate, comme au temps de Chodorlahomor. La villede Larsa paraît, d’après les monuments, avoir été la capitaledu nouveau royaume. Après le départ de Kudur-Nanhundi, les vaincus s’appliquèrent à réparer le malqu’il avait fait; leur prospérité même attira à bref délaiun second orage sur leur tête. Le roi tributaire voulut-ilse soustraire à la suprématie des Élamites? L’un des successeursdu Kudur-Nanhundi, SimtiSilhak, avait concédéla seigneurie d’Yamutbal en apanage à Kudur-Mabuk, l’un de ses enfants, qui se vante dans ses inscriptionsd’avoir possédé toute la Syrie. Celui-ci détrônale vassal et confia l’administration du royaume à Éri-Aku, son propre fils, qui, d’abord feudataire, puis associéà la couronne, puis seul maître après la mort de sonpère, épousa une princesse de sang chaldéen, et, aprèsavoir régné en bon souverain, fut vaincu par Hammurabi, disparut enfin de la scène sans laisser de traces.
Eri-Aku avait demandé secours à son parent et suzerainKudur-Lagamar, qui avait remplacé Simti-Silhakà Suse. Tous deux furent défaits. C’est ce qui ressort decertains documents et en particulier d’une inscriptionchaldéenne récemment découverte par le P. Scheil. Ellecommence ainsi: «À Sinidinnam soit dit de Hammurabi: Les déesses du pays d’Emutbalim, je te les ai donnéescomme prix de ta vaillance, au jour de la défaitede Ku-dur-la-ukh-ga-mar (Chodorlahomor).» Sinpesa quelque temps sur l’Asie antérieure, le mêmepeut-être que les Grecs ont soupçonné vaguement etdont ils attribuaient la gloire au fabuleux Memnon.» G. Maspero, Histoire, t. ii, p. 47. Voir sur ces événementsdu chapitre xiv de la Genèse, F. Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, Paris, 6e édit., t. i, p. 481-504.II" Période. Démêlés avec la Chaldée et l’Assyrie. —A l’époque de NabuchodonosorIer, les Élamites arrachèrentà la Chaldée le Namar, dont les chevaux leur étaientprécieux, et ce succès leur avait ouvert toutes les provincessituées sur la rive gauche du Tigre. Ils avaientmême franchi le fleuve, pillé Babylone, emporté chezeux la statue de Bel et celle de la déesse Éria. Sous lecoup des impitoyables exigences du vainqueur, le Namarse révolta. Plusieurs nobles se réfugièrent chez Nabuchodonosor, d’autres entamèrent avec lui des négociationssecrètes et s’engagèrent à l’appuyer s’il s’armait pour lesdélivrer. Celui-ci envahit le Namar en plein été, dansune saison où les Élamites ne pensaient pas qu’il pûtentrer en campagne. Il atteignit bientôt l’Ulaï. Le souveraind’Élam, pris au dépourvu, attendit le choc sur lesbords de la rivière, en avant de Suse. Les Chaldéensfinirent par avoir le dessus; les Élamites renoncèrent àleurs prétentions sur la province envahie et restituèrentles statues divines.
Ummanigas ou Humbanigas régna de 733 à 716avantJ.-C. Il fit alliance avec Mérodach-Baladan, roide Babylone, contre Sargon, roi d’Assyrie. Mais celui-cieut bientôt raison du roi d’Élam, dont il raconte la dé1C37
ÉLAM
1638
faite devant Duril en même temps que la prise de Samarie.Cf. Oppert, Fastes de Sargon, 1. 23-25; Records ofthe past, 1877, t. ix, p. 5; H. Winckler, KeilïnschrifllichesTextbuch, p. 24-25; Keihchrift texte Sargon’s, p. 100-101; F. Vigoureux, La Bible et les découvertesmodernes, t. iii, p. 559. Humbanigas après cela restatranquille pendant trois ans et eut, en mourant, poursuccesseur Sutruk-Nalifrunla, qui régna dix-huit ans.Celui-ci fut détrôné par son frère Halluëû, qui, révoltécontre lui, l’enferma prisonnier dans son palais.
Vers 692, Sennachéiib avait placé son fils Assur-nadin-Sumsur le trône de Babylone. Mérodach - Baladan, retirédans le pays d’ÉIam et mis en possession d’un district dela côte, était parvenu à déterminer les habitants du Bit-Yakinet les plus ardents patriotes de la Chaldée et de laBabylonie à y émigrer en masse, moins pour fuir la dominationassyrienne que pour former une nouvelle arméederrière la frontière et se jeter sur la Chaldée au momentpropice, Sennachéiib prit les devants et, descendant jusprovoquer la colère du monarque ninivite. Il eut lui-mêmeune fin violente, et son frère Urtaku lui succéda, en 682. Une épouvantable famine s’étant abattue surl’Élymaïde, Assurbanipal, qui tenait à ménager le peuplesoumis, puisa spontanément dans les magasins de Niniveet fit transporter à Suse des convois de blé avec des troupeauxde bestiaux; on recueillit sur le territoire mêmed’Assur tous les malheureux que la faim chassait de leursfoyers. Tant de bienfaits ne furent payés que par l’ingratitude.Urtaku envahit le pays d’Acead, alors sous la dominationassyrienne. Il croyait sans doute son terrible antagonisteoccupé à quelque lointaine expédition, et il espéraits’emparer de Babylone avant son retour. Apprenant quel’ennemi avançait, il leva le camp et rentra dans ses États, où il mourut assassiné J probablement à l’instigation deson troisième frère, Te-umman, qui lui succéda. Celuici, que les Assyriens regardaient comme la personnificationdu mal, résolut, pour se débarrasser de tout compétiteur, d’envelopper dans un même massacre les héri641.
Le général assyrien présente aux Élamites vaincus leur nouveau roi Ummari-igaS. Koyoundilk.D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 48.
qu’au golfe Persique, vint occuper la ville de Nagitu etle district de Hilmu et balaya tous ses ennemis. Mais enmême temps éclatait dans Babylone une insurrection soutenuepar les Élamites, et le vice-roi, Assur-nadin-Sum, était chassé et remplacé par un Babylonien, Nergal-Usezib.Hallusu, étant mort, eut pour successeur Kudur-Nafyfyunta.Celui-ci n’était pas plus tôt sur le trône, quele roi d’Assyrie envahit l’Élam et ravagea une partie de lacontrée; mais la mauvaise saison l’empêcha de la soumettreentièrement. Peu de temps après mourait Kudur-Nahhunta; il n’avait régné que dix mois. Le jour mêmede sa mort, suivant la coutume du royaume, Ummanmênanu, son frère, s’assit sur le trône. À la demande deSuzub, que le peuple de Babylone, chassant la garnisonassyrienne, venait de proclamer roi, il passa la frontièreà la tête d’une nombreuse armée, et vint rejoindre lestroupes babyloniennes. Sennachérib attendit le choc prèsde la ville de Halulê, sur les bords du Tigre, et, aprèsdeux batailles où la victoire fut chaudement disputée, remporta un triomphe définitif. Quatre ans plus tard, par un de ces revirements si fréquents dans la politiqueancienne, Umman-mênanu envahissait le territoire deses anciens alliés, et, s’emparant du roi de Babylone, .l’envoyait en Assyrie. Il mourait trois mois plus tard, après un règne de quatre ans. — Pendant ces événements, Isaîe voyait dans Élam un des instruments dont Dieu seservirait pour châtier Babylone et Jérusalem. Is., xxr, 2; xxii, 6.
Ummanaldas (ou HumbahaldaS) monta sur le trôned’ÉIam en 687. Un fils de Mérodach -Baladan, Nabù-zernapisti-ésir, poursuivi par Assarhaddon, étant venu luidemander asile, il le mit lâchement à mort, pour ne pas
tiers de ses deux frères. Les princes cherchèrent protectionà la cour d’Assyrie. Le roi d’ÉIam envoya ambassadeurset présents pour demander la remise des fugitifs. Pourtoute réponse, Assurbanipal envahit la Susiane. Te-umman, fait prisonnier sur les bords du fleuve Ulaï (fig. 540), eutla tête tranchée, et un de ses neveux, Umman-igas, filsd’Urtaku, fut placé sur le trône (fig. 541). Un bas-reliefde Koyoundjik (au British Muséum) reproduit certainsdétails de cette terrible bataille (voir, 1. 1, fig. 292, col. 1081.On voit dans le haut, à gauche, le roi Te-umman agenouilléet percé de lances par les Assyriens.)
Au moment de la révolte de Samas-sum-ukin, roi deBabylone, contre son frère, le roi d’Assyrie, Umman-igaâ, qui devait la vie et le trône à Assurbanipal, se tournacontre lui pour soutenir l’insurrection. Mais bientôt sonpropre fils, Tammaritu, se révoltait à son tour et lemettait à mort pour prendre sa place. Tombant lui-mêmesous les coups d’un officier nommé IndabigaS, chef d’unetroupe de mécontents, il s’enfuit en Assyrie, où il fut reçugénéreusement. Le pays d’ÉIam n’était pas au bout deses révolutions et de ses maux; il ne devait en voir lafin, comme Babylone, que dans un immense désastre.Le nouvel usurpateur fut assassiné par Ummanaldas’, quiceignit la couronne royale et s’attira dès le début l’inimitiédu monarque assyrien. Assurbanipal envahit l’Élymaïde, accompagné d’un réfugié susien, Tammaritu, quiespérait faire valoir ses droits au trône. Ummanaldas, abandonnant sa capitale de Mataktu, s’enfuit dans lesmontagnes, et Tammaritu devint roi de la Susiane, maispour trahir bientôt son bienfaiteur. Enfin le roi d’Assyrieréduisit complètement tout le pays. Il raconte dans unelongue inscription cette campagne, au cours de laquelle
il délivra et remporta la statue de la déesse Nanâ. À côtédu texte cunéiforme, de vastes tableaux, analogues à ceuxqui se déploient sur les pylônes des temples de l’Egypte, nous font assister à toutes les péripéties de cette guerred’Élam, la plus terrible de toutes celles qu’ait entreprisesAssurbanipal.
/// Période. Perte de l’indépendance. — Grâce auxmonuments chaldéens et assyriens, nous avons pu jusqu’icisuivre exactement l’histoire d’Élam et la série deses rois, qui souvent ensanglantèrent le trône et préparèrentla lin réservée à tout royaume divisé contre lui-même.Après la chute de Ninive, la contrée recouvrat-elleson indépendance? Ce n’est pas sur, bien que laBible en parle toujours comme d’une nation distincte.Elle dut recevoir quelques enfants des Hébreux pendantla captivité. Is., XI, 11. Les prophètes annonçaient quetous ses malheurs n’étaient pas finis. Elle devait, commeles autres peuples, boire la coupe de la colère divine.Jer., xxv, 25. Au commencement du règne de Sédécias, roi de Juda, Jérémie s’écriait: «Ainsi parle le Seigneurdes armées: Voici, je vais briser l’arc d’Élam et leur principaleforce. Et je ferai venir contre Élam quatre ventsdes quatre coins du ciel, et je les disperserai à tous cesvents, et il n’y aura pas une nation où n’arrivent les fugitifsd’Élam. Je ferai trembler Élam devant ses ennemis…Et j’établirai mon trône dans Élam, et j’en détruirai lesrois et les princes. Mais dans les derniers jours je ferairevenir les captifs d’Élam, dit le Seigneur.» Jer., xlix, 34-39. Ézéchiel, xxxil, 24, la met au nombre des mortsque l’Egypte ira rejoindre. Après avoir été une des provincesdu dernier empire chaldéen, Dan., viii, 2, elleforma plus tard une importante satrapie du royaume desPerses, dont Suse devint la capitale et la résidence favoritedes rois. Esth., i, 2. Voir Suse. — Pour les sources decette histoire, voir la bibliographie des articles Assyrie, Babylonie, Chaldée; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, Paris, 1874; Lenormant-Babelon, Histoire anciennede l’Orient, t. iv, p. 286-290, 348-353, 358-364.
IV. Langue et civilisation. — On a retrouvé un certainnombre d’inscriptions susiennes, mais elles n’ontpas encore permis d’éclaircir complètement le mystèrede la langue qu’elles expriment. Les caractères sont unemodification du cunéiforme babylonien archaïque. Lestextes ont été réunis en grande partie par F. Lenormant, Choix de textes cunéiformes inédits, p. 115-141. D’aprèslui, parmi les mots, en petit nombre, dont on peut déterminerle sens avec certitude, une portion notable se rattacheétroitement au suméro-accadien. Exemples: an, a dieu;» accadien, an; meli, «homme;» accadien, mulu, etc. D’autres, qui n’ont pas de correspondant enaccadien, possèdent leurs parallèles non moins évidentsen proto-médique. Exemples: aak, «et, aussi;» protomédique, aak; sak, «fils;» proto-médique, sakri. Enfinquelques-uns demeurent encore sui juris et ne se prêtentjusqu’à présent à aucune comparaison. Exemples: burna, «loi;» kudhur, «adoration, service.» Cf. F. Lenormant, La magie chez les Chaldéens, in-8°, Paris, 1874, p. 322, 323; Hommel, Geschichte Babyloniens und Assyriens, p. 46-47, 274 et suiv., et Die sumero-akkadische Sprache, dans la Zeitschrift fur Keilforschung, t. i, p. 330-340, la rattache au géorgien, et l’introduit dans une grandefamille linguistique qui comprendrait l’héthéen, le cappadocien, l’arménien des inscriptions de Van, le cosséen.G. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 35, note 3.MOppert a pensé retrouver sur une tablette du BritishMuséum une liste de mots appartenant à l’un des idiomesprobablement sémitiques de la Susiane, différents à la foisdu suso-médique et de l’assyrien. Trois exemples noussuffiront ici:
Sumérien. Élamita. Srao-médique. Assyrien,
ciel… anna, ’ilûtu, dagigl, (an) lctk, sàmu.
dieu. … dingir, dimmer, bashu, an nap, ttu.
homme., lii, mclt, veli, rvh, avcla.
Après une liste d’une quarantaine de mots, le savantajoute: a En voilà assez d’exemples pour démontrerl’existence de ces quatre langues dans le bassin de l’Euphrate, et pour faire voir que la langue élamite offre unegrande diversité qui la sépare des autres idiomes sumérien, suso-médique et assyrien. Mais en même temps leslacunes considérables de notre savoir ne sauraient nousautoriser à prétendre et à affirmer que cette langue n’étaitpas une langue sémitique.» J. Oppert, La langue desÉlamites, dans la Revue d’assyriologie, t. i, Paris, 1885, p. 45-49. — Les inscriptions susiennes ont été étudiées parOppert, Les inscriptions en langue susienne, Essai d’interprétation, dans les Mémoires du congrès internationaldes orientalistes de Paris, 1873, t. ii, p. 72-216; Sayce, Thelanguages of the cuneiform Inscriptions of Elam, dansles Transactions of the Society of Biblical Archscology, t. iii, 1874, p. 465-485, et The Inscriptions of Mal-Amirdans les Actes du sixième congrès international desorientalistes, tenu en 1883, à Leyde, t. ii, p. 637-756; A. Quentin, Textes susiens, dans le Journal asiatique, Paris, 1891, t. xvil, p. 150 sq.; V. Scheil, Textes élamitessémitiques, in-4°, Paris, 1900.
Les mœurs et la civilisation ne devaient pas différerbeaucoup de celles de la Chaldée. Pour avoir une idéede la richesse et des arts chez les Élamites, il nous suffitde rappeler les trésors que leur enleva Assurbanipal: «Par la volonté d’Assur et d’istar, j’entrai dans le palaisd’Ummanaldas, et je m’y installai en grande pompe; jefouillai la maison du trésor, où l’or, l’argent et toutes lesrichesses se trouvaient entassées, que les rois élamitesles plus anciens jusqu’aux rois de ce temps-ci avaientramassées… C’étaient des vêtements royaux d’apparat, des armes de guerre et toutes choses servant à combattre, des arcs, des ustensiles et des fournitures de toute espèce; les divans sur lesquels ils s’asseyaient et dormaient, lesvases dans lesquels ils mangeaient et buvaient…; deschars de guerre, des chars de parade dont le timon étaitorné de pierres précieuses; des chevaux, de grandes mulesdont les harnais étaient recouverts de lamelles d’or etd’argent. Je détruisis la pyramide de Suse, dont la masseétait en marbre et en albâtre; j’en abattis les deuxpointes, dont le sommet était en cuivre étincelant.» Lemême monarque parle de trente-deux statues de rois, enargent, en or, en bronze et’en albâtre, qu’il enleva auxvilles de Suse, de Màtaktu, de Huradi, de lions et de taureauxà face humaine qui faisaient l’ornement des temples, des colosses qui gardaient les portes des sanctuaires.Cf. Lenormant-Babelon, Histoire ancienne, t. IV, p. 361.Tous ces détails supposent chez les Élamites de l’habiletéet du goût pour les arts. II n’est pas question ici desmonuments de l’époque persane. «Si dès le temps deCyrus et peut-être même avant son avènement, cettecontrée ( la Susiane) a été réunie à la Perse et en a depuislors partagé les destinées, le peuple qui l’habitait, avantde perdre son existence distincte, avait eu tout un longpassé de vie autonome et brillante; on s’est quelquefoisdemandé si sa civilisation n’est pas, antérieure à cellemême de la Chaldée. Quoi que l’on arrive à penser desaffinités ethniques de la race susienne, ce qui est certain, c’est que l’histoire monumentale de l’Élam ne commencepas avec les princes achéménides. Lorsque ceux-cichoisirent Suse pour une de leurs résidences favorites, il y avait de longs siècles qu’avait surgi au-dessus de laplaine cette forteresse royale que l’on voit déjà figuréedans les tableaux de bataille des conquérants assyriens.Ce sont les couches superficielles des tumulus qui ontlivré à Loftus et à M. Dieulafoy les restes des monumentsde Darius et d’Artaxerxès; mais l’énorme tertre renferme, profondément cachés dans ses flancs, les débrisdes constructions antérieures et des bas-reliefs en terrecuite qui les décoraient; le plus récent explorateur croitmême avoir mis au jour, dans quelques-unes de ses tranchées, des parties de murailles et des émaux qui appar
tiendraient à la période des anciennes dynasties nationales... L’on a signalé, sur d’autres points de la Susiane, des bas-reliefs rupestres qui remontent sans doute à cestemps lointains. Tels sont ceux qui se trouvent sur leplateau de Malamir, non loin de cette ville, dans le sitesauvage connu sous le nom de Kalé-Pharan pu forteressede Pharaon. Il y a là un ensemble de sculpturesqu’accompagnent de longues inscriptions.» G. Perrot etCh. Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, Paris, 1890, t. v, p. 773-771.
V. Religion. — Le peu que nous savons de la religionnous transporte dans un monde mystérieux, plein denoms étranges. Parmi les dieux que nous font connaîtreles inscriptions indigènes ou les récits des guerres d’Assurbanipal, nous rencontrons d’abord, au sommet de lahiérarchie divine, Susinak, «le Susien;» le nom réeldu dieu était probablement tenu secret ou ne se prononçaitque rarement. On peut se demander s’il n’était pasce Humba, Umma, Ummàn, qui revient si souvent dansles noms d’hommes ou de localités, et qui ne s’est pasrencontré jusqu’à présent, comme dieu isolé, dans uneformule de prière ou de dédicace. Il s’appelait encoreAgbag, Asgéa. Sa statue se cachait dans un sanctuaireinaccessible aux profanés, d’où Assurbanipal l’arracha auVIIe siècle. On trouve ensuite la déesse Nahhunte, dontle nom entre également dans la composition de certainsnoms royaux. Au - dessous de ces deux personnagesviennent six dieux, que le monarque assyrien signalecomme de premier ordre, et qui paraissent avoir étégroupés en deux triades, correspondant peut - être auxdeux triades supérieures de la religion chaldéobabylonienne; ce sont: Sumudu, Lagamar (second élément deKudur-Lagamar, Chodorlahomor), Partikira, Amman-KasimaS, Uduru et Sapak. Enfin les annales du mêmeroi de Ninive mentionnent douze dieux et déesses demoindre importance, dont les images furent égalementenlevées dans le sac de Suse. Cf. F. Lenormant, Lamagie chez les Chaldéens, p. 321, note 1. Ces divinitésrésidaient dans des bois sacrés où les prêtres seuls etles souverains avaient accès; leurs statues en sortaientà jour fixe, pour recevoir quelque hommage solennel.Voir fig. 454, t. i, col. 1481-1482. On leur apportait aprèschaque guerre heureuse la dlme du butin, vases précieux, lingots d’or et d’argent, meubles, étoffes, imagesdes dieux ennemis. Parmi les bas-reliefs de Malamirsignalés plus haut, il y en a qui paraissent représenterun dieu recevant les hommages des tidèles. Sur l’und’eux en particulier, on croit reconnaître tous les détailsd’un sacrifice. Cf. Perrot, Histoire de l’art, t. v,
p. 774-778, fig. 463, 461.
A. Legendre.
- ÉLAMITES##
ÉLAMITES (hébreu: ’Êlâm, Gen., xiv, 1, 9; ’Êlmâyê’, pluriel du chaldéen’Èlmai, I Esdr., IV, 9; Septante: ’EXâji, Gen., xiv, 1, 9; ’EXunafot, Judith, 1, 6; ’EXaiisÏTai, Act., ii, 9; Vulgate: Elamitx, Gen., xiv, l, 9; jElamitæ, I Esdr., IV, 9; Act., ii, 9; Elici, Judith, i, 6), habitants du pays d’Élam, Gen., xiv, 1, 9; I Esdr., iv, 9; Judith, i, 6; Act., ii, 9, les Êlamû, Êlamâa des inscriptionsassyriennes, les’EXiijiatot de Strabon, xi, p. 524; xv, p. 732. Les Septante ont souvent traduit par’EXalit’tiile nom même du pays. Voir Élam 2. Ils ont omisce mot, I Esdr., IV, 9, probablement comme superfluaprès celui de Eou<rava-/_aïoi (hébreu: SûSankdyê; Vulgate: Susanechxi), qui désigne les habitants de Suse, capitale d’Élam. Le grec’EXujkxÏoi de Judith, i, 6, estpréférable au latin Elici. Les Élamites, d’après Gen., x, 22; I Par., i, 17, étaient de race sémitique. La languede leurs inscriptions semblerait démentir cette assertion; mais nous savons, d’un côté, que le langage n’est pasun témoin nécessaire de l’origine ethnique; de l’autre, qu’un certain nombre de mots élamites se rapprochentdes idiomes sémitiques; enfin que, d’après les monumentseuxmêmes, une partie de la population avait bien le
type des enfants de Sem. Voir Élam 8, col. 1633. Nousavons, au même article, fait l’histoire de ce peuple etdécrit sa civilisation; il ne nous reste que peu de choseà ajouter. C’était une nation guerrière, comme le prouventl’étendue de son empire au temps de Chodorlahomor, Gen., xiv, 1, 9, ses démêlés constants avec Babylone etNinive, les difficultés qu’éprouvèrent à l’asservir les roisd’Assyrie. Elle était plutôt d’humeur turbulente. Ses soldatsétaient d’habiles archers. Cf. Is., xxii, 6; Jer., xlix, 35. Assurbanipal nous parle des chefs des archers, capitaines, conducteurs de chars, écuyers, lanciers. Dansla bataille où périt Te-umman, un de ses officiers, Itunl, brisa de désespoir son arc, «la défense de son corps.» Les Élamites cultivaient les arts et avaient d’habilesouvriers en différents genres. Ils avaient les mêmes instrumentsde musique que les Assyriens, cymbales, lyreset harpes, comme on le voit sur un des bas-reliefs deMalamir. Ils fournirent leur contingent au peuple transplantéen Samarie, au moment de la captivité. I Esdr., iv, 9. En perdant leur indépendance comme peuple, ilsne perdirent ni leur langage ni leur caractère national; ils avaient encore les deux au jour de la Pentecôte. Act., H, 9. C’est probablement en cette circonstance solennelleque s’accomplit la prophétie de Jérémie, xlix, 39: «Dansles derniers jours, dit le Seigneur, je ferai revenir lescaptifs d’Élam,» en leur donnant les prémices de l’Évangile.Si ce peuple ne tient pas une grande place dansl’Écriture, nous le trouvons cependant des origines del’histoire sainte aux origines du christianisme.
A. Legendre.
ÉLASA. Hébreu: ’El’didh, «Dieu a fait.» Nom dequatre Israélites.
1. ÉLASA (Septante: ’Eza<ji), fils de Helles et pèrede Sisamoï, de la tribu de Juda, dans la descendanced’Hesron. I Par., ii, 39, 40.
2. ÉLASA (Septante: ’EXasâ; Codex Alexandrinus: ’EXea<7<ï), fils de Rapha ou Raphaïa et père d’Asel. Il étaitde la tribu de Benjamin et de la descendance de Saùlpar Jonathas. I Par., viii, 37; ix, 43.
8- ÉLASA (Septante: ’IlXa<ri), prêtre, descendant dePheshur, qui, ayant épousé une femme étrangère pendantla captivité, la renvoya au retour de l’exil, pour se conformerà la loi. I Esdr., x, 22.
4. ÉLASA (Septante: ’EXea<xiv; Codex Alexandrinus: ’EXsadâç), fils de Saphan, un des deux envoyés du roiSédécias près de Nabuchodonosor, à Babylone. Jérémiese servit de leur entremise pour faire parvenir une lettreaux captifs. Jer., xxix, 3. Élasa était probablement frèred’Ahicam, l’ami de Jérémie. Jer., xxvi, 24.
- ÉLATER##
ÉLATER, insecte coléoptère de la famille des sternoxes, tribu des élatérides, connu vulgairement sous lenom de taupin. Il est facilement reconnaissable avec soncorps ovale et elliptique, sa tête enfoncée dans le corseletet son sternum terminé par une pointe qui, pénétrantdans une cavilé antérieure, permet à cet insecte, couché sur le dos, de se contracter et de se heurter avecforce contre le sol, de façon à sauter en l’air jusqu’à dixà douze fois la hauteur de sou corps et à retomber surses pieds. L’espèce elaler segetis (fig. 542), «taupin desmoissons,» de couleur brune, à élytres striées, causede grands préjudices aux céréales, non pas lorsque l’insecteest parvenu à l’état parfait, mais pendant qu’il n’estencore qu’à l’état de larve. C’est un petit ver filiforme, de vingt à vingt-cinq millimètres de long, au corps blancjaunâtre, formé de douze segments et muni de six pattescourtes, à la peau luisante, écailleuse, à la tête brune.Il vit aux dépens de la racine ou de la partie souterrainedes tiges du blé, du seigle, etc., qui ne tardent pas à
mourir ou à se casser. Cet insecte existe en" Palestine; mais est-il désigné, comme l’ont cru certains auteurs, par le selâsal qui, selon Dcut., XXVIII, 42, dévorera lesarbres et les fruits du sol? Ce n’est pas probable: leselâsal est plutôt une espèce de sauterelle au bruit strident.Voir Sauterelle. Du reste, comme le taupin des
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642. — Velater segetls. — Larve et insecte parfait.
moissons ne fait ses ravages qu’à l’état de larve, Hébreux ne devaient pas distinguer cette larve des versordinaires. E. Levesque.
- ÉLATH##
ÉLATH (hébreu: ’Êlaf, Deut., ii, 8; IV Reg., xiv, 22; xvi, 6; ’Ëlôp, «arbres; bois,» peut-être «bois de palIV Reg., xiv, 22), ville du pays d’Édom, III Reg., ix, 26; IV Reg., xvi, 6; II Par., viii, 17, ordinairement mentionnéeavec Asiongaber, sa voisine, Deut.,», 8; III Reg., ix, 26; II Par., viii, 17, et située «sur le bord de la merRouge», III Reg., ix, 26; Il Par., viii, 17, c’est-à-direà l’extrémité septentrionale du golfe Arabique (fig. 543).Son nom, dont l’orthographe, on le voit, est assez variabledans les versions, a passé avec des changements analoguesdans les traductions grecques, latines et arabes.On le retrouve ainsi sous les formes suivantes: AD.avi, , Josèphe, Ant. jud., VIII, vl, 4; Aî).à6, Ant. jud., IX, xii, 1; ’EXiva, Ptolémée, v, 17; AUavi, Strabon, xvip. 768; Aelana, Pline, v, 12; vi, 32; Ailath, Aila, Auâu., Aïkâ, Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 84, 88, 210, 215. C’est d’AIXwv, Aftiv^, ’Ekiva, Aelana, mots qui cachent une forme hébraïqueou chaldéenne, ’Êlôn, ’Êlân, semblable à’Êlat, qu’estvenue l’appellation à’Êlanitique, donnée au bras orientalde la mer Rouge. Le nom arabe, <*Jb, ’Allât ou’Ailéh, reproduit exactement l’hébreu ri’"'x, ’Êla(.
1° L’ancienne Élath n’est plus représentée que parquelques ruines et un pauvre village du nom d’Akabah.Voir la carte du golfe Élanitique, t. i, col. 1099. Voici, d’après L. de Laborde, Commentaire géographique surl’Exode, in-f°, Paris, 1841, p. 126, l’origine de cette dénomination. «Makrizi, l’historien de l’Egypte, parle dupassage de la caravane de la Mecque dans ces parages. —C’est ici, dit-il, que commence la caravane de la Mecque(la réunion des deux caravanes, celle de l’Egypte et cellede la Syrie). À une lieuè de là on voit un arc de triomphe
5 «. — Vue d’Êlath. D’après Léon de Laborde, Voyage de l’Arabie Pélrée, ln-1°, Paris, 1830.
miers», Ul Reg., ix, 26; II Par., viii, 17; xxvi, 2; Septante: A’Awv, Deut., ii, 8; Aftâô, III Reg., ix, 26; IV Reg., xvi, 6; II Par., viii, 17; xxvi, 2; Aft.w6; Codex Alexandrinus, ’EXiiB; Codex Vaticanus, AM[i, IVReg., xiv, 23; Cod. VaUet Alex., Aftin, IV Reg., xvi, 6; II Par., viii, 17; Vulgate: Elath, Deut., ii, 8; Ailath, III Reg., ix, 26; II Par., viii, 17; xxvi, 1; Aila, IV Reg., xvi, 6; jElalli,
des empereurs romains (ce qu’il resle de cet arc detriomphe dans l’ouadi Gétoun se réduit à la base despiliers). C’était une jolie ville qui avait beaucoup demosquées, et où il habitait un grand nombre de Juifs.Le sultan Ibnvhmed -Ebn-Touloun rendit praticable lechemin de la caravane à travers la montée (Akabah)rapide qui est en face d’Ailah. — Ce chemin, créé à
grands frais, fut creusé dans le rocher. Une inscriptionrappelle à quel homme généreux les pèlerins doivent cebienfait. Dès lors cette descente rapide, ou cette montéepénible, selon qu’on partait d’Ailah ou qu’on y arrivait, resta dans le souvenir des pèlerins, et le mot akabah, qui signifie escarpement, s’unit au nom d’Ailah, qui futappelé Akabahvilah, puis, en définitive, seulementAkabah; c’est ainsi que ce lieu est nommé parles Arabeset qu’on le désigne dans les itinéraires modernes de laMecque.» C’est de là que vient également le nom degolfe d’Akabah. Les ruines occupent en forme de buttesde sable et de décombres l’extrémité du golfe et les deuxcôtés du ravin creusé par les eaux. À quarante minutesplus bas se trouvé le village, abrité sous des plantationsde palmiers (d’où peut-être le nom d’Élath) et entourantun château quadrangulaire, de forme oblongue, flanquéd’une tour à chacun des quatre angles. Ce château, oùle vice-roi d’Egypte entretient une petite garnison, n’ad’autre objet que de protéger les pèlerins de la Mecqueet de servir de dépôt aux provisions qui leur sont nécessaires.Tout le long de la côte, devant les palmiers, encreusant avec la main dans le sable, on obtient de l’eauqui, bien qu’à peine séparée de celle de, la mer, est cependantd’une douceur complète, lorsqu’on a soin de jeterle premier écoulement encore mêlé à l’eau salée dont lesable était imprégné. «Ces sources d’une espèce nouvelleexcitent l’étonnement, mais on s’explique leur écoulementen considérant la côte. On voit alors qu’une croûtede sable couvre depuis l’embouchure des vallées la massede rochers qui s’étendent en pente jusqu’au bord de lamer, où ils forment des brisants à marée basse. Lessources des différentes vallées à l’est, ainsi que les pluies, n’ont d’écoulement qu’entre cette superposition de sableet le fond solide; c’est pourquoi elles descendent vers lamer en traversant les plantations de palmiers; elles entretiennentleur végétation, se montrent au même niveaupartout où l’on creuse, soit dans les murs de la forteresse, soit au milieu des palmiers, soit enfin au bord dela mer, où elles sont plus faciles à atteindre.» L. de La-Ijorde, Voyage de l’Arabie Pétrée, in-f°, Paris, 1830, p. 50.
2° Élath apparaît pour la première fois dans le Deutéronome, H, 8, à propos du chemin que suivirent lesHébreux, contournant les montagnes de Séir pour sediriger vers Moab. Elle appartenait alors aux Iduméens.Elle tomba plus tard au pouvoir de David, quand ce roieut conquis le pays d’Édom. Il Reg., viii, 14; III Reg., XI, 15, 16. Son port fut utilisé par Salomon, avec celuid’Asiongaber. C’est de là que partait la flotte du monarque, montée par des marins phéniciens, pour allerà Ophir. III Reg., ix, 26; II Par., viii, 17. Elle prit sansdoute part à la révolte de l’Idumée contre Joram. IV Reg., vm, 20-22. Mais elle fut reconquise par Azarias, qui «larebâtit et la rendit à Juda». IV Reg., xiv, 22; II Par., xxvi, 2. Bientôt après cependant, Rasin, roi de Syrie, s’en empara, en chassa les Juifs, et permit aux Iduméensde l’habiter de nouveau. IV Reg., xvi, 6. II portait ainsiun coup terrible au commerce du royaume de Judaavec l’Orient. Elle disparaît ensuite de l’histoire jusqu’àl’époque romaine, où elle devient une ville frontière, larésidence de la dixième légion, et plus tard le siège d’unévêché. — Cf. Reland, Palxstina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 554-558; Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, 1. 1, p. 169-172; E. Hull, Mount Seir, in-8o, Londres, 1889, p. 71. Voir Asiongaber, t. i, col. 1097.
A. Legendre.
EL-BÉTHEL (hébreu: ’El Bêf-’Êl, «Dieu de Béthel»; Septante: BaifWjX; Vulgate: Domus Dei; les deux versionsgrecque et latine n’ont pas rendu le premier mot’El, «Dieu» ), nom donné par Jacob, Gen. xxxv, 7, àl’autel qu’il érigea à Béthel, à l’endroit où il avait eu lavision de l’échelle mystérieuse qui montait de la terre auciel, Gen., xxviii, 11-17, lors de son retour de Mésopotamie, en exécution du vœn qu’il avait fait à l’époque déson départ, au moment de la vision. Gen., xxviii, 20-22.Cf. Gen., xxxi, 13.
ELCANA. Hébreu: ’Ëlqânâh, «Dieu a créé;» Septante: ’EXxavà. Nom de huit Israélites.
1. ELCANA, lévite, second fils de Coré, de la branchede Caath. Exod., vi, 24. Aser (Asir) et Abiasaph sontdonnés comme ses frères, tandis que dans I Par., vi, 22, 23 (hébreu, 7, 8), Asir, l’alné des fils de Coré, sembleêtre le père d’Elcana, et celui-ci le père d’AbiasaphIly a là une apparente contradiction, qui a été expliquéede deux façons. On bien l’expression de l’Exode: fils deCoré, doit s’entendre au sens large de descendants, etElcana, Abiasaph après Asir seraient, comme dansI Par., vi, 22, 23 (hébreu, 7, 8), non pas ses frères, maisson fils et son petit-fils. li faut avouer cependant qu’il estétrange de voir mentionnés comme vivant à la mêmeépoque les trois familles du père, du fils et du petit-fils.Aussi est-il plus naturel de regarder la liste de l’Exodecomme donnant les vrais fils de Coré, ce qui va bien aucontexte, tandis que dans les Paralipomènes, I Par., VI, 22-28 (hébreu, 7-13), et 33-39 (hébreu, 19-25), on présentela généalogie de Samuel d’une façon plus ou moinscomplète. Alors Elcana de I Par., vi, 22 (hébreu, 8), n’estque I’Elcana du ^. 36 (hébreu, 22), c’est-à-dire un descendantd’Abiasaph, le frère du premier Elcana. Voir P. deBroglie, Les généalogies bibliques, dans Congrès scientifiqueinternational des catholiques, 1888, t. i, p. 143.
2. ELCANA, père du prophète Samuel et fils de Jéroham, d’après la généalogie de I Reg., i, 1, et les deuxgénéalogies de I Par., vi, 27 (hébreu, 12, 13), et ^ ꝟ. 33, 34(hébreu, 19, 20). Ces listes, malgré quelques altérationsde noms ou omissions, peuvent être mises d’accord. Voirde Broglie, Les généalogies bibliques, loc. cit. Il habitaitla montagne d’Ephraim, à Ramathaïm-Sophim. IReg., I, 1. Le même livre des Rois le dit Éphratéen et ne parlepas de sa descendance lévitique. Aussi des critiques modernesont-ils prétendu que l’auteur des Paralipomènesavait imaginé une origine lévitique à Samuel pour justifierle droit d’offrir des sacrifices que le prophète prétendaitavoir. Mais dans ce cas il n’eut pas suffi d’en faireun lévite; il aurait fallu en faire un prêtre descendantd’Âaron. Cf. Ps. xcviii, 6. De plus, «Éphratéen» du livredes Rois peut marquer simplement un habitant d’Éphraïm, et non pas nécessairement un membre de cette tribu.Enfin cette expression peut aussi désigner un hommed’Éphrata, c’est-à-dire Bethléhem, d’où les ancêtres d’Elcanaont pu sortir. Cf. Ruth, i, 2; I Reg., xvil, 12. —Elcana vivait à l’époque du grand prêtre Héli; chaqueannée il se rendait à Silo, pour adorer Dieu et offrir unsacrifice; mais on ne voit pas qu’il ait rempli quelquefonction lévitique, soit qu’il eût passé l’âge de cinquanteans, où l’on cessait d’y être astreint; soit qu’à cette époquetroublée les obligations des lévites fussent tombées endésuétude, jusqu’à la restauration du culte par David.Elcana avait deux femmes: l’une, Anne, qu’il traitaitavec prédilection, était stérile; l’autre, Phénenna, avaitplusieurs enfants. Les prières d’Anne lui obtinrent Samuel.Elcana en remercia Dieu par un sacrifice, I Reg., 1, 19-21, et selon leur promesse ils offrirent l’enfant auSeigneur, ꝟ. 25. Elcana eut encore de sa première femme, Anne, trois fils et deux filles. I Reg., ii, 21. Voir Anne etSamuel.
3. ELCANA, fils de Joël, descendant d’Asir, et par conséquentde Coré par Abiasaph. I Par., VI, 22, 36 (hébreu.8, 18). Voir Elcana. 1.
4. ELCANA, descendant du précédent par Amasai etAchimoth (ou Mahath). I Par., vi, 25, 35 (hébreu, 10, 20).
5. ELCANA, lévite, père d’Asa, habitait "le village deNétophati. I Par., ix, 16.
6. ELCANA, un de ceux qui se rangèrent au parti deDavid à Siceleg. I Par., xii, 6. La Vulgate le dit de Carehim, mais le texte hébreu porte haqqorhim, des Corahitesou fils de Coré. Ce sont des lévites fils de Coréhabitant le territoire de Benjamin. Voir Cauehim.
7. ELCANA, portier de l’arche du temps de David.
I Par., xv, 23. On l’a souvent identifié avec le précédent.Rien ne s’y oppose, mais aussi rien né le prouve.
8. ELCANA, premier ministre d’Achaz, roi de Juda.
II fut tué par un guerrier d’Éphraïm dans la guerre dePhacée, roi d’Israël. II Par., xxviii, 7. E. Levesque.
- ELCÉSI##
ELCÉSI (hébreu: ’ÉlqôS), patrie du prophète Nahum.Nah., i, 1. Ce mot n’apparait qu’en ce seul passage del’Écriture, sous la forme dénominativé, avec l’article, hà-Elqô’si; Septante: ô’EXxeuaïo; ; Codex Sinaiticus: à’EXxaiasô; ; Vulgate: Elcesseus, «PElcéséen» oul’homme d’Elqoâ. Ce n’est donc pas un nom patronymique, comme le prétendent quelques-uns, mais un nomd’origine. Son identification est encore un problème, etelle a donné lieu aux hypothèses suivantes: — 1° Unetradition remontant au xvie siècle place le berceau deNahum à Alqousch, village situé sur la rive orientale duTigre, à une certaine distance de Môssoul, près du monastèrede Rabban Ilormuzd. Il y a là un tombeau, égalementvénéré par les chrétiens, les juifs et les musulmans, et qui passe pour être celui du prophète. Mais lemonument et le bourg n’ont, comme la tradition, riend’ancien. Cette opinion est probablement née de la similitudedes noms et de certains rapprochements entreNahum, qui prophétisa sur Ninive, et Jonas, dont onmontre également le tombeau dans ces parages. D’autrepart, rien n’autorise la supposition d’après laquelle Nahumserait né en Assyrie, de parents déportés en ce pays aprèsla prise de Samarie. Cf. J. Knabenbauer, Cotmnentariusin Prophetas minores, Paris, 1886, t. ii, p. 1-2. —2° D’autres, comme Hitzig et Knobel, croyant retrouverle nom du prophète dans celui de Capharnaùm (KefarNal.iûm, «village de Nahum» ), ont regardé ElqôS commel’antique dénomination de cette ville bien connue dansle Nouveau Testament. Mais si elle est célèbre dansl’Évangile, elle est absolument inconnue dans l’AncienTestament. Puis il n’est pas sur que le second élémentdu nom composé puisse se rapporter à Nahum. On peutrattacher à la même conjecture celle de R. J. Schwarz, Das heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 149, plaçant le tombeau de Nahum à Kefar - Tanhûm ouKefarNahûm, au nord de Tibériade. — 3° Le pseudo-Épiphane, dans son De Vitis prophetarum, t. xliii, col. 409, met Elcési «au delà, c’est-à-dire à l’est du Jourdain, à Bégabar, Bïjfa6ap, de la tribu de Siméon», endroit où Nahum serait mort et aurait été inhumé. Ily a évidemment là une erreur, puisque la tribu de Siméonse trouvait à l’ouest du fleuve. Mais un autre manuscritporte simplement «au delà de Bethabarem, B/iTa6apr, p., de la tribu de Siméon.» Cf. t. xliii, col. 417. Onpense même qu’il faudrait lire Beth-Gabrê. Il s’agiraitalors de Bethogabra, aujourd’hui Beit-Djibrin, l’ancienneÉleuthéropolis, sur les confins de l’ancien paysphilistin. Pourraiton, dans ce cas, reconnaître Elcésidans le lieu ruiné de Qessiyéh, au sud-est de cette ville?C’est une question difficile à trancher. Cf. E. Nestlé, Wo ist der Geburtsort des Propheten Nahum tu s «chen?dans la Zeitschrift des deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. i, 1878, p. 222-225. — 4° La plusancienne hypothèse et jusqu’ici encore la plus plausibleest celle de saint Jérôme, Comment, in Nahum, t. xxv, col, 1232. D’après le saint docteur, Elcési était, de son
temps, un petit village do Galilée, connu des Juifs, etqui lui fut montré à lui-même par un de ses guides.Gesenius, Thésaurus, p. 1211, cherche sans raison àinfirmer ce témoignage. Saint Jérôme ne dit pas qu’ildemanda où se trouvait Elcési, question à laquelle unguide peu consciencieux eût pu répondre en indiquantn’importe quel site; mais que celui qui le conduisait luimontra de lui-même l’emplacement traditionnel, d’ailleursbien connu des fils d’Israël. On croit alors qu’Elqospourrait être identifié avec El-Kôzah, non loin d’Er-Raméh, l’ancienne Ràmah (Vulgate: Arama) de Nephthali.
A. Legendbe.
1. ELCHANAN, Elhanan, guerrier dont la Vulgatea traduit le nom par Adeodatus. II Reg., xxi, 19; I Par., xx, 5. Voir Adéodat.
2. ELCHANAN (hébreu: ’Élhânân, «Dieu fait grâce» [cf. phénicien ]initi ]; Septante: ’EXeavav), un des officierssupérieurs de l’armée de David, cité dans la liste de II Reg. Txxm, 24, et dans le passage parallèle de I Par., xi, 26.Il était de Bethléhem et fils de Dodo, nom propre que laVulgate a pris pour un nom commun, patruus ejus, chaque fois qu’il se présente dans le 1 texte hébreu. VoirDodo. Ce guerrier paraît différent de Elhanan, mentionnéII Reg., xxi, 19; I Par., xx, 5: ce dernier, que la Vulgatenomme Adeodatus (voir ce mot), est dit fils de Jaïr, tandisque le premier est fils de Dodo. On ne pourrait les identifierqu’à la condition de voir dans un des deux noms, Jaïr ou Dodo, le nom du grand-père ou d’un ancêtre. —Nos éditions de la Vulgate modifient légèrement le nomde notre guerrier dans II Reg., xxiii, 24; elles l’appellentÉléhanan, au lieu de Elchanan dans I Par., xi, 26.
E. Levesque.
- ELDAA##
ELDAA (hébreu: ’Éldà’âh, «appelé de Dieu(?);» Septante: "EXSa-fâ; Codex Alexandrinus, @£pya[i.<x; CodexCottonianus, [©]epita(i [a.]; Codex Bodleianus, ’Apayâ, Gen., xxv, 4; ’EXSaêâ; Codex Vaticanus, ’EXXaSâ; CodexAlexandrinus, ’EXSaà, I Par., i, 33), un des fils deMadian, descendant d’Abraham par Céthura. Gen., xxv, 4; I Par., i, 33. Ce nom ethnique n’a pu jusqu’ici être identifié.On l’a rapproché d’un nom de personne, Yedi’a’il, qu’on trouve dans les inscriptions himyarites. Cf. Corpusinscriptionum semiticarum, part, iv, Paris, t. i, 1889, p. 15; Frz. Delitzsch, Genesis, Leipzig, 1887, p. 348. Ona également tenté d’assimiler les deux derniers fils deMadian, Abida et Eldaa, aux deux tribus importantes, Abidah et Ouâda’ah, dans le voisinage des Asirs, populationdes montagnes de l’Hedjàz, sur les confins septentrionauxdu Yémen. Cf. Keil, Genesis, Leipzig, 1878, p. 222.
A. Legendre.
- ELDAD##
ELDAD (hébreu: ’Èldâd, «Dieu aime;» Septante: ’EX818), Israélite qui avait été désigné pour faire partiedes soixante-dix anciens appelés à aider Moïse dans legouvernement du peuple. Mais lorsque le serviteur deDieu fit ranger ces anciens devant le Tabernacle pourque l’Esprit du Seigneur se répandit de lui sur eux, Eldad et Médad se trouvèrent absents. Cependant ils nelaissèrentpas d’être remplis alors de l’Esprit -Saint et deprophétiserau milieu du camp. Comme ils n’avaient pasreçu ce don par l’intermédiaire de Moïse, Josué, croyantl’autorité de son maître intéressée, voulut les empêcherde parler au nom de Dieu. Mais Moïse lui fit cette belleréponse: «Plût à Dieu que tout le peuple prophétisât etfût rempli de l’Esprit d’en haut.» Num., xi, 24-29.
E. Levesque.
- ÉLÉALÉ##
ÉLÉALÉ (hébreu: ’El’âlèh; Septante: ’EXsïXtJ), villede la tribu de Ruben, à l’est du Jourdain, dans une régioariche en pâturages. Num., xxxii, 3, 37. Elle ne restapas toujours dans la possession des Rubénites. Du tempsd’Isaïe, xv, 4; xvi, 9, et de Jérémie, xlvhi, 34, elleappartenait aux Moabites. Ces deux prophètes annoncentles maux qui doivent fondre sur cette ville en mêmetemps que sur ses voisines. Elle n’est aujourd’hui qu’un
vaste monceau de ruines, qui portent le nom arabe deet-'Al, «l'élevée.» C’est une transformation de sonancien nom d'Éléalé, qui faisait probablement aussi allusion à sa situation, sur une montagne de 334 mètresd’altitude, à larges gradins naturels, d’où l’on a une vuetrès étendue sur la plaine de toute la Belka méridionale.Elle était située à environ deux kilomètres d’Hésébon. Dutemps d’Eusèbe, Onomasticon, Berlin, 1862, p. 182, Eléalé était encore une localité importante, mais quelquessiècles après elle fut abandonnée; car, si l’on y trouve lesrestes d’une église et d’une tour byzantine, on n’y découvreaucun reste de construction arabe. On y voit encore despressoirs taillés dans le roc, cf. Is., xvi, 9; Jer., xlviii, 33-34; des murs de maisons hauts de trois à six mètres, de nombreuses savernes taillées dans le calcaire, dontplusieurs servent aujourd’hui d'étables pour les bestiaux, d’abondantes citernes, des débris de colonnes, etc. «Toute [la] montagne, ses flancs et sa base évasée, ainsi que la vallée [profonde] au-dessous sont couvertsd’arbres et d’arbustes. L’humidité qui doit régner longtemps sur ces régions élevées y entretient une végétation abondante pour la contrée.» De Luynes, Voyaged’exploration à la mer Morte, t. i, p. 146. — VoirII. Tristram, The Land of Moab, in-12, Londres, 1873, p. 339-340; The Survey of Eastern Palestine, 1889, t. i, p. 16-19; F. Buhl, Géographie der allen Palàstina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 266.
F. Vigouroux.ÉLÉAZAR. Hébreu: 'Él'àzâr, «Dieu aide;» Septante: 'EXsàÇap. Nom de onze Israélites.
1. ÉLÉAZAR, fils d’Aavon et son successeur commesouverain pontife. Aaron avait eu de sa femme Elisabethquatre fils: Nadab, .Abiu, Éléazar et Ithâmar. Exod. vi, 23; Num., iii, 2. Par le fait de la mort de ses deux frères, Nadab et Abiu, qui ne laissaient point de fils, Num., iii, 4, ilse trouva l’aîné des enfants d' Aaron et par conséquent l’héritier de sa dignité de grand prêtre. Il avait épousé une desfilles de Phutiel, dont il eut Phinées, qui devait plus tardlui succéder dans la suprême sacrificature. Exod., vi, 25.Il reçut en même temps qu' Aaron la consécration sacerdotale des mains de Moïse, avec ses trois frères. Lev., vin; Num., iii, 3. Nous le voyons, Num., iii, 32, honoré du titrede «prince des princes des Lévites, placé à la tête de ceuxqui veillent à la garde du sanctuaire»; et, Num., iv, 16, il est dit que les fils de Caath seront sous ses ordres, quand il faudra envelopper et transporter les vases et lesustensiles sacrés, et qu'à lui sera confié le soin d’entretenir l’huile des lampes, le parfum de composition, lesacrifice perpétuel, l’huile de l’onction, tout ce qui appartient au service du Tabernacle et tous les vases qu’il renferme. — Le nom d'Éléazar revient assez rarement dansle récit sacré jusqu'à son entrée en fonction comme grandprêtre. Après la mort tragique de Nadab et d’Abiu, ilreçut de Moïse, ainsi qu’Aaron et Ithamar, la défense depleurer sur les coupables et l’ordre d’achever le sacrificeinterrompu par cet événement. Lev., x, 1-2, 8, 12-13. Ilencourut dans cette circonstance, avec son père et sonfrère, les reproches de Moïse, parce que, dans le troubleoù cette catastrophe les avait jetés, ils avaient mal exécuté les prescriptions du législateur d’Israël. Lev., x, 16-20. — Nous retrouvons plus tard Eléazar dans l'épisode de la révolte de Goré. Après le châtiment des révoltés, Dieu ordonna qu’il dispersât le feu de leurs encensoirs, dont l’airain, fondu et mis en forme de lames parses soins, serait appliqué par lui à l’autel des holocaustes.Num., xvi, 36-40. Voir Coré, col. 971. Le Seigneur, aprèsavoir confirmé d’une manière éclatante et terrible lesdroits généraux du sacerdoce aaronique, indiquait ainsile droit spécial au souverain pontificat qu’il voulait conférer à Éléazar et à sa descendance. Cf. Num., xxv, 13.Bientôt après, il donna encore aux enfants d’Israël uneautre marque de la prééminence du futur successeur
d’Aaron. Il régla que, pour mettre le grand prêtre à l’abride la souillure légale résultant de l’immolation de la vacherousse, Num., XIX, 7, ce serait Éléazar qui immolerait cetanimal, ferait avec son sang sept aspersions sur les portesdu Tabernacle et enfin le livrerait aux flammes. Num., xix, 1-7. — Ce fut apparemment peu de temps après l’institution de ce rite qu’arriva la mort d’Aaron. Sur le sommetdu mont Hor, où il était monté par ordre de Dieu, Aaronfut, avant d’expirer, dépouillé de ses vêtements sacerdotaux par Moïse, et celui-ci en revêtit aussitôt Éléazar ensigne de l’investiture de la charge de grand prêtre, qu’ilallait désormais exercer. Voir Aaron, t. i, col. 8.
Dans la seconde période de la vie d'Éléazar, qui commence ici, non plus d’ailleurs que dans la première, nousne trouvons aucun trait personnel, comme on en rencontre dans l’histoire de son père Aaron ou de son filsPhinées. Tout ce que l'Écriture nous raconte de lui serapporte exclusivement à ses fonctions et aux faits auxquels sa dignité l’appelait à prendre part. C’est d’abordl’ordre qu’il reçoit, conjointement avec Moïse, de procéder au recensement du peuple après le châtiment desIsraélites prévaricateurs. Num., xxvi, 1-63. Plus tard, les filles de Salphaad adressent à Éléazar, à Moïse et auxanciens leur requête concernant l’héritage de leur père, mort sans enfants mâles. Num., xxv, 1-3. Peu après lerèglement de cette affaire, Moïse, averti par Dieu de samort prochaine, amena, selon les prescriptions divines, Josué son successeur à Eléazar. Cette présentation eutlieu en présence de tout le peuple, que son nouveau chefdevait conduire d’après les instructions que le Seigneurdonnerait en réponse à la consultation faite par le grandprêtre. Num., xxvii, 12-23. Dans l’intervalle entre cedernier fait et la mort de Moïse, Éléazar nous apparaîtencore associé à celui-ci dans quelques circonstancesmentionnées au livre des Nombres. La première est larépartition, après la défaite de Madian, du butin qui leurest amené, et dont une partie déterminée est prélevéecomme prémices à offrir à Dieu. Num., xxxi, 12-54. Laseconde est la demande des terres situées au delà duJourdain par les tribus de Gad et de Ruben, xxxil, 1-2, au sujet de laquelle il reçoit avec Josué les instructionsde Moïse. Num., xxxii, 28-33. Enfin en ce qui concerne lepays en deçà du Jourdain, dont le partage ne devait êtrefait que plus tard, Dieu désigna à Moïse Éléazar pour êtreplacé avec Josué à la tête des répartiteurs, désignés aussipar leurs noms, et qui étaient les chefs de leurs tribusrespectives. Num., xxxiv, 16-29. Ce partage eut lieu enconséquence, quand le moment fut venu, sous la direction du grand prêtre Éléazar et de Josué, et par la voiedu sort, comme Dieu l’avait prescrit. Jos., xiv, 1-2, cf. xix, 51. — C’est le dernier renseignement que la Biblenous donne sur Éléazar. Sa mort est mentionnée à la findu livre de Josué: «Éléazar, fils d’Aaron, dit l'écrivainsacré, mourut aussi, et on l’ensevelit à Gabaath, [ville]de Phinées, son (ils, qui lui fut donnée en la montagned'Éphraïm.» Jos., xxiv, 33. Il eut pour successeur dansla charge de grand prêtre son fils Phinées. Num., xxv, 13.
E. Palis.
2. ÉLÉAZAR, fils d’Aminadab. Quand l’arche du Seigneur, renvoyée par les Philistins, fut portée dans lamaison de son père, sur la colline (hag-gib'âh; Septante: ev tù Pouvû; Vulgate: Gabaa) de Cariathiarim, Éléazar fut chargé de la garder. I Reg., vii, 1. Le textedit qu’il fut consacré, c’est-à-dire exclusivement appliquéà cette fonction. Probablement il était lévite, bien quele texte n’en dise rien: au moins rien ne s’y oppose, etJosèphe, Ant.jud., VI, I, 4, lui donne cette qualité.
3. ÉLÉAZAR, fils de Dodo l’Ahohite, c’est-à-dire descendant d’Ahoë, dans la tribu de Benjamin. II Reg., xxill, 9; I Par., viii, 4. Il est compté parmi les troisgibbôrini ou vaillants guerriers qui se trouvaient avecDavid à Éphesdammim, dans la guerre contre les Philis
tins. II Reg., xxiii, 9; I Par., xi, 12-13. Il tint longtempstète à l’ennemi et en fit un tel carnage, que sa main seraidit par une contraction nerveuse et resta attachée àson épée. II Reg., xxiii, 10. Dans I Par., xi, 13, l’auteurracontait les mêmes exploits; mais, par la faute d’uncopiste, un verset et demi a été omis. Après le début quiconcerne Éléazar, I Par., XI, 13*, et qui correspond auꝟ. 9 de II Reg., xxiii, le texte des Paralipomènes passeaux exploits de Semma, ꝟ. I3 b, qui correspond à ll b deIl Reg., xxm. On pourrait croire d’après la Vulgate, II Reg., xxiii, 13, qu’Éléazar faisait aussi partie des troisbraves qui allèrent puiser de l’eau pour David dans laciterne de Bethléhem, en passant parle camp des Philistins, et c’est aussi l’opinion de Josèphe, Ant. jud., VII, xii, 3; mais le texte original donne plutôt à entendre que cestrois braves, t- 13, sont différents des précédents, ꝟ. 8-12, et font partie des trente dont la suite du chapitre donneles noms. ꝟ. 23-39. Éléazar était chef de la garde royalependant le second mois, comme le suppose I Par., xxvii, 4, restitué d’après xi, 12. Voir DODO 3.
4. ÉLÉAZAR, fils de Moholi et frère de Cis. Il n’eutpas de fils, mais seulement des filles, qui se marièrentselon la loi, Num., xxxvi, 6-9, à leurs cousins-germains, les fils de Cis. I Par., xxiii, 21, 22; xxiv, 28.
5. ÉLÉAZAR, fils de Phinées. Il fut un des léviteschargés par Esdras de vérifier le poids de l’or, de l’argent «t des vases apportés de Babylone. I Esdr., viii, 33.
6. ÉLÉAZAR, Israélite, fils de Pharos, qui répudia lafemme étrangère qu’il avait prise pendant la captivitécontre la loi. La Vulgate le nomme Éliézer. I Esdr., x, 25.
7. ÉLÉAZAR, prêtre qui prit part à la fête de la consécrationsolennelle des murs de Jérusalem sous Néhémie.II Esdr., xii, 42.
8. ÉLÉAZAR (’EXsâÇap, quelques manuscrits’EXsàîapo; ), quatrième fils de Mathathias et frère de JudasMachabée. I Mach., ii, 5. La Vulgate lui donne le surnomd’Abaron, qui n’est que la transcription du grec, Aûapàv. I Mach., Il, 5; Josèphe, Ant. jud., XII, vi, 1; IX, 4, AOpiv. Dans I Mach., VI, 43, il est appelé dans lelatin fdius Saura: c’est la traduction de la leçon desSeptante, 6 Savatpiv, qu’on a interprété comme s’il yavait 4 tov Savapâv. Cette lecture dés Septante paraitprovenir d’une leçon’EXs<i£(xpo «Aùapàv, dans laquellela terminaison o; a été séparée du premier nom et prisepour l’article 6, avec la lettre ç rattachée au mot suivant.Aussi certains manuscrits ont simplement: ’EXeâÇapAùapxv. Le sens de ce surnom (Aùapâv, Abaron) n’apu encore être déterminé avec certitude: on l’a rattachéà la racine hâvar, guidé en cela par la version syriaque, qui porte ffavron; ce qui donnerait pin, «celui qui
frappe un animal par derrière.» J. D. Michaëlis, Supplémentsad lexica hebraica, t. i, p. 696. C’est uneallusion à l’exploit d’Éléazar. Pendant qu’Antiochus Eupatorassiégeait Bethsur, dans une sortie, Éléazar, apercevantun éléphant plus grand que les autres et plusrichement harnaché, crut qu’il devait être monté par leroi. Alors, dans le dessein de délivrer son peuple et dese faire un nom immortel, il se fit jour à travers lesennemis, se glissa sous l’animal et le frappa de son épée; . mais l’énorme bête en tombant l’écrasa sous son poids.I Mach., vi, 43-46: Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 4; Bell, jud., i, I, 5. Dans ce dernier endroit, l’historien juif, regardant comme erronée l’idée d’Éléazar, s’efforce sanssuccès de montrer que cet éléphant n’appartenait pasau roi, mais à un simple particulier, et que l’acte de cehéros n’était qu’un acte de bravoure, qui ne pouvaiten rien contribuer au salut de la Judée. Dans un combatantirieur, livré près d’Emmaus, contre Nicanor, Eléazar
(Vulgate: Esdras) fut chargé de lire avant le combat unpassage des Livres Saints, afin d’enflammer les courages.Cf. Deut., xx, 6, et xxviii, 1. Puis on donna pour motd’ordre «le secours de Dieu», c’est-à-dire le nom d’Éléazar.II Mach., viii, 23; cf. I Mach., iv, 3.
9. ÉLÉAZAR, père de Jason. I Mach., viii, 17. Ce dernierfut un des ambassadeurs que Judas Machabée envoyaà Rome pour contracter alliance. On a prétendu, maissans raison positive, que cet Éléazar était le même quele frère de Judas.
-10. ÉLÉAZAR, célèbre scribe ou docteur de la loi, qui souffrit le martyre dans la persécution d’Anliochus IVÉpiphane, à l’âge de quatre-vingt-dix ans. II Mach., VI, 18-31; cf. I Mach., i, 57-63. On voulut le forcer demanger de la chair de porc, aliment impur défendu parla loi, Lev., xi, 7; mais le vieillard préféra la mort. Ilcracha même le morceau de viande qu’on lui avait misde force dans la bouche. ^. 20 (grec). On lui fit subir lesupplice du tympanum. ꝟ. 19 (grec). Pour le sauver, sesamis lui proposèrent de faire apporter des viandes permises, pour feindre d’avoir mangé les viandes défendues.Mais il s’y refusa, protestant qu’il ne voulait pas par cettelâche simulation déshonorer sa longue vie et donner lemauvais exemple aux jeunes. Du reste, que gagnerait-ilà sauver ainsi sa vie, puisqu’il n’échapperait pas au jugementde Dieu? ꝟ. 21-28. Cette fermeté irrita ses bourreaux; mais lui supporta tout dans la crainte d’offenserDieu, laissant au peuple un grand exemple de courageet de vertu, y. 29-31. Josèphe, De Mach., 5-7, dit quececi eut lieu en présence d’Anliochus lui-même, et ilajoute plusieurs circonstances sur la mort d’Éléazar, comme des détails sur les tourments du tympanum, ledéchirement du corps avec des instruments de fer et lesupplice du feu. D’après lui aussi. De Mach., 5, et d’aprèsle IVe livre des Machabées, v, 3, Éléazar aurait été prêtre; mais le texte du IIe livre des Machabées, VI, 18, qui enfait expressément un scribe, sans dire qu’il fût un prêtre, porte à croire que cette indication n’a pas une valeurhistorique. Encore moins peut-on dire avec Joseph Gorion, Hist. Judœor., iii, 2 et 4, in-4°, 1706, qu’il futgrand prêtre et qu’il fit parlie des soixante-dix interprètesde la version grecque, ce qui ne s’appuie suraucun témoignage ancien. Lesauteurs sont partagés surla question de savoir si ce fut à Jérusalem ou à Antiochequ’il souffrit le martyre. Plus généralement on le placeau même lieu que les sept frères Machabées, par conséquentdans cette dernière ville.
11. ÉLÉAZAR, fils d’Éliud et père de Mathan, dansla généalogie de saint Joseph donnée par saint Matthieu, i, 15. Il est d’ailleurs inconnu. E. Levesque.
- ÉLECTA##
ÉLECTA (grec: ’ExXex-ri)), destinataire de la secondeÉpitre de saint Jean. II Joa., 1. Dès l’antiquité on s’estdemandé si ce nom désignait une personne ou une Église, et la question a été résolue en des sens très divers.1° Pour ceux qui ont pensé qu’il s’agissait d’une personne, les uns, comme la Vulgate clémentine, probablement, et comme Nicolas de Lyre, dans Biblia cumg’.ossa ordinaria, in-f°, Anvers, 1634, t. VI, col. 1421; Wetstein, Novum Testamentum grxce, in-4°, Amsterdam, 1752, t. ii, p. 729, etc., croient qu’elle s’appelait’ExXsxtt); mais il n’est guère vraisemblable qu"ExXsxtT, soit un nom propre, puisque au ꝟ. 13 saint Jean donnele même nom à sa sœur. D’autres auteurs, commel’auteur de la Synopsis Scripturee Sacræ, Patr. gr., t. xxviii, col. 409, et plusieurs modernes (H. Poggel, Derzweite und dritte Brief des Johannes, in-8°, Paderborn, 1896, p. 127-132), lui donnent le nom de Kupt’a(cf. araméen: wip, Marfà’, Domina). Sans doute on
trouve Kupia employé chez les Grecs comme nom propre,
mais il devrait y avoir dans l’adresse: Kupîa ri) èxXexTîj; puis., au ꝟ. 5, ce nom paraît un titre plutôt qu’un nom.Aussi d’autres exégètes, comme Cornélius a Lapide, Comm. in Epist. canon., édit. Vives, t. XX, p. 633, pensent que le nom propre n’est pas exprimé, et quel’adresse porte seulement:» à la dame élue.» Cet exégèteva même jusqu’à rapporter, d’après la Chronique deLucius Dexter, une tradition qui lui donnait le nom deDrusia ou Drusiana. Il est bien difficile de croire qu’ils’agit d’une personne privée, quand on voit l’apôtreemployer des expressions comme celles-ci: Tous ceuxqui connaissent la vérité aiment ses enfants comme luiles aime; «Je te prie, xjpîa, domina, que nous nousaimions les uns les autres,» jfr. 5; et «J’ai trouvé de tes filsqui marchent dans la vérité», j>. 4, quelques versetsaprès s’être adressé à elle et à ses enfants. — 2° Ces difficultésont amené de nombreux interprètes à penser quesaint Jean avait désigné une Église. Saint Jérôme, Ep. cxxm ad Ageruchiam, t. xxii, col. 1053, sembleavoir en vue l’Église universelle. Mais plus communément, et avec raison, on entend une Église particulière. Cassiodore, Complex. in Epist. Aposl., t. lxx, col. 1373; Serarius, Prolegomena biblica et comm. in Epist. canon., in-f°, 1704, p. 99. L’apôtre s’adresse à une Église qu’ilappelle l’élue, et lui envoie en terminant des salutationsde la part des membres d’une autre Église, qu’il nommesa sœur l’élue. De plus.l’Église, comme épouse duSeigneur, Kupîo; , peut bien porter le titre de Kupîa, domina. Quant au nom d’ «élue» donné à une Église, ne trouvons-nous pas dans saint Ignace, Ep. ad Trait., t. v, col. 673, la même expression? On peut compareraussi la façon dont saint Pierre, v, 13, nomme l’Églisede Rome: y] èv BaëuXôm (TUvExXexT^. Cf. êxXextoi; , I, 1. Tout porte à croire que «l’élue», èx^sxt^, dontparle saint Jean est «une Église personnifiée sous lafigure d’une femme, avec les enfants qu’elle a mis aumonde pour le Seigneur. Cette forme de langage est toutà fait en harmonie avec le style de saint Jean». H. deValroger, Introduction historique et critique au NouveauTestament, in-8°, Paris, 1861, t. ii, p. 410. Quelle estcette Église? On a mis en avant Corinthe, Borne, Jérusalem, sans raison valable; la lettre de saint Jeans’adresse probablement à une des Églises de l’Asie Mineure.Cf. uornely, Introductio specialis in N. T. libros, in-8°, Paris, 1886, p. 682-683. E. Levesque.
- ÉLECTION##
ÉLECTION, choix qu’on fait de quelqu’un pour luiconfier certaines fonctions importantes. En hébreu, le verbebâhar, qui signifie «choisir» et «élire», désigne ordinairementla mise à part d’un homme ou d’un objet, à raison de leurs qualités émineiites. Aussi le substantiftnibhar, «élection,» se prend-il toujours dans le sensconcret de «chose de choix, chose excellente.» Il fautdistinguer l’élection divine et l’élection par le peuple.. I. Élection divine. — Comme les Hébreux sont soumisau régime théocratique, c’est Dieu qui élit directementles hommes qu’il veut mettre à la tête de son peuple, Moïse, Ps. cvi (cv), 23; Saùl, II Reg., xxr, 6; le Messie, Is., xlii, 1, etc. Chacun d’eux est alors un bâhir, èX^x-réç, electus. De même, sous la Loi nouvelle, Notre-Seigneurfait en personne l’élection de ses Apôtres. Luc, VI, 13; Joa., VI, 71; xiii, 18; xv, 16; Act., i, 2. L’appel à la viesurnaturelle et au salut est également appelé «élection», ixXoyri, electio. Rom., xi, 5, 7, 28; I Thess., i, 4; il Petr., i, 10. Le nom d’ «élus», èxXexroi, est donné àceux qui obéissent sur la terre à cet appel, Matth., xx, 16; xxii, 14; xxiv, 22, 24, 31; Rom., viii, 33; Col., iii, 12; II Thess., ii, 12; II Tim., ii, 10; I Petr., i, 1; ii,?; Àpoc, xvii, 14, et à ceux qui, en conséquence de leur fidélité, parviennent à la gloire éternelle. Voir Élu. Saint Paul, Rom., viii, 28-34, justifie ce mot d’ «élection» en montrantque toute prédestination, comme toute glorification, vient de Dieu. Voir Prédestination.
II. Élection par le peuple. — 1° Dans l’Ancien Testament, on ne voit guère en usage l’élection populaireproprement dite. Saùl, le premier roi, est désigné directementpar le Seigneur, I Reg., IX, 17, bien que lesanciens du peuple aient pris l’initiative dé l’établissementde la royauté. I Reg., viii, 5, 18. Mais plus tard, mêmequand David a été choisi par le Seigneur, I Reg., XVI, 12>les tribus rassemblées à Hébron confirment son élection, II Reg., v, 1-3, et ensuite les anciens de Juda la ratifientde nouveau après la révolte d’Absalom. II Reg., xix, 11-14. Les rois suivants se succèdent ordinairementpar voie d’hérédité; mais assez souvent c’est la violencequi se substitue au droit, et dans le royaume d’Israëlplusieurs rois ne sont que des usurpateurs. — 2° Dansle Nouveau Testament, les Apôtres préparent par voied’élection la désignation du successeur de Judas. JosephBarsabas et Mathias sont élus parmi les disciples; maisc’est au Seigneur qu’est réservé le choix définitif entreces deux candidats. Act., i, 23-26. — Les sept premiersdiacres sont élus par l’assemblée des fidèles et présentésaux Apôtres, qui leur confèrent l’ordre et la mission enleur imposant les mains. Act., vi, 5, 6. — L’assembléede Jérusalem, composée des Apôtres, des anciens et desfidèles, élit Judas Barsabas et Silas pour accompagnerPaul et Barnabe à Antioche. Act., xv, 22, 25. Ces deux derniersexemples montrent l’élection en usage pour désignerdes hommes auxquels doivent être confiées des missionsspéciales. Mais on ne la voit jamais employée pour la désignation
des pasteurs de l’Église.
H. Lesêtre.
- ÉLECTRUM##
ÉLECTRUM (hébreu: haSmal; Septante: fy.exxpov), expression latine, calquée sur le grec?, Xexrpov, qui aservi à désigner l’ambre jaune, un alliage d’or et d’argentet même, dans la basse latinité, l’émail. Ce mot selit dans les Septante et la Vulgate pour rendre le termehébreu hasmal, qui se rencontre seulement dans deuxchapitres d Ézéchiel. Dans la vision dite des chérubins, le prophète aperçoit d’abord dans le lointain s’avancervers lui une nuée sombre, et, au milieu de la nuée etprojetant son éclat sur elle, un globe de feu, au centreduquel brillait comme l’éclat du hasmal. Ezech., i, 4.Quand la vision, rapprochée de lui, se laissa voir dans sesdétails, Ézéchiel remarqua comme une sorte de firmamentd’un éclat éblouissant étendu sur la tête des chérubins, et au-dessus un trône de saphir, occupé par uneapparence d’homme. J. 26. Au verset suivant et au chapitrevm, 2, il décrit ainsi ce personnage: Depuis lesreins jusqu’en bas, on aurait dit l’aspect du feu, dontl’éclat rejaillissait tout autour, et depuis les reins jusqu’enhaut, on apercevait quelque chose de plus éclatant encore, comme l’aspect du haSmal. Sur la nature de ce hasmaltrois opinions ont été émises.
1° Quelques commentateurs ont pensé qu’il s’agissaitde l’ambre jaune ou succin. Il est certain que les Grecsdu Ve et iv «siècle avant J.-C. donnaient à l’ambre le nomd’i^ExTpov, et que c’était même alors la signification laplus usitée de ce mot. Cette substance était bien connue, car on a trouvé dans de nombreux tombeaux antiquesde la Grèce et de l’Italie des colliers en grainsd’ambre et divers objets ornés avec cette substance servantde matière incrustante. En particulier, on a rencontréen Étrurie l’ambre mêlé à des objets d’importationphénicienne ou carthaginoise. Saglio, . Dictionnairedes antiquités grecques et romaines, in-4°, Paris, 1892, t. ii, p. 534. De plus, M. Oppert, L’ambre jaune chezles Assyriens, dans le Recueil de travaux relatifs à laphilologie égyptienne et assyrienne, t. ii, 1880, p. 33, croit pouvoir lire le nom de l’ambre dans une inscriptioncunéiforme; mais cette lecture a été contestée, et jusqu’iciles fouilles de Chaldée ou d’Assyrie n’ont jamaisdécouvert le moindre morceau de cette substance. G. Perrot, Histoire de Vart, t. ii, p. 768-769. Cette raison nepermet guère d’identifier le haSnial avec l’ambre, bien
que le contexte ne s’y oppose pas: on dit, en effet, quele buste du personnage de la vision était non pas enffaSmal, mais avait l’aspect, c’est-à-dire le reflet, la couleurdu hasmal. Voir Ambre, t. i, col. 449.
2o La plupart des exégètes et des philologues voientdans le hasmal un alliage d’or et d’argent, bien connudes anciens. Il avait été remarqué à l’état natif en beaucoupde mines d’or, particulièrement en Lydie. Sophocle, Antigone, 1038; Pline, H. N., xxxiii, 23; F. Lenormant, La monnaie dans l’antiquité, t. i, p. 192. On l’obtenaitaussi artificiellement, en mélangeant quatre parties d’orcontre une d’argent. Sa couleur varie du jaune clair aublanc légèrement jaunâtre, selon que la proportion d’argentaugmente. Son éclat est plus vif aux lumières quel’argent, dit Pline, H. N., xxxiii, 23, propriété que reconnaîtsaint Grégoire, Homil. in Ezech., 1. i, hom. ii, 14, t. lxxvi, col. 801. Dans les fouilles de Troie, Schliemann, Ilios, trad. franc., p. 594, a trouvé une petite couped’électrum d’un blanc étincelant à l’intérieur comme à l’extérieur.— L’électrum métallique était connu des Égyp, asem, asemu,
tiens; il se nommait A*», T’nom qui a beaucoup d’analogie avec fyaSmal. «n (heth)se change souvent avec N (aleph), qui répond exactement
à l’a, I, des hiéroglyphes; quant à S (lamed), c’est un
suffixe nominal assez employé à former, par exemple, desdiminutifs.» Lepsius, Les métaux dans les inscriptionségyptiennes, trad. Berend, in-4o, Paris, 1877, p. 13.Comme l’or, l’électrum venait en grande partie de Syrie,
/SN
a
6a. — Ëlectrum on poudre et en anneaux. Tombeau de Rekhmara.
en briques, en anneaux (fig. 544); il servait entre autresusages à recouvrirles portes des temples, les pyramidionsd’obélisques, etc. Les obélisques de la reine Hatasou, àKarnak, étaient bardés d’électrum. «On les apercevaitdes deux rives du Nil, et ils inondaient les deux Egyptesde leurs reflets éblouissants, quand le soleil se levaitentre eux, comme il se lève à l’horizon du ciel.» G. Maspero, L’archéologie égyptienne, in-8o, Paris, 1887, p. 297; Histoire ancienne, in-i°, t. ii, 1897, p. 244. — La Chaldéeet l’Assyrie n’ignoraient pas non plus cet alliage. Lesannales de Thothmès, à Karnak, Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, pi. 32, lig. 14, 33, signalent des chariots recouvertsde ce métal, qu’il avait enlevés aux Assyriens. Lenom même paraît avoir été retrouvé. Après la prise deSuse, Assurbanipal emporta de cette ville de l’or, de l’argentet des eS-ma-ru-u êbbu. Le mot eSmarû, qui serapproche beaucoup de halmal, d’après Frd. Delitzsch, Spécimen glossarii EzechielicoBabylonici, pi. xii, dansla Bible hébraïque de Bær, Liber Ezechielis; in-8o, Leipzig, 1884, paraît être un métal d’une blancheur éclatante, l’emportant par cet éclat sur la lueur rougeâtre du feu.
— L’emploi de l’électrum en Egypte et en Assyrie estdonc suffisamment établi. Et à ce titre les Septante n’ontpas eu tort de rendre le fyasmal d’Ézéchiel par TJXexTpov, qui avait certainement en grec, à l’époque où ils ont faitleur traduction, le sens d’alliage d’or et d’argent. Sansdoute on a expliqué en des sens très divers l’îjXexTpovdont parle Homère, Odyss., iv, 71; cependant sa placeentre l’or et l’argent s’explique tout naturellement dansl’hypothèse d’un alliage de ces deux métaux, plus estiméque l’argent. Pline, H. N., xxxiii, 23. En tout cas, Sophocle, par l’îîXexTpo; de Sardes, entend bien un alliagenalif d’or et d’argent, qui existait.en grande abondanceen Lydie, dans les sables du Pactole. De ce pays, Crésus
pouvait envoyer au temple de Delphes cent treize lingotsd’électrum ou or blanc contre quatre seulement d’or pur.Hérodote, I, 50. On utilisait cet alliage dans les travauxde bijouterie, d’orfèvrerie, comme bracelets, colliers, vases, coupes; ou simplement on ornait ces objets dereliefs dont la couleur plus blanche tranchait sur lejaune de l’or. — Tout se prête parfaitement à la significationd’alliage d’or et d’argent donnée au tfosmal d’Ézéchiel.Le personnage qui lui apparaît sur le trône de saphira donc la partie inférieure du corps semblable à laflamme rougeâtre, et la partie supérieure comme laflamme blanche, comme l’aspect blanc jaunâtre de l’électrum.Cf. le personnage du disque ailé dans V. Place, Ninive et l’Assyrie, t. iii, pi. 21. — Bochart, Hierozoicon, Opéra, Leyde, 1692, t. iii, col. 870-888, dans salongue et savante dissertation sur le htaSmal, montre bienque c’est un métal; mais, sur une étymologie peu fondée, il s’arrête à un alliage de cuivre et d’or, l’aurichalcum.Cependant d’après Pline, H. N., xxxiii, 23; Pausanias, V, xii, 6, et de nombreuses autorités qu’il cite lui-même, l’électrum était certainement un alliage d’or et d’argent.3o Plus récemment quelques auteurs ont cru pouvoiridentifier le hasmal et rîjXEXTpov des Septante avec l’émail.On a plusieurs fois même rattaché comme étymologie lemot émail au nom hébreu. Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 233, note 1.Quoi qu’il en soit de cette étymologie, il est certain qu’aumoyen âge on s’est servi du mot ëlectrum pour désignerl’émail. Berthelot, Un chapitre de l’histoire des sciences, dans la Bévue des Deux Mondes, 1er sept. 1892, p. 54.Mais en était-il de même du mot ëlectrum chez les Latinset surtout de l’ijXexTpov des Septante? Dans ses Recherchessur la peinture en émail dans l’antiquité, in-4o, Paris, 1856, p. 77-92, J. Labarte le prétend. F. de Lasteyrie soutientle contraire: L’électrum des anciens était-il de l’émail?Dissertation sous forme de réponse à M. JulesLabarte, in-S", Paris, 1857. Sans doute les Assyriens etles Chaldéens ont connu l’émail; ils ont orné leurs palaisd’émaux aux couleurs vives et éclatantes, représentantdes personnages, des scènes diverses, qui ont dû vivementfrapper les yeux des Hébreux captifs. Ézéchiel, auchapitre xxiii, , 14-16, paraît bien les avoir en vue. VoirÉmail. C’est ce qui a incliné plusieurs exégètes à voirl’émail dans le #aS» iaî. Cf. Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, t. iv, p. 233-237. On objecte quele contexte paraît difficilement permettre cette identification.Ézéchiel, viii, 2, indique une différence d’aspectentre la partie supérieure du personnage et la partie inférieure: celle-ci avait l’aspect rougeâtre du feu, celle-làl’aspect du haSmal. Or ce serait désigner cette différenced’une manière bien vague que de la comparer à l’émail, celui-ci n’ayant par lui-même aucune couleur spéciale.On ne pourrait voir l’émail dans le haSmal qu’à la conditionque ce mot désigne un émail spécial, soit l’émailblanc, soit l’émail polychrome, ou bien encore si le prophèteentendait l’éclat fixe de l’émail en opposition aumouvement de la flamme. E. Levesque.
- ÉLÉHANAN##
ÉLÉHANAN, guerrier, II Reg., xxiii, 24, dont le vrainom est Elchanan. I Par., xi, 26. Voir Elchanan 2.
EL-ELOHÉ-ISRAEL (hébreu: ’El’Ëlohê-Jsrâ’êl, «Dieu, Dieu d’Israël»; Septante: ô ©eôç’Iopai]X; Vulgate: Fortissimus Deux Israël), nom donné par Jacob à l’autelqu’il érigea près de Sichem, dans le champ qu’il achetaaux fils d’Hémor. Gen., xxxiii, 20. «Et il éleva là unautel, dit le texte hébreu, et il l’appela (vayyiqrâ’) El-ÉlohéIsraël,» ce que la Vulgate traduit, en donnantun autre sens â vayyiqrâ: «Ayant érigé là un autel, il y invoqua le Dieu très fort d’Israël.» Jacob érigea sansdoute cet autel et lui donna ce nom en mémoire de lalutte qu’il venait de soutenir contre l’ange et des parolesqu’il lui avait dites: «Ton nom ne sera plus Jacob, mais
Israël, parce que tu as été le plus fort en luttant avecDieu et avec les hommes.» Gen., xxxii, 28.
- ÉLÉMENTS##
ÉLÉMENTS (grec: otor/et*; Vulgate: elementa), principes d’où ont été formées toutes choses. Ce motvient de <rrot x»; , «ordre, série,» parce qu’il désigne cequi sert à mettre en ordre. Les philosophes grecs, et, à leur suite, l’école juive d’Alexandrie, admettaient quatreéléments: la terre, l’eau, l’air et le feu. TeTrôcptov 6’vttovotoi^sîcov, dit Philon, sÇ wv à *6<t(j.o; eruvéuTrptE,-fîi; , ûSatoç, àépoç, icupâç. De Incorr. mundi, 21, Londres, 1742’, t. ii, p. 508. Cf. Josèphe, Ant. jud., III, vii, 7.L’auteur de la Sagesse, vii, 17; xix, 17, et S. Pierre, H Petr., iii, 10, 12, emploient le mot orotxsïa, elementa, dans ce sens. — S. Paul s’est servi du mot atot^eîa dansune acception différente et dont la signification précisea donné lieu à beaucoup de discussions, «Quand nous
jonction vav, «et,» n’existe pas entre les deux, on a pusupposer, en effet, qu’il n’y avait là qu’une seule ville; mais alors le chiffre de «quatorze» ne serait plus justepour les cités de ce second groupe, et puis l’omission duvav se remarque dans d’autres énumérations entre deslocalités parfaitement distinctes, par exemple, entre’Ên-Gannimet Tappûafy, Jos., xv, 31; ’Adullâm et Sôkôh, Jos., XV, 34, etc. Enfin la Peschito a mis ici, on ne saitpourquoi, Gebîro, au lieu de Hâ-’Éléf. — Dans l’énumérationde Josué, xviii, 21-28, cette ville fait partiedu groupe qui s’étend à l’ouest et au sud de la tribu.Elle précède immédiatement Jébus ou Jérusalem. C’estpour cela que les explorateurs anglais croient la reconnaîtredans Lifta, à peu de distance au nord-ouest decette dernière. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. III, p. 47; G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and vlaces in the Old and New Testâtes. — L’éléphant d’Asie.
étions enfants, dit-il, Gal., iv, 3, nous étions asservisaux éléments du monde», Creb zi aroixeîa toû xôafiou, Ces éléments, selon l’explication de Tertullien, Adv. Marcion., v, 19, t. ii, col. 521, sont les premiers éléments, lesprincipes des connaissances, l’enseignement élémentaire, rudimentaire: «Secundum elementa mundi, non secundumcælum et terram docens, sed secundum litterassseculorum.» De même, Gal., iv, 9 et Col., ii, 8. DansIleb., v, 12, rudiments de l’enseignement divin. VoirE. Schaubach, Comment. quæxponiturquid<TTor%tïi.To: jxierfiou in Novo Testamento sibi velint, Meiningen, 1862.
- ÉLEPH##
ÉLEPH (hébreu: Hà-’Éléf, avec l’article; Septante: Codex Alexandrinus, SeXaXÉip; omis par le Codex Vaticanus), ville de la tribu de Benjamin, mentionnée uneseule fois dans l’Écriture. Jos., xviii, 28. Le nom estdiversement interprété et différemment rendu par lesversions. Quelques auteurs le traduisent par «le bœuf», et j voient une allusion aux occupations pastorales deshabitants. D’autres lui attribuent le sens numérique, «mille,» qui indiquerait une nombreuse population. LesSeptante, d’après le manuscrit alexandrin, ont uni Élephau mot précédent Se’fa, ’d’où SeXaXI?. Comme la conment, Londres, 1889, p. 56. Bien qu’il n’y ait que peu derapport entre les deux noms, la position peut s’accorderavec les données du texte. Nous n’avons là cependantqu’une conjecture. Voir Benjamin 4, t. i, col. 1589.
A. Legendre.
- ÉLÉPHANT##
ÉLÉPHANT (Septante: êXéipaç; Vulgate: elephas, elephantus).
I. Histoire naturelle. — L’éléphant est un grandmammifère terrestre, de l’ordre des proboscidiens(tig. 545). Il est caractérisé tout d’abord par sa masse, mais aussi par sa trompe et par ses défenses. La trompen’est autre chose qu’un prolongement nasal, terminépar l’ouverture des narines. Elle sert à l’animal pourflairer les objets, les saisir et les porter à la bouche.Elle peut puiser l’eau, que deux valves cartilagineuses, placées à la base intérieure de l’appendice, empêchent depénétrer dans les fosses nasales. Elle constitue aussi unepuissante arme offensive et défensive, à l’aide de laquellel’éléphant saisit ses ennemis, les projette en l’air ou lesmet sous ses larges pieds pour les écraser. Les défensesne sont que des incisives qui peuvent atteindre jusqu’àdeux mètres et demi de longueur et peser de cinquanteà soixante kilogrammes. Elles protègent la trompe eu
l’abritant contre les arbustes épineux â traversles forêts, mais surtout assurent à l’animal une supériorité terribledans la lutte contre ses ennemis. La matière dont ellessont formées est précieuse et recherchée. Voir Ivoire.Les molaires de l’éléphant sont appropriées au régimevégétal. Elles se composent de lames osseuses enveloppéesd’émail et reliées par une substance corticale. Aulieu de se remplacer verticalement, comme chez les autresmammifères, elles sont poussées en avant, à mesurequ’elles s’usent, par les molaires postérieures. L’éléphanta la tête énorme, le cou très court, les jambes de devantplus hautes que les deux autres, le corps revêtu dunepeau calleuse et presque sans poils, l’aspect général lourdet informe. Les pieds ont cinq doigts, et, pour qu’ils nefléchissent pas sous le poids du corps, ces doigts sontsoutenus en dessous par une sorte de grosse pelote entissu fibreux et élastique. Les éléphants vivent en troupesdans les forêts et les endroits marécageux. Ils se nourrissentd’herbes, de racines, de graines, et font parfois
646. — Éléphant d’Afrique. xxy «dynastie. Ouadi E’Sofra.D’après Lepsius, DenlemiUer, Abti. v, Bl. 75.
de grands ravages dans les champs cultivés. — On connaîtune dizaine d’espèces d’éléphants fossiles, dont laprincipale est celle du mammouth ou eléphas primigenius.Deux espèces subsistent seules aujourd’hui. Velephasafricanus a la tête simplement bombée, les oreilleslongues et les défenses très fortes. Il habite l’Afrique, depuis l’extrême sud jusqu’à la Haute-Egypte. On le chassesurtout pour avoir la nourriture que fournit sa chairabondante et pour s’emparer de l’ivoire de ses défenses.L’elephas indicus habite le Siam, la Birmanie, le Bengale, l’IIin Joustan et quelques lies de l’Océanie. Il a latète doublement bombée et les oreilles plus courtes quedans l’autre espèce. L’éléphant d’Asie est domesticable.Il met facilement son intelligence et sa force au servicede l’homme et exécute pour le compte de son maître derudes travaux. Sa force équivaut à environ cinq fois celledu chameau. On habitue aisément ce mammifère à boiredu vin et des liqueurs spiritueuses.
II. Les éléphants dans l’antiquité. — Les anciensÉgyptiens connaissaient l’éléphant, qu’ils nomment âb, àbu (fig. 546). Un officier de Thothmès III, Amanémeb, raconte dans son inscription funéraire qu’il a tué centvingt éléphants dans l’Asie occidentale. Chabas, Etudessur l’antiquité historique, 2e édit., p. 573-575. L’éléphantfigure avec l’ours, sur le tombeau de Rakhmirî, parmiles tributs que les Syriens apportaient à l’Egypte, sousles rois de la XyiII" dynastie thébaine. Champollion, Monuments de l’Egypte et de la Nubie, pi. clxxvi, 1-2; Rosellini, Monumenti civili, pi. xxii, 3-5. Mais c’estsurtout dans le Pouanît, région située entre la mer Rougeet le Haut-Nil, que les Egyptiens allaient chercher l’ivoireque leur apportaient les naturels du centre africain. L’îled’Éléphantine, située sur le Nil, près de la première cataracte, paraît avoir été longtemps un des principaux entrepotsde ce commerce, comme d’ailleurs de tout le traficavec le sud. — L’éléphant fréquentait primitivement les rc’gions du moyen Euphrate. II en disparut vers le XIIIe siècleI avant notre ère et ne devint plus dès lors, en Assyrie,
! qu’un objet de curiosité importé d’ailleurs. Fr. Lenorj
niant, Sur l’existence de l’éléphant dans la MésopotamieI au xii" siècle avant l’ère chrétienne, dans les Comptesrendus de l’Académie des inscriptions, 2 8 série, t. i, p. 178-183. Il existait encore en Syrie, au moins à l’étatsauvage, et c’est de là que les rois assyriens tiraient l’ivoire.Théglalhphalasar I" se vante d’avoir tué à la chasse dixéléphants et d’en avoir pris quatre vivants. Prisme deThéglahtphalasar I"; vi, 70-75. Sur l’obélisque de Nimroud, qui raconte les hauts faits de Salmanasar II, un desregistres représente un éléphant amené comme tribut auprince assyrien (fig. 547). Sur un autre registre, ungroupe de quatre hommes portent des objets qui paraissentêtre des dents d’éléphants, que l’inscription fait venir dupays de Soukhou, à l’embouchure du Khabour dans l’Euphrate.— Le nom assyrien de l’éléphant est pîru. L’obélisquede Salmanasar nomme les pîrâti. Delattre, L’Asieoccidentale dans les inscriptions assyriennes, et Encoreun mot sur la géographie assyrienne, dans la Revuedes, questions scientifiques, Bruxelles, 1881, octobre, p. 513-516; 1888, avril, p. 452-456. Ce nom devient phîlou pîl en arabe, pîl en perse, pilu en sanscrit. L’hébreun’a pas de nom pour désigner l’animal. C’est à tort quependant longtemps les commentateurs ont cru trouverce nom dans l’hébreu behêmôf, qui ne convient qu’àl’hippopotame. Voir t. i, col. 1551. Toutefois, parmi lesproduits que Salomon tire d’Ophir, on trouve les Sénhabbim, mot que les versions traduisent par oSôv-ca èUfàvTiva, dentés elephantorum, Targum: Sên dephîl.III Reg., x, 22; II Par., IX, 21. Pour les anciens traducteurs, habbim était donc un pluriel désignant. les éléphants.A l’époque de Salomon, l’éléphant, depuis longtempstraqué par les chasseurs, avait sans doute disparude Syrie, et, en important de loin ses défenses, on importaitégalement le nom étranger qui désignait l’animal.Un autre mot sanscrit, ibha, sert à nommer l’éléphant, et le grec èXéçaç ne serait autre que le mot ibha précédéde l’article sémitique. Max Miiller, La science dulangage, 2e édit., Paris, 1867, p. 255. Bien que cette étymologiene soit pas absolument certaine, elle est confirméepar les anciennes versions et semble beaucoup plusprobable que toutes les autres conjectures imaginées pourrendre compte de l’hébreu habbim. Cf. Gesenius-Rœdiger, Thésaurus linguse hebrxx, p, 1453, et Addenda, p. 115.Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 81, assure que le mot habba se retrouve actuellementà Malabar et à Ceylan pour désigner l’éléphant.
III. Les éléphants a la guerre. — Les anciens savaientdomestiquer les éléphants et se servir d’eux à laguerre. Ils employaient dans ce but les éléphants d’Asie, plus dociles et plus braves que ceux d’Afrique. Diodorede Sicile, ii, 16; Pline, H. N., vi, 24; Philostrate, Apollon., n; 12; Elien, Nat. animal., xvi, 15. Dès le tempsd’Alexandre, les éléphants apparaissent dans les armée» d’Asie et même d’Occident. Tite-Live, xiv, 34; xxxi, 36; xxxviii, 39; Hirtius, Bell, afric., 48, 83, 86; Pline, H. N., vin, 5; Végèce, De re milit., iii, 24, etc. Les Séleucidesen firent grand usage dans leurs armées de Syrie. Plutarque, Demert., 28; Appien, Syr., 46; Polybe, xi, 32.Cf. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1833, 1. 1, p. 371. Ils leur venaient de l’Inde par la Perse (voir 1. 1, fig. 272, col. 999). Il n’est donc pas étonnant que leslivres des Machabées fassent fréquemment mention dela présence de ces animaux dans les armées syriennes. —Antiochus III le Grand a des éléphants dans son armée.I Mach. i, 18. Quand il entreprend sa campagne contrela Perse, il laisse à Lysias la garde de la Syrie avec lamoitié de son effectif de guerre et de ses éléphants.I Mach., iii, 34. Il fut vaincu par les Romains, malgréses cent vingt éléphants. I Blaçh., vui, 6. — Sous Antio
chus V Eiipator, l’armée syrienne qui opère contre JudasMachabée compte trente-deux éléphants d’après I Mach., vi, 30, et quatre-vingts d’après II Mach., XI, 4. On nedoit pas s’étonner de la différence entre des chiffres quiont eu à souffrir des copistes. Pour exciter ces éléphantsau combat, on leur montra du jus de raisin et de mûresdont ils sont très friands. Cf. III Mach., v, 2. Le texteporte è’SôtÇav, «on montra» sans leur permettre de boire, comme pour leur faire espérer la récompense après lalutte.: — Sur chaque éléphant, entouré d’ailleurs de millefantassins et de cinq cents cavaliers, se dressait une tourde bois contenant des machines de guerre, trente-deuxhommes et en plus un Indien servant de cornac. I Mach., vi, 34-37. Ce nombre de trente-deux hommes paraitconstituer une charge excessive pour l’animal, sansparler de la difficulté pour tant de combattants de semouvoir dans un étroit espace. Les auteurs profanesparlent aussi des tours de bois fixées sur le dos des éléphantsà l’aide de courroies. Pline, H. N., viii, 7; Phiguerre contre les Juifs, Lysias, général d’Eupator, avingt-deux éléphants; Judas Machabée surprend le campdes Syriens et tue le plus grand de leurs éléphants.
II Mach., xiii, 2, 15. — Sous Démétrius Ier apparaît unchef des éléphants, IXsçavroipxiC, Nicanor, chargé defaire la guerre contre les Juifs. II Mach., XIV, 12. Cf.
III Mach., v, 4; Plutarque, Demetr., 25. Ce genre decommandement s’appelait èXeçiivTap^îa. Elien, Tact., 23.Le conducteur de l’éléphant est appelé’lv80ç, «Indien, sII Mach., xiv, 2. — Voir P. Armandi, Histoire militairedes éléphants, in-8o, Paris, 1843; Ch. Frd. Holder, The lvory King, a popular Hislory of the Eléphant illustrated, in-12, Londres (1886); G. de Cherville, Leséléphants, in-8o, . Paris (sans date); N. S. Shaler, DomesticatedAnimais, in-8o, Londres, 1896, p. 127-139.
H. Lesêtre.
- ÉLÉPHANTIASIS##
ÉLÉPHANTIASIS, maladie des pays chauds ayantpour cause l’introduction dans l’organisme d’un ver parasite, la filaire, qui obstrue les vaisseaux lymphatiques et
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517. — Éléphant offert en tribut t Salmanasar II. Obélisque de NImroud. Britlsh Muséum.
lostrate, Apollon., ii, 6; Juvénal, Sat., xii, 110. Maisils ne comptent dans ces tours qu’un bien moindrenombre de combattants, quatre dans les tours des arméessyriennes, Tite-Live, xxxvii, 40; trois dans les toursdes armées indiennes, Elien, Nat. animal., xiii, 9, etquelquefois de dix à quinze dans les premières d’aprèsPhilostrate, Apollon., ii, 12. Il est donc à croire queles trente-deux combattants du texte sacré se relayaientmutuellement et n’étaient pas tous à la fois dans latour, ou bien que le traducteur aura lu selisîm ulenayim, «trente-deux,» au lieu de SâlôS Senayim, «trois oudeux.» Voir F. Vigoureux, Les Livres Saints et lacritiquerationaliste, 4e édit., t. iv, p. 612-619. — Un guerrierjuif, Éléàzar, frère de Judas Machabée, apercevant unde ces éléphants qui portait les insignes de la royauté(voir col. 1145), se glissa jusque sous lui, en pensantque le roi était dans la tour, frappa l’animal au ventreet périt lui-même écrasé dans sa chute. I Mach., vi, 43-46. Antiochus V Eupator n’était pas dans la tour, parceque son jeune âge ne lui permettait pas encore de prendrepart au combat. Les marques distinctives de cet éléphantavaient avec raison attiré le regard d’Éléazar, quoi qu’endise Josèphe, Bell, jud., 1, 1, 5. Plutarque, Alexand., 60, raconte aussi que le roi Porus était monté sur un éléphantplus grand que les autres. — Dans une nouvelle
entraîne toutes sortes de désordres: engorgement desvaisseaux, irritation de leurs tissus, intumescence de lapeau et des parties sous - jacentes, résultant de l’inflammationgénérale de tout le système lymphatique. L’effetproduit sur les membres est surtout sensible aux jambeset aux pieds, qui deviennent informes comme ceux del’éléphant, d’où le nom d’éléphantiasis donné à la maladie(fig. 548). Ces altérations de l’organisme ne vont pas sanscauser de cuisantes douleurs au patient. Le mal peut durerdes années, mais parfois se termine par un étouffementqui amène subitement la mort. La maladie s’appelle «éléphantiasis des Arabes», à raison du pays où elle sefait le plus sentir, ou lepra nodosa, à cause de ses analogiesavec la lèpre et des nœuds que produit à la surfacedes membres l’engorgement des vaisseaux. Cf. Heer; De elephantiasi Grœcorum et Arabum, Breslau, 1842, Danielssen et Boek, Traité de la Spédalskhed ou éléphantiasisdes Grecs, traduit du norvégien par Cosson, Paris, 1848; Hecker, Eléphantiasis, lepra arabica, Lahr, 1858; H. von Hebra, Die Eléphantiasis Arabum, in-8o, Vienne, 1885. — On s’accorde aujourd’hui à reconnaîtreI’éléphantiasis dans la maladie dont Job fut frappé. Hosenmûller, Iobus, Leipzig, 1806, t. i, p. 62; Frz. Delitzsch, Dos Buch lob, Leipzig, 1876, p. 61; Le Hir, Le livre de Job, Paris, 1873, p. 251; Knabenbaucr, In Job, Taris, 1885,
p. 54, etc. Parmi les anciens, Origène, Cont. CéU., yi, 43, t. xi, col. 1365, dit que Job fut atteint àypfta èXéçav-ri.Cette maladie était endémique en Egypte. Pline, H. N., xxvi, 5; Lucrèce, vi, 112. Un roi de ce pays en mourut, et Baudouin, roi de Jérusalem, eut à en souffrir. Cf.Frz. Delitzsch, DasBuch lob, p. 61. Le texte sacré appellele mal de Job Sehîn ra’, êXxo; uoviripôv, ulcus pessimum, «ulcère très malin.» Job, ii, 7. C’est le même mal quiest nommé dans le Deutéronome, xxviii, 27: sehtn mitrayîm, «ulcère d’Egypte,» et dont il est dit: «Le Seigneurte frappera du mal d’Egypte,» et plus loin, t. 35: «Le Seigneur te frappera d’une plaie très maligne, dansles genoux et les mollets, et dont tu ne pourras être guéri
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548. — Jambe atteinte d’élépbantlasls.
de la plante des pieds au sommet de la tête.» Cf. Schilling, De lepra, Leyde, 1778, p. 184. Les différents effetsde la maladie sont décrits dans le courant du livre deJob. Le corps est tout couvert d’ulcères, conséquencesde l’engorgement et de l’inflammation des vaisseaux, etces ulcères sont pleins de pus et de vers, vii, 5. Le patientgratte ses ulcères avec un tesson, ii, 8, car ses mainsboursouflées et rongées par le mal ne peuvent lui servir.La peau est noire, sèche, rugueuse comme celle de l’éléphant, et elle s’en va en pourriture, vii, 5; xix, 20; xxx, 15, 30. Les membres sont affreusement tuméfiés eten même temps sont rongés et se détachent, xvi, 8, 14, 17; xix, 20; xxx, 27. L’haleine devient fétide, xix, 17.Le sommeil est troublé par d’horribles cauchemars, ’vu, 14. Les entrailles sont endolories, xvi, 14; xxx, 27, etbrûlées comme par un feu intérieur, xxx, 30. La voixressemble à un rugissement d’animal, iii, 24. Enfin lepatient est rendu méconnaissable parle mal. ii, 12. DansJob, tous ces caractères se présentaient avec d’autantplus d’acuité que le démon lui - même était l’instigateurde la maladie, d’ailleurs d’ordre naturel, et la souffrancedevait être d’autant plus cruelle que la mort nepouvait intervenir pour y mettre un terme, ii, 5, 6. On
ne voit pas que Job ait employé des remèdes pour seguérir. Ceux auxquels on a recours aujourd’hui n’étaientguère à sa portée, et le Deutéronome, xxviii, 35, semblereprésenter la maladie comme incurable. L’éléphantiasisn’est pas contagieuse comme la lèpre; on s’expliqueainsi que les amis de Job aient pu demeurer auprès de
lui pendant plusieurs jours.
H. Lesêtre.
- ÉLEUTHÈRE##
ÉLEUTHÈRE (’EXeMegoç), fleuve de Phénicie. Jonathaslivra bataille au roi d’Egypte Ptolémée VI Philométoraux environs du fleuve Éleuthère. I Mach., xi, 7; xii, 30.D’après Strabon, XVI, ii, 12, ce fleuve séparait la Syriede la Phénicie. Cf. Pline, H. N., v, 17; ix, 12; Ptolémée, V, xv, 4. Josèphe, Ant. jud., XV, iv, 1; Bell, jud., I, xvill, 5, dit qu’Antoine donna à Cléopâtre toutes lescontrées situées entre l’Éleuthère et l’Egypte, à l’exceptionde Tyr et de Sidon. On l’identifie généralement aujourd’huiavec le Nahr el-Kébir, «la grande Rivière.» Ilprend sa source au nord-est du Liban, dans une sortede cratère naturel formé de basalte noir, appelé el-Bukeia, et coule le long de la partie nord de cette chaînede montagne, en se précipitant à travers la gorge appeléel’entrée d’Émath. Cf. Num., xxxiv, 8. Voir Amathite, t. z, col. 447, et Émath. Il se jette dans la Méditerranéeà une trentaine de kilomètres au nord de Tripoli.L’Eleuthère est presque à sec en été; mais en hiver soncours est large et rapide. E. Beurlier,
- ELHANAN##
ELHANAN, voir Adéodat, t. i, col. 215.
ÉLI. Saint Matthieu, xxvii, 46, et saint Marc, xv, 34, nous ont conservé en araméen quelques paroles queNotreSeigneur prononça sur la croix en cette langueet qui commencent par le mot Éli ou Éloï. Ces parolessont empruntées au Psaume messianique xxii (Vulgale, xxi), 2. Comme c’est une phrase en langue étrangère, les copistes l’ont naturellement écrite de façonsbien différentes. Notre Vulgate porte, Matth., xxvii, 46: Eli, Eli, lamma sabachtani? et Marc, xv, 34: Eloi, Eloi, lamma sabachtani? Le texlus receptus grec a: ’Exl t)>.î, Xoc|ià daSaxfloivî, dans le premier Évangile, etdans le second; ’EXmt èXoi, >a[i|15 (jïëaxûavî. Les manuscritsécrivent chacun de ces mpts de manières différentes.Voir E. Kautsch, Grammatik des Biblisch-Aramâischen, in-8°, Leipzig, 1884, p. 11. Le texte hébreu duPs. xxii, 1, est: ’Êli’Êlî lâmâh’azabtâni: «Mon Dieu(El), mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné?» cequi fait en araméen: 'jripauf NDb >nhn >nha, ’Elôhi, ’Elôhi, lemâ’iebaq(ânî. Les deux derniers mots sont enbon araméen; mais, au lieu de’Elôhi, il faudrait’Ëldhi, car on ne rencontre point d’o pour l’a dans les autresmots araméens conservés dans le Nouveau Testament.Voir Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertesarchéologiques modernes, 2e édit.j p. 30-37. «Le(o, dit G. Dalman, Grammatik des jùdisch-palàstinenschenAramâisch, in-8°, Leipzig, 1894, p. 123, doit s’expliquercomme un emprunt fait par mégarde à l’hébreu, comme dans le Targum du Ps. xxii, 3 (édit. Ven. 1518), ponctué in’1° » au lieu de >n’")N.» Cependant, comme
ceux qui sont auprès de la croix s’imaginent que leSauveur appelle le prophète Élie à son aide, il est possibleque Notre-Seigneur ait invoqué son Père par le mothébreu: ’Êlî, «mon Dieu,» comme dans le texte originaldu Psaume. F. VlGOUfiOUX.
ÉLIA. Hébreu: ’Êliyâh, «celui dont Yâh ou Jéhovahest le Dieu». Nom de trois Israélites.
1. ÉLIA (Septante: ’Epia; Codex Alexandrinus: ’H).(a), fils de Jéroham et frère de Jersia et de Zechri. Ce fut undes chefs de familles benjamites qui se fixèrent à Jérusalem.I Par., viii, 27.
2. ÉLIA (Septante: ’EXeio; Codex Alexandrinus:
- EXîa), prêtre, second fils de Harim, qui fut amené par
Esdras à répudier la femme étrangère qu’il avait prisecontre la loi pendant la captivité. I Esdr., x, 21.
8. ÉLIA (Septante: ’HX(a), fils d’Élam, Israélite quilui aussi renvoya la femme qu’il avait prise à Babylonecontre la loi. I Esdr., x, 26.
- ÉLIAB##
ÉLIAB (hébreu: ’Éli’âb, «celui dont Dieu est lepère;» Septante: ’EXiâë), nom de sept Israélites.
1. ÉLIAB, père d’Hélon et chef de la tribu de Zabulonau temps du recensement opéré dans le désert du Sinaï, la seconde année après la sortie d’Egypte. Num., i, 9; II, 7; x, 16. Lorsque les chefs de tribu offrirent leursprésents au Seigneur, Éliab offrit deux vases d’argentremplis de farine arrosée d’huile pour le sacrifice nonsanglant, un vase d’or plein d’encens, et divers animauxpour l’holocauste, le sacrifice du péché et le sacrificed’action de grâces. Num., vii, 24-29.
2. ÉLIAB, fils de Phallu, de la tribu de Ruben, et pèrede Dathan et Abiron, chefs des révoltés contre l’autoritéde Moïse, Num., xvi, 1; Deut, xi, 6; il avait encore pourfils Namuel. Num., xxvi, 8.
3. ÉLIAB, fils aîné d’Isaï, le père de David. Sa belletaille, ses qualités extérieures, avaient fait penser àSamuel qu’il était peut-être l’élu de Seigneur à la placede Saùl; mais Dieu, qui sonde les cœurs, avait préféréson plus jeune frère, David. I Reg., xvi, 6; xvii, 13; I Par., ii, 13. Quelque temps après ce choix, avec uncertain sentiment de jalousie ou d’égoïsme, Éliab reprochaà tort à David, qui avait été envoyé au camp parson père, d’avoir abandonné la garde des troupeaux afind’aller jouir du spectacle de la guerre avec les Philistins, lorsque Goliath défiait Israël. I Reg., xvii, 28. — Unedes filles, c’est-à-dire petites - filles, d’Éliab, Abihaïl, épousa Roboam. II Par., xi, 18. — Dans I Par., xxvii, 18, selon les Septante, Éliab, frère de David, était chef dela tribu de Juda. Au lieu d’Éliab, le texte hébreu et laVulgate ont Éliu: ce qui doit être une faute de copiste, puisque David n’avait pas de frère de ce nom; la vraieleçon du texte est Éliab, comme ont lu les Septante, bien que quelques critiques croient que «frère» dans cetexte aurait le sens large de parent, comme I Par., xii, 2, et qu’il faut conserver la leçon Éliu.
4. ÉLIAB, lévite dans la descendance de Coré, ancêtrede Samuel. I Par., vi, 27 (hébreu, 12). Dans la généalogiede Samuel donnée plus loin, ꝟ. 34 (hébreu, 19), ilest appelé Éliel, et dans celle du premier livre des Rois, i, 1, il porte le nom d’Éliu, qui est plus généralementregardé comme le vrai. Les deux autres formes de son nomseraient dues à des fautes de copiste.
5. ÉLIAB, un des guerriers de la tribu de Gad, quivinrent offrir leurs services à David, pendant qu’il étaitréfugié dans le désert pour fuir la persécution de Saûl.
I Par., xii, 9, 14.
6. ÉLIAB, lévite, musicien du second ordre, qui jouaitdu nébél au temps de David. I Par., xv, 18, 20; xvi, 5.
II n’était pas portier, comme il a semblé à quelques exégètes, d’après I Par., xv, 18; car le mot «portiers», quitermine la liste des lévites de ce verset, ne se rapported’après le ꝟ. 24 qu’aux deux derniers noms, Obédédomet Jéhiel ou Jéhias.
7. ÉLIAB, fils de Nalhanæl, un des ancêtres de Judithd’après les Septante, viii, 1. Dans la Vulgate, il estnommé Énan. Du reste, le nom varie même dans les dif
férents manuscrits des Septante: si le Codex Alexandrinusporte’EXiàë, le Vaticanus a’EXeiâë, et le Sinaiticus’Evâ6. E. Levesque.
- ÉLIABA##
ÉLIABA (hébreu: ’Élyafybâ’, «celui que Dieu cache;» Septante: ’E|ia<roù i SaXagiovemi; ; Codex Alexandrinus: ’EXiâë, II Reg., xxiii, 32; Safiaêi 6’Ofi&i; CodexSinaiticus: ’Ea(mëi 6 Ewjjiïi; Codex Alexandrinus: ’EXtaëa 6 SaXaë&m, I Par., xi, 33), un des trente bravesde David, originaires de Sélébim, Jos., xix, 42, dans latribu de Dan. II Reg., xxill, 32; I Par., xi, 33.ÉLIACHIM. Hébreu: ’Élyâgîm. Nom de deux Israélites.La Vulgate écrit ailleurs Eliacim. Voir Éliacijt.
1. ÉLIACHIM, prêtre qui à la dédicace des murs deJérusalem, sous Néhémie, jouait de la trompette. II Esdr., xii, 40. Plusieurs manuscrits des Septante, V Alexandrinus, le Vaticanus, le Sinaiticus, omettent ce verset; il a été inséré dans le Sinaiticus de seconde main.
2. ÉLIACHIM, grand prêtre du temps de Judith, iv, 5, 7, 11, que les Septante appellent constamment’Iwaxe: [i, et que la Vulgate, au chapitre xv, 9, nomme Joachim.Voir Joacim. E. Levesque.
ÉLIACIM. Hébreu: ’Élyâqîm, s celui que Dieu établit;» Septante: ’E)iax([i et’EXiaxeifj.. Nom de quatreIsraélites. Deux autres Israélites ont porté le mêmenom, mais la Vulgate les a appelés Éliachim. Voir ÉLIA-CHIM.
1. ÉLIACIM, fils d’Helcias, intendant de la’maison duroi Ézéchias. IV Reg., xviii, 18; Is., xxxvi, 3. L’intendantde la maison du roi était comme un préfet dupalais, un lieutenant ou premier ministre du roi. III Reg., IV, 6; xviii, 3; II Par., xxvi, 21; Is., xxii, 15. Sobna, l’adversaire de la politique d’Isaïe, s’étant rendu indignede cette charge importante par son orgueil et ses menéesantithéocratiques, le prophète lui annonce que le Seigneurle déposera de ses fonctions et les confiera à sonfidèle serviteur Éliacim. Is., xxii, 15-20. Il sera commeun père pour les habitants de Jérusalem, ꝟ. 21. Dieu lecomblera de puissance et d’honneurs, qui rejailliront sursa famille. Is., xxii, 21-24. Nous voyons, en effet, Éliacimagir comme maître du palais. Avec Sobna le scribe, différent du précédent, et Joahé le chancelier, il estchargé par Ézéchias d’aller sous les murs de Jérusalem, écouter les propositions du Rabsacès de Sennachérib.IV Reg., xviii, 18; Is., xxxvi, 3. Comme l’envoyé du roid’Assyrie élevait la voix, Éliacim et ses deux collèguesle prièrent de parler en araméen, pour que le peupleaccouru sur les remparts n’entendit pas les propositionsqu’il venait faire à Ézéchias. IV Reg., xviii, 26; Is., xxxvi, 11. Mais le Rabsacès, s’adressant à haute voix eten hébreu au peuple, l’engagea à faire sa soumission etblasphéma contre le Dieu d’Israël. Aussi les envoyésd’Ézéchias, sans rien lui répondre, s’en revinrent rapporterses paroles au roi et se présentèrent devant luiles vêtements déchirés, en signe de l’horreur que leuravait causée le langage du Rabsacès. IV Reg., xviii, 37; Is., xxxvi, 21-22. Ézéchias les envoya trouver Isaïe, poursavoir ce qu’il avait à faire en ces circonstances. IV Reg., xrx, 2; Is., xxxvii, 2. D’après la fin de la prophétie quiconcerne Éliacim, Is., xxii, 25, celui-ci, peut-être à causede sa faiblesse envers les siens, ꝟ. 24, devait un jourperdre sa haute situation. Il faut dire cependant quenombre de commentateurs appliquent ce ꝟ. 25 à Sobna; mais ce serait une redite peu naturelle, et il est préférable, avec Frz. Delitzsch, Commentary on Isaiah, 1857, t. i, p. 404, de rapporter à Éliacim cette image du clou, qui avait servi à le désigner deux versets plus haut, t- 23— Les expressions dont Isaïe se sert, j>, 22, pour décrire
II. - 53
la puissance d’Éliacim, ont été employées par.l’auteur del’Apocalypse, iii, 7, pour désigner Jésus-Christ lui-même, en sorte que le fils d’Helcias a été regardé par les Pèrescomme un type du Messie, fils de David. — C’est uneerreur des anciens interprètes, trompés en cela par lesSeptante, d’avoir de la charge n’an-^y, ’al-habbàit, «intendant du palais,» cf. Gen., xli, 40; III Reg., iv, 6.fait un office de préfet du Temple, prxpositus templi, etd’avoir considéré Sobna et Éliacim comme des grandsprêtres. S. Jérôme, Comment, in Is., 1. vii, c. xxil, t. xxiv, col. 272-274; Cornélius a Lapide, Comment, in Isaiam, édit. Vives, t. xi, p. 342. Tout indique une charge dansle palais du roi. Rosenmùller, Scholia in Isaiam, c. xxii, 15, 1823, t. ii, p. 135.
2. ÉLIACIM ou ÉL1AKIM, fils de Josias, roi de Juda.
II fut établi sur le trône par Néchao, roi d’Egypte, quichangea son nom en celui de Joakim, sous lequel il estplus connu. IV Reg., xxiii, 34; II Par., xxxvi, 4. VoirJoakim.
3. ÉLIACIM, nommé comme fils ou descendant d’Abiudet père ou ancêtre d’Azor, après la captivité de Babylone, dans la généalogie de Jésus-Christ donnée par saint Matthieu, i, 13.
4. ÉLIACIM ou ÉLIAKIM, placé entre Jona et Méléadans la généalogie de Jésus-Christ donnée par saint Luc, m, 30, pour le temps qui s’écoula entre la captivité deBabylone et le règne de David. E. Levesque.
ÉLIADA. Hébreu: ’Élyddâh, «celui que Dieu connaît.» Nom d’un Araméen et de deux Israélites.
1. ÉLIADA (Septante: ’EXiaSocs), Araméen de Soba, père de Razon, célèbre aventurier du temps de Salomon.
III Reg., xi, 23.
2. ÉLIADA (Septante: ’EXstSi; Codex Alexandrinus: ’EXisBâ), Un des plus jeunes fils de David, qui lui naquitaprès son établissement à Jérusalem. I Par., iii, 8. Il estappelé Élioda, II Reg., v, 16, et Baaliada, I Par., xiv, 7.Les critiques sont partagés sur le nom à adopter commeauthentique, Éliada ou Baaliada. Si l’on attribue cettedivergence de noms à une faute de copiste, il est plusvraisemblable d’admettre que l’erreur a eu lieu dans unseul endroit, c’est-à-dire dans I Par., xiv, 7. Et d’ailleursl’erreur peut s’expliquer, puisque entre y-p’wn ety-p^ya il n’y a de différent que les deux premières lettres; un manuscrit même a y-pbxa. Dathe, Libri historici Vet.Test., in-8°, Halle, 1784, p. 654. J.-B. de Rossi, Variéelectiones Vet. Testament., t. iv, in-4°, Parme, 1788, p. 179, en signale un autre qui porte y-pVsi, et la Peschito aÉlidaa. Pour d’autres critiques, comme Driver, Noteson the Hebrew Text of the Books of Samuel, in-8°, Oxford, 1890, p. 201, la leçon Baaliada serait la primitive, et Éliada serait une correction postérieure de copistes, scandalisés de trouver le nom de Baal entrant commeélément dans l’appellation d’un fils de David. Il est àremarquer que les manuscrits du Vatican et du Sinaï ontBaXe-rSâs, et le Codex Alexandrinus, BaXXtaSa, dansI Par., xiv, 7; et dans II Reg., v, 16, les Septante ontaussi BaaXEijiiO.
3. ÉLIADA (Septante: ’EXeiSà; Codex Alexandrinus: ’EXtaSà), vaillant homme de guerre de la tribu de Benjamin, qui dans l’armée de Josaphat était à la tête dedeux cent mille de ses compatriotes, armés de l’arc etdu bouclier. II Par., xvii, 17. E. Levesque.
ÉLIAM. Hébreu: ’Ëli’âm, «mon Dieu est parent, allié; s cf. Ammî’êl, «Dieu est mon parent, allié;» Septante: ’EXixô. Nom de deux Israélites.
1. ÉLIAM, père de Bethsabée, l’épouse de David aprèsla mort d’Urie. II Reg., xi, 3. Dans I Par., iii, 5, le nom, par transposition des deux éléments qui le composent, estdevenu Ammiel. Il est difficile de décider laquelle de cesdeux formes est primitive.
2. ÉLIAM, fils d’Achitophel, de la ville de Gilo, undes trente vaillants guerriers de David. II Reg., xxiii, 34; cf. XV, 12. Dans la liste de I Par., xi, 36, le nom a étéaltéré par les copistes en À hia Phelonites. Dans laphrase San» ™ ubin p nyiba, les deux premiers motsdevaient être effacés dans le manuscrit à copier, et la fin, sans doute difficile à lire, a été transformée en 'jbsn n>nn.D’après une tradition juive, l’auteur des Questiones hebraicxin libros Regum et Paralipomenon, t. xxiii, col.1352, 1370, fait de cet Eliam et du précédent une seule etmême personne. Voir Achitophel, t. i, col. 146.
E. Levesque.
ÉLIASAPH. Hébreu: ’Élyâsâf, «Dieu accroît;» Septante: ’EXio-âç. Nom de deux Israélites.
1. ÉLIASAPH, fils de Duel et chef de la tribu de Gad, à l’époque où Moïse réunit les chefs des douze tribuspour l’aider dans le recensement d’Israël, et quand lesHébreux quittèrent le Sinaï. Num., i, 14; ii, 14. Quand ceschefs offrirent des présents pour le Tabernacle au nomde la tribu qu’ils représentaient, Éliasaph offrit commeles autres les vases d’argent et d’or et les victimes pourles sacrifices. Num., vii, 42, 47.
2. ÉLIASAPH, fils de Læl, lévite, chef de la famillede Gerson au temps de Moïse. Num., iii, 24.
ÉLIASIB. Hébreu: ’ÉlyâHb, «Dieu récompense.» Nom de cinq Israélites selon la Vulgate, et d’un sixièmeselon l’hébreu, appelé Éliasub par la version latine.
1. ÉLIASIB (Septante: ’EXia6ce(; Codex Alexandrinus: ’EXiaTsE6), prêtre, chef de la onzième classe parmiles vingtquatre instituées par David. I Par., xxiv, 12.
2. ÉLIASIB (Septante: ’EXuaitf, Codex Alexandrinuset Sinaiticus: ’EXidâ?), lévite, du nombre des chantres, qui, à l’instigation d’Esdras, renvoya la femme qu’il avaitprise à Babylone contre la loi. I Esdr., x, 24.
3. ÉLIASIB (Septante: ’EXenroiiê; Codex Alexandrinus: ’EXtdoijë; Sinaiticus: ’EXtaoïi), Israélite, fils deZéthua, qui obéit à la loi comme le précédent. I Esdr., x, 27.
4. ÉLIASIB (Septante: ’EXiottreîç; Codex Alexandrinus: ’EXtadeië; Sinaiticus: ’EXt’.aaziê), un des fils deBani, qui accomplit le même acte que les deux précédents.I Esdr., x, 36.
5. ÉLIASIB (Septante: ’EXeuto-jÊ, ’EXiaæië, ’EXeta<T£Ê6; Codex Alexandrinus: ’EXtaoûë; Sinaiticus: ’EXtadi’ë), grand prêtre à l’époque de la reconstruction désmurs de Jérusalem sous Néhémie. II Esdr., iii, 1. D’aprèsla généalogie de II Esdr., xii, 10-11, il était fils de Joacimet père de Joïada; au ^.23 selon la Vulgate, Jonathanest dit fils d’Ëliasib; mais d’après l’hébreu et d’aprèsle ^.22, il faut lire Johanan et prendre le mot «fils» dans le sens large de «petit-fils, descendant s. Très probablementc’est le même personnage que le prêtre Éliasib, chargé de la garde du trésor du Temple et allié àTobie l’Ammonite. II Esdr., xiii, 4. Pendant l’absence deNéhémie, il aménagea pour cet étranger une chambredans les parvis du Temple, profanation qui excita l’indignationde Néhémie. y. 5-9. Un des fils de Joïada, petit-filspar conséquent du grand prêtre Éliasih, avait épouséla fille de Sanaballat l’Horonite: pour avoir déshonoré
ainsi le sacerdoce, Néhémie l’exila. II Esdr., ira, 28-29.L’Éliasib père, c’est-à-dire grand - père de Johanan, quiest mentionné I Esdr., x, 6, est selon toute vraisemblancenotre personnage. E. Levesque.
- ÉLIAS-LEVITA##
ÉLIAS-LEVITA (’Elyahu ben’aier hallevî), célèbregrammairien juif, né en 1471 à Neustadt en Bavière, mort à Venise en 1549. Il porte le surnom d’Achkenazi, >T33nm, à cause de son origine germaine; mais il passa
la plus grande partie de sa vie en Italie, tour à tour àVenise, à Padoue, à Rome. Il se livra presque entièrementà l’étude et à l’enseignement de la langue hébraïque: delà le surnom d’Élie le Grammairien, et aussi de Bachur, "ima, «maître,» du titre d’une de ses grammaires. Ilacquit sous ce rapport une vraie célébrité, reconnue parRichard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, 1685, 1. i, c. xxxi, p. 177. Sans parler ici de ses œuvresgrammaticales proprement dites, il est utile de signaler: 1° Metûrgemân, «Interprète,» dictionnaire des Targumset de la langue talmudique, in-f», Isny, -1541, et avec lapréface traduite en latin par Paul Fagius, in-f°, Venise, 1560. Sous la racine ntfD, il avait réuni avec soin tousles passages où les targumistes ont employé le mot rwo, MaUah, «Messie;» cette partie a été publiée séparémenten latin par Génébrard, in - 8°, Paris, 1572. — 2° Sêférzekarônôt, «Livre des souvenirs,» ou concordance hébraïquecomposée sur un plan différent de celle querédigea Mardochée Nathan. Le manuscrit autographe, que l’auteur avait envoyé à Paris pour l’y faire imprimer, ne l’a pas encore été, sauf une première livraison publiéepar M. Goldberg, en 1874. L’ouvrage inédit en deux volumesde 514 et 606 feuillets est conservé à la BibliothèqueNationale de Paris, ancien fonds hébreu, n° s 479 et 480.
— 3° Tisbî, «le Tischbite,» ainsi appelé parce que cemot hébreu, >awn, forme numériquement le nombrede 712, et que l’ouvrage donne l’explication de 712 motshébreux, chaldéens, arabes, etc. Le mot Thischbi rappelleaussi le nom de l’auteur, Élyah ou Elias (III Reg., xvii, 1). L’ouvrage parut en in-4o, à Bâle, en 1527, et avecune traduction latine de Paul Fagius, in-4o, Isny, 1541.
— 4° Semôt debârim, «Noms de choses,» dictionnairehébreu-allemand, avec une traduction latine de PaulFagius, in-8o, Isny, 1542; avec un dictionnaire grec composépar les deux Drusius, in-8o, Francfort, 1652 et 1653.
— 5° Mdsôrép hammâsorét, «Tradition de la tradition,» pu, en d’autres termes, «Clef de la Massoie,» ouvragede critique sur le texte hébreu. Le premier il soutientque les points-voyelles ne remontent pas au delà del’an 500 après J.-C, thèse qui fut depuis l’objet de vifsdébats. — Parmi ses travaux qui rentrent davantage dansl’exégèse, on doit citer: 1° Le Targum des Proverbes deSalomon, édition avec notes explicatives, in-4o, Isny, 1541; 2° les Psaumes avec le commentaire de Kimchi et desrevisions et corrections de l’éditeur, in-f°, Isny, 1542; 3° une traduction littérale des Psaumes en allemand, in-8o, Venise, 1545; 4° le livre de Job en vers, in-8o, Venise, 1544; Cracovie, 1574. D’après Steinschneider, il ne seraitque l’éditeur de ce dernier ouvrage, composé parSarek Barfat. L. Wogue, Histoire de la Bible et del’exégèse biblique, in-8o, Paris, 1881, p. 118, 198, 299-301; J. Fùrst, Bibliotheca judaica, in-8o, Leipzig, 1863, t. ii, p. 239-242; M. Steinschneider, Catalogus libr. hebr. inBibl. Bodleiana, in-4o, Berlin, 1852-1860, col. 934-942; C. Œrtel, Vila Elise Levitæ Germani, in-4o, Altdorf, 1776. E. Levesque.
- ÉLIAS-MISRACHI##
ÉLIAS-MISRACHI (’Eliahu.ben Abraham, Mizrâhi, i l’Oriental» ), célèbre rabbin du XV 8 siècle, qui vécut àConstantinople, et mourut vers 1522 à 1527. Il composa uncommentaire sur le Pentateuque. Ce n’est au fond qu’unsupercommentaire de Raschi, édité en in-f°, Venise, 1527, et réédité en 1545, 1574; Cracovie, 1595, Amsterdam, 1718, etc.
- ÉLIASUB##
ÉLIASUB (hébreu: ’ÉlyaSîb; Septante: ’Aoct’g; CodexAlexandrinus: ’EXtatxetë), fils d’Élioénaï, dans la descendancede Zorobabel. I Par., iii, 24.
- ÉLIATHA##
ÉLIATHA (hébreu: ’Êli’âtàk et’Êliyyâtâh, «Dieului est venu;» Septante: EXiaOâ), lévite, un des fils deHéman, chanteur et musicien du Temple. Il faisait partiede la vingtième classe de musiciens. I Par., xxv, 4, 27.
- ÉLICA##
ÉLICA (hébreu: ’Ëliqâ’; Septante: ’Evaxâ), un destrente braves de David, natif d’Harad (de Harodi).II Reg., xxiil, 25. Il paraît oublié dans la liste parallèlede I Par., xi.
- ÉLICIENS##
ÉLICIENS (Vulgate: Elici), peuple dont était roiÉrioch. Judith, i, 7. Le mot Elici de la Vulgate doit êtrealtéré. Le texte grec (i, 6) porte’EXunaïot, «les Élyméens» ou Élamites, habitants du pays d’Élam, leçon quiparaît être la véritable. Voir Élamites.
- ÉLIDAD##
ÉLIDAD (hébreu: ’Élîddd, «que Dieu aime;» Septante: ’EXSàS), fils de Chaselon, de la tribu de Benjamin, choisi pour représenter sa tribu dans le partage dela terre de Chanaan. Num., xxxiv, 21.
ÉLIE (hébreu: ’Eliyâh ou’Eliyâkû; Septante: ’HXiaç; Vulgate: Elias, «Jéhovah est mon Dieu» ), surnommé «le Thesbite», du lieu de sa naissance, Thisbé, est le plus grand et le plus surprenant des prophètesd’action de l’Ancien Testament. Il apparut soudain dansl’histoire comme un éclair, sortant des nuages, et sa paroleétait enflammée comme une torche. Eccli., xlviii, 1. Leslivres des Rois sont sobres de détails sur son origine etne rapportent que des traits détachés de sa vie mouvementée.Les légendes juives le disent de race sacerdotale, et la tradition chrétienne prétend qu’il a gardé unevirginité perpétuelle. S. Ambroise, De virginib., i, 3, 12, t. xvi, col. 192; S. Jérôme, Ad Jovinian., i, 25, t. xxiii, col. 255.
I. Premières actions d’Eue. — Il habitait la provincede Galaad, quand il vint annoncer à Achab, sous le sceaud’un serment solennel, la sécheresse pour plusieursannées. III Reg., xvii, 1. Ce premier acte prophétiquen’avait pas été préparé; c’était le début d’une longuelutte contre l’idolâtrie qui avait été introduite par Achaben Israël. Saint Jacques, v, 17-18, attribue à la prièred’Élie le commencement et la fin du fléau. Le messageaccompli, Dieu ordonna à son prophète, pour le mettreà l’abri de la colère d’Achab, de se cacher sur le borddu torrent de Carith. Voir col. 285-288. Élie buvait l’eaudu torrent et mangeait les aliments que des corbeaux luiapportaient. Voir col. 961. — Après six mois, quand letorrent fut desséché complètement, le prophète se renditpar l’ordre de Dieu à Sarepta, chez une veuve étrangère, Luc, iv, 25-26, qui devait pourvoir à son entretien.Elle ramassait du bois mort auprès de la portede la ville. Élie lui demanda de l’eau et une bouchée depain. La pauvre femme n’avait plus qu’une poignée defarine et quelques gouttes d’huile, avec lesquelles elleallait préparer son dernier repas. Afin de mettre sa foià l’épreuve, Élie sollicita pour lui un petit gâteau cuitsous la cendre; il lui laissait le reste, avec la promesseque la farine ne diminuerait pas dans la jarre ni l’huiledans le vase, tant que la pluie ne tomberait pas. Le miraclede la multiplication des provisions récompensa laconfiance de la pieuse veuve, pendant les trois ans et demique dura la sécheresse. — La présence d’Élie chez cettefemme fut bienfaisante dans une autre circonstance, biendouloureuse pour le cœur d’une mère. Le fils unique dela veuve tomba malade et mourut. La mère désolée seplaignit amèrement au prophète de ce malheur, qu’elleregardait comme la punition de ses propres fautes. Afinde lui montrer que Dieu tenait pour agréable l’hospita
lifé qu’elle donnait à son prophète, celui-ci prit le cadavredans ses bras, l’emporta à la chambre haute et le couchasur son lit. Après une ardente prière, il s’étendit partrois fois sur l’enfant, se rapetissant à sa taille, et chaquefois il s’écriait: «Faites, Seigneur, que l’âme de cet enfantrentre dans son corps.» Ces vœux furent exaucés, etl’enfant revint à la vie. Élie le descendit dans la chambreinférieure de la maison et le remit vivant à sa mère.A ce signe, celle-ci reconnut de nouveau qu’elle avaitreçu chez elle un ministre du vrai Dieu. III Reg., xvii, 1-24. Élie avait opéré une véritable résurrection, Eccli., XLVHI, 5, et son action pour réchauffer et ranimer lecadavre représentait symboliquement l’œuvre de Dieu, qui est le maître de la vie et de la mort.
II. Eue, Achab et les prêtres de Baal. — Troisans après son arrivée à Sarepta, Élie reçut de Dieul’ordre de se présenter devant Achab, pour lui prédirela cessation de la sécheresse. La famine était alors extrêmedans le royaume d’Israël. III Reg., xviii, 1-2.Élie rencontra Abdias, l’intendant du roi, et l’envoyaannoncer à son maître son arrivée prochaine. Abdiasredoutait les suites de ce message. Mais Élie était résoluà paraître le jour même en présence d’Achab. Abdiass’enhardit et prévint le roi. Voir t. i, col. 23. Achab vintaussitôt à la rencontre d’Élie, et, dès qu’il l’aperçut, il luidit avec colère: «N’est-ce pas toi qui troubles Israël?
— Ce n’est pas moi, repartit le prophète avec intrépidité; c’est vous-même et la maison de votre père, parceque vous avez abandonné les commandements de Jéhovahet suivi Baal.» Il faut choisir entre ces deux divinités.Dans ce dessein, Élie propose hardiment de réunir surle mont Carmel tout le peuple, avec les quatre cent cinquanteprophètes de Baal et les quatre cents d’Astarté, que Jézabel nourrissait de sa table. Voir col. 292-293.Quand la foule fut rassemblée, Élie la harangua avecvigueur: «t Jusques à quand serez-vous semblables à unhomme qui boite des deux pieds? Si Jéhovah est Dieu, suivez-le; si c’est Baal, suivez-le.» La cause du monothéismeétait en jeu. Élie mit au défi les prophètes deBaal et se plaça résolument seul en face de quatre centcinquante adversaires. Les deux partis prendront chacunun bœuf, qu’on coupera par morceaux; ils le couvriront debois et prieront leur divinité de faire descendre le feudu ciel pour consumer la victime. Le Dieu qui exaucerales vœux de ses adorateurs sera reconnu pour le vraiDieu. Celte proposition fut trouvée excellente. Les prêtresde Baal, qui étaient les plus nombreux, commencèrentl’épreuve. Jusqu’à midi ils invoquèrent Baal, en dansantautour de l’autel. Élie se raillait d’eux: «Criez plus haut, disait-il. Votre dieu converse, voyage ou dort; éveillez-le.» Excités par cette mordante ironie, les prophètes de Baalpoussèrent de plus grands cris et firent sur leurs membresde sanglantes incisions. Efforts inutiles! Baal n’exauçaitCas leurs vœux. Quand vint l’heure du sacrifice ordinaire, Élie releva avec l’aide du peuple un autel de Jéhovahqui avait été détruit. Il le fit de douze pierres, conformémentau nombre des tribus, el creusa une tranchéetout autour. Quand la victime fut coupée, il versa troisfois sur elle et sur le bois quatre cruches d’eau; le liquidese répandit dans la tranchée. Tout étant ainsi disposé, leprophète adressa à Jéhovah une courte et fervente prière.Aussitôt le feu du ciel tomba et dévora l’holocauste, lesbois, les pierres, la poussière et l’eau qui était dans latranchée. Cet éclatant prodige convainquit tout le peupleque Jéhovah était le Dieu véritable. Afin de détruire leculte de Baal, Élie ordonna la mort de tous les prophètesde l’idole et les fit tuer sur le Cison. III Reg.. xviii, 1-40. L’emplacement présumé du sacrifice est nomméaujourd’hui encore El-Mouhraqa, et le lieu du massacres’appelle Tell el-Qasîs ou Tell el-Qatl. Voir col. 785-786.Cf. V. Guérin, Description géographique, historique etarchéologique de la Palestine, -2e partie, Samarie, t. ii, Paris, 1875, p. 245-247. Les Pères et les commentateurs
catholiques ont généralement justifie le prophète du reprochede cruauté relativement à cette sanglante exécution.S. Jean Chrysostome, In Matth., honi. lvi,! i, t. lviii, col. 551; Tostat, In III Reg., xviii, q. xxxv, Opéra, Cologne, 1613, t. vii, p. 292-293; G. Sanchez, In quatuor libros Regum, Lyon, 1623, p. 1256-1257.Élie n’ordonna pas le massacre des prophètes de Baal parressentiment et pour venger le meurtre des prophètes deJéhovah; il obéit à une inspiration divine et ne fit qu’appliquerles articles du code mosaïque qui prescrivent lapeine de mort contre les idolâtres et notamment contreles faux prophètes. Deut., xiii, 15; xvii, 2-7.
Le massacre achevé, Élie invita Achab à remonter à satente et à prendre son repas, car déjà il entendait le bruitd’une grande pluie. Achab obéit. De son côté, le prophètegravit le sommet du Carmel. Prosterné à terre et le visageentre ses genoux, il demanda la cessation de la sécheresse.Sa confiance était si assurée, qu’il dit à son serviteurde regarder du côté de la mer si les nuages apparaissaient.Le serviteur ne vit d’abord rien. Élie lui dit: «Retournez-y sept fois.» À la septième fois, le serviteuraperçut un petit nuage qui s’élevait de la mer et quin’était pas plus large que la main d’un homme. Reconnaissantles premiers signes de la pluie demandée, Éliefait dire à Achab d’atteler son char et de se hâter, de peurqu’il ne soit surpris par la pluie. Le ciel fut obscurci enun instant; d’épaisses nuées turent poussées par le vent, et la pluie tomba fortement. Jac., v, 18. Achab retournaità Jezraël. Saisi par l’inspiration d’en haut, Élie, les reinsceints, courait comme un héraut devant le char du roi.III Reg., xviii, 41-46. Il voulait sans doute l’accompagner, l’aider à revenir au culte du vrai Dieu et le défendrecontre les séductions de Jézabel. Dès qu’elle eut apprisde la bouche d’Achab la mort des prophètes de Baal, la reine fit annoncer à Élie qu’elle avait fait le sermentde lui donner le même sort dès le lendemain. Justementeffrayé, Élie s’enfuit à Bersabée.
111. Élie au Sinaï. — Parvenu en ce lieu, le prophèterenvoya son serviteur et s’enfonça dans le désert du Sinaïà la distance d’une journée de marche. Son espéranced’abolir d’un seul coup l’idolâtrie s’était évanouie. Il avaitbesoin de solitude pour ranimer son courage, et il ne secroyait pas en sûreté sur les terres de Josaphat, qui étaitl’allié d’Achab. Épuisé par un voyage long, rapide etpénible, Élie s’assit sous un genévrier, et cédant, non pasau désespoir, mais au découragement, il souhaita la mort.Dans son accablement, il s’étendit par terre et s’endormit.Un ange le toucha et lui dit: «Lève-toi et mange.» Élieéveillé regarda autour de lui, et vit auprès de sa tête unpain cuit sous la cendre et un vase d’eau. Il mangea et butet se rendormit. L’ange le toucha une seconde fois et luiréitéra l’ordre de manger, pour se préparer à un grandvoyage. Le prophète obéit, et, fortifié par la nourriturequ’il avait prise, il marcha quarante jours et quarantenuits, jusqu’à la montagne d’Horeb. Il n’est pas certainque durant cet intervalle Élie ne prit aucune nourriture, quoiqu’on pense généralement que son jeûne égala Celuide Moïse. S’il mit quarante jours à faire un trajet qu’onpeut parcourir en une dizaine de jours, c’est qu’il erradans le désert à la manière des Israélites à l’époquede l’exode. Ce délai lui était donné pour éprouver etépurer sa foi et pour le préparer aux communicationsdivines qu’il allait recevoir sur la montagne du Seigneur.
Élie entra pour la nuit dans une caverne de l’Horeb, probablement dans celle où Moïse vit passer la majestédivine. Exod., xxxiii, 22. Interpellé par le Seigneur, leprophète, qui était encore sous le coup de l’abattement, exhala ses plaintes sur la triste situation d’Israël, et il enappela à Jéhovah contre son peuple. Rom., XI, 2. L’allianceavec Dieu a été abandonnée, les autels ont étédétruits, les prophètes tués; Élie est resté seul, et oncherche à lui ôter la vie. Pour le réconforter, Dieu luimontra sa gloire et lui manifesta son esprit dans une
vision symbolique. Élie sortit de la caverne, et Jéhovahpassa devant lui. Il s’éleva d’abord un vent fort et violent, qui fendait les montagnes et brisait les rochers; maisJéhovah n’était pas dans ce vent. Il y eut ensuite un tremblementde terre, dans lequel Jéhovah n’était pas encore.Parut du feu; Jéhovah ne s’y manifestait pas. Élie entenditenfin le léger frémissement d’une douce brise, queJéhovah accompagnait. III Reg., XIX, 1-12. Cette imposantethéophanie signifiait que si l’ouragan, le tremblement deterre et l’incendie viennent du Seigneur, le précèdent etreprésentent sa justice irritée, ils ne font pas connaîtreson essence. Celle-ci est exprimée par la brise vivifiante.Assurément Jéhovah a la force et la puissance de châtierses contempteurs; mais dans sa bonté il préfère remplacerles châtiments sévères par les moyens de douceuret de miséricorde. Il donnait ainsi à son prophète uneleçon de modération et de patience: Élie ne devait passe décourager de l’insuccès de son zèle ni condamnertous les coupables. — Quand Jéhovah avait ainsi passédevant lui, Élie s’était couvert le visage de son manteau, par crainte et par respect. Comme il n’avait probablementpas saisi la signification complète de la théophanie, il entendit de nouveau la voix de Dieu, qui le pressaitde continuer son ministère. Ses plaintes amères recommencèrent.Le Seigneur lui confia alors la missiond’oindre Hazaël comme roi de Syrie, Jéhu comme roid’Israël, et Elisée comme prophète et son successeur.Élie ne remplit personnellement que la troisième de cesmissions; les deux premières furent accomplies plustard par Elisée. IV Reg., viii, 19; ix, 1-6. Quoique cestrois personnages dussent être à des litres divers desministres de ses vengeances, Dieu s’était réservé septmille Israélites qui n’avaient ni fléchi le genou devantBaal ni baisé sa main. Israël n’était donc pas rejeté, etles restes de ce peuple devaient être sauvés par la grâcedivine. Rom., xi, 4-5. Élie comprit enfin que Dieu nevoulait pas la perte d’Israël; il quitta l’IIoreb et partitreprendre son ministère. Rencontrant Elisée, il le choisitpour son disciple. III Reg., xix, 13-21. Voir Elisée.
IV. Dernières actions d’Eue. — Il reparut bientôtdevant Achab comme le justicier de Dieu. Le roi d’Israëlavait spolié Nabolh de sa vigne. Voir t. i, col. 122. Aumoment où il allait en prendre possession, Élie, surl’ordre de Dieu, se dressa soudain sur le chemin, reprochaà Achab son crime et lui en annonça le juste châtiment.Le roi, surpris, brava la colère divine. Sans se laisserintimider, Élie répéta les plus terribles menaces. Achab, épouvanté, fit pénitence. Son repentir lui obtint une mitigationde la sentence. Élie lui prédit que les vengeancesdivines sur sa maison n’auraient leur plein accomplissementque sous le règne de son fils. III Reg., xxi, 17-29.
Élie eut encore à porter un message sévère à Ochozias, fils et successeur d’Achaz. Ayant fait une chute, ce roiimpie envoya consulter Béelzébub, dieu d’Accaron. Voirt. i, col. 1547. Jéhovah prévint son prophète de cet acted’idolâtrie et le chargea d’en annoncer au roi la punition.Élie alla à la rencontre des officiers royaux, et, se dressantà l’improviste devant eux, il leur reprocha le mépris qu’ilsfaisaient du Dieu d’Israël, et les chargea de dire à Ochoziasqu’il ne guérirait pas et qu’il mourrait de sa chute. Samission remplie, il se retira rapidement. Les officiers neconnaissaient pas l’auteur de l’oracle. Ochozias s’enquitauprès d’eux de l’aspect et du vêtement de l’homme deDieu. «C’est un homme, répondirent-ils, vêtu d’un tissude poils, avec une ceinture de cuir sur les reins.» À cettedescription, le roi reconnut Élie le Thesbite, et il envoyaun chef de cinquante hommes avec sa troupe pour l’arrêter.Celui-ci ayant trouvé l’homme de Dieu assis ausommet d’une montagne, il lui ordonna avec insolenceet mépris, au nom du roi, de descendre. Élie répliqua: «Si je suis un homme de Dieu, que le feu du ciel tedévore, toi et les cinquante hommes.».Et le feu duciel les dévora à l’instant. Ce châtiment ne produisit chez
le roi que colère et obstination. Un second officier, quise montra plus insolent encore que le premier, eut lemême sort. On a accusé Élie de sévérité injuste et decruauté. Mais il n’a pas agi par haine ou par vengeancepersonnelle; il a voulu venger l’honneur de Dieu grossièrementoutragé dans ses prophètes, et donner au roiet à son peuple une éclatante leçon de respect à l’égarddes envoyés de Jéhovah. D’ailleurs, en condescendant sipromptement aux vœux d’Élie, Dieu lui-même a justifiésa prière. Cependant Ochozias envoya une troisième troupede cinquante hommes. Celte fois, le capitaine fut respectueux; il se mit à genoux et demanda la vie sauve. Unange encouragea Élie et lui dit de descendre sans craintevers le roi. Élie obéit et répéta à Ochozias l’arrêt de mortqu’il lui avait fait transmettre précédemment. Il disparutaussitôt. TV Reg., i, 3-16.
Toutes les interventions publiques d’Élie dans leroyaume d’Israël pour y détruire l’idolâtrie n’occupaientqu’une partie de sa vie. Le temps qui s’écoulait entre sesdiverses comparutions devant les rois impies, il le passaitdans la retraite et la solitude, au Carmel, si l’on en croitla tradition. Voir col. 294. Il joignait ainsi la vie contemplativeà la vie active, et il formait des disciples vouésà la pratique et à la diffusion du monothéisme. Il était lechef des écoles de prophètes qui existaient de son temps.
Voir ÉCOLES DE PROPHÈTES.
V. Enlèvement d’Eue. — Au moment où Dieu voulaitravir Élie à la terre, le prophète venait de quitterGalgala avec Elisée. Afin de ne pas avoir de témoin deson enlèvement, par humilité sans doute, il proposa durantle trajet à son disciple de le laisser aller seul à Béthel.Elisée refusa de l’abandonner. À Béthel, les fils des prophètes, qui connaissaient la prochaine disparition d’Élie, en prévinrent Elisée. Celui-ci, qui n’ignorait pas le sortréservé à son maître, leur imposa silence. Élie désiraitcontinuer seul sa marche jusqu’à Jéricho. Elisée voulutencore l’accompagner. Les fils des prophètes de la communautéde Jéricho prévinrent en secret Elisée du prochainenlèvement d’Élie. Persévérant dans son dessein d’écarlertout témoin, celui-ci demanda de poursuivre seul jusqu’auJourdain. Elisée s’attacha à ses pas, et les cinquantedisciples de Jéricho les suivaient à distance. Parvenuau bord du fleuve, Élie frappa de son manteau leseaux, qui se divisèrent et laissèrent aux prophètes le passageà pied sec. Il offrit alors à son disciple le choix d’unedernière faveur. Elisée demanda le droit du fils aînédans l’héritage paternel, c’est-à-dire une double part del’esprit prophétique de son maître. Tout en ne se reconnaissantpas le pouvoir d’accorder l’objet de cette demande, Élie indiqua à Elisée un signe que son désirserait exaucé: si Elisée voit son maître au moment deson enlèvement, la double part demandée lui sera concédée.Or, tandis que les deux prophètes continuaientleur chemin et conversaient en marchant, un char et deschevaux de feu les séparèrent tout à coup, et Élie montaau ciel au milieu d’un tourbillon. Elisée surpris se mità crier: «Mon père, mon père, char d’Israël et sa cavalerie!» Quand il ne vit plus Elie, il déchira ses vêlementsen signe de deuil. Il ramassa le manteau que sonmaître avait laissé tomber pour lui et en frappa les eauxdu Jourdain, qui obéirent à la puissance miraculeuse dontil venait d’hériter et s’écartèrent pour lui livrer passage.IV Reg., ii, 1-14. Les fils des prophètes, qui avaient assistéde loin à l’enlèvement d’Élie, voulurent envoyer cinquantehommes robustes à la recherche de leur chef; «car, disaient-ils, l’esprit du Seigneur l’a peut-être jeté surune montagne ou dans une vallée.» Elisée, qui avaitété témoin oculaire de la disparition d’Élie, déconseillad’abord cette recherche et céda enfin aux instances deses disciples. Les cinquante hommes, qui étaient allésde divers côtés, revinrent au bout de trois jours à Jéricho, après des démarches inutiles; ils n’avaient pas re
C’est une tradition constante parmi les catholiquesqu’Élie a été enlevé de terre corps et âme et qu’il n’apas payé son tribut à la mort. Diverses opinions se sontproduites relativement à la manière dont se fit son enlèvementet au lieu où il fut transporté. À la suite de saintChrysostome, Hom. de Ascensione, n» 5, t. l, col. 450, certains commentateurs ont pensé que le char et les chevauxqui emportèrent Élie étaient réellement de feu. Celane ressort pas nécessairement du texte, qui, selon lesentiment le plus probable, décrit la vision telle qu’elleapparut aux yeux émerveillés d’Elisée, sans rien affirmersur la nature desphénomènes. Aussi la plupart des exégètespensent qu’un tourbillon lumineux et resplendissanta environné Elie et l’a ravi aux regards de son disciple.Quant au lieu où le prophète fut emporté, il estinconnu. Le texte hébreu dit simplement qu’Élie monta «au ciel»; la version des Septante a traduit: mç et? toto-jpervôv, et les Pères latins ont admis la leçon correspondantede l’Italique: quasi in ceelum. L’auteur des Qusestioneset responsiones ad orlhodoxos, q. lxxxv, t. vi, col. 1323; saint Irénée, Cont. hser., v, 5, 1, t. vii, col. 1135; Terlullien, Adv. Marcion., v, 12, t. ii, col. 502, et saint Thomas, Sum. theol., 3° pars, q. xlix, a. v, ad 2*", pensent qu’Élie a été transporté à travers l’atmosphèreau paradis terrestre. Saint Grégoire le Grand, Hom. xxix in Evangel., n" 5, t. lxxvi, col. 1216, et Rupert, De Trinit., iii, 23, t. clxvii, col. 321, placent son séjour dans une région terrestre ignorée.Il est plus sage avec Théodoret, Qussst. xlv in Gen., t. lxxx, col. 145, de ne pas décider en des matièressur lesquelles l’Écriture garde le silence. L’enlèvementd’Élie a été regardé par les premiers chrétienscomme une figure de la résurrection. Martigny, Dictionnairedes antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877, p. 272-273.
La date de l’enlèvement d’Élie est aussi inconnue. Onle place généralement sous le règne de Josaphat. Quelquesexégètes voudraient que le prophète fut encore vivantsur terre du temps de Joram, roi de Juda, parce qu’onapporta à ce roi un écrit d’Élie, qui lui annonçait la punitionde son idolâtrie etde son fratricide. II Par., xxi, 12-15.Mais il est plus probable que Dieu avait révélé à Élieavant son enlèvement les crimes et le châtiment de Joram, et que le prophète avait consigné cette révélation dansun écrit, qu’il remit aux mains d’Elisée, en chargeant sondisciple de le transmettre au roi de Juda. Clair, Les Paralipomènes, Paris, 1883, p. 318-319.
VI. ÉLIE DANS LES DERNIERS ÉCRITS DE L’ANCIEN TES-TAMENTet dams les Évangiles. — 1° En conservantÉlie vivant, Dieu lui réservait pour la fin des temps unemission glorieuse, que le prophète Malachie, iv, 5-6, nous a fait connaître. Avant le grand et redoutable jourdu Seigneur, c’est-à-dire avant le second avènement duMessie, Élie sera renvoyé sur terre. Sa nouvelle missionaura pour but de convertir le peuple juif. «Il rapprocherale cœur des pères de leurs enfants, et le cœur des enfantsde leurs pères;» il ramènera les Juifs, qui vivrontalors aux sentiments et à la foi de leurs ancêtres. SaintJérôme, In Malach., iv, 5-6, t. xxv, col. 1576-1577.C’est pourquoi le souvenir d’Élie est demeuré vivacedans la mémoire du peuple juif. Le premier livre desMachabées, ii, 58, loue son zèle pour la loi, qui lui avalu l’honneur d’être enlevé au ciel. L’auteur de l’Ecclésiastique, XL viii, 1-12, a fait de lui un magnifiqueéloge. Après avoir rappelé poétiquement ses actions merveilleuses, il mentionne et spécifie sa mission future.Élie reviendra un jour lv âÀeY|j.oî; , «pour des avertissements, s afin de prêcher la pénitence; il viendra «pourapaiser la colère du Seigneur, réconcilier le cœuidupère avec le fils et reconstituer les tribus de Jacob».y. 10. H. Lesêtre, L’Ecclésiastique, Paris, 1884, p. 361.Celte mission sera remplie eï; xaipo-jç, «aux temps» messianiques, non pas au début, mais à la fin de ces temps.
C’était l’annonce de la mission de saint Jean-Baptiste.
— 2° Au premier avènement du Sauveur, il y eut unhomme qui devait marcher devant le Messie, «dansl’esprit et la puissance d’Élie, afin qu’il unisse les cœursdes pères et ceux des enfants», èv nv£-j|iaTt xal 6uvi|j.ei’HXtou, âm<rTpé’{iat xapic’on; na-ipaiv èVi téxva. Luc, I, 17. Knabénbauer, Evangelium secundwn Lucam, Paris, 1896, p, 50-51. Saint Jean-Baptiste, qui est ainsi désigné, n’a l’esprit et la puissance d’Élie que parce qu’il rempliraà ce premier avènement le rôle d’Élie au secondavènement. Matth., xi, 14. Knabénbauer, Evangeliumsecundum Matlhseum, Paris, 1892, t.i, p. 440-441. C’estdonc par une fausse interprétation de Malachie queles scribes contemporains de Jésus attendaient Élie commele précurseur du Messie et regardaient sa venue commeun signe de la proximité des temps messianiques. Matth., xvii, 10 et 12; Marc, ix, 11. C’est dans la même persuasionqu’une partie du peuple juif prenait Jean-Baptisted’abord, Joa., i, 21, Jésus ensuite, pour Élie, Matth., xvi, 14, Luc, ix, 8. Jésus cependant avait rectifié la pensée desscribes, en affirmant qu’Élie viendrait restaurer touteschoses à la fin des temps; mais qu’un prophète semblableà Élie était déjà venu. Si Jean-Baptiste, en effet, n’étaitpas Élie en personne, il avait l’esprit d’Élie. Saint Grégoirele Grand, Hom. vil in Evangelium, t. lxxvi, col. 1100. Cf. Knabénbauer, Evangelium secundum Malthseum, t. ii, 1893, p. 87-88; Evangelium secundumMarcum, Paris, 1894, p. 236 237; Fillion, Évangile selonsaint Matthieu, Paris, 1878, p. 340-341; Suarez, In3 am part., q. 59, art. 6, disp. 55, sect. n (Opéra, édit.Vives, Paris, 1866, t. xix, p. 1050-1053); Noël Alexandre, Historia ecclesiastica V. T., Paris, 1699, t. ii, p. 185-187; L. Atzberger, Die christliche Eschatologie in den Stadienihrer OJfenbarung im Alten und Neuen Teslamente, Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 160-161 et 306-307, etGeschichte der christlichen Eschatologie innerhalb dervornic&nischen Zeit, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 148, 285, 293, 315-316, 430-431, 559-560, 568-569 et 603-404; [Alexis Desessarts], De l’avènement d’Elie, où l’on montrela certitude de cet avènement et ce qui doit le précéder, l’accompagner et le suivre, in-12, 1734; Traité de lavenue d’Élie, in-12, Rotterdam, 1737. — 3° Quoique Élien’ait pas été le précurseur du Messie, il eut cependantà remplir un office auprès de sa personne, lors de sonpremier avènement; il fut témoin de sa transfigurationau Thabor. Il représentait l’ordre prophétique, et avecMoïse il rendait hommage au fondateur de la nouvellealliance. Il apparut aux Apôtres brillant et transfiguré, lui aussi, dans son propre corps, et il s’entretint avecJésus de sa passion et de sa mort. Matth., xvii, 3; Marc, ix, 3; Luc, ix, 30-31. — L’Église grecque et latinehonore la mémoire d’Élie le 20 juillet. — Ce grand prophètea été l’objet de contes et de légendes ridicules. Voird’Herbelot, Bibliothèque orientale, Paris, 1697, p. 491.On lui a attribué une Apocalypse apocryphe. Voir t. i, col, 763, et A. Harnack, Geschichte der altchristichenLitteratur bis Eusebius, t. i, Leipzig, 1893, p. 853-854; Die Chronologie der altchristlichen Litteratur bis Eusebius, t. i, Leipzig, 1897, p. 571-572. — Les rabbinscroient qu’il exposera un jour les explications et les réponsesqu’ils ont ajournées. Talmud de Jérusalem, Berakholh, i, 1, trad. Schwab, Paris, 1871, t. i, p. 5.
Bibliographie. — P. Dorothée de Saint-René, carme, Les grandeurs des saints prophètes Élie et Elisée, Paris, 1655; Acta sanctorum, t. xxxii, Paris, 1868, p. 4-22; P. Cassel, Der Prophet Elisa, Berlin, 1860, proleg. vuxvi; Ms r Meignan, Les prophètes d’Israël.Quatre siècles de lutte contre l’idolâtrie, Paris, 1892, p. 179-248; Glaire, Les Livres Saints vengés, Paris, 1815, t. ii, p. 81-98; Clair, Les livres des Rois, Paris, 1884, t. i, p. 168-177; A. Clemen, Die Wunderberichteûber Elia und Elisa in den Bûchern der Kônige, in-4°, Grimma, 1877, p. 13-31. E. Masgenqt.
ÉLIEL. Hébreu: ’Ëli’êl, «Dieu est ma force;» Septante: ’E).£t7; X; Codex Alexandrinus: ’EXtTJX. Nom deneuf Israélites.
1. ÉLIEL, un des chefs de la tribu de Manassé, à l’estdu Jourdain, du temps de Jéroboam II, roi d’Israël. I Par., v, 21.
2. ÉLIEL, lévite de la branche de Caath, Bis de Thohu, ancêtre du prophète Samuel I Par., vi, 34 (hébreu, 19).Il paraît bien être le même personnage qu’Éliab de
I Par., vi, 27 (hébreu, 12), et Éliu de I Reg., i, 1.
3. ÉLIEL (Septante: ’EXi<]Xsf; Codex Alexandrinus: ’EXitiXO, un des chefs de famille de la tribu de Benjamin quihabitèrent Jérusalem. Il était fils de Séméi. I Par., viii, 20.
4. ÉLIEL (Septante: ’EXerçX), autre chef de famille dela tribu de Benjamin, qui habita également Jérusalem.
II était fils de Sésac. I Par., viii, 22.
5. ÉLIEL (Septante: AsufjX; Codex Alexandrinus: ’IeXiT|X), vaillant guerrier du temps de David. I Par., xi, 46. Il était Mahunite. Voir Mahunite, t. iv, col. 578.
6. ÉLIEL (Septante: AaXeiriX; Codex Alexandrinus: ’AXiriX), autre vaillant guerrier du temps de David. Ilétait de Masobia. I Par., xi, 46 (hébreu, 47).
7. ÉLIEL (Septante: ’EX116; Codex Alexandrinus: ’EXiiîX), un des chefs de la tribu de Gad qui se joignirentà David pendant la persécution de Saûl. I Par., xil, 11.
8. ÉLIEL (Septante: ’Evïjp; Codex Sinaiticus: ’Ev^X; Alexandrinus: ’EXitjX), lévite, chef de la famille de Hébron, à l’époque du transport de l’arche de la maisond’Obédédom à Jérusalem. I Par., xv, 9. Il était du nombredes chefs de lévites chargés de porter l’arche, ꝟ. 11.
9. ÉLIEL (Septante: ’IeînjX; Codex Alexandrinus: ’IeiiqX), un des lévites du temps d’Ézéchias, chargés ensous-ordre de l’inspection des dîmeset des dons sacrés.II Par., xxxi, 13.
ÉLIÉZER. Hébreu: ’ËlVézér, «mon Dieu est secours;» Septante: ’EXtÉÇep. Nom de onze Israélites.
1. ÉLIÉZER, serviteur ou esclave d’Abraham. Il estnommé une seule fois par son nom, à l’occasion des promessesque Dieu renouvelle au patriarche après sa victoiresur Chodorlahomor: «Seigneur, mon Dieu, ditAbraham à Jéhovah, qui vient de lui promettre d’être sarécompense très grande, que me donnerez - vous? Jemourrai sans enfants, et le. fils de l’intendant de ma maison, ce Damascus Éliézer…» Gen., xv, 2. Le texte primitifa dû subir ici quelque altération, car la phrase estinachevée et doit sans doute être complétée par la fin duverset suivant, lequel pourrait bien être une glose explicativedu précédent: «…Et voilà que mon esclave seramon héritier.» L’hébreu bén méSéq, que la Vulgate a traduitpar «le fils de l’intendant», a été compris de diversesmanières. Les Septante ont: «le fils de Mésec (maservante).» D’autres lisent: «le fils de l’intendance,» c’est-à-dire l’intendant. — Ce verset offre encore une autredifficulté. Damascus, Aa|iâ<rxoç, est un substantif et nonun adjectif signifiant Damascène. Plusieurs ont doncpensé qu’il fallait traduire: «Damascus, [fils d’] Éliézer.» D’autres voient dans ce mot la répétition du mot méSéq, employé immédiatement avant. La forme Damméséq, Damascus, proviendrait de la substitution du d initial audémonstratif hé, opérée conformément au goût des Araméenspour les dentales. Voir, sur cette tendance, F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste,
4e édit., t. v, p. 431. Nous aurions donc d’après eux: «Cet intendant Éliézer.» On pourrait encore admettre, selon d’autres, que le nom de Damas fut ajouté commeun surnom à celui d’Éliézer, en souvenir peut-être del’origine de cet esclave, dont Abraham aurait fait l’acquisitionen passant par Damas dans son voyage de Haranen Chanaan. Voir D. Calmet, Commentaire littéral surla Genèse, Paris, 1707, p. 35-37; Cornélius a Lapide, InGenesim, Migne, t. v, col. 385; de Hummelauer, Comment, in Genesim, Paris, 1895, p. 387-388; Keil, ThePentateuch, Edimbourg, 1872, t. i, p. 211.
On s’accorde en général à reconnaître Éliézer dans leserviteur à qui Abraham confie, Gen., xxiv, 2-4, l’importanteet délicate mission d’aller de sa part chercher enMésopotamie une épouse pour son fils Isaac. La Vulgatel’appelle le plus ancien des serviteurs; l’hébreu dit s l’ancien», expression qui paraîtrait indiquer le rang plutôtque l’âge, et qu’en conséquence Onkélos a rendue par «intendant». Si cette traduction était la vraie, elle suffiraitpour établir l’identité de ce serviteur d’Éliézer, communément admise. — Pour bien faire comprendre àson serviteur la gravité de l’affaire dont il allait le charger, le patriarche exigea de lui un serment solennel, qui n’ad’analogue dans l’histoire sainte que celui de Joseph prononcéauprès du lit de mort de Jacob. Gen., xlvii, 29-31.Place ta main sous ma cuisse, lui dit-il, afin que je t’adjurepar le Seigneur, Dieu du ciel et de la terre.» Gen., xxiv, 2-3. Et Abraham lui fit jurer de ne choisir pourépouse d’Isaac aucune femme chananéenne, mais de luien procurer une dans sa patrie, au delà de l’Euphrate, etdans sa famille. Le mariage d’Isaac étant un moyen d’assurerla conservation de la postérité choisie, dans laquelledevait se trouver un jour le Messie, les Pères ont penséque le cérémonial employé par le saint patriarche étaitune action symbolique rappelant à la fois la grande promessede Dieu et le sceau de la circoncision qui confirmaitcette promesse. Gen., xvii, 1-19; xxii, 18; Rom., iv, 11-13. Voir Théodoret, Qusest. txxirin Gènes., Paris, 1642, p. 253. Éliézer prêta le serment exigé, après avoirreçu de son maître des éclaircissements que sa consciencelui inspirait de demander; puis il partit, emmenant aveclui dix chameaux chargés de richesses, et se dirigea versla ville de Haran en Mésopotamie, où Nachor habitait.Gen., xxiv, 5, 9-10.
Arrivé aux portes de Haran, il fit plier les genoux à seschameaux (hébreu) auprès d’un puits, pour le repos dela nuit. C’était le soir, à l’heure où les femmes ont coutumede sortir de la ville pour aller puiser de l’eau. Éliézerconnaissait cet usage, commun en Orient, cf. Exod., Il, 16; I Reg., iv, 11, et que nos voyageurs modernes ont trouvéencore en vigueur à Haran même. Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6 8 édit., t. i, p. 449-450. Cf. Cruche, col. 1137. Aussi la coïncidencede l’arrivée d’Éliézer avec celle des jeunes Syriennes qu’ilrencontra au puits n’a-t-elle rien de fortuit, comme onle voit d’ailleurs par la prière qu’il adresse à Dieu, etdans laquelle il commence par déclarer que les jeunesfilles de la ville vont venir puiser de l’eau. Il dit ensuiteà Dieu: «Que la jeune fille à laquelle je dirai: Inclinezvotre urne afin que je boive, et me répondra: Buvez; jedonnerai aussi à boire à vos chameaux, soit celle quevous avez préparée pour être l’épouse de votre serviteurIsaac. Ce sera à ce signe que je connaîtrai que vous avezfait miséricorde à mon maître.» Gen., xxiv, 11-14.
Quelque étonnante que puisse paraître cette demandeadressée au Seigneur par un homme, il n’y faut pointvoir une sorte de tentation de Dieu; c’est un acte de foiprofonde, tel qu’on en rencontre du reste plusieurs dans; l’histoire des Hébreux. Cf. Jud., vi, 36; I Reg., xiv, 9.Dieu lui-même a justifié ces hardiesses de la foi parl’heureux succès accordé aux vœux de ses serviteurs. Ence qui regarde Éliézer, à peine avaitil formé dans soncœur la prière que lui dictait son zèle pour le bonheur
de son maître, qu’une jeune vierge d’une grande beauté, Rébecca, fille de Bathuel et petite-fille de Nachor, parut, remontant de la fontaine une cruche sur son épaule.Éliézer alla au-devant d’elle et lui demanda à boire.D’après la tradition juive conservée par Josèphe, Ant.jud., i, xvi, 2, Éliézer aurait déjà adressé la même prièreaux compagnes de Rébecca, qui auraient refusé de luirendre ce service. Tout autre fut l’accueil que lui fit lafille de Bathuel: «Buvez, seigneur,» lui dit-elle en faisantpasser rapidement la cruche de l’épaule sur le bras; et lorsqu’il eut bu, elle ajouta: «Je vais aussi puiser del’eau pour vos chameaux jusqu’à ce qu’ils aient tous bu.» Elle se mit immédiatement à l’œuvre, tandis qu’Éliézerla considérait en silence pour voir si le signe qu’il avaitproposé à Dieu se réaliserait jusqu’au bout. Il compritalors que sa prière était exaucée et offrit des présents àRébecca. Celle-ci lui assura qu’il trouverait une cordialehospitalité dans la maison de son père et courut aussitôtdans la tente de sa mère raconter ce qui s’était passé.Pendant ce temps, Éliézer, resté auprès de la fontaine, bénissait le Seigneur et le remerciait. Laban, frère deRébecca, vint le prendre et l’amener dans sa demeure, où il lui servit à manger. Voir Bathuel, t. i, col. 1508.Mais Éliézer déclara qu’il ne toucherait à aucun alimentavant d’avoir exposé l’objet de sa mission. Il commençadonc, sur l’invitation de Laban, à raconter en détail toutce qui s’était passé depuis l’ordre qu’il avait reçu de sonmaître de partir pour Haran jusqu’au moment présent.Il termina son récit en demandant pour Isaac la main deRébecca. Laban et Bathuel reconnurent dans cette suitede faits la main de Dieu, qui dirige tous les événements, et agréèrent cette demande. Éliézer se prosterna pouradorer Dieu et fit ensuite à la fiancée de riches présents; il en distribua aussi à sa mère et à ses frères (à sonfrère, disent l’hébreu et les Septante). On célébra par unjoyeux festin l’heureux succès de la mission d’Éliézer. Ilne restait plus maintenant à ce fidèle serviteur qu’à ramenerauprès d’Abraham l’épouse de son fils. C’est cequ’il s’empressa de faire en repartant le lendemain, malgrél’insistance de ses hôtes pour le retenir. Au terme deson voyage, il rencontra Isaac au milieu des champs, et, après lui avoir rendu compte de sa mission, il lui présental’épouse souhaitée par Abraham. À partir de ce moment, il n’est plus question d’Éliézer dans le récit sacré. —Deux grandes vertus recommandent Éliézer: sa foi viveet son admirable dévouement à Abraham. Ce dévouementva jusqu’à la plus complète abnégation. Gen., xv, 2-3, comparé avec xxiv, 36. Le nom de son maître revient àchaque instant dans ses prières à Dieu et dans ses discoursavec les hommes. Gen., xxiv, 12, 14, 27, etc.; ilparle de lui avec une sorte de fierté et une visible complaisance.Gen., xxiv, 34-35. E. Palis.
2. ÉLIÉZER, ^second fils de Moïse et de Séphora. Ilnaquit dans le pays de Madian, et son père lui donna cenom parce que Dieu avait été son secours et l’avait délivréde l’épée du pharaon. Exod., xviii, 4; I Par., xxiii, 15.Quand Moïse rentra en Egypte, il voulut y amener sesdeux fils; mais, après la circoncision de l’aîné, il lesrenvoya à son beau-père Jéthro, qui les lui ramenaaprès la sortie d’Egypte. Exod., iv, 20, 26; xviii, 2-6.Éliézer n’eut qu’un fils, Rohobia, dont la postérité futtrès nombreuse. I Par., xxiii, 17. À l’époque de David, un de ses descendants, Sélémith, fut chargé de la gardedes choses consacrées au Seigneur. I Par., xxvii, 25-26.
3. ÉLIÉZER, fils de Bechor, le fils de Benjamin, d’aprèsle texte hébreu et les versions dans I Par., vii, 6. VoirBenjamin et Bechor.
4. ÉLIÉZER, prêtre, qui jouait de la trompette devantl’arche du Seigneur, quand David la fit transporter de lamaison d’Obédédom à Jérusalem. I Par., xv, 21.
5. ÉLIÉZER, fils de Zéchri, et chef de la tribu deRuben sous le règne de David. I Par., xxvii, 16.
6. ÉLIÉZER, prophète, fils de Dodaû de Marésa, dansla tribu de Juda. Quand Josaphat s’allia avec le roi d’Israël, Ochozias, pour construire des vaisseaux et faire uneexpédition à Ophir, le prophète Éliézer l’en reprit au nomdu Seigneur; et il lui prédit que les vaisseaux seraientbrisés et que l’entreprise échouerait. II Par., xx, 35-37.Aussi quand Ochozias voulut tenter une autre expédition, Josaphat, se souvenant des paroles d’Éliézer, refusa d’ydonner son concours. III Reg., xxii, 50.
7. ÉLIÉZER, un des chefs de familles qu’Esdras envoyadu fleuve Ahava vers Eddo, chef des captifs résidant àCasphia, afin d’engager des Nathinéens et des Lévitesvivant sous sa domination à se joindre aux enfants d’Israëlqui profitaient de l’édit d’Artaxerxès pour se rendreà Jérusalem.
8. ÉLIÉZER, prêtre qui au retour de la captivité renvoyala femme étrangère qu’il avait prise contre la loi.I Esdr., x, 18.
9. ÉLIÉZER, lévite qui suivit l’exemple du précédent.I Esdr., x, 23.
10. ÉLIÉZER, Israélite qui eut aussi à répudier lafemme étrangère qu’il avait épousée contre la loi pendantla captivité. I Esdr., x, 31.
11. ÉLIÉZER, fils de Jorim, un des ancêtres de Jésus-Christdans la généalogie de saint Luc, iii, 29.
E. Levesque.
12. ÉLIÉZER, ben Eliyàhù, surnommé Aschkenazi oul’Allemand, rabbin juif. Voir Aschkenazi, 1. 1, col. 1075.
- ÉLIHOREPH##
ÉLIHOREPH (hébreu: ’Ëlihôréf, t mon Dieu récompense;» Septante: ’EXidtp; Codex Alexandrinus: ’Evapécp), fils de Sisa, scribe à la cour de Salomon.III Beg., iv, 3.
. ÉLIM (hébreu: ’Êlim, Exod., xvi, 1; avec hé local, ’Êlirnâh, Exod., xv, 27; Num., xxxiii, 9; Septante: Alldy.), deuxième station des Israélites dans le désert, après le passage de la mer Rouge. Exod., xv, 27; xvi, 1; Num., xxxiii, 9. Ce nom dérive de la racine’ûl ou’il, «être fort;» d’où «un arbre vigoureux», chêne ou térébinthe.Au pluriel, il indiquerait ici «les grands arbres» dudésert, c’est-à-dire les soixante-dix palmiers mentionnéspar l’Écriture. Exod., xy, 27; Num., xxxiii, 9. Une autreforme du pluriel est’Êlô( (’Êlaf), qui désigne le portseptentrional du golfe Élanitique. Cf. Stanley, Sinaï andPalestine, in-8°, Londres, 1866, p. 519. — Élim est placéeaprès Mara, généralement identifiée avec Aïn Haouarah, Exod., xv, 23, et elle est décrite en ces deux motspar la Bible: «Les enfants d’Israël vinrent à Élim, où ily avait douze sources {’ènôf) et soixante-dix palmiers, etils y campèrent près des eaux.» Exod., xv, 27; Num., xxxm, &. C’était donc une oasis qui offrait naturellementaux Hébreux un lieu de repos. Mais où se trouvait-elle?Les opinions se partagent entre les vallées qui se suivent, dans la direction du sud-est, à partir d’Ain Haouarah, c’est-à-dire les ouadis Gharandel, Ouseit, Schébéikéket Taiyibéh.
1° On s’accorde généralement aujourd’hui à placer Élimà l’ouadi Gharandel, situé à quatre-vingt-six kilomètresd’Aïoun Mouça, à deux heures d’Ain Haouarah (fig. 549).Un ruisseau perpétuel, où coule uneeau limpide, y entretientdes palmiers sauvages (nakhl), des tamaris et d’autresplantes du désert. Au printemps, c’est-à-dire à l’époque oùles Israélites passaient en cet endroit, le ruisseau se subdiviseet forme des étangs entourés de joncs où abondent
les oiseaux. M. S. Bartlett, From Egypt to Palestine, in-8°, NewYork, 1879, p. 204-205, décrit ainsi Élim, qu’il visita le 10 février 1874: «Notre camp était aumilieu de tamaris, que dominaient cinq petits palmiers…Le ruisseau était à quelque distance. Dans le lit occidentalde l’ouadi, l’eau jaillissait de terre à deux endroitspeu éloignés l’un de l’autre; un peu plus bas, elle sourdaitaussi au bord du ruisseau ou dans son lit; elle sedivise en deux ou trois petits bras, où elle coule en murmurant.Les calculs que nous fîmes sur place nous firenttomber d’accord que la fontaine donnait au moins deuxtonnes d’eau par minute, à cent quarante mètres de lasource. Il est probable qu’un examen sérieux nous aurait
2° Cependant M. L. de Laborde, Commentaire géographiquesur l’Exode et les Nombres, in-f°, Pa.ïs, 1841, p. 85, et J. Wilsori, The Lands of the Bible, 3 in-8°, Edimbourg, 1847, t. i, p. 174, placent Élim dans l’ouadiOuseit ou Ossaita. Le premier en donne les raisons suivantes: 1. À partir de Haouarah, la route naturelle desIsraélites traverse l’ouadi Gharandel dans sa partie supérieure; mais elle ne descend pas vers la mer, à l’endroitoù se trouvent les sources et les palmiers, ce serait doncun détour. 2. La distance de Haouarah à l’ouadi Gharandeln’est que de deux lieues, ce qui est trop peu pourune journée de marche. 3. Des sources de Gharandel à lastation, près de la mer, il y a une journée de quatorze
M9. — Vue de l’ouadi Gharandel. D’après ira» photographie.
fait découvrir plus bas d’autres sources… A^ant traverséle ruisseau, pour me diriger au nord-ouest vers un autrebouquet d’arbres, j’y comptai environ trente jeunes palmierset dix vieux troncs dont quelques-uns portaientencore des traces de feu. Bonar, en 1855, avait comptéen cet endroit quatre-vingts palmiers et s’était arrêtéaprès avoir atteint ce chiffre. Tout autour de ce largeespace, l’eau se trouvait à une petite profondeur. Deuxendroits ressemblaient à des puits qui auraient été comblés.Quelques petits oiseaux gazouillaient tout autour; je cueillis deux espèces de fleurs à cette époque si peuavancée de l’année… Nous trouvâmes l’eau excellente, aussi bonne que celle du Nil. Nulle part, dans la péninsule, excepté à l’ouadi Feiran, elle n’est aussi abondante. sCf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. ii, p. 456; E. H. Palmer, The désertof the Exodus, Cambridge, 1871, t. i, p. 273; E. Hull, Mount Seir, in-8°, Londres, 1889, p. 36; G. Ebers, DurchGosem zum Sinai, in-8°, Leipzig, 1881, p. 128; Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres. 1856, t. i, p. 68, 69.
lieues, beaucoup trop forte pour les Israélites, et qu’unecaravane de chameaux chargés pourrait difficilement parcourir.Ces trois objections, ajoute-t-il, ne se trouventpoint dans la position d’Ossaita, et pendant le séjourdes Israélites dans cette vallée, qui serait alors Elim, rien n’empêchait les bergers de pousser leurs troupeauxjusque dans les pâturages de l’ouadi Gharandel. — Cesarguments sont loin d’être péremptoires. On peut répondre, d’une manière générale, que les étapes desHébreux n’étaient pas réglées comme celles d’une trouperégulière, et qu’elles étaient moins déterminées par ladistance que par l’abondance des eaux et de la végétation, si nécessaires pour une immense multitude et assezrares dans le désert. Or l’ouadi Gharandel, de l’aveu detous les voyageurs, est une des plus belles oasis de lapéninsule, l’emportant sur l’ouadi Ouseit par sa largeur, le nombre de ses sources et de ses palmiers, la qualitéde ses eaux. Si M. de Laborde admet que les bergersisraélites pouvaient, pendant leur campement dans cettedernière vallée, mener leurs troupeaux dans la première, en rebroussant chemin, il est plus naturel de supposer
que, pendant le séjour dans l’ouadi Gharandcl, ils allèrent, par une marche en avant, utiliser les richesses de l’ouadiOuseit, distant de l’autre de deux heures et demie seulement.Enfin, rien n’indique d’une manière précise oùfut la station près de la mer, et l’auteur, en la plaçant àquatorze lieues, donne une assertion gratuite. L’étude deslieux permet de croire que le peuple, se dirigeant versle Sinaï, suivit le chemin qui passe sur les hauteurs, aupied du Djebel Hammam -Fir’oun, pour descendre de làvers la côte par le premier sentier praticable, c’est-à-direpar l’ouadi Schebeikéh et par l’ouadi Taiyibéh. Il est probableque le quartier général de Moïse était aux sourceset aux palmiers de celle dernière vallée, à trente kilomètresenviron de l’ouadi Gharandel. La distance, onle voit, bien qu’assez considérable encore, est moitiémoindre. Il est permis d’ailleurs de supposer qu’aprèsle long repos qu’on avait pris à Élim, on ne recula pasdevant une marche assez longue pour arriver à un campementcommode. — M. L. de Laborde est plus dans levrai quand il combat l’opinion de Thévenot, Shaw etNiebuhr, qui veulent chercher Élim à Tor, bien plusbas, sur les bords de la mer. Elle est tellement invraisemblable, qu’il nous paraît inutile de la discuter.
3° Lepsius, Briefe aus JEgypten, éthiopien und derHalbinsel des Sinai, Berlin, 1852, p. 343, a voulu identifierÉlim avec l’ouadi Schebeikéh, et H. Ewald, Geschichle des Volkes Israël, Goettingue, 1865, t. ii, p. 142, avec l’ouadi Taiyibéh. Ces deux vallées communiquententre elles, et leur point de jonction est éloigné de quatreheures de l’ouadi Ouseit. La principale raison de Lepsiusest aussi fausse que singulière. D’après lui, les douzepuits d’Élim auraient été des citernes; il faudrait doncchercher la station dans un endroit sans eau de source, ce qui convient à Schebeikéh. L’hébreu porte formellement’énôt maîm, «des sources d’eau,» ce qui indiquedes fontaines et non de simples réservoirs. Cf. G. B.Winer, Biblisches Reàlwàilerbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 320.
— Reste donc toute probabilité pour ouadi Gharandel, que les voyageurs anciens regardaient déjà comme lastation d’Élim. Tel e§t le sentiment de Breydenbach, citépar L. de Laborde, Comment, géogr. sur l’Exode, p. 85: «La nuyt venue, appliquâmes à un torrent apele Orondem(Garandel), la ou nous tendimes nos tentes pourles eaux qui estaient la et demourames la pour la nuyt.Auquel lieu sont plusieurs fontaines vives ayant eau clereet bonne et plusieurs palmiers de quoy nous avions suspicionassez véhémente que ne fut le désert de Helym.»
A. Legendre.
2. ÉLIM (PUITS D’) (hébreu: Be’êr’ÊUm; Septante: A’tXei|t), lieu mentionné dans Isaïe, xv, 8, dans un oraclecontre Moab. Voir Béer-Éum, 1. 1, col. 1548.
- ÉLIMÉLECH##
ÉLIMÉLECH (hébreu: ’Èlimélék, «Dieu est roi» [cf. Humilku, messager du gouverneur de Tyr, dans leslettres de El-Amarna, Proceedings of the Society ofBiblical Archœology, t. xv, 1893, p. 50(3-508]; Septante: ’EitfiéXsx), homme de la tribu de Juda, originaire deBelhléhem, mari de Noémi et parent de Booz. Rulh, i, 2; ii, 1, 3; iv, 3, 9. Une grande famine l’obligea des’éloigner de Betliléhem, avec sa femme et ses deux fils, Mahalon et Chélion, et de se retirer dans le pays de Moab.Mais il y mourut bientôt, et ses fils se marièrent à deuxMoabites, Orpha et Ruth. Ruth, i, 1, 3.
- ÉLIODA##
ÉLIODA, nom d’un fils de David, II Reg., v, 16, nommé ailleurs Éliada. Voir Éluda 2.
ÉLIOÉNAÏ. Hébreu: ’Élyô’ênay, «vers Jahveh mesyeux.» Nom de sept Israélites.
1. ÉLIOÉNAl (Septante: ’E/.etôaydc; Codex Alexandrinus: ’EUuirpai), fils de Naaria, dans la descendancede Zorobabel. Il eut sept fils. I Par., iii, 23, 24. Dans le
texte hébreu, il n’est pas dit clairement que ce soit dansla descendance directe de Zorobabel. P. de Broglie, Lesgénéalogies bibliques, dans Congrès scientifique internationaldes catholiques, de 1888, t. i, p. 139.
2. ÉLIOÉNAl (Septante: ’EXiwvat’; Codex Alexandrinus: ’EXturvr.i), chef de famille dans la tribu deSiméon. I Par., iv, 36.
3. ÉLIOÉNAl (Septante: ’EXetôatvâv; Codex Alexandrinus: ’E), iwiriva()i un des fils de Béchor, fils de Benjamin, d’après I Par., vii, 8. Il était chef de famille.
4. ÉLIOÉNAl (hébreu: ’Elyehô" ênay; Septante: ’EXiuvotk; Codex Alexandrinus: ’Eltuntvai), lévite, septièmefils de Mésélémia, dans la descendance de Coré, et portierdu Temple. I Par., xxvi, 3, 12.
5. ÉLIOÉNAl (hébreu: ’ÊlyeUô’ênay; Septante: ’EXiavi), fils de Zarehe, chef de la famille des Phahath-Moab, revint de Babylone avec Esdras, à la tête de deux centshommes. I Esdr., viii, 4.
6. ÉLIOÉNAl (Septante: ’EXitova; Codex Alexandrinus: ’EXi[tfii)vas)> prêtre, de la descendance de Pheshur, qui au retour de Babylone renvoya la femme étrangèrequ’il avait prise contre la loi. I Esdr., x, 22. Probablementc’est le même Élioénaï qui accompagna Néhémiedans la dédicace des murs de Jérusalem et joua de latrompette. II Esdr., xii, 40.
7. ÉLIOÉNAl (Septante: ’EXtwvi; Codex Alexandrinus: ’EXtwT)vai; Sinaiticus: ’EXtwvâv), Israélite de lafamille de Zéthua, qui se sépara de la femme étrangèrequ’il avait prise pendant la captivité. I Esdr., x, 27.
E. Levesque.
- ÉLIPHAL##
ÉLIPHAL (hébreu: ’Ëlîfal, «Dieu juge;» Septante: ’EXçixt; Codex Alexandrinus: ’E).i<p» âX), fils d’Ur, un destrente braves de David. I Par., xi, 35. Dans le lieu parallèle, II Reg., xxiii, 31, on lilÊliphélet. Voir Éliphélet 1.
ÉLIPHALETH. Hébreu: ’Ëlifêlét, et à la pause’Ëlifêlét, «Dieu est refuge.» Nom de trois Israélites.
1. ÉLIPHALETH (Septante: ’EXeiçàaO; Il Reg., v, 16: ’E|/, <pâXer; Codex Sinaiticus: ’ËvçiXer; Alexandrinus: ’ËXiçâXer), le dernier fils de David, qui naquit à Jérusalem, II Reg., v, 16; I Par., xiv, 7; comme dans I Par., iii, 8, lenom ne se trouve pas à la pause, il est ponctué’Ëlifêlét: de là le nom Éliphéleth de la Vulgale dans cet endroit.
2. ÉLIPHALETH (Septante: ’EXsupctXot), autre fils deDavid, d’après 1 Par., iii, 7, et aussi d’après I Par., xiv, 5, où on lit la forme abrégée Elpâlet. Mais ce nommanque dans la liste de II Reg., v, 16. L’absence encet endroit d’un nom porté par un autre fils de Davidrend son insertion suspecte dans les Paralipomènes. Ondit néanmoins que cet Éliphaleth a pu mourir jeune etsans enfants, et qu’on a donné alors son nom à un autreenfant né plus iard, pour le conserver dans la famille.Cette hypothèse donne peut-être raison de la répétitiondu même nom dans cette énumération des fils de David, mais n’eSplique pas son absence dans la liste de II Reg., v, 14-16. Une répétition par erreur de copiste est aussivraisemblable.
3. ÉLIPHALETH (Septante: ’EXi ?âXei «; Codex Alexandrinus: ’EX(faXei), troisième fils d’Ésec, dans la descendancede Saül par Jonathas. I Par., viii, 39.
E. Levesque.
- ELIPHALU##
ELIPHALU (hébreu: ’Elifelêhû, «celui que Dieudistingue;» Septante: ’EXstçEvi, ’Evçavat’ac; CodexAlexandrinus: ’EXtfaXi), lévite, parmi les musiciens
du second ordre, qui accompagnèrent le transport del’arche de la maison d’Obédédom à la cité de David. Iljouait du kinnor. I Par., xv, 18, 21.
ÉLIPHAZ. Hébreu: Êlifaz; Septante: ’EX-.ipic. Nomde deux personnages, étrangers au peuple d’Israël.
1. ÉLIPHAZ, fils aîné d’Ésaû par Ada. Il eut cinq fils: Théman, Omar, Sépho, Gatham et Gênez; et d’une concubinenommée Thamna il eut encore Amalech. Gen., xxxvi, 10, 11, 12, 15, 16; I Par., i, 35, 36.
2. ÉLIPHAZ, un des trois amis qui vinrent consolerJob dans son malheur et discutèrent avec lui sur lescauses de la souffrance dans cette vie. Job, ii, 11. Letexte sacré l’appelle le Thémanite. Le nom de Théman, qui était peut-être également le nom d’une ville, désignaitune région de l’Arabie Pétrée continant à l’Iduméeméridionale. Jer., xlix, 20; Hab., iii, 3 (hébreu). Elledevait son nom à Théman, petit-fils d’Ésaii par son pèreÉliphaz. Gen., xxxvi, 4; I Par., i, 35-36. C’est ce qui afait penser que l’ami de Job était un descendant de cetautre Éliphaz et de Théman, et par conséquent d’Ésaû.Les hommes de son pays jouissaient d’une grande renomméede sagesse dans l’antique Orient. Jer., xlix, 7, Cf. Bar., iii, 22-23; Abd., 8 (hébreu). Éliphaz justifie ensa personne cette bonne réputation, comme on peut enjuger par la gravité et la calme dignité de ses discours.Il semble même avoir eu trop conscience de cette valeurpersonnelle, qui lui donnait, peut-être conjointementavec son âge, la prééminence sur ses deux compagnons, Baldad et Sophar. Job, xv, 9-10. — C’est lui qui dirige, peut-on dire, la discussion. II ouvre chacune des troisséries de discours échangés entre Job et ses «importunsconsolateurs», Job, xvi, 2; Baldad et Sophar ne fontguère que reproduire sous d’autres formes et sur unautre ton ses arguments ou plutôt son argument. Car iln’a guère qu’une idée, présentée sous différents aspectset délayée dans de longs développements: l’homme droitet innocent ne saurait périr, c’est le méchant seul qu’atteintla douleur, et l’on ne souffre en cette vie que ceque l’on a mérité. Job, IV, 7-9, etc. D’ailleurs nul n’estinnocent devant Dieu, de qui la sainteté et la majestésont incomparables. Job, IV, 17-19; xv, 12-16.— Éliphazparle d’abord à Job comme un ami plein de compassionpour son malheur, et, quoique bien convaincu que cemalheur est mérité, il le lui insinue plutôt qu’il ne lelui reproche; il ne le met en cause que d’une manièreindirecte en discourant sur le châtiment inévitable duméchant, sur la sainteté et la justice de Dieu et aussi sursa bonté; car Dieu lui rendra sa prospérité passée, s’ilsait profiter de la correction présente. Mais lorsque Jobs’est justifié et a réfuté son raisonnement et celui deBaldad et de Sophar, Éliphaz change de ton; son langagedevient aigre et violent, et Job peut aisément se reconnaîtredans le portrait de l’impie qui attaque Dieu et finitpar être écrasé par cette toute - puissance qu’il a bravée.Job, XV. Enfin après que Job a clairement démontré qu’iln’est nullement coupable des fautes qu’on lui impute, Éliphaz, à bout de raisons, perd toute mesure et se répandcontre son ami en reproches et en accusations aussigratuites qu’injurieuses. Il termine cependant en l’exhortantà se convertir et en lui promettant de nouveau leretour de la prospérité en récompense de sa conversion.Job, XXII. — Dieu réservait à Éliphaz une leçon quidevait humilier sa sagesse trop présomptueuse. Le vieillardde Théman, déjà réduit au silence par Job, dut s’inclinersous la sévère réprimande de Dieu même l’interpellantpar son nom pour lui manifester son courrouxcontre lui et ses deux amis. Pour comble d’humiliation, Dieu l’obligea de lui offrir, avec Baldad et Sophar, unsacrifice de sept taureaux et de sept béliers par les mainsde ce Job, tout à l’heure objet de leur injuste dédain, et
maintenant leur intercesseur nécessaire pour apaiser lacolère divine. Job, xlii, 7. E. Palis.
ÉLIPHÉLETH. Hébreu: ’Èlifélét (même nom que’Elifâlef, avec la seule différence de la voyelle â, demandéepar la pause). Nom de quatre Israélites.
1. ÉLIPHÉLETH (Septante: ’AXi-tpiXeO; Codex Alexandrinus: ’EXifàXEr), fils d’Aaasbaï, un des vaillants guerriersde David. II Reg., xxiii, 34. Dans le passage parallèleI Par., xi, 35, il est appelé Éliphal, fils de Ur.bs’bM, ’Elifal, est le même nom que obsÔN, ’Elîfélét, moins la dernière lettre, omise probablement par distraction.Et Aasbaï, >3cnN, le nom de son père d’aprèsle récit des Rois, vient peut-être de l’union du nomde Ur avec le mot suivant du texte, isn tin, ’Ur héfér, mal lu. Voir Machati 2, t. iv, col. 505.
2. ÉLIPHÉLETH, nom du dernier fils de David, I Par., m, 8, appelé Éliphaleth II Reg., v, 16. Voir Éuphaleth 1.
3. ÉLIPHÉLETH (Septante: ’AX=t ?âr), un des chefsde famille, de la descendance d’Adonicam, qui revintavec Esdras. I Esdr., viii, 13.
4. ÉLIPHÉLETH (Septante: ’E^Eiçàveô; Codex SinaiticHs: ’EXet$â>E9; AJexandrinus: ’EXtcpâXEx), Israélite, undes fils de Hasom, qui répudia la femme qu’il avait prisecontre la loi. I Esdr., x, 33. E. Levesque.
- ÉLISA##
ÉLISA (hébreu: ’Ëlîsâh; Septante: ’EXtirâ, Gen., X, 4; I Par., i, 7; ’EXeio-kî, Ezech., xxvil, 7); le premierdes fils de Javan, descendant de Japheth. Gen., x, 4; I Par., i, 7. Javan, dans la Bible, représente les Ioniensou les Grecs. À quelle peuplade correspond Élisa? Laquestion né manque pas d’une certaine difficulté, et adonné lieu à différentes opinions. — Consultons d’abordl’Écriture, les versions et la tradition. Outre les listesgénéalogiques de la Genèse et des Paralipomènes, Ézéchiel, xxvil, 7, parle des «îles d’Élisa» (hébreu: ’iyyë’EUsâfi; Septante: v?|<toi’EXEi<ra()> qui fournissaient àTyr «l’hyacinthe et la pourpre» pour «ses tentures», c’est-à-dire probablement les tentes dressées sur le pontde ses navires. Le mot’iyyxm, état construit: ’iyyê, indique en général des côtes maritimes ou des îles. Lesamaritain, Gen., x, 4, porte’Elis; le syriaque, Gen., x, 4; I Par., i, 7, ’Elisa, et, Ezech., xxvii, 7, ’Eles. Onlit dans le Targum du Pseudo -Jonathan, Gen., x, 4, ’Allas, et, dans le Targum de Jérusalem, la paraphrasesuivante: «Et les fils de Javan, ’Éli$â% et le nom deleurs provinces, ’Alastàràsûm.» Enfin le Targum deJonathan sur Ezech., xxvil, 7, explique’Elisà/i parmedinat’Ilahjâ’. D’après Josèphe, Ant. jud., i, vi, 1, ’EXktôc; (lèv’EXtaocsov; È*à).E(75v ùv *ipx ev > A’toXeïî 81 vCvelo-i, «Élisa donna son nom aux Éliséens, dont il fut lechef, et qui sont maintenant les Éoliens.» Les Talmudsrendent ce [mot par Elias, suivant les uns; par Elis ouMolis, suivant les autres. Cf. A. Neubauer, La géographiedu Taimud, in-8°, Paris, 1868, p. 424. Saint Jérôme, Lib.heb. guœst. in Genesim, t. xxiii, col. 951, dit, commeJosèphe: a Des Ioniens, c’est-à-dire des Grecs, naissentles Éliséens, qui sont appelés Éoliens, Solides; d’où lacinquième langue de la Grèce est nommée éolienne.»
C’est sur ces différentes interprétations que s’appuientplus ou moins les opinions suivantes. — 1° A. Dillmann, Die Genesis, Leipzig, 6e édit., 1892, p. 176, préfèrel’explication targumique, medinat’Italyâ’, et la gloseempruntée à Eusèbe par le Syncelle: ’EXurerà IÇ oy Eixe-Xoi, «Élissa, de qui viennent les Siciliens.» Le premierfils de Javan réprésenterait donc la Sicile et la Basse-Italie, bien connues des Phéniciens, et qu’il serait étonnantde ne pas voir mentionnées entre lTIellade (Javan)et l’Espagne (IViams). U est permis de regarder comme
bien fragile le fondement de cette hypothèse, «qu’aucunepreuve et aucune tradition ne justifient, et où [les auteurs] ont été guidés par l’idée fausse qu’Élischàh devaitêtre en dehors de Yâvân, qui embrasse tous les Grecs.» Fr. Lenormant, Les origines de l’histoire, Paris, 1884, t. ii, 2e part., p. 35. — 2° Moins acceptable encore estcelle qui veut voir Carthage dans Élisa, parce que lalégendaire fondatrice de cette ville est appelée Élissa enmême temps que Didon. C est la conjecture qu’émet, avecun point d’interrogation, Fried. Delitzsch, Wo lag dasParodies? Leipzig, 1881, p. 250. «Quarth-Iladaschth ouCarthage, dit encore justement M. Fr. Lenormant, loc.cit., était une fille de Kéna’an. Jamais l’idée ne seraitvenue à un Phénicien ou à un Hébreu de la rangerparmi les enfants de Yâvân.» — 3° La majorité des commentateursreconnaît ici la population de la Grèce européenne, ce qui est plus conforme à la tradition. Maisencore à quelle tribu spéciale faut-il remonter?
Si l’on regarde’ElUâh comme un nom indigène, queles Phéniciens n’ont pas forgé, et dont il faut chercherla source dans la nomenclature géographique ou ethnographiquede l’ancienne Grèce, on trouvera trois termesauxquels les exégètes l’ont comparé: ’EXXâ; , "H).(; etAioXeïc — J. D. Michælis, Spicilegium geogr. Hebrseorum, Goettingue, 17(38-1770, t. i, p. 79, prend le premierterme de comparaison; mais les lois de la linguistiques’opposent à ce sentiment. La forme la plus ancienne de"EMr)vsç est EeXXof. Dans la forme postérieure Hellên, Vs initial primitif s’est changé en ii, et le thème s’estdéveloppé par l’addition d’un n final. Une transcriptionaussi vieille que celle de la Bible conserverait nécessairementla sifflante du début, qui appartenait à la racineoriginaire, sal ou sel. — S. Bochart, Phaleg., lib. iii, cap. iv, Cæn, 1646, p. 176, se reporte à’HXt; du Péloponèse, mais la forme première de’HXeîoi est FaXeîFot, avec double digamma; celle de FccXeIoi était si bien consacréepar la tradition dans l’usage local, que, jusqu’aumilieu du i" siècle avant l’ère chrétienne, la légende desmonnaies des Éléens reste FAAEIQN. La transcriptionsémitique devrait donc présenter un vau correspondantau digamma initial’, ce qui n’existe pas. — Il est doncplus conforme à la philologie de rapprocher’Elîsâh deAîoXieù; , pluriel AloXtéeç, AioXiet; ; forme primitive: AîoXieFù; , pluriel AtoXtéFe; . La transcription phénicohébraïqueest d’autant plus acceptable qu’elle a pu sefaire sur une forme AÎXieFùc, AÎXieùç, où Yo était tombé, comme on l’observe dans aïXoupo; , pour aî<SXoupoç, etdans la comparaison de aïva> avec aïovim. Cf. A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, Giessen, 1850, p. 81. Lacorrespondance de’ElUâh avec AîXieFù; est tout à faitanalogue à celle de la transcription égyptienne du nomdes Achéens, A-qa-y-va-sa, avec son prototype’Ax «iFb; , devenu ensuite’A^aid; .
Les Éoliens sont une des deux divisions des Hellènesproprement dits, opposés aux Ioniens, quand, dans lespopulations de la Grèce, on ne distingue que des Doriens, des Éoliens et des Ioniens. La tradition généalogiqueplus habituellement répandue compte chez lés Hellènespropres ou Grecs occidentaux trois branches: .Éoliens, Doriens et Achéens. Dans ce sens restreint, les Éolienssont un peuple qui a eu pour berceau la Thessalie, oùla légende fait régner leur père Aiolos. De là ils s’étendirentsur l’Eubée, sur la Béotie, et enfin sur l’Étolie, où ils trouvèrent déjà établis les Étoliens et les Éléens.Quelques tribus pénétrèrent également dans le Péloponèse.Les Phéniciens, qui ne durent avoir de relationsqu’avec les côtes de la Grèce, et ne purent, en Macédoineet en Thessalie, connaître que la population du littoral, c’est-à-dire les Éoliens, en étendirent le nom, altérédans leur propre langue, à toute race protohellénique oudorienne qui s’était mêlée avec les Éoliens. Cette extensioneut lieu d’ailleurs dans la bouche et les traditionsdes Grecs eux-mêmes, «Et l’auteur du tableau ethnographique du chapitre x de la Genèse était ainsi autoriséà appliquer, comme il l’a manifestement fait, l’appellationde’ElUâh = AioXiiec à toutes les populationsde la Grèce européenne, à l’ensemble des Hellènes proprementdits, à une époque où les Doriens n’étaient pasencore descendus de leurs montagnes sur le terrain oùs’étendent ses connaissances géographiques, et peut-êtren’avaient pas encore constitué leur individualité spéciale, distincte de celle des Éoliens.» F. Lenormant, Les originesde l’histoire, t. ii, 2e part., p. 43.
M. J. Halévy, Recherches bibliques, Paris, t. i, 1895, p. 260-264, précise davantage la question. Pour lui, ’Elisdh représente, en particulier, une contrée spécialedu Péloponèse, la Laconie. D’abord, le parallélisme, intentionnellementétabli par l’auteur sacré entre les deuxpremiers fils de Javan, Élisa et Tharsis d’un côté, etCéthim (Chypre) et Dodanim ou Rodanim (Rhodes) del’autre, montre qu’il ne faut pas chercher dans ceux-làde grands pays continentaux, mais des lies, tout au plusdes péninsules, que les anciens englobaient d’ordinairedans cette dénomination. Ensuite l’identité d’'EliSâh avecla Laconie résulte de l’abondance en coquilles de pourprequi rendit ce pays célèbre dans toute l’antiquité, ce àquoi fait allusion Ézéchiel, xxvii, 7. Quant au nom lui-même, il doit être emprunté à une ville maritime importantede la Laconie propre. Il doit en outre représenterun dérivé ethnique du nom indigène de cette ville, ce quirésulte de la forme des deux dernières personnifications: Céthim (hébreu: Kittîm) et Dodanim (hébreu: Dôdânimet Rôdànim), qui sont les pluriels des noms ethniquesKi(tyi et Rôdâni, tirés l’un de K^-uov, et l’autrede’PiSSoç. Voir Céthim, col. 466, et Dodanim, col. 1456.Ainsi’ElUâh est un nom ethnique dérivé de la ville de"EXo; en Laconie. Les fréquents rapports des Phéniciensavec cette cité maritime ont été constatés dans ces dernierstemps par les inscriptions phéniciennes et grécochypriotesdécouvertes dans l’Ile de Chypre. On connaissaitdéjà des ex-voto voués par les Phéniciens à ApollonAmycléen. Des trouvailles récentes y ont ajouté le culted’Apollon d’Hélos, ’AitiXXwv’EXsi-niç, nxSs *]un ouDn>nbN *|W-|, en dialecte’AireiXov’EXd-criç ou 'AXa<ria>Tï]<; .De ces deux formes ethniques dérivées d’Hélos, l’une, ’EXeiTTic, se rapproche beaucoup de la forme classiqueet est rendue en phénicien par whn, avec élision dusigma final; la seconde, populaire, revêt la physionomiejadis entièrement inconnue de’AXaaiMTï]; , dont la transcriptionlittérale en caractères sémitiques serait DniDiNou wivttrbN. Le fait que la transcription phénicienne lerend par Dirnbx, avec un ii, hé, au lieu de d, samech, montre seulement qu’au ive siècle avant notre ère la lettre splacée entre deux voyelles se réduisait, dans le dialectechypriote, à une faible aspiration. Le nom hébreu niibb», ’ElUâh, anciennement rra’bN, ’ElUdf, s’est donc développésur la base de’AXaffiwcfa: ; ) — (w) n’itfbN, ’Alaèiôf(&).
L’altération consiste, d’une part, dans le rejet de la sifflantefinale, ur, i, après la dentale, ii, t; de l’autre, dansla métathèse subie par la voyelle i. — La discussion, onle voit, repose uniquement sur la comparaison des mots.C’est une base fragile assurément; mais c’est la seuleque possède la science actuelle, dont nous avons donné
les derniers résultats.
A. Legendre.
- ELISABETH##
ELISABETH, nom de deux femmes, une de l’Ancien, l’autre du Nouveau Testament.
1. ELISABETH (hébreu: ’ËlUéba’, «dont le sermentest Dieu;» Septante: ’EX «raêé8), épouse d’Aaron. Exod., vi, 23. Elle était fille d’Aminadab, de la tribu de Juda, et mère de Nadab, Abiu, Éléazar, Ilhamar. Elle étaitsœur de Naasson, chef de la tribu de Juda dans le désertdu Sinaï. Exod., vi, 23; Num., ii, 3.
2. ELISABETH (grec: ’EWâêeT ou Ekaaiêzt), épousede Zacharie et mère de Jean-Baptiste. Elle était de famillesacerdotale, «des filles d’Aaron.» Luc, i, 5. Cependantsaint Luc, i, 36, la dit parente de Marie, mère du Seigneur, qui était de la tribu de Juda. Les lévites ayantle droit de prendre femme dans toutes les tribus, onconçoit facilement qu’Elisabeth, de la tribu de Lévi et dela descendance d’Aaron par son père, pouvait être ducôté maternel parente de la Sainte Vierge. Saint Hippolyte, d’après Nicéphore Callixte, Hisl. Ecclesiast., ii, 3, t. cxlv, col. 760, prétend que la mère de la SainteVierge et celle de sainte Elisabeth étaient sœurs: ilappelle la première Anne et la seconde Sobé. Le ménologedes Grecs, au 8 septembre, établit de la même façonla parenté. Ce système et les noms des personnages paraissentprovenir des Evangiles apocryphes, qui au milieudes légendes peuvent avoir conservé quelques traits historiques.Elisabeth, comme Zacharie, était «juste» etfidèle à la loi. Déjà avancée en âge, elle n’avait pas eud’enfant, étant stérile. Mais, touché de leurs désirs et deleurs prières, Dieu, par l’ange Gabriel, qui apparut dansle Temple à Zacharie, leur promit un fils. La promessedivine ne tarda pas à se réaliser après le retour de Zacharie.Elisabeth conçut, et, ne voulant plus être montréecomme la stérile et en butte aux opprobres de la part degens qui ne connaissaient pas encore la grâce qu’elle avaitreçue, elle se tint cachée dans sa demeure pendant cinqmois, par une légitime fierté et par respect pour le donde Dieu. Luc, i, 24-25. Quand Marie, après l’incarnationdu Verbe, vint dans sa demeure, sous l’inspiration d’enhaut, Elisabeth, avec joie et humilité, félicite sa parentede la grâce incomparable qu’elle a reçue. Luc, i, 40-45.Marie ne lui répond pas directement; mais, recueillie enelle-même, elle exprime les sentiments de son cœur dansle cantique Magnificat. Quand Elisabeth donna naissanceà un fils, ses amis et parents se réjouirent avec elle. Luc, I, 57-58. Le huitième jour vint la circoncision, et il s’agitde donner un nom à l’enfant. Contrairement aux prévisionset indications des assistants, Elisabeth voulut qu’ils’appelât Jean, se trouvant ainsi par une sorte d’inspirationd’accord avec la volonté de Zacharie: ce qui étonnales témoins du fait. L’Église latine célèbre sa fête enmême temps que celle de Zacharie, le 5 novembre.
E. Levesque.
ÉLISAMA. Hébreu: ’Ëlî$âmâ’, <( Dieu écoute;» Septante: ’EXeiuaiii; Codex Alexandrinus: ’EXiffaiià. Nomde six Israélites.
1. ÉLISAMA, fils d’Ammiud et chef de la tribu d’Éphraïmà l’époque du dénombrement du peuple dans le désertdu Sinaï. Num., i, 10; ii, 18; x, 22. Il vint avec lès autreschefs de tribu offrir les dons prescrits. Num., vii, "48.D’après la généalogie de I Par., xxvi, 27, il était grand-pèrede Josué.
2. ÉLISAMA (Septante: ’EXeiirapâ, ’EXenraiiâe; CodexAlexandrinus: ’EXtuanâ), fils de David, né à Jérusalem.II Reg., v, 16; I Par., iii, 8; xiv, 7.
3. ÉLISAMA, père de Nathanias et grand-père d’Ismaël, le meurtrier de Godolias. IV Reg., xxv, 25; Jer., ai, 1.Il était de race royale. Pour l’explication de cette dernièreexpression, voir Ismaël, fils de Nathanias.
4. ÉLISAMA, un des descendants de Juda, dans labranche de Jéraméel. Il était fils d’Icamia. I Par., ii, 41.
5. ÉLISAMA (Septante: ’EXeicix; Codex Alexandrinus: "EXHjaiiâ), nom donné dans I Par., iii, 6, à un fils deDavid, qui est ailleurs, II Reg., v, 15, et I Par., xiv, 5, nommé plus justement Élisua. Voir ce mot.
6. ÉLISAMA, prêtre, envoyé avec un autre prèlre et
plusieurs lévites par le roi Josaphat dans les villes deJuda, le livre de la Loi à la main, pour instruire le peuple.II Par., xvii, 8.
7. ÉLISAMA ( Septante: ’Eeiaap.i, ’EXeiai; CodexAlexandrinus: ’EXurauà), scribe du roi Joakim. Il étaitdans la chambre du scribe ou chancellerie, avec quelquesofficiers de la cour, quand Michée, fils de Gamarias, vintrapporter la prophétie de Jérémie, que Baruch venait delire. Les grands officiers de la cour, effrayés du contenude cette prophétie, allèrent en avertir le roi, mais en laissantle rouleau qui contenait les avertissements divinsdans la chambre d’Élisama. Joakim l’envoya chercher.Jer., xxxvi, 12, 20, 21 (Septante, xliii, 12, 20, 21). Quelquesauteurs identifient ce scribe avec Élisama 3; il seraitalors membre de la famille royale. E. Levesque/
ÉLISAPHANé Hébreu: ’Ëlîsâfân, «Dieu protège;» Septante: ’Eliaaifâv, ’EXei<ja<pàv. Nom de deux Israélites.
1. ÉLISAPHAN, lévite, fils d’Osiel, Exod., vi, 22, chefde la famille de Caath, Num., iii, 30, au temps du dénombrementdu peuple au Sinaï. Quand Nadab et Abiufurent punis de mort pour avoir brûlé des parfums devantle Seigneur avec du feu profane, Moïse commanda àMisaël et à Élisaphan d’emporter leurs corps hors ducamp. Lev., x, 4. Au temps de David, la famille d’Élisaphanétait représentée par deux cents lévites, avec Séméiaspour chef. I Par., xv, 8. À l’époque des réformes d’Ézéchias, deux chefs de cette famille furent chargés de purifierle Temple. II Par., xxix, 13. Dans Exod., vi, 22, lenom est écrit sous la forme abrégée: ’Élsâfân.
2. ÉLISAPHAN, fils de Pharnach, chef de la tribu deZabulon, un de ceux qui furent choisis par Moïse pourfaire le partage de la Terre Promise. Num., xxxiv, 25..
E. Levesque.
- ÉLISAPHAT##
ÉLISAPHAT (hébreu: ’ËlUàfât, «Dieu juge;» Septante: ’EXeiffaçiv; Codex Alexandrinus: ’EXun^it), fils de Zéchri, un des centurions de la garde royale quiaidèrent le grand prêtre Joïada à placer sur le trône lejeune roi Joas. II Par., xxiii, 1-8.
1. ELISÉE (hébreu: ’Ëlîsâ’; Septante: ’El: aâ, ’EXicraié; Nouveau Testament: ’EXiaaaXoc; Vulgate: Elisœus, «Dieu est mon salut» ), prophète, fils de Saphat et richehabitant d’Abelméhula.
I. Sa. vocation. — Quelques commentateurs ont penséqu’il avait été de bonne heure disciple d’Élie et qu’il avaitvécu avec lui sur le Carmel, dans une école de prophètes.Mais la soudaineté de sa vocation rend plus vraisemblablequ’il n’avait pas fréquenté les écoles prophétiques et qu’ilne s’était pas préparé à son rôle futur. Dieu, après la visionde l’Horeb, avait chargé Élie de choisir Elisée commeson successeur. Elisée devait continuer l’œuvre réformatriced’Élie et frapper les impies du glaive de sa parole, instrument des justices divines. III Reg., xix, 16-17. Éliele trouva occupé au labour. Douze paires de bœufs creusaientsous ses yeux le sillon, et lui - même dirigeait ladouzième charrue. Voir col. 602-605. Élie alla droit à lui, et sans proférer une parole, sans lui adresser même lesalut ordinaire, il jeta sur lui son manteau. Cette véturesilencieuse signifiait clairement l’appel d’Elisée à la missionprophétique et symbolisait la transmission des pouvoirs.Elisée en comprit le sens, et, répondant sans tarderà la vocation divine, il courut après Élie, qui se retirait, et lui demanda seulement le temps d’aller embrasserson père et sa mère. Quelques exégètes pensent qu’Élieblâma l’attachement trop naturel d’Elisée pour ses parents; mais le nouveau disciple interpréta la parole du maîtrecomme une autorisation indirecte. S’éloignant donc, iltua la paire de bœufs qui conduisait sa charrue, en fitcuire la chair avec le bois de la charrue et des harnais, iC91
ELISÉE
1692
et il célébra un repas d’adieux avec ses parents et sesamis. Le repas achevé, il se leva, s’en alla, suivit Élie etle servit. Il se constitua ainsi son disciple, en attendantqu’il devînt son successeur. III Reg., xix, 19-21.
Tandis qu’Élie vécut, Elisée resta au second plan. Sonactivité commence à l’enlèvement d’Élie. Sa persistanceà vouloir suivre ce jourlà son maître jusqu’au bout luivalut d’être le témoin attristé de la disparition du grandprophète et de recevoir une double part de son esprit etde sa puissance. Voir Eue. Il hérita aussi du manteaud’Élie, qui était le signe visible de la succession prophétique.Il en fit bientôt usage. Parvenu sur le. bord duJourdain, il imita Élie et frappa les eaux du manteau quilui avait été légué. La leçon de la Vulgate fait supposerque la confiance d’Elisée fut mise à l’épreuve, puisqu’ildût frapper deux fois les eaux avant qu’elles ne lui ouvrissentle passage. Mais le texte hébreu ne mentionnepas cette circonstance, et dit seulement qu’Elisée, pleinde foi, agit au nom du Dieu d’Élie et renouvela le prodigequ’Élie avait opéré quelques instants auparavant.Ce prodige accrédita Elisée auprès des fils des prophètes, qui reconnurent en lui le successeur d’Élie, vinrent à sarencontre et se prosternèrent à ses pieds jusqu’à terre.Ils lui demandèrent aussitôt l’autorisation de faire rechercherElie. Bien qu’il n’eût pas d’espoir dans le succèsdes recherches, il les permit, vaincu par l’importunité deses disciples et dans le dessein de les convaincre de ladisparition complète de leur commun maître.
IL Sa mission. — 1° Elisée commença bientôt l’exercicede sa mission. Comme celle d’Élie, elle fut douce etbienfaisante à l’égard des humbles et des pauvres, menaçanteet terrible envers les orgueilleux et les impies. Leshabitants de Jéricho se plaignirent au prophète de l’insalubritédes eaux de leur ville et de leurs pernicieux effets.Elisée se fit apporter du sel dans un vase neuf, et il lejeta dans la fontaine. Ce sel, principe d’incorruptibilité, etsymbole de la puissance curative du Seigneur, assainit, parla volonté de Jéhovah, que le prophète avait invoqué, leseaux de la fontaine appelée aujourd’hui Aïn-es-Soultan(voir col. 1696). Montant de Jéricho à Béthel, Elisée dutexercer sur ses contempteurs les effets de la vengeancedivine. Comme il approchait de cette dernière ville, quiétait un des centres du culte des veaux d’or, III Reg., xli, 29, de jeunes garçons qui en sortaient se moquèrentde lui et l’insultèrent. C’étaient sans doute des enfantsd’Israélites, qui étaient devenus idolâtres. Reconnaissantun prophète du vrai Dieu, ils le tournèrent en ridicule, en raison de sa calvitie précoce. Voir col. 89. Elisée lesmaudit au nom de Jéhovah, et aussitôt deux ours sortirentde la forêt et déchirèrent en morceaux quarante-deux deces enfants. Elisée n’avait pas cédé à un mouvement devengeance personnelle; il avait voulu faire respecter unprophète de Dieu. Aussi le Seigneur rendit-il efficace samalédiction, afin d’imposer aux idolâtres une crainte salutaireà l’égard de ses envoyés. Cf. Quxstiones et responsionesad orlhodoxos, q. lxxx, Pair, gr., t. VI, col. 1321.De Béthel, Elisée se retira sur le Carmel, probablementpour se recueillir et se préparer dans la solitude à samission publique. Il revint ensuite à Samarie, IV Reg., il, 1-25, où il avait une maison. IV Reg., vi, 32.
2° Il ne tarda pas à se mêler à la politique. Les roisd’Israël, de Juda et d’Édom s’étaient coalisés contre Mésa, roi de Moab. Dans le désert de l’Idumée, leurs troupesmanquèrent d’eau. Dans cette extrémité, Josaphat, roide Juda, demanda un prophète de Jéhovah qui pût prierpour eux. Un serviteur du roi d’Israël désigna Elisée, le disciple familier d’Élie, celui qui versait de l’eau surses mains. Elisée avait donc suivi l’armée. Josaphat, quiconnaissait déjà sa réputation, alla avec les deux autresrois lui demander audience. Elisée dit à Joram des parolessévères et le renvoya aux prophètes de son père etde sa mère, aux prophètes de Baal et d’Astarté, qu’Achabet Jézabel avaient introduits dans le royaume d’Israël.
Joram implora humblement son assistance en considérationdes rois alliés. Elisée attesta par serment qu’il neremplirait son ministère prophétique que par égard pourJosaphat, qui était un fidèle adorateur de Jéhovah. Maissa conversation avec Joram avait troublé son âme. Afindo calmer son émotion et de se disposer ainsi à recevoirl’inspiration prophétique, il demanda un harpiste. Tandisque le musicien jouait, l’esprit du Seigneur anima Elisée, qui au nom de Jéhovah promit l’eau pour les troupes etprédit la défaite des Moabites. Le lendemain matin, conformémentà la prédiction, les eaux affluèrent du sud, du côté de l’Idumée, dans le lit du torrent. Elisée avaitannoncé qu’elles ne tomberaient pas sur les troupesalliées, mais qu’elles viendraient d’ailleurs, à la suited’un orage ou d’une trombe que l’on n’aurait pas entendu.Au lever du soleil, les Moabites aperçurent les eaux rougescomme du sang; ils crurent qu’elles étaient rougies parle sang des alliés, versé par leur propre glaive, et qu’ilsn’avaient plus qu’à courir au butin. Ils éprouvèrent, aucontraire, selon la prophétie d’Elisée, une défaite complète.IV Reg., iii, 9-25.
3° L’historien sacré a groupé ensuite une série de miraclesdans le but de montrer qu’Elisée avait réellement héritédé la puissance d’Élie. 1. Le disciple réalise les mêmesprodiges que son maître. La veuve d’un prophète, poursuiviepar un créancier impitoyable, recourt à Elisée.Pour lui procurer des ressources, celui-ci multipliemiraculeusement un peu d’huile et en remplit un grandnombre de vases vides. L’huile ainsi augmentée fut vendue, et le prix de la vente suffit non seulement à payerles dettes, mais encore à pourvoir aux besoins de la veuveet de ses fils. — 2. Une femme riche de Sunam donnaitsouvent l’hospitalité au prophète; elle fit même construirepour lui un logement séparé, qu’elle meubla convenablement.Un jour, par reconnaissance, il lui offrit d’employerpour elle son crédit à la cour. Mais elle n’avaitaucun procès, et toute intervention en sa faveur étaitinutile. Giézi, serviteur d’Elisée, fit alors remarquer àson maître que son hôtesse n’avait pas d’enfant et queson mari était vieux. Elisée promit à la Sunamite qu’enrécompense de sa généreuse hospitalité elle aurait un filsl’année suivante. La promesse inespérée s’accomplit exactement.L’enfant, devenu grand, alla un jour voir sonpère, qui surveillait ses moissonneurs. Soudain il se plaignitde violentes douleurs de tête; il venait probablementd’être frappé d’insolation. Revenu à la maison, il mourutsur les genoux de sa mère. Celle-ci, remplie de confianceen Dieu, porta le cadavre sur le lit du prophète et fermala porte de la chambre. Elle tint secrète la mort de sonfils, et demanda à son mari un serviteur et une ânessepour aller trouver l’homme de Dieu. Le mari s’étonnede cette visite, faite en un jour ordinaire, en dehors dela néoménie et du sabbat. Sa femme insiste et part entoute hâte vers le Carmel. Dès que le prophète l’aperçoit, il envoie Giézi à sa rencontre. Elle se jette aux piedsd’Elisée, et par cette attitude suppliante lui révèle lemalheur qu’il ignorait. Profondément ému du chagrinde cette mère, il commande à Giézi d’aller à la maison etde placer son bâton sur la tête de l’enfant. Mais la pauvremère entraîne le prophète à sa suite. Giézi, qui les avaitprécédés, n’avait pas réussi à ressusciter l’enfant, quirestait sans voix ni sentiment. Entrant dans la chambre, Elisée recourut au procédé par lequel Élie avait ressuscitéle fils de la veuve de Sarepta. Se couchant sur le cadavre, il se mit bouche sur bouche, yeux sur yeux, mains surmains. Le retour à la vie eut lieu progressivement. Lachair de l’enfant commença par se réchauffer au contactdu prophète. La foi de celui-ci ne fléchit pas. Hebr., xi, 35. Pour calmer son émotion et attendre le résultatdéfinitif de sa prière, il descendit et se promena dans lamaison. Il remonta et se coucha de nouveau sur l’enfant, qui bâilla sept fois et ouvrit les yeux. Il fit appeler lamère et lui remit son fils vivant. Elle, se jetant à ses
pieds, se prosterna la face contre terre. — 3. Étant àGalgala à l’époque de la famine, IV Régi, viii, 1, Eliséeçrdonna à son serviteur de préparer un potage aux filsdes prophètes qui suivaient là sa direction. L’un d’euxalla dans les champs cueillir des plantes grimpantes; ilramassa plein son manteau des coloquintes (voir col. 859)dont il ignorait la nature et les coupa dans la marmite.L’amertume dn potage fit croire aux disciples d’Eliséequ’on leur avait versé du poison. Ils refusèrent de manger.Le prophète prit de la farine et la jeta dans la marmite, et le potage perdit son amertume. La farine n’avaitpas la propriété naturelle de détruire le goût amer descoloquintes; elle fut un moyen symbolique de rendre parmiracle le bouillon potable. — 4. Dans le même temps, un homme de Baal-Salisa apporta à Elisée des prémices, vingt pains d’orge et du blé nouveau dans un sac. AvecCes provisions insuffisantes, le prophète nourrit les centpersonnes qui faisaient partie de la communauté de Gaigala, et il y eut des restes, grâce seulement à une multiplicationmiraculeuse des pains. IV Reg., iv, 1-44. —5. Un général syrien, nommé Naaman, était lépreux. Ilconnut par une jeune fille juive, qui était au service desa femme, la puissance d’Elisée, et il obtint du roi l’autorisationd’aller dans le royaume d’Israël. Il présentases lettres de recommandation à Joram, qui fut trèsembarrassé, parce qu’il n’avait pas la puissance de guérirde la lèpre. Elisée fit dire au roi d’Israël de lui envoyerle général syrien, pour qu’il sût qu’il y avait en Israëlun prophète du vrai Dieu. Naaman vint donc avec degrands équipages et s’arrêta à la porte d’Elisée. Celui-ci, sans se déranger, lui fit indiquer comme remède de selaver sept fois dans le Jourdain. Irrité de ce que le prophèten’était pas venu lui-même le guérir et lui avaitdonné, par dérision peut-être, un remède trop simple etinefficace, Naaman s’en retournait avec indignation. Sesserviteurs lui représentèrent qu’il ne devait pas mépriserle remède, parce qu’il était d’un emploi facile. Frappéde la justesse de ce raisonnement, Naaman se baignasept fois dans le Jourdain et fut parfaitement guéri, luiétranger, alors qu’il y avait d’autres lépreux en Israël.Luc, iv, 27. La reconnaissance le ramena auprès d’Elisée.Il confessa que le Dieu d’Israël était le Dieu de toute laterre et présenta une riche offrande au prophète. Celui-cirefusa énergiquement le moindre cadeau. Il voulait montrerà un païen que le désintéressement distinguait lesvrais prophètes des faux prophètes. Après quelque insistance, Naaman céda; mais il demanda d’emporter de laterre d’Israël la charge de deux mulets, pour former unesorte de terre sainte sur laquelle il adorerait désormaisJéhovah. Il soumit ensuite au prophète un cas de conscience.Son emploi exigerait qu’il accompagnât son roiau temple de Remmon. Pourraitil le faire sans idolâtrie?Elisée, sans donner une autorisation catégorique, accorda au inoins une permission tacite, en considérantla démarche de Naaman non comme une participationau culte idolâtrique, mais comme un office civil qu’ilremplissait auprès du roi. Noël Alexandre, Historia ecclesiasticaV. T., Paris, 1699, t. ii, p. 168; Calmet, Commenttaire littéral, Paris, 1724, t. ii, p. 792-796. Giézi, moinsdésintéressé que son maître, courut après Naaman et luidemanda de l’argent. Le prophète connut par révélationl’indigne conduite de son serviteur, la lui reprocha sévèrement, et l’en punit en le couvrant de la lèpre dontNaaman avait été guéri. IV Reg., v, 27. — 6. Les fils desprophètes, resserrés dans leurs habitations, demandèrentà leur chef de bâtir sur le Jourdain un local plus vaste.Il les accompagna et fit surnager, en jetant dans l’eauun morceau de bois, la hache que l’un d’eux avait laissétomber dans le fleuve. IV Reg., vi, 1-7.
4° Elisée se mêla de nouveau aux affaires politiqueset acquit dans le royaume d’Israël une autorité grandissante.— 1. Le roi de Syrie avait attaqué les dix tribus.Instruit de ses desseins perfides par inspiration divine,
Elisée en avisa Joram et le prévint des embuscades quilui étaient dressées. Joram occupa les lieux que le prophètelui avait indiqués, et déjoua ainsi à plusieurs reprisesles projets de ses ennemis. Le roi de Syrie crutqu’un de ses officiers le trahissait; mais un serviteur luiapprit qu’Elisée révélait à Joram tout ce qui se décidaitdans la salle de son conseil. Bénadad, ayant appris quele coupable était à Dothan, envoya une armée pour leprendre. La ville fut investie de nuit. Le serviteur del’homme de Dieu, s’en étant aperçu au point du jour, enavertit son maître. Comme il était très préoccupé, Eliséele rassura et lui dit qu’il y avait plus de monde autourd’eux que dans le camp ennemi. Il pria le Seigneur d’ouvrirles yeux du craintif serviteur, qui vit autour de luides chevaux et des chars de feu. Les Syriens descendirentpour s’emparer d’Elisée, qui était sorti hors de la ville.Le prophète demanda à Dieu de les frapper de cécité.Puis, usant d’un stratagème bien légitime, il leur ditqu’ils se trompaient de chemin et s’offrit â leur montrerl’homme qu’ils cherchaient. Il les conduisit à Samarie.Lorsqu’ils y furent entrés, il pria Jéhovah de leur dessillerles yeux. Leur stupéfaction et leur effroi furentgrands, quand ils se virent au milieu de la ville. Le roid’Israël voulait lés tuer. Elisée s’y opposa, parce qu’ilsn’avaient pas été pris de vive force; il leur fit donner dela nourriture et les renvoya à leur roi. IV Reg., VI, 8-23.
— 2. Quelques années plus tard, Bénadad entreprit unenouvelle guerre contre le roi d’Israël et lit le siège de Samarie.Bientôt une horrible famine régna dans la ville.Joram s’en prit à Elisée et s’engagea par serment à lefaire décapiter le jour même. Cependant le prophètetenait conseil dans sa maison avec les anciens. Il leurapprit que le roi venait de porter contre lui la sentencecapitale et leur ordonna de fermer la porte au messagersanguinaire, parce que le roi regrettait déjà l’ordre donnéet accourait sur les pas du bourreau pour empêcherl’exécution. Le roi, en effet, arriva, et Elisée lui préditla prompte cessation de la famine. Un officier, qui semoquait de la prédiction, apprit qu’il verrait l’abondancedes vivres, mais qu’il n’en jouirait pas. IV Reg., VI, 31vii, 2. Les Syriens abandonnèrent leur camp, dont le pillageremplit la ville de vivres. L’officier moqueur, quiavait été placé à la porte de Samarie, fut écrasé par lafoule. La double prédiction d’Elisée s’était accomplie.IV Reg., vii, 17-20. — 3. Elisée avait annoncé à la Sunamitedont il avait ressuscité le fils la famine de septans, dont nous avons raconté précédemment un épisode.Cette femme s’était retirée avec sa maison au pays desPhilistins. Quand elle revint, ses biens étaient occupéspar des étrangers. Elle alla demander justice au roi. À cemoment même, celui-ci s’entretenait avec Giézi des merveillesopérées par Elisée et en particulier de la résurrectiondu fils de cette femme. Il l’interrogea elle-mêmeet la réintégra dans ses biens. IV Reg., vii, 1-6. —4. Elisée alla à Damas à l’époque où Bénadad était malade.Ayant appris l’arrivée de l’homme de Dieu, le roide Syrie envoya Hazaël avec des présents consulter leprophète sur l’issue de sa maladie. Elisée prédit que leroi ne mourrait pas de maladie, mais périrait de mortviolente. Puis, dévoilant les projets ambitieux et sinistresd’Hazaël, il le fixa d’un regard pénétrant au point de lefaire rougir, et il se prit à pleurer. Il prévoyait les mauxque Dieu infligerait à son peuple par la main d’Hazaël, devenu roi de Syrie. Hazaël à son retour apprit à Bénadadqu’il ne mourrait pas de la maladie dont il souffrait; mais le lendemain il l’étouffa sous une couverture etrégna à sa place. IV Reg., viii, 7-15. — 5. Élie avaitreçu la mission de sacrer Jéhu, roi d’Israël, III Reg., xix, 16; mais la vengeance divine sur la maison d’Achabavait été retardée. Plus heureux que son maître, Eliséeassista à la chute de la dynastie idolâtre et en fut mêmel’instrument. Il envoya un de ses disciples à Ramoth-Galaad, oindre en secret le futur roi. Le message fut 1695
ELISÉE — ELISÉE (FONTAINE D’)
1696
fidèlement rempli, et le disciple du prophète indiquaà l’élu que Dieu le chargeait de détruire la maisond’Achat et de venger dans le sang de Jézabel le sangdes prophètes. IV Reg., ix, i-iO. Après l’avènement deJéhu, Elisée disparut de la scène; il se retira sans doutedans la solitude et ne joua aucun rôle politique sous lanouvelle dynastie. Il reparut seulement du temps deJoas, petit-fils de Jéhu. Il était atteint de la maladie dontil mourut, quand ce roi vint le voir. Tout impie qu’aitété Joas, il comprenait que le prophète moribond étaitencore un dos plus fermes soutiens du trône, et il était
de Samarie. V. Guérin, Samarie, 1875, t. ii, p. 203-204.L’année de la mort d’Elisée, des pillards moabites firentune incursion dans le royaume d’Israël. Des hommesqui étaient occupés à ensevelir un défunt furent effrayéspar leur approche, et déposèrent précipitamment le cadavredans le sépulcre d’Elisée. Dès que son corps euttouché les ossements du prophète, le défunt revint à lavie et se dressa sur ses pieds. IV Reg., xiv, 20-21. Dieuvoulait honorer par ce miracle la mémoire du héraut deson culte et du grand thaumaturge. L’auteur de l’Ecclésiastique, xlvjii, 13-15, en faisant l’éloge d’Elisée, rapFontalne d’Elisée. D’après une photographie.
désolé de le perdre. Répétant à dessein les paroles qu’Eliséeavait prononcées à l’enlèvement d’Elie, il s’écriait enpleurant: «Mon père, mon père, char d’Israël et sacavalerie!» Pour consoler le roi, Elisée lui prédit par unacte symbolique ses succès futurs. Il lui dit de banderun arc et de tirer une flèche; mais lui-même plaça sesmains sur celles du royal tireur, pour montrer que lefait symbolisé par le trait lancé serait l’œuvre de Dieu.La flèche, dirigée par la fenêtre vers l’est, était envoyéepar Jéhovah contre la Syrie, pour sauver Israël. Joasdevait être victorieux à Aphec. Elisée lui ordonna ensuitede frapper le sol de traits. Joas se borna à décocher troisflèches. Le prophète, tout affligé, lui reprocha son manquede persévérance, disant: «Si vous aviez frappé cinq, six ou sept coups, vous auriez exterminé la Syrie; maisvous ne la battrez que trois fois.» IV Reg., xiii, 14-19.Elisée mourut bientôt après dans un âge avancé.Josèphe, Ant. jud., IX, viii, 6, dit qu’on lui fit de magnifiquesfunérailles. Son tombeau se voyait encore du tempsde saint Jérôme, In Abdiam, t. xxv, col. 1099, auprès
pelle deux fois la résurrection opérée par le contact deses ossements.
La fête d’Elisée est inscrite au martyrologe romainà la date du 14 juin. Les ossements du prophète furentarrachés à son tombeau sous Julien l’Apostat. Quelquesuns, que l’on conserva, furent donnés à saint Athanaseet transportés, en 463, à Alexandrie et plus tard à Constantïnople.Sur le culte d’Elisée, voir Acta sanctorum, 14 junii, Paris, 1867, t. xxiii, p. 273-275. Cf. Gassel, DerProphet Elisa, Berlin, 1860; Clair, Les livres des Rois, Paris, 1884, t. i, p. 177-187; Ma r Meignan, Les prophètesd’Israël. Quatre siècles de lutte contre l’idolâtrie, Paris, 1892, p. 249-323. E. Mangenot.
2. ELISÉE (FONTAINE D’). Nom donné à la fontainede Jéricho dont l’eau, de mauvaise qualité, fut renduepotable par ce prophète, en y mettant du sel au nom duSeigneur. IV Reg., ii, 19-22 (fig. 550). Elle porte aujourd’huile nom d’Aïn es-Soultân, «fontaine du Sultan.» Elle jaillit en abondance du pied d’un monticule qui se 4697
- ELISÉE##
ELISÉE (FONTAINE D’) — ÉLIU
1698
rattache à la montagne de la Quarantaine, dans un ancienréservoir semicirculaire, en pierres de taille, de douzemètres de long sur sept mètres et demi de large. Quoiqu’ellesoit légèrement tiède (23 degrés), elle est douceet agréable; on y voit une foule de petits poissons. Lasource forme un ruisseau, qui se dirige au sud-est versle village actuel d’Ér-Riha. Les bords en sont couverts detamaris et de zizyphus spina Christi, et animés par desoiseaux de toute espèce. Voir Jéricho.
F. Vigouroux.
3. ELISÉE QALLICO (ben Gabriel), rabbin du xvi «siècle, chef de la synagogue de Safed, en Galilée, mortentre 1578-1588. Il a laissé plusieurs commentaires: uncommentaire sur le livre d’Estlier, in-4°, Venise, 1583; un commentaire cabalistique sur l’Ecclésiaste, in-4°, Venise, 1548, 1578; un commentaire sur le Cantique descantiques, avec le texte, in-4°, Venise, 1587; un commentairesur les cinq Megillot, in-4°, Venise, 1587.
E. Levesqle.
4. ELISÉE VARTABIED (ou Docteur), auteur arméniendu v 8 siècle, mort en 480. On l’identifie généralement avecElisée, évêque de la province des Amadounis, dont lenom figure au concile national d’Ardaschad (449), entête de la lettre synodale du patriarche Joseph et desévêques arméniens au généralissime persan Mihrnerseh.Voir F. Nève, L’Arménie chrétienne et sa littérature, Louvain, 1886, p. 229-230. — On a de cet écrivain, outreune Histoire de Vartan Mamigonian et de la guerredes Arméniens contre les Perses (450-451), les ouvragessuivants: 1° un Commentaire sur le livre de Josué et
des Juges (rp^^f/ïi-^frl-Tf Qlrtint-UJj II c V%uitnuiL.npuiij
divisé en seize chapitres; malgré sa concision, c’est uncommentaire assez apprécié; l’auteur fait plusieurs rapprochementsentre les personnages illustres de l’AncienTestament et Jésus-Christ et ses Apôtres: en général, les sens mystiques et allégoriques y abondent; 2° uneExplication de l’Oraison dominicale (Qinqo/îlu’b ap «""t-i, "ijp Tbp apjlrplilîiiu^j, verset par verset, pleined’onction et de piété; 3° divers Sermons sur le baptême, la transfiguration, la résurrection de Notre -Seigneur, sur la prédication des Apôtres et le jugementdernier; toutefois leur authenticité n’est pas démontrée.Tous ces écrits ont été publiés par les PèresMékitharistes de Venise, au couvent de Saint-Lazare, en 1859, in-8°, sous ce titre: S. Patris nostri EliseiOpéra. J. MlSKGUN.
- ÉLISUA##
ÉLISUA (hébreu: ’Ëlisua’, «Dieu est secours;» Septante: ’EXeiaoû; , ’Exrâe; Codex Aiexandrinus: ’EXi<xo-3{, EXiiraO), un des fils de David, le sixième de ceuxqui lui naquirent à Jérusalem. II Reg., v, 15; I Par., XIV, 5. Dans I Par., iii, 6, il est nommé Élisama, par unefaute évidente de copiste. Ce dernier nom est porté parun autre fils de David sur la même liste. Dans les Septante, I Par., iii, 6, on lit aussi’EUaaii dans le CodexAiexandrinus; mais le Vaticanus a’EXeisi.
- ÉLISUR##
ÉLISUR (hébreu: ’Ëlisûr, «Dieu est rocher, c’est-à-direprotection;» Septante: ’EXeuroûp; Codex Aiexandrinus: ’EXiaoûi; , dans Num., 1, 5; partout ailleurs’EXi(joûp, dans tous les manuscrits), fils de Sédéûr, chef dela tribu de Ruben dans le désert du Sinaï. Num., i, 5; II, 10. Il offrit les dons prescrits, comme les autres chefsde la tribu. Num., vii, 35. Dans Num., x, 18, le nom estécrit différemment par la Vulgate: Helisur.
ÉLIU. Hébreu
d’un ami de Job.’Èlihû’. Nom de cinq Israélites et
1. ÉLIU (Septante: ’H).e(ou; Codex Aiexandrinus: ’EXioû), ancêtre d’Elcana, le père de Samuel. I Reg., i, 1. Dans d’autres passages, le nom a été altéré par les
SICT. DE LA BIBLE.
copistes et transformé en Éliab dans I Par., vi, 27 (hébreu, 12), et en Éliel dans I Par., vi, 34 (hébreu, 19).
2. ÉLIU (Septante: "EXtjioûe; Codex Aiexandrinus: "EXioOB), un des chefs de la tribu de Manassé, qui à Sicelegvinrent offrir leur concours à David avant le derniercombat livré par Saül aux Philistins. Ils commandaientà mille hommes. David en fit des chefs de son armée; ils lui furent d’un grand secours contre les bandes d’Amalécitesqui avaient fait irruption sur Siceleg. I Par., XII, 20.
3. ÉLIU (hébreu: ’Ëlihû, sans aleph final; Septante: ’Ewoj; Codex Aiexandrinus: ’EXioù), lévite de la descendancede Coré, fils de Séméias et un des portiers duTemple au temps de David. I Par., xxvi, 7.
4. ÉLIU (hébreu: ’Elihû, sans aleph final; Septante: ’EXiàê), chef de la tribu de Juda et frère de David.I Par., xxvii, 18. Si le mot «frère» doit être pris ici dansle sens strict, ce serait une faute de transcription, pourÉliab. Voir Éliab 3.
5. ÉLIU (Septante: ’HXioû, ’HXetoii), ancêtre de Judith, de la tribu de Siméon. Judith, viii, 1. Il n’est pasnommé dans la Vulgate.
6. ÉLIU (Septante: ’EXtoO?), un des interlocuteurs deJob. L’Écriture l’appelle fils de Barachel le Buzite, de lafamille de Ram. Job, xxxil, 2. Buz est le nom du seconddes fils de Nachor, frère d’Abraham. Gen., xxii, 21. Cemot désigne pareillement une région à laquelle sans douteBuz avait donné son nom et qui répond probablementau nord de l’Arabie Pétrée, vers la côle sud-est de lamer Morte et le nord-est de l’Idumée. Voir Buz 2 et 3, t. i, col. 1982. La qualification de Buzite indique doncla patrie d’Éliu et peut-être aussi sa généalogie. — L’auteursacré ne nous dit pas s’il était venu comme Éliphaz, Baldad et Sophar, pour consoler Job, ou si quelque autremotif l’avait amené en même temps qu’eux auprès deleur ami afiligé. Il le fait entrer brusquement et inopinémenten scène au moment où les trois amis de Job, voyant l’inutilité de leurs efforts pour lui prouver saculpabilité, prennent le parti de garder le silence. Job, xxxil, 1. Éliu s’était tu jusque-là à cause de sa jeunesseet n’avait pas voulu émettre son avis tandis que de sagesvieillards parlaient. Il va maintenant prendre la paroleà son tour, après avoir d’abord manifesté son indignationtout ensemble et contre Job, qui se croit juste devantDieu, et contre ses amis, qui n’avaient vu dans les peinesde Job qu’un châtiment mérité de ses péchés, inlligé parla seule justice de Dieu, et avaient cru devoir le condamnersans opposer aucun argument solide à ses plaintes, Job, xxxil, 2-6. Les reproches qu’il adresse à Job ne tombentpas sur sa conduite, comme les leurs. Éliu s’appliquesurtout à combattre les fausses idées de Job sur la causede ses maux et sur les desseins de Dieu qui l’afflige. Job, xxxiv, 35. Ses discours n’ont pas l’acrimonie de ceuxqu’on a déjà entendus, et ses paroles de blâme sont tempéréespar un certain ton de bienveillance; il voudraitmême que Job «put paraître juste». Job, xxxiii, 32.
Le langage d’Éliu respire la présomption et laisse tropvoir la haute idée qu’il a de sa science. Mais ses idéessont justes, et il apporte une solution au problème de ladouleur bien supérieure à celle des trois premiers interlocuteurs.Il déclare que la souffrance sert à instruirel’homme, à le purifier et à l’éprouver; le juste est souventfrappé afin qu’il apprenne à se juger lui-même avecplus de sévérité, qu’il se garde mieux contre le péché etmontre plus de zèle à chercher Dieu. Dieu ne l’afflige doncpas seulement à cause de ses fautes; il n’est pas un justicierimplacable, comme le prétendent Éliphaz, Baldadet Sophar; il est un bon père qui frappe rudement, maispour son bien, son enfant, en punition de fautes légères;
II. — 51
par conséquent, si Job se croit juste et s’il l’-est en réalité, il doit voir dans ses peines une bénédiction de Dieu.
— Ces vues sont développées en quatre discours, Job, xxxii, 6-xxxm, 33; xxxiv, 1-37; xxxv, 1-16; xxxvi, 1xxxvii-, 24, après chacun desquels Éliu semble attendreune réplique de Job; mais celui-ci ne répond pas commeil l’avait fait à chacun des discours de ses amis. C’estqu’il reconnaît la justesse de cette doctrine, et qu’il avaitpromis de se taire si on lui apportait un enseignementconforme à la vérité. Job, vi, 24. Voilà pourquoi il gardele silence devant ce jeune homme, tandis qu’il avait protestécontre les appréciations et les accusations desautres. Éliu a justifié la providence divine aux yeux deJob et n’a plus laissé à celui-ci aucun sujet de plainte, quoiqu’il n’ait pu naturellement découvrir la vraie causede son épreuve personnelle. Voir Job, i, 8-12; ii, 3-6.Dès lors les hommes n’ont plus rien à dire, et la paroleest à Dieu, dont Éliu a ainsi préparé logiquement l’interventiondirecte. Dieu se manifeste, en effet, non pourcontinuer la discussion, mais pour instruire l’homme.Quelques-uns ont pensé que les paroles sévères que Dieuprononce d’abord s’adressent à Éliu, Job, xxxviii, 2; mais on croit avec plus de fondement que c’est Job quiest l’objet de cette réprimande. Le Seigneur, loin deblâmer Éliu, lui donne, au contraire, raison d’une manièreindirecte, lorsqu’à la fin il ne reprend qu’Ëliphaz, Baldad et Sophar, ne se montre irrité que contre eux, etexige d’eux seuls un sacrifice d’expiation offert par Joben leur nom. Job, xlii, 7-14). — Pour l’authenticité desdiscours d’Éliu, voir Job (Livre de).
E. Palis.
- ÉLIUD##
ÉLIUD (grec: ’EXioiJS), fils d’Achim et père d’Éléazar, dans la généalogie de Notre -Seigneur JésusChrist selonsaint Matthieu, i, 14, 15. "
- ELLASSAR##
ELLASSAR (hébreu: ’Ellâsdr; Septante: ’ElXxaip; Vulgate: Pontus), nom de la ville où régnait Arioch, undes rois confédérés qui firent campagne en Palestinesous le roi d’Élam Chodorlahomor, à l’époque d’Abraham.Gen., xiv, 1, 9. Voir Arioch, t. i, col. 901-962. La plupartdes assyriologues voient aujourd’hui dans Ellassar la villede Larsa (avec métathèse de r). Son nom apparaît souventsur les monuments cunéiformes. C’est la Aapto-aades Grecs. Elle était située en Chaldée, à peu près à moitiéchemin entre Ur des Chaldéens (aujourd’hui Mughéir)et Érech (Vulgate: Arach, actuellement Warka; voirt. i, col. 868). C’était une cité fort ancienne, qui s’élevaitsur la rive gauche de l’Euphrate. On y adorait le dieuSoleil, SamaS, dans plusieurs temples consacrés à sonculte et dont le principal, appelé Ê-barra, remontait à unetrès haute antiquité. Au milieu de ses ruines, connuesaujourd’hui sous le nom de Senkéréh, on a trouvé uncertain nombre de tablettes, de cylindres et de statuettesd’argile. Sur plusieurs documents, Éri-Aku (Arioch), filsde Kudur-Mabug, prend expressément le titre de roi deLarsa. Voir La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1. 1, p. 487-492. On ne saurait done confondre aujourd’hui, comme on le faisait autrefois, l’Ellassarde Gen., xiv, 1, 9, avec le Thélassar de IV Reg., xix, 12; Is., xxxvii, 12 (voirThélassar), non plus qu’avec la ville d’Assur en Assyrie.Quant à la traduction d’EUassar dans la Vulgate par lePont, elle est le résultat d’une fausse interprétation. HenryRawlinson a identifié Ellassar avec Larsa dès 1851. VoirJournal of sacred Literature, octobre 1851, p. 152. Lesruines de Senkéréh ont été décrites par W. K. Loftus, Travels in Chaldxa and Susiana, in-8o, Londres, 1857, p. 240. Voir aussi J. Oppert, Expédition en Mésopotamie, 2 in-4o, t. i, Paris, 1863, p. 266-269; Frd. Delitzsch, Wolag dos Paradies? in-12, Leipzig, 1881, p. 223-224.
F. VlGOUROUX.
- ELMADAN##
ELMADAN (grec: ’EXu-aîâu.), fils de Her, dans lagénéalogie de Notre -Seigneur Jésus-Christ selon saintLac, iii, 28.
- ELMÉLECH##
ELMÉLECH (hébreu: ’Allammélék; Septante: *E).i|uX£x)> ville frontière de la tribu d’Aser. Jos., XIX, 26.Mentionnée entre Axaph (Kefr Yâsif) et Amaad (peut-êtreOumm el-’Amed), elle faisait partie des cités méridionales.Elle n’a pu jusqu’ici être identifiée. On croitcependant, à la suite de R. J. Schwarz, Dos heiligeLand, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 153, que le nomen a été conservé dans celui de Youadi el-Malek ou Nahral Malchi, qui se jette dans le Cison [Nahr el-Mouqatta).Voir Aser 3, tribu et carte, 1. 1, col. 1084. L’hébreu’Allammélék est un mot composé de’al, pour’allâh, «chêne,» et de mélék, «roi,» c’est-à-dire «chêne du roi».Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 104. L’ouadi el-Malek, ou «la rivière du roi», a sur sa rive méridionale une forêtde chênes, qui expliquerait le nom de l’ancienne cité, dont la dernière partie seule aurait subsisté.
A. Legendre.
- ELMODAD##
ELMODAD (hébreu: ’Almôddd; Septante: ’EXpiw8<x5; omis par le Codex Vaticanus, I Par., i, 20), premierfils de Jectan, descendant de Sem. Gen., x, 26; IPar., i, 20. Ce nom, comme tous ceux des peuples issusde la même souche, représente une tribu de la péninsulearabique. Voir Jectan. S. Bochart, Phaleg, lib. ii, cap. xvi, Cæn, 1646, p. 112, l’assimile aux’AXXouuai&Tai de Ptolémée; VI, vii, 24, qui habitaient vers le milieu de l’ArabieHeureuse, près des sources du fleuve Lar, qui se jettedans le golfe Persique. Ce sentiment n’est généralementpas accepté; mais on ne sait rien d’ailleurs de certain nisur la signification du nom ni sur son identification. Plusieursregardent la première syllabe du mot, ’al, commel’article arabe, et croient reconnaître ici les Djorhom, l’une des plus puissantes nations issues de Qahtan, formeque revêt Yaqtan ou Yoqtân dans la tradition arabe.Fixé primitivement dans le Yémen, ce peuple passa ensuitedans le Hedjâz, où il s’établit du côté de la Mecqueet de Téhama. Ses rois sont presque tous désignés parl’appellation de Moddd ou al Moddd. Cf. A. Knobel, DieVôlkertafel der Genesis, Giessen, 1850, p. 194; F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, Paris, 1881, t. i, p. 284. D’autres prennent’al pour le nom de Dieu, comme il arrive souvent en sabéen, et rattachent môdadà la racine yâdad, «aimer;» d’oÏL la signification dumot: «El ou Dieu est aimable,» ou «Dieu aime». Cf.llalévy, Études sabéennes, dans le Journal asiatique, Paris, octobre 1873, p. 364; A. Dillmann, Die Genesis, 6 a édit., Leipzig, 1892, p. 198. On a voulu voir aussi dans’Almodâd une faute de lecture pour Al-Modar ou Morad, à cause de la permutation ou de la confusion facileentre le daleth et le resch. On pourrait ainsi rapprocherAl-Morad des Beni-Morâd, tribu qui habitait une régionmontagneuse de l’Arabie Heureuse, près de Zabid.Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 93. Devant l’accord des versionsanciennes les plus importantes, il nous semble difficilede recourir à cet argument. Enfin, suivant quelquessuteurs, à Elmodad correspondrait Omdude ou Madudi, une des villes du territoire de l’Hadramaut. Cf. Schrader, dans Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertums,
Leipzig, 1884, 1. 1, p. 47.
A. Legendre.
- ELNAËM##
ELNAËM (hébreu: ’Élna’am, «Dieu est aménité;» Septante: ’EXXioc|j.; Codex Alexandrinus: ’EWaii), pèrede Jéribaï et Josaïa, I Par., xi, 46, donnés comme bravesguerriers de David dans la partie de la liste des Paralipomènes, ^. 42-46, qui n’a point de parallèle dans laliste de II Reg., xxm. Dans les Septante, I Par., xi, 46, 47, ’Iuxjeiâ (Josaïa) est présenté comme fils de’Japt6s’i (Jéribaï), et Elnaam, au lieu d’être dit leur père, est comptécomme un des guerriers de David.
ELNATHAN. Hébreu: ’Élndtdn, «que Dieu donne, c’est-à-dire Théodore.» Nom de quatre Israélites.
1. ELNATHAN, père de Nohesta, qui fut la mère de
Joakim, roi de Juda. IV Reg., xxiv, 8. Ce grand-pèrematernel de Joakim, appelé Elnathan de Jérusalem, esttrès vraisemblablement le même que l’Elnathan que Jérémienous représente comme un des principaux personnagesde l’entourage du même roi de Juda. Jer., xxvi, 22; xxxvi, 12, 25. Il fut un de ceux qui prièrent Joakim dene pas brûler le rouleau des prophéties de Jérémie, luesauparavant par Baruch devant le peuple et les grands dela cour. Jer., xxxvi, 12-25. Joakim envoya Elnathan enEgypte avec quelques hommes afin d’en ramener le prophèteUrie, qui s’y était enfui pour échapper à la colèredu roi. Les Septante varient beaucoup dans la transcriptionde ce nom: dans IV Reg., xxiv, 8, ’EXX «vo6d|x; Codex Alexandrinus, ’E).Xa|x «8ô|x; dans Jer., xxxvi, 12, ’IwvaOiv; Codex Alexandrinus; Nadâv, et’EXvaSàv dansle Codex Marchalianus; au ꝟ. 25, ’ElvaSâv, et CodexAlexandrinus, Na9âv: sous ces modifications diverses, lenom conserve la même signification. Quant à" Jérémie, xxvi, 22, le nom propre est omis dans les manuscritsdes Septante, mais on le lit dans les Hexaples.
2-4. ELNATHAN, nom de trois personnages nommésdans le même verset. I Esdr., viii, 16. Ils sont envoyésvers le lévite Eddo, chef des captifs résidant à Casphia, pour engager des lévites à se joindre à Esdras dans sonpremier voyage à Jérusalem. «J’envoyai, dit Esdras, Éliézer…, et Elnathan…, et un autre Elnathan…, chefsde famille, et les sages Joiarib et Elnathan.» I Esdr., vm, 16. Le texte hébreu n’a point «un autre» avant lesecond nom. Les Septante leur donnent trois noms différents: le premier est appelé’AXwvân, le second’EXv «6â|x, le troisième’Eavafiâv (Codex Alexandrinus: ’EXva9ôv). E. Levesque.
- ÉLOHIM##
ÉLOHIM (hébreu: ’Ëlâhim [cf. chaldéen, vhn; araméen, JoJ^tJ; arabe, iy, avec l’article <*JJ1, Allah;
sabéen, nbx]; Septante: ©e<5ç; Vulgate: Deus), nomcommun de Dieu en hébreu, de même que’El (voir El, col. 1627), pouvant s’appliquer au vrai Dieu comme auxfaux dieux. — iilohim est une forme plurielle, quoiqu’elledésigne le plus souvent au singulier le Dieu unique.C’est ce que les grammairiens ont appelé «pluriel demajesté», et quelques philologues modernes pluralemagnitudinis, dans un sens analogue. D’autres disentque le pluriel marque ici une abstraction, «la divinité.» Voir W. W. Baudissin, Studien zur semitischen Religionsgeschichte, Heft i, in-8o, Leipzig, 1876, p. 56-57; U. Cremer, Biblisch-theologisches Wôrterbuch, 5e édit., in-8o, Gotha, 1888, p. 404. La forme plurielle est aussiemployée pour le singulier, plus de quarante fois, dansles tablettes assyriennes trouvées à Tell El-Amarna, ilâni pour ilu. A. Barton, À pecidiar use of «ilani» iratlie tablets from El-Amarna, dans les Proceedingsof the American Oriental Society, 21-23 avril 1892, p. cxcvi-cxcix; Id., Native Isrælitish Deilies, dansOriental Studies, in-8o, Boston, 1894, p. 96.
I. Élymologie d’Élohim. — L’étymologie de ce motest incertaine. Les uns le font venir de la racine nba, ’âlah, «avoir peur, chercher un refuge,» de sorte qu’ilsignifierait Numen tremendum, «terreur, objet de terreur.» Cf. Gen., xxxi, 42; Ps. lxxvi, 12; Is., viii, 12-13.Voir Crainte de Dieu, col. 1099. Les autres supposentque c’est une sorte d’augmentatif de’El ou une formeplurielle de ce dernier, d’où l’on aurait tiré plus tard lesingulier Ëlôha, après avoir perdu le souvenir de sonorigine. Fr. Buhl, Gesenius’Hebrâisches Handwôrterbuch, 12e édit., 1895, p. 41-42. Les anciens Juifs et lesécrivains ecclésiastiques à leur suite faisaient déjà dériver’Elôhîm de’El. «Les Hébreux, dit Eusèbe, Prsep. Ev., xi, 6, t. XXI, col. 857, affirment que le nom qui exprimeJd nature souveraine de Dieu est ineffable et inexprimable et ne peut même être conçu par la pensée; maiscelui que nous appelons Dieu, ils le nomment Élohim(’EXoiji), de El (fa), à ce qu’il semble, et ils l’interprètentforce et puissance (itsyyv %x Wvatuv), desorte que le nom de Dieu dérive chez eux de sa puissanceet de sa force.» Toutefois ces explications ne sontque des hypothèses. Les rapports d’origine et de significationétymologique d’El et d’Élohim ne sont pasencore nettement éclaircis. Cf. R. Smend, Lehrbuch deralttestamentlichen Religionsgeschichte, in-8, Leipzig, 1893, p. 26; Frd. Bæthgen, Beitrâge zur semitischenReligionsgeschichte, in-8o, Berlin, 1888, p. 271-273, 275.Ce qui est bien certain, c’est que les deux noms s’appliquentà Dieu par opposition à l’homme. Ose., xi, 9; Is., xxxi, 3; Ezech., xxviii, 2, 9.
II. Emploi du mot Élohim dans la Bible hébraïque.
— Les diverses langues sémitiques avaient simultanémentou séparément deux noms communs pour désigner Dieu, El et Élohim. Les Hébreux ont fait usage de l’un et del’autre, soit en parlant du vrai Dieu, soit en parlant desdieux des polythéistes. Ils avaient de plus un nom proprepour nommer le Dieu véritable, Jéhovah ou Jahvéh, etc’est celui dont ils se servaient le plus souvent. (Il se lità peu près six mille fois dans la Bible.) Des deux motsÉlohim et El, le premier paraît moins ancien que lesecond. On peut le conclure de ce que l’on trouve aumoins des traces du mot El (assyrien, ilu) dans toutes lesbranches de la famille sémitique (cf. Gen., IV, 18; xxv, 13; xxxvi, 43, etc.), tandis qu’Élohim (Élohâh, llâh) manque chez quelques peuples sémites, en particulierchez les Chaldéens, dont les monuments remontentà une si haute antiquité. Élohim par conséquent n’a dûcommencer à être usité que lorsque les descendants deSem, après s’être séparés les uns des autres, eurent formédes peuples divers. Bæthgen, Beitrâge, p. 271. Il sesubstitua peu à peu à l’antique’El (voir El, col. 1628), oudevint au moins d’un usage beaucoup plus fréquent. Ilse lit 2570 fois dans les livres protocanoniques de l’AncienTestament, d’après les calculs de M. Nestlé, dansles Theologische Studien aus Wurtemberg, t. iii, 1882, p. 243-258. Cf. S. Mendelkern, Concordantise hebraicse, 2 in-4o, Leipzig, 1896, t. i, p. 86-96. Le singulier Ëlôha, formé plus tard d’Élohim, est beaucoup plus rare. Il estemployé cinquante-sept fois (quarante et une dans Job, quatre dans les Psaumes, quatre dans Daniel, deux dansHabacuc, deux dans le Cantique de Moïse inséré dansle Deutéronome, xxxii, une fois dans les Proverbes, dans Isaïe, dans les Chroniques ou Paralipomènes et dansNéhémie ou II Esdras). Cf. Frd. Bæthgen, Beitrâge, p. 297-298. — Les critiques donnent le nom d’élohistesaux passages de l’Écriture où Élohim est employé de préférenceà Jéhovah, et ils appellent jéhovistes ceux oùDieu est désigné par son nom propre. Voir Pentateuque.
III. Significations diverses données au mot Élohimdans l’Écriture. — 1o II désigne le plus souvent le vraiDieu, et dans ce cas le sens est précisé de diverses manières.1. Par l’article: «Sache que Jéhovah, lui, est leDieu (hâ-’Elôhîm), et qu’il n’y en a point d’autre exceptélui.» Deut., iv, 35. L’article (Septante: à ®c<5; )> ici etailleurs, Gen., v, 22; vi, 9, 11; xvii, 18; xx, 6, etc.; cf. Deut., vii, 9; I ( 111) Reg., xviii, 21, 37, etc., marquequ’il est le Dieu par excellence. ( Il est supprimé, lorsqueaucune amphibologie n’est possible, comme Gen., 1, 1; ix, 27, etc.; Am., iv, H; dans les Psaumes élohistes, Ps. xlii-lxxxix, etc.) — 2. Dans d’autres passages, lasignification d’Élohim est déterminée par des compléments: a le Dieu d’Abraham,» Gen., xxvi, 24, etc.; «le Dieud’Israël,» Exod., v, 1; «le Dieu de Jacob,» Ps. xx, 2; «leDieu du ciel et de la terre,» Gen., xxiv, 3; «le Dieu d’élévation(ou du ciel),» Mich., vi, 6; «le Dieu de vérité, >Is., lxv, 16; «le Dieu d’antiquité,» Deut., xxxiii, 27; «le Dieu des siècles,» Is., xi., 28; «le Dieu de justice,» Ps. iv, 2; «le Dieu de salut,» Ps. xviii, 47; «le Dieu
de miséricorde,» Ps. lix, 18; «le Dieu des armées(§ebâ’ô(),» Am., iii, 13, etc. Voir La Bible et les découvertesmodernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 470-480,
— 2°’Èlôhîm se dit aussi des faux dieux, Éxod., XII, 12; xxxiv, 15, etc., et des simulacres ou idoles qui les représententaux yeux de leurs adorateurs. Gen., xxxi, 30, 32; Exod., xx, 23; II Par., xxv, 14, etc.’Ëlôha, au singulier, s’emploie également dans le même sens. II Par., xxxii, 15, etc. — 3°’ÊlôhÎ7ti a même une fois le sens de «déesse», I (III) Reg., xi, 5, la langue hébraïquen’ayant ni mot ni forme particulière pour exprimer ladivinité femelle, inconnue au monothéisme. — La significationpolythéiste d’Élohim est déterminée par le contexteou bien par des compléments ou des épithètes: «dieux de l’étranger,» Gen., xxxv, 2; «dieux d’argent,» Exod., xx, 23; «dieux des nations,» Deut., xxix, 17; «dieux des Égyptiens,» Gen., xii, 12; «dieux de l’Amorrhéen,» Jos., xxiv, 15; «dieu d’Accaron,» II (IV) Reg., 1, 2, etc. — 4° Il faut noter qu’Élohim se dit aussi métaphoriquement, quoique par exception: 1. des juges, considéréscomme les représentants de la justice de Dieu.Exod., xxi, 6; xxii, 7, 8 (où les Septante rendent bien, Exod., xxi, 6, l’idée exprimée en traduisant: tô xpi-CTJp; ov toù 0£oû). — 2. Les Septante, la Vulgate, la Pèschito, la version arabe, ont rendu Élohim par «anges», Ps. xcvii (xcvi), 7; cxxxviii (cxxxvii), 1, commePs. viii, 6; mais leur interprétation n’est pas certaine.
— 3. Les rois sont comparés à des Élohim dans lePs. lxxxii (lxxxi), 1, 6. — 4. Xe nom d’Élohim ajoutécomme complément à un substantif forme une sortede superlatif: «Montagne d’Élohim,» désignant, Ps.lxviii (lxvii), 16, les montagnes de Basan, en marque lagrandeur et la magnificence. Voir aussi Ps. lxv (lxiv), 11; Civ (cm), 16. — Sur la nature et les attributs de Dieu, d’après l’Écriture, voir Jéhovah. F. Vigouroux.
ÉLOHISTES. Voir Pentateuque.
ÉLOÏ. Voir Éli, col. 1664.
ÉLON. Hébreu: ’Ëlôn, «chêne, chênaie.» Nom d’unHéthéen, de deux Israélites et de trois villes de Palestine.
1. ÉLON (Septante: Atôs., ’EXtiji), Héthéen, pèrede Basemath ou Ada, une des femmes d’Ésaû. Gen., xxvi, 34; xxxvi, 2.
2. ÉLON (Septante: ’Aapûv; Codex Cottonianus: "AUiov), fils de Zabulon, Gen., xi.vi, 14, et père de lafamille des Élonites. Num., xxvi, 26.
3. ÉLON, nom (dans le texte hébreu) d’un juge d’Israël, que la Vulgate appelle Ahialon. Jud., xii, 11. «Etil (ꝟ. 11, Ahialon de Zabulon) mourut, et il fut ensevelidans Zabulon.» ꝟ. 12. L’hébreu est plus complet dans ceverset 12: «Et’Êlon de Zabulon mourut, et il fut enterréà’Ayyâlôn, dans la terre de Zabulon.» Le nom du jugeet celui de la ville ne diffèrent que par les points-voyelles.Voir t. i, col. 292, 297.
4. ÉLONjhébreu: ’Allôn; dans bon nombre de manuscrits, ’Elôn; Septante: Codex Vaticanus, Mm).â; Codex Alexandrinus, Mt)Àù>v), ville frontière de la tribude Nephthali. Jos., xix, 33. Il y a ici une foule de difficultésqu’il est utile d’exposer, mais dont on cherche encorela solution. Elles portent principalement sur le texte.Et d’abord le texte complet, Jos., xix, 33, est, en hébreu: tnê-’Allôn be-$a’ânannîm, «depuis Allon en Sa’anannim;» Vulgate: Et Elon in Saananim. Les Septante ontuni les deux prépositions mé (pour min) et be aux motseux-mêmes, en intercalant la conjonction vav, <l et,» d’où.McoXi xai B: <7equsfv, dans le Codex Vaticanus, et MtjXmvxii Biljsvavs’ii, dans YAlexanctrinus. D’ua autre côté, si
plusieurs manuscrits et éditions du texte massorétiqueprésentent’Allôn, p’îN, avec palach, d’autres, et en assez
grand nombre, ont’Êlôn, rVn», avec tsêré. La première
leçon a été suivie par la Peschito, ’Alun; mais la secondea pour elle le Targum de Jonathan, mê-’Êlôn, lesSeptante, au moins d’après V Alexandrinus, Mt)Xwv, etla Vulgate, Elon. Aussi des critiques très compétentsdonnent-ils la préférence à cette dernière. Cf. J t -B. deRossi, Scholia critica in V. T. libros, seu Supplementumin var. lect., Parme, 1798, p. 35-36. C’est du restele mot qu’on trouve dans un autre passage de l’Écriture, Jud., IV, 11. En effet, la «vallée» dans laquelleHaber le Cinéen t avait dressé ses tentes» est appelée’Êlôn be - $a’annim. C’est donc en somme la mêmeexpression que dans le livre de Josué. Mais les anciennesversions ont prêté au premier mot ou même aux deuxun sens commun. Ainsi le syriaque a traduit: «près dutérébinthe qui est à Se’înîn;» la Vulgate: «jusqu’à lavallée qui est appelée Sennim.» La paraphrase chaldaïquea mis: mîSar’agannayà’, «la plaine des étangs ou desbassins,» attribuant à’Êlôn la même signification quesaint Jérôme, et rattachant besa’annîm au talmudiquebesa’. Cf. J. Levy, Chaldàisches Wôrterbuch, Leipzig, 1881, t. i, p. 8, au mot’âgànà’; G. Rosenmûller, Sclioliain Vet. Test., Josua, Leipzig, 1833, p. 378. Enfin on trouvedans les Septante: Codex Vaticanus, ëwç Spubç nXeovextoûvkiiv; Codex Alexandrinus, icpoç Spùv àvanajoiiévcov, «jusqu’au chêne des ambitieux ou des avares,» ou «auchêne de ceux qui se reposent». Le premier participefait croire que les interprètes ont lu bôse’îm, de la racinebasa’, qui indique «la recherche d’un gain injuste»; lesecond laisse supposer, suivant quelques-uns, qu’ils ontlu sa’anannîm, de Sâ’an, «se reposer;» d’autres pensentà une variante du mot grec et à une autre étymologie.Cf. J. F. Schleusner, Lexicon in LXX, Londres, 1829, t. i, p. 196; t. ii, p. 784.
Dans ces conditions, voici les deux questions qui seposent. — 1° Doit-on considérer’Êlôn comme un nompropre ou comme un nom commun? Nous venons devoir que les versions anciennes ont adopté l’une et l’autreinterprétation; leur poids est donc nul ici dans la balance.Il est d’autres expressions semblables dans lesquelleselles ont pris le même mot pour un nom commun; parexemple: ’Êlôn Tâbôr; Septante: Spùç 00t6<ip; Vulgate: quercus Tabor, I Reg., x, 3; ’Êlônê Mamrê’; Septante: 8pû; Motjiêpij; Vulgate: convallis Mambre, Gen., xiii, 18.etc. Les chênes ou les térébinthes remarquables par leursdimensions ont souvent servi à désigner certaines localitésbibliques. Il est donc permis de traduire ici par «letérébinthe» ou <i la vallée de Sa’annim (Besa’annim, suivant quelques-uns). Ce dernier mot vient de sa’ân, qui signifie «changer la tente», proprement «chargerles montures (pour changer de campement)»; il indiquedonc probablement un endroit où campaient d’ordinaireles caravanes ou les nomades comme Haber le Cinéen.
— 2° Où se trouvait cet endroit? Le livre des Juges, iv, 11, le place près de Cadès, aujourd’hui Qadès, au nord-ouestdu lac Houléh. Voir Cédés 1, col. 360. Il y a en effet, àl’ouest de ce lac, une plaine qui est encore actuellementhabitée par des nomades dont on aperçoit çà et là lestentes noires. Elle pouvait également servir à déterminerde ce côté la frontière de Nephthali, Jos., xix, 33, commeHéleph (Beit Lif) la fixait sur la ligne occidentale opposée.Voir Saananim et Nephthali, tribu et carte.
A. Legendre.
5. ÉLON (hébreu: ’Êlôn; Septante: ’E).ù>v; CodexVaticanus: AiXùv), ville de la tribu de Dan. Jos., xix, 43.Mentionnée entre Jéthéla (dont l’identification est incertaine) et Themna (aujourd’hui Khirbet Tibnéh), ellefaisait partie du groupe méridional des cités énuméréespar Josué, xix, 40-47. Voir Dan 2, et la carte, col. 1232.On a proposé de la reconnaître dans le village actuel de
Beit Ello, au nord-ouest de Béthel, au nord de Béthoron.Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 293; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 56. Mais il n’y a ici correspondance niau point de vue philologique ni au point de vue topographique; l’endroit désigné appartient plutôt à la tribud’Éphraïm. D’autres ont pensé à’Ellîn [’Alîn, suivantla carte du Palestine Exploration Fund, Londres, 1890, feuille 14), au sud-est et tout près d’Ain Schenis, l’ancienneBethsamès. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 163.Sans être certaine, cette opinion nous semblerait plusacceptable. Le changement de Yaleph initial de lib» », ’Êlôn, en ain, £?*)£, ’Alin, se retrouve dans d’autresnoms, par exemple, jiSptf ii, ’ASqelôn (Ascalon) =, y^, a’.n*c, ’Asqalàn. Ensuite le voisinage de Khirbet Tibnéh{ Themna) détermine une position conforme au textesacré. Il en est de même du voisinage d’Aire Schems ouBetbsamès, près de laquelle Élon est citée dans un autreendroit de l’Écriture, III Reg., iv, 9. Si, en effet, avecla Vulgate, on regarde ce dernier nom comme indiquantune localité distincte de Béthanan, qui suit, on devrareconnaître dans le IIIe livre des Rois la même cité quedans le livre de Josué. Elle appartenait à la tribu de Dancomme Salebim (Selbil) et Bethsamès, qui la précèdent.Ici cependant, à cause du texte hébreu, qui porte’ÊlônBê(-ffânân, nous trouvons la même difficulté que pour’Êlôn be-Sa’annim (voir Élon 1), et l’on pourrait sedemander si’Êlôn est un nom propre ou un nom commun.Mais les versions anciennes donnent unanimementla première interprétation. Voir Béthanan, 1. 1, col. 1653;
Élon 6.
A. Legendre.
6. ÉLON (hébreu: ’Êlôn; Septante: ’EXèav; CodexVaticanus: ’ÉXwu,; Codex Alexandrinus: AiaXàu.), villesoumise à l’intendance de Bendécar, un des douze préfetschargés, sous Salomon, de fournir aux dépenses dela table royale. III Reg., iv, 9. Le plus grand nombre desmanuscrits hébreux ne la distinguent pas par la conjonctionvav, j. et,» du nom suivant, Bêt-Hànân, etportent: ve’Elôn Bêt-Hànân. Cf. B. Kennicott, VêtusTestamenlum hebr., Oxford, 1776, t. i, p. 609; J.-B. deRossi, Varies lecliones Vet. Test., Parme, 1785, t. ii, p. 205. Fautil traduire: «le chêne de Béthanan,» comme «le chêne de Thabor», I Reg., x, 3? Voir Élon 1.^Nous croyons plutôt, avec les Septante et la Vulgate, qu’il s’agit ici d’un nom propre. Faut-il maintenant, avec la paraphrase chaldaïque, les versions syriaque etarabe, lire: «’Êlôn de Bêt-Hànân,» ou «’Êlôn qui est enBeit Hanan»? Dans ce cas, Élon ne serait qu’une localitédépendante de Béthanan, qui a été identifiée d’unefaçon plausible avec le village actuel de Beit-’Anân, aunord-ouest de Jérusalem et à l’est de Selbît, et alors elleappartiendrait à la tribu de Benjamin; Voir Béthanan, t. i, col. 1653. En somme, nous accepterions plus volontiersla leçon des versions grecque et latine, et, reconnaissantici une ville distincte, nous l’assimilerions à lacité danite dont parle Josué, xix, 43. Voir Élon 5.
A. Legendbe.
- ÉLONITES##
ÉLONITES (hébreu: hâ’êlônî; Septante: 6’AXXwvef; Codex Alexandrinus: à’AXXwvf), famille descendantd’Élon, fils de Zabulon. Num., xxvi, 26 (Septante, 22), ,
- ELPHAAL##
ELPHAAL (hébreu: ’Élpa’al, «Dieu récompense» {cf. le nom phénicien bys’lx]; Septante: ’AXfetaS et’EX-^âaS; Codex Alexandrinus: ’EXfâaX), fils de Saharaïm, dans la tribu de Benjamin. I Par., viii, 11. La Vulgateporte: «Mehusim engendra… Elphaal;» mais letexte hébreu a: «Et de Husim il (Saharaïm) engendra….Elphaal.» Husim est la femme que Saharaïm avait renvoyéeavant d’aller dans le pays de Moab. y. 8. Elphaalfut le père d’une nombreuse famille, y. 12, 17-18.
- ELSNER##
ELSNER (Jacques), théologien protestant allemand, né en mars 1692 à Saalfeld, petite ville de Prusse, mortle 8 octobre 1750 à Berlin. Fils d’un riche marchand, ilse sentit fortement attiré vers l’étude; aussi, au sortir del’école de sa ville natale, se rendit-il à l’université deKœnigsberg, où il étudia les langues orientales, et ildevint, en 1715, correcteur de l’école des réformés decette ville. Au bout de deux ans, il résigna cette chargeet entreprit un voyage scientifique à Dantzig, à Berlin, à Clèves, en Hollande. Il prit à Dlrecht le grade dedocteur en théologie. Au bout de ce voyage, qui duraquatre ans, il avait déjà acquis une telle renommée, quele roi de Prusse le chargea de professer à Lingen, enWestphalie, la théologie et la philologie sacrée. En 1722, il fut nommé recteur à Berlin, et en même temps premierprofesseur au Joachimsthaliches Gymnasium. Il futensuite second, puis premier prédicateur à l’église paroissiale.Enfin, en 1742 et en 1744, il occupa, à la Sociétéroyale, la place de directeur de la classe des Belles-Lettres.Parmi ses nombreux ouvrages, il faut citer: Observationes sacrse in Novi Fœderis libros: t. i, Libroshistoricos complexus, in-8o, Utrecht, 1720; t. ii, EpistolasApostolorum et Apocalypsim complexus, in-8o, Utrecht, 1728 (ce livre fut l’origine de plusieurs controverses; G. Stoer, entre autres, l’attaqua, et il futdéfendu par un disciple d’Elsner); — Der Brief deshcil. Apostels Pauli an die Philipper, in Prediglenerklâret, durch und durch mit Anmerkungen versehen, nebst einer Einleitung, in-4o, Utrecht, 1741; — Diss.de lege Mosis per Angelos data, at illustranda Act., vu, 38 et 53; Gai, iii, 9; Ebr., ii, 2, 4; xii, 25, in-4o, Leyde, 1719. A. Régnier.
- ELTHÉCÉ##
ELTHÉCÉ (hébreu: ’Élleqêh, Jos.^ix, 44; ’Élfeqê’, Jos., XXI, 23; Septante: ’AXxaGà; Codex Alexandrinus: ’EXŒxù, Jos., xix, 44; ’EXxwûat’u.; Codex Alexandrinus: ’EXŒxùj, Jos., xxi, 23; Vulgate: Elthece, Jos., xix, 44; Eltheco, Jos., XXI, 23), ville de la tribu de Dan, Jos., xix, 44, donnée aux Lévites, fils de Caath. Jos., xxi, 23.Elle n’est pas mentionnée dans la liste parallèle de I Par., vi, 66-69, et n’a pu jusqu’ici être identifiée. On a proposéde la reconnaître dans Beit Liqia, au sud de Béthoroninférieur. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. iii, p. 16; G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 57. Cette hypothèse manque defondement tant au point de vue onomastique qu’au pointde vue topographique. D’après l’énumération de Josué, xix, 41-47, Elthécé devait faire partie du groupe méridionaldes cités danites, avec Themna (Khirbet Tibnéh)et Acron ou Accaron (Agir). Voir Dan 2, et la carte, col. 1232. C’est d’ailleurs dans les environs de ces deuxvilles que la placent les inscriptions assyriennes. Onla retrouve, en effet, exactement sous la même forme, ’Élfeqêh (le û final est mieux gardé par le grec’EX6exiiet le latin Eltheco), dans le prisme hexagone de Taylor.Cf. Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. 38-39, col. ii, ligne 76, 82; Frd. Delitzsch, AssyrischeLesestûcke, 2e édit., Leipzig, 1878, p. 101; E. Schrader, Die Keilinschriften und dos Alte Testament, Giessen, 1883, p. 171. Sennachérib y raconte sa campagne contreÉzéchias, roi de Juda. Après qu’il eut soumis les villesdelà Séphélah, qui dépendaient alors d’Ascalon, c’est-à-direBelh-Dagon, Joppé, Benêbàrak et Hazor, il nerestait plus désormais entre l’Euphrate et l’Egypte qu’Ézéchiaset le royaume de Juda qui ne se fussent pas courbéssous le joug. Le roi de Jérusalem n’était pas précisémentpour le monarque d’Assyrie un sujet rebelle commeles autres princes, mais le conquérant croyait avoircontre lui un grief suffisant pour justifier son agression: les magistrats, les grands et le peuple d’Accaron avaient
chargé de chaînes leur roi Padi, vassal de l’Assyrie, etl’avaient traîtreusement livré à Ézéchias. Avant d’attaquerle royaume de Juda, Sennachérib marcha d’abordcontre les rebelles d’Accaron. Les Égyptiens étaient sortisde leurs frontières pour les défendre. Alors, dit le texteassyrien,
Col. ii, 1. 73., ..Les rois d’Egypte
74. rassemblèrent les archers, les chars et les
chevaux des rois de Miluhhi (Ethiopie),
75. troupes innombrables, et ils vinrent
76. à leur secours. Devant Altaqu
77. ils se rangèrent en bataille contre moi et
excitèrent leurs troupes [au combat]…
82. … La ville d’AJtaqu
83. j’attaquai et la ville de Timnath je les pris,
et j’en emmenai le butin.
Col. III, 1. 1. Contre la ville d’Amqaruna (Accaron) jemarchai, etc.
Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1893, t. iv, p. 26, 27. Ce passage, on levoit, fixe très approximativement la position d’Elthécédans les environs d’Accaron et de Thamnatha, ce quicorrespond parfaitement au texte de Josué, xix, 43-44.Malheureusement, parmi les noms actuels, on n’en aretrouvé aucun qui rappelle l’antique cité. — Elthécé nedoit pas être confondue avec Elthécon, Jos., xv, 59. Voir
Elthécon.
A. Legendre.
- ELTHÉCON##
ELTHÉCON (hébreu: ’Élfeqôn; Septante: Oéxou^; Codex Alexandrinus, ’EXÔsxév; la Vulgate porte ordinairementEltecon), ville de la tribu de Juda, mentionnéeune seule fois dans l’Écriture. Jos., xv, 59. Elle fait partiedu quatrième groupe des villes de «la montagne». Jos., xv, 58, 59. Sur les six noms qui le composent, quatresont bien identifiés: Halhul = Halhûl, à une heure etdemie au nord d’Hébron; Bessur (hébreu: Bêt-Sûr) =Beit Sour, à côté de la précédente, vers le nord-ouest; Gédor = Khirbet Djédour, plus au nord; Béthanoth ==Beit’Ainoun, au nord-est d’Hébron. Voir Juda, tribu etcarte. C’est donc dans cette région montagneuse que setrouvait Elthécon; mais elle n’a pu encore être retrouvée.Saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 119, signale «Elthécé dans là tribu de Juda» et l’assimileà Thécua ou Thécué, la patrie d’Amos, aujourd’huiKhirbet Téqû’a, au sud de Bethléhem. Il ne s’agit pasévidemment d’Elthécé de Jos., xix, 44, puisque celle-cise trouvait dans la tribu de Dan. Il faut donc plutôt voirici Elthécon, dont la position pourrait répondre à cellede Thécué; mais le nom de cette dernière, en hébreu: Teqô’a, a un’aïn qui le distingue complètement de celuidont nous parlons. Puis les Septante, au moins d’aprèsle Codex Vaticanus, ont reconnu deux villes différentes, appelant la première 0sxoO|a et la seconde Qex. — Tousles détails qui concernent Elthécon empêchent de la confondreavec Elthécé, Jos., xix, 44: l’une est de Juda, l’autre de Dan; la dernière est dans la plaine, l’autredans la montagne, où ne pouvaient se rencontrer lesdeux armées assyrienne et égyptienne. Voir Elthécé.
A. Legendre.
ELTHOLAD (hébreu: ’Éltôlad, Jos., xv, 30; xix, 4; fôlad, I Par., iv, 29; Septante: ’EXêm-iSiS; CodexAlexandrinus, ’E).8<j>ôà8, Jos., xv, 30; ’EX60uXâ; Çod.Alex., ’EXÔouSâS, Jos., xix, 4; Codex Vaticanus, ©o-j-X «n; Cod. Alex., BiaXiS, 1 Par., iv, 29; Vulgate: Eltholad, Jos., xv, 30; xix, 4; Tholad, I Par., iv, 29), ville de1.» tribu de Juda, appartenant à l’extrémité méridionalede la Palestine, Jos., xv, 30, et assignée plus tard à latribu de Siméon. Jos., XIX, 4; I Par. iv, 29. Elle faitpartie d’un groupe qui ne renferme guère que des inconnues, à part Bersabée et quelques autres; aussi a-t-elleété jusqu’ici rebelle à toute identification. Pour l’étymologieet la signification du mot, on peut voir: J. Simonis,
Onomasticum Vet. Testam., Halle, 1741, p. 302, 493; Gesenius, Thésaurus, p. 102; F. C. Rosenmûller, ScholiainVet. Testant., Josua, Leipzig, 1833, p. 304.
A. Legendre.
ÉLUL (hébreu: ’ëlûl; assyrien: ulûlu), nom, dontla signification est ignorée, du sixième mois de l’annéecivile des Juifs. Ce mois était de vingt-neuf jours et comprenaitla fin d’août et le commencement de septembre.Il n’est mentionné que deux fois dans la Bible. C’est auvingtcinquième jour d’élul que les murs de Jérusalemfurent achevés par les Juifs revenus de la captivité deBabylone. II Esdr., vi, 15. Le 18 de ce mois, en l’an 172de l’ère des Séleucides (140 avant J.-C), Simon Machabéerenouvela le traité d’alliance que son frère Judas avaitconclu avec les Romains. I Mach., xiv, 27. Les rabbins rapportentau sixième mois la fondation du second Temple.Talmud de Jérusalem, Rosch ha-schana, trad. Schwab, Paris, 1883, t. vi, p. 54. E. Mangenot.
ÉLUS (hébreu: behîrîm; grec: ÈxXex-ro: ; Vulgate: electi), ceux qui sont choisis de Dieu pour être l’objetde ses faveurs surnaturelles, soit en cette vie, soit enl’autre. Il est à noter que, dans les trois langues, le motqui désigne les élus vient d’un verbe qui signifie «choisir», bâhar, âxXÉYw, eligo, et qu’il implique le doublesens de «choisi» et de «digne d’être choisi», par conséquentremarquable par ses qualités, beau, précieux, etc.Les participes bâhûr, êxXexToç, electus, ont ces deuxsignifications, et l’adjectif verbal bâhîr s’applique à celuiqui est choisi, élu de Dieu. II Reg., xxi, 6; Ps. cvi, 23; ls., xui, 1; xliii, 20; xlv, 4.
I. Dans l’Ancien Testament. — Le nom d’ «élus», behirîm, est donné aux descendants de Jacob, particulièrementaux Hébreux tirés d’Egypte, et à tout Israël engénéral, en tant que constituant une société que Dieucomble de biens temporels et spirituels. Ps. cv ( cvi), 6, 43; cvi (cv), 5. Isaïe, lxv, 9, 15, 23, donne le mêmenom aux Israélites qui se convertiront au Seigneur etformeront un peuple régénéré. Compares à la totalité de lanation, ils ne seront qu’une minorité, <> un grain dans unegrappe,» dit le prophète. Is. lxv, 8. Tobie, xiii, 10, appelle «élus» la portion fidèle d’Israël durant la captivité. Dansla Sagesse, iii, 9; lv, 15, les élus sont identiques auxjustes qui vivent dans la fidélité à Dieu. Enfin, dansl’Ecclésiastique, xxiv, 4, 13; xlvi, 2, les élus sont ceuxde ces mêmes justes qui appartiennent au peuple d’Israël.En somme, dans l’Ancien Testament, on ne connaît sousle nom d’élus que les Israélites, en tant que choisis pourêtre le peuple de Jéhovah, ou surtout en tant que fidèlesà cette destination religieuse.
II. Dans le Nouveau Testament. — Les élus sont: 1° Ceux qui font partie delà société spirituelle fondée parNotre -Seigneur. — Ainsi saint Pierre écrit «aux élus dela dispersion», c’est-à-dire à ceux, des Juifs dispersés parle monde qui ont embrassé la foi de Jésus-Christ. I Petr., i, 1. Voir col. 1441. Il leur dit qu’ils sont la «race élue», ce qu’il explique en les appelant encore la «nation sainte», le «peuple acquis» par le Rédempteur, qui les a «appelésdes ténèbres à son admirable lumière». I Petr., i, 9.
— Saint Paul se sert du mot «élus» dans le même sens.Il appelle «élus de Dieu», Rom., viii, 33, ceux qui sontsanctifiés par la grâce de Jésus-Christ et qui passent parces cinq stades de la sanctification: la prescience de Dieuqui les connaît à l’avance, la prédestination de Dieu quiveut les faire ressembler à son divin Fils, la vocation quileur notifie intérieurement le décret divin porté en leurfaveur, la justification qui accomplit en eux l’œuvre dusalut, la glorification qui couronnera l’effort combiné dela grâce et de la volonté humaine. Rom., viii, 29, 30.L’Apôtre ne considère cependant ici les «élus» qu’autroisième et au quatrième stade de leur transformationsurnaturelle. Il écrit aux Thessaloniciens, II, ii, 13, que «. Dieu les a élus comme des prémices pour le salut ii,
c’est-à-dire que Dieu les a fait entrer dans la société nouvelleavant leurs frères encore restés juifs ou païens. Ilrecommande aux Colossiens, iii, 12, de se revêtir des vertus, comme il convient «à des élus de Dieu, à des saints, à des bien-aimés». La pratique des vertus suppose nécessairementque les élus font partie de l’Église mili. tante. Saint Paul lui-même est apôtre «selon la foi desélus de Dieu», Tit., i, 1, c’est-à-dire pour prêcher cettefoi qui fait les fidèles disciples de Jésus-Christ et implique «l’espérance de la vie éternelle». Tit., i, 2. Ce titred’ «élus» ou de membres de la société nouvelle n’estpas inamissible. Aussi saint Pierre recommande-t-il des*en assurer la possession certaine au moyen de bonnesœuvres. II Petr., i, 10. — Saint Jean déclare aussi que lenom d’ «élus» et de «fidèles» n’appartient qu’à ceux quicombattent avec l’Agneau contre les puissances infernales.Apoc, xvii, 14. — Saint Paul «souffre tout pour les élus», Il Tim., ii, 10, c’est-à-dire pour les fidèles qu’il a engendrésà Jésus-Christ. — Dieu lui-même écoute la voix deses élus qui crient vengeance, Luc, xviii, 7, c’est-à-direde ses serviteurs persécutés sur la terre. «En faveur deses élus,» il abrégera les calamités des derniers temps, de peur qu’ils ne soient déçus par les faux prophètes etqu’ils manquent leur salut. Matth., xxiv, 22, 24, 31; Marc, xiii, 20, 22, 27. — Ce nom d’ «élus» est donnéaux fidèles de l’Eglise, d’abord parce qu’ils sont l’objetd’un libre choix de la bonté divine, Rom., xi, 5-7, 28; ensuite parce que, par leur conduite, ils doivent être deshommes à part, des hommes de choix. Ephes., IV, 17.
2° Ceux qui ont mérité de passer de la société spirituellede la terre à la société glorieuse du ciel. — C’està ces derniers que, dans le langage courant, nous réservonsle nom d’ «élus». Ce nom ne peut pourtant avoirle sens d’habitant du ciel que dans un seul texte, quid’ailleurs est répété à la suite de deux paraboles: «Beaucoupsont appelés, mais peu sont élus.» Matth., xx, 16; xxii, 14. Que faut-il entendre ici par les élus? La questionest d’autant plus grave, que sur elle se greffe celle dunombre des élus. — 1. Dans la parabole des invités auxnoces, Matth., xxii, 1-11, les premiers appelés refusentde venir et sont remplacés par des invités de rencontrequi prennent place dans la salle du festin. Parmi cesderniers, un seul est jeté dehors, parce qu’il n’a pas larobe nuptiale. Le contexte indique clairement que cetteparabole s’adresse aux Juifs. Invités les premiers à entrerdans «le royaume des cieux», c’est-à-dire dans l’Églisede Jésus-Christ, ils refusent et sont remplacés pard’autres hommes moins favorisés jusque - là. Ceux - cicependant n’ont pas droit au royaume du ciel par le seulfait de leur entrée dans l’Église. Celui qui se comporteindignement dans la société spirituelle de la terre estexclu du royaume céleste. Rien d’ailleurs n’autorise àétendre l’application de la parabole à d’autres qu’à ceuxde la maison d’Israël auxquels Jésus-Christ se déclarepersonnellement envoyé. Matth., xv, 24. Les appelés sontdonc les Juifs qui se prennent pour la vraie race d’Abraham, docteurs, scribes, pharisiens, etc. Les élus sont cespublicains, ces courtisanes, etc., qui se convertissent etprécèdent les premiers dans le royaume de Dieu. Matth., xxi, 31. En ce sens, il y a certainement moins d’élus qued’appelés. — Dans la parabole des ouvriers de la vigne, Matth., xx, 1-16, les ouvriers reçoivent le même salaire, malgré l’inégalité du temps employé au travail. Notre-Seigneurconclut la parabole en ces termes: «Ainsi lesderniers seront les premiers, et les premiers les derniers; car beaucoup sont appelés, mais, peu sont élus.» La secondesentence est présentée comme une explication dela première. Le lien logique entre la dernière sentenceet tout ce qui précède est peu apparent; aussi cette sentencemanque-t-elle dans plusieurs manuscrits importants[a, B, etc.) et dans plusieurs versions anciennes, telles que le copte, et des commentateurs pensent qu’elleest, en effet, à supprimer. Mais elle se lit dans trop d’autres
I manuscrits et est reproduite par trop d’auteurs ancienspour qu’on puisse admettre hardiment la légitimité desa suppression. Il faut donc en chercher l’explication. —2. Certains Pères de l’Église, prenant la sentence évangéliqueindépendamment de son contexte, en ont conclu que
; les élus, ceux qui se sauvent, ne sont que le petit nombre.
S. Augustin, Serm., xc, 4; t. xxxviii, col. 561. Pour justifierson affirmation, ce Père va même jusqu’à dire quel’homme qui n’a pas la robe nuptiale et qui est jeté dehorsfigure toute une multitude. Serm., xcv, 6, t. xxxviii, col. 583; S. Grégoire le Grand, Rom. in Evang., i, xix, 5; II, xxxviii, 14; t. xxiii, col. 1157, 1290; S. Thomas, Summ. theol., i, q. 23, a. 7, ad 3 am; etc. Ils ont été suivisdans leur interprétation par un bon nombre de théologiens, de commentateurs et d’orateurs sacrés. Voir spécialementBossuet, Méditations sur l’Évangile, dernièresemaine, xxxive jour; Bourdaloue, Pensées sur diverssujets de religion et de morale, x, petit nombre desélus; et surtout Massillon, Grand carême, XLlll" sermon, sur le petit nombre des élus. — 3. Parmi les modernes, il y a tendance marquée à interpréter d’une manière pluslarge la sentence qui termine les deux paraboles évangéliques.Le mot «élus» désignerait ici, non pas ceuxqui se sauvent, mais les âmes «de choix» qui servent leSeigneur avec plus d’ardeur que les âmes ordinaires. Onremarquera que c’est le sens qui convient au mot IxXextoi, electi, dans la plupart des passages de la Sainte Écriturecités plus haut, tandis qu’en français le mot «élu» a unesignification plus spéciale. Dans la parabole des noces, les âmes d’élite sont représentées par les invités docilesà l’appel du maître. Les premiers invités sont seulementdes «appelés». Peut-être en est-il parmi eux qui finirontpar venir à fa dernière heure. Notre -Seigneur nepréjugj rien sur leur salut final. Il s’est même contentéde dire aux Juifs que les publicains et les courtisanes lesprécéderont dans le royaume des cieux, Matth., xxi, 31, ce qui suppose qu’eux-mêmes viendront plus tard. Defait, beaucoup de Juifs, d’abord rebelles à la prédication dudivin Maître, se sont ensuite convertis à la voix des Apôtres.La seule condamnation qui soit portée tombe sur le malheureuxqui a négligé de revêtir la robe nuptiale, c’est-à-direde remplir les conditions requises pour passer dela société spirituelle de la terre à la société glorieuse duciel. — Dans la parabole des ouvriers envoyés à la vigne, l’appel divin se fait entendre à tous, tous y répondent, tousreçoivent la récompense. Mais, parmi eux, les ouvriersde la première heure sont seuls des «élus», des âmesd’élite, représentant ces âmes chrétiennes, relativementpeu nombreuses, qui se donnent à Dieu sans retard etlui restent dévouées et fidèles sans défaillance. Il ne fautpas négliger non plus le rapprochement que Notre -Seigneurétablit entre les deux sentences: «Les derniersseront les premiers, et les premiers les derniers,» et: «Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus.» Matth., xx, 16. L’étude des derniers versets du chapitre précédentde saint Matthieu, xix, 27-30, montre que les premierset les derniers représentent deux catégories defidèles, les uns fervents et généreux, tes autres moinsdétachés des choses de ce monde. Notre-Seigneur avertitses Apôtres de prendre garde à ne pas déchoir de leurferveur et à ne pas abandonner le premier rang pour ledernier. Si donc les premiers et les derniers sont desmembres de la société spirituelle qui travaillent les unset les autres à leur salut, il faut en dire autant des appeféset des élus. La formule évangélique reviendrait doncà ceci: Tous les hommes sont appelés au salut, puisque «Dieu veut que tous les hommes soient sauvés», 1 Tim., H, 4; parmi tous ces appelés au salut, beaucoup sontappelés à une vie fervente et parfaite; mais peu répondentà cet appel et deviennent des âmes d’élite. — Sur cesens donné aux deux paraboles et à la sentence finale, voir Bergier, Traité de la vraie religion, nr> partie, IX, il, 7, Œuvres complètes, Paris, 1855, t. vii, col. 1285;
Lacordaire, lxx’Conférence de Notre-Dame, 1851; Faber, Le Créateur et la créature, iii, 2, trad. de Valette, Paris, -1858, p. 270-281; Progrès de l’âme, xxl, trad. de Bernhardt, Paris, 1856, p. 373-388; Méric, L’autrevie, Paris, 1880, t. ii, p. 181-194; Liagre, In SS. Malth.et Marc, Tournai, 1883, p. 339; Monsabré, Conférencesde Notre-Dame, 1889, VIe confier.; Knabenbauer, Evang.sec. Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 178, 247; Mauran, Éluset sauvés, Marseille, 1896, p. 87-128. — 4. Si l’on a putirer des paraboles évangéliques des conclusions contrairesou favorables à la croyance au grand nombre desélus, il ne faut pas oublier que Notre -Seigneur a formellementévité de se prononcer sur ce sujet. À la questionthéorique qu’on lui posa un jour: «Seigneur, sont-ilsrares ceux qui se sauvent?» il répondit en donnantun conseil tout pratique: «Efforcezvous d’entrer par laporte étroite.» Luc, xiii, 23, 24. On ne peut du restefonder aucune présomption, quant au nombre des élus, sur les paraboles évangéliques. Dans la parabole desouvriers de la vigne, Matth., XX, 1-16, tous sont récompensés; dans celle des vierges, Matth., xxv, 1-13, cinqvierges sont reçues et cinq sont rejetées; dans celle destalents, Matth., xxv, 14-30, deux serviteurs sont récompenséset un troisième est puni, etc. La question dunombre relatif des élus paraît donc être une de cellesdont Notre -Seigneur s’est réservé le secret. Toutefoisles textes évangéliques sur lesquels on appuie d’ordinairela théorie du petit nombre peuvent être entendus dansun sens beaucoup plus large qu’ils ne l’ont été par lesanciens, tout au moins en ce qui concerne la proportionde ceux qui se sauvent parmi les chrétiens.
H. Lesêtre.
- ELUSAÏ##
ELUSAÏ (hébreu: ’Él’ûzay, «Dieu est mes louanges;» Septante: ’AÇat; Codex Alexandrinus: ’EXtwÇî), un desguerriers de la tribu de Benjamin qui se joignirent àDavid pendant son séjour à Siceleg. I Par., xii, 5.
- ÉLYMAÏDE##
ÉLYMAÏDE (Septante: ’EXu|i<xf; ), province de Perse.
I. Description. — L’Élymaïde est ordinairement considéréecomme une partie de la Susiane, mais ses limitessont très difficiles à établir. Strabon, XI, xiii, sembleétendre ses limites au nord jusqu’à la Grande Médie; ailleurs, XVI, 1, 8, il la nomme parmi les provinces situéesà l’est de la Babylonie, et XVI, i, 18, il la place dans lesrégions montagneuses qui s’étendent au nord de la Susianejusqu’au mont Zagros. D’après Pline, H. N., VI, xxvii, 111, 134, 135, et Plolémée, vi, 3, l’Élymaïde aurait eupour limites l’Eulæus, l’Oroatis, sur la frontière de laPerside et le golfe Persique. Il est probable que l’Élymaïdevaria d’étendue, suivant les succès et les reversdu peuple belliqueux qui l’habitait. Dans sa plus grandeétendue, elle comprit lès provinces de Gabiane et de Corbiane.Strabon, XVI, i, 18. Voir la carte d’ÉLAM. — Lesmontagnards de l’Élymaïde étaient des guerriers vaillantset d’habiles archers. Les habitants de la plaine se livraientà l’agriculture. Ils possédaient des temples dontles richesses tentèrent Antiochus III le Grand. Celui-ciessaya de piller le temple de Bélus, mais il fut massacrépar la population. Strabon, XVI, i, 19; Diodore de Sicile, xxviii, 3; xxix, 18. Cf. II Mach., i, 1-16, et voir t. i, col. 692.
II. L’Élymaïde dans la Bible. — Le seul passage dela Sainte Écriture où se trouve le mot Élymaïs ou Élymaïdea donné lieu à de vives discussions. Dans le textereçu et la tradition de la Vulgate de I Mach., vi, 1, il estdit qu’Antiochus IV Épiphane, ayant appris qu’Élymaïspossédait de grandes richesses, et en particulier destissus d’or, des cuirasses et des boucliers, qu’Alexandrele Grand y avait laissés, en ex-voto, dans un temple, chercha à s’emparer de la ville pour la piller. Il ne puty réussir; les habitants, instruits de ses desseins, firentune résistance énergique; il dut s’enfuir et se réfugierà Babylone. Dans II Mach., ix, 2, la ville qu’il assiégea
ainsi est nommée Persépolis. La leçon du texte reçu de
I Mach., VI, 1, est fautive. Il faut lire selon les meilleurs manuscrits: ’Eo-tiv Èv’EX’JfidiSe, èv tfj IUp<rî51, n&Xic êvîoEoç. «Il y a en Élymaïde, en Perse, une ville célèbre.» Laville d’Élymaïs n’existe pas, et il s’agit ici de la provinced’Élymaïde. Le nom de la ville n’est pas donné. Dans
II Mach., IX, 2, le sens est le même, Persépolis signifiesimplement «une ville de Perse». Le temple que voulutpiller Antiochus IV Épiphane était le temple de la déesseNanée. II Mach., ix, 2. Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 1, appelle cette divinité Artémis, cf. S. Jérôme, In Dan., xi, 44, 45, t. xxv, col. 573; Pline, H. N., VI, xxvii, 134; c’est aussi le nom que lui donne Polybe, xxxi, 11; Appien, Syr., p. 66, l’appelle Aphrodite. On a trouvé dans cetterégion un grand nombre de petites statues de la déesseAnaïtis. U. K. Loftus, Travels and Besearches in Chaldœaand Susiana, in-8°, Londres, 1856, p. 379. C’est trèsprobablement la même divinité qui est désignée sous cesnoms divers. Voir Nanée et Antiochus 3, 1. 1, col. 698-700.
— La ville qui n’est pas nommée dans les Machabées peutêtre Suse, la ville la plus importante de la Médie, unedes capitales des rois perses. Pline nous apprend, H. N, VI, xxvii, 135, qu’il y avait là un temple consacré à Artémis, c’est-à-dire, sans doute, à Nanée. Voir Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. iv, p. 626. E. Beurlier.
ÉLYMAÏS. Voir Élymaïde.
- ÉLYMAS##
ÉLYMAS, magicien appelé Barjésu (voir ce mot, 1. 1, col. 1461), que saint Paul frappa d’aveuglement en facedu proconsul de Chypre. Act., xiii, 6-12.
ÉLYMÉENS. Voir Élicie.ns et Élamites.
- ELZABAD##
ELZABAD (hébreu: ’Élzâbâd, «Dieu donne» [Théodore]; Septante: ’EX^aSiO; Codex Alexandrinus; .*EXÇa6aS), fils de Séméias, lévite de la branche de Coré et dela famille d’Obédédom et portier du Temple. I Par., xxvi, 7.
- ELZÉBAD##
ELZÉBAD (hébreu: ’Élzâbâd, comme le précédent; Septante: ’EXicxÇép; Codex Alexandrinus: ’EXsÇiëàS), guerrier dé la tribu de Gad, qui se joignit à David pendantqu’il se cachait dans le désert, devant Saûl. I Par., XII, 12.
- ÉMAIL##
ÉMAIL, sorte de vernis, obtenu par la vitrification decertaines substances fusibles, dont on se sert pour recouvrirla brique, la poterie, la faïence, les métaux, et auxquelleson ajoute des oxydes métalliques pulvérisés, selonles couleurs qu’on veut obtenir. L’émail était connu etemployé par les Assyriens, plus encore par les Chaldéenset ensuite par les Perses, qui l’empruntèrent à cesderniers.
1° En Assyrie, la décoration des murailles dans lespalais a moins souvent fait usage de la brique émailléeque de basreliefs en pierre, ou de peintures à fresquesur une sorte de mastic ou stuc. On la trouve cependantformant le parement des murs au-dessus des sculptures, Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 13, ou bien servantà l’ornementation des portes, comme on peut s’enfaire une idée par la superbe archivolte émaillée, découvertedans les ruines de Khorsabad. Place, Ninive, t. iii, pi. 16; cf. t. i, p. 233.
2° Mais à Babylone, où l’on n’avait pas la ressource dela pierre, et où la peinture à fresque n’eût pas oûert assezde résistance à l’air humide, surtout pour les murs extérieurs, on employa de préférence la brique émaillée. Lesmoindres fouilles font apparaître de grandes quantitésde ces briques; malheureusement l’état des ruines de laChaldée et surtout de Babylone n’a pas permis jusqu’icide trouver des sujets entiers ou des fragments de déco
ration aussi considérables qu’en Assyrie. Ce qu’on a découverttoutefois montre la supériorité de la fabricationbabylonienne: l’émail est plus épais, plus solide: contrairementà l’émail de Khorsabad ou de Nimroud, qui, exposé à l’air après les fouilles, s’est effrité et terni, celuide Babylone demeure inaltérable. Les scènes les plusvariées ornaient les murs des palais; Diodore de Sicile, II, viii, 4, nous en décrit quelques-unes d’après Ctésias, qui avait habité Babylone: «On voyait toute espèced’animaux dont les images avaient été imprimées sur lesbriques encore crues; ces figures imitaient la nature parl’emploi des couleurs… Sur les tours et sur les murailles, on voyait toutes sortes d’animaux, imités selon toutes lesrègles de l’art, tant pour la forme que pour la couleur.Le tout représentait une chasse de divers animaux, dontles proportions dépassaient quatre coudées.» Disons, enpassant, qu’on se ferait une idée inexacte de ces imagesen prenant à la lettre les expressions de Diodore parlantd’imitation de la nature selon toutes les règles de l’art.Les sujets découverts jusqu’ici ont montré qu’hommes, animaux, arbres, sont dépouillés de leurs couleurs naturelles, pour en revêtir de conventionnelles ou d’arbitraires.Bérose, De rébus Babyl., i, § 4, dans Fragmentahistoricor. grœcor. édit. Didot, t. ii, p. 497, a sans douteen vue des scènes semblables quand il parle des peinturesdu temple de Bel, où «toutes sortes de monstresmerveilleux présentaient la plus grande variété dans leurforme». Pour composer ces tableaux qui décoraient lesmurs, il fallait un grand nombre de briques; et pourles disposer à leur place, il était nécessaire de les marquerauparavant d’un signe ou d’un numéro d’ordre.Mais un travail plus difficile encore, c’était de répartirsur chaque brique la partie exacte du dessin général, ensorte que la juxtaposition des diverses briques constituâtun ensemble parfait. Le moyen, «c’était de préparerd’avance, comme nous dirions, un carton sur lequel deslignes tracées à la règle indiqueraient cette répartition.Les briques étaient ensuite façonnées, modelées et numérotées; puis chacune d’elles recevait la portion du fondou du motif qui lui était assignée par le numéro d’ordrequ’elle portait et qui correspondait aux chiffres inscritssur le modèle. La couleur était appliquée sur chaquebrique séparément; ce qui le prouve, c’est que sur latranche de beaucoup de ces fragments, on voit des bavuresqui ont subi la cuisson.» Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 301; cf. p. 295-310, 705-708; E. Babelon, Manuel d’archéologieorientale, in-8o, Paris, 1888, p. 127-131. Lesbriques émaillées étaient fixées à la muraille soit à l’aidede bitume, comme à Babylone, soit par le moyen d’unmortier bien moins tenace, comme à Ninive. — Il estdifficile de ne pas voir une allusion à ces briques émailléesde la Chaldée dans la description que fait Ézéchiel, xxm, 14, 15. Ooliba, qui représente Jérusalem dans cetteprophétie, s’est passionnée pour les enfants d’Assur aupoint de vouloir les imiter. «Elle a vu des hommesreprésentés sur la muraille, des images de Chaldéenspeintes au vermillon, une ceinture autour des reins, latête ornée d’amples tiares de diverses couleurs, tous semblablesà des guerriers, des portraits de Babyloniens issusde Chaldée.» Rien ne devait, en effet, frapper d’admirationles captifs de Babylone comme ces scènes de guerre, dechasse, ces représentations de génies, de dieux, qui sedéroulaient le long des murs en couleurs éclatantes; presquetoujours le fond est bleu, et lés personnages sont enjaune, en rouge, avec des détails en noir ou en blanc. VoirCouleurs, t. ii, col. 1068-1869. Dans les idoles de la maisond’Israël, que le prophète (Ezech., viii, 10, 11) aperçoitaussi en visions peintes sur les murs du Temple de Jérusalem, on a vu des figures représentées sur des briquesémaillées. Ézéchiel est en Chaldée, dit-on, rien d’étonnantà ce qu’il conserve la couleur de ce pays dans sesvisions. Cependant il serait peut-être plus juste, d’aprèsJe contexte, d’y voir des emprunts au culte égyptien.
3o De Chaldée, sa vraie patrie, l’émail a passé en Perse.C’est dans ce pays que les fouilles ont mis à jour lesplus beaux spécimens de cet art, tels que la frise desArchers et la frise des Lions. Il est curieux qu’aucunhistorien ancien n’y fasse allusion: plus d’un cependanta décrit les palais des Achéménides. Perrot, Histoire del’art, t. v, p. 548-551; E. Babelon, Manuel d’archéologieorientale, p. 179-184. Ainsi l’auteur du livre d’Esthern’en fait aucune mention. De même l’écrivain grec quia composé le Traité du monde sous le nom d’Aristote, IIep x^apiou, vi, parle des palais de Suse ou d’Ecbatane, «où étincelaient partout l’or, l’électrum et l’ivoire,» et il ne dit pas un mot des briques émaillées, qui formaientcependant une des plus remarquables décorationsde la résidence royale. De même plusieurs auteurs, qui n’emploient pas le mot ï)XexTp6v, parlent égalementdes revêtements de métal ou d’ivoire sans mentionnerles émaux. Et il est à remarquer que le goût de cesapplications de métaux précieux s’est conservé dans laPerse moderne. Perrot, Hist. de l’art, t. v, p. 550.D’autre part le mot ï|Xextp<5v avait certainement le sensd’alliage d’or et d’argent dès le vi «siècle avant J.-C.: leslingots d’électrum envoyés par Crésus au temple deDelphes, Hérodote, i, 50, désignent certainement cet alliage.C’est aussi avec cet alliage que furent frappées lesplus anciennes monnaies de Lydie. De plus dans la descriptionde la demeure de Ménélas, Odyss., iv, 73, mentionneles revêtements d’or, d’argent et d’électrum (quine peut guère être ici qu’un métal). Cf. Iliad., xiii, 21; xviu, 369. Quand Homère veut parler de frises émaillées, comme dans la description du palais du roi des Phéaciens, Odyss., vii, 84, 90, il emploie l’expression ôptyxèi; xuâvoio, «frise de verre bleu.» C’est le xûavoc axeuctaTÔ; , kyanos artificiel, ou xûavoç ~/yzô(, kyanos fondu, deThéophraste, De lapid., 39, 65, qui ne saurait être quede l’émail. Perrot, Hist. de l’art, t. vi, p. 558-560.Cependant quelques auteurs pensent que le mot îjXexTpôva été appliqué quelquefois à l’émail, comme d’après euxce serait également le sens du f/aSmal hébreu. Mais sicertains auteurs du moyen âge ont employé le mot électrumdans le sens d’émail, c’est très probablement parceque les émaux dont ils parlent ont été exécutés sur unalliage d’or et d’argent. E. Molinier, ÏÉmaillerie, in-12, Paris, 1891, p. 13. Il faut noter’aussi que Suidas, Lexicon, édit. Gaisford, Halle, 1893, p. 833, définit Vélectrumune espèce d’or où l’on a mélangé le verre et la pierre, émail qui rappelle la table de sainte Sophie. C’est probablementde là qu’est venu a l’émail la dénominationd’électrum. Voir Électrum, col. 1656. E. Levesque.
- ÉMALCHUEL##
ÉMALCHUEL (Septante: Ec^Xxouat’; Codexvlexandrinus: 2tv(iaXxouifi; Sinaiticus et Venetus: ’IpmXxoué), chef arabe, à qui Alexandre Ier Balas, vaincu et réfugiédans ses États, confia son jeune fils Antiochus, encore enbas âge. Quand Tryphon, partisan d’Alexandre contre Démétrius, réclama le jeune prince pour l’élever sur le trône, Ëmalchuel le lui rendit, mais non sans difficulté, à causedes crainles qu’il avait sur son sort. I Mach., xi, 39; cf. Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 1, qui l’appelle MiX^oç, et Diodore de Sicile, qui le nomme AioxXéç, dans C. Mûller, Fragmenta historicorum grxcorum, édit. Didot, 1848, t. ii, § xx, p. xvi. La forme Malkou, qui rappelle le MâX^o; de Josèphe, esl fréquente dans les inscriptions de Palmyre.Voir Journal asiatique, septembre 1897, p. 311-317.
ÉMAN. Hébreu: Hémân. Nom, dans la Vulgate, dedeux ou trois Israélites.
1. ÉMAN’(Septante: Alpiouàv; Codex Alexandrinus: Alpuzv), troisième fils de Zara dans la descendance deJuda. I Par., ii, 6. Il est donné comme frère d’Éthan, Chalcal et Dara ou Darda; or quatre personnages demême nom sont mentionnés dans III Reg., iv, 31 (hé
breu, v, 11), comme célèbres par leur sagesse, à laquelleon compare celle de Salomon. Sur l’identification du filsde Zara avec ce sage, que la Vulgate nomme Héman, véritableorthographe de ce nom, voir Héman 2 et Éthan 1.
2. ÉMAN (Septante: Al(j.ôv), lévite, descendant deCaath, chef des chanteurs du Temple au temps de Salomon, II Par., v, 12; il est nommé sous sa forme véritable, Héman, I Par., vi, 33; xv, 17, etc. Voir Héman 3.
3. ÉMAN (Septante: Aljiàv), Ezrahite, auteur duPs, lxxxvii, 1, d’après le titre. Son nom, ainsi écrit dansla Vulgate, l’est ailleurs sous la forme Héman, qui est lavéritable orthographe. L’identification de ce personnagen’est pas sans difficultés. Voir Héman 2 et 3 et Ezrahite.
1. ÉMATH (hébreu: Ifâmâf, «forteresse, citadelle;» une fois, Jfàmâ{ rabbâh, «, Émath la grande,» Am., VI, 2; Septante: Aî[iâ8, Num., xiii, 22; xxxiv, 8; IVReg., xiv, 25, 28; xvii, 24, 30; xviii, 34; xix, 13; xxv, 21; II Par., vu, 8; Jer., xxxix, 5; lii, 27; Am., vi, 15; ’E(j.â6, Jos., xm, 5; IV Reg., xxiii, 33; Is., xxxvi, 19; xxxvii, 13; ’Hjjiàe, II Reg., viii, 9; III Reg., viii, 65; I Par., xiii, 5;
.xviii, 3, 9; II Par., viii, 4; Jer., xlix, 23; Ezech., xlvii, 20; xlviii, 1; Zach., ix, 2; Codex Vaticanus, Aaêw’E[i<16; Codex Alexandrinus, Aoëù’H[iâ6, Jud., iii, 3; ’Epiaipaêêi, Am., vi, 2; Vulgate: Hemalk, I Par., xviii, 3, 9; Emath partout ailleurs), une des plus anciennes et desplus importantes villes de la Syrie, située sur l’Oronte, et capitale d’un territoire appelé’ères Ifâmât, y/j’Ejjuiâou Aî|x19, «terre d’Émath,» IV Reg., xxiii, 33; xxv, 21; Jer., xxxix, 5; lii, 9; ^’A[ia8ÎTtç x^P") I Mach., xii, 25.Ce territoire, dans lequel se trouvait Rébla ou Réblatha, IV Reg., xxiii, 33; xxv, 21; Jer., xxxix, 5; lii, 9, 27, formaitpar sa partie méridionale, plusieurs fois mentionnéesous le nom d’ «entrée d’Émath», la frontière nord dela Terre Promise. Num., xiii, 22; xxxiv, 8; Jos., xiii, 5; Jud., iii, 3; III Reg: , viii, 65; I Par., xiii, 5; II Par., vu, 8; IV Reg., xiv, 25; Ezech., xlvii, 16, 17; xlviii, 1; Am., vi, 15. Le mot Aaëù ou Aoëù, qu’on rencontredans les Septante, Jud., iii, 3, avant’Ejj.àO, n’est que latranscription littérale de l’hébreu: lebô’Ifâmât, jusqu’ «àl’entrée d’Émath». Les premiers habitants de la contréeétaient des Chananéens, que la Bible appelle Ijàmâfî.Gen., x, 18; I Par., i, 16; Septante: ô’A(j.a6t; Vulgate: Amathseus, Gen., x, 18; Hamathxus, I Par., i, 16. Émathest peut-être appelée aussi Émath Suba ( hébreu: Ifâmâf
_$ôbâh), II Par., viii, 3. Voir Émath Suba.
I. NOM. — Le nom de Ifâmât se rattache, suivantGesenius, Thésaurus, p. 487, à la racine hâmâh, «entourerde murs;» arabe: hamâ’, «défendre, protéger.» Il indique donc une «place forte»; nous verrons, eneffet, tout à l’heure l’importance de la ville. Ce nom s’estmaintenu sans changement jusqu’à la domination grecque, et on le retrouve sous la même forme en égyptien et enassyrien. La transcription hiéroglyphique a gardé l’aspirationinitiale: *|*. g ~ « «». Ifa-m-t(u) == nen,
Iftimât. Cf. W. Max Mùller, Asien und Europa achn altâgyptischenDenkmàlern, Leipzig, 1893, p. 256. L’écriturecunéiforme a parfois adouci cette aspiration et remplacéheth par aleph; on lit, par exemple, dans les Fastesde Sargon, lignes 33, 36, 49, 56: ^ ] ^J J^J» ~ «J<, A-ma-at-ti. Mais on rencontre aussi (mât) Ifa-mà(at)-ti, Ifa-am-ma-atti = Hamatti. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1883, p. 105, 323. Pour la distinction qu’on a voulu voirentre Amattu et Ifamaltu, cf. Fried. Delitzseh, Wo lagdas Paradies? Leipzig, 1881, p. 276, et E. Schrader, Keilinschriften, p. 106. — Sous les Séleucides, le nomde Ifâmât fut changé en celui d’Epiphania, ’Eiciçâveta, en l’honneur d’Antiochus IV Épiphane. Ct. Josèphe, Ant.jud., i, vi, 2. Le Talmud donne le même nom en l’écorchant un peu, n>: iss, Pafunya’. Cf. A. Neubauer, Lagéographie du Talmud, Paris, 1868, p. 30t. Mais, suivantune loi qu’on remarque pour la plupart des nomsgrécisés de la Palestine, la dénomination primitive areparu en arabe et a subsisté jusqu’à nos jours. Abulféda, qui fut gouverneur de la ville, l’écrit SL» s»., Ifâmât, ct commence ainsi la courte description qu’il en fait danssa Tabula Syrix, édit. B. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 108: «Hamat, cité antique, dont parlent les livres des Israélites.»
II. Identification et description. — C’est peut-êtrece changement de nom qui a induit en erreur certainsauteurs anciens, dont les uns ont confondu Émath avecAntioche, les autres avec Émése, Apamée, etc. On amême trouvé Épiphania trop éloignée de la Palestinepour représenter la cité dont nous nous occupons. Cf. Reland, Palxstina, Utrecht, 1714, t. i, p. 119-123. Il estpermis de s’étonner de ces méprises, car tout concourt àjustifier l’identification de l’ancienne Ifâmât avec la villeactuelle de Hamah (fig. 551), non seulement le nom, maisla position conforme aux données de l’Écriture. Celle-ci, en effet, ne dit pas que la cité des bords de l’Oronte aitété «dans les limites» de la Terre Promise; elle se sertde son «territoire» pour déterminer la frontière septentrionaledu pays assigné par Dieu à son peuple d’unemanière durable. Si le royaume des Israélites s’étendit, sous David et Salomon, bien au delà de la Palestine, cene fut que d’une façon temporaire.
L’importance de l’Émath biblique, depuis les tempsanciens jusqu’à la fin de l’époque prophétique, correspondà l’importance de sa situation. Placée dans lavallée de l’Oronte, à peu près à mi-chemin entre lasource de celui-ci, près de Baalbek, et l’extrémité ducoude qu’il fait vers la Méditerranée, elle commandaitnaturellement tout le pays arrosé par le fleuve, depuisles ondulations de terrain qui séparent son cours decelui du Léïtani jusqu’au défilé de Daphné, au-dessousd’Antioche. Le royaume touchait ainsi à ceux de Damasau sud, de Soba à l’est, et à la Phénicie à l’ouest. I Par., xviii, 3; Ezech., xlvii, 17; xlviii, 1; Zach., IX, 2. Laville actuelle, située à 46 kilomètres au nord de Homs, à l’est de la chaîne côtière du Djebel Ansariyéh, au piedoccidental du Djebel’Ala, est bâtie en grande partie surles pentes rapides de la rive gauche de l’Oronte; elles’annonce par deux monticules en pain de sucre, nommésles Cornes de Hamah. Elle occupe l’un des sites lesplus pittoresques de la Syrie. Vue des hauteurs, elle sembledivisée en plusieurs bourgs par des jardins et des vergers, qui serpentent en détroits verdoyants entre lesmaisons blanches. Des bords du fleuve elle apparaît pluscurieuse encore, grâce aux terrasses fleuries du rivageet aux énormes roues des norias, dont on se sert pourélever l’eau. Le Nahr el-Asi coulant entre deux bergesélevées, il a fallu recourir à ces lourdes machines, dontquelques-unes ont 68 mètres de circonférence, et qui, mises en mouvement par le courant du fleuve, tournentavec un bruit tout à fait bizarre. «En amont et en aval, la hauteur moyenne des rives au-dessus du lit fluvial estde 60 à 70 mètres; aussi l’irrigation est-elle très difficile, et les riverains se bornent pour la plupart à cultiver leszhor ou «étroits», c’est-à-dire les lisières du sol bas quilongent le courant au-dessous des falaises, et qui ont encertains endroits jusqu’à 500 mètres de largeur; ces terrainsd’alluvion, d’une extrême fertilité, produisent deslégumes de toute espèce, surtout des oignons, le cotonnier, le sésame; les terrains de la haute plaine, jusqu’audésert, sont cultivés en orges et en froments, d’une excellentequalité et très recherchés pour l’exportation. L’industriede Hamah, inférieure à celle de Homs, consisteprincipalement dans la fabrication d’étoffes de soie et decoton.» É. Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 764.
L’Oronte traverse la ville du sud-est au nord-ouest, eton le franchit sur quatre ponls. Le quartier le plus élevé,
nommé el-’Aliyàt, «les Hauteurs,» est au sud-est, à45 mètres au-dessus de la rivière. Les autres quartierssont: la colline du château, au nord; le quartier deBaschoûra, au nord-est; le Hâret Scheikh Ambar el-’Abd, sur la rive gauche, et le Hâret Scheikh Mohammedel-Haourâni. Le quartier chrétien, au nord-ouest, estconnu sous le nom de Hâret ed-Dahân. Les mosquéessont nombreuses, avec de gracieux minarets; la plusgrande est une ancienne église chrétienne. Du châteausitué sur la rive gauche, il ne reste guère que des amasde décombres et quelques pierres du talus. À l’anglenordouest de la ville, à l’endroit où le fleuve tourne aunord, se trouvent dans les rochers de la rive droite un
sous le règne de David qu’il est question de sa puissance.Le roi qui gouvernait alors son territoire s’appelait Thoû(hébreu: Tô’i). Ayant appris les nombreuses victoiresdu monarque israélite, surtout celle qu’il avait remportéesur son redoutable voisin, Adarézer, roi de Soba, ilchercha à gagner les bonnes grâces du vainqueur, en luidéputant une ambassade. «Il envoya Joram (Adoram.I Par., xviii, 10), son fils, le complimenter et lui rendregrâces de ce qu’il avait vaincu Adarézer et avait tailléson armée en pièces. Car Thoû était ennemi d’Adarézer.Joram apporta avec lui des vases.d’or, d’argent et d’airain, que le roi David consacra au Seigneur, avec ce qu’illui avait déjà consacré d’argent et d’or pris sur toutes
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651. — Tuo de Hamah. D’après une photographies.
grand nombre de grottes. La population est très diversementestimée: les uns comptent 40 000, d’autres60000 habitants, dont les trois quarts sont musulmans.Hamah possède une garnison et est la résidence d’unmoutasserrif qui relève de Damas. — Cf. J. L. Durckhardt, Travels in Syria and tlie Holy Land, Londres, 1822, p. 146-148; E. Sachau, Reise in Syrien und Mesopotamien, Leipzig, 1883. p. 66-67; A. Chauvet et E. Isambert, Syrie, Palestine, Paris, 1887, p. 687.
III. Histoire. — Dès les temps les plus reculés, Émathfut fondée par une colonie de Chananéens. Gen., x, 18.Ces descendants de Cham, unis probablement plus tardaux Sémites environnants, furent surtout en rapport avecleurs frères les Héthéens, dont ils partagèrent les mœurset la civilisation, comme le prouvent les inscriptions dontnous parlons plus bas. La mention qui est faite de cetteville dans les premiers livres de la Bible, Num., xiii, 22; xxxrv, 8; Jos., xiii, 5; Jud., iii, 3, pour déterminer leslimites de la Terre Sainte, montre qu’elle était déjà bienconnue pour son importance. Cependant c’est seulement
les nations qu’il s’était assujetties.» II Reg., viii, 9-11; I Par., xiii, 9-11. Il semble que plus tard Salomon s’emparadu pays d’Émath, III Reg., iv, 21-24; Il Par., viii, 4.Les «villes de magasins» (hébreu: ’ârû Jiam-miskmôt)qu’il y bâtit étaient des entrepôts très importants pour lecommerce, la vallée de l’Oronte ayant été de tout tempsune grande ligne de trafic. Mais, à la mort du roi et aumoment du schisme, le pays reprit sans doute son indépendance.
Le royaume d’Émath nous apparaît alors, avec sonprince nommé Irkulini, allié aux Héthéens, à Benhadadde Damas, Achab d’Israël et à plusieurs autres, et vaincupar Salmanasar II (859-824). Cf. On Bulls, Layard, p. 15, lig. 32, 33, 36, 37; p. 16, lig. 44; Layard, Black Obelisk, p. 89-90, lig. C0; E. Schrader, Die Keilinschriften unddas Alte Testament, p. 202-203; F. Vigoureux, La Bibleet les dérouvertes modernes, 6 9 édit., Paris, 1896, t. iii, p. 476-477. Plus tard Jéroboam II «reconquit Émath, ainsi que Damas, pour Israël». IV Reg., xiv, 28. À cemoment, le prophète Amos, vi, 2, vantait sa gloire et
l’appelait «Émalh la grande». Théglathphalasar 111(vers 730) nous raconte, dans le troisième fragment deses Annales, comment «il ajouta aux frontières de l’Assyrie» et frappa de tribut «la ville de Hamath et lesvilles qui sont autour près du rivage de la mer du soleilcouchant (la Méditerranée), qui en prévarication et endéfection pour Az-ri-ya-a-u (Azariac de Juda) avaientpris parti». Le roi d’Émath s’appelait alors’I-ni-ilu, ouÉniel. Cf. Layard, Inscriptions, pi. 50, 10; Schrader, Die Keilinschriften und dos A. T., p. 252-253; CuneiformInscriptions of Western Asia, t. iii, pi. 9, n° 3; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 512, 514. Ce fut Sargon qui mit fin à l’indépendanceet à la gloire de cette ville, dont il n’est plus questiondésormais dans les monuments assyriens. Il nous apprend, dans ses inscriptions, qu il lit, la seconde année de sonrègne, la guerre à Ilu-bi’di (variante: Yau-bi’di), sonroi, qu’il le défit à la bataille de Karkar, et qu’il luienleva, comme sa part personnelle de butin, 200 charset 600 cavaliers. Il ne dit pas expressément qu’il transportale reste des habitants à Samàrie; mais on n’ensaurait douter, car il raconte qu’il emmena 20033 captifs, et, dans d’autres inscriptions, le roi d’Assyrie, confirmantindirectement le récit biblique, nous dit qu’il transplantades populations vaincues dans le territoire de Hamath, qu’il avait dépeuplé. Cf. F. Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, t. iii, p. 574. Nous savons, eneffet, par l’Écriture, IV Reg., xvii, 24, 29, 30, que «leroi des Assyriens lit venir des habitants de Babylone, deCutha, d’Avah, d’Êmath et de Sépharvaïm, et il les établitdans les villes de Samarie à la place des fils d’Israël... Chacun de ces peuples se fit son dieu… Les Babyloniensse firent Sochoth-Benoth; les Cuthéens, Nergel; ceux d’Émath, Asima». Voir t. i, col. 1097. Quelquesannées après, le Rabsacès de Sennachérib, rappelant auxJuifs la chute de la cité de l’Oronte, disait superbement: «Où est le dieu d’Émath?» IV Reg., xviii, 34; Is., xxxvi, 19. a Où est le roi d’Émath?» IV Reg., xix, 13; Is., xxxvii, 13. Elle est ordinairement, dans la bouchedes prophètes qui parlent de ses malheurs, associée àArphad, une autreville de Syrie. Cf. Is., x, 9; xxxvi, 19; Jer., xlix, 23. — Restée dans l’oubli depuis l’époqueprophétique jusqu’à la conquête macédonienne, où ellereçut le nom d’Epiphania, elle demeura toujours unecité florissante sous les Grecs et les Romains. Cf. Ptolémée, v, 15; Pline, H. N., v, 19. — C’est dans le paysd’Amalhis ou d’Émath que Jonalhas Machabée alla au-devantde l’armée de Démétrius, sans lui laisser le tempsd’entrer sur les terres de Juda. I Mach., xii, 25. — Surles inscriptions héthéennes trouvées à Émath, voir HÉTHEENS. A. LEGENDRE.
2. ÉMATH (ENTRÉE D’) (hébreu: Bô’Ifâmât; Septante: AagwsnàO; Vulgate: Introitus Emath). -^ Lefréquent usage de cette locution biblique, «l’entréed’Émath,» non seulement au temps de Moïse, Num., xiii. 22, et de Josué, xiii, 5, mais de David, de Salomonet d’Amos, III Reg., viii, 05; IV Reg., xiv, 25; I Par., xm, 5; II Par., vii, 8; Am., vi, 15, montre que le royaumede ce nom fut longtemps le plus important de la Syriedu nord. Mais où faut-il placer cette entrée? On l’acherchée depuis l’extrémité méridionale de la plaine deCœlésyrie jusqu’aux environs de Hamah, quand on n’estpas allé jusqu’à la partie septentrionale de la vallée del’Oronte. Les principales opinions à retenir sont les suivantes.Les uns voient l’endroit en question dans l’ouverturequi sépare la chaîne du Liban de celle des Ansariyéh, et à travers laquelle coule le Nahr el - Kebir.Cf. J. L. Porter, dans Kitto’s Cyclopxdia of BiblicalLiterature, Edimbourg, 1869, t. ii, p. 215; Robinson, Biblical Besearches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 568. D’après d’autres, il se trouve près de Bestân, oùcommence la vallée de Hamah proprement dite. Cf.
K. Furrer, Die antiken Stâdte und Ortschaften imLibanongebiete, dans la Zeitschrift der Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. viii, 1885, p. 27, 28. On lecherche également vers l’extrémité nord de la plaine deCœlésyrie, du côté de Ribla. Cf. Stanley, Sinai andPalestine, Londres, 1866, p. 414 ꝟ. Pour d’autres enfin, c’est «la Merdj’Ayoun, la plaine qui sépare le Libanméridional des contreforts occidentaux de l’Hermon, etconstitue par conséquent l’entrée de la Beqa’a, la routenaturelle de la Galilée vers le pays de Hamah. Plustard, quand Antioche était la capitale de la Syrie, onl’appelait au même titre le chemin d’Antioche et probablementencore le chemin de la Syrie». J. P. vari Kasteren, La frontière septentrionale de la Terre Promise, dans la Revue biblique, Paris, t. iv, 1895, p. 29. VoirChanaan, col. 535. Cette opinion nous semble plus conformeà l’ensemble des données scripturaires qui concernent
les limites de la Terre Sainte.
A. Legendre.
3. ÉMATH (hébreu: ffammaf; Septante: Codex Vaticanus, ’Ûfia6a5axé6, mot qui repose sur une double confusion: union de Bïammaf avec le nom suivant, Baqqaf; changement du resch en dalelh; Codex Alexandrinus, ’AjictG), ville forte de Nephthali, mentionnée une seulefois dans l’Écriture. Jos., XIX, 35. Citée après Assedim, avant Reccalh et Cénereth, elle fait partie du groupeméridional des villes de la tribu, et devait se trouver surle bord occidental du lac de Génésareth. Le nom lui-mêmepeut nous servir dans la recherche de l’emplacement.Dérivé de hâmam, «être chaud,» il désigne des «thermes» ou sources d’eaux chaudes. Les Talmuds lerendent par ffamafa’, et ce nom indique, d’après eux, une petite ville, ou un bourg près de Tibériade. «Leshabitants d’une grande ville, dit le Talmud de Jérusalem, Eroubin, v, 5, peuvent se rendre le jour du sabbat dansune petite ville. Précédemment les habitants de Tibériadeavaient la faculté de se promener le jour du sabbat danstout Hamatha, tandis que les habitants de ce bourg nepouvaient aller que jusqu’à la côte; mais à présent Hamathaet Tibériade ne font qu’une seule ville.» Hamath etTibériade étaient, selon le Talmud de Babylone, Megillah, 2 b, à une distance d’un mille (1 kilomètre 481 mètres)l’un de l’autre. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 208. Josèphe, de son côté, Ant.jud., XVIII, ii, 3, signale dès thermes «non loin [deTibériade], dans un bourg appelé Emmaus», où Vespasienavait établi son camp «devant Tibériade». Bell. jud., IV, i, 3. Dans ce dernier passage, l’historien juif donnel’interprétation du mot’AftjjLaoûç, et dit qu’il signifie «thermes»; en effet, ajoute- 1- ii, «il y a là une sourced’eaux chaudes propre à guérir certaines maladies ducorps.» On peut se demander d’où il a tiré cette étymologie, qui ne correspond ni au grec ni à l’hébreu.Quelques-uns prétendent qu’il faut lire’A|ji|j.a80uç, Ammalhus, au lieu de’AfiiiaoO; , Ammaùs. Cf. F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Fribourg - en-Brisgau, 1896, p. 114. Cette opinion nous paraît tout à fait acceptable.On comprend alors l’analogie du mot grec avec lesnoms talmudique et hébreu et l’explication de Josèphe.Dans ces conditions, il est facile d’identifier Émath avecune localité voisine de Tibériade, du côté du sud, appeléeaujourd’hui El-Hammâm, et célèbre par ses eaux thermales.L’arabe f U-^-, Jfammâm, «bains chauds,» reproduitla racine hébraïque nan, hâmam, d’où viennent
nen, Hammàf, et xrcn, Biamata’. Les données topographiques, nous allons le voir, ne sont pas moins conformesà l’assimilation.
El -Hammam se trouve à une demi-heure au sud deTibériade (fig. 552). Les ruines qui l’avoisinent confirmentle récit de Josèphe et montrent comment autrefois cettebourgade faisait immédiatement suite à la ville, «Ces
ruines couvrent un espace assez étendu sur les bords dulac, jusqu’au pied des collines qui s'élèvent à l’ouest. Unépais mur d’enceinte, dont il subsiste quelques pansencore debout, construits en blocage, avec un parementde pierres volcaniques de moyenne dimension, environnaitcette petite ville, qui, vers le nord, touchait à Tibériadeet n'était séparée de cette grande cité que par une muraille mitoyenne. Les arasements d’une grande tour surun monticule, ceux d’un édifice tourné de l’ouest à l’est, et qu’ornaient autrefois des colonnes de granit actuellement gisantes sur le sol, les vestiges de nombreuses maisons complètement renversées, plusieurs caveaux funéraires pratiqués dans les flancs des collines de l’ouest, les
se trouvent de petites cellules à l’usage des baigneurs.Les eaux, très chaudes, ont, au tuyau d’arrivée, soixantedeux degrés et peuvent facilement faire cuire un œuf; ilfaut donc les laisser refroidir pendant plusieurs heuresavant de s’y plonger. Sulfureuses et magnésiennes-chlorurées, elles sont considérées comme spécifiques contreles rhumatismes, la lèpre et les autres affections cutanées. Elles jouissent d’une grande réputation en Syrie.Elles jaillissent à la. base d’un calcaire dolomitique quiforme les escarpements voisins, traversés par des éruptions basaltiques considérables. Cf. Lortet, La Syried’aujourd’hui, dans le Tour du monde, l, xliii, p. 212; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres,
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652. — Vue d’ElHammam. D’après une photographie.
traces d’un aqueduc, au pied et le long de ces mêmescollines, qui amenait jadis à cette localité et à Tibériadeles eaux de l’ouadi Fedjaz: tels sont les principaux restesqui attirent tour à tour l’attention.» V. Guérin, Galilée, t. i, p. 270. Les établissements de bains qui florissaienten cet endroit ont été détruits, et ceux qu’on y voitmaintenant sont modernes. Deux bâtiments recouvertsde coupoles aujourd’hui délabrées reçoivent les eauxthermales, qui se réunissent dans les piscines destinéesaux baigneurs. L’une de ces constructions est entièrement ruinée, la voûte est effondrée, et ce n’est qu’en setraînant au milieu des éboulements intérieurs qu’on arriveà une petite cavité à moitié comblée par les décombres, remplie d’eau, et servant de bains aux pauvres. Un peuplus au nord, à quelques mètres de distance, se trouveun autre établissement élevé, en 1833, par Ibrahim pacha.Un vestibule obscur conduit dans une salle voûtée, éclairée par le haut, et dont le plafond, soutenu par de petitescolonnes en marbre rougeàtre, recouvre un bassin circulaire dans lequel arrivent les eaux chaudes. Tout autour
1856, t. ii, p. 383-385; H. Dechent, Heilbàder und Badcleben in Palâstina, dans la Zeitschrift des deutschenPalâstina-Vereins, Leipzig, t. vii, 1884, p. 176-187; A. Frei, Beobachtungen vom See Genezareth, dans laZeitschrift des deut. Pal-Ver., t. ix, 1886, p. 91-99.
Cette identification est admise, au moins comme trèsprobable, par la plupart des auteurs. Cf. Survey ofWestern Palestine, Menioirs, Londres, 1881, 1. 1, p. 366; Van de Velde, Memoir to accompany the Map of theHolyLand, Gotha, 1858, p.318; G. Armstrong, W.Wilsonet Conder, Names and places in the Old and NewTestament, Londres, 1889, p. 78, etc. Quelques-unscependant cherchent Émath au nord de Tibériade, dansune petite plaine que traverse l’ouadi Abou el-'Antis ousimplement ouadi 'Ammâs, et dans laquelle se trouventquelques sources thermales. Cf. K. Furrer, Die Ortschaften am See Genezareth, dans la Zeitschrift desdeutschen Palâstina -Vereins, t. ii, 1879, p. 54; Nocheinmal dos Emmaus des Josephus, etc., ibid., t. xiir, 1890, p. 194-198; R. von Riess, Bibel-Atlas, 2e édit.,
Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 13; F. Mûlhau et W. Volck, Gesenius’Handwôrlerbuch, Leipzig, 1890, p. 277. Cetteopinion a été combattue par H. Dechent, dans la Zeilschriftdes deut. Pal.-Ver., t. vii, 1884, p. 177-1778; J. B. van Kasteren, Am See Genezareth, dans la mêmerevue, t. xi, 1888, p. 214, 215; F. Buhl, Bemerkungenz «einigen frûheren Aufsâtzen der Palâslina-Zeitschrift, ibid., t. xiii, 1890, p. 39-41. On pourrait, en effet, êtreséduit par la ressemblance qui existe entre Emmaùs et’Ammâs. Mais, répondent les opposants, en admettantque’Amis ou’Animas soit le nom exact de la vallée enquestion, ce qui pourrait être contesté, le mot a un atrtinitial qui Féloigne du grec’EjitiaoO; ou’A|ijjiaoû «.Ensuite la topographie ne permet guère de croire qu’unelocalité située en cet endroit ait jamais fait partie deTibériade, comme le disent les Talmuds. Enfin les sourcesde l’ouadi’Ammâs sont loin de valoir, comme degré dechaleur et propriétés médicinales, celles d’El - Hammam.On trouve dans la liste géographique de Thotmès III, n» 16, et dans le Papyrus Anastasi, i, 21, 7, une ville palestinienneappelée Ifamtu et f[amâ(i. Cf. W. Max Mùller, Asien und Europa nach àltâgyptischen Denkmâlern, Leipzig, 1893, p. 87. A. Mariette, Les listes géographiquesdes pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 18, regardeIfamtu comme l’ancienne Ifammat des bords du lac déTibériade. G. Maspero, Sur les noms géographiques dela Liste de Thoutmos III qu’on peut rapporter à laGalilée, extrait des Transactions of the Victoria Institate, or philosophical Society of Great Britain, 1886, p. 4, applique ce nom à l’Hamath de la Gadarène, ausud-est du lac. — On assimile généralement Emath deNephthali à Hammoth Dor, Jos., xxi, 32, et à Hamon.
I Par., vi, 76. Voir Hammoth Dor et Hamon.
A. Legendre.
4. ÉMATH (TOUR D") (hébreu: [migdal] ham-Mê’âh,
II Esdr., iii, 1; xil, 39; Septante: TtOpyoj tùv sxoitôv, II Esdr., iii, 1; omis dans le Codex Vaticanus, II Esdr., xii, 38; Codex Sinaiticus, Kiipyo; toû Mrji; Vulgate: turris centum cubitorum, II Esdr., iii, 1; turris Emath, Il Esdr., xii, 39), une des tours de la muraille de Jérusalem, telle qu’elle fut rebâtie par Néhémie. II Esdr., m, 1; xii, 39. Le nom hébreu signifie «la tour de cent»; mais s’agit-il de cent coudées, ou de cent héros dontelle aurait rappelé le souvenir? Ni le texte ni les versionsne nous permettent une solution. Faut-il voir iciun nom propre, Méâh ou Hamméâh? Nous nous trouvonsdans la même incertitude. Tout ce que nous savons, c’est qu’elle était près de la tour d’Hananéel, entre laporte des Poissons et la porte des Brebis ou du Troupeau, c’est-à-dire dans la partie nord-est des murs. VoirJérusalem. Ces deux tours n’avaient peut-être pas étédétruites, ou avaient déjà été refaites par les Juifs revenusd’exil; car le récit sacré ne parle pas de leur restauration, mais bien de la reconstruction du mur qui lesreliait à la porte des Brebis. H Esdr., iii, 1. Elles setrouvaient sur la crête rocheuse qui a de tout tempsporté une fortification, comme l’Antonia plus tard. L’importancede ce point et sa proximité du Temple l’assignaienttout naturellement à la sollicitude et à l’activitédu grand prêtre Éliasib et de ses frères dans le sacerdoce.II Esdr., iii, 1. Cf. C. Schick, Nehemia’s Mauerbauin Jérusalem, dans la Zeitschrift des deutschenPalâstina-Vereins, Leipzig, t. xiv, 1891, p. 45, pi. 2.
A. Legendre.
- ÉMATH SUBA##
ÉMATH SUBA (hébreu: Ifâmat Sôbdh; Septante: Codex Vaticanus, Baïauéi; Codex Alexandrinus, A! (j116 Jluêi), ville conquise par Salomon. H Par., viii, 3.On la regarde généralement comme identique à Émalhde Syrie, sur l’Oronte. Voir Émath 1. Les deux royaumesd’Émath et de Soba étaient limitrophes, et ont pu êtreplus d’une fois unis sous la domination d’un même roi; de là des expressions comme celles-ci: Sôbâh ffâmfâh; Septante: Éo’jëà’Hn19; Vulgate: Soba, dans le pays
d’Émath, I Par., xviii, 3, et ffâmat Sôbâh, Émalh deSobah, II Par., viii, 3. Il est possible aussi cependantque cette dernière ville fût une autre Émath, ainsi nomméepour la distinguer d’ «Émath la grande», Am., vi, 2, comme Ramoth-Galaad était distinguée par le nom dupays d’autres cités appelées Ramolli, Ramah, Ramath.
A. Legendre.
- EMBAUMEMENT##
EMBAUMEMENT (hébreu: hânutîm, pluriel abstraitindiquant sans doute les préparations diverses ou les joursconsacrés à l’embaumement, du verbe hânat, «embaumer;» Septante:-caç^, «préparation du corps pour lasépulture,» et le verbe IvTaçtâaat, «préparer pour lasépulture;» cf. S. Augustin, Quœst. in Hept-, t. xxxiv, col. 502; Vulgate: cadaverum conditorum, et le verbecondire), ensemble de préparations destinées à préserverun cadavre de la corruption, au moyen d’aromates et dediverses substances aux propriétés dessiccatives et antiseptiques.Le corps ainsi préparé, appelé sâhu en égyptien, se nomme momie, dérivé, par le bas latin mumiaet le grec byzantin y.oviia, de l’arabe moumyâ, «bitume,» et onguent servant à l’embaumement.
1° Embaumement égyptien. — Lorsque par la mortl’âme se séparait du corps, d’après la croyance égyptienneelle s’envolait vers «l’autre terre». Pour le corps, il nerestait pas seul au tombeau; selon l’opinion généralementadmise, il y avait avec lui le ka ou double, sorte d’ombreou image aérienne, impalpable, du corps, l’etâoXov desGrecs. La tombe était vraiment «la demeure du double» £on venait lui faire des sacrifices, lui présenter des offrandes.Mais, comme pendant l’existence terrestre il avait eu lecorps pour s’appuyer, il avait besoin encore d’un support, momie où statue de la personne défunte. C’est pourquoiles Égyptiens cherchèrent à prolonger autant que possiblela durée du corps; grâce à l’embaumement, le kaou «double» pouvait continuer de s’appuyer sur la momie, et jouir d’une existence semblable à celle qui venait dese briser par la mort. Dans ces conditions, le ba ou âmeavait la faculté de revenir de l’autre mondé visiter chaquejour son corps et son ka, et de revivre d’une certainefaçon sa vie terrestre, avant de la reprendre un jour peut-êtrecomplètement. De là la coutume de meubler le tombeaude tous les objets nécessaires ou utiles dont le kapouvait se servir. La découverte du procédé qui transformaitainsi le cadavre en momie était attribuée à Anubis, «le maître de l’ensevelissement.» On l’employaitdepuis une époque très reculée; les dernières découvertesde Négadéh et d’Abydos ont montré cependant qu’avantou pendant l’époque de Menés les morts n’étaient pasmomifiés. Ce fut peu de temps après que ce systèmes’introduisit; une stèle d’Oxford parle de la momie d’undignitaire qui vivait sous le règne de Senda, le cinquièmeroi de la seconde dynastie. W. Budge, The Mummy, in-8o, Cambridge, 1893, p. 176. Depuis il se perpétua en Egypteavec des modifications suivant les temps et avec desdegrés de perfectionnement, suivant aussi les dépensesplus ou moins grandes qu’on pouvait y consacrer. Lesprocédés employés, nous les connaissons par les descriptionsd’Hérodote, ii, 86, et de Diodore de Sicile, I, 91, corrigées ou complétées par les documents égyptiens.G. Wilkinson, The ancient Egyptians, édit. Birch, t. iii, p. 470-486. Sous l’Ancien Empire, - les moyensadoptés paraissent avoir été en général très rudimentaires.Aussi les momies de cette époque ne sont souventplus guère que des squelettes, presque comme si lescadavres n’avaient pas subi de préparation. Il est curieuxde constater que les corps ainsi sommairement préparésétaient ensevelis primitivement dans une peau de bête, sans doute pour qu’enveloppé de la peau de la victimeimmolée, le défunt s’appropriât la vertu du sacrifice: , usage qui est rappelé par des pratiques équivalentes danslu liturgie funèbre des époques plus récentes. E. Lefébure, L’office des morts à Abydos, dans les Proceedings ofthe Society e[ Biblicalvrchxology, t. xv, 1893, p. 432-139.
1725
EMBAUMEMENT
1726
Sous le Nouvel Empire, les procédés sont perfectionnés.Dès que la mort a fait son entrée dans une maison, lesparents du défunt s’entendent avec les embaumeurs surle genre et le prix de l’embaumement; car il y en avaitde différentes classes. D’après Diodore, i, 91-, la premièreclasse coûtait un talent d’argent, environ 5325 francs denotre monnaie, et la seconde vingt mines ou 1 500 francs.Pour les pauvres, la momification, très simplifiée, revenaità un bas prix, à la charge du reste des embaumeurs.Les conditions arrêtées, ceux-ci emportaient le cadavredans les bâtiments de leur corporation: là il était livréaux mains de «paraschistes», de «taricheutes», de"prêtres, chargés chacun d’une fonction spéciale. Un desT<tpsvx eUTa '> a taricheutes» ou embaumeurs proprementdits, commençait par extraire du crâne la cervelle, aumoyen d’une espèce de crochet en cuivre ou en bronze, introduit par la narine gauche. Et à la place de ce qu’onretirait, on injectait au moyen d’un instrument spécialdes aromates, des résines ou encore du bitume liquide(fig. 553). Pendant cette opération, et également à chacunedes suivantes, des prêtres, appelés l’un heiheb, l’autre
elles conservent aux momies ainsi préparées une peauélastique, une couleur olivâtre ou de parchemin, commeon peut le voir par les momies de Séti Ier et de Rainsès II, exposées au musée de Ghizéh. Dans les embaumementsmoins soignés et moins coûteux, on se contentait de bitumerépandu à l’intérieur du corps et appliqué également àl’extérieur: aussi la peau de ces momies est-elle noire etcassante. Quant aux viscères, ils étaient lavés séparémentet embaumés. Puis, ou bien on les replaçait dans l’intérieurdu corps avant le bain de natron: c’était le casd’embaumements moins parfaits. Ou bien on mettait cesviscères dans des sacs remplis de substances aromatiques, et on disposait ces sacs sur la momie même, entre lesjambes, sous les bras, etc. Au lieu de cette seconde façonde procéder, qu’on rencontre dans des embaumementstrès soignés, on préférait souvent déposer les viscèresdans quatre vases de terre cuite, de pierre dure ou d’albâtre, appelés canopes: l’estomac et le gros intestin dansle vase surmonté de la tête humaine d’Amset; le petitintestin dans le vase à la tête de cynocéphale Hapi; Iscœur et les poumons dans le vase à la tête de chacal,
563. — Instrumenta de momification. — 1, Crochet pour extraire la cervelle. — 2. Instrument pour insufflerdes aromates dans le cerveau, vu de profil. — 3. Le même, vu de face. — D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. ii, pi. 188.
totem, récitent des prières, exécutent diverses cérémonies.Un des embaumeurs, appelé le grammate ou «scribe», trace alors à l’encre, sur le flanc gauche ducadavre, couché à terre, une ligne de dix à quinze centimètres, et un opérateur spécial, que les Grecs désignentsous le nom de mapai/iar?); , «paraschisle» (dissecteur), prenant un couteau de pierre, ordinairement en obsidienned’Ethiopie (Rawlinson, Herodotus, Londres, 1862, t. ii, p. 141), pratique l’incision de la grandeur déterminée.A peine a-t-il ainsi violé l’intégrité du cadavre, que les assistants le chargent d’imprécations et le poursuiventà coups de pierre: bien entendu, c’est pure cérémonie, et l’on a soin de ne point lui faire sérieusementmal; cependant les individus qui avaient cette fonctionformaient une caste méprisée, exécrée, avec laquellel’Egyptien ne voulait pas avoir de rapports. Par l’ouvertureainsi pratiquée, un des embaumeurs introduit la main, extrait du corps tous les viscères; un autre lave l’intérieuravec du vin de palme et le saupoudre d’aromates. Lestaricheutes déposent ^ensuite le corps dans une cuve denation ou carbonate de soude liquide; ils le laissents’imprégner de sel, plus de trente jours d’après Diodore(quarante dans quelques manuscrits), soixante-dix selonHérodote. Cf. Gen., L, 2-3. Mais ces soixante-dix joursdoivent peut-être s’entendre de la durée de toutes lespréparations. Le corps sèche ensuite, exposé à l’actiond’un courant d’air chaud. On bourre le ventre et la poitrinede sciure de bois, de linges imbibés d’essencesparfumées ou saupoudrés d’aromates. Enfin la peau estenduite de résines odorantes, d’huile de cèdre, de myrrhe, de cinnamome, etc. Ces substances précieuses n’étaientemployées que dans les embaumements les plus soignés
Duaumautef; enfin le foie et le fiel dans le vase à tèled’épervier, Kebahsennuf. Ces quatre génies avaient lagarde des viscères, qu’ils personnifiaient; mais chacundes vases eux-mêmes était mis sous la protection d’unedes quatre déesses, dont le nom se trouve inscrit sur lecôté du récipient: Isis, Nephthys, Neith (fig. 293, t. i, col. 1083) et Selk. On plaçait ces vases canopes dans lestombeaux, près des momies, ou bien on les renfermaitdans des coffrets spéciaux, surmontés d’un Anubis.
Un procédé plus sommaire consistait à ne point faired’incision au corps, mais à répandre à l’intérieur, par lesouvertures naturelles, de l’huile de cèdre; puis, sans plusde préparations, à déposer le cadavre dans le bain denatron, après quoi on l’enduisait de bitume. Pour lespauvres gens, on utilisait l’huile de raifort, uup(j. «îri, moinscoûteuse, ou même on se bornait souvent à déposer simplementle corps dans le natron et à le dessécher ensuiteau soleil. Évidemment dans ces cas, surtout le dernier, la conservation est moins parfaite.
Après ces préparations venait la toilette funèbre; onenveloppait le corps de bandelettes imbibées de diversescompositions odorantes. Le Rituel de l’embaumement, publié par G. Maspero, dans Notices et extraits des manuscritsde la Bibliothèque Nationale, t. xxiv, 1™ part., 1883, p. 14-101, expose en détail cette seconde partie dela momification. Après avoir oint le corps d’un parfum «qui rend les membres parfaits», puis la tête, on enveloppechaque partie du corps et la face de bandelettesnombreuses, consacrées chacune à une divinité, portantun nom spécial, et dont «les particularités et les dessinsont été examinés en présence du Supérieur des mystères».Elles ont toutes une signification mystique, et c’est
en récitant certaines prières qu’on les enroulait autourdes membres (fig. 554). Et ces bandelettes, imprégnéesd’aromates ou de bitume, enduites de gomme d’acaciapour fixer les couleurs et les rendre plus brillantes, recevaientencore dans leurs enroulements des herbes oufleurs parfumées, des substances odoriférantes, commela résine de Phénicie ou de Pount, la myrrhe de Tonouter; à des places déterminées, on y enfermait aussi desamulettes, destinées à protéger le mort dans son voyaged’outre-tombe. La momie ainsi emmaillotée d’une épaissecouche de bandelettes et enveloppée d’un linceul ou drapde liii, fortement serré et cousu de façon à laisser voirla forme générale du corps, on peut dire que l’embaumementest achevé. Pour les pauvres, les préparatifsfunèbres se bornaient là; encore l’emmaillotement était-ilplus simple, et le bitume remplaçait les parfums précieux.Dans ce cas, après avoir mis au cou delà momieune étiquette de bois avec le nom du défunt, on la déposaitdans un des trous de la montagne: c’est par milliersqu’on les trouve à certains endroits, empilées les unes
en Egypte,» l, 25, en attendant le jour où les enfantsd’Israël devaient, selon son désir, le transporter dans laTerre Promise. Exod., xiii, 19; Jos., xxiv, 32. Il est àremarquer que les soins de l’embaumement sont confiéspar Joseph à des médecins attachés à sa maison: ce n’estpas aux médecins cependant que ces opérations étaientremises. Serait-ce pour éviter les prières et cérémoniesdu culte égyptien, étroitement unies aux diverses partiesde l’embaumement, comme nous l’avons vu plus haut?Ou bien les grandes maisons, comme celle d’un premierministre, avaient-elles des serviteurs chargés spécialementdes embaumements, qui par leurs fonctions pouvaientêtre rangés à la dernière place dans la catégoriedes hârôfîm, «médecins?» Ceux-ci sans doute étaientnombreux dans le palais des rois d’Egypte: ainsi dansLepsius, Denkmâler, Abth. ii, Bl. 92, d, e, on voit uns Nesmenau, surintendant des médecins du pharaon», Mais les documents égyptiens n’ont pas permis jusqu’icid’élucider ce point encore obscur.
Une seconde difficulté est relative au nombre de jours
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554. — Emmalllotement de la momie et recitation de prières. D’après Champollion, Monuments de VÉgyptc, t. iv, pi. 415.
sur les autres. Pour les gens plus aisés, la toilette de lamomie n’était pas complète sans le scarabée mystiquesuspendu au cou à la place du cœur, sans les anneaux outalismans aux doigts dont les ongles ont été dorés, sansle masque doré sur la face et sans les cartonnages peintsou dorés dont on recouvrait tout le corps. On déposaitenfin la momie dans un ou deux cercueils de bois d’if oude sycomore, reproduisant les formes du cartonnage, et letout était souvent enfermé dans un grand sarcophage debois ou de pierre. Voir Cercueil, col. 435. Cf. G. Maspero, Lectures historiques, in-12, Paris, 1892, p. 133-139; Uneenquête judiciaire à Thèbes, étude sur le papyrus Abbott, dans les Mémoires présentés à l’Académie des inscriptionset belles-lettres, 1™ série, t. viii, 2 1 partie, 1874, p. 274-279; S. Birch, On a mummy opened at Staff ordhouse, dans Transactions of the Society of Biblicalarchseology, t. v, 1876, p. 122-126, avec un spécimen debandelette imprégnée d’aromates et de bitume; Champollion-Figeac, Egypte ancienne, in-8°, 1839, p. 260-261; Th. J. Pettigrew, History of Egyptian Mummies, ïn-4°, Londres, 1840; Rouger, Notice sur les embaumementsdes anciens Égyptiens, dans la Description de l’Egypte, 2e édit., t. vi, p. 461-489; W. Budge, The Mummy, 1893.Dans la Genèse, l, 2-3 et 25, il est fait mention de deuxembaumements à la façon des Égyptiens. Quand Jacobmourut, Joseph «ordonna à ses serviteurs médecins d’embaumerson père; et les médecins embaumèrent Israël.Ils le firent en quarante jours; c’est, en effet, le tempsfixé pour les embaumements. Et les Égyptiens le pleurèrentsoixante-dix jours». L, 2-3. De même quand Josephmourut, «on l’embauma, et on le mit dans un sarcophage
que durait l’embaumement. D’après le texte sacré, letemps ordinaire consacré à ces préparations était de quarantejours. Gen., L, 3. Diodore de Sicile parle de trentejours (une variante donne, il est vrai, quarante); maisselon Hérodote ce serait soixante-dix jours. Les texteségyptiens, étant muets sur cette durée, ne donnent aucunmoyen de trancher le différend. Peut-être les divers soinsde l’embaumement proprement dit prenaient-ils trenteou quarante jours, selon les lieux et les époques, et ledeuil tout entier, y compris ce temps, durait-il soixante-dixjours, comme le remarque la Genèse, L, 3. F. Vigoureux, Bible et découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. ii, p. 190-195.
2° Embaumement juif. — Quand le roi de Juda Asamourut, on plaça son corps sur un lit funèbre, garnid’aromates préparés selon l’art des parfumeurs, et on enbrûla en son honneur une quantité considérable. II Par., xvi, 14; cf. II Par., xxi, 19; Jer., xxxiv, 5; Josèphe, Bell, jud., i, xxxiii, 9. Mais ces parfums brûlés autour ducorps ne constituent guère un embaumement proprementdit. Dans les derniers temps qui précédèrent l’ère chrétienne, les Juifs ont employé le miel pour conserver lescorps au moins pendant un certain temps: c’est ce quieut lieu pour Aristobule, au témoignage de Josèphe, Ant.jud., XIV, vil, 4. Ce serait une coutume babylonienne.Strabony XVI, i, 20; cf. Pline, H. N., xxii, 50. — Nousn’avons que peu de renseignements sur la façon dont lesJuifs embaumaient leurs morts au début de notre ère.Maimonide, Tract. Ebel., c. iv, § 1, dit qu’après avoirfermé les yeux et la bouche du mort on lavait le corps, on l’oignait d’essences parfumées, et on l’enroulait ensuite 1729
EMBAUMEMENT -^ ÉMERAUDE
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dans an drap de toile blanche, dans lequel on enfermaiten même temps des aromates. Le texte sacré est un peuplus explicite sur cette coutume juive. L’Évangile se taitsur la première cérémonie funèbre, consistant à laver lecorps; mais on a tout lieu de supposer qu’elle n’a pasété omise pour Jésus-Christ. Cf. Act., ix, 37. Josephd’Arimathie et Nicodème, dit saint Jean, xix, 40, «prirentle corps de Jésus et l’enveloppèrent dans des linges avecles aromates, selon que les Juifs ont coutume de faireles préparatifs funèbres, èvtoKpiâÇeiv.» Ces linges comprenaient: des bandelettes, ô86via, dont on entouraitchacun des membres à part, Luc, xxiv, 12, Joa., ix, 40; xx, 6, 7; voir t. i, col. 1427 (ainsi fit-on pour Lazare, Joa., xi, 44); le aouSoipiov, suaire destiné à voiler latête, Joa., xx, 6; enfin le uivStiv ou linceul dont on enveloppaittout le corps. Matth., xxvii, 59; Marc, xv, 16; Luc, xxiii, 53. Dans les enroulements des bandelettes etles plis du linceul, on répandait des aromates. Saint Luc, xxm, 56, dislingue les substances solides, ipiiu.aTa, desparfums à l’état liquide, p-ûpoi. Nicodème avait apportécent livres d’un mélange, ii! f|j.a, de myrrhe et d’aloès.Joa., XIX, 39. Les saintes femmes, qui avaient vu les premierspréparatifs de cet embaumement, se proposent, pour le compléter, de rapporter d’autres parfums après lesabbat. Marc, xvi, 1; Luc, xxiii, 56; xxiv, 1; Fr. Martin, Archéologie de la Passion, in-8°, Paris, 1897, p. 215-217. E. Levesque.
- EMBRASEMENT##
EMBRASEMENT, traduction du mot hébreu Tab-’êrâh, que la Vulgate a rendu par Incensio, et les Septantepar’E[iirupi<j|jLi{. Num., xi, 3. Ce nom fut donnéà une localité du désert du Sinaï, parce que les Israélitesy ayant murmuré contre Dieu, le Seigneur en fit périrun certain nombre par le feu, à une des extrémités ducamp. Num., xi, 1; cf. Deut., IX, 22. Cet événement estraconté d’une manière sommaire et assez obscure, et ilest impossible de déterminer en quel endroit précis il seproduisit. Il résulte de la comparaison du chapitre XI, 3, 34-35, et du chapitre xxxiii, 15-17, qu’il eut lieu troisjours après que les Israélites eurent quitté le mont Sinaï, Num., x, 33, avant d’arriver à Qibbrôt hat-ta’âvâk (Sépulcresde Concupiscence) et à Haséroth.
ÉMER (hébreu: ’Immer; Septante: ’E|jltJp), localitéd’où étaient parties avec la première caravane qui retournade captivité à Jérusalem un certain nombre depersonnes qui ne purent établir leur origine israélite.I Esdr., ii, 59; II Esdr., vii, 61. Dans ce dernier passage, la Vulgate écrit Etnmer. La même variété se remarquedans les Septante. Le Codex Vaticanus écrit’Efiirip, I Esdr., ii, 59, et’Uu.ï)p, H Esdr., vii, 61; YAlexandrinusa’Ep.u.T|p dans le premier passage et’E^p dansle second. — Certains interprètes pensent qu’Émer est unnom d’homme, mais c’est à tort: il s’agit d’une localitéde Babylonie, d’ailleurs tout à fait inconnue jusqu’à présent.Il est, de plus, possible qu’Émer ne soit qu’unepartie du nom et que la localité s’appelât Cherub-Addanlmmer.Voir Chérub, col. 658.
- ÉMERAUDE##
ÉMERAUDE (hébreu: bâréqét; Septante: <x|iâpaY80 «; Vulgate: smaragdus), pierre précieuse.
I. Description. — L’émeraude, variété verte du béryl, est un silicate d’alumine et de glucine (GI 3 AI 2 Si 6 18)qui cristallise dans le système hexagonal. Les plus bellesémeraudes se trouvent actuellement dans le gisement deMuso (près de Bogota, capitale de la Colombie), «où cesgemmes accompagnent la parisite dans un calcaire bitumeuxde l’étage néocomien.» A. Lacroix, dans la GrandeEncyclopédie, Paris (sans date), t. vi, p. 477. Si les minéralogistesappliquent aujourd’hui le nom d’ «émeràude» à unepierre bien déterminée, les anciens donnaient le nom desmaragdus aux minéraux les plus divers, depuis le jadeveitdes gisements de l’ouest du Mogoung (Birmanie), dont
les moindres cristaux sont d’un prix inestimable, jusqu’auxmorceaux les plus gros de jaspe vert, tel que le pilier dutemple d’Hercule à Tyr, confondant ainsi sous un nomunique les pierres vertes qu’on pouvait polir. — Cependantils surent la distinguer de la malachite, le dhanedjarabe. De cette indétermination on a conclu que l’antiquitén’avait pas connu la véritable émeràude. Dutens, Des pierres précieuses et des pierres fines, in-8°, Florence(sans date), p. 54. Mais le voyageur français Caillauda retrouvé dans la Haute-Egypte, sur le revers sudestdu mont Zabara, dans des couches de micachiste, lesmines antiques d’émeraude et la ville des mineurs dontVolney avait vainement recherché les traces du côtéd’Assouan. Il en rapporta cinq kilos de précieux cristauxdécouverts à cet endroit dans les profondeurs de la terre.Le texte de Théophraste, De lapid., iv (24), semble d’ailleursbien précis à cet égard, lorsqu’il écrit que l’émeraudeest c< une pierre qui est rare et fort petite», et qu’iln’ajoute «aucune créance aux émeraudes de quatre coudées, envoyées aux rois d’Egypte par le roi de Babylone».Il signale plus loin, iv (25), l’émeraude commune, bâtarde, tirée des mines de cuivre de Chypre et d’unelie en face de Carthage; il la nomme «J’evSriç apiâpaySo; .Ce sont probablement les cristallisations, colorées envert, qui portent le nom de primes d’émeraude. Strabonse contente d’indiquer comme gisements d’émeraudes lesbords de la mer Rouge, l’isthme compris entre Coptos etBérénice, xvi, 20; xvii, 45. Il signale aussi l’Inde, xv, 69.Les lapidaires sanscrits (Finot, Les lapidaires indiens, in-8°, Paris, 1896, p. xliv) indiquent aussi l’Egypte, quoique en termes assez vagues. Parmi les pierres précieuses, Pline, H. N., xxxvii, 16, attribue le troisièmerang à l’émeraude, parce qu’il n’est point de couleurplus agréable à l’œil que son vert incomparable. Signalantl’étroite parenté de l’émeraude et du béryl, sansl’admettre cependant, H. N., xxxvii, 20, il distinguedouze sortes d’émeraudes, 17, dont les principales sontles scythiques, les bactriennes, les égyptiennes. On trouvaitcette dernière aux environs de Coptos, ville de laThébaïde. Les autres espèces, qui provenaient de minesde cuivre, ne sont pas de véritables émeraudes, maisd’autres substances cristallisées et colorées en vert parl’oxyde de cuivre. Les Arabes distinguent aussi plusieursespèces d’émeraudes ou iomorred: c’est la debaby, lameilleure. Viennent ensuite la rihany, la selky et la sabouriy, qui tirent leur nom de leurs différentes nuances.Comme on le voit, nombreux furent les noms qui, tiréssoit de ses aspects divers, soit de ses lieux d’origine, désignaientl’émeraude dans les textes anciens. On attribuaità ces pierres des propriétés merveilleuses, par exemple, de conserver ou de guérir la vue, comme on peut voirdans Théophraste, De lapid., - ii, (23), (24); dans IbnEl-Beithar, Traité des simples, 1123; dans Notices etextraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. xxv, l r «partie, 1881, p. 216; dans Cyranides, éditéespar F. de Mély, dans les Lapidaires de l’antiquité et dumoyen âge, t. ii, Les lapidaires grecs, in-4°, Paris, 1898.Voir aussi de Rozière, Observations minéralogiques surl’émeraude d’Egypte, dans la Description de l’Egypte, Histoire naturelle, in-4°, t. ii, p. 635-639.
F. de Mély.
II. Exégèse. — 1° Identification. — La troisième pierredu premier rang sur le pectoral ou rational du grandprêtre est appelée bâréqét. Exod., xxviii, 17; xxxix, 10.Ézéchiel, xxviii, 13, décrivant le vêtement du prince deTyr, nomme la bâréqét parmi les pierres précieuses quien relevaient la beauté: il est à remarquer, du reste, quece sont les mêmes pierres que pour le rational; l’hébreu, il est vrai, n’en nomme que neuf, mais les Septante ontcomplété le nombre de douze. Or la bâréqét est l’émeraude: c’est ainsi que traduisent les Septante, la Vulgateet aussi Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5; Bell, jud., V, v, 7. La racine du mot hébreu signifie «jeter des feux,
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étincelert; ce qui serait une allusion à une’particularitéfrappante de la vraie émeraude: quand la gemme estassez grosse et que la lumière la frappe dans une positiondéterminée, elle renvoie la lumière comme un brillantmiroir. On peut encore rapprocher de l’hébreubârégéf le nom sanscrit marakata, qui désigne certainementi’émeraude: le nom avec la chose elle-même apu venir de l’Inde en Palestine par le commerce. Enfinle n. «paf 80c, forme sous laquelle le nom grec de I’émeraudese présente parfois, n’est pas bien éloigné de bâréqét.— Quant au dnâpafSo; des livres deutérocanouiques, Tob., xiii, 21; Judith, x, 19; Eccli., xxxii, 8, et de l’Apocalypse, xxi, 19, il a bien le sens d’ «émeraude», en n’oubliantpas toutefois que les anciens réunissaient sous lemême nom, avec la véritable émeraude, plusieurs pierresde même couleur, comme des jaspes, des verres colorés, quelquefois même la malachite. Ainsi, au temps de Pline, on appelait émeraudes toutes les pierres d’un beau vertpré. Jannettaz et Fontenay, Diamant et pierres précieuses, in-8°, Paris, 188t, p. 162. L’indication du lieude provenance et certaines particularités peuvent servirà distinguer les vraies émeraudes. Celles-ci arrivaienten Palestine soit de l’Inde, soit surtout de l’Egypte, oùles gisements en contiennent encore. Dans ce dernierpays, le nom mafek comprenait diverses substancesvertes; mais avec Tépithète ma, «vrai,» il s’entendaitseulement de I’émeraude véritable. Lepsius, Les métauxdans les inscriptions égyptiennes, trad. Berend, in-4°, Paris, 1877, p. 35-45. — Quelques auteurs veulent identifierI’émeraude avec le nôfék, la quatrième pierre durational; ils y sont portés par le Targum d’Onkélos, qui, dans Exod., xxviii, 18, traduit nôfék par’izmargedîn, où il est facile de reconnaître le mot grec u[iiipay80 «.Maisc’est une erreur; le nôfék est l’escarboucle.
2° Usages et comparaisons. — L’Écriture nous montreI’émeraude servant par son éclat à rehausser les: étoffesprécieuses et les ornements d’or. Exod., xxviii, ’17; Ezech., xxviii, 13; Judith, x, 19. Théophraste, De lapid., viii, 23, signale I’émeraude en même temps que l’escarboucle etle saphir parmi les pierres précieuses dont on faisait dessceaux. Or, dans une comparaison, l’Ecclésiastique, xxxii, 7, 8, en parallèle avec un cachet en escarbouele, nousparle d’un sceau d’émeraude monté sur or. Le saphir etI’émeraude sont souvent mentionnés ensemble dans lesauteurs anciens, comme types de pierres précieuses auxbelles couleurs. Ainsi Tobie, xiii, 21, transporté de reconnaissancepour les bienfaits de Dieu, célèbre dans uncantique inspiré la beauté et la gloire de la Jérusalemnouvelle, dont les portes seront bâties de saphirs etd’émeraudes. De même saint Jean, Apoc, xxi, 19, dansles fondements de la sainte cité, pla^e en quatrième lieuI’émeraude, après le saphir et l’escarboucle. L’émeraude, troisième pierre du premier rang sur le pectoral ou rationaldu grand prêtre, portait vraisemblablement le nom de Lévi.J. Braun, De vestitu sacerd. Hebrseorum, in-8°, Leyde, 1680, p. 765. — Dans la seconde vision de saint Jean, Apoc., IV, 3, le Seigneur se montre à lui sur un trône, et autourdu trône était un arc-en-ciel qui semblait une émeraude.Quelques exëgètes croient qu’il s’agit ici de la malachite, dont certaines variétés aux teintes bleues mêlées au vertrappellent l’arc-en-ciel. Mais l’apôtre veut sans doutedire qu’on voyait autour du trône une auréole ayant laforme d’un arc-en-ciel, et au lieu de diverses couleurs, celui-ci n’en avait qu’une, la belle nuance verte deI’émeraude; couleur si agréable aux yeux, dit Pline, H. N., XXXVII, 5, et qui à cause de cela était regardéecomme symbolisant la grâce, la miséricorde divine. —Dans la description de la salle du festin d’Assuérus, Esther, i, 6, il est question de lits d’or et d’argent disposéssur un pavé de bahat et de marbre blanc. Lebahat est rendu par ufnxpay&irr^i dans les Septante, etpar smaragdinus dans la Vulgate. Mais le mot hébreuidentique à l’égyptien beliel, behiti, désigne le porphyre. Fr. Wendel, Veber die in altâgijptischen Texten.envâlinten Bau-und Edelsteine, in-8°, Leipzig, 1888, p. 7.7. Le ay.âpaf So «des Septante signifiant toujours unesubstance verte, on peut conjecturer qu’ils ont vouluindiquer ici le porphyre vert. E. Levesque.
ÉMIM (hébreu: ’Êmipi; Septante: ’0[i(iaîov, Gen., xiv, 5; ’0|i[i£v, Deut., ii, 10-11), tribu nommée seulementdans la Genèse, xiv, 5-7, et le Deutéronome, ii, 10-11.C’était une race de géants. Gen., xiv, 5. Leur nom, enhébreu, signifie «les terribles». Ils habitaient à l’est dela mer Morte, dans la région qui devint depuis le paysde Moab. Deut., ii, 10. Leur ville principale s’appelaitSavé Cariathaïm. Ils furent battus, du temps d’Abraham, par Chodorlahomor et ses alliés. Gen., xiv, 5. Du tempsde Moïse, ils avaient complètement disparu et il n’enrestait plus que le souvenir. Deut., ii, 10-11, 20-23. C’esttout ce qu’on sait d’eux. Cf. H. Sayce, Patriarchal Palestine, in-12, Londres, 1895, p. 36-38.
1. EMMANUEL ( hébreu: ’Immânû’El; Septante: ’E[i|Jiavour|X; Matth., i, 23: 8 è<ttiv (iE9ï)p[xr)vEu6|j.evov «Me6’f, |iS)v 6 ÛEtSç,» ce qui se traduit: «Dieu avecnous» ), un des noms symboliques par lesquels le prophèteIsaïe a désigné le Messie.
I. Emmanuel est le Messie. — Cette dénominationest répétée plusieurs fois dans un groupe de prophéties, Is., vi-xii, qu’on a justement nommé «le livre d’Emmanuel». Elles ont toutes été prononcées à l’occasion de laguerre de Phacée et de Rasin contre Juda, sous le règned’Achaz. Ce roi impie n’ayant pas cru à une premièreprédiction, vii, 1-9, Isaïe reparut devant lui pour le détournerde son projet d’alliance avec les Assyriens et luiinspirer une juste confiance en la protection de Jéhovah.Il lui proposa le choix d’un miracle qui entraînerait saconviction. Sous le faux prétexte de ne pas tenter le Seigneur, Achaz refusa de demander un prodige. Isaïe donnanéanmoins un signe de la protection divine sur Juda. Cesigne, choisi par Dieu même, dépassait tout ce que le roiaurait pu imaginer de plus extraordinaire dans la hauteurdes cieux ou dans la profondeur de la terre: «Voici quela Vierge {’almâh) conçoit et enfante un fils, et ellelui donnera le nom d’Emmanuel. Il se nourrira de beurreet de miel jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisirle bien; car, avant que l’enfant sache rejeter le mal etchoisir le bien, la terre dont tu redoutes les deux roissera désolée.» vii, 14-16. Emmanuel sera donc le disd’une’almâh ou «vierge» parfaite, qui le concevra etl’enfantera sans lésion de sa virginité. Voir 1. 1, col. 390-397.Son nom est un symbole expressif de la protection divine^ Puisque sa nourriture sera celle des autres enfants, Tertullien, Adv. Judseos, ix, t. ii, col. 619, il ne serapas un enfant idéal, mais un enfant réel. Sa naissancesemble, à première vue, devoir être prochaine, puisqueavant qu’il soit sorti de l’enfance, c’est-à-dire avant deuxou trois ans, les royaumes de Syrie et d’Israël, ennemisde Juda, seront dépeuplés par le roi d’Assyrie. Il ne serapas toutefois un fils d’Isaîe, car l’enfant qui va naître duprophète, viii, 1-4, portera un antre nom. D’ailleurs, d’après les caractères décrits plus loin, Emmanuel seraroi de Juda. Il ne sera pas non plus un fils d’Achaz, carÉzéchias n’a pas réalisé les traits les plus caractéristiquesdu portrait d’Emmanuel. D’après les autres prophétiesd’Isaîe concernant Emmanuel, d’après l’application expresseque saint Matthieu, i, 23, a faite de ce passageà Jésus de Nazareth, d’après l’interprétation unanime dela tradition catholique, Emmanuel ne peut être que leMessie, fils de David et roi de Juda. Cette explicationsoulève une difficulté qu’on a résolue de bien des manières: Si Emmanuel est le Messie, il reste à déterminercomment sa n ?issance, qui n’eut lieu que 750 ans plustard, fut pour Achaz et la maison de David un signe dela prochaine délivrance de Juda. Des exégètes sérieux
ont essayé de tourner la difficulté en appliquant vii, 14-16à deux enfants distincts. Selon eux, le t- 14 se rapporteraitseul au Messie, et les }}. 15e * 16, ou au moinsle ꝟ. 16, désigneraient un autre enfant, soit l’un des filsd’Isaïe, Se’âr-Yâëûb (Drach, De l’harmonie entre l’Égliseet la Synagogue, Paris, 1844, t. ii, p. 185-186) ouMaher-éàlal-haé-bai, soit un enfant indéterminé. (Trochon, Les prophètes, haïe, Paris, 1883, p. 61.) Maisrien dans le texte ne laisse soupçonner ce changementde personne, qui serait choquant, s’il existait. D’ailleurs, dans l’original, le terme na’ar, «l’enfant,» est précédéde l’article, ha-na’ar, et signifie «cet enfant», celuidont il vient d’être parlé. Les $ꝟ. 15 et 16 conviennentdonc à Emmanuel. L’annonce de la naissance tardive decet enfant divin a néanmoins un rapport réel avec l’époqued’Achaz et d’Isaïe. Le prophète, en effet, a vu dans unmême tableau la naissance virginale d’Emmanuel et ladélivrance prochaine de son peuple. V’almdh et son filsétaient présents à son esprit d’une présence idéale. Dèslors il a pu par anticipation se servir de leur existencepour fixer une date, celle à laquelle ses compatriotesseront délivrés du danger qui les menace; il a dit: Avantque se soit écoulé le temps qu’il faudrait à Emmanuel, s’il naissait de nos jours, pour sortir de l’enfance, Israëlet la Syrie seront dévastés. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., 1896, t. ii, p. 639; Fillion, Essais d’exégèse, Lyon et Paris, 1884, p. 89-99; Corluy, Spicilegiumdogmatico-biblicum, Gand, 1884, t. i, p. 418-419. Cependantle P. Knabenbauer, qui avait accepté cette explication, Erklârung des Propheten Isaias, Fribourg-en-Brisgau, 1881, p. 125, l’a abandonnée et en a proposéune autre, Commentarius in Isaiam prophetam, Paris, 1887, t. i, p. 185-190. Il estime que dans la pensée duprophète Emmanuel n’est pas lié au temps actuel, et quesa naissance n’est pas un signe de la délivrance prochainede Juda. Ce signe est donné plus loin. Is. viii, 1-4. Le prophète annonce simplement qu’Emmanuel, quoique fils de David, naîtra dans une humble conditionet sera privé du royaume temporel de sa race. Il mèneraune vie pauvre, afin d’apprendre ainsi à pratiquer lavertu et la souffrance, et sera doué d’une piété et d’unesainteté insignes. Mais auparavant, et dans ce but, la terrede Juda sera dévastée et abandonnée. De fait, Jésus, levéritable Messie, a mené une vie pauvre et sainte sur laterre de Juda, privée de son autonomie et soumise aujoug de l’étranger.
La seconde fois qu’Isaïe parle d’Emmanuel, il indiqued’un mot ses glorieuses destinées, viii, 8 et 10. Aprèsavoir annoncé la dévastation d’Israël et de Juda par lesAssyriens, il interpelle directement Emmanuel et s’écriedans sa détresse: «Les armées ennemies couvrent deleurs ailes toute ta terre, ô Emmanuel!» Cette terreenvahie, c’est sa terre, celle dont il est le roi, puisqu’ellelui appartient; qu’il vienne lui-même à son secours, pourqu’elle ne périsse pas. À cette pensée, la confiance renaîtdans le cœur du prophète, et, s’adressant à tous lesennemis de Juda, il leur prédit que vaines sont leurscoalitions, vains leurs projets et leurs discours. Une seuleraison, signifiée par le nom d’Emmanuel, justifie sa confiance, ki’Immânû-’El, «parce que Dieu est avec nous» et nous protège. Emmanuel sera donc un roi de Juda, un roi puissant, qui sauvera son peuple. Knabenbauer, Comment, in Isaiam prophetam, 1887, t. i, p. 204-207.
— Les caractères de sa royauté sont décrits plus loin. IX, 6-7. Les tribus de Zabulon et de Nephthali et les habitantsde la Galilée des gentils, qui avaient particulièrementsouffert’de l’invasion assyrienne, recevront les premiersla lumière de l’Évangile, apportée au monde parun enfant royal, qui n’est pas nommé, mais qui ne peutêtre qu’Emmanuel, le roi-Messie. Or cet enfant sera leConseiller divin, le Dieu fort, le Père de l’éternité et lePrince de la paix; il sera réellement’Immânù’El, t. Dieuavec nous;» ’El gibbôr, «Dieu fort, s un héros Dieu,
Dieu par nature. Knabenbauer, In Isaiam, p. 223-229.
— Enfin tout le chapitre xi est consacré à dépeindreEmmanuel et les biens qu’il apportera à la terre. Ce roisortira de la race presque éteinte de David; il sera remplide l’esprit de Dieu et gouvernera avec justice, sanserreur ni acception des personnes. Sous son sceptre, lepeuple de Jéhovah, délivré du joug des oppresseurs, goûtera la paix la plus profonde. Cette paix est symboliséepar les images les plus riantes: le mal aura disparude la sainte montagne du Seigneur; les nationsidolâtres se convertiront en masse et viendront partageravec les Juifs le bonheur de vivre sous des lois douceset parfaites. De l’aveu de tous les commentateurs, cescaractères du règne d’Emmanuel sont évidemment messianiques.Emmanuel désignait donc, dans la penséed’Isaïe, le Messie attendu des Juifs et venu en la personnede Jésus-Christ. Knabenbauer, /» » Isaiam, p. 265-291.II. Signification du nom. — Emmanuel est un nomcomposé dans la composition duquel entre le nom de’El, «Dieu.» Par lui-même, il présage la protectiondivine sur Juda; il est un gage assuré que Dieu se porteraau secours de son peuple menacé. Or l’enfant à quice nom est donné est le Messie, et en fait, d’après l’interprétationde saint Matthieu, i, 23, le Messie est Jésus, le Fils de Dieu incarné dans le sein de la Vierge Marie.Le nom d’Emmanuel n’est donc pas seulement un gracieuxemblème de la protection divine, une consolantepromesse d’avenir. Voir Érasme, Apologia de tribuslocis quos ut recte taxatos a Stunica defenderat SanctiusCaranza theologus, Opéra, Leyde, 1706, t. IX, col. 401-404. Suivant l’explication des Pères, saint Irénée, Adv. hsereses, 1. iii, c. xxi, n° 4, t. vii, col. 950, et1. iv, c. xxxiii, n° 11, col. 1080; Lactance, Divin. Instit., 1. iv, c. xii, t. vi, col. 479; saint Épiphane, Hseres. tir, n° 3, t. xli, col. 965; saint Chrysostome, In Isaiam, i, n° 9, t. lvi, col. 25; Théodoret, In Isaiam, vii, 14, t. lxxxi, col. 275, ce nom avait une signification plusprofonde, qu’Isaïe n’avait peut-être pas vue. Il prédisaitla nature divine du Messie, qui est véritablement Dieuavec nous, Dieu fait homme, venant dans le monde ety vivant humble, pauvre et doux. Cf. S. Thomas, Sum.th., iii, 37, a. 2, ad i nm, et Bossuet, Explication de laprophétie d’Isaïe, 3e lettre, Œuvres, Besançon, 1836, t. vi, p. 462. — Pour la bibliographie, voir’Almah, t. i, col. 397. E. Mangenot.
2. EMMANUEL, fils de Salomon (’Immanuel benSelomo), exégète grammairien et poète juif, né à Romevers 1272, mort dans la première moitié du XIVe siècle.Après avoir vécu un certain temps à Rome, il se fixa àFermo, dans la Marche d’Ancône. On a de lui un commentairesur les Proverbes de Salomon, qui a été publié, in-f°, à Naples, en 1486, avec plusieurs commentairesde divers auteurs, comme de Kimchi sur le Psautier, deRaschi sur l’Ecclésiaste, etc. Les autres commentairesd’Emmanuel sont restés manuscrits: ainsi un commentairesur le Pentateuque (Codex de Rossi 404); un commentairesur les Psaumes, dont de Rossi a publié desfragments sous ce titre: R. Immanuelis, ꝟ. Salom., scholia in selecta loca Psalmorum, in-8o, Parme, 1806.La Bibliothèque Nationale possède un manuscrit incompletde ce commentaire au n» 233, et aussi un commentairesur Job, sur le Cantique des cantiques (235). Outrad’autres copies de ces deux derniers ouvrages, de Rossisignale encore des commentaires manuscrits de Ruth, desLamentations, d’Esther, et un ouvrage manuscrit sur lagrammaire et la critique biblique, intitulé’Êbén bôhan.Il a paru du même auteur nn traité sur l’état des âmesaprès la mort, intitulé Haffôfép vehâ’êdén, «L’enfer et leciel,» in-#°, Prague, 1613. Voir M. Steinschneider, Immanuel, Biographische und iiteraturhistorische Skizze, in-8o, Berlin, 1843; J. Fûrst, Bibliotheca judaica, in-8, .1863, t. ii, p. 92-93. E. Levesque.
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EMMAUS
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EMMAUS, nom de localité cité I Mach., iii, 40, 57; IV, 3; IX, 50, et Luc, xxiv, 13. Selon plusieurs palestinologues, ce nom, dans l’Ancien Testament et dans leNouveau, désigne une seule et même ville; selon d’autres, il est attribué à deux localités différentes. Après avoirparlé d’abord de la ville nommée I Mach., point sur lequell’accord est à peu près général, nous exposerons en secondlieu la question, sur laquelle porte la controverse, del’Emmaûs évangélique, en résumant aussi fidèlement quepossible les arguments pour et contre la distinclion eten faisant connaître les diverses identifications proposées.
1. EMMAUS (selon le texte reçu: ’Eunocoûp.; CodexAlexandrinus: ’A(i|xaoOv et’A|i(i «oiJ(jt; Codex Sinaiticus: ’A(i|xaoii, ’A|x(i.aoii; , ’Appao-Jv et’E|x|xaoûv; Vulgate: Emmaum; I Mach., IX, 50, Ammaum; version syriaque: ’Ama’us; les anciennes versions arabes et presque toutesles modernes: ’Amu’âs ou’Ammu’ds), ville de Judée.
I. Nom. — Dans Josèphe, ce nom est écrit’E|ji, |ji, ao0?, °A[t|j.cxoij{ et quelquefois’A|/, aoOç. Dans les Talmuds, l’orthographeen est très variée; on lit tantôt’Emma’ûs ou’Amma’ûs, avec’(y); tantôt’Emma’ûs ou’Amma’ûs, avec’(n), et aussi’Emis, ’Ema’îtn et’Ema’ûm. Cf.A. Neubauer, Géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 100. Les Grseca fragmenta libri nomina hebraicorum, Patr. lat., t. xxill, col. 1162, en traduisant’E|i|iaoù?, Xaôv àvroppi^avcoç, populis abjicientis, supposent la forme’Am-mo’ês, des deux racines’am, «peuple,» et ma’âs, «rejeter;» la traduction de saint Jérôme, populus abjectus, indique la forme’Am-ma’ôs. Si cette étymologieest grammaticalement acceptable, sa signification la faitparaître peu vraisemblable. Conder propose le nom Ikhma(68J de la liste de Karnak comme pouvant être Emmaûs.Tentwork in Palestine, in-8°, Londres, 1879, t. ii, p. 345.
— Un grand nombre d’entre les commentateurs ont vudans ce nom une transcription de l’hébreu ffammàhou Hammât, araméen Hamta’, ou de Bammi, ffarnma’iou Hamma’im, «chaleur» ou «lieu chaud», ouencore «eaux chaudes», de la racine h.àmam, «êtrechaud.» Cf. Polus, Synopsis criticorum, Francfort-surle-Mein, 1712, t. iv, col. 1065; Reland, Palsestina, in-4°, Utrecht, 1714, t. î, p. 428; Bonfrère, Onomasticon, édit.J. Clerc, in-f°, Amsterdam, 1707, p. 68, note 4; Christ.Cellarius, Notitix orbis antiqui, in-4°, Leipzig, 1706, t. ii, p. 558. Cette opinion est fondée principalement sur l’interprétation6ép|xa, «bains chauds, thermes,» donnée parJosèphe à une localité située près de Tibériade, dont lenom est écrit’A|i|iaoO; et’Ancxoûç dans la plupart deséditions de cet historien. Ant. jud., XVIII, ii, 3; Bell, jud., IV, i, 3. Mais, dans ces mêmes passages, Niese, en ses deux éditions des œuvres de Josèphe, rejette cesleçons pour adopter celle d’'A |xii.a, 80ùç, qui se lit danstous les manuscrits collationnés par lui, sauf un: cerésultat infirme les leçons’A(t(iaoO; ou’Ajiaoû; et l’étymologiebasée sur elles. — Quelques écrivains ont penséqu’Emmaùs n’est pas différente d’Amosa. Jos., xviii, 27.Cf. V. Guérin, Description de la Judée, t. i, p. 294; deSaulcy, Dictionnaire topographique abrégé de la TerreSainte, in-8°, Paris, 1877, p. 131; J.-B. Guillemot, Emmaûs -Nicopolis, in-4°, Paris, 1886, p. 11. Cette étymologiepourrait ne pas paraître invraisemblable, si les indicationstopographiques du livre des Machabées et cellesde l’histoire ne fixaient point, comme nous le verrons, laposition d’Emmaûs dans le territoire de la tribu de Dan, tandis qu’Amosa doit être cherchée dans les limites deBenjamin. Voir Amosa, 1. 1, col. 518-520; Benjamin (tribude), t. i, col. 1589-1593. — Le R. P. van Kasteren proposecomme plus probable le nom de’Ammaôn. Il dériveraitde’am et maôn, et la signification de «divinitéqui unit les familles» aurait une analogie frappante avecBaal-Méon, ville de Moab, dont les Grecs ont fait BesXliaoïi; , comme ils ont fait’E<t80û; de Hésébon, ’AXouç(AîuXoûç [?]) de Aïalon. Le nom d’Emma, par lequel
Josèphe, Ant. jud., VI, un, 6, transcrit celui de Maonjle nom d’Ammaon ou Araaon donné par saint Ambroise, Comment, in Lucam, 1. x, 173, t. xv, col. 1847, et enplusieurs autres passages, au deuxième disciple d’Emmaûs, et la forme du génitif’E(i[tao0vTo; et Emtnauntis, confirmeraientcette opinion. Le même écrivain ajoute qu’il neserait peut-être pas impossible qu’une forme Hammonou Ammon eût été allongée en’Amiaoûc, comme Mégiddon(Mégiddo) en Mey-feSaoù?. Revue biblique, Paris, 1892, p. 648-649. — L’opinion commune chez les habitantsde la Palestine tient qu’Emmaùs est le nom ancienet primitif, du moins dans ses trois radicales’M S, quelle que soit d’ailleurs sa signification, difficile à déterminer, à cause du grand nombre de racines dont il peutdériver. Cette opinion est fondée sur des considérationshistoriques. L’usage simultané, en Palestine, pour la désignationdes localités, de deux onomastiques différentes, est incontestable: l’une employée par la colonie grécoromaine, l’autre par la population sémito-chamite dupays. On rencontre peu ou point d’exemples de nomsnouveaux donnés par les Gréco -Romains à des localitésanciennes ou simplement modifiés par eux et acceptéspar les indigènes.’Ammôn, Sippori, Bêtsan, Bêtgabra’, Lud, Emmaûs, appelés par les étrangers Philadelphie, Diocésarée, Scythopolis, Éleuthéropolis, Diospolis, Nicopolis, sont demeurés pour les indigènes’Amman, Safouriéh, Bessân, Beit-djebrîn, Lyd, ’Amo’as; Hésébon etMa’ôn sont restés Hesbàn et Ma’in. L’usage a laissé seperdre quelquefois la consonne finale des noms, et Kesàlondevenir Kesla’, Aïalon ou Yalôn devenir Yâlô, ’Anatôt, ’Anâta’; mais il ne paraît pas s’être conformé jamaisau génie des langues grecques et latines pour accepter les final, si ordinaire à celles-ci. Pour Emmaûs en particulier, sa première radicale, ’(y), n’a pu venir des Occidentaux, qui n’ont point ce son; son usage constaté dèsle IVe siècle et même auparavant par les Fragmentagrseca, la traduction de saint Jérôme et les versions syriaques, permet de croire qu’elle s’est transmise traditionnellementdepuis les temps anciens. Elle n’a pu setransmettre qu’avec le nom lui-même, et ainsi les indigènesn’avaient pas à prendre ce nom des étrangers nien totalité ni en partie. Il a pu en être autrement desJuifs. Les variations du Talmud ne pourraient guère s’expliquersi ses auteurs eussent trouvé le nom d’Emmaûsen usage chez eux par une tradition constante, ou s’il sefût trouvé dans leurs livres sacrés ou leurs autres écrits.Ne l’ayant point conservé, et placés entre deux onomastiques, ils l’auront emprunté tantôt de l’une, tantôt del’autre.— Quoi qu’il en soit de la probabilité respectiveplus ou moins grande de ces opinions et conjectures, ilest besoin de documents nouveaux pour fixer d’une manièrecertaine l’étymologie d’Emmaûs.
II. Situation. — 1° D’après la Bible. — Emmaûs, d’après I Mach., se trouvait «dans la plaine», âv tî yttti ireStvîj, iii, 40, et iv, 6; au seuil des montagnes, iv, 16-21; elle appartenait à la Judée, iv, 39; elle était vers; l’ouest de Gazer, puisque les soldats de Gorgias, vaincusà Emmaûs, s’enfuirent vers Gazer, pour gagner ensuiteAzot et Yamnia, iv, 15. — 2° D’après les écrivains profanes.— Les anciens auteurs ajoutent divers renseignementsà ces indications bibliques. Josèphe, Ant. jud. rXII, vii, 3-4, reproduit le récit de la Bible sans y rienajouter; mais, Bell, jud., II, XX, 4, et IV, viii, 1, il indiqueleterritoire d’Emmaûs comme uni et faisant suite, versl’est, aux territoires de Lydda et de Jaffa. Les Talmudsdisent qu’Emmaùs est un lieu abondant en eau, situé àla fin des montagnes et au commencement de la Séphéla, la yt| 7teotvT|, le ireSiov ou campus, «la plaine» de nosversions. «Depuis Béthoron jusqu’à Emmaûs c’est le paysdes montagnes, dit R. Johauan, Talmud de Jérusalem, Schebiit, ix, 2; de là jusqu’à Lod c’est la Sefèlâh.» Cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, p. 61 et 100; Reland, Palsestina, 1. 1, p. 309. Pline, H. N., v, 14, signale, .
pour caractériser Emmaûs, la pluralité des fontaines à eaucourante: fontibus irriguam Emmaum, et la nomme avecLydda et Joppé. La table de Peutinger nomme Emmaûsà dix-huit milles à l’occident d’jElia ou Jérusalem, à l’estde Joppé, Yamnia et Lydda, à douze milles de cette dernière.Dans Reland, Palœstina, t. i, en face la page 420.Le pèlerin juif Ishâq rjelô (1334) va de Sara’à Gimzo, en passant par Emmaûs. Les chemins de Jérusalem, dans Carmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 245. — 3° D’après les écrivains chrétiens.— Les témoignages des anciens écrivains ecclésiastiquessont encore plus nombreux et plus précis; toutefois, avant de les citer, deux observations sont à faire: 1. pour eux la localité d’abord appelée Emmaûs est lamême qui a été nommée, au m» siècle, Nicopolis par lesGrecs et les Romains; 2. il n’y a pour eux qu’une seuleEmmaûs, et l’Emmaùs des Machabées est aussi l’Emmaûsde l’Évangile: Nicopolis désigne l’une et l’autre. Tous lesdocuments et toute l’histoire sont constants et unanimesà affirmer cette double identification. — Faisant allusionaux faits racontés £ Mach., m et iv, saint Jérôme s’exprimeainsi: «[Daniel] veut parler de l’époque de Judas Machabée, qui, sorti du bourg de Modin, assisté de ses frères, de ses parents et d’un grand nombre d’entre le peuplejuif, vainquit les généraux d’Antiochus près tV Emmaûs, qui est maintenant appelée Nicopolis.» CommentinDan., viii, 14, t. xxv, col. 537. La Chronique d’Eusèbe, traduite par saint Jérôme, constate ce changement denom à l’année chr. 224: «En Palestine, y lit-on, la villede Nicopolis, appelée auparavant Emmaûs, a été fondéepar Jules Africain, auteur d’une Chronique, qui avaitaccepté d’être député à cet effet.» Patr. lat. t t. xxvii, col. 641-642. Saint Jérôme ne cesse d’attester ce changementde nom toutes les fois qu’il nomme Emmaûs ouNicopolis. Voir De viris illustribus, cap. lxiii, t. xxii, col. 675; In Ezech., xlvui, 21 et 22, t. xxv, col. 488; InDan., xi, 4 et 5, ibid., col. 574; In Abdiam, ꝟ. 19, ibid., col. 1113. Tous les historiens, chronographes et pèlerins, tant latins que grecs, répèlent cette assertion en termesidentiques. Ainsi le Chronicon paschale, ann. chr. 223, t. xcii, col. 657; Jean Moschus, Prat. spiritual., ch. xlv, t. lxxxvii, col. 3032; Georges Syncelle, Chronographia, in-f°, Venise, 1729, p. 286; Théophane, Chronograph., année C. 354, t. cviii, col. 160; Anastase le Bibliothécaire, Histoire eccl., à l’année du monde 5715, Patr. gr., t. cviii, col. 1200; M. Aur. Cassiodore, Chronique, t. lxix, col. 1236; S. Adon, arch. de Vienne, Chronique, t. cxxiii, -col. 86; Id., De festivitalibus sanctorum Apostolorum, ibid., col. 193; Cedrenus, Historiarum compendium,
: t. cxxi, col. 582; Nicéphore Calixte, Hist. eccl., 1. x, c. 31,
t. cxlvi, col. 536.
L’identité de l’Emmaûs de saint Luc et de Nicopolisn’est pas moins formellement affirmée. «Emmaûs, ditEusèbe, d’où était Cléophas, qui est [nommée] dansl’Évangile selon Luc; c’est maintenant Nicopolis, villecélèbre de Palestine.» Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, in-12, Berlin, 1862, p. 186; traduction équivalentede saint Jérôme, De situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 896. «Reprenant le même chemin, ditpersonnellement saint Jérôme racontant le pèlerinage desainte Paule romaine, elle vint à Nicopolis, qui s’appelaitd’abord Emmaûs, près de laquelle le Seigneur fut reconnuà la fraction du pain, et où il consacra la maison de Cléophasen église.» Epist. cviii, ad Eustochium, t. xxii, col. 883. «Il y a une ville de Palestine nommée aujourd’huiNicopolis, dit Sozomène; il en est fait mention dansle livre divin des Évangiles comme d’un village, car c’enétait un alors, sous le nom d’Emmaùs.» H. E., v, 21, X. lxvii, col. 1280-1281. Le pèlerin Théodosius (vers 530)cite: «Emmaûm, qui est maintenant appelée Nicopolis, où saint Cléophas reconnut le Seigneur à la fraction dupain.» De Terra Sancta, édit. de l’Orient latin, in-8°, Genève, 1877, p. 71. L’auteur de la Vie de saint Willibald
raconte comment le saint voyageur «vint à Emaûs, bourgde Palestine que les Romains… appelèrent Nicopolis, où il vint prier dans la maison de Cléophas, changée enéglise.» Act. sanct. Boll., édit. Palmé, t. ii, juill., p. 515.Guillaume deTyr, Historia, 1. vii, c. 24, dans Bongars, p. 743; Id., 1. viii, c. 1, ibid., p. 746; Nicéphore Callixte, H. E., x, 31, t. cxlvi, col. 536, et un grand nombred’autres attestent la même identité. — Il résulte de cettedouble identification, quelle qu’en soit du reste la valeur, que les indications données par les anciens écrivains chrétienssur Nicopolis ou sur l’Emmaûs évangélique s’appliquenten même temps à l’Emmaûs des Machabées dontnous parlons, et réciproquement.
Nicopolis, selon Eusèbe, est au nord de Bethsamès, d’Esthaol et de Saraa, puisque la route venant d’Éleuthéropolisà Nicopolis passe près de ces villes, dix millesau nord d’Éleuthéropolis. De situ et nominibus locorumhebraicorum, t. xxiii, col. 883, 895, 921. Nicopolis, lorsqu’ons’y rend d’/Elia, est au delà de Béthoron, qui estlui-même à douze milles environ d’iElia. Ibid., col. 880.Elle est à quatre milles de Gazer, qui est plus au nord.Ibid., col. 900. Elle se trouve non loin d’Aïalon de la tribude Dan. Ibid., col. 874. Saint Jérôme ajoute que «le villaged’Aïalon est près de Nicopolis, au deuxième milleen allant à jElia». Ibid., col. 868. Le même docteur place, In Ezech., loc. cit., Nicopolis avec Aïalon et Sélébi dansla tribu de Dan. Comme Lydda, elle appartient à «laSéphéla, c’est-à-dire la plaine». In Abdiam, loc. cil.Elle est aux confins de cette plaine, «là où commencentà s’élever les montagnes de la province de Judée.» InDan., xi, 44 et 45, loc. cit. Sainte Paule, montant deNicopolis à Jérusalem, peut saluer de loin Aïalon, qu’ellelaisse à sa droite, et passe par les deux Béthoron, l’inférieureet la supérieure. S. Jérôme, Epist. ad Eustoch., t. xxii, col. 883. Le pèlerin de Bordeaux (333), prenantsans doute cette même voie par Béthoron, généralementsuivie alors, compte «de Jérusalem à Nicopolis xxii milles; de Nicopolis à Diospolis ( Lydda) x milles». Itinerariuma Burdigala Hier-usalem usque, t. viii, col. 792. Virgilius, pèlerin vers le commencement du VIe siècle, estimela distance «de Jérusalem à Sinoda ( pour Cidona, hébreu: Kidôn, nom de l’aire, près de Cariathiarim, où fut frappéAza, I Par., xiii, 9), où fut l’arche du Testament…, vm milles; de Sinoda à Amaùs…, vm milles». Itinerahierosol., dans Analecta sacra du card. Pitra, in-4°, Rome, 1888, t. v, p. 119. Théodosius, Genève, 1877, p. 71, porte cesdeux demi-distances chacune à neuf milles, en tout dix-huitmilles, comme porte la table de Peutinger. Ces deuxdernières indications étant d’accord, Eusèbe donnant aussineuf milles pour la distance de Jérusalem à Cariathiarim, et les itinéraires de Virgilius et de Théodosius n’étant quedeux copies d’un même itinéraire, la leçon nu millesde Virgilius sera très probablement une erreur de copistepour viui milles. D’après ces deux pèlerins, il y a «d’Emmaùsà Diospolis XII milles». Le moine hagiopolite Épiphaneplace «à l’occident de la ville sainte, à environsix milles, le mont Carmélion, patrie du Précurseur; versl’occident du mont Carmélion, à environ dix-huit milles, est Emmaûs; de là, à environ huit autre milles est Ramblé(Ramléh), et près de Ramblé est la ville de Diopolis(Diospolis)». Descriptio Terrse Sanctse, t. cxx, col. 264.La carte en mosaïques découverte à Màdaba, en 1897, place Nicopolis dans la plaine et dans la tribu de Dan, à l’ouest de Jérusalem, plus au sud qu’elle ne devraitêtre, mais au sud-ouest de Béthoron. Méditha (Modin)est au nord-nord-ouest, BaTa-Avvaëï), xa’t vùv By]to-Anvaëa, non loin, au nord-ouest, TviSoup (Gazer), à l’ouest unpeu nord; AtoS est plus loin, aussi au nord-ouest. Lestémoignages postérieurs sont identiques pour le fond. —Dans ces diverses indications, on constate des différencesdans les chiffres déterminant les distances. Ces différencespourraient paraître des contradictions ou des indicationsdésignant des lieux différents, si l’on n’obseivait
pas qu’elles s’expliquent d’elles-mêmes par leur contexte.Ces chiffres sont différents parce qu’ils donnent les mesuresde voies d’inégale longueur menant à Emmaûs, etplusieurs d’entre eux n’ont point la prétention d’être desmesures précises et rigoureuses, mais seulement approximatives, à un on deux milles près. Cette remarque faite, il est impossible de ne pas reconnaître que ces donnéesnombreuses, provenant des sources les plus diverses etdispersées à travers les siècles, amènent toutes à un mêmepoint ou à une même localité.
III. Identification. — Les historiens et les géographesarabes citent souvent, depuis le ix «siècle, une localitéde Palestine appelée’Atnu’ds. Ce nom est évidemmentune forme équivalente de 1’'E|i(iao’j{ ou’A(i|iaoOç de laBible. Cette localité est ordinairement nommée avecLoud, Ramléh ou les autres villes de la plaine. Elle estindiquée à la limite des montagnes, à six milles de Ramléh, sur la route de Jérusalem, et à douze milles de laville sainte; elle est à peu près à la même distance decette dernière que l’est le Ghôr, c’est-à-dire la vallée duJourdain. Voir Van Kasteren, ’Amu’âs qarîât Felasfin, dans la revue’El Kenîset-’el Katûlîkiéh, 2° année, n° 13, Beyrouth, 1889, p. 421-423; ld., Êmmaûs-Nicopolis et lesauteurs arabes, dans la Revue biblique, 1892, p. 80-99.Ces indications des écrivains arabes sont identiques àcelles des anciens, et les unes et les autres se rapportentévidemment à la même localité. En prenant le nom de’Âmu’âs pour désigner dans leur version l’Emmaûs desMachabées, les traducteurs arabes de la Bible témoignentde leur persuasion de l’identité et des noms et des lieux.Le nom de’Amo’às ou Amouas existe encore aujourd’hui, porté par un village de la Palestine. Cette localité réaliseaussi exactement que possible et de tous points les donnéesde l’histoire et de la Bible, comme il est facile de s’enassurer en comparant sa situation réelle à la situationque lui tracent les documents et en lisant la description.Aussi les palestinologues s’accordent, presque à l’unanimité, à reconnaître dans l"Amo’âs actuel T’Amo’âsdes auteurs arabes et de la Bible arabe, l’Emmaûs desécrivains anciens, chrétiens ou autres, et l’Emmaûs dulivre I des Machabées. Voir Van Kasteren, études citées; V. Guérin, Judée, 1868, t. i, p. 293-296; de Saulcy, Dictionnairetopographique abrégé de la Terre Sainte, Paris, 1877, p. 131; Von Riess, Biblische Géographie, in-f», Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 21; ld., Bibel-Atlas, 2e édit., in-f», ibid., 1881, p. 10; L. C. Gratz, Schauplatz derheiligen Schriften, nouv. édit., in-8°, Ratisbonne, p. 308; Robinson, Biblical Hesearches in Palestine, in-8°, Boston, 1841, p. 363; G. Armstrong, Wilson et Conder, Namesand Places in the Old Testament and apocrypha, Londres, 1881, p. 55; C. R. Conder, Tentwork inPalestine, in-8°, Londres, 1879, t. i, p. 14-18; Th. Dalfi, Viaggio biblico in Oriente, in-8°, Turin, 1873, t. iii, p. 286; Seetzen, Reisen durch Syrien, Palâstina, in-8°, Berlin, 1859, t. iv, p. 271.
Il faut signaler toutefois une opinion différente. Ceuxqui la défendent admettent un seul Emmaûs biblique, parce que telle est l’assertion bien certaine des Pères etde la tradition locale de Terre Sainte; mais, suivant eux, cet Emmaûs ne peut être’Amo’às; il faut le chercher àsoixante stades de Jérusalem, c’est-à-dire à sept millesromains et demi ou onze kilomètres deux cent vingt mètres.S’il y a des arguments pour soutenir la distinction entrel’Emmaûs de saint Luc et l’Emmaûs des Machabées, iln’y en a point pour contester l’identité d" Amo’às avecl’Emmaûs des Machabées et de l’histoire. Les indicationssont trop nombreuses, trop claires et trop précises. S’iln’y a qu’un Emmaûs, il faut le reconnaître dans’Amo’às.Voir Emmaûs 2.
IV. Description.— i"Les routes. —’Amo’às est situé0° 12* 2° ouest 0° 3’nord de Jérusalem ( fig. 555). La voie laplus courte qui y mène en partant de Jérusalem se diriged’abord vers le couchant, incline ensuite au nord-ouest,
passe au-dessus de Liftah du côté sud, descend près deQolouniéh, où elle laisse, à environ quatre kilomètres àgauche (sud), le grand et beau village de’Aïn-Kârem, lapatrie traditionnelle de saint Jean-Baptiste, gravit la montagnede Qastal, touche à Qariat-’el-’Anéb, puis à Beitoûlet à Ydlô, l’antique Aïalon, situé à trois kilomètres etdemi, un peu plus de deux milles romains, en deçà (est)de’Amo’às, qu’elle atteint du côté nord. La longueurtotale de ce chemin est de vingt-six à vingt-sept kilomètres, c’est-à-dire dix-sept à dix-huit milles romains, selon l’expression des anciens. Cette voie, dont les vestigessont visibles sur la plus grande partie de son parcourset où la route moderne ne les a pas fait disparaître, parait la plus ancienne de toutes. Les Romains, sansdoute pour éviter les pentes raides et difficiles et aussiles vallées profondes par où elle passe, tracèrent uneautre voie. Partant de la porte nord de Jérusalem, ellesuivait le chemin de la Samarie et de la Galilée jusqu’auquatrième milliaire ou sixième kilomètre, un peu au delàde Tell-el-Foûl. S’ëcartant alors dans la direction dunord-ouest, elle passait sous El-Gîb, par les deux Beit-’Our(Béthoron), le haut et le bas, non loin de là tournaitau sud près de Beit-Sira’, pour arriver à’Amo’àsaprès un parcours de trente-trois kilomètres. Ce sontexactement les vingt-deux milles romains de Yltinérairede Bordeaux. Cette voie est reconnaissable dans touteson étendue. Elle est la plus longue, et son tracé paraitfait en vue de faciliter le parcours aux chariots en usagechez les anciens. Une autre voie romaine, dont on peutsuivre les tronçons sur divers points, partait comme laprécédente de la porte nord, mais pour obliquer à peude distance vers le nord-ouest. Elle passait aux villagesactuels de Beit-’Jksa’et de Beddû, laissait à sa droiteQobeibéh, venait rejoindre Qariat-’el-’Anéb, longeaitensuite, du côté sud, l’ouadi’el-Rût, s’en écartait prèsdu Khirbet-’el-Gérâbéh, pour contourner le Râs-’el-’Aqedet gagner’Amo’às par le sud. L’étendue de ce tracé estde vingt-neuf à trente kilomètres, c’est-à-dire environvingt milles romains ou cent soixante stades. La routecarrossable actuelle suit d’abord d’assez près la directionde la première voie, avec laquelle elle se confond quelquefoisjusqu’à Qariat, ou, s’inclinant vers le sud, elleva prendre près de Sâris l’ouadi’Aly, qu’elle parcourtdans toute sa longueur jusqu’à Lafrûn, près duquel ellepasse au vingt-neuvième kilomètre.’Amo’às est au nordde Lafrûn, à un kilomètre. Ce sont encore trente kilomètres, vingt milles ou cent soixante stades.
2° Les confins. — Le village d" Amo’às est bâti surun monticule s’appuyant à l’ouest contre le Râs-’el-’Aqed, dont l’altitude, d’après la grande carte de la Société anglaised’exploration, 1880, fol. xvii, est de 1 250 pieds (405 mètres).En face, au nord du Râs-’el-’Aqed, se dresse le Râs-el-’Abed, avec une hauteur de 1258 pieds (407 mètres 59).Au sud, de l’autre côté de la vallée de Lafrûn, qui terminel’ouadi’Aly, se remarque une colline haute de1180 pieds (382 mètres 32), avec une ruine au sommet, appelée Khirbet Khâtouléh; à côté, à l’ouest, le Râs-Khâter, et au sud-ouest le sommet appelé Ma’aser-el-Khamîs, s’élevant encore de 1 026 pieds (331 mètres 32)>au-dessus du niveau de la mer. Ces sommets (ras), auxformes rocailleuses et abruptes, sont les derniers contrefortsdes montagnes de la Judée. Avec le monticuled" Amo’às, dont l’altitude n’est plus que de 738 pieds(238 mètres 75), commence cette suite de collines ou demamelons aux contours plus doux, couverts d’oliviers oude moissons, qui vont se développant vers l’ouest jusqu’àla mer. Leur altitude s’abaisse insensiblement de 200 etquelques mètres à 65. C’est la région connue dans la Biblesous le nom de Èefèlâh ou «plaine des Philistins». Leregard l’embrasse tout entière de la hauteur où est assis’Amo’às. À un kilomètre au midi, sur sa colline de 260 pieds, qui commande la vallée, avec ses antiques assises tailléesen bossage, les ruines de ses murailles à tours et de son
château, servant aujourd’hui d’étable, le village de Lafroùnparait vouloir justifier l’opinion des palestinologues asseznombreux qui la considèrent comme l’Emmaûs primitiveou son acropole. Cf. Guérin, Guillemot, Van Kasteren, loc. cit. À ses pieds on distingue la voie antique d’Éleuthéropolis(Beit-Djébrîn), dessinant son sillon bordé depierres grosses et brutes à travers les collines du sud, derrière lesquelles se dissimulent, non loin de cette voie, les villages d"ESoua’, probablement l’ancien Eslhaol; ’AïnSemés, jadis Bethsémés, et Sara’, dont le nom
et des Septante. Au nord-ouest, par delà la colline oùnous voyons le village de Qûbâb, nous apercevons deblancs minarets émergeant d’un lac de verdure: c’estRamlèh la musulmane, au milieu de ses jardins d’arbresde toutes sortes. Elle est à treize kilomètres et demi ouneuf milles romains d"Amo’âs et à quarante-trois deJérusalem. L’œil cherche en vain Lydda; elle est à quatrekilomètres, environ trois milles, au nord de Bamlêh, mais disparaît derrière les collines qui s’étendent au nordde Qûbâb. Le chemin direct d"Amo’âs à Lydda le tra.ItZMf. SELEBÏW"
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685. — Carte d’Emmaûs-Nicopolis et ses environs. D’après M. L. HeldeC
demeure le même, tous trois célèbres au temps des Jugesd’Israël. À l’ouest, au sommet d’une colline allongée quicache le village d"Abû-èu&éh, une ferme moderne, ayant de loin l’apparence d’un castel antique, marque laplace d’une cité judaïque, dont les fouilles ont découvertles ruines; Tell-Gézer est le nom de la colline. Une inscriptionbilingue, hébraïque et grecque, gravée sur unrocher, pour marquer la «limite [sabbatique] de Gazera, et découverte par M. Clermont-Ganneau, atteste que cesruines sont bien celles de la Gazer ou Gézeron biblique.Elles se trouvent à six kilomètres (quatre milles), ainsique le dit Eusèbe, à 0°9’au nord d"Amo’âs, dans laposition exacte que lui donne la carte de Mâdaba. Audelà du Tell-Gézer, dans la direction de l’ouest, deuxIlots de verdure indiquent les sites d"Aqer =’Accarondes Philistins et de Yabné = Yamnia ou Yabnah; un troisième, plus au sud, désigne Esdûd = Xiol de la Yulgate
verse et mesure quinze kilomètres ou dix milles; c’estpeut-être celui que suivit le pèlerin de Bordeaux. À huitkilomètres d’'Amo’âs, ce chemin atteint le village d’'Annàbèh, très probablement le Bata-Annabà de la carte deMâdaba. Au nord, sur la première colline qui bordel’ouadi Selmdn, à trois kilomètres d"Amo’às, sont lesruines de Selbit = Selbin, hébreu: Èa’alàbin, ville deDan, Jos., xix, 42; Médieh = Meditha de la carte deMâdaba, l’ancienne Modin, patrie des Machabées, situéesept kilomètres plus au nord dans le même massif decollines, ne se laisse pas voir, non plus que Gimzo, sa voisine, jadis visitée des pèlerins juifs qui se rendaientd’Emmaiis à Lydda. A’Amo’âs, environnée par Selbîtau nord, Yàlô = Aïalon à l’est, ’ESua’= Esthaol versle sud-est, Sara’et Min-Sémés^Bêt-SéméS au sud, nous nous trouvons nécessairement en plein territoire deDan. Cf. Jos., xix, 40-42.
1743
EMMAUS
1744
3° Les ruines. —’Amo’âs (fig. 556) est aujourd’hui unvillage de près de cinq cents habitants, tous musulmans.Formé de maisons bâties avec de grossiers matériaux, il nediffère point par son aspect des villages les plus chétifs dupays. Ça et là cependant le visiteur peut remarquer, dansles murs des habitations, des pierres taillées avec soin, de grand et bel appareil; elles ont été recueillies dans lesdécombres qui couvrent le plateau et les pentes de la collinesur laquelle s’élève le village. Partout la pioche rencontredes pierres régulièrement travaillées, de soixanteà quatre-vingts centimètres de largeur ou même plusgrandes, dispersées sur le sol, des fûts de colonnes, deschapiteaux de marbre, et des arasements de constructions
l’enceinte, existant encore sur une hauteur de trois àquatre mètres, d’une église aux dimensions plus restreintes, embrassant la largeur de la grande nef de labasilique primitive et vingt et un mètres de sa longueur, non compris l’abside. Au fond d’un parvis se rattachantà l’église, au nord, et dont le pavement de marbre subsisteen partie, un petit édicule servait de baptistère. Lacuve, creusée en forme de croix, demeure à sa place.Elle était alimentée par les eaux conservées dans unepetite piscine préparée non loin, à côté de laquelle setrouve un sépulcre vide, de forme judaïque, entièrementtaillé dans le roc. Divers autres tombeaux, égalementcreusés dans le rocher de la montagne, se voient au chevet
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556. — Àmoas. D’après nne photographie do If. L. Hcldet.
spacieuses. Des citernes nombreuses sont remplies dedébris. Naguère les paysans ont découvert les restes d’unétablissement de bains romains. Des inscriptions grecques, latines et hébraïques, en caractères samaritains, ont étérecueillies; plusieurs ont été publiées yarlaRevuebiblique, 1893, p. 114-H6; 1894, p. 253-256; 1896, .p. 433-434; 1897, p. 131-132. Le pourtour des ruines mesure plus de deuxkilomètres; le village actuel en occupe à peine la sixièmepartie; le reste de l’espace est recouvert de plantationsde figuiers, de grenadiers et de cactus. Un ancien capitainefrançais du génie, M. J.-B. Guillemot, croit avoirreconnu les traces d’un mur d’enceinte. À cinq cents pasau sud de ces ruines se voient, au pied de la montagne, les restes d’une basilique romaine. Les trois absides, tournéesvers l’orient, sont debout; l’une a encore sa voûte.Leurs assises sont en blocs magnifiques, dont plusieursont de trois à quatre mètres de longueur. Les nefs ontdisparu; mais les fouilles exécutées par le capitaine Guillemoten ont découvert les arasements. L’église avait quarantemètres de longueur et vingtdeux et demi de largeur, dans œuvre. Les matériaux des murs ruinés forment
de l’église. Plusieurs renfermaient, lorsqu’on les découvrit, en ces dernières années, de ces ossuaires à formede petits sarcophages, si communs dans les tombeauxjudaïques pratiqués vers le commencement de l’ère chrétienne.Sur les dernières pentes de la montagne, dont leflanc entaillé a fait place à la basilique, sont dispersées denombreuses pierres travaillées par la main de l’homme; on y rencontre encore des arasements d’habitations, etaux alentours des pressoirs à huile et à vin: ce sont destémoins de l’existence en ce lieu d’un village sans doutecontemporain des tombeaux dont nous venons de parler.4° Les eaux. — Sur le trivium formé devant l’églisepar la jonction des trois voies antiques d’Éleuthéropolis, de Gazer et de Jérusalem par Cariathiarim, aboutit uncanal dont le tracé contourne Latroûn et vient se perdre, après trois mille sept cents mètres de circuit, non loin dela voie de Jérusalem, au pied du Ràs-’el-’Aqed, au sud.La source qui l’alimentait a disparu. L’exécution de cecanal pourrait paraître étrange, si l’histoire n’en insinuaitpas les motifs. À deux cent cinquante pas, en effet, del’église et au sud du village sont deux grands puits d’eau
vive intarissables, d’une très grande abondance, distantsde cinquante pas l’un de l’autre. Vers la fin de l’été, lorsqueles eaux font défaut presque partout, les bergers viennentencore de toutes parts y abreuver leurs nombreux troupeauxde chèvres, de moutons, de bœufs et de vaches.A peu de distance au-dessous, les habitants montrent untroisième puits comblé; ils l’appellent Bîr-’e(-Tà’ûn, «le puits de la peste,» parce que de ce puits, disent-ils, est une fois sortie la peste pour ravager le pays. Au nord, deux sources limpides sortent des deux côtés du vallonqui passe sous les ruines de la ville, et réunissent leurseaux pour former un ruisseau qui va se perdre assezloin dans la campagne. L’une d’elles est appelée’Aïn-’eltfammâm, «la source des bains,» peut-être parce qu’ellealimentait jadis ceux de la ville. Un canal passait toutà côté, semblant dédaigner ses eaux pour aller en prendred’autres plus à l’est. Étaient-ce celles de 1’'Aïn-’el-’Aqed, qui sont abondantes, au pied du sommet du même nom, à un kilomètre de l"Aïn-’el-Hammam, ou celles d’unequatrième source aujourd’hui desséchée? Ce canal, qui seperd, ne nous conduit plus à son origine. À cinq cents pasau sud de l’église, un marais où s’élèvent toute l’annéede grandes herbes révèle l’existence, en cet endroit, d’uneou plusieurs sources ensevelies sous les terres entraînéesdes collines voisines. Un peu plus au midi, deux norias, dont l’une construite sur une ancienne fontaine, versenttout le long du jour des torrents d’eau, avec lesquels lesTrappistes établis au bas de la colline de Latroùn arrosentleur vaste jardin de légumes et leurs plantations de bananierset autres arbres fruitiers. Vers l’est, le Bir-’el-Ifélû, le Bîr-’el-Qasab et le Bîr-’Ayûb s’échelonnentà partir de Latrùn le long de la route moderne, à troisou quatre cents pas de distance l’un de l’autre, pouroffrir aux passants et aux innombrables caravanes de chameauxvenant de la plaine des Philistins le secours deleurs eaux. Quoique, au témoignage de l’histoire et audire des habitants du pays, plusieurs sources aient disparu, ’Amo’âs ne demeure pas moins dans tout le territoirede l’ancienne Judée, auquel on pourrait joindrecelui de la Samarie, une localité unique pour le nombrede ses fontaines et pour l’abondance des eaux.
V. Histoire. — Si les conjectures de Reland et du majorConder étaient fondées, l’histoire d’Emmaûs commenceraitvers l’époque de l’Exode ou dès la conquête de laterre de Chanaan par les Hébreux; l’histoire certaine decette ville ne remonte pas au delà du temps des Machabées.Le premier fait qui la révèle est le brillant triomphede Judas et de ses frères contre l’armée grécosyrienne, remporté sur son territoire. Après les défaites successivesdes généraux Apollonius et Séron, Lysias, administrateurdu royaume de Syrie au nom c’Antiochus IV Épiphane, avait envoyé en Judée les généraux Ptolémée, Nicanoret Gorgias, avec une armée de quarante mille hommes, pour en finir avec les Juifs et leur religion. Ils étaientvenus camper à Emmaûs, dans la plaine. Prenant cinqmille hommes avec lui, Gorgias s’était avancé dans lesmontagnes, où il espérait surprendre les Juifs. Judas, leurchef, prévenu, se leva avec la petite troupe de trois millehommes mal équipés qu’il avait avec lui, et vint, pour attaquerl’armée gréco-syrienne, se placer au sud d’Emmaûs. Lematin, il s’avança dans la plaine en face du camp ennemi.Les Syriens, voyant les Juifs arriver, sortirent du camppour soutenir la lutte; ils ne purent résister à l’ardeurdes hommes de Judas; ils s’enfuirent du côté de la plaine, dans la direction de Gazer, de l’Idumée ou du sud, deJamnia et d’Azot. Trois mille hommes tombèrent sous lescoups des Juifs, qui s’étaient mis à la poursuite des fuyards.Au moment où Judas regagnait Emmaiis, Gorgias apparaissaitsur la montagne voisine, revenant déçu de sonexpédition. Voyant leur armée en fuite, leur camp incendiéet Judas avec les siens, dans la plaine, prêts au combat, les soldats de Gorgias ne songèrent qu’à s’échapper àtravers la plaine. Les Juifs recueillirent les dépouilles et
éclatèrent en hymnes de louanges, bénissant le Seigneurde ce qu’avait été opéré magnifiquement le salut d’Israëlen ce jour (166-165 avant J.-C). I Mach., m-rv, 25. —Quelques années plus tard, pendant la lutte contre JonathasMachabée, le général syrien Bacchide occupa Emmaûs, la fortifia et y mit une garnison. Josèphe, Ani. jud., XIII, i, 3. Elle était l’une des villes les plus florissantes de la’Judée, en l’an 43, quand Cassius, dont les Juifs ne pouvaientassouvir la cupidité, la réduisit en servitude. Josèphe, Ani. jud., XIV, xi, "2. Hérode, se préparant à conquérir leroyaume que lui avaient donné les Romains, vint s’établir àEmmaûs; il y fut rejoint par Mâcheras, envoyé à son secourspar Ventidius (38 avant J.-C). Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 7; Bell, jud., i, xvi, 6. L’année qui suivit la mort de ceprince (4 de J.-C), et tandis qu’Archélaûs était à Romepour réclamer la couronne de son père, le chef de bandeAthrong, profitant des troubles de la Judée, attaqua prèsd’Emmaûs un convoi romain de ravitaillement, enveloppala cohorte qui l’accompagnait, tua le centurion Arius, etavec lui quarante de ses meilleurs soldats. Les habitantsd’Emmaûs, craignant des représailles de la part des Romains, abandonnèrent la ville. Lorsque Varus arriva pourvenger ses compatriotes, il dut se contenter de livrer laville aux flammes. Ant. jud., XV11, x, 7, 9; Bell, jud., II, iv, 3. On a pensé que le nom de Latrùn ou El-’Atrûnest le nom d’Athrong, attaché par le souvenir populaireà la forteresse d’Emmaûs. J.-B. Guillemot, EmmaûSrNicopolis, p. 12. S’il faut accepter les témoignages desPères, échos de la tradition locale chrétienne, Emmaûsn’aurait pas tardé à voir revenir ses habitants et à setransformer en une modeste bourgade (xwftri). Cléophasy avait sa demeure. Le jour même de la résurrection, elle fut honorée de la présence du Sauveur, reconnu parses disciples à la fraction du pain. Trois ou quatre annéesplus tard, Cléophas aurait été mis à mort, dans sa maisonmême, par les Juifs persécuteurs, et aurait été ensevelidans l’endroit. Cf. Acta Sanctorum Rolland., 25 sept., édit. Palmé, t. vii, p. 4-5. — L’histoire de la Judée supposele relèvement d’Emmaûs vers cette époque: cettelocalité est comptée, en effet, parmi les dix ou onze toparchiesdu pays. Josèphe, Bell, jud., III, iii, 5; Pline, H. N., v, 14. Lorsque les Juifs tentèrent de secouer lejoug de Rome, la toparchie d’Emmaûs fut administrée, avec les toparchies de Lydda, Joppé et Tamna, par Jeanl’Essénien. Bell, jud., II, xx, 4. Au commencement de laguerre, Vespasien, après avoir soumis Antipatris, Lyddaet Jamnia, vint à Emmaûs pour occuper les passages quiconduisent à la métropole; il y établit un camp retranché, qu’il confia à la garde de la cinquième légion, et allade là soumettre les régions du sud. Il revint à Emmaûsavant de marcher contre la Samarie. Bell, jud., IV.vni, 1.Deux inscriptions latines, découvertes à’Amo’âs, sontles épitaphes de deux légionnaires de la cinquième. VoirRevue biblique, 1897, p. 131. L’emplacement du campromain d’Emmaûs, parfaitement reconnaissable, sur unecolline attachée à Latrùn, à moins de cinq minutes nordouest, peut être un argument pour appuyer l’opinion queLatrùn n’était pas distinct d’Emmaûs. Après la guerre, Emmaûs ne cessa point d’être occupée par les Romains, et c’est alors, selon Sozomène, qu’elle reçut le nom deNicopolis, «en souvenir du grand triomphe qu’ils venaientde rempoiier.» Cette appellation de «ville de la victoire», d’après Eusèbe et saint Jérôme, lui aurait été attribuéeseulement en 223. Jules Africain, alors préfet d’Emmaûs, fut député à Rome près de l’empereur, pour solliciter lerétablissement d’Emmaûs, sans doute en tant que villeforte. Il y fut autorisé par Marcus Aurelius Antoninus [Élagabal]. Les ruines indiquent la position delà ville nouvelle, distincte de Latrùn et de la bourgade judaïque, sur lacolline située non loin, où est le village actuel d’'Araou’âs.Le nom de Nicopolis fut alors du moins officiellementreconnu et appliqué à là ville nouvelle. Cf. Eusèbe, C/ironic, Patr. lai., t. xxvii, col. 641; S. Jérôme, De viris
illustribus, lxiii, t. xxiii, p. 675; Chronique pascale, t. xcii, col. 657; Anastase, t. cviii, col. 1200. Jules Africainétait chrétien, et il fut, prétendent quelques-uns, le premier évêque d’Emmaûs. Hébed Jesu, Calai, libr.Chaldœorum, 15, et Catena Corderiana, In Joa., citéspar Fabricius, Patr. gr., t. x, col. 42-43. Cf. Le Quien, Oriens christianus, in-f°, Paris, 1740, t. iii, p. 594.Faut-il lui attribuer la construction de la basilique etdu baptistère? Leurs ruines peuvent se réclamer decette époque, mais aucun document écrit ne les lui attribue.— Tandis que la persécution sévissait ailleurs, on ne voit pas que Nicopolis ait été troublée dans lapratique paisible du christianisme. On connaît quatreévéques de Nicopolis, après l’Africain: Longinus, quisouscrivit, en 325, les actes du concile de Nicée; Rufus, ceux du deuxième concile général de Constantinople, en 381, et Zénobius, dont le nom se trouve au bas dudécret synodal de Jérusalem, porté contre Anthime, Sévère et d’autres hérétiques, en 536. L’évêque Jules, quel’on aurait confondu à tort, selon Le Quien, avec JulesAfricain, mourut sur le siège de Nicopolis, en 913. Ibid., Les pèlerinages durent fleurir à Nicopolis dès le m" siècle.Peut-être est-ce à l’occasion du sien qu’Origène fit connaissanceavec Jules Africain et entra avec lui en relationépistolaire. On disait que le Seigneur, après sa résurrection, était venu avec Cléophas jusqu’au carrefour de troisroutes qui est devant la ville, et que là il avait feint devouloir aller plus loin. Sur ce carrefour était une fontaine, et l’on ajoutait que le Sauveur, passant un jour, [pendantle temps de ses courses évangéliques, ] à Emmaûs avecses disciples, s’était écarté de la route pour aller laver sespieds à la source, dont les eaux à partir de ce momentavaient contracté la vertu de guérir les maladies. Sozomène, H. E., v, 21, t. lxvii, col. 1281. L’afiluence depèlerins que ces souvenirs devaient attirer ne pouvaitplaire à l’empereur Julien; il fit obstruer la source enla recouvrant de terre. Théophane, Chronogr., t. cviii, col. 160, et Nicéphore Callixte, H. E., x, 31, t. cxlvi, col. 536. Cet acte d’impiété n’étouffa pas la dévotion desfidèles. Vingt ans après la mort de l’Apostat, sainte Pauleromaine, avec sainte Eustochium sa fille et probablementsaint Jérôme, s’arrêtait à Nicopolis, «près de laquellele Seigneur, reconnu à la fraction du pain, avaitconsacré la maison de Cléophas en église.» S. Jérôme, EpUtola ad Eustochium, t. xxii, col. 883. Les relationsdu prêtre Virgilius (vers 500) et de Théodosius l’archidiacre(vers 530) témoignent que les pèlerins ne négligeaientpas la visite de Nicopolis. L’année 614, les Persesenvahirent la Terre Sainte. La ville sainte, les égliseset les monastères furent saccagés et brûlés; la basiliqued’Emmaûs dut subir le sort des autres sanctuaires. Vingt-troisans après (637), la Palestine passait sous la dominationdes Arabes. La troisième année de la conquête, la18* de l’hégire, la peste éclatait à’Amo’âs et faisait fuirtous ses habitants, «à cause des puits,» disent les anciensécrivains arabes El-Moqaddassi et Yàqoùt, cités par VanEasteren, ’Amou’âs, p. 414, 415. Saint Willibald, disciplede saint Boniface et depuis évéque d’Eichstadt, voulutaussi, selon le récit d’un de ses anciens historiens, pendantson pèlerinage (723-726), vénérer à Emmaûs lamaison de Cléophas changée’en église et boire à la sourcemiraculeuse. Vita, dans les Acta sanctorum, édit. Palmé, juillet (7), t. ii, p. 515. L’église d’alors devait être l’égliseamoindrie qui remplaça la basilique du ni" siècle. LeComniemoratorium de Casis Dei ou Catalogue des monumentsreligieux de la Terre Sainte, adressé à Charlemagnevers l’an 803, ne la mentionne plus. Le souvenird’Emmaûs n’était cependant pas éteint. Le moine francBernard, dit le Sage, évoque son nom sur son chemin deRamléh à Jérusalem, en 870. Itinerarium, 10, t. jcxxi, col. 571. Le moine hiérosolymitain Épiphane, t. cxx, col. 264, rappelle, vers la même époque, son nom et latradition évangélique qui s’y rattache.’Amo’às était devenu, pendant cette période de la domination arabe, unedes belles et grandes bourgades de l’islam. Moqadassi, Yaqoùt et d’autres, dans’El-Keniset-’el-kâtûlikîéh, Beyrouth, 1889, p. 414, 415, 416. La dernière station descroisés avant de monter à Jérusalem pour en faire le siège, fut au «castel d’Emmaûs». L’armée y fut conduite parle guide sarrasin, qui avait indiqué là «des puits et desfontaines d’eau courante», où les soldats de la croixpourraient étancher leur soif. C’était le 15 juin 1099. Ilsy trouvèrent «non seulement une grande abondanced’eau, mais du fourrage pour les chevaux et grandeprovision de vivre». Albert d’Aix, liv. v, 23, dans Bongars, Gesta Dei per Francos, in-f>, Hanau, 1611, p. 273; Guillaume de Tyr, liv. vii, ibid., p. 743. D’aprèsces récits, l’Emmaûs où campèrent les croisés sembleidentique à l’Emmaûs du livre des Machabées, à’Amou’âs.Lés Francs ne paraissent pas s’en être occupés dans lasuite; ils n’ont laissé aucune trace de leur passage nisur les ruines de l’église ni dans celles de la ville. Si lenom d’Emmaûs se rencontre dans les chartes et les relationsdes pèlerins des xii «et xm «siècles, il est parfoisdifficile de se rendre compte s’il se rapporte à la localitédont nous parlons. À partir du xiv» siècle, les pèlerinsde l’Occident en oublient le chemin, et c’est â peine siquelque drogman l’indique de loin aux voyageurs montantde Ramléh à Jérusalem. Un vague souvenir rappelleencore le nom des Machabées, mais pour donner le change, et l’église aurait été élevée sur le tombeau des sept frères, martyrisés près de l’endroit. Lâtrùn, à cause de sonanalogie avec le nom latin latro, est devenu le Châteaudu bon Larron. Cf. Sebast. Paoli, Codice diplomatico deisacro militare ordine Gerosolymitano, n 0J xx, xxi, xuv, in-f», Lucques, 1733, t. i, p. 21, 22, 45; Boniface Stephani(1562), De perenni cultù T. S., Venise, 1875, p. 99; Quaresmius, Elucidatio Terne Sanctee, lib. vi, peregr. v, cap. i-iii, in-f", Venise, 1639, t.ii, p. 718-721, et la plupartdes relations du xvi c siècle à nos jours. — En 1889, une noble Française, M" 8 de SaintCriq d’Artigaux, fitl’acquisition des ruines de l’église et de l’emplacementdu village judaïque, pour les soustraire à la profanation.Les Trappistes sont venus, en 1890, s’établir sur les pentesouest de la colline de Lâtrùn et y fonder un prieuré.
L. Heidet.
2. EMMAÛS (’Eppaoû; ; Codex Bezæ Cantabr.: OùXaji(i «oû{ et Oulanvmaus; Codex ital. Vercell.: Ammaus; version syriaque: ’Amma’us; un codex syriaque dumont Sinaï: ’Ammu’as; version arabe: ’Ammu’âs et’Amma’us), bourgade de la Judée où le Sauveur, le jourmême de sa résurrection, vint avec Cléophas et un autredisciple, qui le reconnurent à la fraction du pain. Luc, xxiv, 13-35.
Les Pères de l’Église et les anciens commentateursn’ont jamais distingué cette localité de la ville d’Emmaûsdont il est parlé I Mach., iii, 40, etc. Les pèlerins et lesgéographes des siècles passés ne connaissent égalementqu’un seul Emmaûs, quoique depuis le xme siècle ils luiattribuent ordinairement une position autre que les anciens.Le célèbre palestinologue Adrien Reland est le premierqui ait distingué l’Emmaûs dont parle saint Luc del’Emmaûs des Machabées. Il donne deux raisons de cettedistinction. 1° L’Emmaûs des Machabées, d’après les témoignagesunanimes, authentiques et formels de la Bibleet de l’histoire, était située où finissent les montagnes dela Judée et où commence la plaine des Philistins, à ladistance de dix-huit milles romains au moins ou centquarante-quatre stades de Jérusalem; l’Emmaûs de saintLuc, au contraire, d’après le témoignage de l’évangélistelui-même, était à «soixante stades» seulement de la villesainte ou sept milles et demi, donc au cœur même desmonts de Judée. — 2° L’Emmaûs des Machabées était uneville, k6U; , qui fut appelée dans la suite Nicopolis, tandisque l’Emmaûs de saint Luc était un simple village, nwjiT).Il s’agit doue, dans les deux passages, de deux Emmaûs
différents. PaUestina, in-4°, Utrecht, 1714, 1. 1, p. 426-430.Les commentateurs et les géographes contemporains sesont divisés: les uns adoptent la conclusion de Relandet estiment authentique le nombre de «soixante stades», pour la distance de Jérusalem à Emmaûs; les autres s’enrapportent au témoignage de l’antiquité et défendent ladistance de «cent soixante stades», que portent plusieursmanuscrits de l’Évangile selon saint Luc, ignorés deReland.
Les arguments pour et contre se fondent sur troischefs: 1° sur le texte ou le nombre lui-même; 2° sur lecontexte ou l’ensemble des récits de saint Luc et desautres évangélistes; 3° sur la tradition locale ou l’histoire.Mous les résumerons aussi fidèlement que possible, commençantpar les arguments en faveur de la distinction, que suivront les arguments contradictoires, et nous laisseronsle lecteur apprécier la valeur des uns et des autres.La lettre À désignera les premiers, et la lettre B lesseconds.
I. Le texte ou le chiffre de saint Luc. — 1° Lesdocuments. — A). Selon Tischendorf, Novum Testamentumgrsecum, editio octava critica major, in-8°, Leipzig, 1872, p. 724, les manuscrits et les versions ayant y>rxivca, «soixante,» sont les suivants: «A, B, D, K 2, L, N 1, X, T, A, A, une 8, al, pler, itP’° r, vg (exe fu), sah, cop, syr 811, et p (certe apudWhitae excedd plurib), arm"", aeth (sedmilliaria pro axaS.); c’est-à-dire: 1. Manuscrits grecs:
A, le codex Alexandrin, au Musée Britannique, du Ve siècle;
B, le codex du Vatican, du iv «siècle; D, le codex greclatinde Bèze, à la bibliothèque de l’université de Cambridgedu vie siècle; K 2, le codex de Chypre, à la BibliothèqueNationale de Paris, du ix 8 siècle, mais où «soixante» est une correction de seconde main; L, le codex 62 dela Bibliothèque Nationale de Paris, du-vm 8 siècle; N 2, uncodex du VIe siècle dont la partie de saint Luc est à Vienne, où la leçon «soixante» est une correction de deuxièmemain; X, un codex de la bibliothèque de Munich, dela fin du IXe siècle ou du x 8; T, un codex de la bibliothèqueBodléienne d’Oxford, du ixe ou du x 8 siècle; A, uncodex grec-latin interlinéaire de Saint-Gall, de la fin duIX 8 siècle; A, un autre codex de la bibliothèque Bodléienne, à Oxford, du ix 8 siècle. Tous ces manuscrits sonten caractères onciaux. De plus, les huit autres onciauxE, F, G, ii, M, S, U, V, dont le premier est du vin» siècle, les autres du ix° ou du x 8, et la plupart des manuscritsécrits en caractères cursifs. — 2. Les versions ayant «soixante» sont: l’Italique, dans la plupart des manuscrits; laVulgate, excepté le manuscrit de Fulda; la versionsahidique, la copte, la syriaque de Cureton et la syriaquephiloxénienne, du moins dans l’édition deWhite, d’aprèsla plupart des manuscrits; quelques manuscrits de laversion arménienne et l’éthiopienne, dans laquelle on lit «milles» pour «stades». Il faut ajouter la version Peschito.
B).Les manuscrits ayant ÉxiTt>vêÇiQxovTo, «cent soixante.» sont, d’après le même critique (ibid): «w, I, K*, N*, n, 158, 175-9, 223% 237*, 240*, g 1, fu, syn? (ut codi «>), vel pt (ut codd œ' et b " rt>; item apud Barhebrseum), syrir arm (sed variant codd unus CL);» c’est-à-dire: 1. Manuscrits grecs: ii, le codex sinaïtique, aujourd’huià Pétersbourg, du iv 8 siècle, «le plus ancien de tousles manuscrits;» I, un codex palimpseste de la Bibliothèqueimpériale de Pétersbourg, du v «siècle; K*, lecodex de Chypre, à Paris, où la leçon «cent soixante» estdu premier scribe; N% un codex de Vienne, du vi» siècle, où elle est également du premier scribe; II, un codex dela Bibliothèque de Pétersbourg, du ix» siècle. Ces manuscritssont onciaux. Le nombre 158 désigne un manuscritcursif du Vatican, du xi 8 siècle; 175, on autre du Vatican, du x* ou du xi 8 siècle, a la leçon à la marge; 223*, un manuscritde la Bibliothèque impériale devienne, du x a siècle, où la leçon est de la main du premier copiste; 237*, manuscritde Moscou, du x* siècle, provenant du mont Athos,
a la leçon écrite de la première main; 240*, manuscrit del’université de Messine, du x 8 siècle, de même. — 2. Lesmanuscrits des versions portant «cent soixante» sont, pour l’Italique ou ancienne latine: g 1, manuscrit de Saint-Germain, aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale de Paris(lat. 11553), du vme siècle; le manuscrit de Fulda, quisemble le plus ancien de la Vulgate; le manuscrit de laversion syriaque héracléenne de Barsaliba; les manuscritsde la philoxénienne d’Assemani et de la bibliothèque Barberini, en marge; de même dans Barhebncus; les manuscritsde la version syriaque hiérosolymitaine; la versionarménienne, dont quelques manuscrits cependant varient: l’un d’eux a CL. Cf. Gregory, Prolegomena Novum Testanientumde Tischendorꝟ. 3 in-8°, Leipzig, 1884-1891, p. 345-408, etc. Il faut ajouter, d’après Wordsworth, trois manuscrits de la Vulgate. Un manuscrit arabe, provenantdu Caire, aujourd’hui au couvent copte de Jérusalem, a «cent soixante» en marge, «d’après les manuscritsgrecs et syriaques.»
2° Les conclusions. — A). L’évidence diplomatique, d’aprèsle R. P. Lagrange, est en faveur de la leçon «soixante» stades. Les grands onciaux B, D, A, représentent un texteneutre, le texte dit occidental et le texte byzantin, sousune forme très ancienne. Quelque reproche que l’onpuisse faire à chacun de ces manuscrits en particulier, ils représentent certainement des recensions complètementindépendantes; leur accord est pleinement décisif.L’immense majorité des autres est avec eux. Toutes lesversions antérieures à la fin du rv 8 siècle, versions latines, coptes (bohaïrique et sahidique), syriennes (Peschito etCureton), sont d’accord sur «soixante». Les manuscritsayant «cent soixante» portent la marque d’une traditionlocale et d’une recension savante. L’étroite parenté de I etde N a été constatée, et I a été rapporté du couvent deSahit-Saba, près de Jérusalem. K et n forment une autrepaire; ils ont conservé des formes rares semblables.L’influence de Tite de Bosra, un disciple d’Origène, paraits’être exercée parmi les cursifs par les Catense. Les versionssyriaques héracléenne et hiérosolymitaine, le Sinaïtiquelui-même, ont eu des affinités incontestables avec la bibliothèquede Césarée, c’est-à-dire avec Eusèbe et Origène.La version arménienne est une traduction savante, fréquemment d’accord avec Origène. Le Codex Fuldensisde la Vulgate ne peut garantir que telle était la traductionde saint Jérôme, et il porte la trace d’une main savante.La tradition ancienne des manuscrits, la tradition universelle, la tradition inconsciente et sincère, sont en faveurde «soixante». La leçon «cent soixante» est une leçoncritique inspirée par l’autorité d’un maître, très probablementOrigène, influencé lui-même par une traditionlocale née d’une confusion et de la disparition du véritableEmmaûs. Origène, la critique textuelle et la traditiontopographique, dans la Revue biblique, 1896, p. 87-92; cꝟ. 1895, p. 501-524.
B). Après avoir recensé les documents et les témoignagesen faveur de la leçon «cent soixante», Tischen*dorf, dont la compétence critique n’est pas à établir, conclut, au contraire, Novum Testamentum, t. i, p. 725: «Les choses étant ainsi, il n’est pas douteux que l’écritureéxâ-rov Uïjxovto ne soit d’une insigne autorité, àcause de sa suprême antiquité dans le monde chrétien.» L’existence de la leçon «cent soixante» est constatée dèsle m 8 siècle. Les scholies des cursifs du x 8 siècle et du xi 8, désignés dans les listes par les n M 34 et 194, attestentque cette leçon est la meilleure, parce qu’ «ainsi portentles manuscrits les plus exacts, dont la vérité est confirméepar Origène». Ibid., p. 724. Origène est le témoinde la leçon et ne peut être accusé d’en être l’auteur.(Voir plus loin.) Le codex du Vatican, le premier témoinde la leçon «soixante», et l’unique pour le texte grec auiv 8 siècle, est postérieur au Codex Sinaiticus. Le manuscritde l’Italique de Verceil est pour toutes les versions leseul témoin du iv* siècle pouvant être cité avec le Vati
cattus. Le manuscrit syriaque de Cureton, les manuscritsde l’Italique du ve au vie siècle, de la Vulgate du VIIe auVIIIe, de la Peschito du VIe au IXe, des versions égyptiennes, dont les plus anciennes, pour le passage de saintLuc, sont du xiie siècle, du XVe ou du xviie seulementpour la sahidique, et du xviie pour l’éthiopienne, nepeuvent être appelés, alors qu’ils n’existaient pas, commetémoins de l’état de ces versions au IVe siècle ni garantirque telle était la leçon primitive. Le codex du Sinaï et laleçon «cent soixante» ont avec eux Tite de Bosra, vers 360, cité par la Chaîne d’Oxford ( Tischendorf, p. 731); Kusèbede Césarée, lorsqu’il indique Emmaûs à Nicopolis, quiest à cent soixante stades, et saint Jérôme de même à dixreprises différentes. Si le Fuldensis, le plus ancien manuscritde la Vulgate ayant le passage en question, negarantit pas que telle était la traduction de ce Père, appuyé de ses témoignages en faveur de Nicopolis et destrois manuscrits cités dans l’édition de Wordsworth, ilest du moins le motif d’une forte présomption pour laleçon «cent soixante». Au Ve siècle, l’Alexandrin, le syriaquede Cureton et trois ou quatre manuscrits de l’Italiquesont favorables à «soixante». Le Pétropolitain estpour «cent soixante»; il a avec lui les témoignagesexternes d’Hésychius, t. xciii, col. 1444, florissant, selonThéophane, en 412; de Sozomène et de Virgilius, citésEmmaûs 1. C’est le témoignage de l’Église de Jérusalem.Ce témoignage confirme la leçon «cent soixante» pourla version syriaque hiérosolymitaine, très probablementen usage au ive siècle, certainement avant 600. Gregory, Prolegomena, p. 812-813. Les "formes aramaïques de lalangue de cette version, voisine de la langue des Targums, permettent de croire qu’elle est, sinon la traduction primitivede l’Eglise judaïcochrétienne du Ier siècle, dumoins une recension de cette version. La plus haute anciennetétémoigne évidemment, soit par les documents, soit par les témoignages des Pères, en faveur de «centsoixante». — Cette leçon réclame aussi pour elle l’universalitéà cette époque. L’origine des manuscrits N, I, N, est indiquée par les «formes alexandrines qui les caractérisent». La note marginale du manuscrit arabe de Jérusalematteste que la leçon a été fort répandue en Egypte.Le codex K constate sa présence en Chypre, et le textede Constantinople qu’il reproduit, le lieu d’où la leçon estvenue en cette île. Le texte n est également le Constantinopolitain, semblable à celui des onciaux E, F, G, II, K, M, S, U, V, T, À; le manuscrit est sorti de l’Asie Mineureet de Smyrne. Les cursifs du mont Athos confirment sadiffusion à travers l’empire de Byzance. Avec Tite deBosra, cité par la Chaîne d’Oxford, on trouve la leçondans le Hauran et dans l’Arabie. Les manuscrits de Bar-Saliba, les notes des Codex Assemani et Barberini, lamontrent couvrant par la version philoxénienne ou héracléennela Syrie supérieure et la Mésopotamie; par laversion arménienne du Ve siècle, elle occupe les régionsorientales les plus extrêmes du monde chrétien. Le Fuldensis, les autres manuscrits de la Vulgate et le Sangertnanensistémoignent qu’elle n’était pas ignorée en Occident.La leçon «cent soixante» était donc partout. — «Cent soixante» semble la seule leçon connue des Pères; ils désignent Emmaûs à cette distance sans paraître sedouter de l’existence de la leçon ce soixante». Si elle eûtété en leur connaissance et commune, la contradiction étaittrop évidente, et le silence de saint Jérôme serait bienétrange; celui d’Hésychius, dans l’exposé de ses Difficultés, lac. cit., serait plus inexplicable encore. Ils avaientcependant entre les mains des manuscrits nombreux dutexte et des versions, et la lecture reçue dans les diversesÉglises ne pouvait leur être cachée. En ce même temps, le Vaticanus devait être exécuté en Egypte et probablementà Alexandrie, d’une des mains qui avaient achevéle Sinaïtique. C’est de ià que sort le codex Alexandrin, comme son nom l’indique; c’est en Egypte qu’a été trouvéle codex syriaque de Cureton. Le manuscrit de l’Italique
de Verceil existait en Occident. Il n’était peut-être pasl’unique où la variante se rencontrait. Les relations étaientfréquentes entre l’Italie et Alexandrie, et l’influence réciproquese manifeste dans une multitude de formes communesentre les manuscrits alexandrins et occidentaux. «Les formes dites alexandrines abondent plus dans lemanuscrit D que dans les autres,» et la version latinequi l’accompagne indique qu’il fut fait par l’ordre d’unepersonne du monde latin et pour son usage privé. Lemême motif, la destination particulière de ces manuscrits, doit sans doute expliquer pourquoi eux et leur leçon sontignorés des Pères. «Cent soixante» apparaît ainsi, auxIVe et Ve siècles, comme la seule leçon généralementconnue et officiellement adoptée pour Tusage des Églises, tandis que «soixante» semble une leçon égarée dansquatre ou cinq manuscrits réservés à l’usage de quelquespersonnes privées, probablement d’origine occidentale.Dans les siècles suivants, il est vrai, la situation respectivedes deux leçons se modifie. «Soixante,» qui à traverstout le VIe siècle, parmi les manuscrits grecs, netrouve encore pour lui que le seul oncial D (la correctionde N est postérieure), commence, aux VIIe et vin» siècles, à compter plusieurs évangéliaires, qui se multiplient auIXe et au Xe, et auxquels s’ajoutent, à partir du Xe, ungrand nombre de manuscrits cursifs des Évangiles et plusieursonciaux. Les versions italique et syriaque peschiloavaient commencé à lui donner la prépondérance numériquedès le vie siècle. Au xme, «soixante» est généralementadopté; seules les notes marginales protestent qued’innombrables manuscrits, les meilleurs et les plus anciens, ont «cent soixante». Aux XVe et xvi 6 siècles, cetteleçon est seule admise partout, excepté dans l’Église arménienne, qui jusqu’aujourd’hui, chez les catholiques commechez les grégoriens, continue à recevoir seulement laleçon «cent soixante». Voir Gregory, Prolegomena, p. 359, 360, 369, 809, etc. La majorité des documents plus récentsest pour «soixante», mais la majorité ancienne et primitivedes témoins est pour «cent soixante»; quoique numériquementmoins considérable, la deuxième offre incontestablementune garantie plus grande. — Toutefois le plusgrand nombre n’est pas le critérium suprême pour reconnaîtrel’authenticité d’une leçon ou d’un chiffre. Ilpeut varier et se tourner vers l’erreur. Plus d’un chiffre, dans la Bible, a pour lui le grand nombre, quelquefoisl’unanimité absolue des manuscrits, des versions, desrecensions, des éditions, qui est généralement reconnude tous pour erroné. La valeur intrinsèque des témoignageset l’autorité des témoins doivent être appréciéesplus que le nombre. À ce titre, la leçon «cent soixante» se recommande indubitablement plus que «soixante». Lepremier et principal témoin en faveur de «soixante», leVaticanus, se distingue par des erreurs et des omissionstrès nombreuses de mots entiers, et doit être tenu poursuspect d’avoir omis parmi eux le chiffre «cent». Ellesne sont pas rares dans le codex de Bèze, D, et, ce quiest plus grave, son auteur ne s’est point fait scrupulede modifier son texte en y introduisant de fréquentes interpolations.L’Alexandrin, soupçonné par Hort et Cerianid’avoir été exécuté à Rome, à cause des influences occidentalesqu’il accuse avoir subies, ne doit pas être moinssuspect que la version Italique. Cette version, aprèsle Vaticanus le plus ancien et le plus important témoinpour «soixante», pullule d’erreurs les plus grossièresen tout genre. Saint Jérôme l’atteste, Epist. xxru, adMarcellam, t. xxii, col. 431-432, et ad Damasum, t. xxix, col. 525-530, et son témoignage est trop confirmé parl’examen du codex de Verceil, le plus ancien documentde cette version, et par les autres. C’est ce qui obligeale pape Damase à recourir au saint docteur pour luidemander une recension plus exacte. Tels sont les plusanciens et les plus solides fondements de la leçon «soixante». Les manuscrits ayant «cent soixante», sansêtre exempts d’erreurs, sont certainement plus exacts. Le
Sinaiticm en renferme beaucoup moins que le Vaticanus iet a très peu d’omissions. Le Cyprius K se fait remarquer |€ parmi la plupart des manuscrits ayant le texte constantinopolitainpour être de bonne note». Le texte de II est jordinairement meilleur que celui de la plupart de sescongénères E, F, G, ii, K, M, S, U, V, V, A. Le texte du iSinaïtique est en grande partie formé de leçons appeléespar Westcott et Hort pré- syriaques, pour leur caractèrespécial d’antiquité; les mêmes leçons se retrouvent nombreusesdans le Cyprius. Cf. Gregory, p. 300, 346, 357, 359, 370, 380. La version arménienne, exécutée après degrandes recherches, pour trouver le texte le plus pur etle plus sûr, a pu être appelée par La Croze «la reine desversions», comme rendant la mieux le texte grec. Gregory, p. 912. Les traducteurs de la version hiérosolymitaineet ses copistes se trouvaient dans la meilleure situationpour éviter toute erreur sur une leçon topographique.Les témoins externes, copistes ou docteurs, qui noustransmettent ou recommandent la leçon «cent soixante», Victor de Capoue, Tite de Bosra, saint Jérôme, Eusèbe, Hésychius, les auteurs des Chaînes, Origène, étaient certesdes hommes éclairés, instruits, sincères, attentifs; ilsavaient entre les mains, plus que nous, des documentsleur permettant de fonder un jugement sur; ils sont lesplus compétents pour nous garantir l’authenticité d’uneleçon. Si nous trouvons «cent soixante» dans les exemplairesd’Origène et des anciens, c’est que les manuscrits! qu’ils copiaient avaient déjà «cent» et que sa lecture était’la plus sûre, nous devons en être moralement certains.Plus tard, quand déjà le courant pour «soixante» prévalait, les rédacteurs des Chaînes et les copistes favorables jà «cent soixante» ne se sont pas permis d’introduire «cent», qu’ils croyaient la leçon vraie; ils l’ont indiquée, en marge. Les critiques pour «soixante» ont été moins
; scrupuleux: sur les dix manuscrits ayant < cent soixante»
que nous possédons, cinq, K, N et trois minuscules, ontété corrigés, non par une note marginale, mais par lasuppression de «cent» dans le texte même. Il ne seraitpas téméraire de les accuser d’avoir supprimé volontairement «cent» dans les copies exécutées par leurs soins.Si «cent» n’est pas une interpolation volontaire d’Origèneou de quelque autre critique, rien dans le contexte nepouvait amener «cent» sous la main du copiste, et cechiffre ne peut être une addition voulue. Il en est autrementde «soixante». Si le scribe du Vaticanus, qui a pulire «cent soixante» dans le Sinaitieus, auquel il avaitmis précédemment la main, n’a pas supprimé volontairement «cent», il a dû l’omettre inconsciemment, commetant d’autres mots. La même omission pouvait se reproduirespontanément sur divers points. Une fois la varianteintroduite, «soixante» avait toutes les chances, exceptéen Palestine, de se faire recevoir partout, «cent soixantestades» devant paraître à tous, comme elle le paraît à laplupart de nos critiques modernes, une distance impossible.La leçon «soixante» paraît une leçon ou fondée surcette fausse critique ou née d’une omission inconsciente, à Rome ou à Alexandrie; et «cent soixante» la leçonoffrant les meilleurs gages, ou même les seuls, de véritéet d’authenticité. Ce sont les conclusions qu’une critiqueimpartiale peut tirer de l’examen des documents et du.texte. Pour accuser Origène, il faut le faire à priori. Lesmanuscrits protestent, et l’histoire avec eux.
3° L’autorité de la Vulgate. — A). Saint Jérôme, enadoptant la leçon «soixante» pour la Vulgate, s’est dédoubléet a déclaré comme critique quel est son sentimentsur la valeur des deux leçons; le concile de Trente, endéclarant, session IV, Decretum de éditions et usu SacrorumLibrorum, la Vulgate de saint Jérôme «authentique» dans son ensemble et toutes ses parties, a approuvé laleçon, et elle doit être reçue pour authentique par toutel’Église.
B). Que la leçon «soixante» soit la leçon adoptée parsaint Jérôme, c’est fort douteux; il est plus probable
qu’elle est une des erreurs des scribes postérieurs, influencésprobablement par la leçon de l’ancienne Latine. Serait-ellecertainement de saint Jérôme, il ne résulte pas de làqu’il la reconnaît pour la leçon authentique ni même pourla plus sûre. Il affirme lui-même n’avoir corrigé dansl’ancienne version que le sens des phrases corrompues, etavoir laissé subsister tout le reste. Prsef. ad Damasum, t. xxix, col. 528. Le concile de Trente n’a pas entenduconsacrer comme authentique chaque leçon de la Vulgate, ni les inexactitudes que son auteur lui-même reconnaîtavoir laissées, encore moins celles des copistes postérieurs; il n’a pas voulu non plus préférer la Vulgate auxtextes originaux; il a approuvé l’œuvre de saint Jérômeen général et a décrété que l’Église latine en ferait usageplutôt que des autres versions de cette langue, rien deplus. C’est ce que professent les éditeurs de l’édition Vaticanede 1592, dans la Prsefatio ad lectorem; c’est ce quereconnaissent les commentateurs, les théologiens et leshistoriens ecclésiastiques. Voir F. Vigouroux, Manuelbiblique, 10e édit., Paris, 1897, 1. 1, p. 223-234, et les auteursqui traitent de la question. Chacune des deux leçons demeure, après le décret du concile comme avant, avec lavaleur que lui confèrent et les documents et l’histoire.
II. Le contexte de saint Luc et des autres évangélistes.— A). Les récits comparés des Évangiles, Luc, xxiv, 13-36; Joa., xx, 19; Marc, xvi, 12, ne comportentpas, disent un grand nombre de commentateurs et depalestinologues, le nombre de «cent soixante stades» pour la distance d’Emmaùs à Jérusalem, et demandent «soixante». — 1° Il n’est pas possible que Cléophas etson compagnon aient pu parcourir en une même journéedeux fois un chemin d’environ sept heures, c’est-à-direprès de quatorze heures. Tischendorf, Novum Testant., p. 725. — 2° D’après saint Jean, «comme c’était le soirdu même jour, le premier de la semaine, et que les portesoù étaient les disciples étaient closes par crainte des Juifs, Jésus vint et, se tenant au milieu d’eux, leur dit: La paixsoit avec vous!» Cette apparition eut lieu après le retourdes disciples d’Emmaùs. Cf. Luc, xxiv, 30. Les Juifscomptaient leurs jours d’un coucher du soleil à l’autre.Le soir du même jour ne peut s’entendre que du momentassez court qui avoisine le coucher du soleil, qui a lieuvers six heures au temps de la Pàque. Les disciples étaientarrivés à Emmaùs m sur le soir», quand m le jour inclinaitdéjà vers son déclin». Luc, xxiv, 29. Si les disciplesavaient dû parcourir cent soixante stades, ils n’auraient
! pu être de retour pour le moment déterminé par saint
Jean. — 3° Les disciples étaient sortis, selon saint Marc, pour une promenade à la campagne, rapmaToOo-iv ètpavEpw9r|… ?iopeiJoijivoi; eï; àyp° v; un chemin de cent soixantestades n’est plus une promenade, mais une marche forcée.
— 4° Si cette distance était exacte, elle ne pourrait convenirqu’à Emmaùs, qui fut plus tard appelé Nicopolis; mais cet Emmaùs était une ville et non un village, commeétait celui où se rendait Cléophas. Même une ville détruiteconserve le nom de ville. Il faut donc reconnaître quele chiffre «cent» a été ajouté à tort. Emmaùs doit êtrecherché à soixante stades.
B). Non seulement, disent d’autres commentateurs, ladistance de cent soixante stades n’est pas en contradictionavec les récits évangéliques, elle est même la seulequi s’adapte à la narration de saint Luc, qui la réclame.
— 1° Le double trajet de deux fois cent soixante stadesou soixante kilomètres pour l’aller et le retour en unjour est assurément une marche qui n’est pas ordinaire.Elle demeurera une marche forcée même en supposant, ce qui est probable, que le nombre cent soixante est unnombre rond et que les disciples ont pris des raccourcisréduisant la route à cinquante-trois ou cinquante - quatrekilomètres. Des vieillards, des personnes faibles, sontincapables de faire pareilles étapes; mais un homme deforce ordinaire peut le tenter dans un cas urgent etextraordinaire. Il n’est pas de semaine que des habitants
<T’Amo’às n’accomplissent ce voyage pour leurs affaires.Douze ou treize heures, y compris un arrêt de deux outrois heures, leur suffisent. Cléophas, si le disciple dontparle saint Luc est le même que l’histoire dit être le pèrede saint Siméon, successeur de saint Jacques sur le siègeépiscopal de Jérusalem, était d’une famille de constitutionrobuste. Siméon mourut vers l’an 106, à l’âge de cent vingtans, crucifié par les Romains, comme parent du Christ.Ses bourreaux étaient étonnés de la force de ce vieillardpour soutenir son supplice. Le second disciple d’Emmaùs, appelé Simon par Origène, Comment, in Joa., i, 7, t. xiv, col. 33; 10, col. 40, est peut-être Siméon lui-même, cesnoms en hébreu ne sont pas différents. À l’époque de larésurrection du Seigneur, Siméon avait environ quarante-deuxans, Cléophas son père pouvait avoir de soixante-cinqà soixante-dix ans; c’était le milieu de sa carrière, le temps de la vigueur. Reposés, fortifiés par le painconsacré par le Maître, remplis d’allégresse, brûlant deporter l’heureuse nouvelle à leurs frères, il ne pouvaity avoir ni distance ni fatigue pour eux. Pour hâter leurretour, rien ne les empêchait de recourir à quelqu’unedes montures alors en usage en Palestine; mais ellesn’étaient point nécessaires. — 2° Saint Jean, comme saintLuc, leur laisse la latitude de temps convenable pourfranchir les vingt-six ou vingt-sept kilomètres qui, enligne directe, séparent’Amo’às de Jérusalem. «Il n’ya pas lieu de s’étonner, dit Hésychius, qu’ils soient allésen un même jour de Jérusalem à Emmaùs et d’Emmaùsà Jérusalem. Il n’est pas écrit que c’était le soir, éunépoc, quand ils arrivèrent près du.bourg d’Emmaùs; mais «vers le soir», 7tpb «è<rrclp «v, «alors que le jour penchaitvers son déclin», xéxXixev ijôv] -< ïijiipa; de sorte qu’ilétait à peu près huit ou neuf heures (deux ou trois heuresaprès midi), parce qu’à partir de la septième heure (uneheure après midi), le soleil penche déjà vers le soir. Lesdisciples durent, dans l’excès de leur joie, plutôt courirque marcher^ pour annoncer le miracle, et durent arrivertrès tard; car notre usage est d’appeler è^t’a, «soir,» letemps jusqu’à une heure très avancée de la nuit, tô [ «ixP 1itoXXoO trti vuxto; nocpKTei’vopievav (jipo; .» Collectio difficultatumet solutionum, lvii, t. xciii, col. 1444-1445.L’interprétation d’Hésychius est confirmée par un passagedes Juges, xix, 8-14. On y constate la coutume chez lesJuifs d’appeler «déclin du jour» tout le temps à partir dumidi, et «soir, heure très avancée», les premières heuresde l’après-midi.’Eù>; xXïvai rf|v Yipiépav, «jusqu’à ce quele jour incline,» Vulgate: donec succrescat dies, y désigneclairement l’heure de midi; xéxXixev (al. j)! tMvy)<tev, «baisse» )» j|iépa cîç Éaitépav, dies ad occasum decliviorsit et propinquor ad vesperam, s’y rapporte à environdeux heures après midi (et selon Josèphe, Ant. jud., V, II, 8, s à peu près à midi,» ra pi Seîàtjv); t, r, [iépa icpo6e6f, xei (al. xcxXîÎxok) ufôSpoc, dies mutabatur in noctem, veut dire «une heure avant le coucher du soleil». Lesdistances de Bethléhem à Jérusalem et à Gabaa, ainsi queles circonstances du voyage, ne laissent pas de doute àcet égard. Les disciples, arrivés à Emmaùs à deux outrois heures au plus tard, étaient prêts à repartir à quatreheures, et à neuf ou dix heures au plus pouvaient êtrede retour au cénacle. La remarque de saint Luc: «ilstrouvèrent les onze réunis,» semble indiquer que l’heured’être réunis était passée. — L’expression de saint Jean: oûo7|{ o+îa; tt) ifiiispoc Ixetvr) ttj (iià oo66aTùv, cum seroesset die Mo una sabbatorum, doit signifier: c le soir,» ou: «la nuit qui suivait ce jour, le premier de la semaine,» et ne détermine nullement l’heure du coucher du soleil.Saint Jérôme, interprétant les paroles de saint Matthieu, xxviii, 1, dit: id est SERO, non incipiente nocle, sedjamprefunda et ex magna parte transacta; c’est-à-dire: «le soir, non au commencement de la nuit, mais alorsqu’elle était en grande partie passée.» Epist. cxx, adHedibiam, c. iv, t. xxii, col. 987-988. Saint Matthieu étaitJuif, parlait à des Juifs, et entend très certainement la
nuit qui suit le samedi..Saint Jean, écrivant pour lesgentils, n’avait pas d’ailleurs à observer la distinction desjours d’après l’Usage de la synagogue. — Le récit de saintLuc, comparé aux récits des autres évangélistes. supposela distance de cent soixante stades. Cléophas et soncompagnon étaient du nombre des disciples résidant aucénacle avec les Apôtres. Ils étaient là quand les saintesfemmes étaient venues annoncer l’apparition des anges, et ils s’y trouvaient encore quand Pierre et Jean étaientretournés du sépulcre. Madeleine était demeurée au tombeauaprès le départ de Pierre et Jean; c’est alors quele Seigneur lui était apparu. Joa., xx, 10-18. Elle s’étaitempressée de courir l’annoncer aux disciples. Cléophaset son compagnon étaient alors partis, car ils ignoraientcette apparition. Cf. Luc, xxiv, 10-Il et 22-24. Ces démarchesdemandèrent au plus une heure et demie; à septet demie, peut - être plus tôt, Madeleine devait être deretour pour annoncer la résurrection. Selon saint Marc, xvi, 9, l’apparition à Madeleine fut la première et dutavoir lieu de grand matin. Cf. S. Jérôme, Epist. cxx, t. xxii, col. 987. Les deux disciples étaient donc partis defort bonne heure, entre sept heures ou sept et demie auplus tard. Il est inadmissible que ces hommes craintifs, qui s’étaient enfuis et cachés les jours précédents, quile soir fermeront solidement leur porte «par crainte desJuifs», en apprenant la disparition du corps de Jésus, soient allés, avant leur départ de la ville, s’exposer à larencontre des magistrats ou des prêtres. Ils marchaient «tristes» et fuyaient les hommes. Luc, xxiv, 17. Arrivésà Emmaùs certainement après midi, ils avaient marchéenviron six heures. Le Seigneur avait eu le loisir de leurexpliquer en marchant, «en commençant par Moïse, tousles prophètes et toutes les Écritures qui le concernaient.» Luc, xxiv, 27. Six heures, c’est exactement le tempsnécessaire pour parcourir cent soixante stades ou trentekilomètres. — 3° Il ne s’agissait guère en ces circonstances, à la suite des événements des jours précédents, d’une promenade de fête; il s’agissait de s’éloigner de laville, et; iypov. — 4° Emmaùs n’était plus une ville; ruinéet devenu un simple village, il ne pouvait être appeléautrement, non plus que ne l’est’Amo’às aujourd’hui, que ne l’est Jéricho et tant d’autres localités de la Palestine.
III. La tradition locale et l’histoire. — A). Un grandnombre de palestinologues se sont d’abord adressés à latradition onomastique, lui demandant si elle ne connaissaitpas un Emmaùs à soixante stades de Jérusalem. —1° Mrs Finn et quelques autres ont pensé que la localitéappelée aujourd’hui Ortâs (voir fig. 557) devait avoir été appeléeEmmaùs. Ortâs est un petit village de cent cinquantehabitants, situé dans la vallée où sont les célèbres vasquesdites de Salomon, à l’est de ces dernières. Une source assezabondante jaillit près du village, au milieu de ruines ancienesdésignées sous le nom d’El-ffammâm; c’est lareproduction arabe de l’hébreu Jlammi ou Jf animât, dontEmmaùs serait la transcription grecque. Ortâs est à douzekilomètres = soixante stades au sud de Jérusalem. Voirles indications bibliographiques à la fin. — 2° M. Conderpropose de reconnaître Emmaùs dans Khamséh ou Ifamasgh, ruine d’un petit village près de laquelle on voit unesource abondante et les restes assez bien conservés d’uneéglise de l’époque des croisés. Ce khirbet est à dix-septou dix-huit kilomètres sud-ouest de Jérusalem, ou dequatre-vingt-cinq à quatre-vingt-dix stades. — 3° Sepp, Reischl, Gaspari, Weiss, Schûrer et plusieurs autresapportent divers arguments pour prouver que Qolouniéhest Emmaùs. Les Talmuds, Sukkah, iv, 5, attestent que< Kolonia, c’est Môsa’». C’est probablement la localitéappelée par Josèphe, Bell, jud., VII, vi, 6, Emmaùs, situéeà «soixante stades» de Jérusalem, comme dit saintLuc. Des manuscrits disent «trente stades». «Trente» està peu près la distance exacte. «Soixante,» chiffre rond, a pu être rattaché par l’évangéliste à quelqu’une des loca
lités plus éloignées, qui sont comme les faubourgs deQolouniéh, à Beit-Mizzéh, dont le nom est identique àMosa’ou Ha-Môsa (Vulgate: Amosa), ou à Qastal, le châteaude Qolouniéh, ou encore à quelque autre endroit pluséloigné. — 4° M. Mauss croit que la tradition historiquedésigne Qariat-’el-’Anéb, le village ^’Abû-Ghoi, situé àenviron treize kilomètres à l’ouest de Jérusalem. Les croisésl’ont reçu pour Emmaûs. Tous les documents des xir 3 etXIII’siècles indiquent Emmaûs à trois lieues à l’occidentde Jérusalem et à deux de la patrie de saint Jean-Baptiste.H y avait là une fontaine vénérée. «A.iij. liuz de lheruDémaus» à un quart de lieue vers le nord de la fontaineet de l’église de Saint-Jérémie: c’est le nom que les pèlerinsdonnaient, au xvii» siècle, à l’église d’Abou-Ghosch.Sa relation manuscrite est à la bibliothèque de la ville deMarseille. Ce pèlerin désigne sans doute le village de Beil-Naqûba’, dont il aura pris le nom, ainsi que plusieursautres pèlerins, pour une corruption de Nicopolis, prononcépar eux Nicopol et Nicopo. Beit-Naqoùba* est à unkilomètre est d’Abou-Ghosch, à douze kilomètres ouest deJérusalem, au nord de la route de Jaffa. — 6° Les relationsd’autres pèlerins du xiv» siècle au xviie désignent
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567. — Sites divers attribua h l’EmmaOs de l’Évangile.
salem, dit une description de l’époque, par devers soleilVespasien établit une colonie de huit cents vétérans, etcouchant, avait une fontaine que l’on apelait la fontainedes Emauz. Le chastel des Emauz est de lez. On disaitqu’à celé fontaine s’assit Nostre-Sire avec ses.ij. disciples, quant ils le connurent à la fraction du pain.» Pèlerinagesfrançais des xii’et xiw siècles, in-8°, Genève, 1882, p. 159. Cf. ibid., p. 47, 99, 104, 170, 186; Fretellus, Loca Sancla, t. clv, col. 1050; Jean de Vurzbourg, DescriptioT. S., ibid., col. 1079; Burkard, Descriptio T. S., 2e édit. Laurent, in-4° Leipzig, 1872, p. 77-84; Ricoldi, ibid., p. 113. Plusieurs autres donnent les mêmes renseignements.La source d’Abou-Ghosch, renfermée dans lacrypte de l’église, est la confirmation authentique et indubitablede la tradition mentionnée par les documents. —5° Le P. Borelly, dominicain (1668), signale les chasteau
les ruines de Beit-’Vlma’, situées à six kilomètres àl’ouest de Jérusalem et à un kilomètre environ en deçàde Qolouniéh et de Beit-Mizzéh. Ils auront pensé reconnaîtredans ce nom celui d’Oulammaûs, donné à Emmaûspar le Codex Bezse, D. De nombreuses indications peuprécises paraissent désigner encore divers autres endroits.— 7° D’après le Fr. Liévin de Hamme, Guide-indicateurde la Terre Sainte, 4e édit., 3 in- 12, Jérusalem, 1897, t. ii, p. 248, l’Emmaûs évangélique de la tradition c’estQobeibéh ( fig, 558), petit village musulman de troiscents habitants, situé à douze kilomètres et demi (environ60 stades) au nord-ouest de Jérusalem. Un grand nombred’écrivains ont aujourd’hui accepté cette opinion, et Qobeibéhest, à ce titre, généralement visité par les pèlerins.Près du village, à l’ouest, se trouve un couvent des Franciscains, avec un hospice pour les pèlerins et une cha
pelle bâtis sur les raines d’un ancien monastère. Près ducouvent, à l’est, se voient les ruines d’une belle églisede l’époque des croisades, de trente mètres de longueursur vingt-deux et demi de largeur. La nef de gaucheenclavait les restes d’une construction plus ancienne, dedix-huit mètres vingtcinq centimètres de longueur surneuf mètres de largeur. Des bâtiments accessoires dépendantdu couvent primitif avoisinaient l’église; ils n’ont pasété relevés. Selon les Pères Buselli et Domenichelli, 0. M., le nom de Qobeibéh serait une transformation du nomNicopolis, donné constamment par les chrétiens anciensà Emmaiis. Les premiers témoins de cette tradition sontsainte Sylvie, citée, d’après le professeur Gamurrini, par
témoignent de la vénération des fidèles pour ce sanctuaire.A cette distance quel pourrait-il être, sinonEmmaûs? et cette maison antique, précieusement conservéedans l’église, quelle serait-elle, sinon, commel’attestent une multitude de pèlerins, la maison de Cléophastransformée en église dont parlent les anciens?
B). Un grand nombre de palestinologues, dont les étudesseront indiquées plus loin, contestent que les traditionslocales authentiques, onomastique et historique, aientjamais connu et indiqué d’autre Emmaûs que’Amo’âs.Toutes les indications précédentes sont, suivant eux, desidentifications forcées, pour justifier la leçon «soixantestades» admise à priori. — 1° Les conjectures faites pour
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558. — Qobeibéh. D’après une photographie de M. L. Heidot.
Pierre Diacre, dans son Liber de Lotis Sanclis, édit.Gamurrini, in-4°, Rome, 1887, à la suite de S. Hilariitractatusde mysteriis, p. 129, où Emmaiis est indiquéeà soixante stades de Jérusalem. Le Vén. Bède, In LucamExpositio, 1. vi, c. 24, t. xcii, col. 625, indiqne Emmaûs-Nicopolisà la même distance; saint Jérôme, dans la Vu 1gate, et la plupart des Pères l’indiquent à la même distance, ainsi que la plupart des historiens postérieurs etles pèlerins. Le P. Francesco Soriano, 0. M., en 1562, cité par le P. Domenichelli (voir plus loin), atteste queles indigènes appellent l’Emmaus de la tradition Kubébé.Depuis ce temps d’innombrables relations relatent lemême fait. Les R.R. PP. Franciscains, institués par lesaintsiège gardiens des Lieux Saints, n’ont cessé deconduire les pèlerins vénérer le site d’Emmaûs à Qobeibéh.Leur mission et leur fidélité à la remplir ne permettentpas de croire qu’ils se sont trompés. Une sourceabondante jaillit à un kilomètre de l’église. Son nom, ’Aïn-’el-’Agéb, «la fontaine merveilleuse,» rappelle lafontaine miraculeuse dont parlent Sozoméne, saint Willibaldet plusieurs historiens. L’église et le monastère
rattacher à Oitàs un nom ayant quelque rapport avec Emmaûssont antihistoriques et sans fondement étymologique.La vallée d’Ortâs et les ruines peu importantes d’un bainannexé à quelque maison de plaisance ont jadis porté lenom de la ville de’Etâm, dont les ruines sont voisines(voir ÉTA.M). Cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, vii, 3. Il n’ya jamaiseu d’eaux thermales dans l’endroit. Voir Emmaûs 1.
— 2° Khamséh est le nom de nombre arabe «cinq», etsaint Luc n’a pu indiquer à soixante stades un endroitqui est à plus de quatre-vingt-dix. — 3° Beit-Mizzéh =Môsa’ou Ha-Mofâh en est à moins de quarante, commeQastal. — 4° Qolouniéh, à trente et quelques stades seulement, et 5° Beit-’Oulma’, à moins encore. Le nom deHa-Mosâh n’a guère qu’une ressemblance lointaine avecEmmaiis. Si c’est lui, comme plusieurs le croient, queJosèphe a transcrit par Emmaûs, c’est une transcriptionpersonnelle; il est peu vraisemblable que saint Luc, quia paru avant l’historien, ait précisément adopté cettetranscription si peu régulière. Cet évangéliste conserveordinairement aux noms de localités leur forme hébraïque: ’Afiûffa était la forme régulière, et elle existait déjà dans
la Bible des Septante. — 6° Si les auteurs sacrés eussentconnu deux Emmaûs voisins l’un de l’autre dans unemême province, ils les eussent distingués. L’étymologiede Qobeibéh et de Naqùba’, outre son peu de probabilité, est contredite par l’histoire, qui place certainementNicopolis ailleurs. Les Pères et les historiens anciensconnaissent un seul Ernmaùs. Les pèlerins se fussentralliés autour d’un nom, à soixante stades, ayant quelqueressemblance avec Ernmaùs, s’il y en eût eu un. Gamur-Tinia attribué à sainte Sylvie une citation de PierreDiacre, empruntée aux exemplaires de la Vulgate en coursau xil" siècle. Bède et tous les commentateurs que l’onpeut nommer ont fait de même; nul d’entre eux ne citela tradition locale, que la plupart ne connaissent pas."Le seul nom en Terre Sainte incontestablement identiqueà Ernmaùs, c’est’Amo’às. La localité qu’il désigne estla seule que les anciens et les indigènes aient indiquéepour l’Emmaùs de saint Luc, depuis le IVe siècle jusqu’auxue. Les documents sont clairs, formels et unanimes.Voir Emmaûs 1. Au XIIe siècle, les chrétiens de laPalestine ne connaissaient pas encore d’autre Ernmaùs, leurs évangéliaires en font foi. Plus tard, lorsque lespèlerins sont seuls avec les guides du pays, ils trouventtoujours Ernmaùs à l’extrémité de la plaine de Ramléh, près de Lafrùn; mais ils le trouvent dans lesmontagnes, quand ils sont avec des guides occidentaux.Comparer le Voyage (anonyme) de la saincte cité deHierusalem fait l’an 1480, édit. Schefer, in-8°, Paris, 1882, p. 68 et 98; Christ. Fùrrer von Haimendorf (15651567), Itinerarium JEgypti, Arabise, Palestine, Syrise, in-4°, Nuremberg, 1621, p. 50 et 88. Au xvii «siècle encore, le P. Michel Nau, S. J., venant de Ramléh à’Amu’às etvisitant son église, constate que les «chrétiens du payscroient que c’est là Emails, et que cette église est le lieuoù les deux disciples reçurent le Sauveur le jour de larésurrection»; puis il cherche à persuader que c’est uneerreur provenant de ce que Ernmaùs est traduit dansl’Évangile arabe par Amoas, nom de ce village, et que ladistance de soixante stades, indiquée dans ce même Evangile, devrait les désabuser, s’ils savaient ce que c’est qu’unstade. Le voyage nouveau de la Terre Sainte, in-12, Paris, 1679, p. 45-46. Le raisonnement du P. Nau a dûêtre celui des croisés. En arrivant, ils acceptèrent simplementla tradition des chrétiens du pays; les récitsd’Albert d’Aix et de Guillaume de Tyr l’insinuent. Lesrelations de l’higoumène russe (1106) et de Phocas (1185)montrent que la tradition n’avait point changé. Aprèsquelque temps, les clercs, ceux que l’abbé de NogentGuibert, dans Bongars, p. 532, appelle scientiores curiosioresquelocorum, et qui identifient Ramléh avec Ramothde Galaad, lisant «soixante stades» dans les exemplairesde leur évangile et voyant’Amo’as à une distance beaucoupplus grande, rejetèrent celui-ci et voulurent trouverun Emmaûs à la distance correspondant à la seule leçonconnue d’eux. Ne trouvant point de tradition ni de nomomophone, guidés seulement par le souvenir de la fontainemiraculeuse et des eaux d’Emmaùs, ils firent choixde Qariat, qui a une source abondante et dont la distaucen’est pas bien éloignée de soixante stades. Les croisés partis, le souvenir de leur Emmaûs disparut avec eux. Ceux quivinrent ensuite durent chercher de nouveau. Les Occidentauxne faisant que passer et se renouvelant sans cesse, chaque nouveau venu avait à recommencer. De là toutesles variations constatées dans les relations. Qobeibéh futchoisi aussi, comme aurait pu l’être toute localité répondantà peu près à la distance voulue. Son église et toutes lesruines qui l’entourent sont l’œuvre des chevaliers hospitaliersde Saint-Jean; les signes des tâcherons que portentles pierres et la double croix dont est marquée une pierresépulcrale le déclarent. La construction enclavée dansl’église est une chapelle de forme grecque, où se reconnaissentle sanctuaire, la place de l’autel et celle de l’iconostase.Cet oratoire rappelait-il quelque souvenir? Les
BICT. DE LA BIBLE.
croisés paraissent l’avoir cru; mais aucun document connune le dit, ni n’indique lequel parmi les nombreux souvenirsde la Terre Sainte il pouvait être. En tout cela onconstate la préoccupation d’accommoder l’histoire à laleçon connue. — Il n’existe aucun motif de soupçonnerla tradition d" Amo’às d’avoir été au principe une identificationfondée sur la similitude du nom, après la disparitiondu véritable Emmaûs. Aucune tradition n’estaffirmée plus catégoriquement comme telle. Lorsque saintJérôme parle d’Emmaùs dans sa Lettre à Eustochium, c’est comme un lieu saint qu’il a vénéré avec sainte Pauleet avec tous les chrétiens du pays. Peut-être tous se sont-ilslaissé induire en erreur par Eusèbe, qui n’avait proposéd’abord qu’une conjecture. Ce n’est pas Eusèbe quia désigné les lieux saints aux fidèles, lui les a pris d’eux.Lorsque, dans son Onomasticon, il les désigne commetels, c’est que déjà le peuple y va prier. Il l’atteste lorsqu’ilindique le lieu de l’agonie du Sauveur à Gethsémani, celui de son baptême à Béthabara, de la résidencede Job à Astaroth-Carnaïm, du puits de Jacob à Sichetn.Il ne le dit pas positivement au mot Emmaûs; Sozomènes’en chargera dans son Histoire ecclésiastique, loc. cit.Peut-être a-t-il confondu à ce sujet, et le peuple avec lui, deux faits bien différents: le passage du Seigneur avecses disciples à une des fontaines d’Emmaùs, et le fait del’apparition à Cléophas le jour de la résurrection? Lesdétails de la tradition, l’église construite devant et à distancede la ville, près du trivium, dans un endroit peufavorable, au milieu de tombeaux très probablementjudaïques, où l’on montrait une maison que l’on disaitcelle de Cléophas, où il avait été mis à mort par les Juifsen haine du Christ, disent qu’il y avait là plus qu’unvague souvenir d’un passage du Sauveur. Ces détails sontattestés d’une manière un peu mystérieuse par saint Jérôme, par Virgilius, par Théodosius, par saint Adon etla plupart des martyrologes. L’église d’'Amo’às a-descaractères tout particuliers d’antiquité. Les hommes lesplus compétents la tiennent pour antérieure aux constructionsconstantiniennes, et l’on ne voit pas qui aurait pul’élever, sinon Jules Africain, lorsqu’il construisit Nicopolis.Il fallait donc que lui-même, pour la bâtir dans lasituation où elle est, fût persuadé que là fut réellementle lieu où vint le Seigneur. Il ne pouvait y avoir alorsd’autre Emmaûs connu pour celui de l’Évangile. S’il n’yen avait pas alors, au commencement du uie siècle, iln’y en avait jamais eu. Le passage de Jésus à Emmaûs, le jour de la résurrection, était assurément un fait mémorableentre tous; la place que saint Luc lui fait dans sonÉvangile prouve qu’il était bien considéré comme tel.Gardé par Cléophas, un des principaux d’entre les disciples, par Siméon son fils, lui-même peut-être un desdeux témoins et l’auteur du récit (le silence sur le nomdu second disciple et la couleur hébraïque de la narrationpermettent de le conjecturer), comment le souvenirdu lieu témoin de cet événement auraitil pu être effacési vite, tandis que d’autres bien moins grands et bienplus loin du centre de l’Église primitive se sont conservésà travers les temps? Parmi toutes les traditions deTerre Sainte, déjà elles-mêmes d’une nature à part entretoutes les traditions historiques locales pour la sécurité, la tradition d’Emmaùs a encore pour elle des gages particuliersde véracité et d’authenticité. Si cette traditionest authentique, elle est le témoignage des disciplestémoins du fait et acteurs; saint Luc n’a pu puiser sonrécit à une autre source ni le donner différent: il n’a pudésigner qu" Amo’às, et, s’il l’a eu en vue, il a écritcent soixante stades et non soixante. Manuscrits, récitsévangéliques et histoire s’accordent pour le proclamer.IV. Bibliographie. — A. Mrs. Finn, Emmaûs identified, dans Palestine Exploration Fund, QuarterlyStatement, 1883, p. 53-64; Henderson, On the Siteof Emmaûs, ibid., 1879, p. 105-107; Arch. Henderson etR. F. Hutchinson, Emmaûs, ibid., 1884, p. 243-248;
II. — 56
Conder, The Survey of Western Palestine, Memoirs, in-4o, Londres, 1883, t. iii, p. 36; Id., Quarterïy Statement, 1876, p. 172-175; Emmaus, ibid., 1881, p. 46 et 237-238; Mearns, The Site of Emmaus, ibid., 1885, p. 116-12-1; D r Sepp, Emmaus-Colonia, dans Jérusalem und dosheilige Land, in-8o, Schaffhouse. 1863, p. 52-57; Id., dansNeue hochwichtige Entdeckungen auf der zweiten Palàstitiafarht, in-8o, Munich, 1896, p. 228-244; Mauss, L’église de Saint-Jérémie à Abou-Gosch (Emmaïis desaint Luc et castellum de Yespasien), avec une étudesur le stade au temps de saint Luc et de Flavius Josèphe, in-8o, Paris, 1892, et dans la Revue acliéologique, mêmeannée; Robinson, Biblical Researches in Palestine, in-8o, Boston. 1841, t. iii, p. 65-66; Tit. Tobler, Topographievon Jérusalem und seinen Umgebungen, in-8o, Berlin, 1854, t. ii, p. 538-545; N*, Notice historique sur la citéet le sanctuaire d’Emmaùs, à soixante stades nord-ouestde Jérusalem, in-8o, Paris, 1862; C. LqueianoJ, Qualesia l’Emmaus del Vangelo, in-8o, Borne, 1882; P. Rem.Buselli, 0. M., L’Emmaus dimostrato et difeso sessantostadi distante di Gerusalemme, in-S°, Livourne, 1882; Id., L’Emmaus evangelico, 3 in-8o, Milan, 1885-1886; Id., Illustratione del Santuario d’Emmaùs, in-8o, Livourne, 1888; T. Domenichelli, L’Emmaus délia Palestina, in-8o, Livourne, 1889; Id., Appendice ail’Emmausdélia Palestina, in-8o, Prato, 1889; D r Zchokke, Dasneutestamentliche Emmaus, in-12, Schaffhouse, 1865; D r Rùkkert, Amwas, was es ist und was es nicht ist, dansla revue Theologische Quartalschrift, Tubingue, 1892, p. 550-616; D r Belser, ZurEmmausfrage, ibid., 1896, p. 193-223; Fr. Liévin de Hamine, Emmaus (Qobeibéh), dans le Guide-indicateur de la Terre Sainte, in-12, Jérusalem, 1897, t. ii, p. 248-262; T. Domenichelli, VItimidiscussioni intorno ail’Emmaus del Vangelo, in-8o, Florence, 1898.
B. Th. Dalfi, Emmaus -Nicopolis, dans Viaggio biblicoin Oriente, in-8o, Turin, 1873, t. iii, p. 284-300; E. Z [accaria ], L’Emmaus evangélica et l’attuale villagiod’Ammuas, in-8o, Turin, 1883; V. Guérin, Amouas-Latroun, dans Description de la Palestine, Judée, in-4o, Paris, 1883, t. i, p. 293-313; El-Koubeibéh, ibid., t. i, p. 348-361, dans Description de la Galilée, 1. 1, p. 64-72; Kolouniéh, dans Description de la Judée, t. i, p. 257-262; A. Bassi, 0. M., Emmaus cilla délia Palestina, 2e édit., in-8o, Turin, 1888; M. J. Schiffers, Amwâs das Emmausdes lieil. Lucas, 160 Stadien von Jérusalem, in-12, Fribourg-en-Brisgau, 1890; Id., Die Emmausfrage und dercontext des lieil. Lucas, dans la revue Der Katholïk, Mayence, 1893, p. 337-349 et 398-407; Id., La questiond’Emmaùs, dans la Revue biblique, 1893, p. 26-40; J.-B. Guillemot, Emmaus -Nicopolis, in-4o, Paris, 1886; J. Knabenbauer, dans Evangelium secundum Lucam, Duo discipuli in Emmaus, in-8o, Paris, 1890, p. 630-634.
L. Heidet.
EMMER. Hébreu: ’Immêr; Septante: ’E^p^f. Nomd’un ou deux prêtres et d’une localité de Chaldée.
1. EMMER, 61s de Mosollamith, I Par., IV, 12, ou Mosollamoth, II Esdr., xi, 13, et chef d’une famille sacerdotale, qui occupait le seizième rang dans la distributiondes prêtres en vingt-quatre classes par David. I Par., IX, 12; xxiv, 13. Ses descendants revinrent de Babyloneavec Zorobabel au nombre de mille cinquante-deux.
I Esdr., ii, 37; II Ësdr., vii, 40. Un des membres decette famille, nommé Sadoc, bâtit une partie des mursde Jérusalem, vis-à-vis de sa maison, sous Néhémie.
II Esdr., iii, 29. D’autres prêtres de la même famille, Hanani et Zébédia, renvoyèrent les femmes étrangèresqu’ils avaient prises pendant la captivité. I Esdr., x, 20.
2. EMMER, père du prêtre Phassur, principal gardiendu Temple et ennemi de Jérémie. Jer., xx, 1. «Filsd’Emmer» pourrait bien être pris ici dans le sens large
de «descendant», de sorte que cet Emmer ne serait pasdifférent du précédent.
3. EMMER (Septante: ’E(i|iïjp, I Esd., ii, 59; ’hji’ip, II Esd., vii, 61), localité inconnue de Chaldée d’où partirent, pour retourner à Jérusalem, avec la premièrecaravane conduite par Zorobabel, un certain nombre deJuifs qui ne purent pas établir exactement leur généalogie.Ce nom, écrit Emmer, II Esd., vii, 61, se lit sousla forme Émer, I Esd., ii, 59. Voir Émer, col. 1759.
- ÉMONA##
ÉMONA (VILLAGE D) (hébreu: Kefar hâ’Ammônâi; Septante: Codex Vaticanus, Keçsipà xoù Movei; Codex Alexandrinus, Kaçupatiiiiv; Vulgate: Villa Emana), lieu mentionné parmi les villes de Benjamin. Jos., xviii, 24. Cité entre Ophéra, généralement identifiée avecTaiyibéhj au nord-est de Béthel, et Ophni, peut-êtreDjifnéh, au nord du même point, il faisait partie dugroupe septentrional des villes de la tribu. Mais il estresté inconnu. Quelques auteurs ont proposé de l’identifieravec Khirbet Kefr’Ana, à quatre ou cinq kilomètresau nord de Beitin. Cf. G. Armstrong, W. Wilsonet Conder, Names and places in the Old and NewTestament, Londres, 1889, p. 42; Survey of WesternPalestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 299.L’assimilation est douteuse, bien que la position soitconforme à l’énumération de Josué.Voir Benjamin, tribuet carte, t. i, col. 1589. — Le nom, qui signifie «village del’Ammonite», se rattache peut-être à quelque invasiondes Ammonites, comme celle qui est racontée Jud., x, 9.
A. Legendre.
- ÉMONDAGE##
ÉMONDAGE, opération par laquelle on coupe lesbranches inutiles d’une plante, pour augmenter sa vigueuret sa fécondité. La vigne a particulièrement besoin decette opération; autrement la sève se dépense inutilementà pousser du bois et des feuilles et n’a plus de force pourformer les fruits et les conduire à maturité. Cf. Horace, Epod., ii, 9-12; Columelle, De re rust., IV, 24. — Notre-Seigneurfait allusion à l’émondage de la vigne lorsqu’ildit de son Père, qu’il représente sous l’image d’un vigneron: «Tout rameau qui porte du fruit, il l’émondera(xa8ai’ps’.)> afin qu’il porte plus de fruit.» Joa., XV, 2. Aupoint de vue moral, cet émondage des disciples portetout d’abord sur leurs péchés et sur leurs vices, commel’indique le verset suivant: «Déjà vous êtes purs (xa8apoî).» Il porte aussi sur les inutilités de la vie, dont débarrassentles persécutions, les épreuves, les souffrancesde tout ordre. L’âme produit alors d’abondants fruits depatience et d’amour de Dieu. Luc, viii, 15; Hebr., xii, 11; Rom., v, 3. H. LeSêtre.
ÉMOR, père de Sichem, Jud., ix, 18. Voir Hémor.
- ÉMOUCHET##
ÉMOUCHET, nom que donnent les oiseliers tantôtà la femelle de la crécerelle, tantôt au mâle de l’épervier, et même aux autres oiseaux de proie qui ne dépassentpas la taille de ce dernier. Ce mot vient du baslatinmuscelus, tiré lui-même de musca, et fait allusionaux mouchetures que l’on remarque sur le plumage deces oiseaux. Voir Crécerelle, Êpervier.
H. Lesêtre.
EMPAN. Voir Palme 2, t. iv, col. 2058.
EMPEREURS romains mentionnés dans le NouveauTestament. Voir César, col. 449.
EMPLÂTRE. Voir Figue, col. 2241.
- EMPRUNT##
EMPRUNT, action d’emprunter et objet prêté pourqu’on s’en serve durant un temps déterminé ou non, àla condition qu’on le rendra ensuite à son propriétaire.
— 1o Les emprunts ordinaires. — La loi mosaïque prévoitqu’on pourra emprunter, lâvâh, une bête de somme 1765
EMPRUNT — ËNAÏM
Î766
à son voisin. Si la bête est détériorée on périt en l’absencedu propriétaire, l’emprunteur est tenu d’en rendre uneautre. Exod., xxil, 14. — Le Seigneur promet aux Hébreuxque, s’ils sont fidèles, ils pourront prêter aux autres sansavoir à emprunter. Deut., xxviii, 12. Emprunter constituepresque toujours une assez mauvaise opération. Prov., xxil, 7; Eccli., xxi, 9. Le méchant emprunte et ne rendpas. Ps. xxxvi, 21. Dans le désastre de la nation, l’emprunteuret le prêteur en seront réduits à la même extrémité.Is., xxiv, 2. Au retour de la captivité, les Juifeparlent d’emprunter de l’argent pour payer les impôts.II Esdr., v, 4. Dans une parabole de l’Evangile, un pèrede famille recevant des hôtes assez tard emprunte troispains à son voisin. Luc, xi, 5. — 2° L’emprunt des Hébreuxaux Egyptiens avant leur départ de Gessen. —A la veille de la sortie d’Egypte, les femmes des Hébreuxreçoivent l’ordre de demander aux Égyptiennes des vasesd’or et d’argent et des vêtements. Ces objets sont accordéset les Hébreux les emportent avec eux dans le désert, dépouillant ainsi les Égyptiens. Exod., iii, 22; xi, 2; xii, 35, 36. Cet acte se justifie aisément par cette double considération, que Dieu, maître de toutes choses, peut transférerune propriété d’un peuple à un autre, et que, d’autre part, les Hébreux ne faisaient que récupérer parce moyen le salaire des. rudes travaux accomplis au profitdes Égyptiens. Cf. Guénée, Lettres de quelques Juifs, Paris, 1821, t. ii, p. 294-295. — Mais, semble-t-il àquelques-uns, il y a mauvaise foi à «emprunter» ainsides objets que Ton se propose de ne pas rendre. À cettedifficulté, on est en droit de répondre qu’en fait l’empruntsupposé n’existe pas. Le texte sacré emploie ici, non plus le verbe làvâh, «emprunter,» mais le verbeSâ’al, «demander.» Il est vrai que, pour les trois passagesde l’Exode, Gesenius-Rœdiger, Thésaurus lingusehebrmse, Leipzig, 1853, p. 1347, prête à Sâ’al le sensd’ «emprunter», alors que dans tous les autres passagesde la Bible ce mot signifie soit «interroger», soit «demander». Dans un seul cas, le participe Sâ’ûl peut avoirle sens de chose «empruntée». IV Reg., vi, 5. Dans l’autrecas cité par Rœdiger, I Reg., i, 28, ce sens ne s’imposenullement. Toujours est-il que rien n’oblige à prendresâ’al dans le sens d’ «emprunter», alors que partout ila celui de «demander». Cf. F. von Hummelauer, In Exodumet Leviticum, Paris, 1897, p. 125-126. Les femmesdes Hébreux demandèrent donc aux Égyptiennes les objetsindiqués. Les Égyptiennes ont-elles considéré cette demandecomme un emprunt? Rien ne le prouve. Aprèsla dixième plaie, nous voyons le pharaon appeler Moïseet Aaroïi en pleine nuit et leur dire: «Levez-vous etéloignez - vous de mon peuple, vous et les fils d’Israël!» Exod., XII, 31. Le roi regardait donc le départ des Hébreuxcomme une délivrance. Chaque famille égyptiennepartageait ce sentiment et devait être heureuse de sedébarrasser d’hôtes devenus si terribles, en leur abandonnantce qu’ils demandaient. Le texte sacré dit d’ailleursque le Seigneur inclina les cœurs dans ce sens.Exod., xii, 36. Le texte ajoute que les Égyptiens yaS’ilûmce qu’on leur demandait. Le verbe Sâ’al à l’hiphil signifiesimplement «accorder» ce qu’on demande et non pas «prêter». Cf. I Reg., i, 28, où Samuel n’est pas «prêté» au Seigneur, mais vraiment «donné». Josèphe, Ant.jud., II, xiv, 6, dit qu’après la dixième plaie, les courtisans «persuadèrent au pharaon de laisser partir lesHébreux. II appela donc Moïse et ordonna leur départ, dans la pensée que, quand ils seraient éloignés du pays, l’Egypte serait délivrée des fléaux. Ils honorèrent ( It^kov)les Hébreux de présents, les uns pour qu’ils partissentplus vite, les autres à cause de leurs relations de voisinage». On ne peut pas accuser ici Josèphe d’avoir cherchéà atténuer une faute commise par ses ancêtres, puisquerien dans le texte n’autorise à parler d’emprunt ni deprêt. L’écrivain juif interprète donc bien la pensée defauteur sacré. Il est de toute évidence d’ailleurs que les
Égyptiens ont prétendu faire de véritables cadeaux auxHébreux. Ils savaient que ceux-ci ne reviendraient plus, et, en somme, ne demandaient qu’à être débarrassés d’eux, coûte que coûte. — Pour le prêt de l’argent, voir Prêt.
H. Lesêtre.
ÉNAC (hébreu: ’Ânâq; Septante: ’Evdtx), géant, filsd’Arbé et père des Énacites. Jos., xv, 13. D’après Gesenius, Thésaurus, p. 1054, ’Anâq signifie «au long cou», géant. Ce personnage n’est nommé dans l’Écriture quecomme ancêtre des Enacites. Voir Énacites.
- ÉNACITES##
ÉNACITES (hébreu: ’Ânâqim, de’ânaq, m cou;» Septante: ’Evaxc’iI.; Vulgate: Enacim), famille et tribude géants. Deut., ii, 10-11. Voir Géants. Ils descendaientd’Arbé (voir t. i, col. 883) et habitaient le sud de la terrede Chanaan lorsque Abraham y arriva et lors de la conquêtedu pays par Josué. Hébron était une de leurs résidencesprincipales, et on l’appelait du nom de leur ancêtreQiryaf’Arba’(Vulgate: Cariatharbé, t. i, col. 884).Eux-mêmes sont appelés Benê-’Anâq (filii Enac), Num., xiii, 33 (Vulgate, 34); Benê-’Anâqîm (Vulgate: filiiEnacim), Deut., i, 28; IX, 2; yelîdë Hâ-’Anâq, «descendantsd’Énac,» Jos., xv, 14 (Vulgate: stirps Enac); Num., xiii, 22, 82 (Vulgate, 23, 29: filii Enac); ’Anâqim(Vulgate: Enacim), Deut., ii, 10, 11, 21; Jos., xi, 21, 22; xiv, 12, 15. Les Enacim d’Hébron se subdivisaienten trois familles principales, celles d’Achiman, deSisaï et de Tholmaï (voir ces mots). Num., xiii, 23; Jos., xv, 14; Jud., i, 20. — La haute stature et la forcedes Énacites avaient vivement impressionné les Israélites.Les espions que Moïse envoya du désert du Sinaï pourexplorer la Terre Promise rapportèrent qu’ils avaient vulà des géants, parmi lesquels les fils d’Enac tenaient lapremière place; «auprès d’eux, disaientils, ils n’étaientque comme des sauterelles.» Num., xiii, 33-34. Laterreur qu’inspira ce récit fut cause de la révolte dupeuple contre Moïse et du châtiment divin qui condamnaIsraël à errer dans le désert pendant quarante ans.Num., xiv, 1-35. Plus tard, néanmoins, Josué et Calebréussirent à vaincre les Énacites. Ils les battirent à Hébron, à Dabir, à Anab et dans les montagnes de Juda, Jos., xi, 21; xv, 14; Jud., i, 20; ceux qui parvinrent à échapperaux coups des Israélites se réfugièrent sur le rivagede la mer Méditerranée, à Gaza, à Geth et à Azot, Jos., xi, 22, et depuis lors il n’est plus question d’eux dansl’Écriture. Ils durent se fondre avec les Philistins quioccupaient le pays. Quelques-uns ont pensé que le géantGoliath, originaire de Geth, était un de leurs descendants, cf. I Reg., xvii, 4; . de même que Jesbibénob, II Reg., xxi, 16, et d’autres Géthéens. II Reg., xxi, 18-22; I Par., xx, 4-7. F. Vigourocx.
- ÉNADAD##
ÉNADAD, père de Bavaï. II Esdr., irt, 28. Il estappelé ailleurs Hénadad, ce qui correspond mieux à l’orthographehébraïque. Voir Hénadad.
- ÉNAIM##
ÉNAIM (hébreu: ’Ênaïm, «les deux sources;» Septante: Codex Vaticanus, Maiavef; Alexandrinus, ’Hvoei’ii), ville de la tribu de Juda. Le livre de Josué, xv, 34-35, la nomme parmi les villes de la Séphélah oude la plaine, entre Taphua et Jérimoth, dans une énumérationqui commence par Estaol. C’est probablementà la porte de cette ville que Thamar, veuve d’Her, attenditJuda son beaupère. Gen., xxxviii, 14. L’hébreuporte: be-pétah’Ênaïm, ce que les Septante rendent partaXi itùXaiç Aivàv, «aux portes d’Enaïm,» traductionpréférable à celle de la Vulgate, qui porte: in bivio itineris, «à un carrefour.» Le texte sacré nous dit que lalocalité où se trouvait Thamar était dans le voisinage deThamria, Gen., xxxviii, 12-14, et le Talmud de Babylone, Sotah, ꝟ. 10 a, qu’elle était près d’Adullam, ce quis’applique fort bien à Énaîm, mentionnée dans Josué, xvi, 34-35, avec Adullam et d’autres villes voisines de
Thamna. — Toutefois, malgré les indications généralesfournies par le livre de Josué, le. site d’Énaïm n’a puêtre encore identifié. Eusèbe et saint Jérôme, Onomaslica, édit. Larsow et Parthey, p. 204, 205, disent qu’Énaîmexistait encore de leur temps et s’appelait Bethénim, prèsdu Térébinlhe, c’est-à-dire probablement dé Mambré, à côté d’Hébron; mais Énaïm ne devait pas être prèsd’Hébron. Et rien n’a été trouvé dans la partie de laSéphélah dont parle Josué, xv, 33-36, qui rappelle lenom de la ville aux deux sources. _ F. Vigouroux.
ENAN. Nom de deux Israélites et d’une localité dePalestine.
1. ÉNAN (hébreu: ’Ênân; Septante: Aïviv), pèrede Ahira, qui était chef de la tribu de Nephthali au tempsde Moïse. Num., i, 15; ii, 29; vii, 78, 83; x, 27.
2. ÉNAN, ancêtre de Judith, viii, 1. Dans la Vulgate, il est dit fils de Nathanias et père de Melchias. Dans lesSeptante, il est appelé’EXetcfê (Codex Alexandrinus: ’Ekiàë; Codex Sinaiticus: ’Evo6) et dit fils de Nathanielet père de Chelchias. E. Levesque.
3. ÉNAN (hébreu: Hâiar -’Ênân, Septante: ’Apacvssîja).point qui devait marquer la limite nord-est dela Terre Promise, entre Zéphrona et Séphama. Num., xxxrv, 9-10. Il n’est nommé qu’à cette occasion dans lePentateuque. Ézéchiel, xlvii, 17; xlviii, 1, est le seulécrivain sacré qui en fasse mention en dehors de Moïse, et c’est aussi pour marquer les frontières de la TerrePromise restaurée. — Le premier élément du nom hébreud’Enan, Ifâsar, désigne ici un village ou campement denomades entouré d’une clôture ou défense. Voir Aser-GADDA, t. i, col. 1090. Saint Jérôme a rendu ce mot parvilla, dans Num., xxxiv, 9 et 10, et par atrium, «vestibule, cour,» dans Ezech., xlvii, 17; xlviii, 1. Nos éditionsde la Vulgate portent Enan, Num., xxxiv, 9, 10et Ezech., xlviii, 1; elles ont Enon, Ezech., xlvii, 17, conformément au texte massorétique qui porte ici’Ênôn.
— Ézéchiel, dans les deux passages où il nomme Ifâsar’Ênân, le détermine en disant que c’est gebûl Damméséq, «la frontière de Damas;» mais ce renseignementest insuffisant pour en fixer la position avec certitude.Le second élément du nom, ’ê» d», indique qu’il y avaitlà des sources remarquables. À cause de cette circonstance, Knobel, Die Bûcher Numeri, Deuteronomium, 1861, p. 193, et à sa suite Kneucker, dans le Bibel-Lexiconde Schenkel, t. ii, p. 610, pensent que Ifàiar’Ênân pourrait être la station désignée par la Table dePeutinger, x, e, sur la route d’Apamée à Palmyre, sousle nom de Centum Pulea, «Cent Puits» (MoviTEa de Ptolémée, v, 15, 24), à vingt-sept milles ou environ onzeheures de marche au nord-ouest de Palmyre. Cetteopinion est généralement abandonnée. — J. L. Porter identifieÉnan avec Kuryetein, gros village à près de centkilomètres à l’est-nord-est de Damas. «Ses sourcesabondantes, les seules qui existent dans cette vaste région, amènent, dit-il, à supposer que là pouvait êtreIfâsar’Ênân, le Village des Fontaines.» Handbook fortravellers in Syria and Palestine, 1868, p. 511. Voiraussi Id., Five years in Damascus, 2 in-12, Londres, 1855, t. i, p. 253; t. ii, p. 358. L’inconvénient de cetteopinion est de placer Énan trop loin de Damas. — D’aprèsKeil, Leviticus, Numeri, 1870, p. 389; Ezéchiel, 1868, p. 484, il faut chercher Ifâsar’Ênân au nord de Baalbek, à Lebonéh, où les sources abondent, dans la Cœlésyrie(El-Bekâa), à la ligne de faite qui sépare lebassin de l’Oronte ( Nahr-el-Asi), au nord, du bassin duLéontès (Nahr-el-Leïtani), au sud. — Le P. Van Kasterenrejette cette opinion (voir col. 536) et place Enanà El-lfadr, au nord-est de, Banias, sur la route quiconduit de cette dernière ville à Damas. Voir Chakaak,
col. 535, et Revue biblique, 1895, p. 32. — M. F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, 1896, p. 67, 110, 240, propose d’identifier Jfâiar’Ênân avec la Banias actuelle, la Césarée de Philippe des Evangiles. Là se trouve unedes principales sources du Jourdain, qui pouvait mériterle nom de’Ênân, mais la frontière septentrionale de laPalestine devait remonter plus haut que Banias.
F. Vigouroux.
- ENCAUSTIQUE##
ENCAUSTIQUE (PEINTURE À L’), II Mach., ii, 30. Voir Peinture.
- ENOÉNIES##
ENOÉNIES, mot grec, ’Eyxaïvia, par lequel la fêtede la Dédicace du Temple de Jérusalem est désignée ensaint Jean, x, 22 (Vulgate: Encxiiia). Voir Dédicace, col. 1339.
- ENCENS##
ENCENS (hébreu: lebônâh; Septante: Xtêavo; , X16avetvroç; Vulgate: thus), sorte’de résine aromatique.
I. Description. — L’encens est une gomme-résineobtenue du tronc de divers arbres de la région subtropicalepar incision ou même s’en écoulant spontanément.Il prend la forme de larmes jaunâtres, faiblement translucides, fragiles, d’une saveur amère et répandant, quand
559.
Boswellia sacra.
on les brûle, une odeur balsamique. — L’encens asiatique, qui vient surtout de l’Arabie, est fourni par le Boswelliasacra (fig. 559), de la famille des Térébinthacées-Burséracées.Celui d’Afrique est dû à plusieurs espècescongénères, telles que le Boswellia papyriferâ (fig. 560)d’Abyssinie. Ces arbres, dont l’écorce s’exfolie en lamesminces comme des feuilles de papier, sont riches en canauxrésineux. Leurs feuilles, rapprochées en bouquetsvers l’extrémité des rameaux et caduques au momentde la floraison, sont alternes et imparipennées, avec foliolesdentées et opposées le long du rachis. Leurs fleursont un calice persistant à cinq dents, une corolle blancheà cinq pétales pourvus d’onglet, dix étamines sur deuxrangs et alternativement inégales. L’ovaire, sessile à deuxou trois loges, devient une drupe dont l’enveloppe charnuese rompt en autant de valves en se séparant des noyaux, qui restent quelque temps attachés à un axe central trigone.— On a longtemps attribué le véritable encens auBoswellia serrata, qui croit sur les montagnes de l’Inde, mais les produits de cet arbre sont de qualité très infe
rieure et n’arrivent pas en Europe ni même dans l’Asieantérieure. Tout ce que le commerce y importe commeencens de l’Inde n’a pas réellement cette origine. Enfinplusieurs arbres appartenant à d’autres familles, spécialementaux Conifères, donnent des résines aromatiquessouvent prises pour le véritable encens ou employées à lesophistiquer (Juniperus phœnicea et thurifera, PinusTœda, etc.). F. Hy.
II. Exégèse. — 1° Identification. — Il n’y a pas dedoute que lebônâh ne désigne l’encens. On retrouve lemême mot, avec de légères modifications dialectales, dansles langues congénères: lebûnfà’, lebôntâ’en araméen, lebûntô" en syriaque, lobdn en arabe ( cꝟ. 1123b en phénicien); et il s’entend certainement de cette espèce degomme odorante. Du sémitique le mot est passé en grecsous la forme Àfêavo; , et invariablement les Septante enfont la traduction du lebônâh hébreu, que la Vulgaterend également par thus. La racine du nom est pb, lâban, «être blanc;» sans doute c’est à l’encens de couleurblanchâtre, à l’encens le plus pur, qu’il fut d’abordappliqué. Cf. Pline, H. N., xii, 32; Théophraste, Hist.plant., ix, 4. — Certains grammairiens ont prétendu que
5C0. — Boswellia papyHfera.
Hameau fleuri après la chute des feuilles. — À droite, fleur,
bouton et fruit. — À gauche, goutte de résine.
X18avo; désignait l’arbre, et), 16ava)TÔ; l’encens. Mais lesanciens auteurs ont employé le mot Xiëavo; et pourl’arbre et pour la gomme, et >16xvù>t<5; exclusivementpour cette dernière. J. F. Schleusner, Novus thésaurusphilologico-criticus, in-8°, Leipzig, 1820, t. iii, p. 453.Dans le texte sacré, lebônâh n’a que le sens d’encens; il en est de même du Wëavoc des Septante, qui n’emploientqu’une fois X16av(aT<5; . II Par., ix, 29. Sans douteil est question de l’arbre dans Gant., iv, 14; mais onemploie l’expression’âsê lebônâh, «arbres d’encens,» c’est-à-dire arbres qui produisent le lebônâh, l’encens.
— Si les anciens connaissaient bien l’encens, ils n’avaientsur l’arbre qui le produisait que des renseignementsvagues et en partie erronés. Théophraste, Hist. plant., ix, 4; Diodore de Sicile, v, 41; Pline, H. N., xii, 31. Cedernier avoue qu’on n’est pas d’accord sur la forme del’arbre, et que les Grecs en ont donné les descriptionsles plus variées. Également sur des relations plus ou
moins sûres, Théophraste, H. P., ix, 14, et Pline, H. N., xii, 32, expliquent la façon dont on le récoltait. À l’époquedes plus grandes chaleurs, s’il faut en croire le naturalisteromain, on pratiquait des incisions sur les arbres, là où l’écorce est le plus mince et le plus tendue. «Ondilate la plaie, sans rien enlever. Il en jaillit une écumeonctueuse, qui s’épaissit et se coagule; on la reçoit surdes nattes de palmier ou sur une aire battue. On faittomber avec un instrument de fer ce qui est resté attachéà l’arbre.» Des voyageurs plus modernes ont découvertet décrit les véritables arbres à encens: ce sont diversesespèces du Boswellia.
2° Provenance. — C’est de Saba, Sebâ", que le texte sacréfait venir l’encens. D’après lsaïe, lx, 6, les caravanes venantde Saba doivent apporter à Jérusalem l’or et l’encens. «Qu’ai-je besoin de l’encens qui vient de Saba?» dit leSeigneur dans Jérémie, VI, 20. Aussi dans la quantitéd’aromates apportés à Salomon par la reine de Saba, il estnaturel d’y ranger l’encens. III Reg., x, 2, 10; II Par., ix, 1, 9. Dans son chapitre sur le commerce de Tyr, Ézéchiel, xxvil, 22, ne nomme pas non plus l’encens en particulier; mais il le comprend évidemment sous l’expressiongénérale: «Les marchands de Saba et de Réematrafiquaient avec toi; de tous les aromates les plus exquisils pourvoyaient tes marchés.» L’encens apporté à lagrande Babylone, Apoc, xviii, 13, venait sans doute dumême pays, bien qu’il ne soit pas désigné: ce passagesur le commerce de Rome offre les plus grandes analogiesavec la description d’Ézéchiel, xxvii. En parlant desmages qui apportent de l’encens à l’enfant Jésus, saintMatthieu, 11, 1, 11, ne désigne leur pays que par l’expressionvague d’Orient.
D’après l’Écriture c’est donc d’Orient, du pays de Saba, que venait l’encens. Le pays de Saba et la région limitrophe, l’Hadramaut, c’est-à-dire la partie de l’Arabieméridionale ou l’Arabie Heureuse qui s’étend sur le littoraldu golfe Arabique et sur la côte du sud, étaientrenommés dans l’antiquité comme le pays de l’encens. «Les Sabéens, les plus connus des Arabes à cause del’encens,» dit Pline, H. N., vi, 32. Et encore: «La régionthurifère, c’est Saba,» Pline, H. N., su, 30; Théophraste, Hist. plant., ix, 4; Strabon, xvi, 19, parlent de même; enfin Virgile dit, Georg., 1, 58:
Solis est thurea virga Sabæis.
On peut voir dans Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. 1, p. 240, 241, de nombreuses citationsoù des auteurs anciens vantent l’encens de Saba.
Mais était-ce vraiment la patrie de l’encens, ou bienn’était-ce que le principal entrepôt de ce commerce? Ilest certain que pour plusieurs espèces d’aromates lesArabes n’étaient que les entremetteurs: c’est de l’Indeet de l’Afrique qu’ils tiraient ces produits; ils cachaientsoigneusement le pays d’origine, laissant croire qu’ilsvenaient de chez eux, afin de conserver le monopole dela vente sur les marchés de l’Asie occidentale. Pour cequi regarde l’encens, il est certain qu’une espèce d’arbrethurifère a été reconnue indigène dans l’Hadramaut, leBoswellia sacra, F. A. Flûckiger et D. Hanbury, Histoiredes drogues d’origine végétale, trad. Lanessan, in-8°, Paris, 1878, t. 1, p. 260, 266-268, et il est possibleque quelques autres variétés aient crû anciennement dansce pays ou dans la région voisine des Sabéens. C’étaitdonc bien une région thurifère. Toutefois l’encens neparait pas y avoir été récolté en quantité suffisante pourpourvoir tous les marchés antiques. Les Arabes devaients’approvisionner ailleurs. Niebuhr, Description de l’Arabie, in-4°, Paris, 1779, t. 1, p. 202-203, etTristram, Thenalural history of the Bible, in-12, Londres, 1889, p. 355, croient que la plus grande quantité leur venait del’Inde. De fait, le lobân, «encens,» était appelé aussikondor, kundur, par les Arabes: ce qui serait le nomindien de la gomme aromatique du Salaï, que Cole
brooke, On Olïbanum or Frankincense, ’dans AsiaticResearches, Calcutta, t. ix, p. 377, identifiait avec leBoswellia thurifera, le Boswellia serrata de Roxbnrg, Flor. Ind., Sérampore, 1832, ii, 388. Cependant on necroit pas généralement que l’encens de l’Inde ait étéexporté en grande quantité, pas plus qu’aujourd’hui, dansl’Asie orientale et dans le monde grec et romain. Lesanciens auteurs, qui font venir de l’Inde un certainnombre de parfums, ne parlent pas de l’importation del’encens indien.
Du reste, les habitants du sud-ouest de l’Arabie pouvaients’approvisionner moins loin. Ils n’avaient qu’àtraverser la mer Rouge, et en Abyssinie et surtout unpeu plus bas, dans le pays des Somalis, ils trouvaient denombreuses espèces de Boswellia, le Boswellia papyrifera, le Boswellia Frereana, Boswellia Carterii, etc.Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1897,
— Quelques auteurs ont pensé que les arbres à encensavaient aussi été importés et cultivés en Palestine. Ilss’appuient sur Cant., iv, 6, 14, où l’Épouse exprime ledésir de se retirer sur la colline de l’encens, et où parmiles plants de son jardin on compte les arbres à encens.Mais ce sont là des comparaisons poétiques, pour exprimerun lieu délicieux, tout embaumé des plus suavesparfums. Comme nous l’avons vii, pour les contemporainsde Salomon, d’Isaïe ou de Jërémie, le pays d’oùvient l’encens, c’est Saba. — C’est par erreur égalementque saint Cyrille d’Alexandrie, In Isaiam, ch. lx, 13, lib. v, t. lxx, col. 1336, dit que l’arbre à encens croissait sur lemont Liban; très probablement cela est dû à la ressemblancequ’a avec le nom de la montagne le nom grec del’encens, >(6avQ(, qui du reste se rencontre sept versetsplus haut dans Isaïe, lx, 6. Cette confusion des deuxnoms a été faite par la Vulgate elle-même, Cant., iv, 14:
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561. — Transport des arbres à encens du pays do Pount en Egypte. D’après Dttmlciïen, Die Flotte einer âgyptischen Kônigin, pi. 3
t. i, p. 356, 499. Par delà le Pount était la région duTonouter, ces terres en terrasse ou échelles de l’encens,
où les Égyptiens allaient chercher le meilleur i~~+,
?! , SOUS
ânti, «encens.» (A remarquer la forme, ’,
laquelle ce nom se trouve écrit. Le déterminatif m indique quelque chose de brillant et rend bien le motlatin candidum, «pur.» On trouve employée en hébreul’expression équivalente: lebônâh zakkâh, roî ruib,
thus candidum, purissimum.) Sous la reine Hatespou(XVIIIe dynastie), on équipa une flotte de cinq navirespour aller recueillir les richesses de ce pays fortuné.L’expédition, qui réussit à merveille, a été représentéeen détail sur les murailles du temple de Deir-el-Bahari: on y voit le transport des «sycomores à encens», nehetu ânti ( fig. 561), leur embarquement dans lesvaisseaux. Trente et un arbres à encens furent déracinésavec leur motte et transportés dans des couffes. Auretour on les planta dans des fosses remplies de terrevégétale, qui ont été retrouvées par M. Naville. EgyptExploration Fund, archseological Report, 1894-1895, p. 36-37. Les murailles de l’édifice montrent encorequelques-uns de ces arbres transplantés en pleine terredans le jardin du temple (fig. 562). G. Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient, t. ii, 1897, p, 247-253; V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., 1892, p. 96. «les arbres du Liban,» au lieu de «les arbres à encens» (grec: Xiëâvou; hébreu: lebônâh). Celsius, Hierobotanicon, t. i, p. 242-243, cite plusieurs auteurs qui ont fuitla même confusion. Cependant Pline, H. N., xii, 31; xvi, 59, prétend que les rois d’Asie firent planter à Sardesdes arbres à encens. Cf. Théophraste, Hist. plant., IX, 4.Il ne paraît guère probable qu’il s’agisse du véritablearbre à encens, d’une espèce de Boswellia, apportée deTInde, d’Arabie ou d’Afrique: comme il règne une certaineconfusion dans les descriptions que Pline fait de cetarbre, ce pourrait bien être tout simplement quelqueJuniperus phœnicea ou thurifera, arbre du Liban ou del’Amanus, dont la résine, après une certaine préparation, était vendue pour de l’encens.
3° Usages et comparaisons. — De tout temps l’encensa été brûlé en l’honneur de la divinité. Cf. Hérodote, I, 183; Ovide, Trist., v, 5, 11, Metamorph., vi, 164; Virgile, Mneid., i, 146; Arnobe, Adv. Gentes, vi, 3; vu, 26, t.v, col. 1164, 1253, etc. En Egypte, sur les mursdes temples ou des hypogées, on voit fréquemment l’officiantjetant le ânti ou encens sous forme de grains oude pastilles dans le brùle-parfum et l’offrant à un dieu.Wilkinson, The manners, 1. 1, p. 183; t. iii, pi. lx, lxv, 8, et lxvii, p. 398-399. Ainsi, dans le rituel mosaïque, onprescrit assez souvent l’usage de l’encens. — 1. C’estd’abord pour accompagner les oblations ou sacrifices nonsanglants. Sur l’offrande de fleur de farine arrosée d’huile, on devait répandre des grains d’encens. Le prêtre rece
vait cette offrande et la taisait brûler sur l’autel. Lev., I, 1, 2; cf. VI, 15. Dans l’offrande des fruits nouveaux, lesépis encore tendres, après avoir été grillés et broyés, étaient arrosés d’huile, puis saupoudrés d’encens, commedans le cas précédent. Lev., ii, 15, 16. Au contraire, dans le sacriBce pour le péché, Lev., v, 11, il est recommandé de ne pas employer l’encens; de même dans lecas de la loi de jalousie, le sacrifice offert alors étantassimilé à une offrande pour le péché. Num., v, 15. Onse servait d’encens très pur, lebôndh zakkâh, pour lespains de proposition ou d’offrande, disposés en deux pilessur la table du Saint: sur chaque pile, d’après.Tosèphe, Ânt. jud., III, x, 7, on plaçait un pelit plateau ou coupe
Traité Yoma, 5, le Talmud de Jérusalem, trad. Schwab, t. v, 1882, p. 208-209. Ce parfum à brûler, Oupu’aiia, dontl’Exode, xxx, 34-38, donne la recette, rappelle les compositions d’aromates, que les Égyptiens étaient très habilesà confectionner. Ordinairement aussi réservés au culte, ils se fabriquaient dans les laboratoires des temples, etleur préparation était très compliquée, comme celle dukyphi, par exemple. Les Hébreux purent leur emprunterleurs procédés ou leurs recettes, comme le firent plustard les Grecs et les Romains. V. Loret, L’Egypte autemps des pharaons, in-12, Paris, 1889, p. 199-200; D. Mallet, Les premiers établissements des Grecs enEgypte, dans Mémoires de la mission archéologique
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662. — Arbroi il encens transplantés a Doir el-Bahari. D’après N’avilie, The Temple of Deir el-Baharl, pi. ix.
d’or, rempli d’encens; il y demeurait une semaine; lesabbat suivant, on remplaçait les pains, et l’encens étaitbrûlé dans le feu des holocaustes, et on en plaçait uneautre poignée dans les deux plateaux. Talmud de Jérusalem, trad. Schwab, tr. Scheqalim, p. 309. — 2° Onemployait aussi l’encens dans la confection de parfumsmélangés. Ainsi le parfum sacré qu’on devait brûlerchaque jour sur l’autel dans le Saint, Exod., xxx, 7-8, et dont la composition était réservée exclusivement ausanctuaire, contenait comme un de ses quatre ingrédientsl’encens très pur ou blanc: les quatre éléments devaientêtre mêlés en proportions égales, broyés ensemble, puisréduits en poudre. Exod., xxx, 34-38. On l’offrait deuxfois par jour sur l’autel des parfums, vers neuf heuresdu matin et trois heures du soir. C’est en offrant ce parfum que Zacharie eut sa vision de l’ange Gabriel. Luc, 1, 10. Plus tard, aux quatre ingrédients du parfum sacré, les rabbins en ajoutèrent d’autres, onze ou treize en tout, -qu’ils regardaient comme obligatoires; si bien qu’enomettant, par exemple, l’herbe qui rend la fumée del’encens verticale, on était passible de la peine de mort.
française au Caire, t. xii, fasc. 1, in-4, 1893, p. 306-308.Préparer l’encens pour qu’il s'élève en colonne droite étaittrès difficile: c'était le secret de la famille d’Abtinos, dit leTalmud de Jérusalem, tr. Yoma, 9, trad. Schwab, p. 199.On connaissait autrefois ce procédé; le Cantique, iii, 6, yfait allusion: «Quelle est celle qui monte du désert commeune colonne de fumée, formée de myrrhe et d’encens?» — 3° Des lévites étaient chargés du soin des matièresdestinées aux sacrifices non sanglants, parmi lesquellesentrait l’encens. I Par., ix, 29. Après la captivité, Éliasib avait fait préparer pour Tobie l’Ammonite la chambreoù on les conservait; mais Néhémie remit les choses enleur premier état et rapporta l’encens avec les autresoffrandes dans cette chambre. II Esdr., xiii, 5, 9. Dans leparvis d’Israël, des troncs étaient placés pour recevoir lesoffrandes destinées au culte; un d’entre eux portait cetteinscription: Encens; on y déposait l’argent pour acheterl’encens. Cette offrande était volontaire; mais, si l’on donnait pour Vencens, il fallait donner au moins ce qui étaitnécessaire pour une poignée. Scheqalim, l, 1, 5. «Nousavons envoyé de l’argent pour acheter des holocaustes et
de l’encens,» disent les captifs de Babylone aux Juifs restésà Jérusalem. Bar., 1, 10. A. l’époque messianique, onapportera l’encens en abondance de Juda et des nations.Jer., xvii, 26; Is., lx, 6. — 4° L’encens brûlant seul oumêlé à d’autres aromates, et s’élevant vers le ciel, est devenunaturellement le symbole de la prière. Cf. Ps. cxl, 2; Luc, I, 10. C’est pourquoi l’Apocalypse nous montre lafumée des parfums montant avec les prières dés saints, vin, 3, 4; et les vingt-quatre vieillards tenant des vasesd’or remplis de parfums, qui sont les prières des saints, v, 8. Aussi faut-il que les dispositions du cœur accompagnentl’offrande de l’encens; autrement ce n’est pas unculte vrai, sincère, mais une pure formalité extérieure, que Dieu réprouve, ls., xliii, 23; lxvi, 3; Jer., VI, 20.
— 5° Si l’offrande de l’encens est un hommage à Dieu, l’offrir à des idoles est une marque d’idolâtrie. QuandAntiochus, 1 Mach., 1, 58, profana le Temple, il ordonnade brûler de l’encens devant les portes des maisons etsur les places. Il y eut des apostats, mais aussi d’héroïquesrésistances, à Modin surtout. Le tyran y envoya des émissairespour contraindre les habitants à brûler de l’encens.I Mach., ii, 15. Plusieurs obéirent; mais Mathathias etses fils demeurèrent inébranlables. — 6° On offre l’encens, comme d’autres parfums ou des objets précieux, àdes personnages qu’on veut honorer. En Orient, il n’y apas de visite sans présent. Aussi les mages apportent-ilsde l’or, de l’encens et de la myrrhe. Les Pères ont vu deplus une signification symbolique dans ces dons; maisles interprétations sont bien variées: pour les uns, c’estla dignité sacerdotale; pour d’autres, la divinité que lesmages auraient voulu reconnaître par l’offrande de l’encens.L’encens sert de comparaison dans l’éloge de Simonfils d’Onias. Eccli., L, 9. Dans sa sollicitude pour leTemple, il est, d’après la Vulgate, «comme la flamme quiétincelle, comme l’encens qui brûle dans le feu,» et, selon le grec, «comme le feu et l’encens dans l’encensoir,» c’est-à-dire comme l’encens qui brûle sur le feude l’çncensoir. Dans le verset précédent, ^.8, la Vulgatele compare aussi à «l’encens qui répand son parfumaux jours de l’été»; mais le grec porte: pxatrràç Xiêàva-j, «comme un plant odoriférant du Liban;» sens plus naturel, l’encens étant d’ailleurs nommé au vers, suivant.
— 7° Il est à remarquer qu’en plusieurs endroits où lemot lebônâh manque en hébreu, et 3u6àvoç dans les Septante, la Vulgate a cependant le mot thus: c’est que letraducteur latin a rendu par ce mot particulier des motsde sens général, comme qdtar, qetoréf, miqtdr, etc., «répandre une odeur agréable, fumigation.» 1Il Reg., xi, 8; xiii, 1, 2; II Par., xxviii, 25; Ezech., viii, 11; demême Ezech., vi, 13, pour rêah nil/ôah, pour «odeursuave», etc. — Dans d’autres passages, la Vulgate a renduexactement ces mots de sens général, qetoret, qatâr, par incensum, adolere incensum; mot à mot: «ce qu’onbrûle, offrir ce qui est à brûler,» Num., xvi, 17; I Par., vi, 49, etc.; mais il faut se garder de traduire incensumpar «encens», parce que «ce qu’on brûlait a comprenaitaussi bien les victimes qu’on brûlait sur l’autel des holocaustes, comme Exod., xxix, 13; Lev., iv, 35; Ps. lxv, 15, que les divers parfums offerts à Dieu sur l’autel des parfums, par exemple, I Mach., iv, 49; Luc, i, 9, et parconséquent beaucoup d’autres choses que l’encens.
E. Levesque.
- ENCENSOIR##
ENCENSOIR (hébreu: mahtâh et miqtéréf; Septante: mipeîov et 6u|uaTiipiov > Vulgate: igniutn receptacula, thunbulum, thymiamateria; Apocalypse: >, têavutôc; Vulgate: thuribulum), proprement «vase où l’onbrûle de l’encens»; comme cet instrument servait nonseulement pour l’encens, mais pour d’autres aromates oudes compositions de parfums, il serait plus justementnommé b>-ûleparfums.
1° Nom. — D’après l’étymologiej nnn, hatâh, s prendre
des charbons ardenls à un brasier,» Is., xxx, 14, le mahtâh est une sorte de pelle à feu, qui servait à prendredescharbons sur l’autel des holocaustes. Exod., xxvii, 3; .xxxvin, 3; Num., iv, 14. Dans ces trois endroits, la Vulgaterend bien le sens: receptacula ignium; les Septantetraduisent par le mot grec équivalent, irupeîov. Maiscomme, après avoir pris du feu à l’autel des holocaustes, le prêtre, dans certaines cérémonies, jetait des grainsd’encens ou d’autres aromates sur cette sorte de pelleou réchaud, le même instrument devenait un brûle-parfums.Lev., x, 1; xvi, 12; Num., xvi, 6, 17, 37 (hébreu, xvii, 2), 39 (hébreu, xvii, 4), 46 (hébreu, xvilj 11). LesSeptante continuent à rendre le mot hébreu par itupâov, et la Vulgate traduit alors habituellement par thuribulum.Le sens de «brûle - parfums» donné à mipeîov estparticulièrement évident dans Eccli-, L, 9: «comme lefeu et l’encens dans l’encensoir,» àrà wupeîou. Cette pelleà feu, servant ainsi aux fumigations de parfums, reçoitde cette seconde fonction le nom spécial de miqtéréf, deqâtar, a fumer, exhaler des parfums.» II Par., xxvi, 19; ,
563. — Batillum romain, servant de brûle-parfums.Vue de face et vue de profil.
Ezech., viii, 11. Les Septante traduisent alors par ôujiairiïpiov, et la Vulgate par thuribulum. Le même instrumentavait donc deux dénominations, provenant de ses deuxusages. G. F. Rogal, Thuribulum, 1, dans Ugolini, Thésaurusantiquitatum sacrarum, in-f», Venise, 1750, t. xi, col. DCCLI. — Dans l’Apocalypse, viii, 3, 5, le brûleparfumsest appelé X16avwT61; , proprement «encensoir».2° Forme. — L’Écriture ne décrit nulle part le mahtâh; d’après les auteurs juifs, malgré les obscurités et lescontradictionsd’un bon nombre d’entre eux sur ce sujet, et en s’attachant au sens précis du rcupeîov des Septante ron peut arriver à s’en faire très vraisemblablement uneidée assez exacte. Le mahtâh est une sorte de large pelleà trois rebords peu élevés et munie d’un manche assezcourt. Il n’y a pas de rebord à la partie antérieure, pourpermettre de prendre facilement les charbons ardents.Le Tcupeïov, par lequel les Septante ont Iraduit régulièrementle mahtâh hébreu, rappelle le batillum romain rpelle ou brasier rectangulaire, dont on se servait pourbrûler de l’encens ou des herbes odoriférantes. Horace, Sat., i, 5, 36. Un exemplaire en bronze, trouvé à Pompéi, se conserve au musée de Naples (fig. 563). Cette descriptiondu mafytâh se trouve confirmée par une remarquedu livre des Nombres, xvi, 37, 38 (hébreu, xvii, 3, 4). Dieu ordonne que les brûle-parfums de Coré rde Dathan et de leurs partisans seront réduits en lames: ce qui était très facile dans l’hypothèse de la forme quenous venons de décrire; rien de plus simple que derabattre les bords: ce qui, au contraire, eût été impossiblesans les briser, s’ils avaient eu la forme d’un vaserond, sorte de coupe avec ou sans couvercle, comme onles représente quelquefois. Ces brûle - parfums, durant letemps du Tabernacle, furent fabriqués en cuivre. Num., .xvi, 39 (hébreu, xvii, 4); mais Salomon, pour le servicedu Temple, les fit faire en or. III Reg., vii, 50; II Par., iv, 22. Comme les autres vases du Temple, ils furent enlevéspar les Chaldéens à la prise de Jérusalem. IV Reg., xxv, 15; Jer., lii, 19. Le brûle-parfums hébreu ainsi
entendu offre la plus grande analogie avec les encensoirségyptiens. Comme on peut s’en rendre compte facilementpar les nombreux spécimens représentés sur les monumentsou conservés dans les musées, c’était une mainavec un bras ou manche (fig. 564). La main tient ordinairementun vase destiné à retenir les charbons; sur lemilieu du bras est souvent fixé un autre vase, sorte denavette à encens ou parfums, et la poignée prend diversesformes, comme, par exemple, celle d’une tête d’épervier.On voit aussi assez fréquemment des vases avec un piedau lieu de manche, et des vases en forme de bol ou detasse sans anse, reposant directement sur le creux de lamain, et ces vases sont surmontés d’une flamme et de
tous ces textes, où il est question d’offrandes de parfumsà Dieu ou à des idoles, se trouve dans les monumentségyptiens. Des personnages, rois ou prêtres, y sont représentéstenant le brùle-parfums d’une main, de l’autrejetant des grains d’encens ou des pastilles odorantes;
564. — Brûle-parfums égyptien. xix «dynastie. Thèbes.D’après Lepsius, Denlemdler, Abth. iii, BU 150.
grains d’encens ou d’autres aromates (fig. 565). Cf. Wilkinson, The Manners, t. iii, p. 414, 498. Un spécimenmoins orné et en fer, trouvé dans les ruines de Naukratis, se rapproche davantage de la main de fer, oupetit tisonnier à feu. D. Mallet, Les premiers établissementsdes Grecs en Egypte, dans Mémoires de la missionarchéologique française au Caire, t. xii, 1er fasc, 1893, p. 230. — Dans l’Apocalypse, v, 8, il est dit que lesvingt-quatre vieillards ont à la main des çiâXaj, phialas, pleines de parfums. Or l’équivalent lalin de y.&Xri est souventpatera, vase avec manche, qui a une assez granderessemblance avec le batillum; ce pourrait donc être unbrùle-parfums ou encensoir.
3o Usage. — La façon de se servir du mahtâh oubrûle-parfums est clairement marquée dans le Lévitique, xvi, 12. À la fête de l’Expiation, le grand prêtre prenaitle makfâh, le remplissait de charbons ardents à l’auteldes holocaustes; puis, tenant l’instrument de la maingauche, il entrait dans le Saint, prenait dans un vasespécial appelé kaf, Num., vii, 14, une pleine poignée duparfum sacré, réduit en poudre ou en pastilles (compositionde divers aromates, selon la formule donnéeExod., xxx, 7-8), et, après avoir pénétré dans le Saintdes saints, il en jetait de la main droite sur son brasero.Il s’approchait ainsi de l’arche, qui se trouvait bientôtenveloppée d’un nuage de parfums. Cf. Lev., x, 1; Num., XVI, 6, 17. En dehors de la fête de l’Expiation, l’offrande de l’encens se faisait dans le Saint, par lessimples prêtres. La mission d’offrir l’encens était réservéeau sacerdoce; pour avoir voulu l’usurper, les lévitesCoré, Dathan et Abiron furent châtiés d’une manièreterrible. Num., xvi, 7-50. De même Ozias, roi de Juda, voulut offrir des parfums sur l’autel dans le Saint. II Par., xxvi, 16-20. Mais les prêtres s’y opposèrent; et Ozias, tenant à la main l’encensoir, fut frappé de la lèpre. — Leprêtre qui offrait l’encens au Seigneur devait prendre lefeu à l’autel des holocaustes. Nadab et Abiu, fils d’Aaron, sont punis de mort par le Seigneur pour avoir employédu feu profane contre l’ordre divin. Lev., x, 1, 2. C’estbien à l’autel des holocaustes, fhjffsaoTTipfov, que l’angeprende feu dont il remplit son encensoir. Apoc, viii, 3-5.
— Dans une de ses visions, Ézéchiel, viii, 10, 11, voitsoixantedix anciens de la maison d’Israël, représentantle peuple, réunis dans une cour du Temple; ils portaientchacun un encensoir à la main, et par les parfums qui ybrûlaient honoraient les images d’animaux et d’idolespeintes sur les murs. Le commentaire le plus clair de
565. — Brûle-parfums en forme de vase sans manche.Temple de Ranisès III. D’après Lepsius, Denkmdler, Abth. iii, Bl. 167,
ils présentent à la divinité l’encensoir ainsi fumant pourlui faire respirer en quelque sorte l’odeur de ces parfums(fig. 566).
4o Applications douteuses ou erronées. — Les exégètessont très partagés sur la question de savoir si le 6up.tariipiovd’or dont parle l’Épitre aux Hébreux, ix, 4, est un.encensoir ou l’autel des parfums. En elle-même l’expressionpeut s’appliquer et s’applique de fait soit à un encensoir, II Par., xxvi, 19; Ezech., viii, 11, soit à l’autel des.
560. — P*oi d’Egypte offrant de l’encens à un dieu.D’après WiUdnson, The Manners, t. iii, p. 415.
parfums. Josèphe, Ant. jud., III, vi, 8; viii, 2, 3; Bell, jud., V, v, 5; Philon, De vita Mosis, iii, 7, édition de1742, t. ii, p. 149. Selon les uns, le 6up.! «Tinptov del’Épitre, étant mis dans le Saint des saints, ne peut désignerl’autel des parfums, qui de l’aveu de tous étaitdans le Saint. Ce serait plutôt l’encensoir dont se servaitle grand prêtre le jour de la fête de l’Expiation. Lev.,
xvi, 12. Sans doute du temps du Tabernacle il était d’airain; mais Salomon, comme nous l’avons vii, le fit fabriqueren or. Il faut avouer que cet encensoir n’était. pas à demeure dans le Saint des saints, il y était portéseulement pendant la durée de la cérémonie expiatoire; d’un autre côté, il serait étrange que l’auteur de l’Épitreaux Hébreux, dans son énumération des objets du culteplacés dans le Temple, eût omis l’autel des parfums.Aussi bon nombre d’exégètes, et avec raison, il noussemble, entendent par le Ou(it «Triptov de l’Épître l’auteldes parfums. C’est ainsi du reste que traduisait la versionitalique: allare. La solution de la seule difficultéopposée à ce sentiment se trouve dans les parolesmêmes de l’Apôtre, rapprochées d’expressions identiquesemployées dans l’Ancien Testament. Il est à remarquerque l’auteur ne dit pas expressément que l’autelétait dans le Saint des saints, il ne pouvait se trompersur une chose si notoire; il ne se sert pas de èv tj, commeau ꝟ. 2, pour les objets renfermés dans le Saint; mais ildit èxoiina: ce qui est la traduction exacte de l’expressionhébraïque de 1[[ Reg., vi, 22: hammizbêal.i âsérladdebir, «l’autel qui est à l’oracle;» altare oraculi, d’après la Vulgate. De plus, on parle de cet autel au milieude la description même de l’oracle ou Saint des saints.III Reg., VI, 20. L’Épitre n’affirme pas autre chose, sinonque l’autel des parfums était en relation étroite avec leSaint des saints. — Il ne faut pas confondre avec lemah(âh, «brûle - parfums,» un instrument de mêmenom, de forme sans doute analogue, mais plus petit eten or, qui servait à recevoir ce qui avait été mouché déslampes. Exod., xxv, 38; xxxvii, 23; Num., iv, 9. LesSeptante rendent justement ce mot par ÈnapuirTpiSaç, etpar le terme plus général ÙTroOÉtiata; la Vulgate se sertd’une périphrase: vasa ubi ea quss eniuncta sunt extinguantw, et une fois du mot emxtnctoria. — Il est à remarquerque le traducteur de la Vulgate rend d’une façontrès variable et assez souvent erronée les noms des différentsvases ou instruments servant au culte du Temple: on sent qu’il s’agit d’un état de choses qui n’existe plusde son temps. Les Septante, au contraire, sont en généralplus exacts et-plus constants dans la façon dont ilstraduisent ces différents noms. Ainsi la Vulgate rend parthuribula le mot qe&àvôf dans deux textes parallèles où ilest question des quatre espèces de vases formant le mobilierde la table des pains de proposition. Exod., xxv, 29; xxxvii, 16. Les traducteurs grecs ont mis ijTtivSia, «vaseà libation.» Dans un autre passage, Num., iv, 7, parallèleaux deux derniers, la version latine a crateras pource même nom qeiot, et c’est le mot qe’àrôt qu’elle rendpar thuribula, lorsque les Septante mettent pour ce derniernom hébreu TpvoXi’a. Or les qesof sont certainementdes vases à libation, comme le dit expressément le textelui-même, Exod., xxxvii, 16, et comme l’ont compris lesSeptante en écrivant <j71<5vôia. — Quant aux qe’àrôt, ce nesont pas des brûle-parfums, mais des TpuëAi’a, vases semblablesau catinus des Latins. Un passage du Lévitique, XXIV, 7, nous dit qu’on plaçait de l’encens très pur surchacune des deux piles de pains d’offrande ou de proposition.Josèphe, Ant. jud., 111, x, 7, rapporte que cetencens était déposé dans deux petits vases appelés tccvccxe; .C’est le catinus latin; or ce vase était une sorte de soucoupedans laquelle on portait des pastilles d’encens pouliesacrifice. — Les kafôf, Outoxoci, dont il est aussi parlédans les passages cités de l’Exode, xxv, 29; xxxvii, 16, et des Nombres, iv, 7, étaient semblables à Vacerra desLatins, sorte de boite à encens, équivalente pour le serviceà ce que nous appelons la navette. Ces quatre vasesdu mobilier de la table d’offrande ne désignent donc pasirn encensoir. — Dans I Par., xxviii, 17, le mot qeèof, vase à libation, est également rendu par thuribula; dansIV Reg., xii, 13 (hébreu, 14), le mot mizrâqôt, quisignifie un vase destiné à répandre le sang des victimes, est aussi traduit par thuribula. E. Levesque.
I ENCHANTEMENT, action de charmer par des opé| rations, appelées magiques. Voir Magie, Divination.
- ENCHANTEUR##
ENCHANTEUR, celui qui charme et opère des chosesmerveilleuses par des moyens magiques. Voir Charmeur.
- ENCLUME##
ENCLUME, Job, xii, 15; Eccli., xxjtvm, 29. Voirj Forgeron, col. 2310.
- ENCRE##
ENCRE (hébreu: der/ô; Nouveau Testament: piXav; I Vulgate: atramenlum), liquide servant à écrire. L’encrei dont les anciens se servaient ordinairement était une sorte| d’encre de Chine, c’est-à-dire une matière noire dessc-Ichée, qui, délayée dans l’eau et répandue par le calameI du scribe, traçait sur le papyrus ou le parchemin les’caractères de l’écriture. Elle n’est mentionnée qu’une
; fois dans l’Ancien Testament. Jérémie dictait ses prophéties,
et Baruch, son secrétaire, écrirait sur un rouleauavec de l’encre. Jer., xxxvi, 18. Le mot deyô, quidésigne ici l’encre, n’a pas été traduit par les Septante.Gesenius, Thésaurus, Leipzig, 1829, t. ii, p. 335, le rattacheà la racine inusitée et incertaine dâyâh, «qui estde couleur sombre.» D’autres le font dériver de dàvàh, «couler lentement.» Fr. Buhl, Gesenius’Wôrterbuch, 12e édit., 1895, p. 169. L’emploi de l’encre est supposépar Ézéchiel, ix, 2, 3, 11, qui parle du qéséf hassôfêr ouencrier du scribe. Voir Écritoire. Mais l’usage de l’encre, quoiqu’il ne soit pas signalé dans les temps antérieurs, devait être plus ancien chez les Hébreux et remonterà l’époque où ils ont connu l’écriture sur papyrus. Lalégislation mosaïque fournit un indice de son ancienneté.Les malédictions prononcées contre la femme infidèle àson mari devaient être écrites sur un billet, puis effacéesavec des eaux amères, qu’on faisait boire à la coupable.Num., v, 23. L’écriture fraîche s’efface facilement par unlavage à l’eau, qui enlève l’encre. Les Hébreux ont puapprendre à se servir de l’encre durant leur séjour enEgypte, où, dès les temps les plus reculés et avantl’exode, les scribes en faisaient un usage journalier, ainsique l’attestent les papyrus qui nous sont parvenus. —Dans le Nouveau Testament, l’encre est mentionnée troisfois. Les lettres de recommandation que saint Paul présenteaux Corinthiens ne sont pas écrites avec de l’encresur des tablettes de pierre, elles ont été tracées par l’Espritdu Dieu vivant dans leurs propres cœurs. II Cor. f iii, 3.Saint Jean, écrivant à Électa, II Joa., 12, et à Caius, III Joa., 13, ne veut pas écrire au moyen de papyrus etd’encre tout ce qu’il a à leur dire, soit par défaut de cesmatériaux, soit par prudence; il espère aller les voir etleur parler.
L’encre des Hébreux devait être la même que celle desÉgyptiens et des Grecs. Elle était ordinairement composéede noir de fumée, mêlé à une solution de gomme. Pline, H. N., xxxv, 25. Selon Dioscoride, v, 182, le mélange étaitformé dans les proportions de 75 pour 100 de noir de fuméeet de 25 pour 100 de gomme. Vitruve, vii, 10, décrit ainsila préparation du noir de fumée destiné à la fabricationde l’encre: «On bâtissait une chambre voûtée commeune étuve; les murs et la voûte étaient revêtus de marbrepoli. Au-devant de la chambre, on construisait un fourqui communiquait avec elle par un double conduit. Onbrûlait dans ce four de la résine ou de la poix, en ayantbien soin de fermer la bouche du four, afin que la
! flamme ne put s’échapper au dehors, et se répandît
| ainsi, par le double conduit, dans la chambre voûtée; elle s’attachait aux parois et y formait une suie très fine, qu’on ramassait ensuite.» Cf. H. Giraud, Essai sur leslivres dans l’antiquité, Paris, 1840, p. 48-49. Le noir defumée ainsi obtenu était mélangé avec une solution degomme dans l’eau, puis soumis à l’action du soleil pourle dessécher. L’encre séchëe et solidifiée se débitait enforme de pains, pareils à nos bâtons d’encre de Chine.Quand le scribe voulait s’en servir, il la délayait dans
l’eau avec sa paletle. Voir Écritoire. Celte encre étaitfacile à effacer. Pour la rendre indélébile il fallait simplement, selon Pline, H. N., xxxv, 25, se servir de vinaigreau lieu d’eau pour la délayer. — Dès la plus haute antiquité, les Égyptiens se sont servi d’encre rouge aussibien que d’encre noire, comme le prouvent les papyrusoù les titres et les indications liturgiques sont écrites àl’encre rouge. Les Grecs et les Latins reçurent des Égyptiens, avec le papyrus, l’usage des deux espèces d’encre, et c’est par leur intermédiaire que nous est venue l’habitude d'écrire en rouge les rubriques dans nos Bréviaireset dans nos Missels. On a trouvé dans un grand nombre detombeaux égyptiens des palettes de scribes contenant de
'Ae).î(ip; Codex - Alexandrin» *, Nr, vB(ip, I Reg., xxvtn, 7; 'AevBûp, Ps. lxxxii [ hébreu, lxxxiii], 11; omis, Jos., xvii, 11), ville comprise dans le territoire d’Issachar, mais donnée «avec ses villages» à la demi-tribu deManassé occidental. Jos., xvii, 11. C’est là que Saül allaconsulter la pythonisse avant la bataille de Gelboé, I Reg., xxvill, 7, et près de là que Débora et Barac défirent lestroupes chananéennes de Jabin et de Sisara. Ps. lxxxii(hébreu, lxxxiii), 11. Eusèbe et saint Jérôme, Ononiaslica sacra, Gcellingue, 1870, p. 96, 121, 226, 259, auxmots Aendor, Endor, 'Asvôwp, 'HvSiip, la mentionnentcomme étant encore de leur temps un gros village situéà quatre milles (près de six kilomètres) au sud du mont
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567. — Endor. D’après une photographie.
l’encre rouge desséchée aussi bien que de l’encre noire.Les inscriptions à l’encre rouge ne sont pas très rares. LeP. Delatlre a trouvé à Carthage plusieurs inscriptions oùles deuxespècesd’encre sont employées. Le musée de SaintLouis, à Carthage, possède, parmi beaucoup d’autres, une-amphore sur laquelle se lisent en lettres rouges les nomsde C. Pansa et A. Hirtius, les consuls de l’an 43 avantnotre ère. Cf. Delattre, Le mur à amphores de la collineSaint -Louis, Paris, 1894. On fabriquait l’encre rougeavec du cinabre. Euthalius, Act. Apost. edit., Patr. gr., t. lxxxv, col. 637. — Cf. F. Lenormant, Histoire anciennede l’Orient, 9e édit., Paris, 1883, t. iii, p. 107; Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, 1875, p. 205206; Trochon, Introduction générale, Paris, 1887, t. ii, p. 667-668; Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Paris, 1875, t. i, p. 529.
E. Makgekot.ENCRIER. Voir Écrjtoire, col. 1571.
- ENDOR##
ENDOR (hébreu: 'Ën-Dôr, e source de Dor» ou «source de l’habitation»; Septante: Codex Vaticanus,
Thabor, et près de Naïm. Si elle a aujourd’hui perdu doson importance, elle existe cependant sous le même nom, dans la situation exacte indiquée par le texte sacré et lesauteurs que nous venons de citer. Le mot hébreu Dôr estécrit-ni, I Reg., xxviii, 7; avec cholem défectif,-n, Jos., xvii, 11, et avec aleph, -'ni, Dûy, Ps. lxxxiii, 11; mais la forme complète-ri-jiy, 'Ên-Dôr, se trouve
bien reproduite par le nom arabe actuel, . jj, 'Éndûr
ou Endour. Il arrive en effet, parfois, que le mot l aïn, «source,» s’abrège, aussi bien que bèt, «maison,» ens’unissant à l’autre élément du composé. On sait, d’autrepart, que la lettre 7, 'aîn, se change quelquefois en, aleph, comme jadis les Galiléens confondaient entre ellesles gutturales. Cf. G. Kampffmeyer, Aile Namen im heutigen Palâstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 111; t. xvi, 1893, p. 55; A. Neubauer, La géographie du TaUmud, Paris, 1868, p. 181.
Le village actuel d’Endour (fig. 567), situé sur les dernières pentes septentrionales d’une petite montagne vol
canique dont les deux sommets s’appellent Tell-’Adjoul, au pied du Djebel Dâhy ou Petit-Hermon, est en grandepartie renversé. Beaucoup de cavernes, de silos et de citernescreusés dans le roc attestent l’antique importancede cette localité. On y observe aussi un certain nombred’anciens tombeaux renfermant intérieurement des augessépulcrales surmontées d’un arcosolium cintré. Unesource, appelée’Aïn Endour, coule au fond d’une caverne, d’oùelle sort par un petit canal, pour aller arroser plusieursjardins qu’entourent des haies de cactus. C’est peut-êtredans l’une des cavernes qui se trouvent là que la pythonisseévoqua devant Saül l’ombre de Samuel. Cf. V. Guérin, Galilée, t. i, p. 118; Van de Velde, Reise durchSyrien und Pal&stina, Leipzig, 1856, t. ii, p. 330; Survey of Western. Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 84. — On a de. là une vue splendide.En avant se dresse le mont Thabor, qu’une large plainesépare du village, et qui élève son dôme arrondi, absolumentisolé, au milieu d’un plateau verdoyant. Plusloin, à l’est, de l’autre côté du Jourdain, on aperçoit lescônes volcaniques du Djolan, et, tout à l’horizon, la têteblanche du Grand Ilermon. Les ondulations du terrains’abaissent insensiblement et amènent au niveau de laplaine d’Endor, très fertile et marécageuse dans les basfonds.Les sources du Nahr esch-Scherar la traversent, pour former un peu plus loin un fort ruisseau, qui va seprécipiter dans le Jourdain. La terre est noire et volcanique, avec de nombreux fragments de basalte. On voitçà et là quelques champs cultivés, mais la plus grandepartie est abandonnée. La végétation cependant est desplus remarquables; de hautes herbes, des joncées vigoureuses, des carex aux feuilles rigides et tranchantes yforment des fourrés d’un vert sombre; ailleurs ce sontdes chardons gigantesques (Notobasis Syriaca et SilybumMarianum), au milieu desquels cavaliers et monturesdisparaissent presque complètement. D’autres endroitssont émaillés des fleurs superbes de lupins bleus, de liserons à fleurs roses, etc. Quelques tentes rayéesd’Arabes Sakkar s’élèvent çà et là dans cette plaine entièrementdépouillée d’arbres. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliii, p. 196.
A. Legendre.
- ENDUIT##
ENDUIT (hébreu: tûâh, «enduire;» Septante: âXeiçstv; Vulgate: linire), matière molle dont on recouvre certainsobjets, et qui, une fois séchée, rend ces objets plusrésistants, plus visibles, etc. La Sainte Écriture parle ence sens du bitume, voir t. i, col. 1804, et de la chaux, voir t. ii, col. 642-643. — Moïse prescrit à son peuple, dans le Lévitique, xiv, 42, 43, 48, que lorsqu’une maisonsera atteinte de «la lèpre» (voir Lèpre), on devra, entreautres choses, racler avec soin les parois intérieures dela maison, porter hors de la ville les produits de cetteOpération, et «enduire» (tâh; Vulgate: linire) le murd’un enduit nouveau. — Isaïe, XLrv, 18, dit au figuré queles yeux qui ne voient pas sont couverts d’un enduit. —Ézéchiel, xiii, 10-15; xxii, 28, compare les faux prophètesà des maçons qui couvrent leurs murs d’un mauvaisenduit. — La main qui écrivit, pendant le festin deBaltassar, les mots mystérieux Mané Thécel Phares, lesécrivit «sur l’enduit du mur du palais royal». Dan., v, 5.Le mot chaldéen girâ’, qu’emploie l’écrivain sacré, signifie proprejnent «la chaux» (cf. Is., xxvii, 9; Amos, h, 1, dans le Targum); mais il désigne ici l’enduit dechaux avec lequel on avait recouvert les briques d’argiledont on s’était servi pour faire la muraille. La Vulgatetraduit le sens, non la lettre: in superficie parietis, «surla surface du mur.» Tandis qu’à Ninive les murs étaientcouverts de plaques d’albâtre, à Babylone, où la pierrefait défaut et devait être apportée de loin à grands frais, oa ornait les murs au moyen d’un enduit de ciment etde peintures. Voir Diodore de Sicile, ii, 8; A. Layard, Niniveh and Babylon, in-8o, Londres, 1853, p. 529.
H. Lesêtre.
ÉNÉE (grec: Aiv&xç; Vulgate: Mneas), homme deLydda, que la paralysie tenait depuis huit ans couchésur un grabat, et que Pierre guérit subitement au nomde Jésus-Christ. Act., ix, 33, 34. À en juger par sonnom grec, d’une forme bien connue, il devait être Juifhelléniste. Quant à la question s’il était déjà chrétien, lesauteurs ne sont pas d’accord. Il semble, disent les uns, , que, dans le cas de l’affirmative, saint Luc l’aurait désigné, non pas par l’expression vague s un homme a, maissous le nom de disciple, comme un peu plus loin, ꝟ. 36, pour Tabithe. Mais il le fait équivalemment, répondentjustement les autres; car il est dit, ꝟ. 32, que saintPierre se rendit chez les saints (fidèles) qui habitaientLydda, et que là il trouva un homme. C’est comme s’ildisait: un homme d’enlre les fidèles. Aussi l’apôtre luisuppose la connaissance du nom de Jésus et de sa vertu, ꝟ. 34. E. Levesque.
- ENFANCE DU SAUVEUR##
ENFANCE DU SAUVEUR (ÉVANGILES DE L’).Voir Évangiles apocryphes.
ENFANT. Il a différents noms dans la Bible.
I. Noms. — 1° Dans l’Ancien Testament, — 1. Na’ar rqui désigne tantôt un nouveau-né, Exod., ii, 6; rcatStov, parvulus; Jud., xiii, 5 et 7; I Reg., i, 24; ii, 21; Iv, 21, itaiSâpiov, puer; tantôt un jeune enfant, Gen., xxi, 16; xxii, 16; IV Reg., iv, 31; Is., vii, 16; viii, 4, irotStov, m» -Sdtpiov, puer, parfois avec le qualificatif qâlôn, «petit,»
I Reg., xx, 35; IV Reg., ii, 23; v, 14; Is., xi, 6, îraîSiovumtpôv, puer parvulus ou parvus, quoiqu’il soit dit deSalomon déjà roi, III Reg., iii, 7, et d’Adad, 1Il Reg., xi, 17, parfois avec une répétition emphatique, I Reg., i, 24, puer infantulus, ou avec l’indication du jeuneâge, Jud., viii, 20, vewTepoç, puer; IV Reg., îx, 4; iraiSâpiov, adolescens; I Par., xxii, 5; xxix, 1, vioç; tantôt unjeune homme, I Reg., xvii, 42; xxx, 17; Eccl., x, 16; Is., lxv, 20, TtatSâpiov, vetotepoç, véoç, parfois approchantde la vingtième année, Gen., xxxiv, 19; xli, 12, vsavi<7xoç; Gen., xliii, 8, rottSâpiov; Gen., xliv, 22, tiouSsov;
II Reg., xviii, 5, 12, 29 et 32, naiBipiov; II Par., xiii, 7, vîiiTepo?. — 2. Yéléd, qui désigne soit un nouveau-né, Gen., xxi, 8; Ruth, iv, 16; II Reg., xii, 15; III Reg., m, 25, 7ta18(ov, puer; soit un enfant de quelques années, IV Reg., ii, 24, Ttaïç; Gen., xxxiii, 13; Job, xxi, 11, TtaiSs’ov; Zach., viii, 5, itaiSapiov; Is., lxvii, 5, tixvov; soit enfin un adolescent, Gen., IV, 23, veavtmtoç; Gen., xxxvii, 30; xlii, 22; III Reg., xii, 8, 10, 14; II Par., x, 8, 10, 14, 7tat8âpiov; Dan., i, 4, 10, 13, 15, vsavfoxo; etita’.ôipiov; Eccl., iv, 13, raxîç. — 3. Yônêq, 6r)XâÇ(ov, lactens, «s’allaitant,» Num., xi, 12; Deut., xxxii, 25; I Reg., xv, 3; xxii, 19; Ps. viii, 3; Jer., xliv, 7; Joël, n, 16; vrjiriov, Job, iii, 16; Is., xi, 8; Jer., vi, 11; ix, 21; Lam., i, 5; ii, 11, 20; iv, 4. — 4.’VI, enfant à la mamelle, ita1510v, infans, Is., xux, 15; vioç, infans, Is., lxv, 20. — 5.’OUI, vrjmov, téxvov, Is., xui, 16, ûhoti’tÛiqv, Ose., xiv, 1, puer, infans, infantulus, dont la significationétymologique est discutée, mais à qui on attribueplus généralement le sens d’enfant d’un certain âge, «quia déjà sa liberté d’allure, joue, va et vient,» Jer., vi, 11; IX, 20; Lam., i, 5; iv, 4. Ce mot au pluriel est souventopposé à yônqim, pluriel de yônêq, Ps. viii, 3; Joël, ii, 16; Jer., xliv, 7; Lam., ii, 11; I Reg., xxii, 19; xv, 3. Il est employéune fois, Job, iii, 16, pour désigner des enfants quin’ont pas encore vu le jour, et ailleurs, IVReg., viii, 12; Nah., iii, 10; Ps. cxxxvii, 9; Lam., ii, 20, pour désignerde tout jeunes enfants. — 6. Taf, Ttot’êiov, mxiSipiov, Gen., xlv, 19; Deut., i, 39; iii, 6; Jos., i, 14; Gen., xliii, 8; veavHreoç, Ezech., IX, 6, etc. — 7. Ben, «fils,» 7taï{, puer, juvenis, toxiSi’ov, Gen., xvii, 12; xxi, 7, 8; Deut., xi, 2; Is., xlvi, 3; tsxvov, Prov., vii, 7, etc. —8.’Êlêrn, enfant parvenu à l’âge de la puberté, naiSâpiov, vsavûrxo; , I Reg., xvii, 56; xx, 22/
2° Dans le Nouveau Testament. — 1. Bp! ?oc, infans, ff «nourrisson, n désigne l’enfant encore dans le sein de samère, Luc, i, 41, ou le nouveau-né, Luc, ii, 12, 16; Act., vii, 19; I Petr., ii, 2, ou un enfant déjà grand, Luc, xviu, 15. — 2. Niîirto; , infans, qui ne parle pas, avec cettesignification stricte, Matth., xxi, 16; 1 Cor., xiii, 11; maisil désigne un enfant en tutelle, Gal., iv, 1. — 3. Nio; , nouveau, qui est entré récemment dans l’existence, TH., u, 4; plus souvent vecJtepo; , juvenis, Act., v, 6; I Tim., v, 1, 2, 11, 14; TU., ii, 6; I Petr., v, 5. — 4. Néavi «, adolescens, Act., xx, 9; xxiii, 17, 18, 22, ou veavt’o-xo?, adolescens, juvenis, Matth., xix, 20, 22; Marc, xiv, 51; xvi, 5; Luc, vii, 14; Act., Il, 17; v, 10; I Joa., II, 13, 14.
— 5. liât; , puer, puella, Matth., ii, 16; xxi, 15; Luc, ii, 43; viii, 51; ix, 42; Act., xx, 12, ou ses diminutifs, icaiSipiov, puer, Matth., xi, 16; Joa., vi, 9; naiêiov, puer, Matth., ii, 8; v, 9, 11, 13, 14, 20, 21; xiv, 21; xv, 38; xviii, 2, 3; xix, 13, 14; Marc, v, 39, 40, 41; puella, JUarc, vii, 28; ix, 24, 36; x, 13, 14, 15; Luc, i, 59, ’76, 80; ii, 17, 21, 27, 40; vii, 32; ix, 47; xi, 7; xviii, 16, 17; Joa., iv, 49; xvi, 21; Hebr., xi, 23; I Joa., ii, 13.IL Condition physique et sociale de l’enfant. —-1° L’enfant fruit de la bénédiction céleste. — Ce fruitdésiré et aimé d’une union féconde forme le troisièmemembre de la famille; il sert de lien vivant entre le pèreet la mère et fait la joie et la consolation du foyer domestique.Aussi, chez les Orientaux en général et chez lesIsraélites en particulier, la naissance des enfants est regardéecomme un effet de la bénédiction divine. Les frèresde Rébecca souhaitaient à leur sœur avant son départune nombreuse postérité. Gen., xxiv, 00. Chez le peuple.juif, des motifs religieux se joignaient aux raisons de lanature pour accroître les familles. Dieu avait promis àAbraham que ses descendants égaleraient en nombre lapoussière de la terre, le sable de la mer et les étoilesdu ciel. Gen., xii, 2; xiii, 16; xv, 5; xvii, 2, 4-6; xxii, 17.Dès lors, dans sa race, de nombreux enfants étaient unbienfait de Dieu et un litre de gloire, Gen., xlviii, 16; Deut., xxviii, 4; Ps. cxxvii, 3; Tob., vi, 22, tandis quela privation de postérité passait pour un châtiment célesteet un opprobre, Gen., xxx, 1; I Reg., i, 6 et 11; II Reg., xviii, 18; Is., liv, 1; Jer., xxii, 30; Ps. cxii, 9; Luc, i, 25, et Dieu l’infligeait comme punition aux unions incestueuses.Lev., xx, 21. Chaque famille se continuait dansles descendants et conservait avec le nom de son chef unhéritage inaliénable et souvent de glorieux souvenirs.Si un homme mourait sans enfant, la loi donnait à sesproches le moyen et leur faisait le devoir de lui en susciteraprès sa mort. Deut., xxv, 5-10. VoirLÉviRAT. La naissanced’un enfant, surtout celle d’un garçon, était pour lepère de famille israélite un joyeux événement, Jer., xx, 15; celle d’une fille était accueillie avec moins de satisfaction, à cause des sollicitudes particulières de l’éducation desfilles. Eccli., xlii, 9 et 10.
2° Dieu auteur de la vie. — Dès sa conception, l’enfantappartenait à son père et à sa mère, même dans lesunions illicites. Gen., xxxviii, 24-26; II Reg., xi, 5; Job, m, 3-9. Salomon ignorait les lois physiologiques de laformation de l’enfant dans le sein maternel. Eccle., xi, 5.La mère des sept frères Machabées ne savait comment sesl fils avaient apparu eu elle, et elle attribuait leur origineâ l’action toute-puissante du Créateur. II Mach., vii, 22-23.Job cependant, par des comparaisons très justes, décritcette action réelle et souveraine de Dieu dans la générationdes hommes et aussi les phases principales de laconstitution de l’embryon. Quand le fœtus est formé, Dieu lui donne la vie, en lui unissant, au moment quelui seul connaît, une âme qu’il a créée. Le petit être estdés lors l’objet de sa bonté; il veille sur lui et s’en constituele gardien. Ps. cxxxviii, 13-16; Job, x, 8-12. Cf. Lesêtre, Le livre de Job, Paris, 1886, p. 81; J. Knabenbauer, Gomment, in lib. Job, Paris, 1886, p. 148-149. L’auteurde la Sagesse, vii, 1 et 2, connaissait les lois générales dela formation de l’enfant. Le Psalmiste, Ps. lxx, 6, et
Jérémie, i, 5, ont célébré aussi la providence divines’étendant sur eux dès avant leur naissance. Cf. Ps. xxi, 10-11; Is., xlix, 1; Luc, i, 42; ix, 27. Les rabbins ontcontinué d’enseigner que Dieu s’associait aux parents dansla génération des enfants. Talmud de Jérusalem, Péa, i, et Kilaim, viii, 4, trad. Schwab, t. ii, Paris, 1878, p. Ilet 305-306.
3° Naissance de l’enfant. — Pendant les neuf mois dela grossesse, II Mach., vii, 27 (ou dix mois lunaires, Sap., vu, 2), l’enfant est vivant dans le sein de sa mère, et parfoisil s’agite et tressaille. Gen., xxv, 22-24; Luc, i, 41.Il peut y périr et en être rejeté comme un avorton. Job, m, Il et 16. Voir t. i, col. 1294. Sur l’embryologiebiblique, voir L. Low, Die Lebensalter in der jûdisckenLiteratur, in-8°, Szegedin, 1875, p. 42-45. — L’enfantementest douloureux, Gen., iii, 16; Eccli., xix, 11; Joa., xvi, 21, et il exige ordinairement le ministère d’unesage-femme. Gen., xxxv, 17; xxxviii, 27-30; cf. Exod., i, 15-21. L’enfant tombe à terre, s’il n’est personne po^rle recevoir, et c’est par des pleurs qu’il fait entendre savoix. Sap., vii, 3; cf. Eccli., XL, 1. On coupe le cordonombilical et l’on donne à l’enfant les premiers soins, lelavant dans l’eau pour le purifier, le frottant avec dusel pour sécher la peau et le fortifier, et l’enveloppant delanges. Ezech., xvi, 4. Cf. S. Jérôme, Comment, inEzech., xvi, 4, t. xxv, col. 127-128, et Knabenbauer, Comment, in Ezechielem prophetam, Paris, 1890, p. 147-148; Palestine Exploration Fund, QuarterlyStatement, 1881, p. 301. Pour les langes, Job, xxxviii, 9; Sap., vii, 4; Luc, ii, 7 et 12. Celui qui annonçait aupère la naissance d’un fils était accueilli avec joie etrecevait quelque présent, comme c’est encore la coutumedans diverses parties de l’Orient. Cf. Jer., xx, 15.Le père ou le grand-père prenait ensuite le nouveau-nésur ses genoux, probablement en signe de reconnaissanceet d’adoption. Gen., L, 22; Job, iii, 12; Ps. xxi, 11. À leurdéfaut, la grand’mère remplissait ce devoir. Ruth, iv, 16.Les fils de la servante étaient adoptés de la même manièrepar l’épouse principale, qui lui avait cédé ses droitsauprès de son mari. Gen., xxx, 3. Voir Enfantement.
4° Fêtes de la naissance. — Le jour de la naissanced’un enfant, surtout si c’était un garçon, était un jourde joie, et les riches en fêtaient l’anniversaire, Job, i, 4; Matth., xiv, 6; Marc, vi, 21, selon une coutume quiexistait aussi dans d’autres pays. Gen., xi., 20; II Mach., vi, 7; Hérodote, i, 133; Xénopbon, Cyrop., i, 3, 9.Voir t. i, col. 648-649. En Orient, les parents et lesamis font souvent des présents au nouveau-né, commele firent les mages à l’enfant Jésus. Matth., ii, 11. Dansles premiers temps, on donnait un nom à l’enfant aussitôtaprès sa naissance. Gen., iv, 1; xvi, 15; xxv, 25; xxxv, 18. Après l’institution de la circoncision, les filsdes Hébreux reçurent leur nom le huitième jour deleur existence; les parents le leur donnaient, tantôt lepère, tantôt la mère. Luc, i, 31, 60, 62 et 63. L’enfantmâle devait être circoncis le huitième jour. Gen., xvii, 12; xxi, 4; Lev., xii, 3; Luc, ii, 21. Voir Circoncision, col. 774. Quarante jours après leur naissance, on était tenu d’offrir à Dieu un sacrifice pour le rachatdes premiers-nés mâles. Lev., xii, 6; Luc, ii, 22-24. VoirPurification.
5° Allaitement. — L’enfant était ordinairement allaitépar sa mère, Job, iii, 12; Ps. cxxx, 2; Is., xi, 8, et lesfemmes juives ne se dispensaient pas de cette loi de lanature. Gen., xxi, 8; I Reg., i, 22-23; III Reg., iii, 21; Ose., i, 8. Cf. I Thess., ii, 7. On ne donnait l’enfant àune nourrice que si la mère était morte ou malade.Cf. Exod., ii, 7-9. Rébecca avait une nourrice, qui l’accompagnaauprès d’Isaac, et dont la mort fut pleuréecomme celle d’un membre de la famille. Gen., xxiv, 59; xxxv, 8. Voir Débora 1, col. 1331. Deux princes, Miphiboseth, fils de Jonathas, II Reg., iv, 7, et Joas, IVReg., xi, 2; II Par., xxii, 11, eurent eussi des nourrices. Calmet,
Dictionnaire de la Bible, édit. Migne, Paris, -1845, t. i, au mot Allaitement, p. 304, pense que ces " nourricesétaient seulement des esclaves ou des gouvernantes, àqui était confié le soin d’élever ces enfants. Il appuieson sentiment principalement sur le fait de Noémi, "qui dans sa vieillesse fut la nourrice du fils de Booz.Rufh, iv, 16. La durée de l’allaitement était relativementlongue. La mère de Moïse rendit à la fille de Pharaonl’enfant déjà grand. Exod., ii, 0. Anne, mère de Samuel, nourrit son fils deux ans. I Reg., i, 23 et 24. La mère desMachabées allaita le plus jeune de ses fils pendant troisans. II Mach., vii, 27. On peut penser que ce n’était pasla règle ordinaire, et que c’est par l’effet d’une tendressespéciale que cette femme avait prolongé le temps de
508. — Égyptienne portant son enfant sur les épaules.D’après une photographie. Cf. fig. 133, col. 2189.
l’allaitement de son dernier enfant. Cependant le scribeAni, parlant à son fils du respect et de l’amour filial qu’ildoit à sa mère, lui dit: «Elle t’a porté comme un véritablejoug, sa mamelle dans ta bouche pendant troisannées.» F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9° édit., t. iii, Paris, 1883, p. 142. Il en résulterait quela durée de l’allaitement aurait été de trois ans chez lesÉgyptiens. Aujourd’hui encore, en Orient, les enfantssont allaités par leurs mères pendant trois années. Selonles rabbins, la durée nécessaire de l’allaitement était dedeux ans ou de dixhuit mois. Talmud de Jérusalem, Guitin, vii, 7, trad. Schwab, t. ix, Paris, 1887, p. 55-56.La mère ou sa servante porte l’enfant, non pas ordinairementdans ses bras, mais, comme on le fait encoreaujourd’hui en Palestine, sur ses épaules (fig. 568), oususpendu à son dos (fig. 569), ou sur son sein (fig. 570).Num., xi, 12; Is., xlix, 22; Lam., ii, 12. Le père le porteaussi exceptionnellement. Deut., i, 31. Cf. Ose., xi, 2.
6° Sevrage. — Le festin qu’Abraham donna, lorsque Isaacfut sevré, Gen., xxi, 8, autorise à penser que le sevragedes enfants était célébré dans la famille par une fête et
des réjouissances. Une fois sevré, l’enfant, ne demandantplus constamment le sein de sa mère, est calme et gardeune attitude paisible et résignée. Ps. cxxx, 2. On ne luidonnait pas l’instruction aussitôt après le sevrage, Is., xviii, 9, et il restait encore avec sa mère, la fille habituellementjusqu’à son mariage, le fils probablementjusqu’à l’âge de cinq ans. Cf. Prov., xxxi, 1; Hérodote, i, 136; Strabon, XV, iii, 17. Son éducation physique etmorale exigeait beaucoup de soins et causait aux parentsune grande sollicitude. Sap., vil, 4. Dans les familles opulentes, il était placé sous la direction d’un ou plusieursgouverneurs (’ômnîm). IV Reg., x, 1, 5; cf. Is., xi.ix, 23; Gal., iii, 24. L’enfant, abandonné à lui-même, ne pouvaitattirer que de la confusion à sa mère. Prov., xxix, 15. Voir
a-f
569. — Enfant porté suspendu au dos de sa mèrelD’après une photographie.
Éducation et Écoles. Simon, L’éducation et l’instructiondes enfants chez les anciens Juifs, 1879.
7° Droits du père sur l’enfant, — Le père, qui étaitle chef naturel de la famille, jouissait de droits très étendussur ses enfants. Ceux-ci travaillaient pour son compteet lui obéissaient en serviteurs soumis. Les jeunes fillesgardaient les troupeaux dans les familles ordinaires, Gen., xxix, 9; Exod., ii, 16; elles allaient chercher l’eau à lafontaine, comme elles le font encore aujourd’hui, Gen., xxiv, 15-20; elles s’occupaient de cuisine. II Reg., irai, 8-9. Voir Cuisinier, col. 1151. Cf. Palestine Exploration-Fund, Quarterly Stalement, 1881, p. 301. La loi accordaitau père le droit d’annuler les vœux de sa fille, Num., xxx, 4-6; elle lui permettait même de la vendrepour un temps comme esclave. Exod., xxi, 7. Mais ellelui enlevait le droit de vie et de mort sur ses enfants.Le père dont l’autorité était méprisée devait accuser lerebelle devant les anciens, qui jugeaient la cause, et lepeuple était chargé d’exécuter la sentence et de lapiderle coupable. Deut., xxi, 18-21. i. D. Michælis, MosaischesRecht, 3e édit., Francfort-sur-le-Mein, 1793, t.ii, p. 103-108.Le pouvoir paternel cessait pour les filles au moment deleur mariage; pour les fils, il durait jusqu’à la mort du.
père. Les enfants héritaient des biens de leurs parents.Voir HÉRITAGE. Cf. J.-B. Glaire, Introduction historiqueet critique aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, 2e édit., Paris, 1843, t. ii, p. 356-365; S. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 376-377; Trochon, Introductiongénérale, Paris, 1887, t. ii, p. 358-362; card. Meignan, De Moïse à David, Paris, 1896, p. 132-135.
III. Condition morale de l’enfant. — Par une conséquencerigoureuse de sa descendance d’Adam, l’enfantest pécheur; il a été conçu dans le péché, Ps. l, 7, etlvh, 4, et il est impur. Job, xiv, £. Ses sentiments sontcharnels, et il a besoin d’une régénération spirituelle. Joa., m, 9. Voir Péché originel et Baptême. Il a apporté ennaissant de mauvaises tendances, que l’éducation peut et
670. — Mère portant un de ses enfants suspendu sur son doset l’autre sur son sein. D’après une photographie.
doit réprimer. Prov. xxil, 15. On peut juger d’après sesinclinations quelles seront l’innocence et la rectitude desactes de toute sa vie, Prov., xx, 11, et c’est dans le basâge qu’il contracte des habitudes dont il lui est difficilede se défaire. Prov., xxil, ’6. Toutefois, avant qu’il n’aitfait usage de sa raison, il est exempt de toute faute personnelle; il est innocent, pur et confiant. Son âme, à lavue des merveilles de la création, s’élève naturellementvers Dieu, qui tire des enfants encore à la mamelle unelouange parfaite à la confusion des impies. Ps. viii, 3. Aujour des Rameaux, les enfants acclament Jésus au Templede Jérusalem, alors que les prêtres se taisent et ne reconnaissentpas l’envoyé de Jéhovah. Matlh., xxi, 16.Jésus, du reste, avait eu pour les enfants une prédilectionmarquée, en raison de leur simplicité, de leur humilitéet de leur candeur. Quand ses disciples discutaientsur la première place dans l’Église, il appela un petitenfant, le plaça au milieu d’eux et, le caressant, le leurproposa pour modèle. Celui qui ressemblera à l’enfant, qui en aura la simplicité et l’humilité, sera le premieret le plus grand dans le royaume des cieux. Jésus tireensuite les conséquences pratiques de ce principe et déclare que recevoir un de ces petits, le bien traiter pourl’amour de lui, c’est le recevoir lui-même, et que scandaliserune de ces âmes innocentes et pures, c’est uncrime digne d’une sévère punition. Il faut donc avoirsoin de ne pas mépriser une seule de ces faibles créatures, que Dieu a confiées à la garde spéciale de ses anges.Matth., xviii, 2-6, 10, Marc, ix, 35, 36 et 41. Aussi quandles mères lui apportaient leurs petits enfants pour lesbénir et prier pour eux, Jésus s’indignait contre ses disciples, qui les écartaient de lui, et il déclarait hautementque pour entrer dans le royaume des cieux il fallait leurressembler. Puis il les caressait et leur imposait les mains.Matth., xix, 13-15; Marc, x, 13-16; Luc, xviii, 15-17.L’enfant, dont la sensibilité est plus développée que l’intelligence, juge les objets d’après les apparences, leurbeauté et leur agrément. C’est pourquoi, au sujet de laglossolalie ou du don de parler les langues, saint Paulrecommande aux Corinthiens de n’être pas des enfantspar le jugement et l’appréciation, mais seulement par lamalice. Si l’enfant se trompe, il n’a pas l’intention denuire. Le chrétien doit être parfait dans son jugement, qui est porté avec réflexion et prudence; qu’il ait seulementla malice de l’enfant, c’est-à-dire qu’il n’en ait pas.I Cor., xiv, 20. Dans le même ordre d’idées, saint Pierreexhorte ses lecteurs à dépouiller toute malice et toutefraude et à désirer comme les nouveaunés le lait spirituelde la doctrine évangélique, qui les fera croître enJésusChrist pour le salut. I Petr., ii, 1 et 2.
IV. Devoirs de l’enfant. — 1° En vertu de la loinaturelle. — Les liens d’étroite dépendance que la naturea établis entre les parents et les enfants servirent dèsl’origine à régler les devoirs des uns à l’égard des autres, et notamment l’amour et le respect que les enfants devaientporter à leurs parents. Cham fut maudit parcequ’il avait manqué à cette loi; Sem et Japhet furentbénis parce qu’ils l’avaient observée. Gen., IX, 20-27. Isaacobéit à son père Abraham, qui va l’immoler, Gen., xxil, 9; plus tard il reçoit l’épouse que le choix paternel lui destine, et seul son mariage avec Rébecca est capable detempérer la douleur que lui avait causée la mort de samère. Gen., xxiv, 67. Moins soumis, Ésaù prend desfemmes qui déplaisent à ses parents. Gen., xxvi, 34-35; mais Jacob se rend au désir de sa mère et va en Mésopotamiepour s’unir avec une fille de sa famille. Gen., xxviii, 7. Joseph, comblé d’honneurs en Egypte, honoreson père, qu’il aimait tendrement. Gen, , xlv, 3, 9, 13; xlvi, 29.
2° D’après la loi mosaïque. — Quand Dieu promulguala loi morale aux Israélites sur le mont Sinaï, il inscrivitau Décalogue les devoirs des enfants envers leurs parents, et il les plaça à la suite des commandements qui se rapportentimmédiatement à lui: «Honore ton père et tamère, afin que tu vives longtemps sur la terre.» Exod., xx, 12. Cf. Deut., v, 16. L’honneur dû aux parents comprendl’amour, l’obéissance, l’assistance; en un mot, tousles devoirs que la nature impose aux enfants. La craintefiliale et respectueuse est spécialement commandée. Lev., xix, 3. Le quatrième précepte du Décalogue est le premierà qui Dieu ait attaché une récompense spéciale.Eph., vi, 2. Une longue vie sur terre est promise auxenfants qui honorent leurs parents. Cette promesse divineest bien appropriée à l’obligation qu’elle sanctionne: ilconvient de prolonger la vie de ceux qui respectent lesauteurs de leurs jours. Les anciens Égyptiens connaissaientaussi cette promesse, car on lit sur le papyrusPrisse cet adage: «Le fils qui reçoit bien les ordres deson père vivra longtemps.» F. de HummeJauer, Comment, in Exod. et Levil., Paris, 1897, p. 204. Ce précepte divinfut renouvelé plusieurs fois, et des peines sévères furentinfligées aux enfants qui ne l’observaient pas. «Mauditsoit celui qui n’honore pas son père et sa mère, s Deut., xxvii, 16. Le fils qui maudit son père et sa mère, Exod., XXI, 17; Lev., xx, 9; celui qui les frappe, Exod., XXI, 15,
sont dignes de mort. Le code assyrien punissait aussitrès sévèrement les fils qui ne voulaient pas reconnaîtreleurs père et mère. Lenormant-Babelon, Histoire anciennede l’Orient, 9e édit., t. v, Paris, 1887, p. 87. Cf. J. D. Michælis, Mosaisches Recht, 3e édit., Francfort-sur-le-Mein, 1793, t. vi, p. 101-1(6.
3° D’après les livres sapientiaux. — Cette loi a étégénéralement observée en Israël. — 1. Salomon, qui honoraitsa mère et se prosternait à ses pieds, III Reg., ii, 19, recommande aux enfants d’écouter les instructions deleurs parents et de suivre leurs conseils. Il comparel’obéissance filiale à une couronne de grâce sur la tête età un collier précieux autour du cou. Prov., i, 8 et 9. Lesenfants doivent attacher à leur cœur, lier à leur cou etpratiquer jour et nuit les ordres de leurs parents. Prov., vi, 20-22; ils doivent écouter aussi leurs réprimandes, Prov., xiii, 1; car l’enfant sage est le fruit de la disciplinepaternelle. Les enfants sages font le bonheur deleurs parents, les insensés causent leur malheur. Prov., x, 1; xv, 20; xix, 13; xxiii, 24 et 25. Salomon rappelleen particulier que l’enfant ne doit rien dérober à ses parents, Prov., xxviii, 24, et qu’il ne doit pas mépriser savieille mère. Prov., xxiii, 22. Il répète les terribles sanctionsde la loi mosaïque. Si un fils maudit son père ousa mère, son flambeau s’éteindra au milieu des ténèbres.Prov., XX, 20. Celui qui afflige son père et fait fuir samère est infâme et malheureux; son crime entraîne à sasuite la honte et le malheur. Prov., xix, 26. Celui quisoustrait quelque chose à son père ou à sa mère, sousprétexte que ce n’est pas un péché, est aussi coupableque l’homicide. Prov., xxviii", 24. Que l’œil du fils quiinsulte son père et méprise celle qui lui a donné le joursoit arraché par les corbeaux du torrent et dévoré par lespetits de l’aigle. Prov., xxx, 17. — Si Israël a été puni etemmené en captivité, c’est qu’il avait violé les préceptesdivins, notamment celui qui ordonne aux enfants de respecterleurs parents. Ézech., xxii, 7. Les Réchabites sontloués d’avoir observé fidèlement les ordonnances particulièreset les engagements de leur père. Jer., xxxv, 16. —2. L’auteur de l’Ecclésiastique a renouvelé les recommandationsde Salomon. Il a décrit en termes précis lesdevoirs des enfants envers leurs parents et les bénédictionsque leur accomplissement attire sur les enfants. Leprincipe de ces devoirs, c’est l’autorité de Dieu, qui arendu le père digne d’honneur aux yeux de ses enfantset qui a donné à la mère le droit de commander à sesfils. Les avantages que procurent aux enfants l’obéissanceet le respect envers leurs parents sont nombreux: l’observation du quatrième précepte procure lesalut de l’àmè, l’expiation du péché, l’acquisition demérites, la bénédiction paternelle, la joie dans lesenfants et une longue vie sur terre. La pratique du devoirfilial consiste à honorer et à respecter les parents euactes et en paroles, à leur obéir, à les supporter patiemmentet à les assister, surtout dans la vieillesse. Ilest infâme celui qui abandonne son père, et Dieu mauditcelui qui irrite sa mère. Eccli., iii, 2-18. «Honoreton père et n’oublie pas les douleurs de ta mère. Souviens-toique sans eux tu ne serais pas né, et rendsleurles soins dont ils t’ont entouré.» Eccli., vii, 29et 30. C’est surtout au milieu des grands qu’il ne fautpas oublier ses parents, de peur d’être humilié. Eccli., xxiii, 18 et 19. Un fils ne doit rien faire sans consulterses parents. Eccli., xxxii, 24. Qu’heureux est l’hommequi trouve sa joie et sa consolation dans ses enfants! Eccli., xxv, 10.
4° D’après le Nouveau Testament. — La loi chrétienne, loin d’abroger le quatrième commandement duDécalogue, l’a confirmé et perfectionné. — 1. Jésus, quifut toujours soumis à Marie et à Joseph, Luc, ii, 51, ajoint le précepte à l’exemple. Il a blâmé fortement lespharisiens, qui, par un faux attachement à leurs traditions, transgressaient les ordres de Dieu et se soustrayaient
à l’obligation de venir en aide à leurs parents en promettantou en offrant au Seigneur ce qu’ils auraient dûemployer à l’entretien de leurs père et mère. Voir Corban, col. 958. Une pareille coutume annulait le quatrièmeprécepte. Matth., xv, 3-6. Au jeune homme qui l’interrogeait, Jésus répondit que pour gagner la vie éternelleil fallait observer les commandements de Dieu, et il citale quatrième, qui ordonne aux enfants d’honorer leurspère et mère. Matth., xix, 19; Marc, x, 19; Luc, xviii, 20.
— 2. Saint Paul, rappelant aux chrétiens d’Éphèse et deColosses leurs devoirs moraux, recommandait aux enfantsd’obéir à leurs parents selon l’esprit de Jésus-Christ, nonpas extérieurement comme les esclaves, mais intérieurementet en tout ce qui n’est pas contraire à la volontédivine. Cette obéissance filiale est juste et légitime, puisqu’elleest commandée par le quatrième précepte duDécalogue et qu’elle est sanctionnée par une promessede félicité temporelle et de longévité. Eph., vi, 1-3. Ilagrée au Seigneur qu’elle soit entière, xatà juàvra, Col., ni, 20.
5° D’après le Talmud. — Les Juifs sont demeurésfidèles à la loi divine du respect envers les parents. LaMischna range la piété filiale au nombre des «devoirsqui donnent à l’homme une puissance dans ce monde etdont la récompense principale est réservée pour la viefuture», et la Ghémara du Talmud de Jérusalem, Péa, i, 1, trad. Schwab, t. ii, Paris, 1878, p. 9-13, cite de beauxexemples de cette vertu de la part des rabbins.
E. Mangenot.
- ENFANTEMENT##
ENFANTEMENT (Septante: tôxo; ; Vulgate: partus; l’hébreu n’emploie que des verbes: yâlad, lïôlêl, n’xreiv, parère, parturire), mise au monde d’un enfant.Voir Enfant. — 1° L’enfantement est devenu douloureux, en punition de la faute originelle. Gen., iii, 16. Rachelmeurt en enfantant Benjamin. Gen., xxxv, 16-19. Lesécrivains sacrés comparent souvent les grandes douleursà celles de l’enfantement, quoiqu’elles soient moins vivesdans les pays d’Orient qu’en Occident. Exod., i, 19; Burckhardt, Notes on Bédouins, 2 in-8°, Londres, 1830, t. i, p. 96; Deut., ii, 25; Ps. xlvti, 7; Eccli., xix, H; xlviii, 21; Is., xiii, 8; xxi, 3; Jer., vi, 24; xiii, 21; xxii, 23; xlviii, 41; xlix, 22, , 24; l, 43; Ezech., xxx, 16; Os., xiii, 13; Mich., iv, 9, 10. — 2° La douleur de l’enfantementest suivie de la joie que cause la naissance del’enfant. Joa., xvi, 21. — 3° L’enfantement est attribuéau Seigneur, Rulh, iv, 13; cf. Is., lvi, 9; particulièrementquand il s’agit d’un enfantement extraordinaire oumiraculeux, comme ceux de Sara, Gen., xvii, 17, 19; xxi, 2; d’Anne, mère de Samuel, I Reg., i, 19, 20; d’Elisabeth, Luc, i, 13; et surtout de la Vierge Marie, Is., vu, 14; Matth., i, 20, 21. Cf. pour les animaux Job, xxxix, 1-3; Ps. xxviii, 9. Voir Cerf, col. 446-447. —4° Métaphoriquement, enfanter s’emploie dans le sens deproduire: IV Reg.jXix, 3; le méchant enfante l’iniquité, Job, xv, 35; Ps. vii, 15; Is., lix, 4; Jac, i, 15; la bouchedu sage enfante la sagesse. Prov., x, 31. — Saint Paul ditqu’il enfante de nouveau les Galates, pour signifier qu’ilapporte à leur formation spirituelle tout le dévouementd’une mère. Gai. iv, 19. C’est aussi saint Paul qui compareà l’enfantement l’effort de la création pour échapperà la servitude du péché. Rom., viii, 20-22. — La productiondes fruits par la terre et par les arbres est comparéeà un enfantement. Is., lvi, 8; Cant., vii, 12.
H. Lesêtre.
ENFER. Ce terme désigne dans l’Ancien Testamentle séjour des morts en général. Il désigne dans le NouveauTestament le séjour des morts qui ne possèdentpoint la béatitude du ciel. Il faut donc distinguer entre lesenseignements de l’Ancien et ceux du Nouveau Testament.Sur les croyances des anciens Hébreux et des premierschrétiens relatives à l’autre vie, voir Ame, t. i, col. 461.
I. L’ekfer suivant l’Ancien Testament. — L’Ancien
Testament attribue une habitation commune à tous lesmorts. Cette habitation est appelée en hébreu se’ôl, termequi dérive de Sâ’al, soit qu’on prenne ce mot dans lesens de «creuser», car l’enfer est une caverne souterraine; soit qu’on entende ce mot dans le sens de «demander», car c’est un lieu insatiable, qui réclame toujoursde nouvelles victimes. Les Septante ont traduit se’ôlpar le terme Sôr); , qui désignait chez les Grecs le lieuoù se rendaient les âmes après la séparation du corps.Deux fois cependant, II Reg., xxii, 6, et Prov., xxiii, 14, ils l’ont traduit par OôcvaTo; , «mort.» Ils ont omis de lerendre dans deux autres passages. Job, xxiv, 19; Ezech., xxxii, 21. Les Livres Saints écrits en grec se sont servidu mot âôiriç dans le même sens que les Septante. LaYulgate a traduit les termes se’ôl et £Si] «par infemus, inferi, inferus, que nous rendons ordinairement en françaispar le mot «enfer».
Les croyances des anciens Israélites sur l’enfer n’ontpas varié pour le fond; mais elles se sont développéesdans la suite des temps. — 1° Le pentateuque considèresurtout les choses communes à tous les morts dans ceséjour; 2° sans modifier cette conception, le livre deJob, xix, 23-27, célèbre le libérateur qui arrachera lesjustes au Se’ôl et à l’empire de la mort; 3° les prophètess’arrêtent à décrire les châtiments qui sont spécialementréservés aux grands criminels; 4° les livres deutérocanoniques, écrits dans les derniers siècles qui précédèrentla venue du Christ, font ressortir de leur côtéune sorte de récompense que les justes recevaient déjàdans le se’ôl; ils parlent de la puriScation de certainesâmes en enfer et même de la gloire et de la puissancequ’y possèdent ceux qui ont vécu saintement.
1° Pentateuque. — Il représente l’enfer comme un lieusouterrain, Gen., xxxvii, 35; Num., xvi, 30, plus oumoins profond, Deut., xxxii, 22, où les défunts se trouventensemble. Aussi ditil de ceux qui meurent, qu’ils sontréunis à leurs pères, Gen., xv, 15; Deut., xxxi, 16, ouà leur peuple. Gen., xxv, 8, 17; xxxv, 29; xlix, 29, 32; Num., xx, 24; xxvii, 13; xxxi, 2; Deut., xxxii, 50. Onen a conclu que le rédacteur du Pentateuque ne distinguaitpas entre le tombeau et l’enfer. Mais plusieurs passagesprouvent qu’il ne confondait pas ces deux choses.Ainsi Jacob croit que son fils Joseph a été dévoré parune bête féroce, et par conséquent qu’il n’est pas dansun tombeau. Il s’écrie néanmoins dans sa douleur: «Jedescendrai, plein de désolation, auprès de mon fils danslese’ôï.» Gen., xxxvii, 35; cf. Gen., xxv, 8, 17; xlix, 32; Num., xx, 21; Deut., xxxii, 50; xxxiv, 6. — Cette réunionaux ancêtres dans le se’ôl était un sujet d’appréhensionpour tous les hommes. N’en soyons point surpris, puisque la mort était pour tous les fils d’Adam un châtimentdu péché, Gen., iii, 3, 19, et qu’avant leur libérationpar le Christ aucun des justes de l’Ancien Testamentne devait entrer dans le ciel. Cependant la vied’outre - tombe paraissait moins redoutable à ceux quiavaient servi Dieu sur la terre. Ils finissent leurs joursen paix. Gen., xv, 15. Ils espéraient d’ailleurs le salut, qui devait venir à leur peuple du Seigneur. Gen., xlix, 18. Aussi désirait-on mourir de la mort des justes.Num., xxiii, 10. — La conception de l’enfer, qui se manifestedans le Pentateuque, est la même, sans changementappréciable, dans le livre des Juges et dans ceuxdes Rois.
2° Livres moraux hébreux. — Elle se retrouve aussi, mais sous des traits plus accentués, dans les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste et Job. D’après la descriptionpoétique que ces livres nous en font, le se’ôl s’enfoncedans les profondeurs de la terre, Ps. xlviii, 18; Liv, 16; lxii, 10; lxxxv, 13; lxxxvii, 7; cxxxviii, 8; Job, xvii, 16; Prov., ix, 18; c’est un lieu ténébreux, où la lumière nepénètre jamais, Job, x, 21, 22; Ps. xlviii, 20; lxxxvii, 13; c’est une demeure dont l’entrée est fermée par des portes.Ps. ix, 15; cvi, 18; Job, xxxviii, 17. Une fois qu’on y a
été introduit, il est impossible d’en sortir pour revenirà la vie. Job, vii, 9, 10. L’enfer est insatiable. Prov., xxvii, 20; xxx, 15, 16. C’est la maison où se rendent tousles vivants. Job, xxx, 23. Ceux qui l’habitent sont appelésrefa’îm, es les faibles,» de la racine râfâh, «défaillir.» Prov., ix, 18; xxi, 16; Job, xxvi, 5. Ils ne sont point complètementprivés de sentiment, Job, xiv, 22; mais ils sontfaibles et sans voix, comme des êtres qui dorment, Job, m, 13, 17, 18; ils ne savent plus rien de ce qui se passe sur laterre, Job, xiv, 21; Eccl., ix, 5, 6, 10; ils ne louent plusleur Dieu. Ps. vi, 6; xxix, 10; lxxxvii, 11; cxiii, 17. Lese’ôl est aussi appelé la perdition, Job, xxi, 30; le puitsde la destruction, Ps. liv, 24; le lieu des ténèbres, Ps. evi, 10; la terre de l’oubli. Ps. lxxxvii, 13. Mais ladifférence du sort des bons et des méchants qui y sontréunis n’est pas encore exprimée beaucoup plus clairementdans les livres qui nous occupent que dans le Pentateuque.Seulement ces livres expriment d’une manièreplus nette et avec plus d’assurance l’espérance d’un libérateur.C’est sur ce point que les croyances se sont développées.Le Psalmiste sait que Dieu connaît la voie desjustes, Ps. I, 3-6; il célèbre sa miséricorde éternelle, Ps. cxxxv; il espère être arraché au se’ôl, obtenir la viebienheureuse et l’union à Dieu. Ps. xvi, 15; xlviii, 15-16; lxxii, 24-25; xv, 9, 10. Néanmoins, en dehors de cetteespérance, il ne fait pas ressortir que dans le se’ôl mêmeil y ait un sort particulier pour les pécheurs et un sortdifférent pour les hommes justes. Il semble faire consistertout son espoir à être arraché à ce séjour des morts.Le même sentiment anime Job. Son cœur est rempli deconfiance en la résurrection, qui le délivrera de la mortet lui permettra de voir Dieu. Job, xix, 25. Ainsi c’estuniquement une attente plus précise de la délivrance desmorts par le Messie rédempteur, qui s’ajoute dans cesécrits à la notion que le Pentateuque nous avait donnéede l’enfer où ils habitent.
3° Les prophètes. — Ils continuèrent à voir dans leSe’ôl la demeure souterraine commune à tous les morts.Les refa’îm sont là, Is., xiv, 9; xxvi, 14, 19, endormis, Is., xiv, 8; Ezech., xxxi, 18; xxxii, 21, 28, 30, impuissantsen général à connaître ce qui se passe parmi lesvivants. Is., lxiii, 16. Cependant un écho des grandsévénements de la terre arrive parfois jusqu’à eux; ilss’éveillent pour s’en entretenir, dit Isaïe, xiv, 9-15. Cf. Jer., xxxi, 15, 16. Mais ce qui est plus caractéristique dans lesécrits des prophètes, c’est qu’ils insistent sur les châtimentsdont les crimes des impies seront punis dans le Se’ôl.Ces malheureux, suivant Isaïe, sont au fond de l’abîme, Is., xiv, 15, enfermés ensemble comme dans une prison.Is., xxiv, 21, 22. Ézéchiel fait aussi ressortir l’horreur dusort réservé aux ennemis de Dieu. Ezech., xxxii, 18-32.Cependant, lorsqu’ils parlent des temps qui suivront lavenue du Messie libérateur, ils annoncent aux pécheursdes peines plus terribles. Suivant Daniel, le même jugementde Dieu qui donnera aux justes les joies et lagloire d’une vie éternelle, précipitera les impies dans ladamnation sans fin. Dan., xii, 2, 3. En parlant de ces dernierstemps où s’exercera la justice de Dieu, Isaïe ne représenteplus seulement l’enfer sous l’image d’une dureprison, mais sous celle d’un bûcher. Les pêcheurs habiterontau milieu d’un feu dévorant et de llammes éternelles, Is., xxxiii, 14; leur ver ne mourra point, et leur feu nes’éteindra pas. Is., lxvi, 24. Tous périront comme unvêtement usé; la teigne les dévorera. «Vous tous, dit leprophète, qui avez allumé le feu, qui êtes entourés dellammes, marchez à la lumière de votre feu et dans lesflammes que vous avez excitées, les douleurs seront votrecouche. C’est ma main qui vous a ainsi traités. Vous dormirezdans les douleurs.» Is., L, 9, 11; cf. Is., ix, 17-21; Jer., vii, 32; xv, 14; xvii, 4; Zach., xiv, 2-5. On reconnaîtlà les traits sous lesquels l’enfer devait être dépeintdans l’Évangile.
4° Les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testa*
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ENFER — ENGADDI
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ment. — Ils reproduisent les enseignements que nousvenons de signaler dans les livres antérieurs. Ils menacentles impies d’affreux châtiments; le feu et le verdévoreront leur chair. Eccli., vii, 19. Mais ce qui nousfrappe, c’est qu’ils font ressortir les récompenses que lessaintes âmes trouveront déjà dans le se’ôl. L’Ecclésiastiqueassure que le juste sera bien traité, qu’il sera bénide Dieu au jour de sa mort. Eccli., i, 13. La Sagesse vamême jusqu’à dire que la mort prématurée du juste estune grâce de la miséricorde de Dieu, qui l’aimait et l’aretiré du milieu des méchants. Sap., iv, 7-17. Le secondlivre des Machabées ajoute sur l’état des morts avant larésurrection deux traits importants, où apparaît la bontéde Dieu vis-à-vis de ses amis défunts et les rapports deceux-ci avec les vivants. Judas Machabée voit, dans unsonge, Jérémie entouré de gloire, qui prie pour le peupled’Israël avec un autre défunt, le grand prêtre Onias.II Mach., xv, 12-14. Le même Judas Machabée, pleind’espérance en la résurrection, fait offrir un sacrificepour plusieurs de ses soldats, qui étaient tombés sur lechamp de bataille après avoir violé la loi de Dieu. Le textesacré en conclut que c’est une sainte et salutaire penséede prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurspéchés. II Mach., xii, 42-46.
Les Juifs de cette époque distinguaient donc trois classesde trépassés, qui tous habitaient l’enfer: des justes qui, comme Jérémie, étaient dans un état heureux et pouvaientsecourir les vivants par leurs prières; d’autresjustes, comme les soldats de Judas Machabée, coupablesde fautes légères qui ne les empêcheraient pas de prendrepart à la résurrection glorieuse, et dont ils pouvaient êtredélivrés par les prières des vivants; enfin des criminelsqui ont mérité la peine du feu. Les textes ne disent pasqu’ils la souffrent aussitôt après leur mort; mais ilsdonnent lieu de le supposer, puisqu’ils accordent un sortsi heureux aux justes dès avant la résurrection. — On voitdonc que les croyances exprimées dans l’Ancien Testamentrelativement au séjour des morts se sont développéesd’une façon sensible à mesure qu’approchaient les tempsmessianiques. Les anciens Hébreux n’entrevoyaient guèredans l’enfer que son côté redoutable, parce qu’à leursyeux la mort était toujours le châtiment du péché. LesJuifs des derniers temps, mieux instruits des règles dela justice de Dieu, apprirent que même avant la résurrectionil y avait une différence profonde entre l’état desméchants et celui des saints. Cependant, malgré les obscuritésde la conception que les contemporains de Moïseet de David se formaient de l’autre vie, ils n’y mêlèrentaucun des éléments mythologiques qui entrèrent dans lescroyances de tous les peuples païens. Aux yeux des enfantsd’Israël, l’enfer ne fut jamais autre chose que le lieu oùla justice de Jéhovah s’exerçait vis-à-vis des défunts.
II. L’ENFER SUIVANT LE NOUVEAU TESTAMENT. — Il y a
une notable différence entre le sens que prit le terme «enfer» dans le Nouveau Testament, et le sens qu’il avaitantérieurement à la venue du Christ. L’Ancien Testamentappelait «enfer» le séjour commun à tous les morts. Leschrétiens croient que le Christ a tiré les justes de l’enferet qu’il leur a ouvert les portes du ciel. Voir Ciel. Parsuite, l’enfer ne sert plus d’habitation qu’aux défunts quine sont pas au ciel. C’est ainsi qu’il est représenté parles Évangiles, par les Épîtres des Apôtres et par l’Apocalypse.Néanmoins, dans la parabole du bon et du mauvaisriche, Luc, xvi, 19-31, le Christ s’exprime encoreconformément à la croyance des Juifs de son temps, quiresta d’ailleurs vraie jusqu’à sa mort. Il place donc lejuste Lazare dans le sein d’Abraham, c’est-à-dire dans lapartie du Se’ôl qui était habitée par les âmes saintes et quenous nommons les «limbes». Voir Abraham (Sein d’).Les Actes et les Épltres des Apôtres parlent aussi de l’ancienSe’ôl, lorsqu’ils font allusion à la descente de Jésusdans les profondeurs de la terre, Ephes.. iv, 9; à sonséjour passager dans l’iJSr,; , Act., - ii, 24, dans la prison
f où étaient les âmes de ceux qui avaient péri dans le déluge.I Petr., ii, 19. Mais les autres passages du Nouveau
! Testament considèrent l’enfer comme le séjour des dam: nés. Ce lieu, nommé 56r,; dans la parabole du mauvais
riche, Luc, xvj, 22, 23, est appelé le plus souvent «géhenne», yéevva, "^>ar le Sauveur. Matth., v, 29, 30; x, 28; Luc, XII, 5; cf. Jac, iii, 6. Ce nom était celui d’unevallée proche de Jérusalem, où les Juifs avaient autrefoisbrûlé leurs enfants en l’honneur de Moloch, et que leroi Josias avait fait souiller pour empêcher ces pratiquesidolâtriques. IV Reg., xxiii, 10; cf. Jer., vii, 32; xix, 11-14.C’était, semble-t-il, un terme usité en Palestine, au tempsde Notre - Seigneur, pour désigner l’enfer des impies.Saint Pierre appelle cet enfer «Tartare». II Petr., ii, 4.Il est aussi nommé «l’abîme», Luc, viii, 31; Apoc, , .ix, 11; xx, 1, 3; «la fournaise de feu,» Matth., xiii, 42, 50; s l’étang de feu et de soufre,» Apoc, xix, 20; xx, 9; xxi, 8, et «la seconde mort», Apoc, ii, 11; xx, 6, 14; xxi, 8, c’est-à-dire la mort sur laquelle il n’y a point dedélivrance.
Les écrits du Nouveau Testament répètent en plusieursendroits les mêmes enseignements sur l’enfer. C’est lelieu de supplice des démons et des réprouvés. Matth., xxv, 41. Les pécheurs y descendent aussitôt après leurmort. Luc, xvi, 22. Ils y souffrent dans leur corps etdans leur âme, Matth., x, 28, au milieu d’épaisses ténèbres, Matth., xiii, 12; xxii, 13; xxv, 30, des torturesaffreuses, Matth., viii, 12; xiii, 50; xxii, 13; xxiv, 51; xxv, 30; Luc, viii, 28, du ver qui ne meurt point et dufeu qui ne s’éteint jamais. Marc, ix, 43, 45, 47. Les textessacrés insistent sur ce supplice du feu et’sur l’éternitéde l’enfer. Matth., xviii, 8; xxv, 41; Jude, 7; Apoc, XIX, 3, etc. Le Christ déclare cependant que le châtimentne sera pas égal pour tous, mais qu’il sera proportionnéaux fautes de chacun. Matth., x, 15; xi, 21-24; Luc, x, 12-15; xii, 47, 48; Apoc, xviii, 6, 7.
Lorsque le Sauveur a laissé entendre que certainesfautes seraient remises en l’autre monde, Matth., xii, 32; Marc, iii, 29, il ne parlait pas des péchés punis par lefeu de l’enfer; autrement il n’aurait pu enseigner ailleursque ce feu serait éternel. Les péchés dont il a admis larémissibilité après la mort sont les mêmes fautes légèresdont les prières des vivants peuvent délivrer les trépassés, suivant le second livre des Machabées, xii, 42-46.Ceux qui n’ont pas commis d’autres fautes évitent doncla géhenne éternelle; ils vont dans le lieu d’expiationque l’Église nomme purgatoire. — Voir Stentrup, Prselectionesdogmaticx, Soteriologia, in-8°, Inspruck, 1889, t. i, p. 568-622; Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 5e édit., in-12, Paris, 1889, t. iii, p. 151-158; Atzberger, Die Christliche Eschatologie in den stadienihrer Offenbarung, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1890; Henri Martin, La vie future, 3 a édit., in-12, Paris, 1870.
A. Vacant.
- ENGADDI##
ENGADDI (hébreu: ’En Gédî, «source du chevreau;» Septante: Codex Vaticanus, ’AvxdiSï)?; CodexAlexandrinus, ’HvyaSS: , Jos., xv, 62; ’EvyàSSEt, I Reg., xxiv, 1, 2; II Par., xx, 2; Cant., i, 13; Cod. Vat., ’Ivya-Set’v, Cod. Alex., ’Ev-jiSSetv, Ezech., xlvii, 10), ville dudésert de Juda, Jos., xv, 62, entourée de rochers d’unaccès difficile, I Reg., xxiv, 1, 2, et renommée pour sesvignes. Cant., i, 13. Elle était située sur le bord occidentalde la mer Morte, Ezech., xlvii, 10, presque à mi-cheminentre les deux extrémités nord et sud.
I. Nom et identification. — Son nom primitif étaitAsasonthamar (hébreu: ffasàfôn et tfâsesôn tumeur, «coupe des palmiers;» Septante: ’Ao-a<rov8a(j.(xp et’A<rao-ov@a(iip). Gen., xii’, 7; Il Par., xx, 2. Josèphe, quil’appelle’Effaô: , Ant.jud., IX, i, 2; Bell, jud., IV, vu, 2; ’EvysSiiv, Ant.jud., Wl, xiii, 1, et son territoire, ?! ’EvyeâTivT, , Ant. jud., VI, xiii, 4, la place à trois centsstades (plus de cinquante-cinq kilomètres) de Jérusalem, Ant. jud., IX, i, 2. Eusébe et saint Jérôme, Onomastica
sacra, Gœttingue, 1870, p. 119, 254, nous disent que deleur temps il y avait encore «près de la mer Morte ungros bourg des Juifs appelé Engaddi, d’où venait lebaume». Le nom a subsisté jusqu’à nos jours exactementsous la même forme et avec la même signification: l’arabe ^Jj». çrs?, ’Aïn Djedi, «la fontaine
du chevreau,» n’est que la traduction ou la transcriptionlittérale de l’hébreu m J’7, ’En Gèdî. On croit aussi
retrouver le premier élément d’Asasonthamar, Hasâsôn, l’ïïn, dans le nom d’une vallée située au nord d"Aïn
Djedi, Vouadi Hasâsâ, Lo Lo^..
II. Description. — Aïn Djédi est actuellement une
degrés; elles sont très chargées de carbonate de chaux, malgré leur grande limpidité. Primitivement plus abondanteset plus calcarifères qu’aujourd’hui, elles ont déposésur tout leur parcours de grandes masses de travertinsou de tufs concrétionnés, qui ont comblé les bassins artificielsdestinés à les recevoir dans l’antiquité. Les pierresdes bords et du fond sont toutes noires par la présenced’une grande quantité de mollusques: Neritina Michonii, Melanopsis proemorsa, M. Saulcyi, M. rubripundata. De nombreux crabes d’eau douce habitent sousles pierres et au milieu des racines. Ces sources ne renfermentpoint de poissons. Elles forment un ruisseauqui, à sa sortie de terre, coule au milieu d’un épaisfourré d’arbustes et de plantes à l’aspect tropical, de
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571. — Fontaine d’Engaddi. D’après une photographie.
oasis située entre Vouadi Sideir au nord et Vouadi e-Areidjéhau sud. Elle occupe un plateau étroit, espècede terrasse suspendue à plus de 120 mètres au-dessus durivage de la mer Morte (fig. 571). Ce plateau est entouréà l’ouest et au nord par un immense cirque formé dehauts escarpements crétacés, dont nous donnons ici(fig. 572) les différentes assises géologiques, d’aprèsM. Lartet (dans de Luynes, Voyage d’exploration à lamer Morte, Paris [sans date], t. iii, p. 78, pi. v, fig. 3).Les rochers, qui ressemblent beaucoup à ceux de laGemmi, dans le Valais, sont formés par un calcaire rose, très dur et très poli, reposant sur de puissantes couchesdolomitiques. Le chemin de Bethléhem, qui se dérouleen lacets le long de ces falaises, descend par une penteeffrayante, dangereuse même pour les bêtes de somme; du plateau à la mer, il faut encore une demi-heure. Lasource naît sous un rocher presque plat et peu épais, comme la dalle d’un dolmen celtique. Les eaux, trèspures, ont une température assez élevée, vingtsept
roseaux gigantesques (Arundo donax). Ce qui donneau paysage un caractère particulier, ce sont les acaciasseyâls, qui produisent la gomme arabique et dont lebois a la dureté du fer; cette espèce se rencontre auSinaï, en Arabie et dans certaines parties de la Tunisie.Voir Acacia, t. i, p. 101. On trouve encore, comme dansla plaine du Jourdain, le Zizyphus spina Christi, hérisséd’épines aiguës comme de fines pointes, qui rendent lesfourrés absolument impénétrables. Le long du ruisseauon voit des lauriers-roses (Nerium oleander), des malvacéestrès vigoureuses (Sida niutica) et de très beauxtamaris (Tamarix tenuifolius). À côté s’élève le henné(Lawsonia alba), le kôfér du Cantique des cantiques, i, 13 (hébreu, 14). Voir Henné. — Les palmiers étaientautrefois très nombreux à Engaddi, comme l’indique lenom primitif d’Asasonthamar, et comme l’attestent Josèphe, Ant. jud., IX, i, 2, et Pline, H. N., v, 17. Iln’en reste rien aujourd’hui, pas plus que des vignes quifirent autrefois sa célébrité. Cant., i, 13. Des murs en
pierres sèches, régulièrement alignés sur les flancs descollines méridionales, rappellent seuls l’existence antérieurede ces vignobles. Près de la source croit uneplante qui ne se rencontre qu’à Engaddi, en Nubie etdans l’Arabie du sud; c’est une asclépiadée appeléeCalotropis procera, nommée orange de Sodome par lespèlerins. Presque arborescente, elle a des rameaux verts, gorgés de sucs, des feuilles grandes, ovales, lancéolées, opposées deux à deux. Un suc laiteux, blanc et sansgoût, s’en dégage abondamment, lorsqu’on fait quelqueincision. Le fruit, gros comme une petite orange, estd’une couleur jaune pâle. Lorsqu’il est mûr, l’enveloppe
Ras-el-Aïn
(Source tiède J
Bassins
arfi
Mer
Morte
Ouest
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572. — Coupe de la (alaise d’Aïn-Djédi.
a. Calcaire compact gris.
b. Marnes blanchâtres.
c. Calcaire marneux.
d. Marnes blanches.
e. Calcaire marneux blanchâtre.
I. Marnes à Ostrea Olisiponensis, flabellata grand cardinm, etc., avec un banc d’O. Olisiponensis à la partie supérieure.
g. Calcaire et marnes.
h. Marnes crayeuses bigarrées de jaune et de rouge, avec vésiculesde gypse parcourant la masse dans tous les sens, écailles de poissons et quelques foraminifères.
i. Calcaire gris blanchâtre, avec Ostrea Mermeti, var., Mlnor, petites 0. Vesicularia, var., Judaica, Janira œquicoslâta, et nombreux foraminifères.
j. Calcaire compact, avec les mêmes fossiles.
k. Calcaire dolomitique gris foncé, avec quelques silex gris etdes empreintes de janires et d’exogyres.
A. Dépôts récents de la mer Morte.
B. Dépôts d’incrustation, avec empreintes végétales.D. Brèches calcaires.
papyracée se brise et laisse échapper des graines soyeuses, dont se servent les Bédouins pour faire des mèches defusils, ou que les femmes filent avec le coton pour entresser les cordes destinées à retenir le kouffiéh deshommes sur le front. On trouve de même à Ain Djédi lapomme de Sodome (Solarium melongena), dont le fruit, de la grosseur d’une pomme d’api, laisse échapper, lorsqu’on l’écrase, une quantité innombrable de finesgraines, qu’on a quelquefois prises pour de la cendre.Enfin, sur les hauteurs désertes du nord, on trouve lacélèbre crucifère appelée à tort rose de Jéricho (Anastaticahierochuntia). Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliii, p. 156-159.
Les seules ruines que l’on rencontre aujourd’hui encet endroit sont celles d’un moulin et de deux bassinsantiques assez profonds, situés entre le plateau et laplage. La plaine, qui s’étend un peu au sud, est cultivéepar les Arabes Rscheidé, qui y sèment un peu de blé, dedoura et une assez grande quantité de concombres. Lesmontagnes environnantes sont percées de nombreusesgrottes; on sait comment David y vint un jour chercher
un refuge, et coupa un pan du manteau de Saùl. I Iteg., xxiv, 1, 2-5. Cf. W. M. Thomson, The Land and theBook, Londres, 1881, t. i, p. 313. De nos jours commeà cette époque, ces rochers escarpés sont habités par denombreux troupeaux de bouquetins bedens, d’une admirableagilité, et dont les cornes noueuses servent àfaire des manches de poignards. Cf. I Reg., xxiv, 3.Voir Bouquetin, t. i, col. 1893. Ces montagnes dénudées, longue série de roches blanchâtres et calcaires, déchirées çà et là par des bandes de silex noirs, constituentle désert d’Engaddi. I Reg., xxiv, 2. Des herbesà la teinte grise, des genêts rabougris, animent seuls lepaysage.
Du plateau d’Aïn Djédi la vue est splendide. Au pieddes falaises s’étend la mer Morte, que l’on aperçoit àpeu près dans toute son étendue; au nord, c’est le promontoirede Râs Feschkhah et l’embouchure du Jourdain; à l’est se dressent les monts de Moab avec la villeet le château fort de Kérak, puis la presqu’île basse etmarécageuse de la Lisdn. Vers le sud, la vue est bornéepar la sombre montagne de Sebbéh, sur laquelle étaitbâtie la ville forte de Masada. Enfin, à l’ouest, les hautsescarpements déchirés et arides rappellent certains passagesdes Alpes. Cette région, sur laquelle plane le silencedu désert, a, sotis les feux du soleil couchant oules rayons argentés de la lune, quelque chose de trèsimpressionnant. — Cf. U. J. Seetzen, Reisèn durchSyrien, Palàstina, édit. Fr. Kruse, Berlin, 1854, t. ii, p. 220-239; Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 504-509; duc de Luynes, Voyaged’exploration à la mer Morte, t. i, p. 83-86; Survey ofWestern Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 384-386; W. M. Thomson, The Land and the Book, t. i, p. 312-320.
III. Histoire. — Engaddi apparaît pour la premièrefois dans la Bible sous son nom d’Asasonthamar, à proposde l’expédition de Chodorlahomor. Gen., xiv, 7. Elleétait alors au pouvoir des Amorrhéens, qui furent battuspar le roi d’Elam et ses alliés. Au moment de la conquêtede la Terre Promise par les Hébreux, elle tombadans le lot de Juda. Jos., xv, 62. Son désert servit deretraite à David, pendant qu’il subissait la persécutionde Saùl. I Rég., xxiv, 1, 2. À l’époque de Salomon, elleétait renommée pour ses vignobles, Cant., i, 13, qui existaientencore aux xile, xve siècles, et même au commencementdu siècle dernier. «Un passage fort intéressantde Ludolphe de Suchen relate que les Templiers transportèrentdes cépages provenant d’Engaddi dans leurdomaine de Chypre, situé près de la ville de Baphe, et lepèlerin allemand dit qu’il ne compta pas moins de dixespèces de raisins cultivés dans cet enclos.» E. Rey, Lescolonies franques de Syrie aux XIIe et xm* siècles, Paris, 1883, p. 250, 251. Les Moabites et les Ammonitesavec leurs alliés, marchant contre Josaphat, roi de Juda, vinrent camper à Asasonthamar ou Engaddi, suivant lacoutume des bandes pillardes qui envahissent la Palestinedu sud en venant de Moab. Elles sont sures detrouver là de l’eau et des pâturages. Elles peuvent enmême temps choisir les routes les plus propices à l’attaque.Le prophète Ézéchiel, xlvii, 10, pour montrer leschangements merveilleux que l’Évangile apportera aumonde, représente les eaux du lac Asphallite commeadoucies, remplies de poissons, et «les pêcheurs setenant sur ces eaux, séchant leurs filets, depuis Engaddijusqu’à Engallim». Josèphe, Bell, jud., III, vii, 5, la citeparmi les onze toparchies de Judée, et plus loin, IV, ut, 2, il raconte que les sicaires réfugiés à Masada s’emparèrentun jour de cette petite ville, peu de temps avant la prisede leur forteresse par Flavius Silva, préfet de Judéesous Vespasien (an 73). Josèphe, Bell, jud., VII, viii, 1-7. — Pline, H. N., v, 17, mentionne les ermites esséniensqui y vivaient. Les Talmuds parlent du baumequ’on cueillait depuis Engaddi jusqu’à Ramatha. Cf. 1801
ENGALLIM
ENGANNIM
-1802
A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 18(58, p. 160. Le nom de l’antique cité biblique tombe ensuite
peu à peu dans l’oubli.
A. Legendre.
- ENGALLIM##
ENGALLIM (hébreu: ’Ên-’Églaim, «source desdeux veaux;» Septante: ’EvayaXXsi’ijL), localité mentionnéeune seule fois dans l’Écriture, Ezech., XL vii, 10. Leprophète, voulant faire saisir par des images frappantesles merveilleux changements que produira dans le mondel’âge messianique, représente un torrent qui s’échappedu Temple de Jérusalem et vient assainir, adoucir lamer Morte. Alors, dit-il, «il y aura de nombreux poissonslà où viendront ces eaux, et là où viendra le torrenttout sera sain et vivra. Les pêcheurs se tiendront sur ceseaux; depuis Ertgaddi jusqu’à Engallim on sécherales filets.» Saint Jérôme, Comment, in Ezech., t. xxv, col. 473, commentant ce passage, dit: «Engallim est, eneffet, à l’entrée de la mer Morte, là où le Jourdain a sonembouchure, tandis qu’Engaddi se trouve où finit le lac.» Cette dernière assertion est certainement erronée, puisqueEngaddi est située, non pas à l’extrémité méridionale dela mer, mais au milieu de la rive occidentale. Voir Engaddi.La première perd par là même quelque peu d’autorité.Bon nombre d’auteurs cependant s’en servent pourchercher l’emplacement d’Engallim. Les uns pensent à’Ain Feschkhah, source assez importante, qu’on rencontrevers la pointe nord - ouest du lac Asphaltite.Cf. Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1881, t. i, p. 378; C. F. K’eil, Der ProphetEzechiel, Leipzig, 1882, p. 493. D’autres proposent AinHadjlah, au-dessus de l’embouchure du Jourdain, dansla plaine qui monte vers Jéricho. Cf. R. von Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 10. Engallimserait ainsi identique à Bethhagla (hébreu: BêtHoglâh). Jos., xv, 6; xviii, 19, 21. Il y a un certain rapprochemententre les deux noms, bien qu’ils différentau point de vue de l’orthographe et de la signification.Voir Bethhagla, t. i, col. 1685. — Quelques-uns cherchentplutôt la localité en question à l’est de la mer Morte, dans le pays de Moab. Ils l’assimilent à V’Eglaim (Septante: ’Afa).£’4L; Vulgate: Gallim) d’Isaïe, xv, 8, qu’Eusèbeet saint Jérôme, Onomastica sacra, Gcettingue, 1870, p. 98, 228, aux mots Agallim, ’A-yaMeifi, placentà huit milles (près de douze kilomètres) à l’est d’Aréopolis.Ils supposent qu’il pouvait y avoir sur le bordoriental du lac un endroit empruntant son nom à cetteville, et qu’Ézéchiel aurait opposé à Engaddi, sur l’autrebord. Cf. Reland, Palœstina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 762; Hengstenberg, The prophecies of Ezekiel, Edimbourg, 1809, p. 474. Mais les deux noms diffèrent aussi d’orthographeet de signification, _ bien qu’ils soient moins éloignésl’un de l’autre que’Églaîm et Hôglàh.Voir Gallim.En somme, nous ne pouvons jusqu’ici que faire des conjecturesplus ou moins plausibles, puisque nous manquons
de bases solides pour les appuyer.
A. Legendre.
- ENGANNIM##
ENGANNIM (hébreu: ’Ên-Gannîm, «source yjardins» ), nom de deux villes de Palestine.
1. ENGANNIM (omis ou méconnaissable daitante; Vulgate: Mngannim), ville de la tri! Jos., xv, 34. Mentionnée entre Zanoé et^fait partie du premier groupe des citéson de la Séphélah. R. J. SchwarzFrancfort-sur-le-Main, 1852, p. 7japrès lui l’identifient avec un bsitué à une heure au sud-est d’"inconvénient, c’est qu’on ne trouve daiqués aucune localité de ce nom. Cf. Hïmer, Beilràge zur Géographie Palâstina’s, p. 72. Un second, c’est que l’antique ville donfIons est placée ailleurs par l’énumération de iosaè.du même groupe, en effet, comme Estaol (Eschù
Saréa (Sarâ’a), Zanoé (Khirbet Zanuâ), Jérimoth(Khirbet el-Yarmuq), indiquent nettement sa position: C’est pour cela que M. Guérin, Judée, t. ii, p. 26, la cherche à Beit el-Djemâl, tout près de KhirbetZanuâ. La proximité de ce dernier endroit et l’existence, au bas du village, d’une excellente source quicoule dans la vallée, seraient pour lui deux raisons suffisantesde cette assimilation. Cependant la correspondanceonomastique manque totalement. On la trouve d’une manièresatisfaisante un peu plus haut dans Khirbet UmmDjîna, près d’Aïn Schems, l’ancienne Bethsamès. Aussicette hypothèse, proposée par Clermont-Ganneau et lesexplorateurs anglais, nous semble - 1 - elle préférable.Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 42; G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 58. Oumm Djina est un petitvillage situé sur un monticule, et dont les maisons sontaux trois quarts renversées. Parmi les matériaux aveclesquels elles avaient été bâties, on remarque un assezgrand nombre de pierres de taille très certainement antiques, ce qui prouve que ce pauvre hameau, qui compteà peine aujourd’hui une quarantaine d’habitants, avaitautrefois beaucoup plus d’importance. Cf.V. Guérin, Judée,
t. ii, p. 28.
A. Legendre.
2. ENGANNIM (hébreu: ’Ên-Gannîm; Septante/Codex Vaticanus, ’Iewv xai Tofifiàv; Codex Alexanânus, ’Hvfawi’tj., Jos., xix, 21; IL-i-pn ifo-V-y-àitviyxxi, 29), ville de la tribu d’Issachar, Jos., xix, 21 ^ce avec ses faubourgs» aux Lévites fils de Gejxxi, 29. Dans I Par., vi, 73 (hébreu, 58), pîjlèle à Jos., xxi, 29, on lit Anenx au lieuet la plupart des auteurs regardent le prêt)une contraction du dernier. Voir Anem, ^probablement aussi la même localité (IX, 27, sous le nom de Bêt haggâySeptante: BatOfâv; Vulgate: Dofde Juda, étant venu à Jezraëlyà Joram, souffrant des ble» siège de Ramoth-Galaad.Jéhu dans le champ
même un sort semblât/^ ntout de suite le chen/ « «J*’qui, passant par Dj/ ^
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% %fi. 1142, fig. 421, etc. Cf.
Histoire ancienne desII. — 58
Thoulmos III qu’on peut rapporter à la Galilée, extraitdes Transactions of the Victoria Institute, or philosophicalSociety of Great Britain, 1886, p. 9.
Djénin, par son nom, sa position, ses eaux abondanteset ses beaux jardins, rappelle bien l’ancienne Engannim(fig. 573). Elle se trouve à l’entrée d’une vallée qui vientdéboucher dans la grande plaine d’Esdrelon. Elle couvreles pentes douces d’une colline qui se relie à d’autres unpeu plus élevées, lesquelles se rattachent elles-mêmes, vers l’est, en décrivant un quart de cercle, au DjebelFouqou’ah. Les montagnes voisines sont couvertes de plantationsd’oliviers et de figuiers; les maisons sont entouréesde jardins séparés les uns des autres par des haies
collines qui s’élèvent vers l’est sont percées de nombreusescavernes creusées dans le roc; les unes sontd’anciennes carrières; les autres ont dû servir de tombeaux.La population actuelle est à peu prés de trois millehabitants, presque tous musulmans. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 328; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dansle Tour du monde, t. xli, p. 60; Robinson, BiblicalResearches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 315; Van de Velde, Reise durch Syrien und Palàstina, Leipzig, 1855, t. i, p. 271; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 44.
A. Legendre.
- ENGOULEVENT##
ENGOULEVENT, oiseau de l’ordre des passereaux
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573. — Djéntn. D’aprts une photographie.
de cactus. La ville elle-même est protégée par une muraillede ces végétaux dont les tiges sont si énormes etles feuilles tellement entrecroisées, que tout passageserait absolument impossible, si l’on n’avait taillé de véritablesportes dans ce rempart vivant. Les maisons sonten pierre et assez bien construites; un certain nombresont en ruine. Au-dessus d’elles deux mosquées élèventleur minaret et leurs coupoles, et quelques beaux palmiers, qui s’aperçoivent de loin, dressent leur tête gracieuse.Une belle source, véritable torrent, jaillit au milieudes oliviers sur les hauteurs qui dominent la ville; divisée en mille petits ruisselets, elle répand une agréablefraîcheur dans les jardins et les champs. Ces eaux, trèslimpides, sont amenées par un aqueduc, que cache souventun fouillis de plantes grimpantes. Une quinzainede petites boutiques forment ce qu’on appelle le souq oumarché. Les restes d’une puissante construction en pierresplus considérables et plus régulières que celles qui ontservi à bâtir la plupart des maisons sont regardés par leshabitants comme les vestiges d’une forteresse. Ailleurson montre les traces d’une petite église chrétienne. Les
flssirostres, c’est-à-dire à bec crochu mais très largementfendu, d’où le nom français de l’oiseau qui «engoule» le «vent». Ce bec est garni de moustaches à sa base.Le plumage est gris - roussâtre tacheté de noir (fig. 574).L’engoulevent est à peu près de la taille d’une grive oud’un merle. Il ne niche pas, mais se contente de déposerses œufs à terre ou sur les feuilles sèches. Blotti tout lejour, il se met à chasser à partir du crépuscule, et senourrit d’insectes, particulièrement de ceux qui incommodentles troupeaux. Comme il fréquente en conséquencele voisinage de ces derniers, la croyance populaire lui afait donner le nom de caprimulgus, en français «tettechèvre». Cf. Pline, H. N., x, 40, 56. On l’appelle aussiquelquefois «crapaud volant». Le caprimulgus européensse trouve dans la plus grande partie de l’Europe. On le rencontreaussi assez abondamment en Palestine. À l’automne, l’oiseau est très gras; il constitue alors un mets délicat.
— Plusieurs auteurs ont pensé que l’engoulevent estdésigné dans la Bible par le mot (al.imâs, nom d’unoiseau rangé parmi ceux qui sont considérés commeimpurs. Lev., xi, 16; Deut., xiv, 15; Tristram, The -1805
ENGOULEVENT — ENHASOR
1806
natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 191.Gesenius, Thésaurus, p. 492, croit, au contraire, que letahrnâs est l’autruche. Mais les anciennes versions y ontvu un oiseau de nuit, Septante: f).aOÇ; Vulgate: noctua; Gr. Venet.: vvxTixdpa?, et les rabbins juifs une hirondelle.Le lahmds est presque certainement le hibou, etil n’est guère probable que l’engoulevent ait été comprissous ce nom. Comme cet oiseau devait être bien connudes Hébreux, il est fort à croire qu’ils l’ont désigné sans
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574. — L’engoulevent.
plus de précision par le mot sippôr, qui convient à tousles passereaux et autres petits oiseaux du même genre.Ils n’ont pas dû le confondre avec l’hirondelle, dont il sedistingue par des caractères assez tranchés, notammentpar son habitude de se passer de nid.
H. Lesêtre.
- ENHADDA##
ENHADDA (hébreu: ’Ên-fladdâh, <i fontaine rapide;» Septante: Codex Vaticanus, Aîjiocpéx; Codex Alexandrinus, ’HvaSSà), ville de la tribu d’Issachar, mentionnéeune seule fois dans l’Écriture, Jos., XIX, 21. Sa positionest fixée approximativement par la place qu’elle occupedans l’énumération de Josué, où elle est citée aprèsEngannim, aujourd’hui Djénîn, à l’entrée de la plained’Esdrelon, vers le sud. Elle n’est cependant pas encoreidentifiée d’une manière certaine. Van de Velde, Reisedurch Syrien und Palàstina, Leipzig, 1855, 1. 1, p. 237238, a voulu la reconnaître dans’Ain Haoûd, au piedoccidental du mont Carmel, à l’est d’Athlît. Mais, outreque ce point n’appartenait pas à Issachar, il est trop éloignéde Djénîn pour représenter l’antique cité dont nousparlons. — On l’a cherchée à l’extrémité opposée, aunord-est d’Enrannim. Il y a dans le massif montagneuxdu Djebel Dahy, au sud-est d’Endor, un village appeléUmm et-Thaybéh ou simplement Et-Taiyibéh, quin’est plus aujourd’hui que le triste reste d’une villeimportante, située sur les pentes d’une colline dont laplate-forme supérieure était occupée par une forteresse.Au bas, au milieu d’une vallée, coule une source dontles eaux sont recueillies dans un bassin très dégradé; elle fertilisait, il y a peu d’années encore, des jardins quiont cessé d’être entretenus. Au delà de cette vallée, versl’est, des ruines peu étendues, sur une colline voisine, sont indiquées sous le nom de Kkirbet el-Haddâd.C’était comme un petit faubourg de la ville. La dénominationde Umm et-Thaybéh, «mère de la bonté, del’agrément,» donnée actuellement à cette localité, esttout arabe, et ne nous met point sur la voie de cellequ’elle portait autrefois, s Mais, ajoute M.V. Guérin, Galilée, t. i, p. 127, dans le nom de Khirbet el-Haddâd, queconservent les ruines qui jadis en dépendaient, j’inclineà reconnaître celui de Haddâh… Si cette conjecture estfondée, nous devons identifier les ruines elles-mêmesde Oumm et-Thaybéh avec cette antique cité, vainementcherchée jusqu’ici.» Cette hypothèse, au point de vueonomastique, est assez plausible. Elle l’est moins, si l’onconsidère le principe basé sur l’ordre des énumérationsdans le texte sacré. Nous savons bien qu’il ne faut pointexagérer cette règle, qui peut avoir son élasticité et sesexceptions. On peut se demander cependant pourquoiJosué n’aurait pas, dans ce cas, mis Enhadda près d’Anaharath, aujourd’hui En-Na’urah, non loin au nordouestd’EtTaiy ibéh. Et puis il est probable que ce dernier nom représente son correspondant, Tôb, bien connudans les langues sémitiques, et qui désignait peut-êtrel’ancienne ville. On croit, en effet, le retrouver sur lespylônes de Karnak (n° 22), sous la forme Toubi. Cf.G. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste deThoutmos III qu’on peut rapporter à la Galilée, extraitdes Transactions of the Victoria Institute or philosophicalSociety of Great Britain, 1886, p. 5. Malgré cela, la dénomination’Ên-Ifaddâh l’aurait-elle emporté plus tard, ou se serait-elle appliquée à une localité distincte, quoiquevoisine? Nous ne pouvons le savoir. — Une troisièmeopinion répond mieux à la situation que la Bible sembleassigner à Enhadda; c’est celle qui place la ville à Kefr’Adân, au nord-ouest et tout près de Djénîn. Cf. Surveyof Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883; t. ii, p. 45; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Nantesand places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 58. C’est un village de trois cents habitants, quis’élève sur une colline, avec des jardins plantés principalementde figuiers, d’oliviers, et entourés d’une ceinturede gigantesques cactus. On y remarque un tronçonde colonne et un certain nombre de pierres de tailled’apparence antique. Si l’analogie est parfaite au pointde vue topographique, elle l’est moins pour le rapprochementonomastique. Le nom est écrit Kefr’Adân, avec i, dal (th anglais doux), dans le Survey of WesternPalestine, Name Lists, Londres, 1881, p. 147, et Kefr’Adân, avec >, dal, dans V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 225.
A. LEGEiNDRE.
- ENHASOR##
ENHASOR (hébreu: ’En Hâsôr; Septante: itrjyîj’A<rôp), une des villes fortes de Nephthali, mentionnéeune seule fois dans l’Écriture, Jos., xix, 37. Citée entreÉdraï, probablement Ya’ter, sur la ligne frontière quisépare Aser de Nephthali, et Jéron, aujourd’hui Yaroun, au sud-est de cette dernière localité, elle fait partie dugroupe septentrional. Or entre ces deux points se trouveun village, Khirbet Haztréh, qui, par son nom et saposition, semble bien répondre à l’antique cité. L’arabeS— yaz>-, Basîréh, ou X-ïJa., Hazîréh, est la reproductionde l’hébreu "lisn, Ifasôr. D’un autre côté, l’emplacementne saurait être plus conforme à l’énumérationde l’auteur sacré. Aussi cette identification est-elle acceptéepar bon nombre d’auteurs: Renan, Mission dePhénicie, Paris, 1864, p. 674; les explorateurs anglais, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881, p. 204; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names andplaces in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 58, etc. Les ruines que renferme cet endroit sont enpartie cachées par un épais fourré de hautes broussailles. «En s’ouvrant un passage à travers d’énormes touffesde lentisques, auxquels se mêlent des térébinthes et deschênes verts, on distingue çà et là les arasements denombreuses maisons démolies, plusieurs tronçons decolonnes déplacées, restes d’un édifice détruit, l’un desjambages d’une belle porte ayant peut-être appartenuégalement à ce monument, et les assises inférieures d’unesorte de tour carrée, mesurant neuf mètres sur chaque.face et construite avec des blocs gigantesques qu’aucunciment n’unit entre eux. Des citernes et une piscinelongue de vingt-deux pas sur onze de large fournissaientjadis de l’eau aux habitants de cette localité. Sur les premièrespentes d’une colline voisine, une belle voûte cintréeen magnifiques pierres de taille jonche de ses débrisune construction rectangulaire, très régulièrement bâtie, qu’elle couronnait autrefois et par laquelle on descendait, comme par une espèce de puits, dans une chambresépulcrale dont l’entrée est actuellement obstruée parun amas de grosses pierres. Ce tombeau est désigné sousle nom de Oualy Néby Hazour. À en juger par les restesde la voûte, il paraît d’époque romaine. La chambrefunéraire néanmoins est peut-être plus ancienne.» V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 117. L’auteur de cette description,
tout en reconnaissant que Haziréh est, selon toute apparence, la reproduction d’un nom antique analogue, faitcependant à l’identification proposée une objection quilui semble capitale: c’est qu’aucune source n’existe aumilieu ou près des ruines dont nous venons de parler, et par conséquent Enhasor, qui devait la première partiede son nom à l’existence d’une source, sans doute considérable, sur l’emplacement qu’elle occupait, ne peut avoirété situé en cet endroit. Il est sur que cet argument enlèvequelque chose de leur force aux deux premiers. —D’autres auteurs cherchent cette ville plus bas, au sudestd’Er-Raméh, l’ancienne Arama de Nephthali. Jos., xix, 36. Il y a là un site ruiné appelé Khirbet Hazour, occupant le plateau inférieur d’une colline nommée TellHazour. Certaines cartes même, comme celle de Van deVelde, signalent un’Aïn Hazour. On pourrait donc y voirV’En-Ifasôr de Josué. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 161; W. M. Thomson, The Land and the Book, Londres 1, 1890, in-12, p. 333. Il est clair que le nomactuel, , «;» -, Hazur, représente très bien la dénominationhébraïque. Mais cette hypothèse prête aussi leliane à plusieurs objections. D’abord les cartes les pluscomplètes, comme celle du Palestine ExplorationFund, Londres, 1880, feuille 6, ne mentionnent pasd’'Aïn Hazour, et c’est là le point important. Ensuite nile tell ni le khirbet ne renferment de vestiges d’antiquité.Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 81; V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 458.Enfin, bien que paraissant plutôt appartenir à la tribu deZabulon, ils peuvent à la rigueur rentrer dans la frontièrede Nephthali; mais ils s’éloignent alors des villesqui accompagnent Enhasor dans le texte de Josué. —Les deux localités avec lesquelles on a cherché à identifierEnhasor ne sauraient représenter la vieille cité chananéenned’Asor, que quelques auteurs ont à, tort confondueavec celle-ci. Voir Asor 1, t. i, col. 1105.
A. Legendre.
’ÊN-HAQQORÊ’, nom donné par Samson à la
fontaine que Dieu fit jaillir, à sa prière, pour le désaltérer.Septante: irrflT toû lmxaXou|j.évoj; Vulgate: Fonsinvocantis, «source de celui qui invoque». Jud., xv, 19.Voir Samson et Ramathlechi.
- ÉNIGME##
ÉNIGME (hébreu: hîddh, de hûd, n. s’écarter,» parlerpar détours; melîsâh, de lus, «parler obscurément;» Septante: cuvtY! «.a, rcp<5ë) l r]u.a; Vulgate: enigma, problema), pensée proposée sous une forme obscure et allégoriqueet dont le sens est à deviner. — 1° Les anciens Orientauxavaient une propension marquée à exprimer énigmatiquementleurs pensées. Cf. Rosenmùller, Dos aile undneue Morgenland, Leipzig, 1818, t. iii, p. 68; Herder, Histoire de la poésie des Hébreux, trad. Carlowitz, Paris, 1851, p. 454. Ce goût des énigmes passa chez les Grecset les Romains. Athénée, x, 457; Pollux, x, 107; Aulu-Gelle, Noct. attic, xviii, 2. Voir Konrad Ohlert, Râtselund Gesellschaftspiele der alten Griechen, in-8o, Berlin, 1886. Aulu-Gelle, xii, 6, fait la remarque suivante: «Nouslaissons l’énigme sans réponse, pour que les lecteurss’affinent l’esprit par les conjectures et les recherches.» Ce jeu d’esprit plaisait aux anciens, et ils s’en servaientparfois pour donner plus de piquant à certainesidées morales et les graver d’autant plus profondémentdans l’intelligence que celle-ci avait fait un plus grandeffort pour les découvrir. — 2° Les Hébreux aimaient àposer et à résoudre des énigmes dans les réunions publiques, et surtout dans les festins. Cf. K. Ohlert, Râtsel, p. 60-67, 208-218. Au livre des Juges, xiv, 12-18, nouslisons que Samson en proposa une aux Philistins, en leuraccordant sept jours pour la deviner. L’enjeu était detrente tuniques et de trente vêtements de rechange. OrSamson, quelques jours auparavant, avait trouvé dans lagueule d’un lion tué par lui précédemment, et laissé sur
le sol, un essaim d’abeilles avec un rayon de miel. Il proposadonc cette énigme: «Du dévorant est sorti l’aliment, et du fort est sortie la douceur.» Au bout de trois jours, les Philistins n’avaient encore rien trouvé. L’énigme supposait, en effet, la connaissance d’un fait assez peu commun.Us s’adressèrent alors à leur compatriote, l’épousede Samson, qui se fit livrer le secret et le transmit auxintéressés. Le septième jour, avant le coucher du soleil, ceux-ci apportèrent leur réponse; «Quoi de plus douxque le miel et de plus fort que le lion?» À quoi Samsonrépliqua finement: «Vous n’auriez pas deviné mon énigme, si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse.» Cet exemplenous montre la manière dont on procédait, et commentl’appât du prix à gagner s’ajoutait à l’intérêt du problèmeà résoudre. Cf. Joséphe, Ant. jud., V, viii, 6; Strauchius, De senigmate Simsonis, dans le Thésaurus de Hasée etIken, Leyde, 1732, 1. 1, p. 545-552. — Salomon s’était acquisune grande réputation par son habileté à poser et à résoudredes énigmes. Eccli., xlvii, 17. La reine de Saba, qui en entenditparler, vint le trouver, tout d’abord «pour le mettreà l’épreuve au sujet des énigmes». III Reg., x, 1; II Par., IX, 1. Le roi s’en tira à son honneur, et la royale visiteusele jugea encore supérieur à sa réputation. III Reg., x, 7.A en croire Josèphe, Ant. jud., VIII, V, 3, Hiram, roi deTyr, envoyait à Salomon des énigmes à résoudre. Le roiphénicien avait du reste parmi ses sujets un jeune homme, fils d’Abdémon, qui était fort habile à trouver les réponses.Josèphe, ibid. et Cont. Apion., i, 18. — Au livre desProverbes, xxx, 1-33, plusieurs pensées sont proposéessous forme énigmatique; la réponse suit d’ailleurs la demande: ꝟ. 15: «Trois qui sont insatiables, un quatrièmequi jamais ne dit: Assez!» — ꝟ. 18: «Trois qui me sontdifficiles, un quatrième où je ne vois rien;» — ꝟ. 21: «Trois choses ébranlent la terre, elle ne peut souffrir laquatrième;» — ꝟ. 24: «Quatre les plus petits de la terre, et pourtant plus sages que les sages,» etc. Aussi n’est-ilpas étonnant que le même livre, dès le début, i, 6, prometteau disciple du sage l’art de résoudre les énigmes.
— Dans Isaïe, xxi, 11, 12, la prophétie sur Dumah prendle tour d’une énigme: «Un cri vient de Séir à mes oreilles: Sentinelles, quoi de la nuit? quoi de la nuit? — La sentinellerépond: Le matin est venu et de nouveau la nuit; si vous voulez interroger, interrogez; retournez - vous, venez!» — Ézéchiel, xvii, 2-10, écrit aussi une prophétiesous cette forme: «Fils de l’homme, propose une énigme, raconte une parabole à la maison d’Israël et parlé ainsi: Voici ce que dit le Seigneur Dieu: Un grand aigle, àgrandes ailes, à longues plumes, plein de plumes et detoutes couleurs, vint au Liban, prit la cime d’un cèdre, brisa la tête de ses branches, les transporta dans la terredes marchands, et les plaça dans la ville des commerçants.Ensuite il prit de la semence de la terre, pour lamettre dans un champ de culture; il la prit et la mitdans un champ en plaine, auprès des eaux abondantes.Quand elle eut germé, elle devint une vigne luxuriante, , mais de petite taille, avec des rameaux qui la regardaient, et elle eut sous elle ses racines. Elle devint donc une vigne, , produisit des branches et poussa des surgeons. Or il yavait un [autre] grand aigle, aux grandes ailes, aux plumesabondantes, et voici que vers lui cette vigne inclina sesracines, tendit ses branches, pour qu’il l’arrosât hors des.parterres où elle était plantée, alors qu’elle était dans unbon terrain, plantée auprès des eaux abondantes, pourpousser des pampres, porter du fruit et être une bellevjgne. Dis donc: Voici ce que dit le Seigneur Dieu: S’entrouvera-telle bien? Ne va-t-il pas (le premier aigle)arracher ses racines et ravager son fruit, pour qu’elledevienne stérile quand les pousses de ses branches serontdesséchées?» Dans ce passage, la parabole se mêle àl’énigme. — L’inscription tracée sur la muraille pendantle festin de Baltassar, Dan., v, 25, constitue une énigmeindéchiffrablepour tout autre que Daniel. Voir col. 1250..
— 3° Quelquefois l’énigme ne porte que sur un mot. Ainsi 1809
ÉNIGME ~ ENNON
1810
le Seigneur dit à Jérémie, i, 11, 12: «Que vois-tu, Jérémie?Je répondis: Je vois un bâton d’amandier (sâqêd).Et le Seigneur reprit: Tu as bien vii, car je vais veiller(Soqêd) sur ma parole pour qu’elle s’accomplisse.» Il ya là un jeu de mots en même temps qu’une énigme. —Sur le Sisach de Jérémie, xxv, 26, voir Athbasch, t. i, col. 1210. — Dans l’Apocalypse, xiii, 18, saint Jean proposeune autre énigme, qui n’a pas encore été déchiffréed’une manière certaine: «Que celui qui a de l’intelligencesuppute le nombre de la bête. C’est un nombred’homme, et son nombre est six cent soixantesix.» VoirBête, t. i, col. 1645. — 4° La locution «voir en énigme», signifie «voir d’une manière confuse». Il est dit de Moïsequ’il voyait le Seigneur «à découvert, et non pas parénigmes (behidôt) et figures». Num., xii, 8. Cette manièrede parler a pour but de donner une idée de l’intimitéà laquelle le Seigneur admettait son serviteur, et desrévélations qu’il lui faisait. — Parlant de la condition del’homme sur la terre et de celle qui lui succédera dansl’autre vie, saint Paul écrit: «Nous voyons maintenantau moyen d’un miroir en énigme (èv aivi-f^ot’O; alors cesera face à face. Maintenant je ne connais que partiellement; alors je connaîtrai comme je suis connu.» I Cor., xm, 12. Ce miroir et cette énigme au moyen desquelsnous atteignons Dieu et les choses de la foi, c’est d’abordla nature elle-même, qui parle du Créateur: «Ce qui estinvisible en lui est devenu, depuis la création du monde, intelligible et visible, même sa puissance éternelle et sadivinité.» Rom., i, 20. C’est ensuite la révélation, quinous fournit des notions plus claires et plus précises, maisencore énigmatiques et voilées, puisque les choses quedémontre la foi restent toujours invisibles. Hebr., xi, 1.
— Voir Bellermann, De Hebrseorum enigmatibus, Erfurt, 1796; Aug. Wùnsche, Vie Ràihselweisheit bei den Hebràern,
in-8°, Leipzig, 1883, p. 10-30.
H. Lesêtre.
ENNEMI. Voir Guerre.
- ENNOM##
ENNOM (VALLÉE DU FILS D’). La Vulgate traduitpar Vallis (ilii Ennom, Jer., vii, 31, 32; xix, 2, 6; xxxii, 35, ou bien par Vallis filiorum Ennom, Jos., xviii, 16, ou encore par Convallis filii Ennom, Jos., xv, 8; IV Reg., xxiii, 10, ou enfin par Vallis Ennom (Jos., xvill, 16), II Esdr., xi, 30, le nom hébreu Gê bén Hinnôm, «vallée du fils d’Hinnom,» qui désigne une valléeau sud de Jérusalem, et qu’elle appelle aussi ailleursBénennum, II Par., xxxiii, 6, et Géennom. Jos., xv, 8; xviii, 16. Voir Géennom.
- ENNON##
ENNON (A’tv(ôv; Vulgate: Mnnon), lieu où baptisaitsaint Jean. Joa., iii, 23. Pour en déterminer la position, l’évangéliste nous dit qu’il était situé «près de Salim(SocîiEÏji.)», localité qui devait être par là même plusconsidérable et plus connue. Il ajoute que le Précurseuravait choisi cet endroit «parce qu’il y avait là beaucoupd’eau (ûSotTct itoXXi)». C’est, en effet, ce qu’indique lemot lui - même: le grec Aîvwv n’est que la traduction dupluriel araméen pj’y, ’Ênâvân, «les sources,» ou unadjectif, ’ênôn, dérivé de’aïn et signifiant «un lieu abondanten sources». Voir Aïn 1, t. i, col. 315. Ennon se trouvaiten deçà du Jourdain, d’après les paroles que les disciplesde Jean viennent lui adresser: «Maître, celui quiétait avec vous au delà du Jourdain,» Joa., iii, 26, c’est-à-direà Béthanie, au delà du fleuve. Joa., i, 28. Il devaitêtre également à une certaine distance et non sur lesrives mêmes de ce dernier, sans quoi la remarque del’auteur sacré n’aurait pas de sens. Tels sont les seuls renseignementsque nous fournit l’Écriture. Aussi sommes-nousen face d’un problème géographique dont on chercheencore la solution. Les hypothèses auxquelles il a donnélieu sont les suivantes.
1° Une tradition qui semble avoir été bien en faveurau iv a siècle place Ennon dans le Ghôr ou vallée du
Jourdain, au sud de Béisàn, l’ancienne Bethsan desHébreux, la Scythopolis des Grecs. Eusèbe et saint Jérôme, en effet, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 99, 229, parlant d’ «Mnon près de Salim, où Jean baptisait», ajoutent: «On montre encore aujourd’hui l’endroit(5 tôtioç) à huit milles (presque douze kilomètres)de Scythopolis, vers le midi, près de Salim et du Jourdain.» Plus loin, au mot Salem, p. 149, saint Jérômesignale «à huit milles de Scythopolis, dans la plaine, unbourg appelé Salumias», et, dans une de ses épltres, Epist. lxxiii, ad Evangelum, t. xxii, col. 680, il ditque Salem n’est pas Jérusalem, «mais un village près deScythopolis, qui jusqu’à présent se nomme Salem, etoù l’on montre le palais de Melchisédech, dont les ruines, par leur grandeur, attestent l’antique magnificence.» Desou côté, sainte Silvie raconte qu’elle vit sur le borddu Jourdain une belle et agréable vallée, bien plantéed’arbres et de vignes, arrosée d’eaux abondantes et excellentes.Dans cette vallée était un gros bourg appelé alorsSedima, placé au milieu de la plaine. Comme elle demandaitle nom de ce site charmant, il lui fut répondu: «C’est la cité du roi Melchis; appelée autrefois Salem, elle porte aujourd’hui par corruption le nom de Sédima.» On lui montra également les fondements du palais deMelchisédech. Se rappelant alors que saint Jean baptisaità Enon près de Salim, elle s’informa de la distance quila séparait de ce lieu: Il est à deux cents pas, lui dit leprêtre qui la conduisait. Et elle vint à un jardin délicieux, au milieu duquel coulait une fontaine très limpide, et qu’on appelait en grec copostu agiu iohanni(xîiiro; toû àfim’Ioiwou) ou «jardin de saint Jean».Cf. J. F. Gamurrini, Sanctse Silvix Aquitanse peregrinalioad Loca Sancla, 2e édit., Rome, 1888, p. 27-29.Aucun site aux environs de Béisàn ne répond actuellementd’une manière exacte à Salem. La colline nomméeTell es-Sârem pourrait en rappeler le nom, mais elle estplus rapprochée de la ville que ne le marque ÏOnotnasticon.Cependant, à la distance voulue, dans la valléedu Jourdain, on rencontre un remarquable groupe desept sources, réunies dans un rayon assez restreint, etqui pourraient représenter les «eaux abondantes» dutexte sacré. Non loin sont les ruines assez considérablesdtVmm el-’Amddn, au nord desquelles s’élève le TellBidhghah, dont le sommet est couronné par le tombeaude Scheikh Salim, peut-être le scheikh de Sâlim. Cf. Vande Velde, Reise durch Syrien und Palâslina, Leipzig, 1856, t. ii, p. 302-303; Memoir to accompany the Mapof the Holy Land, Gotha, 1858, p. 345. — Tels sont lesarguments de la première opinion. On objecte que, d’aprèsle contexte évangélique, saint Jean paraît avoir été alorsen Judée, comme Notre -Seigneur. Le contexte n’a riende clair sous ce rapport. On dit ensuite que le Précurseurne pouvait guère fixer dans la Samarie, hostile auxJuifs, le lieu de son séjour et de son ministère. L’endroitindiqué était sur la limite de la Samarie et de la Galilée, non loin du passage fréquenté qui donnait accès d’unerive à l’autre du Jourdain; les Galiléens qui ne voulaientpas traverser la province ennemie par Sichem, pouraller à Jérusalem, descendaient par Béisàn dans la valléedu Jourdain et prenaient la route de Jéricho. Le siten’était peut-être pas si mal choisi. En somme, si rienaujourd’hui ne montre avec certitude l’emplacement deSalim, il n’en reste pas moins une tradition qu’il estimpossible de négliger et des conditions topographiques, qui peuvent cadrer avec le récit sacré.
2° Une deuxième hypothèse cherche Ennon dans lesenvirons de Naplouse. Il y a à l’est de cette ville unelocalité dont le nom, Sâlim, rappelle exactement celuide la cité biblique dont nous parlons, et près de laquellesont deux sources. Cf. Robinson, Biblical Besearches inPalestine, Londres, 1856, t. iii, p. 298, 333. Plus haut, vers le nord-est, le village d’Ainun représenterait peut-êtrel’Aîvwv de saint Jean. Mais, comme ce dernier en
droit ne renferme aucune source, on a pensé à cellesqu’on rencontre dans Vouadi Far’ah, entre Ainoun etSalim. Cf. Conder, On the identification of JEnon, dansle Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1874, p. 191-192; G. Armstrong, W. Wilson etConder, Nomes and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 2 (New Testament sites). —Nous trouvons là aussi plus d’une difficulté. D’abordAinoun et Salim sont trop loin l’une de l’autre. Lessources elles-mêmes sont situées dans une profondevallée, à six kilomètres de Sâlim, et séparées de ce villagepar les hauteurs de Nébi Bélàn, en sorte qu’on nepeut guère les regarder comme en étant proches. Ellessont d’ailleurs aussi près de Naplouse, à laquelle les unitla voie romaine qui allait de cette ville à Scythopolis.Pourquoi alors saint Jean n’auraitil pas plutôt dit: «jEnnon près de Sichem?» Enfin et surtout, le plusgrand inconvénient de cette opinion, c’est qu’elle placele ministère du Précurseur au cœur même de la Samarie, aux portes de la cité qui concentrait toute la hainedu peuple samaritain contre les Juifs. La difficulté, sousce rapport, est, on le voit, beaucoup plus grande quepour la première hypothèse.
3° J. Th. Barclay, The city of the great King, New-York, 1858, p. 558-570, a cru retrouver Ennon dans lessources de Vouadi Fârah, vallée profonde et ravinéequ’on rencontre à plusieurs kilomètres au nord-est deJérusalem. Le nom de Salim serait représenté par l’antiqueappellation de Jérusalem, Salem, ou par celui d’unouadi nommé actuellement Salim, plus exactement Souléim.Cette conjecture, qu’aucune tradition n’appuie, repose uniquement sur l’existence de certaines sourcesplus ou moins abondantes et sur un rapprochement assezproblématique. On peut ensuite faire remarquer quel’ouadi Fârah est un ravin qui, par sa nature et son éloigneraientde toute ligne de communication, n’était guèrefait pour attirer et réunir une grande multitude.
4° Enfin une dernière opinion cherche Ennon à l’extrémitéméridionale de la Palestine. Parmi les villes assignéesà la tribu de Juda et plus tard à celle de Siméon, le livre deJosué, xv, 32, en mentionne deux, Sélim(hébreu: Silhim; Septante: Codex Vaticanus, SaX-rj; Codex Aleœandrinus, SeXeei’n) et Aen (hébreu: ’Ain), dont les noms semblent rappeler ceux de Joa., iii, 23.". Dans cette hypothèse, Ennon est réellement, selon lesindications évangéliques, de l’autre côté du Jourdain(Joa., iii, 26), en Judée, où Jésus baptise (jfr. 22). Lelecteur comprend qu’on y entre en discussion avec desJuifs (^. 25) et qu’on y soit dans un pays où les eauxdevaient être rares.» E. Le Camus r La Vie de Notre-SeigneurJésus-Christ, Paris, 1887, in-12, t. i, p. 296, note 1. Tel est aussi le sentiment de J. N. Sepp, Jésus-Christ, études sur sa vie et sa doctrine, trad. Ch. Sainte-Foi, 2 in-8o, Louvain, 1869, t. i, p. 334, et de Mùhlau, dans Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 33, au mot Mnon. Cette conjecturene nous semble pas non plus reposer sur des basesbien solides. Ain n’est certainement pas Beitvinoun, distante d’Hébron d’une lieue et demie vers le nordest.Elle appartient à un groupe de villes situées plus bas.Si, avec le texte original de II Esdr., xi, 29, on ne l’unitpas à Remmon, qui suit, pour en faire’En-B.imm.cm, et la placer à Khirbet Oumm erRoumâmim, à troisheures au nord de Bersabée, c’est certainement dans lesenvirons de cette localité qu’il faut la chercher. VoirAîn 2, 1. 1, col. 315. Or le pays est très pauvre en sources, et nous ne trouvons aucun endroit qui puisse répondreau texte évangéliqae par la richesse de ses eaux. On nevoit guère aussi pourquoi saint Jean aurait porté si loin, en dehors des voies les plus fréquentées, sa parole et son
ministère.
A. Legendre.
t. ENOCH. Voir Hénoch 2 et 4, t. iii, col. 593, 594.
2. ENOCH (LIVRE APOCRYPHE D’). Voir APOCA-LYPSESAPOCRYPHES, t. i, col. 757-759.
ÉNON (hébreu: Hâsar’Ênôn; Septante: r aiXïi toOAîvâv; Vulgate: atrium Enon), point qui devait marquerla limite nord-est de la Terre Promise. Ezech., xlvii, 17. Ce nom est écrit ailleurs Énan. Voir Énan.
ÉNOS (hébreu: ’ËnôS; Septante: ’Evw?), fils deSeth. Gen., iv, 26; v, 6, 7, 9-11; I Par., i, 1; Luc, iii, 38.Il avait quatre-vingt-dix ans à la naissance de son filsCaïnan, et il vécut encore huit cent quinze ans, ce quidonne, pour sa vie entière, un total de neuf cent cinqans. Gen., v, 9-11. Énos est, avec Hénoch et Lamech, le seul des patriarches antédiluviens dont l’auteur de laGenèse nous donne autre chose que le nom et l’âge: «Alors, dit le texte hébreu, on commença à invoquer(qârâ’) au nom de Jéhovah.» Ce que la Vulgate traduit: «Celui-ci (Énos) commença d’invoquer le nom du Seigneur.» Gen., iv, 26. Cf. Gen. xii, 8; Exod., xxxiii, 19; Ps. lxxix, 6; cv, 1, etc. Cette phrase est obscure et a été, par suite, diversement expliquée. La paraphrase chaldaïquela rend ainsi: «On commença à profaner le nomde Dieu,» c’est-à-dire: «On commença alors à adorerde faux dieux, des idoles.» Cette interprétation est universellementrejetée. Tout le monde reconnaît que, d’après ce verset, l’époque d’Énos vit le commencement, dans l’ordre religieux, d’un certain état de choses nouveau; mais on ne s’accorde pas pour déterminer à quoise rapporte ce commencement. 1° Les uns considèrent depréférence le dernier mot, celui de Seigneur (Jéhovah), et ils expliquent à tort ce verset en ce sens que, du tempsd’Énos, on commença de connaître le nom de Jéhovahet de pratiquer son culte. — 2° La plupart pensent quel’auteur de la Genèse a voulu nous faire connaître parces paroles quelque innovation notable dans le cultedivin, par exemple, l’organisation du culte public: ritesplus solennels, réunions régulières, inconnues jusqu’alors, certaines conventions acceptées dans la sociétésur le temps, le lieu, la nature des offrandes ou des sacrifices, etc. — 3° Quelques-uns attribuent au verbe hébreula signification d’ «être appelé du nom» [de Jéhovah], et ils rapportent divers textes bibliques qui semblentconfirmer leur sentiment. Exod., xxxi, 2; Num., xxxii, 38, etc. Le sens de Geni, iv, 26, serait, d’après eux, qu’àl’époque d’Énos on commença, sans doute pour les distinguerde la race impie de Caïn, de donner aux descendantsde Seth le nom d’ «enfants de Dieu». Leur opinionparait bien peu probable. Cf. Fr. de Hummelauer, Comment, in Genesim, Paris, 1895, p. 195. E. Palis.
ENSEIGNE GUERRIERE. Voir Étendard.
- ENSEIGNEMENT##
ENSEIGNEMENT (Nouveau Testament: SiSxtTxotXfo, SiSaxri; Vulgate: doctrina) désigne l’instruction elle-mêmeou l’art de donner l’instruction. L’enseignementdont il est parlé dans la Bible est exclusivement religieux; mais son objet et ses organes ne sont pas lesmêmes dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament.
I. Dans l’Ancien Testament. — L’enseignement religieuxétait donné par les parents, les prêtres et les lévites, les prophètes, les docteurs et les scribes.
1° Enseignement des parents. — Dieu lui-même, parla bouche de Moïse, avait prescrit aux parents d’instruireleurs enfants des devoirs de la religion. Ils devaient leurenseigner «la crainte de Dieu s, c’est-à-dire la religion(voir Crainte de Dieu, col. 1099-1100), leur inculquerles préceptes de la Loi ou le Décalogue, Deut., vi, 7, ettous les autres commandements de Jéhovah, Deut., xxxii, 46, et leur apprendre toutes les merveilles que leSeigneur a opérées en faveur d’Israël. Deut., iv, 9-10.Cf. Exod., xii, 26 et 27; xiii, 8 et 14; Deut., vi, 20-25.Ils étaient tenus de remplir cette fonction d’instituteurs
en toute occasion, quand ils étaient assis dans leurs mai- |sons, quand ils marchaient sur le chemin, quand ils secouchaient ou se levaient. Deut., xi, 19. — Salomon rapporteles leçons que son père lui avait données sur lesavantages de la sagesse, Prov., IV, 3-9; il indique clairementque l’enseignement de la sagesse était traditionneldans les familles, Prov., i, 8; VI, 20, et il affirme enfinque l’enfant sage est le fruit de la doctrine de son père.Prov., xui, 1. — L’auteur de l’Ecclésiastique, xxx, 13, recommande au père d’instruire son fils, et il rappelle lesheureux fruits de cette instruction, xxx, 2-3.
2° Enseignement des prêtres et des lévites. — Moïseremit le Livre de la Loi, le Pentateuque ou au moins leDeutéronome, aux prêtres et aux vieillards d’Israël, et illeur ordonna de le lire à tout le peuple rassemblé devantle Seigneur, chaque sept ans, durant l’année jubilaire, àla fête des Tabernacles, «afin qu’en entendant cette lectureles Israélites apprennent à connaître et à craindrele Seigneur, à garder et à observer tous ses commandements, et pour que leurs enfants qui l’ignorent maintenantpuissent l’entendre et craignent le Seigneur tousles jours de leur vie.» Deut., xxxi, 9-13. Le cantique deMoïse devait être retenu de mémoire, pour être chantéet servir de témoignage contre le peuple apostat. Deut., xxxi, 19 et 22. Josué accomplit l’ordre de Moïse et lutaux Israélites réunis au pied des monts Hébal et Garizimce qui était écrit dans le volume de la Loi. Jos., vin, 34. Pendant longtemps il n’est pas fait mention decette ordonnance dans l’Écriture. On ne peut conclurede ce silence ni que la loi n’existait pas ni même qu’ellen’était pas pratiquée. L’usage ordinaire n’était pas signaléet n’avait pas besoin de l’être. Il est permis cependantde penser que sous les rois impies la lecture régulièredu Pentateuque était omise. Les princes pieux faisaientobserver la pratique ancienne ou la rétablissaient. AinsiJosaphat envoya, la troisième année de son règne, desprinces et des lévites dans toutes les villes de Juda, pourinstruire le peuple et lire le livre de la Loi du Seigneur.H Par., xvii, 7-9. Quand le grand prêtre Helcias eutretrouvé dans le Temple un exemplaire ancien de ce livre, peut-être même l’autographe de Moïse, le roi Josias enlut toutes les paroles dans le Temple de Jérusalem, devanttous les hommes de son royaume. IV Reg., xxii, 8-20, et xxiii, 1-3; II Par., xxxiv, 14-33. La vingtièmeannée d’Artaxerxès, les sept premiers jours du septièmemois, Esdras fit au peuple la lecture de la Loi et le décidaà y conformer parfaitement sa conduite. II Esdr., viii, 1-8. D’après l’usage juif postérieur à Esdras, on se bornaità lire, le premier jour de la fête des Tabernaclesseulement, quelques parties du Deutéronome. Selon Josèphe, Ant.jud., X, iv, 2, et les rabbins, c’était le grandprêtre ou le roi qui devait s’acquitter de ce devoir dansle Temple.
3° Enseignement des prophètes. — Les prophètesd’Israël n’avaient pas seulement pour mission de prédirel’avenir; ils étaient chargés de communiquer aux hommestoutes les volontés de Dieu, de maintenir la religionmosaïque dans son intégrité et de veiller par leurs enseignements, leurs avertissements, leurs reproches et leursmenaces, à la conservation de la pureté des mœurs et dela doctrine. Leur principale fonction était d’instruire lepeuple, de conserver l’alliance conclue entre lui et Jéhovah, et de revendiquer les droits contestés ou méconnusde celui qui les envoyait et les animait de son esprit.Ces hommes inspirés n’apparaissaient pas seulement deloin en loin, dans les temps difficiles, aux moments decrise. Ils forment une série presque ininterrompue dansle cours de la plus grande partie de l’histoire d’Israël, detelle sorte que le prophétisme peut être regardé commeune institution régulière et en quelque sorte normale enIsraël. La série commence à Moïse lui-même et se terminepar Malachie. On en trouve l’institution divine dansla prophétie de Moïse, Deut., xviii, 15-19; de sorte que
le ministère prophétique, qui était extraordinaire quantau choix des prophètes et à l’exercice de leur mission, était le magistère ordinaire, suprême et infaillible, parmile peuple d’Israël. Cf. J.-P.-P. Martin, Introduction à Ucritique générale de l’Ancien Testament. De l’originidu Pentateuque, t. iii, Paris, 1888-1889, p. 641-650; R. Cornely, Historica et critica introductio in utriusqueTestamenti libros sacros, t. ii, 2, Paris, 1887, p. 271-280; Mo’Meignan, Les prophètes d’Israël. Quatre siècles delutte contre l’idolâtrie, Paris, 1892, p. 10-24; J. Brucker, L’enseignement des prophètes, dans les Études religieuses, août 1892, p. 554-580; Fontaine, Le monothéismeprophétique, dans la Revue du monde catholique, novembre 1895, p. 193-204, et janvier 1896, p. 5-25.
4° Enseignement des scribes ou des docteurs. — Quandla prophétie eut cessé en Israël, une autre institution, d’origine humaine, celle des scribes ou des docteurs dela loi, la remplaça pour l’instruction du peuple Le sôfêrou scribe avait eu pour première fonction d’écrire surles rouleaux sacrés le texte de la loi et de veiller à sa conservation.Mais plus tard les scribes, tout en copiant letexte, l’étudiaient et l’expliquaient. C’est après le retourde la captivité de Babylone qu’ils devinrent plus nombreuxet prirent de l’influence, en expliquant dans leursécoles et dans les synagogues la loi et les traditions. Ilsétaient assis sur la chaire de Moïse, et il fallait écouterleurs enseignements. Matth., xx.ni, 2 et 3. L’explicationde l’Écriture dans les réunions des synagogues (voirSynagogue) devait plus tard donner naissance à la prédicationchrétienne, qui en fut la continuation et le perfectionnement.Voir École et Scribe.
II. Dans le Nouveau Testament. — L’enseignementdoctrinal de la nouvelle alliance fut dispensé successivementpar Jésus, les Apôtres, les évêques et les docteurs.
1° Enseignement de Jésus. — Il n’était pas destiné aupeuple juif seulement, mais au monde entier, dont Jésusdevait être la lumière. Joa., viii, 12; ix, 5; xii, 46; Tit., H, Il et 12. Son objet, tout en restant exclusivement religieux, était plus vaste que celui de l’enseignement deMoïse et des prophètes. Il portait sur le nouveau royaumede Dieu, que Jésus était venu établir sur la terre. VoirJésus-Christ. Cf. Bacuez, Manuel biblique, t. iii, 7e édit., Paris, 1891, p. 503-515; Fillion, Évangile selon saintMatthieu, Paris, 1878, p. 96-97; de Pressensé, Jésus-Christ, son temps, sa vie, son œuvre, 2e édit., Paris, 1866, p. 350-372.
2° Enseignement des Apôtres. — Jésus ressuscitéconféra aux Apôtres, qui devaient être comme lui lalumière du monde, Matth., v, 14, la mission de prêcherl’Évangile à toute créature et d’enseigner toutes les nations.Ils devaient apprendre à tous les hommes à observertous les commandements du Maître, qui leur promettaitson assistance constante et perpétuelle dans l’accomplissementde leur mission. Matth., xxviii, 19 et 20; Marc, xvi, 15; Luc, xxiv, 47. Ils étaient chargés de prêcheraussi la pénitence et la rémission des péchés, et derapporter les faits dont ils avaient été les témoins. Luc, xxrv, 48; Act., i, 8. Le Saint-Esprit devait être envoyépour leur enseigner toutes choses et leur suggérer lesouvenir de tout ce que Jésus leur avait dit. Joa., xiv, 26; xvi, 13. Aussitôt après la venue de l’Esprit révélateur, saint Pierre prêche Jésus ressuscité, Act., ii, 14-41; iii, 12-26, et il continue ses prédications malgré la défensedu sanhédrin et sans craindre la persécution. Act., iv, 17-20; v, 20, 21, 25, 28 et 42. Le livre des Actes est remplidu récit des prédications de saint Paul et de saint Barnabe.Act., xi, 26; xiii, 5, 16-41; xiv, 20; xv, 1, 35, 41; xvi, 4; xvii, 2-4, 17; xviii, 11; xix, 8; xx, 20; xxi, 28; xxii, 1-21; xxviii, 31. Cf. I Cor., iv, 17; vii, 17; xiv, 33; Col., i, 28; iii, 16.
3° Enseignement des docteurs. — À côté des Apôtres
et des prophètes, il est fait mention des docteurs, SiSâo-xoc-Xot, Act., xiii, 1; I Cor., xii, 28 et 29, dont le ministèreconsistait à donner exactement, avec la science convenable, l’enseignement ordinaire aux fidèles. Selon quelquescritiques, les docteurs formaient une classe à part dansla hiérarchie de l’apostolat, qui aurait persévéré distinctejusqu’à la mort du dernier apôtre. Apollo auraitété un de ces docteurs. Voir t. i, col. 774-776. Cf. Duchesne, Les origines chrétiennes, p. 60. Comme saintPaul, Eph., IV, 11, donne une autre énumération desministères ecclésiastiques, et qu’aux Apôtres et aux prophètesil joint des évangélistes, eùayTEXiarctt, des pasteurset des docteurs, jroiijiveç xaï êiSâuxaXoi, la plupart descommentateurs reconnaissent sous ces diverses désignationsles évêques, les prêtres et les diacres, chargés soitde porter partout la bonne nouvelle de l’Évangile, soit degouverner le troupeau et de l’instruire, Drach, Les hpilresdé saint Paul, Paris, 1871, p. 407-408. Quoi qu’il en soit, il est certain que dans l’Église primitive il y avait à côtédes Apôtres des hommes chargés de l’enseignementpublic. Rom., xii, 7; I Cor., xiv, 26; Gal., vi, 6.
4° Enseignement des évêques. — Les Apôtres se préparèrentdes successeurs, à qui ils confièrent le soind’annoncer l’Évangile et de répandre la bonne doctrine.Saint Paul recommande à ses disciples Timothée et Titede se livrer à l’enseignement et de donner l’exempledans ce ministère. I ïim., iv, 13 et 16; Tit., ii, 7. Timothéedoit garder fidèlement le dépôt de la foi, qui lui a.été confié, et répandre la saine doctrine, qu’il a reçue dela bouche de saint Paul. I Tim., - vi, 2, 3, 20; II Tim., i, 13 et 14; iii, 10 et 14. Il doit transmettre l’enseignementqu’il a entendu à des hommes capables de le communiquerà d’autres. II Tim., ii, 2. C’est la fonction des évêquesde parler et d’annoncer la vérité. I Tim., iv, 17; Tit., i, 9. Voir K. A. Schmid, Geschichte der Erziehung, Stuttgart, 1884, t. i, p. 294-333. E. Mangenot.
- ENSÉMÈS##
ENSÉMÈS (hébreu: ’Ên-Sémés, «fontaine du soleil;» Septante: rj it/iyn to0 f, Xiou, Jos., XV, 7; miyri Ba16dâtiuc, Jos., xviii, 17; Vulgate: Fons solis, Jos., xv, 7; Ensemes, id est, Fons solis, Jos., xviii, 17), fontaine quiformait un des points de la frontière nord de Juda, Jos., xv, 7, et de la frontière sud de Benjamin. Jos., xviii, 17.Elle se trouvait entre «la montée d’Adommim» ( Tal’ated-Demm) à l’est et «la fontaine deRogel» (Bir’Ëyoub)à l’ouest, au nord de celle-ci. Voir Benjamin, tribu etcarte, t. i, col. 1589. Sa position est donc bien indiquéeà l’est de Jérusalem et de la montagne des Oliviers. Or, dans cette direction, sur la route actuelle de la villesainte à Jéricho, à environ 1600 mètres au-dessous deBéthanie, on rencontre une fontaine qui semble bien, parson emplacement, répondre à celle que mentionne le textesacré. Elle s’appelle’A in el-IJaoud, «la source de l’auge;» les chrétiens la désignent sous le nom de fontaine desApôtres, parce que ceux-ci, devant nécessairement passerpar là pour aller de Jérusalem à Jéricho ou revenir versla cité sainte, ont dû s’y désaltérer. L’eau s’écoule sousune arcade ogivale (fig. 575) par un conduit pratiqué àtravers une construction d’apparence arabe et à moitiéruinée, et elle tombe dans un petit bassin oblong, enforme d’auge; de là le nom que les indigènes donnentaujourd’hui à la source. À côté est un birket ou réservoircarré, mesurant six pas sur chaque face, et qu’elleremplit seulement à l’époque des grandes pluies. Cf.V. Guérin, Samarie, t. i, p. 159. L’eau est assez fraîcheet bonne, mais il ne faut en boire à l’auge qu’avec beaucoupde précautions, car elle est pleine de sangsues finescomme des cheveux, presque incolores, et que l’on estexposé à avaler avec la plus grande facilité. Ces annélides(Hxrnopis Sanguisuga) se fixent alors dans l’arrière-gorge, où elles amènent en se gonflant, et par laperte du sang qu’el’es occasionnent, les accidents lesplus graves. Cf. Loriet, La Syrie d’aujourd’hui, dans
le Tour du monde, t. xlhi, p. 192. — Cette identificationest généralement acceptée par les voyageurs et lesexégètes. Cf. Van de Velde, Memoir to accompany theMap of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 310; V. Guérin, Samarie, t. i, p. 160; W. M. Thomson, The Landand the Book, Londres, 1881, p. 405-408; Survey ofWestern Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 42; Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 120, etc. — Cependantle P. van Kasteren placerait plutôt Ensémès surl’ancienne route de Jéricho, au nord de la nouvelle, dans
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575. — La Fontaine des Apôtres. D’après une photographie.
l’ouadi er-Raouâbéh, où il a découvert une source, ’aïner-Raouâbéh, qui a dû être autrefois plus importanteque maintenant. Cf. Zeitschrift des deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xiii, 1890, p. 116; F. Buhl, Géographiedes Alten Palàstina, Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1896, p. 98. A. Legenore.
- ENSEVELISSEMENT##
ENSEVELISSEMENT, derniers soins qu’on donneà un mort, avant de l’enfermer dans son tombeau. — Onignore de quelle manière procédaient les anciens Hébreuxpour l’ensevelissement de leurs morts. Jacob et Josephfurent embaumés et ensevelis selon le cérémonial compliquédes Égyptiens. Gen., l, 2, 3, 25. Mais ce sont là descas exceptionnels. D’ordinaire, c’étaient les enfants et lesproches qui, de leurs propres mains, rendaient les derniersdevoirs à leurs parents. Gen., xxv, 9; xxxv, 29; Jud., xvi, 31; Am., vi, 10; Tob., xiv, 16; I Mach., ii, 70; Matth., viii, 22. Dans ce dernier passage, Notre -Seigneurdit à un jeune homme de ses disciples qui demande àaller ensevelir son père: «Suis-moi, et laisse les mortsensevelir leurs morts.» En parlant ainsi, Notre-Seigneurn’entend pas blâmer en général cet acte de suprême piétéfiliale. Il veut indiquer seulement que certains devoirssociaux doivent céder le pas à une vocation spéciale.A défaut de parents, ce sont les amis ou les disciples quiprocèdent à l’ensevelissement. III Reg., xiii, 29; Marc, vi, 29. L’ensevelissement par des étrangers est comme unsigne de malédiction. Act., v, 6, 9, 10. — On commençaitpar fermer les yeux au défunt, et on le baisait. Gen., xlvi, 4; l, 1; Tob., xiy, 15. Ce double usage était familieraux anciens, et les auteurs profanes en font souventmention. Homère, Iliad., xi, 452; Odys., xxiv, 294; Virgile, JEneid., ix, 487; Ovide, Trist., iii, 3, 43; Pline,
H. N., xi, 55, etc. On portait ensuite le corps, après l’avoirlavé, dans un lieu convenable, la chambre haute, parexemple. Act., ix, 37. On entourait les pieds et les mainsavec des bandelettes. Joa., xi, 44. Des aromates, de lamyrrhe et de l’aloès étaient disposés autour du corps. Joa., Xix, 39, 40; cf. Joa., xii, 3, 7. Enfin le cadavre était enveloppédans une grande pièce d’étoffe servant de linceul.Matth., xxvii, 59; Marc, xv, 46; Luc, xxiii, 53; Joa., xix, 40. Le visage restait ordinairement à découvert, et, comme le défunt était conduit à son tombeau quelquesheures seulement après sa mort, c’est là qu’on lui enveloppaitla tête avec un autre morceau d’étoffe, le suaire.
^ K
676. — Ensevelissement d’un mort. Peinture d’un vase grecprovenant d’Érétrie, conservé aujourd’hui au British Muséum.Va jeune homme mort, auquel on vient de faire la dernièretoilette, est étendu sur sa couche funèbre. Trois personnes sontautoui 1 de lui, faisant des gestes de douleur. D’après A. S. Miirrayet A. H. Smtth, White Athenlan Vases in the BritishMuséum, in-f°, Londres, 1896, pi. vu.
Joa., xl, 44; xx, 7. — Ces quelques détails fournis par laSainte Écriture se rapportent à des défunts de marque.Il n’est pas dit qu’on prît autant de soin des morts decondition plus modeste. Cependant l’essentiel devait subsisterpour tous. «Aujourd’hui les indigènes de Palestineobservent les mêmes coutumes au pied de la lettre. Aprèsla mort, ils ferment les yeux du défunt; ils attachent lespieds et les mains avec des bandelettes et enveloppentle corps dans un linceul. Tous les assistants baisent lemort une dernière fois. Puis il est déposé dans une bièreouverte par en haut, pour qu’on puisse voir encore sonvisage. L’ensevelissement se fait huit heures au plus aprèsle décès. Il en était certainement ainsi autrefois; dansles pays chauds, on est obligé de hâter l’enterrement.» Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, Paris,
1885, p. 161.
H. Lesêtre.
ENTERREMENT. Voir Funérailles.
- ENTRAILLES##
ENTRAILLES (hébreu: rahâmîm, de la racinerâham, «être mou et tendre;» mê’im; chaldéen: rahamîn, Dan., ii, 18; Septante: onXdtY^va, Ya<jT>jp, xotXîa; Vulgate: viscera, intestina, utérus, venter), organesrenfermés dans le corps de l’homme, spécialement ceuxqui sont contenus dans la cavité abdominale.
I. Dans le sens littéral. — C’est toujours le mot mê’imqui est employé en pareil cas. Il désigne alors «es intestinsproprement dits, II Reg., xx, 10; II Par., xxi, 15, 19; l’estomac, Num., v, 22; Job, xx, 14; Ezech., vii, 19; lesein de la mère, Gen., xxv, 23; Ruth, i, 11; Ps. lxx(lxxi), 6; Is., xlix, 1; le sein du père, Gen., xv, 4; Il Reg., vii, 12; xvi, 11; les entrailles, (rr, ).âfX v0C) en tant
que renfermant les organes de la respiration. Bar., ii, 17. — Antiochus IV Épiphane périt dans d’atroces douleursd’entrailles. II Mach., ix, 5, 6. Plutôt que de tombervivant aux mains de Nicanor, ennemi de son peuple, undes anciens de Jérusalem, Razias, se perce d’un glaive, se jette ensuite du haut de sa maison, se relève et, saisissantses entrailles des deux mains, les lance à la foulequi le poursuit. II Mach., xiv, 46. — Quand Judas Iscariotese pend, son ventre crève et ses entrailles se répandentà terre. Act., i, 18.
11. Dans le sens métaphorique. — Ainsi que le cœur(voir col. 824), les entrailles sont considérées habituellementcomme le siège des sentiments de l’âme. — 1° Sentimentsdivers, la joie, Cant., v, 4; la douleur, Job, xxx, 27; Jer., IV, 19; Is., xvi, 11; la peur, Eccli., xxx, 7; le trouble, Lam., i, 20; ii, 11; Philem., 7; l’amour dudevoir. Ps. xxxix (xl), 9. — 2° La tendresse affectueuseenvers les siens, Gen., xliii, 30; III Reg., iii, 26; enversles malheureux, les affligés de toute nature, Am., i, 11; Zach., vii, 9; Philem., 12, 20; envers le prochain engénéral, Phil., ii, 1; Col., iii, 12; envers les disciplesqu’on a évangélisés. II Cor., vii, 15. C’est pourquoi il estdit que «les entrailles du méchant sont dures». Prov., xii, 10. Saint Paul reproche aux Corinthiens d’avoir lesentrailles étroites, II Cor., vi, 12, et saint Jean se sert del’expression «fermer ses entrailles», I Joa., iii, 17, pourindiquer que l’on manque de compassion envers le prochain.A ce point de vue, la terrible mort de Judas estsymbolique; le malheureux perd ses entrailles pour signifierqu’il a abdiqué tout sentiment de tendresse, de miséricordeet de compassion. Cf. Ps. cviii, 16, 17. — 3° Lafaveur obtenue auprès de quelqu’un. Geri., xliii, 14;
II Esdr., i, 11; Dan., i, 9. — 4° Le mot rahâmîm (deuxfois seulement le mot mê’im, Is., lxiii, 15; Jer., xxxi, 20)est souvent appliqué à Dieu lui-même, pour désigner samiséricorde envers les hommes. Les versions traduisentalors par éXeo; , o! xTipu.<5ç, misericordia, miseratio.
III Reg., viii, 50; Ps. xxiv, 6; xxxix, 12; l, 3; lxviii, 17; lxxviii, 8; en, 4; cv, 46; cxviii, 156; Is., xlvii, 6; liv, 7; Jer., xlii, 12; Dan., ix, 18; Ose., ii, 21. Zacharie, père desaint Jean-Baptiste, évoque la même idée quand il parledes «entrailles de la miséricorde de notre Dieu». Luc, i, 78. Saint Paul emploie l’expression «dans les entraillesde Jésus-Christ», Phil., i, 8, pour dire dans son amour, en union avec lui. — Le verbe anXaY^MiCojiat, misereor, & j’ai les entrailles émues,» marque la profonde compassionde Notre - Seigneur envers les hommes. Matth., ix, 36; xiv, 14; xx, 34; Marc, viii, 2. Cf. Andr. Buttig, De emphasi verbi cma.yx'& Val > dans le Thésaurusnovus, de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 413-417.
H. Lesêtre.
- ENTRAVES##
ENTRAVES, chaînes et anneaux de métal qui sontfixés aux pieds et empêchent de faire de grands pas, decourir et par conséquent de s’échapper (fig. 577). Ils diffèrentdes ceps, qui fixent au sol le prisonnier et lui interdisentabsolument la marche. Voir col. 431. — Les entraves, appelées par les Septante itéBai, et par la Vulgate
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877. — Entraves antiques.
D’après Saglio et Daremberg, Dictionnaire des antiquités,
t. i, p. 1428.
compedes, ont différents noms en hébreu: 1° mastêmdh, Os., IX, 7, 8, le faux prophète est une entrave pour lepeuple (sens douteux. Vulgate: amentia, insania); —2° kébél, l’entrave de Joseph, prisonnier en Egypte, Ps. civ (cv), 18, et celles qui seront imposées aux rois des
nations idolâtres (^etpoîtlSai, manicx), Ps. cxux, 8; —3° ziqqlm, les entraves mises aux pieds des prisonniers, Job, xxxvi, 8; des rois idolâtres, Ps. cxlix, 8; des princesafricains soumis à Cyrus, Is., xlv, 14; des princes deNinive vaincue, Nah., iii, 10; — 4° nel.iusfaîm, la doublechaine d’airain qui relie les pieds des prisonniers, II Reg.,
III, 34; du roi Manassé,
conduit à Babylone, II Par.,
xm, 11; du roi Sédëcias, emmené prisonnier
dans les mêmes conditions,
IV Reg., xxv, 7; Jer., xxxix,
7; lii, 11 (voir Chaînes,
fig. 166, col. 480); —
5°’ékés, entrave (Vulgate:
agnus; Septante: xû<ov),
pour «celui qui a une
entrave», qui ne sait pas
échapper aux séductions.
Prov., vii, 22. Au pluriel,
les’âkâsim sont les chaînettes que les femmes élégantes s’attachaient aux
pieds. Is., iii, 16, 18. Voir
col. 180 et Périscélide. —
On mettait les entraves
S78.
Esclave, figuré
par Saturne, travaillant enchaîné. a. lx pieds des esclaves re-D’aprèsune pierre gravée. bel]eSj Eccli ^ xxxm> 28j 30
( fig. 578); des hommes
dangereux, tels que certains possédés. Marc, v, 4; Luc, vin, 29. — La sagesse est une entrave qui règle lespas de l’homme, Eccli., VI, 25, 30; mais la science estpour le sot une entrave qui ne fait que le gêner. Eccli.,
xxi, 22.
H. Lesêtre.
- ÉPAPHRAS##
ÉPAPHRAS (’Eratçpât). chrétien de l’Église deColosses, que saint Paul appelle «son cher co-serviteur», o-uv6011Xoç, «le fidèle ministre (Sioexôvot) du Christ.» Col., i, 7. Ce nom est une contraction de celui d’Epaphroditus.On le rencontre dans plusieurs inscriptionsgrecques (Corpus inscript, grsec, 268, 1732, 1820, 1963, 2248, 6301, 6926, etc.), et latines (Corpus inscript, lat., t. ii, 1896; V. De Vit, Totius latinitatis onomastieon, t. ii, 1868, p. 729). D’après Col., iv, 12, le chrétienEpaphras était originaire de Colosses même, et sansdoute païen de naissance. Cf. Col., IV, 11. D’après unrécit que saint Jérôme, Comment, in Epist. ad Philem., 23-24, t. xxvi, col. 617, rapporte en le qualiliantde fabula, Epaphras aurait été d’origine juive etcompatriote de saint Paul. Quoi qu’il en soit, rempli duzèle apostolique, Col., IV, 12-13, c’est lui qui avaitfondé l’Église de Colosses et probablement aussi d’autresÉglises du bassin du Lycus, Laodicée et Hiérapolis, cf. Col., iv, 13, que saint Paul n’avait’pas visitées enpersonne. Col., Il, 1. L’hérésie chercha à s’y glisser, etEpaphras, pour mettre à l’abri de l’erreur ceux qu’il avaitamenés à la vraie foi, leur fit écrire par saint Paul, afinqu’ils restassent fidèles à l’enseignement qu’il leur avaitdonné. Col., Il, 6-7. Voir col. 866. Comment Epaphrasse trouvait-il avec saint Paul quand ce dernier écrivitson Épllre, Col., iv, 12, on ne le sait pas exactement. Nousapprenons par la lettre à Philémon, J. 23, où Epaphrasest aussi nommé, qu’il était «le compagnon de captivité», <TJvai-/|iâX<oTo; , concaptivus, de l’Apôtre à Rome (d’aprèsd’autres, avec moins de probabilité, à Césarée, voir col. 867).Le reste de son histoire nous est inconnu. Les martyrologesfont de lui le premier évêque de Colosses et disentqu’il souffrit le martyre dans cette ville. Baronius, Martyrol.rom., in-f°, Rome, 1600, au 19 juillet, dit que sesreliques sont conservées à Rome, à Sainte-Marie-Majeure.
— Le texte reçu grec et la Vulgate, Col., i, 7, portent: «Epaphras, … fidèle ministre du Christ Jésus ûjcsp ù[iwv, pro vobis, auprès de vous.» Quelques manuscrits, au
contraire, ont ûitèp ^iuôv, «pour nous.» De sorte que lesens serait qu’Épaphras était le ministre de Jésus-Christauprès des Colossiens à la place de l’Apôtre; mais cetteleçon est douteuse. Voir Ch. J. Ellicolt, St Paul’s Episllesto tlte Philippians, the Colossians, 4e édit., Londres, 1875, p. 117. — D’après certains critiques, tels que Grotius, InCol., ii, 7, Opéra, Amsterdam, 1679, t. ii, part, ii, p. 922, le nom d’Épaphras étant une contraction d’Épaphrodite, le personnage qui porte ce dernier nom, ’Phil., ii, 15; IV, 18, ne serait pas différent d’Épaphras. Cette identificationne repose que sur l’identité possible du nom etest peu vraisemblable. On célèbre sa fête dans l’Égliselatine le 19 juillet. Voir Épaphrodite. Cf. J. D. Strohbach, De Epaphra Colossensi, in-4°, Leipzig, 1710; Actasanctorum, t. iv julii (1725). p. 581-582.
F. ViGOimoux.
- ÉPAPHRODITE##
ÉPAPHRODITE (’Eitaçp68tTo «, «d’Aphrodite,» nomcorrespondant au latin Venustus), chrétien de Philippes, «coopérateur et compagnon de lutte, -> cruvepfôç xoel(TudTpaTiciTTît, de saint Paul. Phil., ii, 25; IV, 18. Nous nesavons de lui que ce que nous en apprend l’Apôtre dansson Épître aux Philippiens. Ses compatriotes le chargèrentde porter à Rome des aumônes à saint Paul, quiy était prisonnier. Là il fut gravement malade, et, aprèssa guérison, saint Paul le chargea de rapporter à l’Églisede Philippes ses lettres de remerciements. Phil., Il, 25-30.A cause de la similitude de nom d’Épaphras et d’Épaphrodite(voir Epaphras), quelques commentateurs ontsupposé que le messager des Philippiens auprès de saintPaul était le même que le fondateur de l’Église de Colosses, Col., 1, 7; mais leur opinion est sans vraisemblance.Le nom d’Épaphrodite était très répandu. Suétone, Nero, 49; Domit., 14; Josèphe, Cont. Apion., i, 1; n, 41, etc.; Tacite, Ann., 15, 55, etc. On le rencontresouvent dans les inscriptions. Bôckh, Corp. inscript, grsec., 1811, 2562, Voir W. Pape, Wdrterbuch der griechischenEigennamen, 3e édit., Brunswick, 1863, t. i, p. 363. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait dans lesÉpltres de saint Paul un Epaphras et un Épaphrodite. Onne s’expliquerait pas d’ailleurs pourquoi l’Apôtre nommetoujours, sous la forme Epaphras, le Colossien qui étaitson compagnon de captivité, et toujours, sous la forméÉpaphrodite l’envoyé des Philippiens, si c’était le mêmepersonnage. De plus, la ville macédonienne de Philippesétait si éloignée de Colosses en Phrygie, qu’on ne voitpas comment elle aurait pu charger Epaphras de porterses aumônes à Rome. Enfin Epaphras était compagnonde captivité de saint Paul, et rien n’indique que l’Apôtreait pu lui faire porter son Épître à Philippes. Phil., ii, 20.
Les Grecs qualifient saint Épaphrodite d’apôtre. Quoiquel’expression de saint Paul, ûp.ûv àîtédToXov, aposlolumvestrum, qui est suivie de ministrum necessitatis mesc, «mon aide dans mes nécessités,» Phil., ii, 25, doive seprendre dans le sens général de «votre messager, qui asubvenu à mes nécessités» (en m’apportant vos aumônes), ce Philippien mérita assurément le titre d’apôtre commeles autres prédicateurs de la foi à cette époque. Le Pseudc-Dorothée, De septuaginta discipul., 54, Patr. gr., t. xcii, col. 1065, le compte parmi les soixante-dix disciples duSauveur et le fait évêque d’Andriaque, ville de Lycie, àl’embouchure de la rivière qui passe à Myra: c’est la villeoù saint Paul, conduit de Césarée à Rome, dut s’embarquersur le navire d’Alexandrie. Act., xxvii, 5-6. Maisle témoignage du PseudoDorothée est très contestable.Théodoret, In Phil., ii, 25, t. lxxxii, col. 576, pensequ’il était évêque de Philippes. Voir Tillemont, Mémoirespour servir à l’histoire ecclésiastique, 2e édit., Paris, 1701, t. i, note 65, p. 574; Acta sanctorum, 22 martii, t. m(1668), p. 370; J. A. Siep, De Epaphrodito Philippensiumapostoloex Sacra Scriptura, in-4°, Leipzig, 1741.
F. Vigouroux.
- ÉPAULE##
ÉPAULE (hébreu: kâfêf; Septante: ù|ioc; Vulgate: humérus, scapula), partie supérieure du bras par laquelle
celui-ci se rattache au tronc du corps humain. I B.eg., ix, 2; x, 23; Job, xxxi, 32; II Mach., xii, 30; xv, 30. —L’épaule sert à porter les fardeaux. Num., vii, 9; Jud., XVI, 3; I Par., xv, 15; Is., x, 23; xlvi, 7; xlix, 22; Ezech., xii, 6, 7, 12; Eccli., vi, 26; Bar., vi, 3, 25; Matth., xxiii, 4; Luc, xv, 5; etc. — Les épaules du guerrier sont couvertespar la cuirasse. LReg., xvii, 6. Quand elles ne l’ont pas, elles Font exposées aux coups pendant le combat. II Mach., xii, 35; xv, 30. — L’épaule rebelle est celle qui se refuseà porter le joug. II Esdr., ix, 29; Zach., vii, 11. — «Tournerl’épaule» signifie «s’en retourner», parce qu’on exécutece mouvement pour s’en aller et revenir là d’où l’on étaitparti. Les Septante et la Vulgate ont conservé cette locutiondans leur version. I Reg., x, 9. — La jonction desdeux épaules s’appelle Sekém. C’est sur le sekém, surles épaules, que se place l’insigne du commandement.Is., ix, 4; xxii, 22. Agir d’un même sekém ou d’unemême épaule, Soph., iii, 9, c’est être d’accord pouraccomplir un devoir. Voir Dos. — Métaphoriquement, on donne le nom de kàtêf au flanc d’une montagne, Deut., xxxiii, 12; aux côtés d’un édifice, Exod., xxvii, 15, etc.; au bord de la mer, Num., xxxiv, 11; aupoint par où l’on tombe sur un ennemi. Is., xi, 4; Ezech.,
xxv, 9.
H. Lesêtre.
EPEAUTRE. Hébreu: kussémêf; Septante: Skipa, Ç=a; Vulgate: far, vicia.
I. Description. — On donne le nom vulgaire d’épeautreà plusieurs froments dont les grains, à maturité, sontétroitement enveloppés par les glumelles ou balles, et nepeuvent en être séparés par le simple battage sur l’aire; il faut pour cela une opération spéciale. Deux principalesespèces ou races sont à distinguer. — 1° Le grandépeautre (Triticum Spelta L.), qui possède deux grainsdans chaque épillet. Les expériences de Vilmorin ontmontré que cette plante est très voisine du vrai blé, caron peut obtenir entre eux des métis dont la fertilité estcomplète. En outre, parmi la descendance croisée devariétés appartenant au véritable Triticum sativum, cethabile expérimentateur a obtenu des formes qui rentrentabsolument dans les épeaulres: on peut donc conclurede ces faits à l’unité spécifique du groupe entier. Commed’ailleurs l’origine de l’épeautre reste des plus problématiques, que sa spontanéité est fort douteuse dans lesrégions d’Asie Mineure et de Perse où on l’a signalée, ilest permis d’y voir une simple race artificielle obtenuepar la culture à une époque qu’il est impossible de préciser.C’est à cette race qu’il convient de rattacher leTriticum dicoccum Schrank ( Tr. amijleum Seringe); dont la différence tient seulement à sa rusticité plusgrande, lui permettant de résister aus hivers les plusrigoureux de la Suisse et de l’Allemagne, et à la richessede sa graine en réserves amylacées. — 2° Le petit épeautre{Triticum monococcum L.). Cette espèce, bien distinctepar son grain solitaire dans chaque épillet (fig. 579), aune origine incontestablement sauvage dans la Grèce, l’Asie Mineure et la Mésopotamie. Elle s’éloigne davaiytage du froment, avec lequel elle n’a produit jusquaucun hybride. Cf. Vilmorin, Bulletin de la Société tnique de France, t. xxvii (1880), p. 356; A. de Ca^Origine des plantes cultivées, p. 291. F.» "
II. Exégèse. — Le kussémêf est mentionnadans la Bible, deux fois au singulier, Exod.xxviii, 25, et une fois au pluriel, kussemimLes Septante traduisent par ô’îiypo dans rEzech., iv, 9, et par Çéa dans Is., xxvmet far pour Exod., ix, 32, et vicia rpassages. En rendant kussémêf paitraducteurde cette dernière version.doute le mot hébreu de l’arabe kirsenna, ^cette signification et non pas celle d’épeautre, c.cru quelques exégètes. Zeilsclirift des deutsche, .tinaVereins, t. ix, 1880, p. 11. Quant au mot far, eu. L
dans Exod., ix, 32, comme il est placé à côté (le triticum, il peut désigner particulièrement la seconde espèce defroment, cultivé chez les anciens, c’est-à-dire l’épeautre.Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, in-4°, t. ii, 2° part., 1896, p. 1343-1341. Il est très difficilede savoir au juste ce que les Septante entendaientpar oXupa et Çéa, parce que les anciens auteurs, commeHérodote, ii, 36; Théophraste, Hist. plant., ii, 4; viii, 4; Dioscoride, De materia medic, ii, cap. iii, 113; Pline, H. N., xviii, 19, 20, etc., tantôt identifient, tantôt distinguentles céréales désignées par ces deux noms, et,
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<! ^-n, Histoire ancienne des
II. - 58
plus l’épeautre, Triticum spélta, n’est pas une plante despays chauds; jamais on n’en a trouvé lès graines dansles tombeaux de l’Egypte; on ne le voit pas non plus indiquésur les monuments, et les voyageurs modernes nel’ont jamais rencontré dans les cultures de la vallée duNil. Delile, Histoire des plantes cultivées en Egypte, dans Description de l’Egypte, Histoire naturelle, in-4°, 1812, t. ii, p. 15; Alph. de Candolle, Origine des plantescultivées, 3e édit., in-8°, Paris, 1886, p. 291; Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, p. 30. Mais Schweinfurth, Bulletin de l’Institut égyptien, 1886, n° 7, p. 420, 424, a reconnu des épis et des graines du Triticum dicoccumou amidonnier au milieu d’offrandes provenant d’unetombe de Gébéleïn, et il regarde cette plante, variété del’épeautre proprement dit, comme répondant assez bienau boti copte, équivalent de l’hébreu kussémél et dugrec S>upa, non seulement dans Exod., ix, 32, maisencore dans Is., xxviii, 25, et Ezech., iv, 9. Il faut direcependant que, dans une scala copte (nomenclaturede noms coptes expliqués en arabe), le mot boti estrendu par al-dourâ, le doura ou sorgho. V. Loret, Laflore pharaonique, 2e édit., 1892, p. 23. D’ailleurs ladécouverte de Schweinfurth est restée isolée, et il estbon de remarquer avec Delile, cité plus haut, qu’aucuneespèce d’épeautre ne se retrouve cultivée dans toutel’étendue de l’Egypte.
2° Pour la Palestine, qui a des régions plus froides, la présence de l’épeautre serait à priori plus croyable.Th. Kotschy, Zeitschrift fur Ethnologie, 1891, p. 655, aurait trouvé le Triticum dicoccum à l’état sauvage surles pentes de l’Hermon. Serait-ce là le kussémét quenous voyons dans une comparaison où Isaïe, xxviii, 25, parle de la sagesse du laboureur? «N’est-ce pas aprèsavoir aplani la surface du terrain que le laboureur répandde la nielle et sème du cumin, qu’il met le fromentpar rangées, l’orge à une place marquée, et le kussémétsur les bords du champ.» Ou bien faut-il plutôt identifierla céréale hébraïque avec le Triticum monococcum, ou engrain? Celui-ci conviendrait mieux que le premier; car, étant plus différent du blé ordinaire, on comprend facilementque dans l’énumération d’Isaïe il ne vienne qu’autroisième rang, ’séparé du blé par l’orge. Cependant ildoit peut-être ce rang, non pas à sa différence plus marquéed’avec le blé, mais à la place du champ où il étaitsemé. Comme cette plante s’accommode des sols les plusmauvais, il est naturel qu’on lui réservât les bords duchamp, donnant au blé et à l’orge de meilleurs terrains.Alph. de Candolle, Origine des plantes cultivées, p. 294, ne croit pas néanmoins qu’on puisse reconnaître la culturehabituelle de ces divers épeautres chez les Hébreux, et il rejette leur identification avec le kussémét. Lesorgho, au contraire, était et est encore largement cultivé, non seulement en Egypte, mais dans les contréesde l’Asie orientale, et pourrait plus justement s’identifieravec le kussémét’c’est ce qui résulte aussi du troisièmetexte, relatif à la Babylonie.
3° Ézéchiel, iv, 9, captif en Chaldée, dans une prophétieen action dirigée contre Jérusalem, reçoit l’ordrede prendre du froment, de l’orge, des fèves, des lentilles, du millet et des kussemim, de les mélanger dans un vaseet d’en faire du pain. Remarquons, en passant, qu’ontrouve des mélanges analogues de céréales et de légumessecs assez souvent employés chez les anciens. Pline, H. N., xviii, 30. Cf. E. Fournïer, art. Cibaria, dansDictionnaire des antiquités grecques et romaines, t. i, 2e partie, 1887, p. 1144. L’épeautre exislait-il en Chaldée?Olivier, Voyage, 1807, t. iii, p. 460, prétend l’avoir trouvéà l’état spontané en Mésopotamie, en particulier dansune localité impropre à la culture, au nord d’Anah, surla rive droite de l’Euphrate. Mais Alph. de Candolle, Origine des plantes cultivées, p. 292, en doute, et pourlui la patrie des épeautres ce sont les régions moinschaudes de l’Asie Mineure et de l’Europe orientale.
Aucun auteur ne constate avec certitude leur culture enBabylonie. D’ailleurs, s’il s’agissait d’une espèce quelconqued’épeautre, il serait plus naturel, dans l’énumérationd’Ézéchiel, iv, 9, de voir les kussemim placés àcôté du blé et de l’orge, avec lesquels l’épeautre a plusd’analogie, qu’après les fèves, les lentilles et le millet.De plus les grains mentionnés ici sont comme associésdeux à deux: le froment et l’orge, les fèves et les lentilles, le millet et les kussemim. Ce doit donc être vraisemblablementune plante assez semblable au millet; ne serait-ce pas le sorgho, comme nous l’avons insinuédéjà pour les deux autres textes? Voir Sorgho.
E. Levesque.
ÉPÉE (hébreu: héréb, Deut., xiii, 15; Jos., vi, 21; vu, 24; x, 28, etc.; mekêrâh, pluriel mekêrôf, Gen., xlix, 5; pefihâh, Ps. LV, 22 [ Vulgate, lv, 21]; grec: (jia-xaipa, Gen., xxii, 6, 10; xxxi, 26; Exod., xv, 9; Jud., iii, 16; Matth., xxvi, 47-55; Marc, xiv, 43-48, etc.; poficpaia, Gen., iii, 24; Exod., v, 21; Jos., v, 13; Jud., i, 8; Apoc, h, 16; vi, 8, etc.; Ç( ?o; , Jos., x, 28; Ezech., xvi, 39; xxiii, 47, etc.; latin: ensis, I Reg., xiii, 22; xxv, 13; II Reg., xxi, 16; I Par., x, 4; Cant., iii, 8; gladius, Gen., m, 24; xxii, 6; Exod., v, 3, etc.; mucro, Jer., xlvii, 6).La poignée de l’épée se dit en hébreu nisâb, en grecXaëri, en latin capulus, Jud., iii, 22; lahab signifie l’éclatou la flamme de la lame; les Septante traduisent ce motpar çWÇ, et la Vulgate simplement par ferrum. Jud., m, 22. On trouve ailleurs le mot beraq pour désignerl’éclair lancé par la lame, Deut., xxxii, 41; les Septantetraduisent par à<rrpam), et la Vulgate par fulgur. Ezech., XXI, 15, les Septante traduisent par (rçàyia, et la Vulgatepar gladii limati ad fulgendum. Le fourreau est désignéen hébreu par les mots nâddn, I Par., xxi, |27, nidenéh(chaldéen), Dan., vii, 15, et ta’o.r, I Sam. (Reg.), xvil, 15; II Sam. (Reg.), xx, 8; Jer., xlvii, 6; Ezech., xxt, 8, 10, 35, etc.; dans les Septante par le mot xoX^v, II Reg., xx, 8; I Par., xxi, 27, etc., et la Vulgate parvaginu. Dans Joa., xviii, 11, le texte grec emploie lemot BtJxt). Dans I Reg., xvii, 51, les Septante omettentles mots: «tira hors du fourreau.» Dans la traductiondes Septante, Ezech., xxi, 9 et 11 (hébreu, 8 et 9), iln’est pas question du fourreau dont parle le texte original.La Vulgate traduit le mot hébreu ta’ar par vagina, Ezech., XXI, 3, 4 (hébreu, 8 et 9). Les Septante, Ezech., xxi, 30 (hébreu, 35), omettent aussi le mot «fourreau», qui est également traduit dans la Vulgate par vagina, Ezech., xxi, 30 (hébreu, 35). Dans Gen., xlix, 5, letexte original porte: «Siméon et Lévi, leurs glaives sontdes instruments de violence:» kelê hâmas mekrotêham; les Septante traduisent par: ouvetéXeirav ÈÇaipéo-eo; aOiûv, et la Vulgate par: vasa iniquilatis bellantia.
I. L’ÉPÉE DE FEU DES CHÉRUBINS AU PARADIS TER-RESTRE.— La première mention de l’épée dans la Biblese trouve dans le récit de la chute d’Adam. Les chérubinsplacés par Dieu à la porte du paradis terrestre, pourempêcher l’homme coupable d’y rentrer, étaient armésd’une épée flamboyante. Gen., iii, 24. Les interprètes ontdonné les explications les plus variées sur la question desavoir ce qu’était cette épée enflammée ou flamboyante.Il est probable qu’il s’agit ici dé la foudre, représentéesur les monuments assyriens sous l’image d’éclairs placésentre les mains du dieu Bel (voir 1. 1, fjg. 474, col. 1559)et appelés c glaive de feu». F. Vigouroux, La Bible etles découvertes modernes, 6e édit., in-12, 1896, t. i, p. 289. Cf. A. Layard, Monuments of Niniveh, t. ii, pi. VI.
H. L’ÉPÉE CHEZ LES ISRAÉLITES ET LES PEUPLES VOISINS.
— 1° Israélites. — L’épée apparaît comme arme de guerredès l’époque de Jacob. Gen., xxxi, 26; xxxiv, 25; xlviii, 22.Les Hébreux en étaient armés au moment de la sortied’Egypte. Exod., v, 3, 21; xxii, 24; Lev., xxvi, 6, 8; Deut., xiii, 15; Jos, v, 13, etc. Il en est souvent questionau temps des Juges. Jud., i, 8; vil, 14, 20; viii, 10, etc.
Aod tue Êglon, roi de Moab, avec un glaive à deux tranchants, long d’une coudée. Jud., iii, 16. Un des signesde la servitude imposée aux Juifs par les Philistins fut ladéfense de fabriquer des épées. I Reg. (Sam.), xiii, 19.Les Israélites furent obligés de faire aiguiser leurs instrumentsde labour chez les Philistins, si bien qu’aumoment où ils essayèrent de secouer le joug, Saül et Jonathasétaient les seuls qui possédassent une épée. I Reg.(Sam.), xiii, 20-22. Saül veut donner son arme à Davidpour combattre Goliath. Mais celui-ci se contenta d’unefronde, et c’est à l’aide de l’épée même de son ennemiqu’il lui trancha la tête après l’avoir terrassé. I Reg.(Sam.), xvii, 51. Depuis lors l’épée figure parmi lesarmes habituelles des Israélites. II Reg. (Sam.), xxi, 16; 1Il Reg., x, 14, 17; IV Reg., iii, 20; I Par., v, 18; xxi, 5; Il Esdr., iv, 13, 17, etc. L’épée servait à la fois à la guerrecomme arme tranchante, III Reg., iii, 24, et comme armede pointe. I Reg. (Sam.), xxxi, 4; II Reg. (Sam.), ii, 16;
I Par., x, 4; Is., xiv, 19, etc. La Bible mentionne souventl’épée à deux tranchants. Jud., iii, 16; Ps. cxlix, 6; Prov., v, 4. C’est le glaive qui est la plupart du tempsindiqué comme l’instrument de la mort ou du massacre.Deut., xiii, 15; xx, 13, 26; Jos., x, 11, 28, 30; Jud., i, 25;
II Reg. (Sam.), ii, 16; III Reg., i, 51; xix, 1; IV Reg., xi, 20; Is., i, 20; xxii, 2; Jer., v, 17; xi, 22; Ezech., v, 12, etc. L’épée était renfermée dans un fourreau. Jos., v, 13; Jud., x, 54; I Par., x, 4; xxi, 16. Les Israélites la portaientau côté droit, Jud., iii, 16; Cant., iii, 8, passéeà travers la ceinture et non suspendue à un baudrier.Ps. xviii, 40; xliv (hébreu, xlv), 4; IV Reg., iii, 21, Ezech., xxiii, 15; II Esdr., iv, 18. Voir Baudrier, t. i, col. 1514-1515. On ignore la forme de l’épée des Hébreux.Elle n’est décrite nulle part dans la Bible et n’est représentéesur aucun monument. Cette arme devait ressemblerà celle dont faisaient usage les peuples avec lesquelsles Israélites furent en relations aux diverses époques deleur histoire. Dans Il Mach., xv, 15 et 16, le prophèteJérémie apparaît à Judas et lui donne un glaive doréen lui disant: «c Reçois ce glaive saint, à l’aide duquel tuextermineras les ennemis d’Israël.» Les Juifs portaientsouvent une épée même sans être à l’armée. On le voit enparticulier dans le récit de la passion de Notre -Seigneur.Saint Pierre était armé d’un glaive, comme l’étaient lesgens du grand prêtre qui vinrent pour arrêter le Sauveur.Malth., xxvi, 47-55; Marc, xiv, 43-48; Luc, xxii, 36-38; Joa., xviii, 10, 11.
2° L’épée chez les Égyptiens. — Il est question plusieursfois dans le Pentateuque de l’épée des pharaons.Exod., v, 21; xv, 9; xviii, 4. L’épée des Égyptiens avaitun peu moins d’un mètre; elle était droite, à doubletranchant et terminée par une pointe. On s’en servait àla fois comme d’une arme tranchante et comme d’unearme de pointe. Parfois on frappait de haut en bas, commeavec un poignard, pour égorger les prisonniers. Cf. t. i, col. 993, fig. 269. La poignée était pleine, de moindreépaisseur au milieu et grossissant vers chaque extrémité.Des pierres et des métaux précieux ornaient cette poignée.Le pommeau de l’épée du roi était souvent surmontéde deux têtes d’épervier, symbole de Ra ou duSoleil, dont les pharaons étaient les incarnations successives.Il y avait aussi des épées plus courtes, qu’onpeut considérer comme de véritables poignards. On en atrouvé dans les ruines de Thèbes. Cf. Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient, t. ii, 1897, p. 97 et 204.Leur poignée est également incrustée; la lame de bronze, d’un métal très bien travaillé, flexible et élastique commel’acier. Plusieurs de ces courtes épées sont actuellementconservées au British. Muséum et au musée de Berlin.Sur la poignée de quelques-unes on voit des clous d’or, comme sur les épées dont parle Homère, lliad., xi, 29.Les épées égyptiennes étaient enfermées dans un fourreauet passées à la ceinture. Cf. t. i, fig. 465, col. 1514.Les étrangers de la garde du roi portaient les épées
longues dont nous avons parlé plus haut. Cf. t. r, fig. 592, col. 1896. Voir aussi t. ibid., fig. 269, 583; col. 993, 1883; t. ii, fig. 55, col. 130. Cf. G. Wilkinson, Manners andcustoms of the ancient Egyptians, 2e édit., 1. 1, p. 211-212et 267, fig. 45, 92, 7 et 8. On rencontre aussi en Egyptedes sabres recourbés, G. Maspero, Histoire ancienne, l. ri, p. 76, et un sabre de forme particulière, appelé khopesck, qu’on trouve encore chez les peuplades de l’Afrique. Celtearme se voit entre les mains des rois (fig. 580) et même
580.Roi d’Egypte armé du sabre recourbé appelé khopésch.D’après Lepaius, Denkmàler, Abth. iii, Bl. 209.
des soldats (voir t. i, fig. 267, col. 991). Cf. G. Wilkinson, Manners, t. i, p. 358; F. Lenormant, Histoire anciennede l’Orient, 9e édit., 1882, t. ii, p. 170, 240, 342; G. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 217; G. Perrot, Histoirede l’art, in-8°, 1882, t. i, p. 23, fig. 13; p. 127, fig. 85; p. 395, fig. 225; p. 442, fig. 254.
3° Épée des Philistins. — La Bible signale l’épéeparmi les armes des Philistins. I Reg. (Sam.), xiii, 9; xxii, 10; mais nous ignorons quelle en était la forme.
4° Épées assyriennes et babyloniennes. — Il est questiondes épées des Assyriens dans Judith, vi, 3; ix, 11, 12, et de celles des Babyloniens dans Éïéchiel, xxi, 19, 20(hébreu, 24). Le livre de Judith, xiii, 8, mentionne aussile poignard d’Holopherne, qui devait être une épée courte, puisque la libératrice d’Israël peut s’en servir pour trancherla tête du général assyrien. Les épées assyrienneset babyloniennes étaient de deux sortes. Les unes, pluscourtes, figurent parmi les armes ordinaires des soldats(fig. 581). Elles se portaient suspendues au côté gauchepar un baudrier passé par-dessus l’épaule droite. Voirt. i, col. 303, fig. 37; col. 898, fig. 215; col. 905, fig. 230; col. 898, fig. 262; col. 1566, fig. 479, etc.; t. ii, col. 569, fig. 195; col. 571, fig. 196; col. 1142, fig. 421, etc. Cf.F. Lenormant et £. Babelon, Histoire ancienne des
II. - 58 1827ÉPËE — ÉPÉNÈTE
1828
peuples de l’Orient, t. iv, p. 143, 222, 225, 427; t. v, p. 53, 57, 332, etc. Parfois aussi l’épée est passée à laceinture, t. ii, col. 1143, fïg. 422. Botta, Monument deNinive, t. ii, pi. 99; G. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 46, fig. 5; E. Lenormant, Histoire ancienne, t. iv, p. 262, 367. Voir t. i, col. 1514, fig. 465, t. ii, p. 389, fig. 124. Ces épées courtes ont une poignée très simple etsans garde. D’autres épées,
représentées sur des monuments plus anciens, sont
longues; leur poignée est
munie d’une garde. L’extrémité inférieure du fourreau
est renforcée par des ornements recourbés en dehors
et qui ont aussi l’apparence
d’une garde (fig. 581).
G. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 621, 623,
625, 626, 629, 631, 632;
F. Lenormant, Histoire ancienne, t. iv, p. 413; t. v,
p. 32, 64, 66, 94, 196;
G. Perrot, Histoire de Vart
dans l’antiquité, t, ii,
p. 625-620, fig. 307. Voir
t. ii, ûg. 421, col. 1142.
Quelques épées, en particulier celles qui sont por. tées parles rois, sont ornéesde têtes d’animaux, surtout
de lions, soit à la garde,
soit au bas du fourreau
(fig. 581). F. Lenormant,
Histoire ancienne, t. iv,
p. 249, 417; t. v, p. 16;
G. Perrot, Histoire de l’art
dans l’antiquité, t. ii, p. 99,
fig. 22; p. 754, fig. 412, 413; p. 576, fig. 272; Layard,
Monuments of Nineveh,
1. 1, pi. 52. On trouve aussi
en Assyrie des sabres recourbés en forme de cimeterre. G. Smith, The Chaldsean account of Genesis,
in-8°, Londres, 1880, p. 62,
95; G. Rawlinson, The fwe
great monarchies in the
Eastern world, 4e édit.,
Londres, 1879, t. i, p. 457458; Boscawen, Notes on an
ancient Assyrian bronze
sword, dans les Transactions of the Society of biblical Archeeology, t. IV ( 1876), p. 347; G. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 607. Cf.Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., in-12, 1896, t. iii, p. 410, n. 4 et fig. 67. Les épées assyriennesétaient en bronze. On s’en servait plutôt pourtranspercer que pour trancher. Il n’y a aucune différenceentre les épées des fantassins et celles des cavaliers.
III. L’ÉPÉE MARQUE DE LA PUISSANCE PUBLIQUE. —
Chez les Romains, l’épée était le signe de la puissancepublique. Ulpien, Big., II, i, 3. Les gouverneurs de provinceavaient le jus gladii, c’est-à-dire le droit de vieet de mort. Dig., i, xviii, 6; Lampride, Alexand. Sever., 49; Corpus inscriptionum latinarum, t. ii, n°484; t. iii, n» 1919; t. iv, n° 5439, t. viii, n" 9367; etc. Cf.0. Hirschfeld, Silzungsberichte der kônigl. Akademietu Berlin, 1889, p. 438; E. Schûrer, Geschischte desJûdischen Volkes in Zeitalter Jesu Çhristi, t. i, in-8°, Leipzig, 1890, p. 389. C’est pourquoi saint Paul, Rom., xiu, 14, dit en parlant du magistrat: «Ce n’est pas en
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581. — Epées assyrienne.
D’après Botta, Monument de
Ninive, pi. 150.
vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercersa vengeance et punir celui qui fait le mal.» Le gardiende la prison où sont enfermés saint Paul et Silas, àPhilippes, est également armé d’un glaive. Act., xvi, 27.
IV. Epée instrument de supplice. — Dans le NouveauTestament, l’épée est plusieurs fois signalée commeinstrument de supplice. Jacques, frère de Jean, est misà mort par le glaive. Act., xii, 2. Par suite, il signifie lapersécution sous sa forme la plus violente. Rom., viii, 35; Hebr., xi, 37. Le glaive servait, en effet, chez les Romains, à trancher la tête des criminels condamnés à la décapitation, Dig., XLVIII, xix, 8, 1. Les citoyens ne pouvaientpérir d’une autre manière. Ce fut le supplice infligé àsaint Paul. Chez les Hébreux, on ne faisait mourir personnepar l’épée.
V. Sens métaphoriques du mot épée. — Le mot épéeest souvent pris comme synonyme de guerre, parcequ’elle est l’instrument du massacre, comme nous l’avonsdit plus haut. I Mach., ix, 73; Matth., x, 34. Il sert àdésigner la puissance divine. Sap., xviii, 16; Ps. vii, 13; Is., xxvii, 1; xxxiv, 56; lxvi, 16; Jer., xii, 12; Ezech., xxi, 9; xxxii, 10; Apoc, i, 16; ii, 16; xix, 15, 21. Dieumet son épée dans la main du roi de Babylone. Ezech., xxx, 25. Le glaive que porte l’ange du Seigneur signifieles fléaux dont il frappe la terre au nom de Dieu, parexemple, la peste. I Par., xxi, 12, 16, 30; Dan., xiii, 59; Apoc, vi, 4, 8; xiii, 14. L’épée est également synonymede la force en général. Dieu est le glaive de la gloired’Israël. Deut., xxiii, 29. La parole divine est comparée àune épée à deux tranchants, qui pénètre j usqu’à la divisionde l’âme et du corps. Hebr., iv, 12. Dans d’autres passages, l’épée désigne la puissance de l’éloquence. Dieu a rendu labouche de son serviteur semblable à un glaive tranchantIs., lxix, 2. C’est pour cela que l’iconographie chrétienneemploie, le glaive comme symbole de la puissance de laparole. Saint Paul, par exemple, est souvent représentéarmé d’un glaive. D’autre part, l’épée étant un instrumentde mort, ce mot est employé pour signifier la douleur.Le vieillard Siméon annonce à Marie qu’un glaivetranspercera son âme. Luc, ii, 15. Il signifie égalementle mal que font les méchants, surtout avec la langue. Lalangue des méchants est un glaive pointu. Ps. lvi ( hébreu, lvii), 5; lvh (hébreu, lviii), 8; lxiii (hébreu, lxiv), 4. L’étrangère devient aiguë comme un glaive àdeux tranchants. Prov., v, 4. Celui qui parle légèrementblesse comme un glaive. Prov., xii, 18. Les dents desméchants sont comme des glaives. Prov., xxx, 14. L’épéeest aussi comparée à l’éclair qui brille, Deut., xxii, 41, età l’animal féroce qui dévore. Deut., xxxii, 42; II Reg.(Sam.), xviii, 8; Is., i, 20; xxxi, 8; Jer., ii, 30; xii, 12; xlvi, 10, 14, etc. C’est pourquoi il est parlé de la bouchede l’épée. Exod., xvii, 13; Num., xxi, 24; Deut., xiii, 15; xx, 13, 16; Jos., vi, 21; x, 28, 30, 32, etc.
E. Beurlier.
- ÉPÉNÈTE##
ÉPÉNÈTE (’EmxfvsTo; , «louable, recommandable;» Vulgate: Epsenetus), nom d’un chrétien qui résidait àRome lorsque saint Paul écrivit aux fidèles de cette ville.Rom., xvi, 5. Ce nom se trouve dans les inscriptions del’Asie Mineure, à Ephèse, Corpus inscriptionum grsecarum, 2953; en Phrygie, ibid., 3903; à Rome, Corpusinscriptionum latinarum, t. vi, 17171. L’Apôtre, dans sonÉpître, envoie ses salutations à Épénète et le nommeen troisième lieu, après Prisca et Aquila. Il dit qu’il luiest «cher» et l’appelle «les prémices», ànap-/^j de sonapostolat «en Asie», c’est-à-dire dans la province romained’Asie, dont Ephèse était la capitale. Le textusreceptus grec, en opposition avec la Vulgate et les meilleursmanuscrits, porte «Achaîe», au lieu d’ «Asie»; mais c’est une erreur manifeste, car Épénète n’était pasle premier converti de saint Paul en Achaîe; «les prémices, s àitap^T), de la mission de l’Apôtre en Achaîefurent la maison de Stéphanas, de Fortunat et d’Achaïque, ainsi qu’il nous l’apprend lui-même. I Cor., xvi, 15. Il est
probable qu’Épénète était un Éphésien, qui avait des relationsavec Âquila et Prisca (Priscille). Quand ces derniersallèrent d’Épbèse à Rome (cf. Rom., xvi, 3), il les y accompagnapeut-être. Le Pseudo-Dorothée, De septuagintadiscipul., 19, Patr. gr., t. xcii, col. "1061, dit que ce disciplede saint Paul devint le premier évêque de Carthage; mais l’église de cette ville ne le reconnaît pas commeson fondateur. Les Grecs célèbrent sa fête le 30 juillet, avec celle de saint Crescent et de saint Andronique. DansTÉglise latine, sa fête est placée au 15 juillet. Voir Actasanctorum, julii t. îv (1725), p. 2. F. Vigouroux.
- ÉPERVIER##
ÉPERVIER, oiseau de proie diurne, de la famille desfalconidés et du genre autour. Ce genre se divise lui-mêmeen trois sous-genres: l’autour proprement dit, l’épervieret la harpie. L’épervier commun, falco nisus ou accipiternisus (fig. 582), a le plumage d’un bleu cendré avecune tache blanche à la nuque; la queue est de mêmecouleur bleuâtre avec des
bandes transversales plus
noirâtres; la partie inférieure du corps tire sur le
blanc, avec des stries foncées également transversales, mais longitudinales
sur la gorge. Le bec est
noirâtre et les pieds jaunes.
La femelle a à peu près la
grosseur d’un chapon; le
mâle n’est pas tout à fait
aussi gros. L’épervier est un
rapace très hardi; il vient
enlever sa proie, perdreaux,
mésanges, etc., dans le voisinage même de l’homme.
Le vol de cet oiseau n’est
pas très élevé, mais il est
rapide. Outre l’épervier
commun d’Europe, on connaît en Afrique l’épervier
minulle, dont la taille ne
dépasse pas celle du rnerle,
et l’épervier chanteur, le
seul oiseau qui chante parmi les rapaces. L’épervier
était un objet de vénération
en Egypte, et l’on prétait une
tête d’épervier à certaines
divinités, spécialement à
Horus, le dieu-soleil. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. i, 1895, p. 100. L’épervier commun, accipiter nisus, abonde en Palestine. Une autre espèce orientale se rencontreégalement dans ce pays, celle de Vaccipiter brevipes, bien moins abondante que la précédente. Dans lesplaines et les terrains humides se voient encore un grandnombre d’autres rapaces voisins de l’épervier, le circusœruginosus et le circtis cyaneus, qui sont des espècesde busards et que les Arabes ne distinguent pas de cesderniers. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 190. — Les éperviers sont désignésdans la Bible par le mot nés, qui se rapporte d’ailleursà d’autres rapaces. Leur chair est proscrite de l’alimentation.Lev., xi, 16; Deut., xiv, 15. — Job, xxxix, 26, parle de leur vol vers le midi, expression qui indiqueleurs habitudes de migration. Voir Crécerelle.
H. Lesêtre.
ËPHA (hébreu: ’Êfâh), nom d’un fils de Madian-(etde la région habitée par ce dernier) et de deux Israélites.
1. ÉPHA. Septante: Vi ?ip, Gen., xxv, 4; Codex Vaticanus, Taifép; Codex Alexandrinus, Tatçâp, I Par., I, 33; Taiyi, Is., lx, 6), le premier des fils de Ma688. — L’épervier.
dian, descendant d’Abraham par Céthura. Gen., xxv, 4; I Par., i, 33. C’est un nom ethnique indiquant unebranche des tribus madianites, auxquelles du reste elleest associée dans Isaîe, lx, 6, où elle est représentéeavec elles comme possédant un grand nombre de chameauxet de dromadaires, et apportant de Saba à Jérusalemde l’or et de l’encens. Où faut-il la placer? Commepour toutes les tribus nomades, la question est difficile, et jusqu’ici l’on n’a rien de certain. On a voulu comparer
l’hébreu ns>y, ’Êfâh, à l’arabe <*-» ^c, Gheyféh, qui
désigne «un endroit près de Péluse», au nord-est del’Egypte. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1003. C’est un rapprochementpurement nominal. Si les Madianites habitèrentprimitivement la péninsule du Sinaï, dans lesparages occidentaux du golfe d’Akabah, Exod., Il, 15, ilsremontèrent ensuite vers le nord, à l’est de la Palestine, pour redescendre au sud, mais sur le bord oriental dugolfe Élanitique. Voir Arabie, t. i, col. 859; On est généralementporté aujourd’hui à assimiler les descendantsd’Épha à la tribu mentionnée dans les textes assyrienssous le nom de Hayapaa, qui, avec celles de Tamud, les ©ajuiSiTat de Ptolémée, vi, 7, 4, et de Marsiman, les Mat<T «! [ia[iEiç, habitait le nord de l’Arabie. Cf. Fried.Delitzsch, Wo lag dos Parodies? Leipzig, 1881, p. 304; E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1883, p. 146, 277, 613; A. Dillmann, DieGenesis, 6e édit., Leipzig, 1892, p. 310.’Êfâh apparaîtcomme nom de personne dans les inscriptions du Safa.Cf. J. Halévy, Essai sur les inscriptions du Safa, dansle Journal asiatique, Paris, vne série, t. x, 1877, p. 394, 418;
t. xvii, 1881, p. 186, 208.
A. Legendre.
2. ÉPHA (Septante: TaiçaTiX; Codex Alexandrinus: Taiipix), concubine de Caleb, mère de Haran, de Mosaet de Gézez dans la descendance de Juda. I Par., ii, 46.
3. ÉPHA (Septante: Taiçi), un des fils de Johaddaï, dans la descendance de Juda. I Par., ii, 47. On ne voitpas dans le texte le lien qui unit cette famille à la précédente.
- ÉPHAH##
ÉPHAH, nom hébreu (’éfàh) d’une mesure de capacité, appelée éphi dans la Vulgate. Voir Éphi.
ÉPHÉBÉE. On lit dans le texte grec de II Mach., iv, 9, le mot: iyrfiia, et dans la Vulgate: ephebia, ce quisignifie «adolescence»; mais le contexte montre qu’ilest question dans ce passage d’un IçTjëeiov, ephebeum, c’est-à-dire de la partie du gymnase grec destinée auxexercices des jeunes gens (5915601). C’était une vaste salle, plus longue que large, avec des sièges disposés au milieuet où les éphèbes s’exerçaient en présence de leursmaîtres. Vitruve, v, 11; Strabon, V, IV, 7. Voir, à l’articleGymnase, le plan du gymnase, d’après Vitruve, et la place qu’y occupait l’éphébée. Cf. W. Smith, Dictionaryof Greek and Roman antiquities, 3e édit., 1890, t. 1, p. 927. L’impie Jason, au commencement du règned’Antiochus IV Épiphane, fit construire à Jérusalem ungymnase avec un éphébée, pour y introduire les mœurset les coutumes des Grecs. II Mach., iv, 9, 12. Cf. Josèphe, Ant. jud., XII, v, 1. Voir Jason et Gymnase.
- ÉPHER##
ÉPHER (hébreu: ’Êfér), nom de deux Israélites, d’un fils de Madian et d’une région.
1. ÉPHER (hébreu: ’Êfér; Septante: "Açep, Gen., xxv, 4; ’Oyèp, I Par., 1, 33; Vulgate: Opher, Gen., xxv, 4; Epher, I Par., i, 33), le second des fils de Madian, mentionné seulement dans les listes généalogiquesde Gen., xxv, 4; I Par., 1, 33. Il s’agit ici d’une des nombreusestribus issues d’Abraham; mais il n’est pas facilede déterminer avec certitude le pays qu’elle habitait.
1831
ËPHER — ÉPHÈSE
1832
Quelques-uns l’identifient avec les BenouGhifâr duHedjâz. Cf. Keil, Genesis, Leipzig, 1878, p. 222. D’autres, après Wetzslein, rapprochent’Êfér de l’arabe’Ofr, quiindique une localité située entre la montagne du Tihâmaet Abdn. Cf. Frz. Delitzsch, Neuer Commentar ûber dieGenesis, Leipzijg, 1887, p. 347. On a aussi assimilé lesdescendants d’Epher aux Apparu des inscriptions d’Assurbanipal.Cf. A. Dillmann, Die Genesis, Leipzig, 1892,
P- 310.
A. Legendre.
2. ÉPHER (Septante: "Açsp; Codex Alexandrinus: Tayép), troisième fils d’Ezra, peut-être dans la famillede Caleb. I Par., iv, 17.
3. ÉPHER (Septante: ’Oqplp), un des chefs de famillede la tribu de Manassé, àl’est du Jourdain. I Par., v, 24.
4. ÉPHER (#êfér), nom de pays, III Reg., iv, 10, etde ville que la Vulgate écrit Opher dans Josué, XII, 17.Voir Opher 2, t. iv, col. 1828.
- ÉPHÈS DAMMIM##
ÉPHÈS DAMMIM, nom hébreu (’Éfés Dammlm), I Sam. (I Reg.), xvii, 1, d’une localité appelée Dommimdans la Vulgate. Voir Dommim.
- ÉPHÈSE##
ÉPHÈSE ( w E T ri(Toç), ville d’Asie Mineure (fig. 583).Elle occupait à l’embouchure du Caystre, sur la côte del’Ionie, presque en face de l’Ile de Samos, un des sitesles plus heureusement trouvés, comme point de transit,
[[File: [Image à insérer -->]|300px]]
583. — Monnaie dTÏphèse.
NEPÛN KAISAP. Buste de Néron, diadème, a droite. —%. AIXMOKAH AOYIOTAA ANQTIIATQ. An bas: NEûKOPQN. Dans le champ: E*. Temple de Diane, vude côté.
entre l’Orient et l’Occident. Particulièrement célèbre etilorissante parmi les villes de la confédération Ionique, elle a joué un rôle important dans l’histoire de nos origineschrétiennes.
I. Histoire. — Les Cariens paraissent avoir habité lespremiers la vallée du Caystre. Les Phéniciens, y ayantabordé pour y créer un de ces innombrables marchésqu’ils semèrent de bonne heure sur les côtes méditerranéennes, y établirent un sanctuaire en l’honneur d’unedivinité féminine adorée sous le symbole de la lune.Pausanias, Vil, ii, 7, nous dit qu’autour de ce sanctuairese groupèrent les gens du pays, Cariens, Lélèges, Lydiens, le droit d’asile y attirant sans cesse de nouveaux venus.Des prêtresses courageuses et guerrières, les Amazones, achevèrent de constituer la cité naissante. C’est alorsque survient avec Androclès, fils de Codrus, l’invasionionienne. Ephèse sera la principale des douze villes organiséesen confédération par les Ioniens. Après avoirsuccessivement subi le joug des Lydiens sous Crésus, desPerses avant et après les guerres médiques, elle renaîtpleinement à la vie hellénique sous Alexandre et Lysimaque, celui des successeurs du grand conquérant àqui elle échut en partage. Les Attales de Pergame, enla recevant comme don de la république romaine (190avant J.-C), se réservent de la rendre aux donateursaprès l’avoir agrandie et embellie, et, en 129, elle devient, en effet, la métropole de la province d’Asie, définitivementorganisée. Tout gouverneur arrivant de Rome
pour administrer cette riche contrée devait débarquerà Ephèse et y faire son entrée solennelle.
C’est non pas seulement à l’importance de son commerceou à son goût pour les lettres et les arts qu’Éphèse, alterum lumen Asise, dit Pline, H. N., v, 31, dut desurvivre aux nombreuses catastrophes dont elle fut témoin; c’est surtout à son temple, si hautement vénéré dansle monde entier qu’on se disputait, comme un suprêmehonneur, d’en être le balayeur ou le gardien, vewxopdç.La ville était essentiellement une ville religieuse, où l’onn’adorait pas seulement la Grande Artémis, mais où sevendaientforce amulettes, statues sacrées et combinaisonsde lettres magiques, ’Eç£<j «x fpimi.a’cx. Nous en avonsretrouvé encore quelques types dans les bazars de Smyrne.Voir Amulette, t. i, fig. 129, col. 528.
Bien que soumise, comme les autres cités de la province, à l’autorité souveraine du proconsul envoyé parRome, Ephèse s’administrait elle - même selon des traditionstoutes grecques, où se révélait sa vieille origineionienne. Sa constitution civile rappelait, en effet, celled’Athènes, avec assemblées de notables, (JouXïi, et dupeuple, 8-î)[ioç, et un président ou prytane, irpÛTaviç, pour en exécuter les décisions, comme on peut le voirdans un décret cité par Josèphe, Anl. jud., XIX, x, 25.Mais tous ces représentants de l’autorité civile, auxquelsil faut joindre le greffier ou l’archiviste, ypay.(iaTeûç, étaient soumis au proconsul, comme celui-cil’était à l’empereur. Voir l’inscription reproduite parBoeckh, Corpus inscript, grsec, 2966, où l’organisationcivile d’Éphèse est encore plus complètement indiquée.En somme, on paraît avoir, de tout temps, joui àEphèse d’une large indépendance, et si les scélérats venaients’y abriter dans le péribole du temple, qui avaitdroit d’asile, d’illustres exilés tels qu’Annibal (Appien, De reb. Syr., iv, 2, 87), et des hommes d’action tels queCimon, Alcibiade, Lysandre, Agésilas, Alexandre le Grand, les deux Scipion, Lucullus, Sylla, Marc -Antoine, aimèrentà y séjourner.
Dès les premiers siècles avant Jésus-Christ les Juifs s’yétaient établis, et Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 11-13, nousa conservé les décrets qu’Hyrcan obtint de Dolabella, pourles dispenser de servir dans les armées romaines et leurlaisser toute liberté de suivre leur religion. Il est toutnaturel que ce centre populeux, ce milieu très riche àexploiter, ait attiré de très bonne heure l’attention desfils d’Israël, toujours empressés à s’établir partout où ilspouvaient entreprendre quelque commerce lucratif. Généralementles dominateurs des peuples leur faisaient unaccueil bienveillant, parce qu’ils trouvaient en eux dessujets très soumis aux pouvoirs publics, et peut-être aussiparce qu’ils s’en servaient pour organiser une police secrète, dont nos gouvernements modernes n’ont pas étéles inventeurs. Quoi qu’il en soit, par ces Juifs cosmopolites, Ephèse se trouvait en relations suivies avec Jérusalem.On sait que les fils de la Loi, à certaines dates sacrées, étaient tenus de retourner dans la mère patrie, où ils avaient leurs synagogues spéciales, des parents etsouvent de riches propriétés. Voir Act., ii, 9, et vi, 9.
II. Ephèse et l’Évangile. — De là à devenir un deschamps les plus directement ouverts, en dehors de laPalestine, aux semeurs de la bonne nouvelle, il n’y avaitpour Ephèse qu’un pas. Déjà quelques disciples de Jean-Baptiste, Act., xix, 3, avaient trouvé le moyen d’y recruterdes prosélytes du Précurseur. Combien devait-il être plusfacile d’y trouver des croyants au Messie lui-même! Hn’est pas impossible que des Juifs de la province d’Asie, ayant entendu, au jour de la Pentecôte, à Jérusalem, lesApôtres parler les langues miraculeuses, et ayant peut-êtrereçu le baptême, soient passés à Ephèse ou mêmes’y soient établis, préparant les origines de la petite Égliseque Paul devait plus tard si heureusement fonder. Entout cas, c’est à propos du second voyage du grand Apôtrequ’Éphèse se trouve pour la première fois nommée dans
le livre des Actes. Paul, parti de Cenchrées avec Priscilleet Aquila, aborde dans la métropole de la province d’Asie, va dans la synagogue conférer en passant avec lesJuifs établis en cette ville, mais refuse de s’y arrêterlonguement cette fois, promettant de revenir sous peu, après être allé à Jérusalem et à Antioche, qu’il était presséde revoir. Act., xviii, 19-21.
L’historien sacré nous dit que, pendant ce temps, unJuif nommé Apollo (voir t. i, col. 774), et originaired’Alexandrie, homme parlant fort bien et très versé dansles Écritures, avait commencé à prêcher avec zèle, dansla synagogue d’Éphèse, ce qui regardait Jésus, tout enn’ayant connaissance que du baptême de Jean. Priscilleet Aquila, comprenant l’importance qu’il y avait à fairede cet homme éloquent un prédicateur plus correct del’Évangile, le reçurent chez eux et l’instruisirent soigneusementde la voie du Seigneur. Ils lui racontèrent sansdoute ce que Paul avait fait à Corinthe, et Apollo, témoignantle désir d’aller y continuer cet apostolat si fécond, partit d’Éphèse muni de lettres de recommandation. Act., xviii, 27.
C’est pendant son absence que Paul, venant de Galatiepar la Phrygie et la vallée du Méandre, Act., xviii, 23, arriva lui-même à Éphèse, Act., xix, 1, où il devaitpasser trois ans, Act., xx, 31, ce qui nous révèle l’importancedonnée par lui à la fondation de ce nouveau centrede la bonne Nouvelle. N’y ayant trouvé que des disciplestrès incomplètement formés et qui s’en tenaient encore aubaptême de Jean, il les instruisit et les baptisa au nom deJésus. Act., xix, 1-5. Gomme il leur imposait les mains, l’Esprit -Saint descendit sur eux, et ils se mirent soit àparler diverses langues, soit à prophétiser. Durant troismois, il prêcha dans la synagogue devant ses frères lesJuifs; mais, comme il trouvait parmi eux des incrédulesobstinés qui rejetaient et même décriaient l’Évangile, ilrompit avec eux, et, entraînant ceux qui voulurent lesuivre, il s’établit, pour enseigner plus librement, dansl’école d’un certain rhéteur ou philosophe nommé Tyrannus.Là, il consacra deux ans à donner des conférencesqui ne furent pas sans fruit pour tout le monde, Gentilset Juifs, habitant non seulement Éphèse, mais la provinced’Asie. Dans les. maisons des particuliers, Act., xx, 20, son zèle cherchait également des auditoires et en trouvaitde sympathiques. Aussi écrivait-il aux Corinthiens: «Unegrande porte m’est ici ouverte, avec espoir de succès, bien que les adversaires soient nombreux.» ICor., xvi, 9.A Éphèse, Dieu permit que Paul exerçât avec éclat sapuissance de thaumaturge. De simples linges qui avaienttouché son corps guérissaient les malades et chassaientles mauvais esprits. Les fils d’un Juif, Scéva, prince desprêtres, transformés en exorcistes ambulants, ayant essayéd’expulser le démon au nom de Jésus que prêchaitPaul, furent gravement maltraités par le possédé lui-même, et l’Apôtre eut la consolation de voir les Éphésiensse convertir en masse après cet événement significatif.Plusieurs d’entre les convertis se déterminèrentmême à brûler publiquement les livres de magie dontils étaient propriétaires. Act., xix, 10-20. Toutefois cesprogrès consolants de l’Évangile n’excluaient pas de rudeset peut-être sanglantes luttes. Dans sa première Épitre. aux Corinthiens, xv, 32, écrite vers la fin de la secondeannée de séjour à Éphèse, Paul dit: «Si je n’ai fait qu’uneaction humaine en combattant contre les bêtes à Éphèse, quel avantage m’en revient-il?» On sait comment uneautre sédition, celle qui fut soulevée par l’orfèvre Démétrius(voir col. 1364), Act., xix, 24, et provisoirement câlinéeau théâtre par le grammateus ou greffier de la cité, motiva le départ de Paul pour la Macédoine.
Il n’est pas dit, dans le livre des Actes, que cet Apôtreait reparu dans la métropole de la province d’Asie. Quandil revint d’Europe pour aller à Jérusalem, il fit escale àMilet, ne voulant pas être retenu par l’Église d’Éphèse, alors qu’il avait décidé de se trouver pour la Pentecôte
à Jérusalem. Toutefois il manda les Anciens de la florissantecommunauté créée et organisée par lui, et leuradressa cet émouvant discours d’adieu, Act., xx, 17-35, qui, mieux encore que son Épître, nous met au courantdes conditions de son apostolat parmi les Éphésiens. Lapremière Épitre à Timothée, i, 3, nous apprend quePaul avait confié à ce cher disciple, originaire du pays, la direction de l’Église d’Éphèse. Cf. II Tim., i, 18; iv, 12.
De la venue de l’apôtre Jean et de son action dans lamétropole de la province d’Asie, les Livres Saints nedisent rien. Toutefois le fait que l’Apocalypse est datéede Pathmos, Apoc, i, 9, île voisine d’Éphèse, autoriseraità lui seul la supposition que Jean vit de près les septÉglises auxquelles il adresse les divines remontrances. Onsait que parmi elles Éphèse est la première à mériter desfélicitations pour son attitude vis-à-vis des faux apôtres, et des reproches pour sa charité qui s’est amoindrie. Apoc, i, 11; ii, 1-7. L’étrange lacune est comblée par des témoignagesexplicites de la tradition primitive. Voir Eusèbe, H. E., iv, 14; v, 24, t. xx, col. 337, 496; S. Irénée, Hæres., IN, i, 1, t. vii, col. 845; Clément d’Alexandrie, Quis divcs salvetur? c. xlii, t. ix, col. 648. Pourtous, il est hors de doute que l’apôtre Jean mourut àÉphèse, où, pendant de longs siècles, on a vénéré sontombeau. Au reste, le nom même du misérable village, Ayassoulouk, qui a remplacé la grande ville d’Éphèse, n’est autre que celui du saint Théologien, «yioç ©eoJuSyoi; .Cherchons à reconstituer, d’après les ruines que nous yavons visitées, en 1888 et en 1894, la ville qui fut undes centres chrétiens les plus importants de la primitiveÉglise.
III. Topographie. — Lorsqu’on quitte la voie ferréepour se diriger, à l’ouest, vers le site occupé jadis parÉphèse (fig. 584), on longe un moment les restes d’unaqueduc construit à l’époque byzantine, avec des débrisde monuments grecs et romains, et destiné à conduireles eaux du Pactyas au château jadis fortifié d’Ayassoulouk.Ce château s’élève à droite, vers le nord-est, etdoit servir de point de repère à qui veut comprendre latopographie de l’ancienne ville. Devant soi on a, se dressanten deux sommets pittoresques, derrière lesquels lamer dessine dans le lointain sa croupe de flots bleus, violets ou dorés selon l’heure du jour, le mont central, autour duquel s’étendit, en se déplaçant, la ville primitive.A gauche, et par conséquent au sud-ouest, se dresseune montagne plus élevée, au haut de laquelle courent, avec leurs capricieuses dentelures, les ruines des vieuxmurs de Lysimaque. Ils rappellent ce genre de fortificationshelléniques que nous avions admirées à Antioche, et dont on trouve aussi des fragments à Smyrne sur lePagus. Là fut l’acropole de la ville à l’époque macédonienneet même romaine. C’est à tort qu’on a donné àces hauteurs le nom de Coressus. Nous les appelleronstout simplement les monts de l’Acropole, et nous seronssûrs de ne pas nous tromper. À notre premier voyage àÉphèse, nous avions accepté, sans les discuter, les théoriestopographiques de M. Weber, savant archéologue deSmyrne. Des réflexions subséquentes et l’étude des textesde Strabon et de Pausanias nous portèrent à croirequ’après Curtius, Wood et les autres, M. Weber se trompait.Le fait définitivement acquis, que le temple d’Artémisétait réellement là où M. Wood en avait exhumé laplate-forme avec quelques colonnes, nous persuada qu’ilfallait chercher le site d’Éphèse primitive, non pas versla Prison de saint Paul et au pied de l’Acropole, où leplaçait M. Weber, mais à côté même du fameux temple, et sur la hauteur que venait baigner la mer à l’époque oùce temple avait été bâti. Or cette hauteur n’est ni cellede l’Acropole ni celle du Prion, mais bien celle où setrouvent aujourd’hui le village et le château d’Ayassoulouk.En dehors même des indications topographiquesque pouvaient fournir les auteurs anciens, la simple ins
pection des lieux me confirma, en 1894, dans la penséeque mon hypothèse était absolument fondée! Voir Lessept Églises de F Apocalypse, Paris, 1896. Les fouillescommencées par M. Humann et continuées par M. Benndorfen ont établi la justesse: la ville primitive était surles pentes d’Ayassoulouk.
Le témoignage de PaUsanias, VII, ii, 7, semble d’ailleursexplicite. D’après lui, un autochtone, Coressus, et un fisdu fleuve, c’est-à-dire quelque Phénicien arrivant par lamer et le Caystre, Ephesus, érigèrent d’abord un templeà Artémis, et la ville qui se forma autour du temple s’appelaÉphèse. Elle fut d’abord peuplée, dans sa partie haute, de Lélèges Càriens et de Lydiens; dans sa partie basse, autour du temple, d’Amazones, groupées en ce lieu poury honorer Artémis, la grande déesse. Quand les Ioniens
de la mer fuyant sans cesse devant l’ensablement progressifdu Caystre) le nom de sa femme Arsinoé, l’anciennom d’Éphèse lui fut maintenu.»
Complétant ailleurs ses indications, le même géographe, XIV, I, 4, nous dit qu’un quartier d’Éphèse s’appelaitSmyrne (du nom d’une des Amazones qui avaient vécuauprès du temple d’Artémis), que ce quartier était derrièrela ville du temps du poète satirique Hipponax, 540 avant J.-C, entre les hauteurs de Trachée et de Leprée. «La hauteur appelée alors Leprée, ajoute-t-il, étaitle Prion, qui domine la ville actuelle (la gréco-romaine), et sur lequel court une partie des remparts ( ceux-ci, descendantet remontant, en zig-zag et à crémaillère, sur lamontagne centrale, lui avaient fait donner sans doute cenom de Prion ou de «Scie», comme à une partie anadaprès £.Le Canms.
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684. — Ruines d’Épn6se.
survinrent, sous la conduite d’Androclus, fils de Codais, ils chassèrent les Cariens et les Lydiens en masse, et ilss’établirent, dit Strabon, XIV, i, 21, autour de l’Athénéumet de PHypéléon, en occupant en même temps une partiedes flancs du Coressus. S’il peut y avoir quelque difficultéà identifier chacune de ces collines, il n’en demeure pasmoins vrai qu’il faut les chercher toutes dans le voisinageimmédiat du temple. Songer à la montagne de l’Acropoleserait absolument sortir de la donnée de nos deux géographesgrecs. «On habita ainsi sur ces hauteurs, poursuitStrabon, jusqu’au temps de Crésus; après quoi lapopulation en descendit peu à peu et se fixa autour dutemple, jusqu’à Alexandre. Lysimaque bâtit une enceintede murs pour la ville actuelle (la ville grécoromaine), et, voyant que les habitants étaient longs à se déplaceret à s’installer dans la nouvelle cité, il profita de la premièrepluie d’orage pour faire fermer toutes les bouchesd’égout et laisser la vieille ville dans une immense flaque-d’eau, où on ne pouvait plus circuler. Toutefois c’est envain qu’il voulut donner à la nouvelle cité (celle qui sebâtit au pied du mont de l’Acropole-et plus à proximité
logue des remparts de Sardes, Polybe, VII, iv, 15), en sortaque les propriétés qui se trouvent derrière le Prion sontencore désignées comme situées à l’Opistholépré, ou derrièrele Leprée. La Trachée, ou la Côte rocailleuse, étaitla partie qui est aux flancs du Coressus. La ville fut primitivementautour de l’Athénéum, aujourd’hui hors desremparts, au lieu dit de PHypélée, et le quartier deSmyrne commençait au gymnase, au delà de la villeactuelle, pour s’étendre entre Trachée et Leprée.»
Ces indications ne sont intelligibles qu’à la condition, de ne pas tenir compte du mont de l’Acropole, qui, vuson éloignement du temple, point central de la ville primitive, n’a pu être ni le Prion ni le Coressus, et n’a euni Leprée ni Trachée. Restent donc seules en cause lahauteur à deux sommets dont nous avons parlé et quenous avons appelée Prion, et la colline à deux étages duchâteau d’Ayassoulouk. Or, seule celle-ci semble se prêterà une manœuvre stratégique racontée par Xénophon, Hist. gr., i, ii, 7. Thrasyllus, d’après cet historien, vientdu nord, de Colophon, et, pour s’emparer d’Éphèse, ildivise sa petite armée en deux sections, dirigeant les 1837
EPHESE
-1838
hoplites, par les terres fermes, vers le Coressus, et lescavaliers avec tout ce qui était légèrement armé par leslieux marécageux, vers le reste de la ville, ênl xà ëxepatxîj; iréXeoç. Donc le Coressus faisait partie de la ville, etcela en 4M avant J.-C, c’est-à-dire avant Lysimaque, ^quand Éphèse était encore groupée autour de l’Artémisium.Le double mouvement que concertait Thrasylluset que Diodore, xiii, 64, précise: xaxà 8yo xénou; npoaêo>. «ç licoi-^aizo, est tout naturel dans mon hypothèse: unepartie de l’armée marche sur la ville vers l’ouest, le longdes marais Sélinusiens, et l’autre arrive par le nord, cherchant à surprendre les hauteurs du Coressus, châteauactuel d’Ayassoulouk. Un texte d’Hérodote, v, 100, suppose que le Coressus touchait au port primitif d’Éphèse.C’est là que, en 502 avant J.-C, les Ioniens laissent leursvaisseaux pour aller assiéger et incendier Sardes: èvKop^ffo-w xîjî’Efta(ri. La mer, d’après ce même auteur, II, 10, arrivait alors au temple de Diane. Cf. Pline, ii, 87.Enfin, toujours d’après le même historien, la vieilleville, Hérodote, ii, 26, du temps de Crésus, était à septstades du temple, ce qui est exact si on la place sur leshauteurs d’Ayassoulouk.
Cette première difficulté de la topographie généraled’Éphèse étant élucidée, il faut se rappeler que Lysimaquedéplaça la ville, ainsi qu’il a été dit plus haut, enla séparant du temple, pour la maintenir au bord de lamer qui fuyait. Dès lors’on cherchera l’Éphèse grécoromaine, celle où vécurent saint Paul, saint Jean et leshommes de l’époque apostolique, au versant septentrionaldes monts de l’Acropole et au versant occidental du Prion.Les ruines y sont assez considérables pour permettre unereconstitution sérieuse de la grande cité, et les récentesfouilles, dont M. Benndorf et M. Weber nous ont transmisles résultats, donneront un intérêt particulier à cetravail.
Après avoir franchi un petit cours d’eau, probablementl’un des deux bras du Sélinus, qui touchait jadis au périboledu temple, Strabon, VIII, vii, 25, on atteint unechaussée qui contourne la partie orientale du Prion etfut jadis une voie de tombeaux. Parmi les sarcophagesqui la bordent des deux côtés, il en est un plus importantdont la situation, correspondant assez bien à l’indicationde Pausanias, VII, Il, 9, fait songer à celui d’Androclus.La base, mesurant cinq mètres sur cinq, et enbelles pierres taillées, subsiste seule. Ni le temps ni leshommes n’ont fait grâce soit au monument soit à la statuedu guerrier en armes qui en était la décoration principale.Si l’on se dirige au sud, vers la porte dite de Magnésie, on rencontre de grands blocs carrés, ayant servi, à droiteet à gauche, de supports à de puissantes colonnes: cesont les restes du Portique couvert que le rhéteur Damianosavait fait bâtir pour abriter à l’occasion les théoriesvenant de l’Artémisium ou s’y rendant. Quant à laporte de Magnésie, qui par ses dispositions rappelaitassez bien le Dipylum d’Athènes, elle avait trois ouvertures, une de chaque côté pour les chars, et celle dumilieu pour les piétons. Des tours fortifiées la défendaient.Les deux routes, celle de Magnésie et celle del’Artémisium, auxquelles elle livrait passage, se séparaientà cinquante mètres des murs de la ville. Franchissonsles arasements de cette porte, par où Paul et tantd’autres personnages apostoliques sont passés, et pénétronsdans la ville gréco - romaine, celle qui a pour nousle principal intérêt.
La première ruine qui se dresse à notre droite est unjjymnase, celui qu’on appelait de l’Opistholépré, et qui, abrité au nord par le Prion et présentant ses cours et sesterrasses au midi, devait être particulièrement recherchéen hiver. On peut constater, en outre, que des calorifèresy étaient disposés pour entretenir à l’intérieur une températureau gré de ceux qui le fréquentaient. Saint Pauls’est certainement promené et a discouru sous les portiquesà moitié ruinés qu’on y voit encore. Ces vieilles
briques et les blocs de pierre qui les supportent ont entendules appels énergiques qu’il adressait aux âmes aunom de Jésus-Christ. Deux édifices que l’on voit à quelquespas de là, sur la gauche, en prenant la route vers le couchant, entre le Prion et le mont de l’Acropole, ont étépeut-être, l’un une basilique païenne transformée plustard en église, l’autre un héroon de forme circulaire, devenu baptistère de la basilique dans sa partie haute, etcrypte funéraire dans sa partie basse. Rien de moins fondéque sa dénomination de tombeau de saint Luc, cet évangélisteétant mort en Achaïe et ayant été enseveli à Patras.Suivent de près quelques piédestaux de l’époque romaineavec inscriptions, puis le marché aux Laines, au delàduquel un mausolée rappelle par son architecture celuide Cëcilia Métella sur la voie Appienne.
A l’issue du petit col formé par les deux montagnes etavant d’entrer dans la vallée qui s’ouvre sur la mer, ontrouve vers la droite et adossé au Prion un Odéon ou petitthéâtre, rappelant celui d’Hérode Atticus à Athènes. Il étaitde marbre blanc, avec une colonnade de granit rougedans sa partie haute. Vis-à-vis, sur la gauche, élevé surun soubassement de neuf couches de grandes pierres taillées, un temple dominait l’agora et semblait vouloir rivaliseravec un autre monument suspendu à la pente dumont de l’Acropole et communément appelé le Templede Claude. Les quatre colonnes monolithes et canneléesornant la façade de celui-ci mesuraient quinze mètrestrente de hauteur. La frise et le fronton étaient du meilleurtravail.
Mais revenons à l’agora, qui, au premier aspect, neprésente qu’un amas informe de ruines envahies par lesronces et les orties gigantesques. Là fut le centre de lavie politique et sociale d’Éphèse. Il faut savoir gré aucomité autrichien d’avoir porté sur ce point l’effort récentde ses recherches. Les découvertes déjà faites dictent desmodifications importantes à la topographie d’Éphèsegréco - romaine adoptée jusqu’à ce jour. (Cf. Les Paysbibliques, t. iii, p. 138 et suiv., et Les sept Églises del’Apocalypse, p. 127 et suiv.) C’est par une rampe rapide, où dut être jadis un escalier, qu’on descend à l’ancienneagora, visiblement délimitée par une série de portiquesdétruits. À première vue, cette place publique rectangulaire, avec son puits au milieu, semble d’assez mesquinesproportions. Il est vrai qu’une avenue se dirigeant versle port romain lui servait de prolongement. Sous lescolonnades, entre les boutiques des marchands et enchâsséesdans le mur, des plaques de marbre apprenaient auxpromeneurs les lois de l’Ionie. C’est probablement surcette place publique qu’après l’incident des fils de Scéva, battus par les démons, Act., xix, 19, on brûla les livresde magie et de sortilèges qui, depuis longtemps, servaientà tromper la crédulité des Éphésiens. C’est de là que dutpartir l’agitation, se transformant bientôt en émeute populaire, des ouvriers excités par l’orfèvre Démétrius, quivoyait son commerce de statuettes représentant soit letemple, soit Diane elle-même, et d’amulettes diversespéricliter sérieusement depuis que Paul battait en brèchele culte des faux dieux. Voir Diane, col. 1405. De l’agoraau théâtre il y avait environ deux cents mètres. Lesémeutiers s’y rendirent en tumulte, entraînant avec euxdeux Macédoniens, Gaïus et Aristarque, compagnonsde saint Paul. Ils entendaient probablement déterminerle peuple à en faire une exécution sommaire. Paul, apprenantle danger que couraient ses amis, voulut allerseul affronter l’orage et parler au peuple. Ses disciplesle retinrent de vive force. Quelques Asiarques même, deses amis, se sentant incapables de le protéger, le supplièrentde ne pas paraître au théâtre, où la foule, comme il arrive souvent, furieuse sans savoir exactementpourquoi, passa deux heures à crier obstinément: «Diane, la grande déesse des Éphésiens!»
La cavea du fameux théâtre (fig: 585) Fe dessine toujoursgrandiose et profonde au flanc occidental du Prion; mais
les gradins ont achevé de disparaître depuis notre premièrevisite, en 1888. Une des ouvertures latérales, donnantaccès aux précinctions, la seule qui soit encore debout, commence à s’ébranler et tombera bientôt, comme toutle reste, d’une irrémédiable ruine. Le portique s’est abattusur la scène qu’il protégeait, et l’a couverte entièrementd’un amalgame confus de colonnes, de frises, de statues, d’inscriptions morcelées, s’élevant jusqu’à cinq mètresau-dessus de l’orchestre. C’est sur cette scène que legrammateus ou greffier public se présenta pour haranguerl’émeute. On sait par quel discours il parvint à ramenerla foule à des idées plus sages et à la congédier. À et., xix, 35-40. Le théâtre d’Éphèse pouvait contenir vingtcinq
Caystrc. Envahissant aussitôt l’espace devenu libre par lasuppression du port hellénique, la ville s’étendit vers lenord, entre le port romain et le Prion. C’était sur desterres rapprtées qu’il fallait établir les nouvelles constructions; nais on s’y résigna en recourant à des travauxsouterains, à des terrasses superficielles, tellesque celle di Grand Gymnase. Cet édifice, qui par sesproportions gigantesques rappelle ce que les Romainsont érigé di plus grandiose, mesurait cent cinquante-cinqmètre du nord au sud. Sa salle centrale, diteTÉphébéion avait trente-sept mètres de long sur vingtde large, a^c voûtes d’arête reposant sur huit colonnesde granit rage, dont quatre ont été utilisées pour consD85. — Ruines du théâtre d’Éphèse avant les fouilles autrichiennes. D’après une ihotographie de M. Henri Cambournac, en 1893.
mille spectateurs. Des gradins, même les moins élevés, on dominait toute la ville basse, et, par delà les édificespublics, la vue s’étendait jusqu’à la mer.
Au reste, du moins à l’époque grecque, où fut construitle théâtre, celle-ci était très rapprochée, et on a retrouvéle port du temps de Lysimaque à deux cents mètres seulement, en arriére d’une grande construction désignée parles uns comme le Prytanée, et par d’autres comme un gymnase(fig. 586), mais que la découverte de quelque inscriptionpermettra seule d’identifier sûrement. Deux’énormespiliers de briques sont encore debout, conservant les arrachementsdes voûtes. Le jour où on soulèvera les ruinesamoncelées qui couvrent le sol, une reconstitution de l’édificedeviendra facile. En moins d’un siècle, le port deLysimaque se trouva à peu près ensablé. Il était d’ailleursde proportions très réduites, n’ayant pas à recevoir lesgrands navires, qui stationnaient dans le grand port (Panormos).A l’époque romaine, on se détermina à le comblerpour en établir un autre plus grand, toujours rattaché parun long canal au Panormos, qui, lui aussi, était obligé des’en aller peu à peu vers la mer, sous les ensablements du
truire la graide mosquée d’Ayassoulouk. C’est peut-êtredans l’une d6 dépendances de ce gymnase que le rhéteurTyrannis avait la salle où il donnait ses leçons, etque Paul emprunta pour y prêcher l’Évangile. Act., xix, 9.
Les fouilleirs autrichiens, sans aborder encore le GrandGymnase, or, commencé de planter la pioche dans lesmonceaux de débris qui Favoisinent au levant. Ils ontsupposé, à bn droit, que la ville romaine s’étendait delà au Prion,; t ils l’ont, en effet, retrouvée un peu partout, couchéesous les ruines de constructions byzantines, et gardant les traces de l’incendie qui l’avait détruite lorsde l’invasion les Goths, en 202. Une rue entière, longuede cent trent mètres, a été complètement déblayée, àcent vingt pa: environ à l’est du Grand Gymnase. Sa directionest dusud au nord. De chaque côté, elle est bordéede maisons et de magasins. Les débris utilisés pour cesconstructions témoignent qu’elles furent élevées au lendemaind’unegrande catastrophe. Très certainement cetterue exhumée par les fouilleurs a vu passer, en 431, lesPères du conile général d’Éphèse, et a retenti de leurs
acclamations en l’honneur de la Vierge Marie mère deDieu ou Théolocos.
C’est entre cette rue et le Grand Gymnase qu’ont étémis à jour, en 1896-1897, plusieurs grands monumentsde l’époque romaine. Voici ce que nous écrit M. Weberà ce sujet: «On a d’abord trouvé un grand portiqueen forme de propylées, formé par deux rangs de cinqcolonnes en marbre corallin. Devant ces colonnes, des piédestaux portaient des statues de marbre et debronze, renversées et enlevées ou brisées par les barbares.Ce portique conduisait à une place carrée, entouréed’une colonnade. À cette place se rattache, ducôté du midi, une vaste salle longue de trente-deux mètres
une énorme construction en bois dont on voit encore lesrestes carbonisés et qui n’avait pas de supports intérieurs, puisque le parquet, merveilleusement conservé, n’a pas gardé trace de colonnes.» Rien de précis n’estvenu encore indiquer la destination et l’origine de cesuperbe édifice. D’une inscription en lettres colossalesornant l’architrave extérieure, il ne reste que trois fragments, EIII nPTTANEQï; KATTOY TOT APISTIÙ-NOS, indiquant peut-être une restauration de l’édifice àl’époque d’Adrien, mais très probablement ne visant pasla date réelle de sa construction, qu’il faut, vu la magnificenceet le goût parfait de l’ornementation intérieure, faire remonter au temps des premiers Césars.
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686. — Ruines du Prytanée ou l’un gymnase. D’après une photographie de M. Henri Cambournac.
et large de seize, d’une richesse incomparable. Ferméesur trois côtés, elle communiquait avec la colonnade, àtravers une grille dont on voit la trace, par huit ouvertures, formées de sept pilastres hauts de huit mètres, flanqués de demi - colonnes d’ordre corinthien et reposantsur d’immenses piédestaux. Le parquet de la salleest formé d’un placage de marbre aux dessins et couleursles plus variés. On y compte jusqu’à treize espèces demarbres différents, parmi lesquels le vert antique a unebelle place. Le revêtement des parois, également enmarbre, rivalisait d’élégance avec le parquet. Ces paroisétaient décorées de deux rangées de colonnes superposées, portant sur un socle continu encore en place etrevêtu de plaques de marbre polychrome. Des nichesrentrantes, des tabernacles saillants, la décoration variéede statues et statuettes, les tableaux en relief, les frisesadmirablement traitées, tout rappelle, par les formes etles couleurs, le genre d’architecture particulièrement richequi a servi de modèle aux peintures murales scénographiquesde Pompéi. La salle entière était couverte par
Devant les sept pilastres formant l’entrée de la salle, du côté de la grille, au nord, se dressaient des statuesdont il ne reste que les piédestaux et quelques inscriptionsinsignifiantes, datées d’après la série des gymnasiarques.Trois statues brisées, véritables œuvres d’art, ont été retrouvées sous les restes de la charpente brûlée.L’une, de bronze, représente probablement un jeuneathlète qui se frotte d’huile avant la lutte. Le profil trèspur rappelle le Dionysos de Praxitèle. Un fragment d’inscripiion, mentionnant L. Claudius Frugianus, porteà croire, d’après la forme des lettres, qu’elle fut érigée àl’époque d’Auguste. L’autre, joli groupe de marbre blanc, représente, plus grand que nature, un jeune garçon assis, pressant du bras gauche un canard contre terre, et lançantle bras droit en l’air comme pour se défendre. Cesujet, que l’on trouve reproduit en petits modèles auxmusées du Vatican et de Florence, est d’une exécutionremarquable. Le petit garçon charmant, qui ouvre labouche et semble crier, rappelle l’Enfant à l’oie deBoétos.Enfin un groupe en basalte noir, soigneusement travaillé,
représente un sphinx à corps de lionne et aux ailes déployées, qui s’est abattu sur un jeune homme nu, renversésur une roche, et le déchire de ses griffes; peut-êtreun symbole de la volupté tuant la vigueur et l’avenir dela jeunesse, comme sur le tombeau de la courtisane Laïs, à Corinthe. Paul, Timothée, Jean et tous les hommes del’époque apostolique ont certainement vu ces œuvres remarquables.Des fragments de marbre épars autorisentà croire qu’il y eut aussi dans cette enceinte la statuecolossale de quelque empereur. Un peu au sud-est, etplus près du port romain, a été mise à jour une doublecolonnade, que M. Benndorf appelle une bourse, et enfin, vers Pâques, à l’ouest de la belle salle romaine décritetout à l’heure, on a exhumé les restes d’une basiliquechrétienne à trois nefs, formées par deux rangées decolonnes à chapiteaux corinthiens. Quels souvenirs faut-ilrattacher à ce sanctuaire? on l’ignore. En tout cas, lequai du port, avec nombreuses salles pour conserver leblé et mesures sur stylobates, a vu débarquer les Apôtres, Priscille, Aquila, Jean, et peut-être Marie Madeleine oumême, d’après quelques-uns, la mère de Jésus (voirJean, Marie); il a vu partir Paul, Apollo et les autresprédicateurs de l’Évangile se dirigeant vers l’Europe..
A peu de distance, vers le nord-est, signalons les ruinesd’un édifice peut-être très important dans l’histoire denos origines chrétiennes, et qu’on désigne sous le nomde la Double-Église. Il se compose, en effet, de deux églisesfaisant suite l’une à l’autre et circonscrites par un mêmemur extérieur. De forme rectangulaire, le monument mesuraitdans son ensemble quatre-vingt-huit mètres delong sur trente-trois de large. Dans la première de cesdeux églises, celle qui est vers le couchant, on voit lesrestes des quatre pilastres qui supportèrent une coupolecentrale. L’abside, formée par un arc de cercle inscritdans l’espacement de ces colonnes, laissait libres deuxpassages latéraux par lesquels on pénétrait dans la secondeéglise. Celle-ci fut une petite basilique partagéeen trois nefs par une double rangée de colonnes. Elleavait, comme l’autre, une abside avec ses dépendances.Il est assez probable que la Double-Église fut la cathédraleoù se réunit, le 22 juin 431, le Concile œcuméniqued’Éphèse. Le principal des deux sanctuaires auraitété consacré à Marie, mère de Dieu, et l’autre à saintJean, et ainsi s’expliquerait le passage assez embarrassantpuisque le verbe y est supprimé, où, dans leurlettre au clergé et au peuple de Constantinople, les Pèresdu Concile disent: «’EvOa ô 6eoX6yo; ’Iwâvvii; xal-fi©eofôxoç napOévo; tj àyîa Mapt’a.» Ils se trouvent réunisdans l’église où Jean et Marie sont honorés. VoirLes sept églises de l’Apocalypse, p. 132.
Si nous continuons notre marche vers le levant, noustrouvons le stade appuyé au midi sur le Prion et aunord sur des constructions solidement voûtées. Un portiquede l’époque romaine, qu’il est aisé de reconstituerdans son ensemble, puisque les bases des colonnes sontencore en place, donne l’idée des constructions monumentalesservant régulièrement d’avant-corps à de telsédifices. On retrouve dans les soubassements quelques-unesdes fosses où étaient tenues en réserve les bêtespour les jeux publics. On sait que les Romains se plaisaientà établir dans les centres importants des provincesconquises, ce qui faisait le charme principal, la grandeattraction des fêtes publiques à Rome, les combats debêtes et de gladiateurs. Il y en eut à Éphèse, et peut-êtrePaul, qui avait entrevu ces sanguinaires amusements, pensait-il aux malheureuses victimes qu’on yvouait régulièrement à la mort pour clore le spectacle, ëff^a™’àroîavBTioi, quand, du voisinage même de cestade, il écrivait aux Corinthiens: «Je crois que Dieunous traite, nous Apôtres, comme les infortunés quisont destinés à mourir les derniers dans l’amphithéâtre, nous donnant en spectacle au mande, aux anges et aux"hommes?» I Cor., iv, 9. En tout cas, ces luttes horribles avaient fortement frappé son imagination, et, voulantcaractériser ses propres efforts contre les adversairesde l’Évangile, il disait qu’il avait combattu contreles bêtes, s6r l pio[i.oi-/T]<ra. I Cor., xv, 32. Évidemment c’estau sens figuré qu’il faut prendre ces paroles. Cf. Appien, B. C, où Pompée s’écrie: oîoiç 67)pt’oic [ia%(5[ie8a; S. Ignacead Rom., v: (ft)pio|j.a-/ù> Sià y^s * t.).., t. v, col. 809, etla légende consignée dans les Acta Pauli (voir Nicéphore, H. E., ii, 25, t. cxlv, col. 821), d’après laquelle l’Apôtreaurait élé exposé à un lion et à d’autres bêtes féroces, estabsolument apocryphe.
Aussi peu fondée nous semble la tradition qui montresur un monticule, vers l’occident, au delà du port romain, la prison de saint Paul, dans une tour carrée quise rattache aux fortifications élevées par Lysimaque. Deuxmurs, se croisant au dedans, y forment quatre petitsappartements. On l’aborde par une porte tournée au levant, vers l’intérieur de la ville. Une inscription que lesexplorateurs autrichiens viennent d’y découvrir donne lenom de cette tour et de la colline sur laquelle elle étaitbâtie: irûpYOS toO kam&iov ni-(t>>, ainsi que de la montagneà laquelle elle se rattache, et qui s’appelait l’Hermaionet non le Coressus. — Près du mur méridionaldu stade, mais sans en faire partie, une porte cintrée(fig. 587), construite avec des débris où figurent des sculptureset des inscriptions aussi incomplètes que disparates, s’est mieux conservée que le reste des monuments avoisinants.On n’en connaît pas la destination. Peut-êtremarquait-elle l’entrée d’une voie conduisant au Prion?
Sur cette montagne courent encore en zigzag et descendenten forme de scie, — de là son nom de Ilpiiiv, —pour remonter et redescendre encore, les arasements desvieux remparls. Sur la pointe méridionale, à cent cinquantemètres de hauteur, cinq blocs de pierre marquent la placed’un temple probablement consacré à Jupiter Pluvius etque l’on trouve figuré sur une très intéressante médailled’Éphèse, conservée au British Muséum. À la jonctiondes deux collines, les Arméniens vénèrent annuellementle souvenir de saint Jean. Est-ce le lieu où il auraithabité? En tout cas, il ne faut pas chercher là son tombeau, qui se trouvait, comme nous le dirons tout à l’heure, sur la colline d’Ayassoulouk. On sait que la tradition del’Église orientale, remontant au moins à saint Modeste, patriarche de Jérusalem, en 632 (voir dans Photius lapremière des homélies de ce saint, Cod. cclxxv, t. civ, col. 243), tradition confirmée par Grégoire de Tours, Degloria martyr., 30, t. lxxi, col. 731; par le moine Cédrénus, édit. de Bonn, t. ii, p. 200, et par les Menées, supposeque Marie Madeleine mourut et fut ensevelie àÉphèse. L’itinéraire de Willibald, dans Itinera Hieros., Genève, 1880, fasc. ii, p. 288, dit que le pieux pèlerin, passant à Éphèse, alla admirer, en l’arrosant de ses larmes, la poussière en forme de manne qui sortait du tombeaude saint Jean, et se recommanda à Marie Madeleine, ensevelie en cette ville. Sa sépulture se trouvait dans uneéglise portant son nom et située sur une montagne nomméeQuiléon. Le sarcophage était tout ouvert. C’est làque l’empereur Léon le Philosophe fit prendre ses restespour les transporter à Constantinople. Voir Bollandistes, Acta sanct., 22 julii. On montre encore aujourd’hui surles hauteurs septentrionales du Prion, à l’aquilon de laville byzantine, près de la grotte des SeptDormants, untombeau qui aurait été celui de Madeleine; mais on n’yvoit pas trace d’église. Plus près du théâtre et sur l’autrecolline aurait été, diton encore, celui de Timothée. Enréalité, tout cela semble surtout très fantaisiste, et le faitque saint Jean fut enseveli sur le mont d’Ayassouloukrend peu probable l’authenticité des sépultures de la mêmeépoque sur le Prion.
Au nord du stade, d’importantes ruines dont les substructionsvoûtées subsistent encore et servent d’abri auxtroupeaux, furent, d’aprèsjes uns, un gymnase; d’aprèsles autres, le Prétoire de l’époque romaine. D’un coté il
touchait au mur de la ville, que l’on franchissait ici parla porte de Colophon, et de l’autre il n’était séparé dustade que par une grande rue à colonnades, aboutissantà la porte qui, d’après mes hypothèses topographiques, aurait été celle du Coressus. Elle regardait, en effet, cettecolline, aujourd’hui dite d’Ayassoulouk, et s’ouvrait surla voie conduisant au Coressus, en touchant au templeîle Diane.
Le péribole de ce temple ayant été retrouvé, avec uneinscription qui rapportait à Auguste, vers l’an 6 avant J.-C, sa reconstruction, M. Wood poursuivit énergiquement sessondages, sur d’arriver à un heureux résultat. Il atteignit, en effet, à six mètres sous le limon, le parvis du
avait déjà été reconstruit plusieurs fois à la même place, avant que Chersiphon donnât le plan de celui qui, aprèsdeux cent vingt ans de travaux et grâce aux dons volontairesdes villes d’Asie, était devenu une des merveillesde l’antiquité. Érostrate, pour s’immortaliser, l’incendiaen 356 avant J.-C, le jour même de la naissanced’Alexandre. Mais les adorateurs de Diane décrétèrentqu’on en relèverait un septième encore plus beau que lesixième, et, en effet, Dinocrate, utilisant tous les perfectionnementssuccessifs de l’art architectural, réussit à faireune œuvre plus admirable, semblet-il, que celle quiavait péri. Les plus grands artistes, Praxitèle, Parrhasius, Apelle et bien d’autres, y apportèrent un large contingent
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587. — Ruines de la porte dite de Lysimaque. D’après une photographie do M. Henri Camboumac.
fameux Artémisium, tout encombré de débris de colonnes, de frises et de chapiteaux. Le mur de la cella fut retrouvé, et l’ensemble de la reconstitution allait devenir facile.Malheureusement, comme nous le disait le regrettéM. Humann, les fouilles de M. Wood eurent pour butplutôt la recherche de beaux morceaux antiques qu’uneexploration des ruines, en sorte que le chercheur anglaisse tint pour satisfait quand il put rapporter à Londresquelques superbes fragments, la base sculptée et troistambours d’une des colonnes du temple, avec une tête delion de la corniche. Cessant tout à coup de déblayer leterrain, il renonça à faire une œuvre archéologique sérieuse.Avec quelques mois de plus de travail, on auraitpu constater l’exactitude des indications architectoniquesdonnées par Pline, H. N., xxxvi, 21. Depuis vingt-cinqans, les terres ont en partie envahi la fosse informe oùcoassent d’innombrables grenouilles, et où poussent lessaules pleureurs; mais les archéologues autrichiens reprendrontet mèneront à bon terme ce travail important.On sait que le fameux temple de Diane ou Artémisium
de leur génie. On a parlé ailleurs (voir col. 1404) de lacélèbre statue de Diane d’Éphèse, vénérée dans cetemple dont les dépendances étaient très considérables.Il fut pillé et détruit par les Goths, en 262. Une partiede ses marbres alla à Constantinople orner les palais, lescirques, les monuments impériaux et les églises. Cequ’on laissa en place servit plus tard à ériger une bellemosquée au pied de la colline d’Ayassoulouk.
Celte mosquée, qui tombe elle - même en ruines, n’a, quoi qu’on en ait dit, rien de commun avec les traditionschrétiennes. Ce n’est ni l’église ancienne de saint Jean, ni celle de la sainte Vierge; mais elle a été bâtie de toutespièces par les musulmans, qui voulurent avoir ici unebelle maison de prière. S’il y avait eu des hésitations dansl’esprit de quelques-uns, en raison même de l’obstinationque les rares chrétiens d’Éphèse mettaient à y supposerun vieux sanctuaire chrétien, elles doivent cesser aprèsles constatations qui viennent d’avoir lieu. Sur le grandportail occidental se trouve une inscription en relief, qui, grâce à un estampage, a été récemment déchiffrée par la
professeur Joseph Karabacek, de Vienne. Il s’ensuit quela mosquée fut bâtie, ainsi que l’avait déjà supposéM. Weber, sur les ordres du sultan Isa Ier d’Aïdin. L’inscription est datée du 13 janvier 1375.
Quant à l'église de saint Jean, qu’on appelait YAposlolicon, elle fut là où était son tombeau, non pas au basde la colline d’Ayassoulouk, mais sur la première terrasse, qu’on appelait en ce temps-là le Libate. Voir Procope, De sedif., v, 1, édit. de Bonn, t. iii, p. 310. On yarrive en franchissant le mur d’enceinte de la citadellepar une porte flanquée de tours carrées, et bâtie avec lesdébris des sièges soit du théâtre, soit du stade. Ces débris sont couverts d’inscriptions et de sculptures. Trois
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688. — Plan des ruines de l'église de Saint-Jean, relevé par M. G. Weber.
de celles-ci représentent des sujets homériques: Hectorpleuré par les siens, la mort de Patrocle, des enfants seroulant sur des outres de vin. Le peuple y vit des scènesde martyre, et l’arceau byzantin fut appelé la porte dela Persécution.
A soixante mètres de là environ, on trouve, en montant vers le nord, un amas de ruines qui proviennentd’immenses voûtes écroulées. Les bases de quatreénormes pilastres y sont encore en place. Ces pilastressoutenaient sans doute au levant, du côté de l’abside, undôme ou sorte de confession. Parmi les énormes débrisde maçonnerie en briques qui jonchent le sol, des chapiteaux marqués d’une croix grecque ont été retrouvés.Ce sont là les restes de la grande basilique élevée parjustinien, au milieu du vi» siècle, et qui demeura jusquevers la fin du moyen âge un des pèlerinages célèbres del’Orient. On serait naturellement porté à croire qu’elleabritait le tombeau de saint Jean. Cependant M. Weberest persuadé qu’il faut chercher celui-ci un peu en dehors, au sud, dans la petite église que j’avais trouvée, en 1888, détruite par un incendie, et qu’on a restauréeassez grossièrement depuis mon dernier voyage, en 1893.Ce professeur a eu l’occasion de constater que cette chapelle était bâlie sur une église antique, et, en 1870, ily a vu une excavation profonde, où l’on avait recueillidivers débris intéressants, colonnes ouvragées, trôned'évêque, chapiteaux admirablement ciselés. Les habitants de Kirkindjé, qui sont les vrais descendants des.anciens Éphésiens et demeurent attachés à la religion
chrétienne, se hâtèrent de tout enfouir, quand ils virentcomment M. Wood pillait l’Artémisium. Depuis, tout estresté sous terre, là où M. Weber l’avait vu. En explorant cette cachette trouverait-on le tombeau de l' Apôtre?C’est possible. Dans ce cas, je serais porté à croire quele petit sanctuaire lui-même était rattaché à la basilique.Pourquoi des fouilles ne sont-elles pas entreprises parun comité chrétien sur cette hauteur? Retrouver la fameuse sépulture du disciple bien-aimé, ne serait-ce pasune des meilleures fortunes de l’archéologie?
L’authenticité du site est certifiée par les ruines mêmesde la basilique construite par Justinien. Procope, Dessdific, v, 1, édit. de Bonn, 1838, t. iii, p. 310, dit decet empereur: «Sur la colline rocailleuse et inculte, enface de la ville, il édifia à la place de l’ancienne, qui tombait en ruine, une nouvelle église, si grande et si belle, qu’elle peut être comparée à celle qu’il avait bâtie à Constantinople en l’honneur des saints Apôtres, m Évidemmenton éleva le superbe monument là même où la traditionmontrait le tombeau. Or cette tradition était demeuréetoujours vivante. Eusèbe ne dit pas seulement, H. E., v, 24, t. xx, col. 496, que Jean mourut à Éphèse, maisil attesle, E. E., iii, 39, t. xx, col. 297, qu’il y avait danscette ville deux tombeaux d’hommes vénérables ayantporté le nom de Jean, l’un de Jean l’Apôtre et l’autrede Jean le Presbytre. Il fait répéter par Denys d’Alexandrie, H. E., vii, 25, col. 701, la même affirmation, età Polycrate, évêque d'Éphèse, il attribue cette parole, H. E., iii, 31, t. xx, col. 280: oOtoc èv 'Eçlo-w xexoiu.ï1t «i. Le pape Célestin, dans Mansi, t. iv, p. 1286, écritaux Pères du concile d'Éphèse: «Selon la voix de Jeanl’Apôtre, dont vous vénérez les reliques présentes.» Enfin dans la collection du même auteur, t. iv, p. 1276, nous voyons les évêques de Syrie se plaindre «qu'étantvenus de très loin, il ne leur soit pas permis de vénérerles tombeaux, Xapvaxa; , des saints et glorieux martyrs, surtout, oùy Teinta, celui du trois fois heureux Jean lethéologien et évangéliste, qui avait vécu si familièrementavec le Seigneur».
Ce tombeau avait une réputation universelle dansl'Église, et saint Augustin, Tract, cxxiy, 2, In Joa., t. xxxv, col. 1970, mentionne la tradition répandue deson temps, d’après laquelle la terre semblait y bouillonnersous le souffle de celui qui y était couché. Éphrem, patriarche d’Antioche, en 530, dans Photius, Cod. 229, édit. Bekker, p. 252-254, parle d’un parfum qu’on allaity recueillir comme à une source, et Grégoire de Tours, De glor. mart., 30, t. lxxi, col. 730, appelle cette poussière miraculeuse qui sortait du tombeau «une sorte demanne, semblable à de la farine, qui, transportée au loindans les communautés chrétiennes, y faisait de nombreuxmiracles». Le Ménologe de Basile Porphyrogénète, iii, 8 mai, t. cxvii, col. 441, raconte le même prodige. Cf. Simon Métaphraste, Patr. gr., t. cxvi, col. 704-705. Riende plus naturel que de voir les pèlerins venir en grandnombre au célèbre tombeau. Cette affiuence avait fini parêtre l’occasion de transactions considérables, dans unefoire célèbre, qui produisait jusqu'à cent livres d’or, soitquatre cent cinquante mille francs de droits de douanepour les marchandises importées ou exportées, ce quiétait d’un gros revenu pour l'Église d'Éphèse. L’empereur Constantin VI réduisit considérablement ces droits, et ce fut une première cause de déchéance pour la basilique et les autres monuments de la cité. La seconde futl’invasion turque, au xiie siècle. Nous avons dans leslettres inédites de Georges le Tornique, métropolitaind'Éphèse ( voir Parnassos, 1878, cité par M. Weber, Guideà Éphèse, p. 39), une indication sur l'état lamentable del'égiise Saint-Jean à la fin de ce xiie siècle: «Les terrasses, dit-il, sont transformées en marais, parce quel’eau y séjourne; la chaux tombe de tous côtés; les imagesen mosaïque sont détruites; les serpents et les sirèness"y réfugient, mais les pasteurs ne peuvent y habiter.» Ce Ô
cri douloureux ne fut entendu de personne, et la basilique s’effondra sur le glorieux tombeau. Chose dignede remarque, la seule population qui habite encoreÉphèse, huit ou dix familles, s’est, après bien des péripéties, instinctivement groupée aux flancs de la collinemême où l'Éphèse primitive des Lélèges avait jadis étéfondée.
Voir Guhl, Ephesiaca, Berlin, 1843; Falkener, Ephesusand the temple of Diana, Londres, 1862; Wood, Discoveries in Ephesus, Londres, 1877; E. Le Camus, Voyageaux pays bibliques, Paris, 1890, t. iii, p. 132 et suiv.; Les sept Églises de l’Apocalypse, Paris, 1896, p. 120 etsuiv,: on y trouvera la reproduction phototypique desprincipaux sites d'Éphèse; F. V..1. Arundell, Discoveriesin Asia Minor, 2 in-8°, Londres, 1834, t. ii, p. 247-272; E. Curtius, Ephesos, Berlin, 1874, et surtout G. Weber, Le guide du voyageur à Éphèse, Smyrne, 1891.
E. Le Camus.
- ÉPHÉSIEN##
ÉPHÉSIEN ('EçÉdtoç, Ephesius), originaire d'Éphèse, comme Trophime, Act. xxi, 29, ou habitant de cette ville.Act. xix, 28, 34, 35. Dans le texte grec ordinaire, Apoc, II, 1, l'église d'Éphèse est appelée 'Eçectévti èxxviriaîa.
- ÉPHÉSIENS##
ÉPHÉSIENS (ÉPlTRE AUX). Les plus anciensmanuscrits ont en tête de cette Épitre: itpo «Eçsmouç; les autres manuscrits et les versions ont le même titre, mais plus développé. Pour le détail de l’appareil critique, voir Tischendorf, Novum Testamentum grssce, editiooctava major, t. ii, p. 663. Seul Marcion et des hérétiques, au dire de Tertullien, Adv. Marcionem, v, 11, 17, t. ii, col. 500, 502, lisaient en tête de cette Épitre: ad Laodicenos. Le reproche que Tertullien fait à Marcion d’avoirinterpolé le titre: ad Ephesios, prouve l’unanimité de latradition en faveur de ce titre.
I. Destinataires de l'Épître. — La lettre a-t-elle étéécrite aux Éphésiens, et, si elle ne l’a pas été aux Éphésiens seuls, à qui était-elle adressée? Cette question areçu des réponses très diverses. Établissons d’abord lesfaits. — 1° Examen externe. — Chap. 1, ^.1, nous lisons: Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, tôt; àfcoiç toïç ouatv [èv 'Eçé<T(o] xal tucttoï; èv Xpiarw'ItietoO. La lettre primitive contenait-elle ces deux mots: iv 'Eçéffw? Si l’on excepte le Sinaiticus, le Vaticanus etle Codex 67, tous les manuscrits grecs ont Iv 'Eçéuw.A remarquer en outre que ces mots ont été ajoutés dansle Vaticanus et le Sinaiticus par une seconde main, etque dans le Codex 67 ils avaient été écrits par le copiste, puis effacés par le correcteur. Le canon de Muratori( voir Canon, col. 170), toutes les anciennes versions, ainsi que les Pères de l'Église, lisent aussi èv 'Eçécro).Cependant l’argumentation d’Origène, Commentaireperdu sur l'Épître aux Éphésiens, dans la Catena deCramer, p. 102, suppose qu’il n’avait pas èM 'Eçéum dansson texte. Saint Jérôme fait allusion probablement à cepassage d’Origène lorsqu’il dit: Alii vero simpliciternon «ad eos qui sintv, sed «ad eos qui Ephesi sanctiet fidèles sint». In Ephes., t. xxvi, col. 443. Tertullien, pas plus que Marcion, n’avait dans son exemplaire èv'Eçéutij; autrement Tertullien, t. ii, col. 500, aurait accusé Marcion d’avoir interpolé non seulement la suscription de l'Épître, mais aussi le texte. Saint Basile le Grand, Contra Eunom., ii, 19, t. xxix, col. 612, cite l’adressede l'Épître sans y intercaler èv 'Eipé<xm, et déclare queses prédécesseurs ont ainsi transmis le texte et qu’il l’atrouvé lui-même en cet état dans les anciens manuscrits. Cf. Épiphane, Her., xiii, 9, t. xii, col. 708, ett. xlvii, col. 721. — 2° Examen, interne. — Saint Paulavait fondé l'Église d'Éphèse, et, sauf une absence dequelques mois, il passa dans cette ville trois ans, del'été de 54 à la Pentecôte de l’année 57, ne cessant pendant ces trois ans, comme il le dit aux anciens d'Éphèse, de les exhorter avec larmes, jour et nuit. Act., xx, 31.Le récit des Actes des Apôtres, xviii, 19, et six, 1-xx,
prouve que la prédication de saint Paul fut écoutéeavec faveur, et que beaucoup de Juifs et de païens devinrent chrétiens. Le discours, Act., xx, 18-35, quesaint Paul adresse aux anciens de l'Église d'Éphèse, qu’ilavait appelés auprès de lui, montre bien l’affection réciproque qui unissait Paul et cette Église. Au moment dudépart tous fondirent en larmes, et, se jetant au cou dePaul, ils l’embrassèrent. Act., xx, 37. On voit d’ailleurs, dans le discours de l’Apôtre, nettement exprimées desinquiétudes au sujet des erreurs qui pourraient se glisserdans cette Église. Act., xx, 29, 30. Si nous considéronsles rapports familiers qui existaient entre Paul et lesEphésiens, les liens d’affection qui les unissaient, lespérils et les dangers de toute nature qu’ils ont courusensemble, comment expliquer le ton grave, froid, didactique, de cette lettre, où l’on ne retrouve aucun souvenirpersonnel, aucune allusion au séjour de Paul à Éphèse, aucune des effusions que l’Apôtre prodiguait d’ordinairedans ses Épîtres à ses fils dans la foi? L'Épître aux Colossiens, écrite en même temps que celle aux Éphésiens, etadressée à une Église que l’Apôtre n’avait pas fondée etqu’il ne connaissait pas, est beaucoup plus affectueuse.Col., i, 8, 9, 24; ii, 1, etc. Il envoie ses salutations auxfidèles de Colosses et à ceux de Laodicée, qu’il n’avaitjamais vus, Col., IV, 15, 18, et pour les Éphésiens, qu’ilavait évangélisés pendant trois ans, il n’a au commencement de la lettre, I, 1-2, que des bénédictions généralesà leur adresser, et à la fin, VI, 23-24, que des souhaits quipouvaient être faits à tous les chrétiens. Il ne parle pasde ces pasteurs d'Éphèse à qui il avait fait récemmentde si touchants adieux; il n’envoie aucune salutation dela part de ceux qui l’entourent. Timothée, bien connudes Éphésiens, et qui est auprès de lui, n’est pas associéà l’Apôtre pour l’envoi de la lettre, tandis qu’il l’est pourles lettres à Philémon et aux Colossiens. En outre, certains passages s’expliquent difficilement, s’ils s’appliquentuniquement aux Éphésiens, 1, 15: «C’est pourquoi, moiaussi, ayant entendu parler de votre foi au SeigneurJésus…, je ne cesse de rendre grâces pour vous.» Et plusloin, iii, 1, 2, saint Paul rappelle qu’il est, par vocationspéciale, l’Apôtre des Gentils, et il ajoute, iii, 1: «Si dumoins vous avez entendu parler, efye tjxoûwxte, de la dispensation de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée pourvous.» Enfin, après avoir décrit les désordres des païens, Paul dit à ses lecteurs, iv, 21: «Pour vous, ce n’est pointainsi que vous avez appris le Christ, si du moins vousl’avez entendu, eïye aû-rôv TjxoûdaTs, et si vous avez étéinstruits en lui…» Quoique la conjonction et-ys ait plutôtun sens emphatique qu’un sens négatif, et qu’elle ne suppose chez l'écrivain aucun doute au sujet de l’idée qu’ilexprime (Hort, Prolegomena to the Ephesians, p. 95), il n’en reste pas moins difficile à comprendre que saintPaul ait pu adresser de semblables paroles à une Églisequi lui devait toute la connaissance qu’elle avait de JésusChrist et de son Évangile. Quelques critiques ont conclu deces observations que cette Épitre n'était pas de saint Paul.Faisons remarquer que, au contraire, si elle était d’unfaussaire, celui-ci aurait eu soin, pour lui donner un cachetd’authenticité, d’y intercaler des détails rappelant les rapports de Paul avec l'Église d'Éphèse, et qu’il aurait évitétout ce qui pouvait faire mettre en doute que saint Paulfût l’auteur de l'écrit. — 1. Un grand nombre de critiques, Usher le premier, et à sa suite, parmi les catholiques, Garnier, Dupin, Vallarsi, Hug, Glaire, Reithmayr, Valroger, Lamy, Bisping, Duchesne, Fouard, et parmi lesnon-catholiques, Bengel, Olshausen, Reuss, Oltramare, Ellicott, Lightfoot, Hort, Weiss, Haupt, Abbott, Zahn, etc., expliquent les faits en supposant que l'Épître aux Éphésiens est une lettre encyclique. Elle était adressée auxÉglises d’Asie Mineure, et Tychique, porteur aussi deslettres à Philémon et aux Colossiens, écrites à la mêmeépoque, devait la remettre aux destinataires. En avait-onfait plusieurs copies, ou bien Tychique avait-il une seule
lettre, qui était lue à chaque communauté chrétienne, etdont celle-ci prenait copie en y insérant son-nom au premier verset: IlaCiXoç…, toîç &y(o'.; toï; owtiv Èv…? C’estce qu’on ne peut préciser, quoique la seconde hypothèseparaisse plus probable. Cette lettre est celle que les Colossiens devaient recevoir de Laodicée, Col., iv, 16; car lalettre de Laodicée n'était pas une lettre spécialementadressée aux Laodicéens, autrement saint Paul n’auraitpas chargé les Colossiens, Col., IV, 15, de ses salutationspour les frères de Laodicée; il les leur aurait envoyéesdans la lettre dont il parle, iv, 16. Toute la tradition latenait unanimement pour adressée aux Éphésiens, parceque probablement la copie qui a subsisté et qui a fait foiétait celle de l'Église d’Ephèse, métropole de l’Asie. Quedes copies avec une autre adresse aient existé, le fait estprouvé par Marcion. Si cette Épître est une lettre-circu-laire, on comprend très bien que Paul, s’adressant auxÉglises ethnico - chrétiennes d’Asie et de Phrygie, quepour la plupart il n’avait pas évangélisées, l’ait écrite enson seul nom, sans y joindre celui de Timothée; qu’ilfasse ressortir sa vocation d’Apôtre des Gentils, ainsi quela révélation par laquelle il a connu le plan de Dieupour la rédemption du genre humain, iii, 2-12; qu’il n’yait introduit rien de spécial à qui que ce soit, aucunesalutation particulière, et que d’ailleurs Tychique ait étéchargé de transmettre à chacun ce qui lui était particulieret les détails sur les actes de l’Apôtre. Eph., VI, 21. —2. D’autres critiques, Goldhagen, Danko, Drach, Bacuez, Cornely, maintiennent que la lettre a été écrite aux seulsEphésiens. On fait remarquer, que les preuves externessont pour la destination exclusivement éphésienne, ainsiqu’il ressort de ce qui a été dit plus haut. Les argumentsinternes, qui paraissent s’y opposer, peuvent être expliqués. Les paroles de saint Paul, i, 15; iii, 2; iv, 20, n’ontpas le sens qu’on leur attribue. Voir Cornely, Introd. inNovi Testamenti libros, p. 497. Les Épîtres aux Thessaloniciens et la seconde aux Corinthiens sont privées ausside salutations, ainsi que l'Épitre aux Galates; il est vraique celle-ci était circulaire. Le P. Cornely ne peut expliquer pourquoi Paul s’est abstenu dans cette lettre desallusions personnelles, si fréquentes dans les autres; maiscette difficulté nelui paraît pas suffisante pour abandonner la tradition, qui unanimement l’a crue adressée auxÉphésiens. Elle n’a en outre aucun des caractères d’unelet’re - circulaire, comme celle qu'écrivit l’Apôtre auxÉglises de Galatie ou celle à l'Église de Corinthe, quidevait être communiquée aux fidèles de l’Achaïe. Il estridicule enfin de supposer que Paul avait laissé dansl’adresse de sa lettre un espace, en blanc qui devait êtrerempli par le nom de ceux à qui Tychique remettaitl'Épitre. L’occasion et le but de cette Épître peuvent s’expliquer de la même manière, quelle que soit l’opinionque l’on adopte au sujet des destinataires.
II. Occasion et but de l'Épître aux Éphésiens. —Il est impossible de dire avec certitude à quelle occasionet dans quel but saint Paul écrivit l'Épitre aux Éphésiens. Cette lettre semble être simplement une expositiondogmatique et morale du christianisme. Aussi plusieurscritiques soutiennentils que saint Paul n’a pas eu enl'écrivant de but déterminé, mais qu’il voulait communiquer aux chrétiens d’Asie un don spirituel, ^âpuri**7rvEu(iaTtxôv, comme il fit autrefois pour les Romains.Rom., i, 11. Cependant, étant donné les relations entrecette lettre et l'Épitre aux Colossiens, il est possible defaire sur les intentions de l’Apôtre quelques conjecturesplausibles. Saint Paul, prisonnier à Rome, avait apprisd'Épaphras, son disciple, quelle était la situation religieuseet morale de l'Église de Colosses et probablement aussicelle des autres Églises d’Asie. Il écrivit donc à Colosses, pour prémunir les chrétiens de cette ville contre leserreurs qui se faisaient jour spécialement chez eux^ et enmême temps il écrivit une seconde lettre, où il traitaitla question à un point de vue plus général. Ce fut la lettre
aux Éphésiens. Il y enseigne l’unité de l'Église en JésusChrist; mais il semble ressortir de divers passages quecet enseignement général a pour but de prémunir seslecteurs contre certaines erreurs, qui tendaient à se répandre dans les Églises d’Asie. L’Apôtre ne combat pasdirectement les erreurs, mais il les détruit en enseignantles vérités chrétiennes qui leur sont opposées.
1° En effet, le christianisme avait fait de rapides progrès dans les villes de l’Asie; les nouveaux convertisétaient des Juifs, fort nombreux dans ce pays, et desGentils adonnés aux désordres moraux, ainsi qu’aux superstitions et aux spéculations transcendantes, originairesde l’Orient, Probablement les Juifs méprisaient les païens, qui n’avaient pas eu part à l’ancienne alliance; de lànécessité pour l’Apôtre de leur enseigner à tous le mystère qui lui avait été révélé, l'Évangile, pour lequel ilavait été appelé à l’apostolat. Il fallait donc établir laposition des païens dans l'Église en face des Juifs, etmontrer que les païens n'étaient plus des étrangers, maisdes concitoyens des saints, Eph., Il, 19, qu’ils faisaientpartie d’un même corps et qu’ils étaient participants à lamôme promesse en Jésus-Christ par l'Évangile, iii, 6, etqu’ainsi le mur de séparation étant abattu, ii, 14, tous, païens et Juifs, devaient, ainsi qu’il les exhorte, avoir «un seul corps et un seul Esprit (comme aussi vous avezété appelés dans une seule espérance de votre vocation), un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seulDieu et Père de tous». IV, 4-6.
2° Ces païens, et peut-être aussi les Juifs, étaient imbusdes spéculations orientales, qui s'étaient fait jour à Colosses. Saint Paul y fait allusion quand il dit que lesApôtres ont été établis pour l'édification du corps duChrist, jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l’unitéde la foi et de la connaissance du Fils de Dieu…, «afinque nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportésçà et là par tout vent de doctrine, par la tromperie deshommes, par leur ruse dans les artifices de l'égarement.» Eph., IV, 12-14. Pour mettre ses lecteurs en garde contreces erreurs, l’Apôtre leur rappelle que la grâce a été répandue sur eux avec toute sorte de sagesse et de jugement, I, 8; que l'Évangile du salut est parole de vérité, I, 13, et enfin lorsqu’il établit dans tout ce paragraphe, I, 3-14, la dignité suréminente de Jésus-Christ. Plus loin, 15-23, en opposition aux théories des faux docteurs sur les anges, il affirme la souveraineté duChrist sur tous les êtrescréés, célestes et terrestres; et pour combattre le fauxascétisme, il montre comment jles bonnes œuvres sontle fruit de la foi. ii, 9, 10. Ce' point de vue ressort biendavantage dans la deuxième partie de l'Épitre, où saintPaul a voulu établir que la famille était d’institutiondivine, que l’union des époux devait être sainte; c’est unavertissement de ne pas écouter ceux qui, sous prétexted’atteindre à une sainteté supérieure, prétendaient quele mariage est une souillure.
3° Enfin ces païens, ainsi que le leur dit saint Paul, étaient morts par leurs offenses et leurs péchés, dans lesquels ils ont marché autrefois, et tous, les Juifs aussibien, vivant dans les convoitises de la chair, faisant lesvolontés de la chair et de leurs pensées, ii, 1-3, devaientêtre instruits de leurs devoirs moraux, pour être purs etsans tache en présence de Dieu. I, 4. — Le but de saintPaul, en écrivant sa lettre aux Éphésiens, a donc été dedévoiler le plan éternel de Dieu pour le salut de l’humanité par la rédemption de Jésus-Christ, et d'établir queJuifs et païens formaient un seul corps, l'Église chrétienne, et ensuite d'édicter les préceptes moraux de lavie chrétienne, suite nécessaire du salut en Jésus-Christ.
III. Lieu de composition et date de l'ÉpItre. — Ellea été écrite par saint Paul, prisonnier, Eph., iii, 1; iv, 1, et a été portée à sa destination par Tychique, en mêmetemps que l'Épitre aux Colossiens. Eph., vi, 21; Col., iv, 7, 8. Elle a donc été composée probablement à Rome, vers la fin de l’an 61 ou au commencement de l’an 62,
où, suivant Cornely, à la fin de l’an 63. Voir les preuves, Colossiens (ÉpItre aux), t. ii, col. 867-869. Harnack, Die Chronologie der altchr. Literatur, t I, p. 717, placeles Épîtres de la captivité, aux Colossiens, à Philémon, aux Éphésiens, aux Philippiens, en l’an 57-59 (56-58).Il est difficile de dire laquelle, de l’Épitre aux Colossiensou de celle aux Éphésiens, a été écrite la première. Ellesprésentent des ressemblances si frappantes d’idées et determes, qu’elles ont dû être composées à la même époque, peut-être à quelques jours de distance seulement. Lalettre aux Colossiens étant plus particulière, visant deserreurs plus définies, et celle aux Éphésiens étant plusgénérale, on en a conclu ordinairement à la priorité del’Épitre aux Colossiens; cette fixation repose sur des donnéestoutes subjectives.
IV. Canonicité. — La canonicité de l’Épitre aux Éphésiensressort de ce fait que, ainsi que nous allons ledémontrer, elle a été employée par les Pères de l’Églisedes premiers siècles comme Écriture divine, et qu’elleest cataloguée dans la plus ancienne liste d’écrits canoniques, le canon de Muratori, et dans les autres canons.Elle est dans les vieilles versions latines et syriaques, dans les plus anciens manuscrits, Vaticanus etSinaiticus, avec ce titre: ad Ephesios.
V. Authenticité. — 1o Preuves extrinsèques. — Latradition chrétienne a unanimement cru que l’Épitre auxÉphésiens avait été écrite par saint Paul. Saint lrénéeest le premier qui nomme Paul comme l’auteur de cettelettre, mais elle a été connue par les Pères apostoliques.Quelques passages de saint Clément Romain ont pu êtreinspirés par l’Épitre aux Éphésiens: I Cor., xlvi, 5, 6, 1. 1, col. 308, et Eph., iv, 4-6; I Cor., lxiv, t. i, col, 304, etEph., i, 4; I Cor., xxxvi, 2, t. i, col. 281, et Eph., i, 18; I Cor., xxxviii, 1, t. i, col. 284, et Eph., v, 21. Les ressemblancesentre ces divers passages sont très vagues, et ilserait possible qu’elles viennent du fond commun de la traditionchrétienne; deux seulement ont plus de consistance.Chap. lxiv, t. i, col. 304, saint Clément dit en parlant deDieu: ’0 £xXe! |àu£voc tôv Kvpsov’It)<joOv Xpuiôv xct *ii*5îSi’ctÙToû eïç ao-i nspioiiffiov. Quoique ce texte ait pu avoirson origine première dans le Deutéronome, xiv, 4, lacombinaison de l’élection de JésusChrist et de celle deschrétiens par le moyen de Jésus-Christ pour être le peuplepréféré de Dieu, la seconde élection dépendant de la première, cette combinaison rappelle de très près Eph., i, 4.
— Chap. xlvi, 6, t. i, col. 307, saint Clément demandeaux Corinthiens: "H où/i êva ©ebv s^opttv xai eva Xptjrovxa êv mve’j|ia ttjç ^âpiTOç t’o èx^uflèv èç’t^ïç, xa fiîaxXfjot; h Xpio-E<jS; paroles qui rappellent Eph., iv, 4-6, et cela d’autant plus que saint Clément ajoute: «Pourquoidisperser les membres du Christ et troubler par desséditions son propre corps, et en venir à une telle folied’oublier que nous sommes les membres les uns desautres?» Cf. Eph., IV, 25. — La Doctrine des douzeApôtres, IV, 10, 11, et l’Épitre de Barnabe, xix, 7, t. ii, col. 777, contiennent des préceptes aux maîtres et aux serviteurs, lesquels ressemblent beaucoup à ceux de l’Épitreaux Éphésiens, vi, 9, 5. — Les critiques ne sont pas d’accordsur le sens de ce passage de saint Ignace d’Antioche, Ad Eph., xii, 2, t. v, col. 656: «Vous êtes les co-initiés, ffu(i[ivffTai, de Paul, ôç iv tïxctt] eTuatoXy] [ivyjfioveuei 6[icov.» Fautil traduire: Paul, qui, dans toute sa lettre ou danstoute lettre, se souvient de vous? Le premier sens supposeraitune allusion de saint Ignace à l’Épitre aux Éphésiens, mais il est peu conforme aux règles grammaticales.On retrouve cependant dans la lettre de saint Ignaceaux Éphésiens plusieurs expressions qui ont pu être inspiréespar l’Épitre aux Éphésiens. Voir en particulierl’adresse de l’épître, t. v, col. 644, et Eph., i, 1; Ad Eph., 1, 1, t. v, col. 644, (iipirjT*t ôvte; éîoû, cf. Eph., v, 1. Dansl’épître à Polycarpe, v, 1, t. v, col. 724, Ignace l’engageà ordonner à ses frères: àixr.iv ti; «uilSîo-jç <î>; & KOpio; ït|v’ExxXtjjîï’». Cf. Eph., v, 29. La description de l’armure
que doit revêtir le chrétien, Ad Polyc, vi, 2, t. v, col. 726, a été suggérée par Eph., vi, 11. Saint Polycarpe écrit auxPhilippiens, i, 3, t. v, col. 1005: EiSfoe; ôti zipirt è<rreaeuwfiivoi o-jx IÇ ëpY<ov àXXà 6eXirç|j.aTi 0eoO 8tà’It)<joOXpurroû; cf. Eph., ii, 8, 9. Comparez encore Polycarpe, Ad Philipp., xii, 1, t. v, col. 1014, et Eph., iv, 26; Hermas, Mand., iii, 1, t. ii, col. 917, et Eph., iv, 25, 29; Mand., x, 2, 5, t. ii, col. 940, et Eph., iv, 5. Saint Justin, Contra Tryph., xxxix, 7, t. vi, col. 559, cite le Psaumelxviii, 19, sous la forme que lui donne Eph., iv, 8. Saintlrénée, citant des passages de l’Épitre aux Éphésiens, Eph., v, 30; ï, 7; ii, 11-15, les introduit par ces paroles: Kaôùic à [iaxip-.o; IlaûXoc çTjtriv èv tïj itpô{’Ef e<n’ou «ImffToXïj, Adv. hser., v, 2, 3, t. vii, " col. 1126, et: Quemadmodum apostolus Ephesiis ait, Adv. hser., v, 14, 3, t. vii, col. 1163. Clément d’Alexandrie attribue aussinommément l’Épitre aux Éphésiens à saint Paul, Strom., iv, 8, t. viii, col. 1275; Psed., i, 5, t. viii, col. 270. Il enest de même d’Origène, De princip., iii, 4, 1. 1, col. 328.Du témoignage de Tertullien, Adv. Marc, v, 11, 17, t. ii, col. 500 et 512, il ressort qu’il a existé une lettre de Paul, que Marcion disait avoir été adressée aux Laodicéens, tandis qu’au témoignage de l’Église elle l’avait été auxÉphésiens. Pour le témoignage que les hérétiques, Naasséniens, Basilides, Valentin et ses disciples Ptolémée etThéodote, rendent à l’authenticité de l’Épitre aux Éphésiens, voir les références dans Cornely, Introd. in NoviTest, libros, p. 506-507. — Après avoir discuté les preuvesexternes d’authenticité, Ilort conclut qu’il est à peu prèscertain que l’Épitre existait vers l’an 95, et absolumentcertain qu’elle existait quinze ans plus tard. On pourraitfaire remarquer que l’existence de l’Épitre aux Éphésiensse trouve attestée par l’usage qui en a été fait dans la premièreÉpItre de Pierre. Cette question sera discutée plusloin.
2o Preuves internes. — Les critiques qui nient, entotalité ou en partie, l’authenticité de l’Épitre aux Éphésiensprésentent surtout des arguments tirés de l’exameninterne de cette lettre. Usteri, Entwkkelung des paulinischenLehrbegriffs, 1824, émit, sous l’influence deSchleiermacher, des doutes sur l’authenticité de l’Épitreaux Éphésiens. Ainsi qu’on le voit par son Einleitung indas Neue Test., publié en 1845, Schleiermacher rejetaitcette Épitre, parce qu’elle n’était paulinienne ni par lalangue ni parles idées; deWette, Einleitung in das NeueTest., 1826, soutint que l’Épitre aux Éphésiens, œuvred’un disciple de Paul, était une paraphrase verbeuse del’Épitre aux Colossiens; Ewald, Davidson, Renan, Ritschl, Weizsàcker, ont adopté cette théorie, en la modifiant pinsou moins. Baur et ses disciples, Schwegler, Kôstlin, Hilgenfeld, Hausrath, ont cru découvrir dans l’Épitre auxÉphésiens des traces de gnosticisme et de montanisme, etl’ont repoussée jusqu’au milieu du n» siècle. Pfleidererla regarde comme l’œuvre d’un judéo-chrétien, paulinien, désireux de réconcilier les partis adverses. Hitzig et Holtzmannsupposent qu’il a existé une lettre primitive de saintPaul aux Colossiens, d’après laquelle un disciple de Paula écrit l’Épitre aux Éphésiens; de Soden et Klbpper ontplus ou moins modifié cette hypothèse, mais ont niél’authenticité. — Toutes les objections soulevées contrel’authenticité de l’Épitre aux Éphésiens peuvent être classéessous trois chefs: la forme, le fond de l’Épitre et sesrapports avec l’Épitre aux Colossiens.
ï. forxb de L’épître. — Nous devrions d’abord répéterles réflexions que nous avons déjà faites, col. 872, àpropos d’objections analogues dirigées contre l’Épitre auxColossiens, à savoir qu’un écrivain serait bien monotone, si on trouvait dans ses livres toujours le même nombrerestreint de mots; en outre, qu’il est difficile de juger lalangue d’un écrivain dont on a quelques lettres seulement, et qu’en tout cas les Pères grecs, bons juges en lamatière, ont tous accepté cette Épître comme étant desaint Paul. Constatons seulement qu’actuellement, même
chez les critiques rationalistes, on se rend compte combienest peu décisif ce critérium de la langue, et du style.Pour en faire un usage légitime il faudrait posséder, pourles mettre en comparaison, des ouvrages du même auteur, écrits à peu près à la même époque et sur un sujet analogue.
1° Langue de l’Épître. — D’après Thayer, il y a quarante-deuxmots dans cette Épltre qui ne se retrouventni dans saint Paul ni dans les autres écrits du NouveauTestament; il y en a, d’après Hollzmann, trente-neuf quise rencontrent dans le Nouveau Testament et non dansles lettres de saint Paul, donc quatre-vingt-un motsinconnus à saint Paul, et dix-neuf qu’on ne trouve querarement dans les écrits de saint Paul. Enfin de Wettecite une dizaine de mots qui n’ont pas dans l’Épitre auxÉphésiens le même sens que dans les autres Épltres. Uneobservation importante doit être faite tout d’abord. Lesphénomènes que nous venons de relever se reproduisentdans les autres Épltres de saint Paul; chacune d’elles aun certain nombre de mots que l’Apôtre n’a pas employésailleurs, mais qui ne sont nullement caractéristiques, etelle possède aussi des mots qui sont des feai; Xeyôjieva.Relativement, l’Épitre aux Éphésiens en a moins que lapremière Épitre aux Corinthiens. La première a 2400 motset 42 cÉTt. Xey., la deuxième a 5000 mots et 108 o.k. Xey.; par conséquent, il y a 2° / d’Sit. Xey. dans l’Épitre auxCorinthiens, et seulement 3/5 dans l’Épître aux Éphésiens.Mais il importe surtout d’examiner les mots del’Épitre aux Éphésiens que saint Paul n’a pas employésailleurs, les Épltres pastorales et l’Épître aux Colossiensexceptées. Il y en a quatre-vingt-un; sur ce nombre itfaut d’abord défalquer neuf mots qui ne se trouvent quedans les citations de l’Ancien Testament; quinze se retrouventdans l’Épitre aux Colossiens et sont pauliniens, puisque cette Épitre est actuellement tenue pour authentiqueen très grande partie, même par les critiques rationalistes.Quelques mots tels que ôryvota, ànonàu>, 8ûpov, [liyeôoç, çpôvi)<ji; , ûij/oc, sont des mots si communs, qu’ons’étonne que saint Paul ne les ait pas employés dans sesautres Épîtres. Comment aussi ne retrouve-t-on pas dansses lettres awtïipiov et svairXayxvo;? De plus, ces mots, employés une seule fois dans l’Épître aux Éphésiens, nepeuvent être regardés comme caractéristiques d’un écrivain.Parmi les mots signalés, il en est qui appartiennentà la description de l’armure du chrétien et par là mêmesont spéciaux; il y en a six. Aé<rquoç, qu’on retrouved’ailleurs dans l’Épitre à Philémon, i, 9, ne pouvait êtreemployé que par Paul prisonnier. Cependant, lorsquePaul dit qu’il est dans les chaînes, il se sert du terme êvSeu[ioïç, voirPhil., i, 7, "13, 14, 17, tandis qu’ici il emploie: iv âXùoet; «peffëeûw èv âMæt, vi, 20: l’Évangile pour lequelje suis ambassadeur, vêtu d’une chaîne. Cette diversitédes mots s’explique, parce qu’ici il s’agit de captivité engénéral plutôt que de chaînes concrètes. On trouve aussiplusieurs mots composés avec <xùv; cela s’explique par lesujet traité: unité de l’Église, union du chrétien en Jésus-Christ; il en est de même pour les mots é-/apiT «><Tev, ixXi)pâ>6ï)|i.ev) demandés par l’idée développée. Les autresmots, tels que xocTapTia[16ç, irpoo-xapTÉp^atç, ôaioT7]î, avoi-Çic, ne peuvent être regardés comme étrangers à saintPaul, puisque celui-ci a employé des termes analogues: xaTapTi’Çw, xotTàpuixtç, itpo<TxapTepeîv, jac’wc, avoifo)- Remarquonsenfin que l’Épitre aux Galates, regardée commeauthentique même par Baur et son école, contient quarante-deuxmots qui ne sont pas dans les autres Épîtresde saint Paul. Ceci montre le peu de valeur de ces calculsde mots. L’observation de de Wette serait plus sérieusesi elle était fondée. Saint Paul, dit-il, exprime autrementcertaines idées, et les mots employés ici ont un sensdifférent dans ses autres Épîtres. Mais il n’en est rien.EuXoyîot, dans Eph., i, 3, a le même sens que dans Rom., xv, 39; oiûva, Eph., ii, 2 = Rom., xii, 2; Gal., i, 4; funiaou, Eph., iii, 9 = çwti’ohov, II Cor., iv, 4, 6; ivarf, piov, Eph., v, 32 = I Cor., xv, 51; xiii, 2; Rom., xi, 25; <xcp6ap<xta, Eph., vi, 24 = Rom., iii, 7; I Cor., xv, 53, 54; oixovofu’a, Eph., iii, 2 = 1 Cor., ix, 17. Les mots kXy]pow, Eph., iv, 10; hXt)Poù<tt: iii, Eph., i, 23; iii, 19; «Xt, pw(ia, Eph., i, 10, 23; iii, 19; iv, 13, mériteraient d’êtrediscutés à part. En fait, ils ne sont que l’extension d’unsens de ces mots, familier à saint Paul. Quant à 81160Xoc, Eph., iv, 27; vi, 11, nous ne voyons pas pourquoi saintPaul l’a employé de préférence à Estoc-vcU, le mot dontil s’est servi huit fois dans les autres Épîtres. Les écrivainsdu Nouveau Testament emploient indifféremmentSiâêoXo; et Earotvâ; , il est probable que saint Paul aurafait de même. Il serait trop long de nous arrêter auxautres expressions mises en cause; on les trouvera discutéesdans le commentaire d’Oltramare, et surtout présentéesen détail dans Brunet, Authenticité de l’Épîtreaux Éphésiens, preuves philologiques, p. 59-75. Il seraitaussi possible de prouver que les formules caractéristiquesde cette Épitre se retrouvent dans saint Paul, c’estce qui a été fait dans Brunet, Authenticité, p. 21-52.Enfin nous avons dans l’Épitre aux Éphésiens vingt-deuxmots que saint Paul seul a employés, car on ne lesretrouve pas dans le Nouveau Testament: àya6<TÛVï], v, 9; àXr, 6eôsiv, IV, 15; àvaxe^aXaioucOo», I, 1; àveïi/vt’aa-co; , III, 8; àitXÔTïjç, vi, 5; àppaêûv, 1, 14; lm-/oç-tftla., iv, 6; eûvoia, vi, 6; eûwSia, v, 2; GôXtisiv, v, 29; xâpi-TtTeiv, m, 14; Tteptx-paXaia, vi, 17; TtXeovéxTvic, v, 5; 7toîr)[ia, II, 10; jtpea-êeûeiv, vi, 20; 7cpoerot[iâÇetv, II, 10; Tipooaytoy^, II, 18; 7cpoTt6ej9a[, I, 9; utoôetria, I, 5; ÛTcepëâXXssv, I, 9; ii, 2; Û7tepexTepi<T<Toû, iii, 20; àpa oiv, ii, 19, très remarquable comme caractéristique du style de saintPaul, qui l’a employé douze fois, tandis que les autresécrivains du Nouveau Testament ne l’emploient jamais.2° Style de l’Epître. — 1. Le style de l’Épitre, a-t-ondit, est lourd, embarrassé, diffus; les particules logiquesoîv, apa, apa oiv, 81b, 81<Sti, yàp, y sont rares; l’auteurabuse de Voratio pendens. Les phrases sont d’une longueurdémesurée; elles sont reliées par des clauses qui insèrentmal les propositions l’une dans l’autre, ou elles sont coupéesde parenthèses ou brisées par des constructions grammaticalesirrégulières. Il y a répétition des mêmes mots, accumulation de génitifs. Haupt, Der Brief an die Epheser, p. 56, relève quatre-vingt-treize génitifs. Il signale lesliaisons prépositionnelles, étrangères à saint Paul: àyaôbç7tpôç ti, iv, 29; àyâroi [isrà TtfaTCwç, vi, 23; 8éy]<ti; nepi, vi, 18; xa-à ttjv eû80xiav, i, 5, 9; les unions de motsautres que dans saint Paul: àyarcàv T7jv’ExxXï)<n’av, v, 25; 818ôvai ttvi tt, i, 22; forte yivwmcovrec, v, 5; îva, avecl’optatiꝟ. 1, 17; iii, 16; 7tXïipoûa8ai ef «ti, ii, 19. Les mêmesobservations pourraient être faites au sujet d’autres Épîtres.Toutes les fois que l’Apôtre ne combat pas directementdes adversaires et qu’il expose une doctrine, son styledevient traînant. Voir Colossiens (Épître aux), col. 873.Les particules logiques, étant donné que l’Apôtre raisonnepeu ici, sont cependant suffisamment représentées: .o5v, quatre fois; àpa oiv, une fois; 811>, cinq fois; yàp, onze fois. C’est à peu près les mêmes proportions quedans l’Épitre aux Galates. Les longues phrases, baséessur Voratio pendens, se retrouvent dans les Épîtres incontestéesde Paul, quand il fait, comme dans les passagesincriminés de l’Épître aux Éphésiens, i, 3-14, 15-23; ii, 1-10, 11-18; iii, 1-12, 14-19; iv, 11-16, des souhaits auxfidèles, Rom., i, 1-8; Gal., i, 1-6, ou des actions de grâcesà Dieu pour eux, I Cor., i, 4-9; Phil., i, 3-8, ou biendans les expositions doctrinales ou historiques. Rom., ii, 13-16; iv, 16-22; V, 12-21; Gal., ii, 1-11; Phil., i, 26-30.Il est inexact que la phrase de l’Épitre soit verbeuse; elleest plutôt condensée, pleine de pensées et marchant d’uneallure très grave. Von Soden, comparant l’Épître auxÉphésiens aux autres lettres de Paul, dit que les deuxécrivains de ces Épltres avaient des caractères différents; l’un était flegmatique et l’autre colérique. Le calme quise montre dans notre Épitre est peut-être dû aux cir
constances et au caractère de la lettre, qui était circulaire, générale, d’exposition positive, plutôt que polémique, particulière ou de discussion. Le seul point decomparaison est avec Rom., i, 6, ou viii, 25-39. C’estavec raison que Haupt caractérise les différences de styleentre l’Épître aux Éphésiens et les autres Épitres de Paulen remarquant que celles-ci sont dramatiques et celle-làest lyrique. C’est bien, en effet, l’impression que donnela partie dogmatique des trois premiers chapitres, qui estune suite de bénédictions, d’actions de grâces et de prières.Pourquoi ne serait-ce pas un de ces hymnes dont Paulnous parle dans l’Épître aux Corinthiens et dont nousretrouvons des exemples ailleurs, I Cor., xiii, ou bienun xâpKTjva irvev|i(XTixbv, un don spirituel, comme l’Apôtredit aux Romains, i, 11, qu’il veut leur en communiquerun, afin qu’ils soient affermis? Quant aux autres reproches, on pourrait faire remarquer que les phénomènes viséssont plutôt caractéristiques de la langue de saint Paul.Voir Lasonder, Disquisitio de linguse paulinse idiomate, II, p. 110 et p. 15.
u. doctrine de L’Êpitre. — L’effort de la critiquerationaliste a porté principalement sur la doctrine del’Epître; on a soutenu: 1o que les doctrines caractéristiquesde saint Paul étaient absentes de l’Epître aux Éphésiens, et 2o que celles qu’on y trouve étaient étrangèresà saint Paul. — 1o Absence de doctrines spécifiquementpauliniennes. — Puisque nous avons à répondre à des critiquesqui refusent de tenir pour pauliniennes les Épitrespastorales et l’Épître aux Hébreux, nous puiserons nosarguments dans les autres Épitres de saint Paul, et, afinde tenir compte de l’hypothèse qui voit dans l’Epître auxÉphésiens une compilation formée à l’aide d’une lettreprimitive aux Colossiens, nous laisserons même de côtécette Épltre aux Colossiens. On ne trouve plus, dit-on, dans la lettre aux Éphésiens la polémique contre lesjudaïsants, ni la doctrine de la justification par la foi, surlaquelle saint Paul revient avec tant d’insistance dansses Épîtres incontestées. Cette doctrine ne se retrouveplus, en effet, ici dans les mêmes termes que dans leslettres où saint Paul avait à combattre les Juifs ou leschrétiens judaïsants, parce que l’Apôtre n’avait plus àconvaincre des hommes pour qui la pratique de la loiaurait été la base nécessaire de la justification. Il parlaità des païens «morts par leurs offenses et par leurs péchés», Eph., Il, 1, et il leur déclare que c’est par la grâce qu’ilssont sauvés, ii, 6, par la foi, ii, 8, que cela ne vient pasd’eux, que c’est le don de Dieu: «ce n’est point par lesœuvres, afin que personne ne se glorifie.» ii, 8, 9. Et ilrésume toute sa doctrine, telle qu’elle ressortait de l’Épîtreaux Romains, dans ces paroles adressées aux Éphésiens: «Car nous sommes son ouvrage (de Dieu), ayant étécréés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieua préparées d’avance pour que nous y marchions.» ii, 10.Saint Paul insiste dans cette lettre sur le principe dusalut, qui est la grâce de Dieu; mais il n’oublie pas lemoyen de salut, qui est la foi, ii, 8; iii, 17; vi, 23, productricedes bonnes œuvres, ii, 10. C’est bien la vraiedoctrine de saint Paul. Rom., vi, 4, 14; iii, 20, 27; iv, 2; vin, 3, 4; ix, 11; I Cor., i, 29; Phil., ii, 12, 13. Il en estde même pour la conception de la chair, aipl, siège desdésirs et du péché. Eph., ii, 3, et Rom., viii, 3; Gal., v, 13, 16, 19. Il serait possible en outre de montrer que lesdoctrines enseignées dans l’Épître aux Éphésiens se retrouventdans les autres Épitres de saint Paul. Le projetde Dieu pour le salut des hommes, Eph., i, 4-11 = Rom., vin, 28-30; ix, 8-24; xvi, 25, 26; I Cor., ii, 7; Gal., iv, 4, 5; la réunion de tous les êtres en JésusChrist, Eph., l, 10, est esquissée dans ses parties constitutives dansRom., viii, 34; iii, 22, 29-30; iv, 9, 16; v, 9-11; xi, 23-32; I Cor., xil, 27; Phil., ii, 9. Comparez encore Eph., i, 16, et Rom., i, 9; Eph., i, 20, et I Cor., xv, 25; Eph., i, 22, et I Cor., xv, 27; Eph., i, 22, 23, et Rom., xil, 5; I Cor., in, 6; Eph., ii, 5, et Rom., v, 6; Eph., iii, 4, et Rom.,
v, 1, etc. — 2o Présence de doctrines non pauliniennes.
— Il est certain que chaque lettre de saint Paul renfermeune certaine portion de doctrine nouvelle par rapport auxautres lettres. Serait-il possible qu’un esprit aussi puissantque celui de l’Apôtre, favorisé qu’il était d’ailleurspar l’abondance des dons du Saint-Esprit, restât cantonnédans une unique doctrine, toujours exprimée de la mêmemanière? Si nous trouvons dans notre Épître des doctrinesqui ne sont pas ailleurs, nous devons néanmoins les tenirpour pauliniennes, pourvu qu’elles ne soient pas contradictoiresavec les précédentes et qu’elles puissent êtreconsidérées comme le développement naturel de doctrinesantérieures. Or tel est l’enseignement de l’Épître auxÉphésiens. Il est inutile de répondre aux accusations degnosticisme ou de montanisme dirigées contre l’Épîtreaux Éphésiens, puisque actuellement les critiques n’entiennent plus compte. Comment d’ailleurs cette Épîtreaurait-elle pu être imprégnée du gnosticisme et du montanismedu n» siècle, puisqu’il est prouvé par les textesqu’elle existait à la fin du Ier siècle? — 1. Jésus-Christoccupe ici, dit-on, une place prédominante, qu’il n’a pasdans les autres Épîtres; il est le médiateur de la création, le centre de la foi, de l’espérance et de la vie chrétienne, la source de toutes les grâces. Il est vrai que l’attentiondu lecteur est portée d’une manière spéciale sur Jésus-Christ; mais toutes les attributions du Christ, mises aupremier plan dans cette Épître, se retrouvent ailleurs. «Pour nous, dit saint Paul aux Corinthiens, I Cor., viii, 6, il n’y a qu’un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sonttoutes choses et par qui nous sommes.» Cf. I Cor., xv, 45-49; Rom., viii, 18-23. Voir aussi plus haut les textessur la réunion en Jésus-Christ de tous les êtres. —2. L’Église, ’ExxXrjata, est ici regardée comme un toutorganique, formé de l’ensemble des Églises locales, tandisqu’ailleurs saint Paul ne parle que des Églises particulières.Cette idée de l’unité de l’Église est, affirme-t-on, étrangère à saint Paul. Il n’en est rien; saint Paul aemployé au sens collectif le mot’ExxXr]<7Ïa dans ses autresÉpîtres, I Cor., xv, 9; Gal., i, 13; Phil., iii, 6, ou bienau sens abstrait, comme dans notre Épître. I Cor., x, 32; xii, 28. — 3. La relation du Christ avec l’Église n’est plusla même, dit-on, dans l’Épître aux Éphésiens que dansles autres Épitres. Ici le Christ est la tête, i, 23; iv, 15, tandis qu’ailleurs Jésus-Christ était le principe vital, quianimait le corps tout entier. I Cor., vi, 17; xii, 12. Ilnous semble que ces deux métaphores, loin de s’exclure, aboutissent à exprimer la même idée, qui d’ailleurs étaitpréparée dans les autres lettres, à savoir que l’Église estun corps, dont les chrétiens sont les’membres et Jésus-Christla tête. Il y est, en effet, parlé des chrétiens, formantun seul corps dans le Christ, Rom., xii, 4, 5, étant le corpsdu Christ, I Cor., xii, 27, ou le Christ est déclaré la têtede l’homme. I Cor., xi, 3. Celle idée, en outre, ne pouvaitêtre étrangère à saint Paul, bien qu’il ne l’ait pasexprimée en termes précis dans ses autres lettres, puisqu’elleressort de l’enseignement même de Notre-SeigneurJésus-Christ. Matth., xxi, 42; Marc, xii, 10, 11; Luc, xv, 17. — 4. Saint Paul parle ici des Apôtres et desprophètes autrement qu’il ne le fait ailleurs. Ceci encoren’est pas exact. Cf. I Cor., xii, 28, 29; xv, 9, 11; iv, 9.L’épithète de «saints», qu’il donne aux Apôtres et auxprophètes, iii, 5, s’explique parle contexte; il l’a employéeailleurs. Rom., i, 2; I Cor., xvi, 1; II Cor., viii, 4; IX, 1.
— 5. L’universalisme de cette Épître n’est pas celui desgrandes Épitres. Ici les païens sont incorporés au peuplejuif, tandis qu’ailleurs il n’y a plus ni Juif ni païen, maisune humanité nouvelle en Jésus-Christ. C’est bien encorede cette façon que dans l’Épître aux Éphésiens saint Paulconçoit le nouvel ordre de choses, «la réconciliation sofait en un seul corps avec Dieu.» ii, 16. — 6. Dansl’Épître aux Éphésiens seulement saint Paul parle de ladescente de Jésus-Christ aux enfers, iv, 9. Si l’Apôtren’en parle pas ailleurs, il y fait au moins allusion. Rom.,
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xiv, 9; Phil., m. 10. — 7. Les doctrines sur les angessont plus développées que dans les autres Épîtres. Eneffet, Eph., i, 21, saint Paul a ajouté xjpi<5tY|; aux listesd’êtres célestes, données Rom., viii, 38; I Cor., xv, 24.Mais l’exaltation de Jésus-Christ au-dessus des anges, Eph., i, 20, est enseignée aussi dans Phil., ii, 10.
777. RAPPORTS EXTRE L’ÉPITRE AUX ÉPHÉSIEyS ET
L’épitrb À ux colossiens. — La liste des passages parallèlesdes deux Épîtres a été donnée plus haut, col. 874.1! y a des ressemblances d’idées et souvent identité d’expressions.De là on a conclu à une dépendance entre cesdeux Epîtres; les uns ont soutenu que l’Épître aux Éphésiensétait la lettre originale, d’autres ont cru la trouverdans l’Épître aux Colossiens. Holtzmann, Kritik derEpheser und KolosserBriefe, p. 26, marchant sur lestraces de Hônig, établit que dans un certain nombre depassages la priorité est du côté de l’Épître aux Éphésiens; il suppose donc qu’il a dû exister une lettre primitive desaint Paul aux Colossiens, à l’aide de laquelle un interpolateura confectionné l’Épître aux Ephésiens; puis cettedernière a fourni des passages à l’Épître actuelle auxColossiens. C’est assez compliqué et très subjectif. Enfait, les rapports entre ces deux Épîtres s’expliquent parles circonstances qui leur ont donné naissance. Les Épîtresaux Colossiens et aux Éphésiens ont été écrites à la mêmeépoque et peut-être à quelques jours de distance seulement; elles étaient destinées à combattre les mêmeserreurs et à établir des vérités dogmatiques et moralesidentiques au fond. Les deux lettres étaient cependanttrès différentes dans la marche de l’argumentation, parceque l’Épître aux Colossiens, étant une lettre à une Égliseen particulier, était plus polémique et attaquait l’erreurplus directement, tandis que l’Épître aux Éphésiens, étantune circulaire, se plaçait à un point de vue plus général.La première établissait la dignité suréminente de Jésus-Christau-dessus de tous les êtres créés, et la seconde lagrandeur des bienfaits que Dieu a accordés à l’Église enJésus-Christ. Aussi, quoique dans cette partie dogmatiqueon rencontre des passages parallèles, il est à remarquerqu’ils ne se trouvent pas dans une même suite d’idées; il y a des sections entières, Eph., i, 3-14; i, 15-n, 10, qui n’ont pas de parallèles dans l’Épître aux Colossiens, sinon de courts passages, qui se retrouvent dans de toutautres développements. Si les passages, sont parallèles, Eph., iii, 1-21, et Col., i, 24-29, ils sont exprimés entermes différents. La partie morale des deux Épîtres offrebeaucoup plus de ressemblances, ainsi qu’on devait s’yattendre; cependant peut-on dire que les conseils auxépoux, donnés Eph., v, 22-23, ne sont qu’une amplificationverbeuse de Col., iii, 18, 19? Ces ressemblancesde termes et d’idées dans deux exposés assez différentss’expliquent très facilement par ce fait que saint Paul aécrit ces deux lettres à la même époque, alors qu’il étaitsous l’impression des mêmes circonstances et pénétrédes mêmes idées, de sorte qu’il en est résulté qu’il aemployé les mêmes expressions. Il n’a pas cherché àexprimer différemment des idées qui dans les deuxÉpîtres étaient les mêmes. Un faussaire, aurait mieux déguiséses emprunts, et en tout cas aurait écrit une lettrequi extérieurement aurait ressemblé davantage aux autresÉpîtres de l’Apôtre.
On a signalé aussi des ressemblances entre l’Épître auxÉphésiens et la première Épltre de saint Pierre: Eph., I, 3, et I Petr., i, 3; Eph., ii, 18, 19, 20, 22, et I Petr., il, 4, 5, 6; Eph., i, 20, 21, 22, et I Petr., iii, 22; Eph., III, 5, 10, et I Petr., i, 10, 11, 12. On a relevé encore destermes identiques ou des pensées analogues dans l’Épîtreaux Ephésiens et l’Épître aux Hébreux, l’Apocalypse etl’Évangile selon saint Jean. Voir Abbott, Epistle to theEphesians, p. xxiv-xxrx. La plupart des ressemblancessont fortuites ou s’expliquent par ce fait que les écrivainsde ces différents livres puisaient dans le même fonds detradition chrétienne. Cependant les rapports entre l’Épître
aux Éphésiens et la première Épttre de saint Pierre sontà diverses reprises si littéraux, la suite des idées si concordantes, Eph., i, 5-15, et I Petr., i, 5-13, que Von estobligé de conclure à des relations de dépendance littéraireentre ces deux Épîtres, et cela d’autant plus qu’il ya aussi des ressemblances entre la première Épltre de saintPierre et l’Épître aux Romains. Diverses explications ontété proposées. Il est possible que saint Pierre ait connu lesÉpîtres de saint Paul; II Petr., iii, 15, le prouve, malgrécertains critiques, qui nient l’authenticité de cette Épître.Lors de son séjour à Rome, saint. Pierre a pu connaître lesÉpîtres aux Romains et aux Éphésiens. Enfin, et ceciparaît l’hypothèse la plus probable, si la première Épîtrede saint Pierre a été écrite ou peut-être composée parSilvanus, sous l’inspiration de saint Pierre, on comprendtrès facilement que le fidèle compagnon de saint Paul yait introduit des idées et même des mots empruntés auxletlres de son maître.
VI. Texte de l’Épître. — Des vingt manuscrits onciauxqui contiennent les Épîtres de saint Paul, dix la possèdenten entier ou en très grande paitie; deux autres en ontseulement des fragments. Voir Tischendorf, Novum Testa ?mentumgrssce, t. iii, Prolegomena, auctore C. R. Gregory, p. 418-435, 673-675, 801-1128. Les manuscrits présententquelques variantes. Deux seulement sont à relever: chap. ii, 14, et v, 30. Voir Tischendorf, Novum Teslamentumgrsece, t. ii, p. 363-901, et t. iii, p. 1286-1297.
VIL Citations de l’Ancien Testament.— Il y a vingtcitations de l’Ancien Testament dans l’Épître aux Éphésiens; neuf livres sont cités: les Psaumes, six fois, i, 20, 22; H, 20; IV, 8, 26; v, 6; la Genèse, quatre fois, IV, 24; v, 16, 30, 31; le Deutéronome, deux fois, ii, 26; VI, 9, ainsi qu’Isaïe, ii, 13; vi, 14, 17, et les Proverbes, lv, 9, 10; v, 18; l’Exode, une fois, vi, 2, 3, ainsi que les Chroniques, vi, 9; Daniel, v, 16, et Zacharie, vi, 25. Sept citations sontlittéralement ou presque littéralement empruntées au textegrec, ou à l’hébreu, quand celui-ci ressemble au grec, desorte qu’on doit conclure que la source est plutôt le textegrec, Eph., i, 22; iv, 8, 26; v, 16, 18; vi, 2, 3, 14, 17; les autres n’offrent que des ressemblances de mots oud’idées. Deux citations, IV, 8, et v, 14, sont introduitespar ôt’o Xsysi. La citation v, 14, n’est pas empruntée àl’Ancien Testament; il est possible que saint Paul l’aitempruntée à un écrit extra-canonique ou ait reproduitun ancien hymne chrétien ainsi mesuré:
"E-feipat & xaûsùSwv
xai àvàfffa èx twv vexpùv
xai È7uiç<x’j<tei (roi 6 Xpi<rv4{.
Ces deux hypothèses paraissent improbables à Jacobus, Eph., v, 14, dans Theol. Studien, p. 9-29; il croit quele passage dérive de Jonas, i, 6.
VIII. Analyse de l’Épître aux Éphésiens. — Ellecommence par la salutation ordinaire, I, 1-2, et se diviseen deux parties: la première dogmatique et la secondemorale. Pour la partie dogmatique, il est difficile d’établirun plan dont les parties s’enchaînent logiquement; c est plutôt une suite de bénédictions, d’actions de grâces, de prières.
î. partie dogmatique, i, 3-in, 21. — 1° Actions degrâces pour les bienfaits reçus de Dieu en Jésus-Christ, i, 3-14; — 1. pour les bénédictions spirituelles de Dieu, qui nous a bénis, nous a élus et prédestinés pour la justificationet l’adoption en Jésus-Christ, 3-6; — 2. en quinous avons la rédemption, et pour la connaissance dumystère de sa volonté de réunir toutes choses dans leChrist, 7-12; — 3. les Ephésiens, appelés à la foi, ont étéscellés du Saint-Esprit, arrhes de l’héritage futur, 14.
— 2° Actions de grâces et prière pour les Éphésiens, dontPaul a appris la foi et la charité, i, 15, 16; il demandeà Dieu pour eux la connaissance de leur vocation, de lagloire de leur héritage et de la grandeur de la puissance
divine, 17-19, qui s’est montrée — 1. en Jésus-Christdans sa résurrection et son élévation au-dessus de toutesles créatures et dans son établissement comme chef del’Église, 20-23; — 2. dans le salut de tous les croyants, u, 1-10; en eux, païens, qui, de même que les Juifs, étaient morts par leurs péchés, 1 -3, et que Dieu a ressusciteset exaltés avec Jésus-Christ, pour manifester lesrichesses de sa grâce, 4-7; car c’est par la grâce, par lafoi, qu’ils sont sauvés, pour opérer de bonnes œuvres, 8-10; — 3. dans le changement opéré en eux, ii, 11-22; ils étaient païens dans la chair, sans Christ, séparés dupeuple de la promesse, sans espérance et sans Dieu, 11, 12; maintenant ils sont rapprochés par le sang du Christ, notre paix, qui a aboli les ordonnances légales, détruitle mur de séparation entre Juifs et païens, et a donné lapaix à tous et accès auprès du Père dans un même Esprit, 13-18; ils ne sont donc plus des étrangers, mais ils fontpartie de l’Eglise, dont Jésus-Christ est la pierre angulaire, et où Dieu habite, 19 - 22. — 3° Apostolat de Paulpour la révélation de ce mystère, le salut de tous, iii, 1-13, et reprise de la prière pour les Éphésiens, iii, 14-21.
— 1. Ce mystère du salut des païens, participants à la promesseen Jésus-Christ, a été communiqué à saint Paulpar une révélation spéciale, iii, 1-6, et il a reçu la missionde proclamer les richesses du Christ et de faire connaîtreà tous les hommes et aux anges ce mystère, cachéen Dieu, 7-13. — 2. Pénétré de ce mystère, saint Pauldemande au Père de fortifier les Éphésiens dans la foi, dans l’amour, pour qu’ils comprennent l’amour du Christ, qui surpasse toute connaissance, iii, 14-19; gloire à Dieudans l’Église en Jésus-Christ, 20-21.
77. partie morale, iv, 1-vi, 9. — 1° Conséquencespratiques des enseignements dogmatiques, iv, 1-16. —1° Exhortation de Paul à répondre à leur vocation et àconserver l’unité de l’Esprit, non seulement extérieure, mais surtout intérieure, iv, 1-3; car ils forment un seulcorps, relié par la même foi et le même Dieu, 4-6, etcette unité se montre: — 1. en ce que le Christ, distributeurde la grâce, la donne à chacun selon sa mesure, 7-10; — 2. donnant des charges diverses, mais destinéesà promouvoir l’unité de la foi et de la connaissance, laréalisation du corps mystique du Christ par la foi et lacharité, 11-16. — 2° Exhortations pratiques générales, IV, 17-v, 20. — Ils ne doivent plus vivre comme lespaïens, IV, 17-19; car ils connaissent le Christ, de quiils ont appris à se dépouiller du vieil homme pour revêtirl’homme nouveau, 20-24; qu’ils s’abstiennent donc dumensonge, du péché par la colère, du vol, des parolesmauvaises, pour ne pas attrister l’Esprit de Dieu, 25-31; qu’ils exercent la charité fraternelle, qu’ils soient les imitateursde Dieu, et qu’ils marchent dans la charité, imitantJésus-Christ, qui s’est oflert pour nous à Dieu, îv, 31-v, 2; qu’ils s’abstiennent de tous les vices du paganisme, 3-5, qu’ils prennent garde aux séducteurs, 6-7, et puisqu’ils sont passés des ténèbres à la lumière, ilsdoi vent marcher dans la lumière et s’abstenir des œuvresde ténèbres, 8-14; ils doivent se conduire comme dessages, racheter le temps, ne pas s’enivrer de viii, êtreremplis du Saint-Esprit dans des actions de grâces et desprières continuelles, 15-20. — 3° Précepte pour la vie defamille, v, 21-vi, 9; selon le précepte de la soumissionmutuelle, 21, Paul établit: — 1. Les devoirs des époux, v, 22-33; les femmes doivent être soumises à leurs maris, car l’homme est la tête ou le chef de la femme, commele Christ est la tête de l’Église, 21-24; les maris doiventaimer leur femme, comme le Christ aime l’Église, qu’ila comblée de bienfaits, 25-27; et cette union est uneimitation de l’union du Christ avec l’Église, 28-33. —2. Devoirs des parents et des enfants, vi, 1-4; les enfantsdoivent obéissance à leurs parents, 1-3; les parents nedoivent pas irriter leurs enfants par leur sévérité, 4.
— 3. Devoirs des serviteurs et des maîtres, VI, 5-8; les esclaves doivent obéir à leurs maîtres comme au
Christ, 5-8, et les maîtres voir dans leurs esclaves desfrères, 9.
m. épiloquk, vi, 10-24. — 1° Exhortation à se fortifierdans le Seigneur et à se revêtir des armes de Dieu pourcombattre les esprits méchants, 10-12; qu’ils prennentdonc les armes de Dieu, qui sont la vérité, la justice, lapaix, la foi, l’assurance du salut, l’Esprit et la parole deDieu, 13-17; mais surtout qu’ils persévèrent dans laprière pour tous et pour lui, afin qu’il parle librementpour faire connaître le mystère de l’Évangile, 18-20; Tychique leur dira tout ce qui le concerne; afin qu’ilssoient consolés, 21-22; vœux et prière de l’Apôtre pourses frères, 22, 24.
IX. Bibliographie. — Pères grecs: S. Jean Chrysostome, Homiliæ in Epist. ad Ephesios, t. lxii, col. 9-176; Théodore de Mopsueste, In Epist. B. Pauli Commentaria, t. lxvi, col. 911-922; Théodoret, Opéra, t. lxxxii, col. 507-558; Œcuménius, Commentarius, t. cxviii, col.1 166-1256; Théophylacte, Explanatio, t. cxxiv, col. 10331138; S. Jean Damascène, Loti selecti, t. xci, col. 821-856.
— Pères latins: Ambrosiaster, Comm. in tredecimEpist. B. Pauli, t. xvii, col. 371-404; Pelage ou un pélagien, dans les Œuvres de saint Jérôme, t. xxx, col. 823842; Primasius Adrum., Commentaria, t. lxviii, col. 607626; Sedulius Scotus, Collectanea, t. ciii, col. 195-212; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, t. cxiv, col. 587-602.
— Moyen âge: Haymon d’Alberstadt, Expos, in Ep. P., t. cxvii, col. 699-734; Hugues de Saint-Victor, Quant, inEp. P., t. clxxv, col. 567-576; Hervé de Bourges, Comm.in Ep. Pauli, t. clxxxi, col. 1201-1281; Pierre Lombard, Collectanea, t.’cxcii, col. 169-222; S. Thomas d’Aquin, In omnes divi Pauli apostoli Epist. Commentaria, Parme, 1861, t. xiii, col. 444-505. — xrie-xrme siècle: Cajetan, Literalis Expositio, Rome, 1529; Gagnæus, Brevissima scholia, . Paris, 1543; Benoît Justinien, Explorationes, Lyon, 1612; Estius, Commentarius, Douai, 1614; Picquigny, Triplex Expositio, Paris, 1703; NoëlAlexandre, Commentarius literalis, Paris, 1745; Cornéliusa Lapide, Commentarius, Anvers, 1614; dom Calmet, Commentaire, Paris, 1707. — Commentaires modernesspéciaux. — Catholiques: Schnappinger, Der Brief Paulian die Epheser erkl&rt, in-4°, Heidelberg, 1793; Bisping, Erklàrung der Briefe an die Epheser, in-8°, Munster, 1866; Maunoury, Commentaire sur l’Épître aux Galates, aux Éphésiens, etc., Paris, 1881; Henle, Der Epheserbrieferklàrt, in-8°, Augsbourg, 1890; Brunet, De l’authenticitéde l’Épître aux Éphésiens, Preuves philologiques, in-8°, Lyon, 1897. — Non catholiques. Pour lesouvrages antérieurs au xixe siècle, consulter Abbott, CritUcal Commentary on the Epistle to the Ephesians, in-8°, Londres, 1897, p. xxxv-xxxviii. — xixe siècle: Baumgarten-Crusius, Comment, ûber die Briefe Pauli Eph. undKol., Iéna, 1847; Beet, Commentary on the Epistleto the Ephesians, in-8°, Londres, 1890; Beck, Erklàrungdes Br. Pauli an die Epheser, Giitersloh, 1891; Dale, Epistle to the Ephesians; its Doctrine and Ethics, 1884; Davies, The Epistle to the Ephesians, Londres, 1884; Eadie, Commentary on the Greek Text of theEpistle of Paul to the Ephesians, Edimbourg, 1883; Ellicott, Critical and grammatical Commentary on Ephesians, Londres, 1855; Harless, Commentar ûber denBrief Pauli an die Epheser, Stuttgart, 1858; V. Hofmann, Der Brief Pauli an die Epheser, Nordlingue, 1870; A. Klôpper, Der Brief an die Epheser, Gœttingue, 1891; Macpherson, Commentary on St. Paul’s Epistleto the Ephesians, Edimbourg, 1892; Meier, Commentarûber des Brief Pauli an die Epheser, Berlin, 1834; Meyer, Kritisch-exegetisches Handbuch ûber d. Pauli andie Epheser, 6e édit., par Woldemar Schmidt, Gœttingue, 1886; Oltramare, Commentaire sur les Épitres de saintPaul aux Colossiens, aux Éphésiens et à Philémon, Paris, 1891; Sadler, Galatians, Ephesians, Philippians, Londres, 1889; Von Soden, Die Briefe an die Kolosser,
Epheser, 1893; G. Wohlenberg, Die Briefe an die Ephe^ser, Munich, 1895; Holtzmann, Kritik der Epheser-undKolosserbriefe, 1872; F. J. A. Hort, Prolegomena to theSt. Paul’s Epistle to the Romans and the Ephesians, Londres, 1895; Koster, De echtheid van de brieven aande Kol., en aan de Eph., Utrecht, 1877; Lunemann, DeEp. ad Ephesios authentia, Gœttingue, 1842; Soden, Epheserbrief, dans les Jahrbûcher fur protestantischeThéologie, 1887; Haupt, Die Gefangenschaftbriefe, Gœttingue, 1897; Gore, An Exposition of the Epistle tothe Ephesians, Londres, 1898. E. Jacquier.
ÉPHÉSIENNES (LETTRES). Voir Amulette, t. i, col. 528.
ÉPHI (hébreu: ns> «[et nsa, Lev., v, 15; xi, 13], ’éfâh), mesure de capacité pour les solides, d’environ38 litres 88. Elle avait la même contenance que le bath(voir t. i, col. 1306), Ezech., xlv, 10; . mais celui-ci servaitpour mesurer les liquides, tandis que l’éphi servaitpour mesurer les solides. S. Jérôme, In Ezech., xlv, 10, t. xxv, col. 449; S. Eucher, Instruct., ii, 14, t. L, col. 821.On le considérait comme l’unité de mesure. Deut., xxv, 14; Prov., xxv, 10; Lev., xix, 36; Amos, viii, 5; Mich., v, 10.La Vulgate, dans un grand nombre de passages, a conservé, comme les Septante, le nom même de la mesurehébraïque, mais en modifiant la terminaison âh en i, à l’imitation des traducteurs grecs, qui ont oîcpi (voirH. Hody, De Bibliorum textibusoriginalibus, 1. ii, c. iv, 6, in-f°, Oxford, 1705, p. 113); sept, d’après l’édition de saintJérôme parVallarsi, Patr. lai., t. xxv, col. 449.
1° Origine. — D’après M. Oppert, La notation desmesures de capacité, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. i, 1886, p. 89, l’éphi est assyrien. «Le ap, 7T"1’dit-il, était Yépha originaire.» Mais la plupart deshébraïsants de nos jours croient que les Israélites empruntèrentcette mesure à l’Egypte. D’accord avec eux, les
égyptologues identifient Vêfâh hébreu avec le I *, ap-tégyptien et l’oine, xini, oy^uni, CDim, copte.(Cf. en grec otçt, oîcpi, iepet, ici.) «Ce mot, apparentéavec la racine 1, ap (cf. h ne, numerus et mensura), désigne une mesure de solides, une sorte deboisseau, et le vase lui-même qui sert à mesurer,» ditH. Brugsch, qui le traduit par epha, HieroglyphischdemotischesWôrterbuch, t. i, Leipzig, 1867, p. 49-50.
— «L’identité d’origine de l’épha, ns>N, et de Vape-t oua Pe > I " -», est bien évidente; car le w, t, jouait en
égyptien un rôle tout à fait analogue à celui de n — n(ou» — ï) des Hébreux et des Arabes,» dit aussi M. E. Revillout, Comparaison des mesures égyptiennes et hébraïques, dans la Revue égyptologique, t. ii, 1882, p. 195.P. E. Jablonslcy avait déjà admis l’origine égyptienne del’éphi. Panthéon Mgyptiorum, 3 in-8o, Francfort-surle-Main, 1750-1752, t. ii, p. 229-230; . Opuscula, 4 in-8o, Leyde, 1804-1813, t. i, p. 182-183. Son opinion a étéacceptée par Gesenius et Rôdiger, Thésaurus lingusehebrsese, p. 83; Addenda, p. 68-69. Voir aussi E. Rodiger, dans Ersch et Grùber, Allgemeine Encyklopâdie, sect. i, t. xxxv, p. 308; P. de Lagarde, Erklârung hebrâischerWbrter, dans les Abhandlungen der Gesellschaft derWissenschaften zu Gôttingen, t. xxvi, 1880, p. 2-3; Fr. Buhl, Gesenius’Hebrâisches Handwôrterbuch, 12° édit., 1895, p. 34.
2° Contenance. — 1, Comme pour toutes les autresmesures hébraïques, il y a désaccord parmi les interprèteset les métrologistes au sujet de la contenance del’éphi. Sa valeur relative nous est du moins connue parl’Écriture elle-même. Ézéçhiel, xlv, 11, nous dit qu’il ala même capacité que le bath. L’Exode, xvi, 36, nousapprend qu’il vaut dix gomors. La tradition juive confirme
et complète ces données. «L’'êfâh, dit Rabbi Salomon, contient trois se’dh; le se’âh, six qabs; le qab, quatrelogs; le log a la capacité de six coques d’oeuf, d’où il résulteque la dixième partie d’un’êfâh a la contenance dequarante-trois coquilles d’oeuf, plus un cinquième.» DansG. Waser, De antiquis mensuris tiebreeorum, in-4o, Heidelberg, 1600, p. 74. La paraphrase chaldaïque jnstifiece que dit Rabbi Salomon: elle rend l’éphi par T’nd nSn, telaf sein, «trois se’dh.» Exod., xvi, 37; Ruth, ii, 17, etc. Les rapports ainsi établis entre les mesures hébraïquesde capacité sont admis par tout le monde. Voir Mesures.
— 2. Quantaux évaluations de l’éphi que nous ont laisséesles écrivains de l’antiquité, elles sont pour la plupartcontradictoires. (Voiries textes dans Frd. Hultsch, Metrologicorumscriptorum reliquiee, 2 in-12, Leipzig, 1864, t. i, p. 259, 260, 266; t. ii, p. 167, 223, 233). Josèphe lui-mêmen’est pas conséquent dans ses écrits. Il dit, Ant.jud., VIII, ii, 9, que le bath, (JâSo; , dont la contenanceest égale à celle de l’éphi, comme on vient de le voir, vautsoixante et douze xestes (£sora; ), ce qui fait un métrèteattique. Mais dans le même ouvrage, XV, ix, 2, nouslisons que le cor, xôpoç, c’est-à-dire dix éphis, équivautà dix médimnes attiques, ce qui donne à l’éphi une valeurde quatre-vingt-seize xestes. Ce dernier passage a induiten erreur bon nombre d’interprètes. Aujourd’hui onadmet généralement, sur les bonnes preuves qu’en adonnées Bôckh, Metrologischc Vntersuchungen, in-8o, Berlin, 1838, p. 259, que la première appréciation estseule exacte, et par conséquent que l’éphi équivaut aumétrète attique ou à soixante et douze xestes. Commele ?éoTï)ç ou sextarius romanus valait 0, 54 centilitres(C. Alexandre, Dictionnaire grec - français, 21e édit., 1892, p. 1625; E. Pessonneau, Dictionnaire grec-français, 7=édit., 1895, p. 1601), il s’ensuit que l’éphi valait38 litres 88.Il faut remarquer cependant que l’on ne peut calculeravec une exactitude rigoureuse et avec une entière certitudeles mesures anciennes, soit parce que la comparaisonqui en a été faite avec les mesures d’un peupleétranger n’était pas absolument exacte, soit parce que lavaleur n’en a pas été toujours la même, soit pour d’autrescauses encore. De là vient que les différents auteursdonnent des valeurs plus ou moins divergentes pour l’éphihébreu. AinsiV. Queipo, Essai sur les systèmes métriqueset monétaires des anciens peuples, 3 in-8o, Paris, 1859, t. i, p. 141; t. ii, p. 438, admet que l’éphi primitif valait29 litres 376, et que, depuis le retour de la captivité deBabylone, il ne valut plus que 21 litres 420. D’aprèsSaigey, Traité de métrologie ancienne et moderne, in-12, Paris, 1834, p. 21, l’éphi ne contenait que 18 litres 088.D’après J. Benziger, Hebrâische Archâologie, in-8o, Fribourg-en-Brisgau, 1894, p. 184, l’éphi égale 36 litres 44; d’après Ad. Kinzler, Die biblischen Altertûmer, 6e édit., Calw, 1884, p. 399, il égale 39 litres 392, etc. Voir aussiPaucton, Métrologie ou Traité des mesures, in-4o, Paris, 1780, p. 248, 251, 256. La conclusion à tirer de ces opinionssi diverses, c’est que nous ne connaissons la valeurde l’éphi que d’une manière approximative.
3° L’éphi dans l’Écriture. — L’éphi est une des mesuresdont il est le plus souvent fait mention dans l’AncienTestament (il n’est pas nommé dans le Nouveau), maisla Vulgate ne l’a pas rendu uniformément par le mêmeterme; elle a traduit l’hébreu’êfâh par cinq expressionsdifférentes. — 1. Elle se sert du mot original un peumodifié, éphi, Exod., xvi, 36: «le gomorest la dixièmepartie de l’éphi,» Septante: tpt&v [lÉTptov; Lev., v, 11; VI. 20 (hébreu, 13); Num., xv, 4 (hébreu: ’ièèârôn, «dixième de l’éphi» ); xxviii, 5, Septante: oîçt (dans tousces passages, il est question d’un dixième d’éphi de fleurde farine pour l’oblation des sacrifices); Ruth, II, 17: «un éphi d’orge» (o! ?î); I Reg., xvii, 17 (Septante, 20: yô|xop): «un éphi de grains rôtis;» Ezech., xlv, 10, 11, 13, 24; xlvi, 5, "J, 11, 14 (Septante: iiézpov, ^oîviE etitÉ|jLU.a). — 2. La Vulgate traduit’êfâh par le mot général
de rnensura, «mesure,» Prov., XX, lO’ftirrpov); Amos, vin, 5 (lisrpov); Mich., vi, 10 (non rendu dans les Septante), parce que, dans ces trois endroits, l’hébreu’êfâhest employé dans le sens générique de mesure de capacité.— 3. Elle s’est servie du mot modius, «boisseau,» au lieu d’éphi, Lev., xix, 36 (xo3c, «congé» ), et Deut., xxv, 14, 15 ((i=Tpov), pour exprimer également une mesureen général; mais elle a rendu avec moins d’exactitude’êfâh, qui a là un sens précis, par modius, dans Jud., VI, 19 (oï T Q, I Reg., i, 24 (o’iipi); Is., v, 10 (ulTpov).Voir Boisseau, t. i, col. 1840. — 4. Dans un seul endroit, Num., v, 15, elle a mis au lieu «d’un dixièmed’éphi de farine d’orge», qu’on lit en hébreu: «undixième de satum.» Voir Se’ah. — 5. Enfin, dans laversion de Zacharie, saint Jérôme a traduit cinq fois’êfâhpar amphora, «amphore.» Septante: jiitpov. Zach., v, 6, 7, 8, 9, 10. Voir Amphore, t. i, col. 521. V’êfâh apparaîtdans la vision de Zacharie comme une mesure decapacité, susceptible, à cause de sa forme, de recevoirune femme symbolique, qui figure les iniquités d’Israëlet qui y est enfermée. Un ange place au-dessus d’elle, à l’ouverture du vase, un couvercle de plomb pour l’empêcherd’en sortir, et deux femmes, à qui des ailes decigogne (hébreu) permettent de voler, emportent V’êfâhet son contenu dans la terre de Sennaar, c’est-à-diredans la terre de la captivité, en Babylonie. Ce sont sansdoute ces divers détails qui ont porté saint Jérôme, quoiqu’jlne s’explique pas là-dessus, In Zach., v, 5, t. xxv, col. 1410, à adopter ici le mot «amphore»; celle-ci étaitbien connue de ses lecteurs latins, sa capacité était considérable, et ses deux anses permettaient de l’enlever etde la transporter facilement. L’'êfâh signifie dans cettevision, ou bien que les péchés d’Israël avaient atteint lamesure déterminée par Dieu pour les punir, cf. Gen., xv, 16, ou bien que les pécheurs sont comme des grainsde blé qui sont amoncelés dans une mesure. Voir J. Knabenbauer, Comment, in proph. min., t. ij, 1886, p. 277.
— L’indication de 1’'êfâh est probablement sous-entenduedans le texte hébreu, Ruth, iii, 15, 17, et Agg., ii, 16(Septante et Vulgate, 17), comme étant l’unité de mesuredes grains. La Vulgate a suppléé dans ces trois passagesle mot modius, «boisseau;» les Septante ont reproduitle texte original sans addition dans les deux premiers, et ils ont ajouté aâza (voir Se’ah) dans le troisième.F. Vigouroux.
1. ÉPHOD (hébreu: ’Êfôd; Septante: Eouçf; CodexAlexandrinus: OvyiS), père de Hanniel, de la tribu deManassé. Num., xxxiv, 23.
2. ÉPHOD (hébreu: ’êfôd; Septame: êitwjjifi; , èipoiiS, èçû’S, cttoXti; Vuïgate: superhumerale, ephod), sortede vêtement sacré, diversement orné, suivant qu’il étaitporté par le grand prêtre, ou par d’autres personnesdans des fonctions religieuses, ou parfois même employéà des usages idolâtriques.
I. Éphod DU grand prêtre. — 1° Description. —L’Écriture ne décrit nulle part d’une façon complète cevêtement; mais en réunissant les différents textes, en yajoutant les explications de Josèphe, et surtout en rapprochantces données des monuments égyptiens, commel’a fait très heureusement V. Ancessi dans son livre, L’Egypte et Moïse, in-8°, 1875, p. 32-46, 57-69, on arriveà se faire une idée juste et claire de ce qu’était l’éphod.On peut voir assez fréquemment sur les monumentségyptiens, porté par des dieux ou des pharaons, un vêtementainsi composé: une large bande d’étoffe aux couleursdiverses ceint le buste depuis le milieu du corpsjusqu’aux aisselles; à la partie inférieure une riche ceinturele retient appliqué autour des reins; à la partiesupérieure, sur le dos et sur la poitrine, à gauche et àdroite, partent deux bandelettes qui viennent se rejoindreet s’agrafer sur l’épaule comme des bretelles (fig. 589).
Cf. Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, Bl. 224, 242, 274; A. Erman, Aegypten und àgyptisches Leben im Altertum, in-8°, "Tubingue, 1885, p. 358. Quelquefois une sorte de jupedescendant jusqu’aux genoux semble faire partie du mêmevêtement. Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, Bl. 140, 172; Champollion, Monuments, pi. 252. Mais plus ordinairement, comme dans les exemples cités plus haut, il paraîtdistinct du pagne ou schenti, porté habituellement par les
. 589. — Boi égyptien portant l’éphod. Thèbes. xx «dynastie.D’après Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, Bl. 224.
Égyptiens de toutes les époques. D’après les monuments, ce vêtement se compose donc de trois parties: le corselet, la ceinture et les épaulières; or il en est ainsi dansl’éphod du grand prêtre. — Le corselet, il est vrai, n’estpas décrit dans le texte sacré; mais il est implicitementmarqué. Le verbe ceindre de l’éphod, II Reg., ii, 18, suppose une sorte de ceinture, et cependant ce n’en étaitpas une proprement dite, puisqu’il est question de laceinture de l’éphod. Exod., xxviii, 8 (hébreu). «L’éphod, dit Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5, est large d’une coudéeet laisse à découvert le milieu de la poitrine.» Or unelarge bande d’étoffe ceignant le buste à partir de la ceinturejusqu’aux aisselles, telle que nous la montrent lesmonuments égyptiens indiqués plus haut, remplit parfaitementces conditions. Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5, suppose de plus que l’éphod avait des manches, maisl’Écriture n’en mentionne nulle part; et l’auteur juifpouvait du reste avoir en vue les manches de la tuniquesur laquelle on mettait l’éphod. Le tissu du corselet était
de fin lin (Ses) retors, brodé de fils teints couleur hyacinthe, pourpre, écarlate, et broché de lamelles d’or.Exod., xxviii, 6; xxxix, 2. Cf. Josèphe, Ant.jud., III, vu, 5. — La ceinture est expressément désignée, Exod., xxviii, 8: le l.iéséb, rendu textura par la Vulgate, esttraduit par ceinture dans les versions syriaque, chaldéenne; Josèphe a également Çtavirç. Cette ceinture retenaitla partie inférieure du corselet; elle était de mêmeétoffe et de même couleur. Exod., xxviii, 8, 27, 28; xxix, 5; xxxix, 5, 20, 21; Lev., viii, 7. — Mais ce qui distinguaitparticulièrement l’éphod et en faisait un vêtementbien différent d’une tunique, c’étaient les épaulières; aussi est-ce la partie surtout décrite ou rappelée dansle texte sacré. Deux bandes d’étoffe, appelées ketêfôt(d’après l’étymologie, «épaulières» ) «seront fixées àl’éphod à ses deux extrémités, et ainsi il sera attaché», dit l’Exode, xxviii, 7. Cf. xxxix, 4. La Vulgate traduitke(êfôt par oras, ce qui rend la description inintelligible; les Septante, au contraire, en mettant èîtt.i[iî8£ç, emploientl’expression grecque équivalente au mot hébreu. De chaquecôté du corps, à droite et à gauche, une bandelette partaitdu bord supérieur du corselet sur la poitrine et surle dos; et ces quatre bandes se rejoignaient deux à deuxsur les épaules à la façon de bretelles, comme nous levoyons sur les monuments égyptiens. Ces bandes étaientde même ti’ssu et de même couleur que le corselet.Exod., xxviii, 8. Et à l’endroit où elles s’agrafaient surchaque épaule se trouvait une pierre fine, sertie dansun chaton d’or. Exod., xxv, 7; xxviii, 11-12; xxxv, 9, 17; xxxix, 16-19. Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5, dit égalementque ces deux cabochons reliaient entre elles les bandelettesde l’éphod à la façon d’une agrafe. Les noms desenfants d’Israël (et par conséquent des douze tribus)étaient gravés sur ces pierres précieuses, six sur l’uneet six sur l’autre, selon l’ordre de leur naissance. Exod., xxviiii, 9-10. D’après la tradition juive, les noms des sixaînés étaient sur l’épaule droite, et les noms des puînéssur l’épaule gauche. Josèphe, Ant.jud., III, vii, 5. —En terminant cette description des trois parties de l’éphod, il est curieux de constater que, malgré le peu de clartédes textes pris en eux-mêmes, et indépendamment de lalumière que leur donnent’les monuments égyptiens, unrabbin du moyen âge, Raschi, arrive aux mêmes conclusions. «Personne, dit - il dans son Commentaire surl’Exode, au ꝟ. 6 du chapitre xxviii, ne m’a jamais indiqué, et je n’ai jamais trouvé dans la tradition quelle étaitla forme de l’éphod; mais je pense que le grand prêtreétait ceint de l’éphod (Exod., xxviii, 8), comme de ceslarges ceintures que portent les princes quand ils montentà cheval. Telle devait être, en effet, la forme de la partieinférieure de l’éphod, comme nous pouvons le conclurede ce passage (I Reg., ii, 18) où il est dit queDavid se ceignit d’un éphod de lin. L’éphod était doncune espèce de ceinture. Mais l’éphod ne consistait passeulement en une ceinture, car nous lisons dans le Lévitique, vin, 7, qu’on plaça l’éphod sur le grand prêtre etqu’on le ceignit bel.iêseb hâ’êfôd, «par la ceinture de» l’éphod.» Le hêseb était donc une ceinture, et l’éphodétait le vêtement placé au-dessus de cette ceinture. Onne peut pas dire non plus que l’éphod soit les deux bandelettes, puisqu’on les appelle les bandelettes de l’éphod.Nous devons donc conclure que le nom d’éphod, Exod., xxviii, 8, s’applique à une partie du vêtement, tandisque les bandelettes désignent une autre partie, commela ceinture en désigne une troisième.» Cf. V. Ancessi, L’Egypte et Moïse, p. 42-43.
2° Usages. — L’éphod, tel qu’il vient d’être décrit, étaitun des vêtements dont le grand prêtre devait se revêtirpour exercer ses fonctions sacerdotales. Exod., xxviii, 4; Lev., viii, 7; I Reg., ii, 28. Il ne l’avait donc pas d’unefaçon habituelle; aussi le voyons-nous suspendu dans letabernacle et couvrant l’épéede Goliath. I Reg., xxi, 9.En le revêtant, le grand prêtre portait ainsi sur les
épaules les noms des douze tribus d’Israël, qu’il représentaitdevant le Seigneur. Exod., xxviii, 12; Lev., viii, 7.L’éphod servait aussi à attacher le rational ou pectoraldans l’espace laissé vide entre le bord supérieur du corseletet les deux bandelettes. C’est bien ce que dit Josèphe.Ant.jnd.jlll, vii, 5: «L’éphod laisse à nu le milieu de lapoitrine, et c’est là qu’est placé le pectoral…; il remplitexactement le vide de l’éphod.» Il était suspendu pardeux anneaux d’or à deux chaînes d’or fixées par l’autreextrémité aux deux agrafes des bandelettes, agrafes placéesnon pas sur les épaules, mais un peu en descendantvers la poitrine, comme on peut le voir sur les monumentségyptiens. Exod., xxviii, 13-14, 23-28. Voir Pectoral.L’éphod ainsi muni du pectoral servait à consulter Jéhovah.David, pour connaître les desseins de Saül et desgens de Ceila contre lui, pria le grand prêtre Abiathard’apporter l’éphod. Et le Seigneur répondit par l’éphod.I Reg., xxili, 6-9. Un peu plus tard, David demandaau même Abiathar de mettre l’éphod pour lui et de consulterle Seigneur. I Reg., xxx, 7. Dans I Reg., xiv, 3, où il s’agit de la guerre de Saùl avec les Philistins, il estbien dit qu’Achias le grand prêtre portait l’éphod; maisquand le roi veut consulter le Seigneur pour connaîtrel’issue du combat, on lit dans le texte hébreu massorétique^ ꝟ. 18: «Saül dit à Achias: Faites approcher l’arched’Èlohim (car l’arche d’Êlohim était alors avec les enfantsd’Israël). Mais les Septante portent: «Saül dit à Achias: Faites approcher l’éphod; car il portait alors l’éphoddevant les enfants d’Israël.» C’est évidemment la vraieleçon, en harmonie avec le ꝟ. 3, avec le verbe haggiSâh, expression propre à l’usage de l’éphod. I Sam., xxiii, 9; xxx, 7. De plus, c’est avec l’éphod qu’on interrogeait leSeigneur; et l’on ne voit pas d’ailleurs que l’arche eûtété alors apportée de Cariathiarim. Enfin Josèphe, Ant.jud., VI, vi, 3, ne parle pas de l’arche en cette circonstance; mais il dit que Saùl ordonna au grand prêtre deprendre l’éphod, axoXr^i àp^iEpaTixTiv, pour prophétisersur l’avenir. La confusion s’explique d’ailleurs facilemententre tisn, ’êfâd, et jiin, ’ârôn.
II. Éphod ordinaire. — Nous voyons un éphod portépar de simples prêtres: Doëg l’Iduméen, sur l’ordre deSaùl, massacre quatre-vingt-cinq prêlres revêtus del’éphod. I Reg., xxii, 18. Un simple lévite, encore enfant, Samuel, était ceint de l’éphod. I Reg., ii, 18. David lui-même, dans le transport de l’arche de la maison d’Obédédomà Jérusalem, marchait devant Jéhovah, ceint d’unéphod. II Reg., vi, 14; I Par., xv, 27. Ce vêtement, portépar de simples prêtres ou des lévites ou par le roi dansune fonction religieuse, étant nommé éphod, devait avoirla forme générale de l’éphod du grand prêtre; mais ilfaut remarquer que dans tous les exemples qui viennentd’être cités l’éphod est dit’ëfôd bad, et non pas simplement’êfôd, comme lorsqu’il s’agit de celui du grand prêtre.Ce dernier éphod d’ailleurs était en ses et non en bad.Exod., xxviii, 7; xxxix, 2. Le ses était le fin lin d’uneéclatante blancheur; le bad paraît être le lin écru. Deplus, l’éphod ordinaire n’avait pas les ornements d’or etde couleurs variées de l’éphod du grand prêtre, et surtoutil ne servait pas à attacher le pectoral. Les Septante, pour l’éphod porté par David, II Reg., vi, 14; I Par., xv, 27, semblent avoir voulu bien distinguer cevêtement de celui du grand prêtre en traduisant par
ffToXirç.
III. Éphod iDOLATRiQUE. — Après la défaite des Madianites, Gédéon, recueillant dans le butin les pendantsd’oreille, du poids de dix-sept cents sicles d’or, en fit
faire un éphod, qu’il plaça, l>sn, hissîg, dans sa ville
d’Éphra. Ce fut l’occasion pour Israël d’un culte idolâtrique, et pour Gédéon et sa maison une cause de ruine.Jud., viii, 27. Dans un épisode qu’on lit vers la fin dulivre des Juges, xvii, mais qui paraît devoir se placer aucommencement de cette période, nous voyons un ÉphruîÉPHOD - ÉPHRA
1870
mite du nom de Michas se faire un pêsél et un massêkahet de plus un éphod et des teraphim, ꝟ. 4-5; desDanites, qui cherchaient à s’établir au nord de la Palestine, lui enlevèrent ces objets, Jud., xviii, 14-20, et seconstituèrent un culte à Laïs, culte idolâtrique commecelui de Michas. Qu’était cet éphod de Gédéon et deMichas? Des exégètes, comme Gesenius, Thésaurus, p. 135, pensent que l’éphod de Gédéon était une statue, une idole, appelée du nom à’éphod (isn) à cause desrevêtements d’or qui la couvraient. Les lames d’or oud’argent dont on avait coutume de recouvrir les idolesde bois ou de métal portent précisément le nom de mus, ’âpudâh, dans Is., xxx, 22; cf..1er., vi, 34. Il est à remarquer, de plus, que les statues ou représentations desdieux en Egypte sont souvent revêtues de l’éphod. Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, Bl. 212, 250. Cependant rien n’obligede changer la signification habituelle du mot éphod. Onconçoit qu’ayant reçu plusieurs communications divinesà Éphra, et y ayant élevé un autel à Yahvéh Salôm, Jud., "VI, 24, Gédéon ait désiré comme chef du peuple avoirprès de lui un moyen de consulter Dieu. On comprendqu’on ait pu ensuite faire servir cet éphod à un culte idolâtrique.F. Vigouroux, Bible et découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iii, p. 154; Fr. de Hummelauer, Comment, in libr. Judicum, in-8°, Paris, 1888, p. 175. —Quant à l’éphod de Michas, généralement on le tient pourun éphod du même genre que celui du grand prêtred’Israël. Comme Michas s’était fait une représentationde Jéhovah (probablement sous la forme d’un veau d’or, comme au temps de Jéroboam), il fallait y joindre l’accompagnementindispensable alors d’un culte vrai oufaux, l’instrument nécessaire pour interroger la divinité, c’est-à-dire l’éphod, et des théraphims, sorte de talismansou d’amulettes servant à attirer la protection d’enhaut. Osée, iii, 4, annonce aux enfants d’Israël, adonnésà l’idolâtrie, qu’un temps viendra où leur royaume seradétruit et où ils seront sans roi, sans sacrifice, sansautel, sans éphod et sans théraphim. E. LeveSQUE.
- EPHPHÉTHA##
EPHPHÉTHA, verbe araméen à l’impératif, qui signifie: «ouvre-[toi].» Ce mot fut prononcé en cettelangue par Notre-Seigneur guérissant un sourd-muet.Marc, vii, 34. Le texte grec reçu porte: ’E ?ça6dc. L’araméendoit être nnsn, hippâfaï}, ou nrraN, ’iptah, pour
nrsnN, ’étpâtâli, «sois ouvert.» Voir E. ltautsch, Grammatik. des Biblisch-Aramàischen, in-8°, Leipzig, 1884, p. 10.
4. ÉPHRA (hébreu: ’Ofrâh; Septante: ’Eypaôâ), villede la demi-tribu occidentale de Manassé. Dans Josèphe, Ant.jud., V, vi, 7, ce nom est écrit’Eypiv.
I. Identification. — La situation d’Ephra est difficileà déterminer. Le récit sacré, Jud., vi, 11, nous dit queGédéon, qui en était originaire, se cachait dans un pressoir, pendant qu’il battait et vannait son blé, afin den’être pas aperçu par les Madianites et leurs alliés, qui venaient d’envahir la vallée du Jourdain et la plainede Jesraël. On peut conclure de là que cette localitén’était pas éloignée du ileuve et de la plaine. Saint Jérôme, De situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 891, au mot Drys, nom sous lequel il désignele chêne d’Éphra, dit avoir parlé de cette ville aux livresdes Questions hébraïques; la perte de cet ouvrage, pourla partie concernant le livre des Juges, nous prive desseuls renseignements que nous aurions eu par là de l’antiquité.Les auteurs du Survey of Western PalestineExploration Fund, Memoirs, in-4°, Londres, 1882, t. ii, p. 162, proposent d’identifier’Ofrâh avec le village actuelde Fer’ata’, situé à dix kilomètres vers le sud-ouest deNaplouse, sur une montagne qui domine toute la plaine<le Césarée. Cf. Armstrong, Names and Places in theOld Testament and Apocrypha, in-8°, Londres, 1887,
p. 132; Conder, Tent-Work in Palestine, in-8°, Londres, 1879, p. 339. Cette identification est indirectement repousséepar Victor Guérin, Samarie, t. ii, p. 179, quiidentifie Far’ata’avec Pharaton (hébreu: Pir’aton).ville d’Éphraïm, patrie du juge Abdon. Jud., xii, 13-15, Fer’ata’, situé vers le sud de Sichem, dut appartenir àla tribu d’Éphraïm, tandis qu’Éphra était certainementde la tribu de Manassé, dont Gédéon faisait partie. Dansle territoire de cette dernière tribu on ne rencontre pasaujourd’hui de nom correspondant exactement au nomde’Ofrâh; mais il en est qui s’en rapprochent et pourraienten dériver. Sous les montagnes de Tallûza’, àl’est, commence la large, belle et fertile vallée de Fara’7, ’.Elle se dirige au sud-est et débouche dans le Ghôr, enface de la ruine, située sur la rive du Jourdain, nommée’Ed-Damiêh. La vallée reçoit son nom d’une ruineimportante, appelée Tell elFara’a', située elle-mêmedans la partie la plus occidentale de la vallée. Une petiteruine, située à un kilomètre et demi plus au sud, senomme’Odfer; à quatre kilomètres au sud-est d’'Odfer, une troisième ruine est désignée sous le nom de Beit-Fâr; une quatrième ruine, connue sous le nom deKhirbet Farouèh, se trouve à quatre kilomètres et demiau sud-ouest de Tell elFara’a', sur un petit plateauqui domine l’ouadi Béniân, un des affluents de l’ouadiFara’a'. Le nom d"Odfer, quoique commençant par’(n), et non par’(y), n’est pas sans analogie avec’Ofrâh; mais la ruine qui le porte paraît trop insignifianteet trop peu ancienne pour avoir pu être l’antiqueÉphra. Beit-Fâr, «maison des rats,» semble un nompurement arabe. À l’étendue de ses ruines, à quelquesbeaux blocs de pierre et à des fûts de colonnes monolithesque l’on remarque parmi elles, on voit que Farouéhfut une localité ancienne et importante. Le nom auraittoutes les radicales de’Ofrâh, s’il se prononçait en réalitéFarou’ah, comme l’écrit Victor Guérin, Samarie, 1. 1, p. 364; mais telle n’est certainement pas la prononciationcommune et ordinaire dans le pays. Celle de Fara’a' estindubitable, et ainsi ce nom offre une analogie certaineavec’Ofrâh; seulement l’ordre des lettres est interverti, par une métathèse semblable à celle qui a modifié ungrand nombre d’autres noms bibliques ou anciens: ainsiEmmaùs est devenu’Amu’âs; Thisbé, Istéb, et Làfrûnest appelé Baflûn par les paysans. Situé dans une valléed’un abord facile et attrayant, à vingt kilomètres à peinede l’endroit où’elle débouche dans le Ghôr, Fara’a' nepouvait voir d’un regard tranquille le passage des Madianitesenvahisseurs dans la vallée du Jourdain. Ces donnéesne suffisent pas sans doute à établir d’une manière certainel’identité de’Ofrâh et de Fara’a'; mais elles semblentlui donner quelque probabilité, que les autres localités, ses voisines, n’ont pas au même degré.
II. Description. — Tell elFara’a' est une collines’élevant de quarante à cinquante mètres de hauteur au-dessusde sa base (fig. 590). Son large sommet, de prèsd’un kilomètre carré de superficie, et ses flancs sontcouverts de pierres disséminées, de grandeurs diverses, débris d’anciennes habitations entièrement ruinées. À sixcents mètres à l’est, une seconde colline de moindreétendue est également couverte de ruines de caractèreantique. Vers l’extrémité orientale de la colline, unegrande tour carrée, de dix mètres environ d’élévation etde quinze mètres de côté, surplombe la vallée. Elle étaitconstruite avec de beaux blocs, dont un grand nombreétaient taillés en bossage; l’étage supérieur est détruit.Elle est appelée Bordj el-Fara’a'. Tout à côté est unbirket, de vingt mètres environ de longueur sur sept delargeur, entièrement creusé dans le roc. On remarqueencore plusieurs citernes, taillées également dans le roc.II est incontestable qu’il y avait jadis en ce lieu une villerelativement importante. — Au nord et près du tell, unesource extrêmement abondante et pure prend naissanceau milieu d’un bosquet de figuiers et d’arbres divers.
1871
ÉPHRA — EPHRXMI (CODEX)
1872
Elle forme aussitôt un grand ruisseau, qui coule au pieddu tell, entre une double bordure de lauriers-roses, deséders et d’une multitude d’autres arbustes. Le ruisseaupoursuit son cours jusqu’au Jourdain, grossi des eauxde plusieurs affluents, qui l’aident à mettre en mouvementplusieurs moulins, établis depuis quelques annéessur ses bords.
III. Histoire. — Éphra avait été donné en possessionà la famille d’Esri, de la souche d’Abiézer, une des grandesbranches de la tribu de Manassé. Cf. Jud., VI, 24, 29; vin, 2, 32, et Jos., xvil, 2. De là le surnom de’Ofrdh’Abî Hâ-’ézrî qui lui était donné, Jud., vi, 24, et qui ladistinguait de’Ofrdh (Vulgate: Ophra) de Benjamin.
mais plus tard ce culte dégénéra en idolâtrie. Gédéoamourut à Éphra et fut enseveli dans le tombeau de safamille. Jud., viii, 24-34. Peu après, Abimélech, fils deGédéon, né d’une femme sichémite, vint, avec la troupequ’il avait levée dans sa patrie, immoler sur un rocherd’Éphra les soixante-dix fils de Gédéon; seul Joatham, le plus jeune, avait réussi à se cacher. Jud., IX, 1-5.Depuis ce moment il n’est plus question d’Éphra deManassé dans l’histoire. L. Heidet.
2. ÉPHRA, nom d’une ville de Palestine, I Reg., sm, 17, appelée ailleurs par la Vulgate Ophera, Ephraim, Ephron, Ephrem. Voir Éphrem 1.
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590. — Tell el-Fara’a'. D’après «ne photographie de M. L. Heidet.
C’est la patrie de Gédéon. Il y battait le blé, en se cachantdans le pressoir de sa famille, lorsque l’ange, qui venaitl’appeler à délivrer Israël de l’oppression étrangère, luiapparut sous un chêne situé non loin de la ville. Là nuitqui suivit l’apparition, Gédéon détruisit l’autel de Baal, qui appartenait à son père Joas, coupa Y’âsêrâh (voirAschéra, t. i, col. 1074), et éleva à la place un autelconsacré au Seigneur. Gédéon fit retentir la trompetteguerrière et appela à sa suite les hommes de la familled’Abiézer et de la tribu de Manassé. Il envoya aussi desmessagers à Aser, à Zabulon et à Nephthali, et il fut rejointpar un grand nombre de guerriers. Éphra fut sansdoute le centre où se groupa cette armée, et où Gédéondemanda au Seigneur le signe de la toison. Jud., vi.Après sa victoire sur les Madianites et leurs alliés, Gédéonrevint habiter Éphra. Avec les boucles d’or (nézém)prises sur les Madianites et les Ismaélites, que lui donnèrentses compatriotes, Gédéon fit fabriquer un éphodpour rehausser le culte du Seigneur, qu’il avait établi aulieu de l’apparition céleste. Le peuple y vint en foule,
EPHR/EMI (CODEX). Ce manuscrit, désigné sousle nom de Codex Ephrxmi rescriptus, et dans l’appareilcritique du Nouveau Testament par le sigle C, estle manuscrit n° 9 du fonds grec de la Bibliothèque Nationale, à Paris; il était coté 1905 dans la Bibliothèque duRoi et 3769 dans la Bibliothèque de Colbert. C’est unmanuscrit palimpseste (voir, fig. 591, le fac-similé duꝟ. 162, verso, du Codex Ephrxmi, contenant Matth., xi, 17-xii, 3). L’écriture seconde cursive est d’une maindu xme siècle, et le texte est celui de vingt-trois discoursou traités de saint Éphrem, en grec. L’écriturepremière onciale est d’une main du Ve siècle, et le texteestcelui de Job, des Proverbes, de l’Ecclésiaste, du Cantiquedes cantiques, de la Sagesse, de l’Ecclésiastique, des quatre Évangiles, des Actes des Apôtres, des Épitrespaulines, des Épitres catholiques, de l’Apocalypse. Autotal 209 feuillets palimpsestes; une colonne à la page; de 40 à 46 lignes à la colonne; ni accents ni esprits; ponctuation rare. Les caractères sont plus grands et plussoignés que dans le Vaticanus, le Sinaiticus, VAlexan* - r v __ r r’^ -^ w ^_ … r* 1873
EPHR^EMI (CODEX)— ÉPHRAÏM (TRIIiU D’)
1874
drinus. Quelques capitales. Ce manuscrit aurait été écritavant le milieu iiu v siècle, en Egypte, conjecture-t-on.Un correcteur du vi>' siècle, que l’on désigne par lesigle G’2 ou C, et un correcteur du IXe siècle, C 3, seraientle premier de Palestine, le second de Constantiuople; mais ce sont là des suppositions de peu de base. Le manuscrita appartenu, au XVIe siècle, au cardinal Ridolti, à Florence, à la mort duquel il fut acheté par les Strozzi, toujours à Florence. d’où il passa aux mains de la reineCatherine de.Medieis. et ainsi à Paris. Il l’ut étudié parMontfaucon. qui même en publia un fac-similé dans saPalœogmpliia yrivca (Paris, 1708), et partiellement eollationnépar Jean liuivin, par Wetstein. par Griesbach, parSeholz. par Fleck, enfin intégralement par Tischendorf, qui l’a édité: Codex Eplinvrni Syri reseriptus sivefragmenta uteinsipie Testurnenti «cod. gr. paris, ceteberrimoquinti ut videtur p. C/ir. sœculi, Leipzig, 1810181Ô. Toutefois il y a lieu de craindre que. vu la difficultédu déchiffrement, l’édition de Tischendorf ne laissebeaucoup à désirer. — Le texte du Nouveau Testamentdonné par le Codex Ephrwmi est, au jugement deAYeslcottet Hort, un texte mixte ou éclectique: dans l’ensembleil appartient à la famille de textes que l’on désignesous le nom de syrienne, mais il présente maintesleçons «pi’ésyriennes», soit «occidentales», soit c aloxandrines», soit «neutres». À cet égard, il est à rapproche: ’du Codex Ale.eaiidriiius. (Tuant à l’Ancien Testament, c’est la version des Septante que le Codex Ep/inemiprésente: mais, dans l’état actuel de la classification desmanuscrits grecs des Septante, on ne saillait spécifierdavantage. — Voir les l^roieqeonena de C. 11. Gregory al’etlitio octava rritiea major du Novum Tcstamentunigerce de Tischendorf, et l’introductiou au tome n duOUI Testament in tireek de Swete, in-12, Cambridge, 1891. P. Latifi oi..
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ÉPHRAIM, nom d’un des fils de Joseph, de la tribuà laquelle il donna son nom, dune ville, d’une montagneet d’une forêt de Palestine, et d’une porte de Jérusalem.
1. ÉPHRAÏM (hébreu: ’Éfraim; Septante: ’Eçsa-.’g: une fois Eplireen, dans la Vulgate, Ps. lxxvii, l J), lesecond fils que donna à Joseph son épouse, l’KgyptiennoAseneth, tien., xi.i..">'2: Xl.vi, 20; xi.vm, I, et qui dcintle père d’une tribu d’Israël. Gen., xi.vm, 5, lli.’Il, 17. 20.Il naquit pendant les sept années de fertilité, «avantque la famine vint., Gen., XI.I, OU. Le nom qu’il reçut, ’Efraim, au duel, de fdrdh, «fructifier, être fécond.» est, par un de ces jeux de mots fréquents dans la liible, une allusion à la double fécondité» de sa mère. Joseph, en l’appelant ainsi, dit: «Lieu m’a fait fructifier (hébreu: liifrani) dans la terre de mon affliction.» Gen..XI.I, 02. Jacob, en le bénissant, lui donna le pas sur sonfrère aine -Manassé. Lorsque les deux enfants fuient présentéspar leur père au vieillard atfaihli par l’âge et lamaladie, celui-ci, usant du pouvoir qui lui appartenaiteu vertu des promesses divines, les adopta comme sesfils, afin qu’ils formassent, non deux branches d’unemême tribu, mais deux tribus distinctes, au même titreque ses premiers-nés, Huben et Siméon. Gen., xi.vin, 5.Joseph, voulant maintenir a Manassé son droit d’aînesse, avait eu soin de placer ses enfants devant Jacob de manièreque l’ainé put recevoir l’imposition de la maindroite, «Lt ayant mis Éphraïm a sa droite, c’est-à-direà la gauche d’Israël, et Manassé à sa gauche, c’est-à-direà la droite de son père, il les approcha tous deux deJacob: lequel, étendant sa main droite, la mit.-ur latête d’Kphraïm, qui était le plus jeune, et mit sa maingauche sur la tête de.Manassé’, qui était l’ainé, croisantainsi les mains.» Gen.. xi.vm, ld. 11. Puis il les beuit.Mais Joseph contriste.» prenant la main de son père, tacha de la lever de dessus la (été d’Kphraïm. pour lamettre sur la tête de Manassé,» lui rappelant que celuici était le premier-né. Jacob refusa en disant: «Je sais, mon fils, je sais: lui aussi sera chef de peuples, et sarace se multipliera; mais son frère, qui est plus jeune, sera plus grand que lui, et sa postérité se multiplieradans les nations. Jacob les bénit donc alors, et dit: Israël sera béni on vous, et on dira: Que Dieu vous bénissecomme Éphraïm et Manassé. Ainsi il mit Kphraïmavant Manassé.» Gen.. xi.vm, 17, I’J-20. C’est la secondefois que dans la famille le plus jeune était substituéau plus vieux. L’histoire des deux tribus nousmontre, en ellet la prééminence de l’une sur l’autre.Voir Éi’iiRAÏM 2.
Joseph, avant sa mort, put voir les enfants d’Kphraïmjusqu’à la troisième génération. Gen., i., "22. Parmi ceuxci, que l’Écriture mentionne N’uni., xxvi, 30, et 1 Par., vu, 20-21, il en est deux, Ézer et Llad, qui furent tuéspar les habitants primitifs de Geth, dans une expéditionoù ils avaient tenté de ravir leurs troupeaux. 1 Par., vu, 21. Nous voyons par ce simple fait comment, avantl’exode, quelques dans israélites avaient déjà pénétiéen Palestine. Cf. Llevue biblique, Paris, janvier IS’Jd, p. 118-151). Kphraïm pleura longtemps ses fils, et en eut(dus tard un autre, qu’il appela liéria. Il eut aussi unej fille, nommée Sara, qui bâtit liéthoron intérieur et supérieuret Ozensara. Parmi ses descendants, le plus célèbrefut Josué. 1 Par., vii, 22-27. On s’est demandé si ce passagedes Paralipoineiies désigne réellement et directementle fils de Joseph. Les commentateurs y ont plutôt vu undescendant d’Kphraïni, portant le même nom. Cf. Keil, Chrojiik, Leipzig, 187(1, p. 10$1-$2(12: Clair, La SuinteBible, Les Tæaliponiénes, Paris, 1880, p. 12: i-12l. Cependantles données nouvelles de l’histoire, fournies par lesdocuments égyptiens, permettent parfaitement d’admoltiecertains établissements transitoires des Hébreux dans laTerre Promise, avant la conquête. Les autres pas-.a-.esdu l’Écriture où se lit le nom d’Kphraïm se rapportent, non à la personne du patriarche, mais a la tribu dont ill’ut le chef. Voir Kl’iiiiAÏM 2. A. I.Kui-.Nliiti..
2. ÉPHRAÏM, une des douze tribus d’Israël.
I. Gï.oon.vI’UiK. — La tribu d’L’phraïui occupait ml territoireassez étendu, entre Dan et llonjamin au sud, Manasséoccidental au nord, la Méditerranée a l’ouest, et leJourdain à l’est. K’Kcnluro ne nous donne pas. comme pourles autres, l’énuuiération de ses illes principales; aussiest-ce une des plus pauvres sous ee rapport. Le tracé deslimites est tellement vague sur plus d’un point, qu’il o.-tdilficile à suivre. Lssayons ci pendant de le déterminer, en serrant d’aussi près que possible le texte sacré. oirla carte.
1o LiMirr.s. — Les enfants de Joseph reçurent la partde leur héritage aussitôt après ceux de.luda, avec lesquelsils partageaient la prééminence. La liible exposeen ces termes la délimination méridionale de leur doinaine, ce qui forme la frontière sud d Kphiaim: «Lelot échu aux enfants de Joseph part du Jourdain, auprèsde Jéricho et de ses eaux (la fontaine d Klisé-e ou’.C «es-Sulliini vers l’orient; [suGanl] le d.-seit qui montede Jéricho a la colline de IVthel (le désert.le Iiétiiavi’iii. Ll il sort de liéthel I.uza et passe ver.- la frontièrede l’Ai’chite.’.! <-< Wriki vois Atarolh; et il descend al’occident vers la frontière du.laphletilo jusqu’aux conlinsde Kélhoruij inl’eueur t lied’/Vi’l-Mlin et jusqu’àGazer I Te il Lijézer, . et il aboutit a la inei Muiiterraueei.» Jos.. xvi. l-o. Cette ligne de démarcationcorrespond exactement a la limite nord de benjamin, telle qu’elle est donnée Jos.. xvin. 12. III. Voir I11: nj-MIN1. t. I. col. 1.VJ2. I! tant r’Miiaïquer c p.-ndaiit qu’apartir de liéthoron elle n’a plus qu’un point de irpn-, Gazer, et qu’elle ne tient pas compte de la tribu île D.m.
H est dune probable que le lut dé cette dernier, - fu! pins
tard taillé- dans le coin sud-. >: n st-l’Lph] aim. JosUe. dansle même chapitie xvi, ô, i éprend cette liau du sud, en 1875
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ÉPHRAÏM (TRIBU D’)
1876
disant: «La frontière des enfants d’Éphraïm selon leursfamilles et la frontière de leurs possessions est, à l’orient, Ataroth Addar jusqu’à Béfhoron supérieur, et ses confinsse terminent à la mer.» Il y a là une véritable obscurité, peut-être une lacune, en tout cas une concisionqui nous empêche d’utiliser le texte. Voir AtarothAddar, t. i, col. 1204, et Dan 2, t. ii, col. 1232. — Lalimite septentrionale est bien plus vague encore. Voicicomment elle est décrite, avec la frontière orientale: «Machmélhath regarde le septentrion; puis la frontièretourne à l’orient vers Thanathsélo (hébreu: Ta’ânatSilôh; aujourd’hui Ta’na), et elle passe de l’orient àJanoé (hébreu: Yânôhâh, actuellement Yanûn), et elledescend de Janoé à Ataroth (voir Ataroth 5, 1. 1, col. 1205)et à Naaratha (hébreu: Na’ârâ(â; Khirbet Samiyéhou Khirbet el-Audjéh et-Tahtdni), et elle parvientà Jéricho et se termine au Jourdain. De Taphua la frontièrepasse vers la mer jusqu’à la vallée des Roseaux(hébreu: Nahal Qânâh) et se termine à la mer (laMéditerranée et non pas «la mer Salée», comme portefaussement la Vulgate). Tel est l’héritage de la tribu desenfants d’Éphraïm selon leurs familles.» Jos., xvi, 6-8.Ce tracé correspond naturellement à celui qui est fixépour la limite sud de Manassé, Jos., xvii, 7-9. Ce dernierpassage ne précise que quelques points. Nous savonsaussi que Machméthath était «en face de Sichem», etque, si le territoire de Taphua était échu à Manassé, laville de Taphua appartenait aux enfants d’Éphraïm. Enrésumé, il semble que cette description a pour point dedépart une position centrale, vers la ligne de partage deseaux, et que de là elle nous conduit d’abord dans ladirection de l’est, de Machméthath au Jourdain, ensuitedans la direction de l’ouest, de Taphua à la Méditerranée.Malheureusement, Machméthath et Taphua n’ontpu jusqu’ici être identifiées. Nous n’avons donc sur laligne septentrionale que deux jalons, dont l’un certain, Sichem, indiqué I Par., vii, 28, et l’autre simplementprobable, le Nahal Qânâh, qu’on croit reconnaître dansle Nahr el-Fâléq. Voir Cana 1, col. 105. La frontièreorientale est bien marquée par Ta’na, Yanoûn et KhirbetSamiyéh, échelonnées du nord.au sud sur l’arête montagneusequi borde la vallée du Jourdain. L’ensemble deces limites est ainsi résumé par le premier livre desParalipomènes, vii, 28: «Leurs possessions et leur demeurefurent Béthel avec ses dépendances, et Noran(hébreu: Na’âràn, probablement la Naaratha de Jos., xvi, 7) du côté de l’orient, et Gazer avec ses dépendancesdu côté de l’occident, et Sichem avec ses dépendances, jusqu’à Aza avec ses dépendances.»
Quelques villes du territoire de Manassé furent cédéesà Éphraïm. Jos., xvi, 9. Celles qui appartenaient à cettedernière tribu nous sont peu connues. En dehors deslocalités déjà mentionnées, nous ne pouvons citer queles suivantes: Silo (Séilun), Thamnathsaré, le lieu dela sépulture de Josué, identifié par V. Guérin avec KhirbetTibnêh, à sept heures et demie environ au nordnord-ouest de Jérusalem, par les explorateurs anglaisavec Kefr Hâris, par le P. Séjourné avec Khirbet el-Fakhakhir, entre les villages de Serta et de Béroukin(cf. Revue biblique, 1893, p. 608-626); Lebona (El-Loubbân), Jésana (Ain Sinia), Baalhasor (Tell Asur), Baalsalisa (Khirbet Sirisia), Thapsa (Khirbet Tafsah), Galgal (Djeldjuliyéh), Pharathon (Fer’ata), Ataroth(Athara).
2° description. — La tribu d’Éphraïm occupait lapartie centrale de la Palestine, plus de la moitié desmonts de Samarie. Son domaine comprenait ainsi unerégion montagneuse bornée à l’ouest par une étroitebande de la plaine de Saron, et à l’est par une portionde la vallée du Jourdain. La ligne de faite est beaucoupplus rapprochée de cette dernière. Ses deux pointsextrêmes sont, au sud le Tell Asur (10Il mètres), etau nord les deux sommets qui dominent Naplouse, le
Djebel Sliniah ou mont Hébal (938 mètres) et le Djebelet-Tur ou mont Garizim (868 mètres); dans l’intervalle, les hauteurs varient entre 600 et 800 mètres. Deces terrasses supérieures descendent assez régulièrementà l’ouest les terrasses successives, coupées de petits chaînonset de vallées, qui forment la transition entre la côteet la haute montagne. Comme le versant oriental estplus près du Jourdain, le fleuve n’en reçoit que de petitsouadis, VAoudjéh, le Baqr, le Fasaïl, et le cours inférieurdu Farah. Sur le versant occidental, au contraire, les torrents s’allongent et serpentent, comme les ouadisEt-Tin, En-Naml, - Qânah et Rabâh, pour former lescanaux plus importants qui se jettent dans la Méditerranée.Les collines calcaires qui composent ce massifsont moins régulières et moins monotones que cellesqui se trouvent plus bas, aux environs et au-dessous deJérusalem. Parsemées de bois d’oliviers, couvertes denombreux villages, elles sont séparées par des valléesfertiles, où s’étendent champs et vergers. Ce pays bienarrosé garde encore, malgré sa déchéance, des vestigesde cette beauté primitive que Jacob chantait ainsien annonçant à Joseph l’avenir de ses enfants, Gen., xi.ix, 22:
Joseph est un rameau chargé de fruits,
Un rameau chargé de fruits, sur [les bords] d’une source,
Ses branches couvrent les murailles.
Moïse n’est qu’un écho du vieux patriarche quand il dità Joseph: «Que sa terre soit remplie des bénédictionsdu Seigneur, des fruits du ciel, de la rosée et des sourcesd’eaux cachées sous la terre; des fruits produits parl’influence du soleil et de la lune; des fruits qui croissentau sommet des montagnes anciennes et sur les collineséternelles; de tous les grains et de toute l’abondance dela terre.» Deut., xxxiii, 13-16. Il est en effet, dansl’héritage d’Éphraïm, telle plaine, comme celle d’El-Makhnah, au-dessous de Naplouse, la plus belle et laplus large de la contrée, qui était un petit grenierd’abondance, rempli de blé et réalisant pleinement lesbénédictions de Jacob et de Moïse. Plusieurs endroitssont également pourvus de nombreuses sources. Et nousne parlons que de la montagne; tout le monde connaîtl’admirable fertilité de la plaine de Saron. Les prophètesfont les mêmes allusions aux richesses du territoired’Éphraïm. Cf. Is., xxviii, 1. Les montagnes elles-mêmesdonnèrent à la tribu un rôle et une force dontnous parlons plus loin. Sa situation au centre de laPalestine, les chemins de communication qui la reliaientau nord et au sud du pays, aussi bien qu’à lamer et au Jourdain; des villes importantes au pointde vue politique et religieux, comme Sichem et Silo: tous ces avantages physiques contribuèrent à son importance.>
II. Histoire. — À la sortie d’Egypte, la tribu d’Éphraïmélait, sous le rapport numérique, parmi les plus petitesd’Israël. Au premier recensement, qui se fit au désertdu Sinaï, elle ne comptait que quarante mille cinq centsguerriers, alors que Juda en avait 74600; Zabulon, 57 400, etc. Elle surpassait cependant Manassé, 32200, et Benjamin, 35400. Num., i, 32-37. Ces trois tribus, issues deRachel, marchaient ensemble, Éphraïm en tête, et formaientun corps d’armée de 108100 hommes. Elles étaientcampées à l’ouest du tabernacle. Num., ii, 18. Éphraïmavait pour chef Élisama, fils d’Ammiud, Num., i, 10; h, 18, qui, au nom de ses frères, fit au sanctuaire lesmêmes offrandes que les autres chefs de tribu. Num., vu, 48-53. — Parmi les explorateurs envoyés en Chanaan, celui qui représentait la tribu fut Osée, fils deNun, Num., xiii, 9, dont Moïse changea le nom en celuide Josué. Num., xiii, 17. Déjà se dessinait dans un deses plus grands hommes la gloire dé cette famille israélite, qui pourtant au point de vue numérique était en décrois 4877
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ÉPHRAÏM (TRIBU D’)
1878
sance. En effet, an second recensement, à la veille dela conquête, elle ne comptait plus que 32500 guerriers; c’était donc une perte de 8 000, qui ne mettait au-dessousd’elle que Siméon, 22200. Manassé, au contraire, avaitmonté de 32200 à 52 700, et Benjamin de 35400 à 45600.Num., xxvi, 34, 37, 41. Au nombre des commissaireschargés d’effectuer le partage de la Terre Promise, setrouvait, en dehors de Josué, Camuel, fils de Sephthan, de la tribu d’Éphraïm. Num., xxxiv, 24.
Mécontents du lot qui leur était échu, les fils de Josephvinrent porter devant Josué une plainte aussi injustifiablequ’arrogante. Celui-ci leur conseilla d’abord, nonsans une certaine ironie, de défricher les forêts dontétait couverte la montagne d’Éphraïm. Puis il les engageaà marcher sans crainte à l’ennemi, dont ils redoutaienttrop les chars de fer. Jos., xvii, 14-18.
Une fois installés dans le territoire que nous avonsdécrit, l’ancien territoire d’Amalec, les Éphraïmites n’exterminèrentpoint les Chananéens de Gazer, et les laissèrentvivre au milieu d’eux. Jud., i, 29. Ils sont signalésau premier rang parmi les Israélites qui répondirent àl’appel de Débora, leur glorieuse prophétesse. Jud., v, 14.
— Avertis par Gédéon, ils s’en allèrent barrer la routeaux Madianites vaincus, en occupant les passages duJourdain, tuèrent les deux chefs ennemis, Oreb et Zeb, et poursuivirent les fuyards au delà du fleuve, portant auhéros d’Israël leur trophée sanglant, les deux têtes coupées.Jud., vii, 24, 25. Mais cédant à leur mécontentement, ils reprochèrent à Gédéon, sur un ton plein d’arrogance, de ne pas les avoir appelés au combat. Celui-ciles apaisa par un compliment délicat: «Que pouvais-jefaire qui égalât ce que vous avez fait? Le grappillaged’Éphraïm ne vaut-il pas mieux que toutes les vendangesd’Abiézer? Le Seigneur a livré entre vos mains les princesde Madian, Oreb et Zeb. Qu’ai-je pu faire qui approchâtde ce que vous avez fait?» Jud., viii, 1-3. — Ils se montrèrentplus insolents encore à l’égard de Jéphté, quipourtant avait défait les Ammonites, dont les ravagess’étaient fait sentir jusqu’au sud de la Palestine ( Juda etBenjamin) et au centre (Éphraïm). Jud., x, 9. Se soulevant, ils allèrent trouver le vainqueur et lui dirent: «Pourquoi, lorsque vous alliez combattre les enfantsd’Ammon, n’avez-vous pas voulu nous appeler, pour quenous y allassions avec vous?» Ajoutant la menace auxreproches, ils voulaient le brûler lui-même en incendiantsa maison. Jephté n’eut ni la patience ni la douceurde Gédéon, et, dans une réponse pleine de fermeté, ne craignit pas de faire ressortir leur lâcheté: «Nousavions, leur dit- ii, une grande guerre, mon peuple etmoi, contre les enfants d’Ammon; je vous ai priés denous secourir, et vous ne l’avez pas voulu faire. Cequ’ayant vii, j’ai exposé ma vie, et j’ai marché contre lesenfants d’Ammon, et le Seigneur les a livrés entre mesmains. En quoi ai-je mérité que vous vous souleviezcontre moi pour me combattre?» Rassemblant alors leshommes de Galaad, que les Éphraïmites insultaient aussi, il alla avec eux s’emparer des gués du Jourdain, par oùceux-ci devaient rentrer dans leur pays. «Et lorsquequelque fuyard d’Éphraïm se présentait et disait: Je vousprie de me laisser passer; ils lui demandaient: N’êtes-vouspas Éphrathéen? et comme il répondait que non, ils lui répliquaient: Dites donc: Schibboleth (c’est-à-dire «un épi» ). Mais comme il prononçait sibboleth, parcequ’il ne pouvait pas bien exprimer Ja première lettre dece nom, ils le prenaient aussitôt et le tuaient au passagedu Jourdain; de sorte qu’il y eut quarante-deux millehommes de la tribu d’Éphraïm qui furent tués ce jourlà.» Jud., xii, 1-6. On sait comment, à la funeste journéedes Vêpres siciliennes, on fit subir aux Français uneépreuve analogue, au moyen du mot ciceri, que la plupartne purent prononcer à l’italienne.
Après la mort de Saûl, Éphraïm, eomme les autrestribus, à l’exception de Juda, reconnut la royauté d’Isboseth. II Reg., ii, 9. Mais plus tard, vingt mille huit centshommes de la même tribu, «tous gens très robustes, renommés dans leurs familles,» vinrent trouver Davidà Hébron pour l’établir roi. I Par., xii, 30. Ils lui fournirentun certain nombre d’officiers. I Par., xxvii, 10, 14, 20. Quand, à la mort de Salomon, éclatèrent tous lesmécontentements que le monarque avait accumulés aucœur de son peuple, les Éphraïmites, toujours pleinsdu désir d’exercer une certaine prépondérance en Israël, surent profiter des circonstances pour le réaliser. Jéroboamétait un des leurs. III Reg., xi, 26. Sichem futhabilement choisie comme lieu d’assemblée pour les légitimesréclamations du peuple. III Reg., xii, 1. On saitce qui advint, et quel schisme se produisit. À partir dece moment, l’histoire d’Éphraïm se confond avec celled’Israël; son nom même est souvent employé pour désignerle royaume du nord, et c’est dans ce sens qu’il fautle prendre dans les prophètes. Cf. Is., Vil, 2-5, 8, etc.; surtout Os., v, 3, 5, 9; vi, 4, etc. Si la tribu, commetoutes les autres séparées de Juda, tomba dans l’idolâtrie, cependant plusieurs de ses membres s’enfuirentpour rester fidèles au vrai Dieu, et nous les voyons s’unirà Asa pour immoler des victimes au Seigneur à Jérusalem.II Par., xv, 8-11. Aux courriers que le pieux roiÉzéchias envoya en Éphraïm et Manassé, pour inviterles Israélites à monter au Temple et célébrer la Pàque, ceux-ci ne répondirent que par les moqueries et lesinsultes. Il vint néanmoins quelques pèlerins. II Par., xxx, 1, 10, 18. Poussée par son zèle, la multitude desfidèles, après avoir rempli ses devoirs religieux, envahitles deux provinces méridionales du royaume schismatiquepour y détruire les objets idolâtriques. II Par., xxxi, 1. Josias fit de même en ces contrées une sainteexpédition. II Par., xxxiv, 6, 9. Tels sont les principauxfaits qui concernent spécialement la tribu d’Éphraïm; lereste rentre dans l’histoire générale d’Israël. Voir Israël(royaume d’).
III. Importance et caractère. — D’où vient le rôleprééminent qu’eut Éphraïm? Il est permis d’en trouverla raison dans sa situation et son caractère, en dehorsmême des desseins de Dieu, manifestés par les bénédictionsqui lui furent accordées. Les autres tribus du nordparaissent avoir été beaucoup moins maîtresses chez elleset soumises à des influences extérieures qui durent diminuerla part active qu’elles auraient pu prendre auxaffaires intérieures. Nombreuses étaient les villes dontles Chananéens n’avaient pas été expulsés, et l’on saitde quelle puissance formidable disposaient encore lesvaincus après la conquête. Sans compter les séductionspernicieuses que trouvaient ces tribus auprès de voisinscomme les Phéniciens, elles étaient aussi plus exposéesaux incursions des Bédouins pillards et de conquérantsétrangers venant de Syrie, d’Assyrie ou d’Egypte. Leurpays, par la plaine d’Esdrelon, était ouvert à toutes lesinvasions. Bien différente était la position d’Éphraïm, qui jouissait d’une plus grande sécurité au sein de sesmontagnes. On ne pouvait aborder ses plaines fertiles etses vallées bien arrosées que par une ascension plus oumoins pénible, par des passes plus ou moins étroites, dangereuses pour une armée. Aucune attaque ne futportée sur ce massif central, ni du côté de la vallée duJourdain, ni du côté de la plaine maritime. Plus accessiblepar le nord, il était cependant facile à défendre, etun peuple moins affaibli par les dissensions intestinesavait beau jeu pour protéger de ce côté-là même contreune invasion étrangère le cœur du pays. Outre ces défensesnaturelles, la tribu posséda encore, au moins pendantassez longtemps, le double centre religieux et civilde la nation, Silo et Sichem. C’est autour de cette dernièreville et de Samarie que se concentra la vie de lanation.
A ces avantages physiques Éphraïm joignait une puissancemorale, une énergie de caractère, qui fit de cette 1879
- ÉPHRAÏM##
ÉPHRAÏM (TRIBU D’) — ÉPHRAÏM (FORÊT D")
1880
tribu la force des enfants d’Israël. Jacob l’avait prédit ences termes, Gen., xlix:
y. 23. On le provoque, on l’attaque;
Les archers le percent [de leurs flèches];
?. 24. Mais son arc reste fort,
Ses bras demeurent flexibles,
Par la main du [Dieu] puissant de Jacob,
Par le nom du Pasteur et du Rocher d’Israël.
Moïse le compare au buffle ou au taureau: «ses cornessont comme celles du re’êm (Vulgate: du rhinocéros): avec elles il lancera en l’air tous les peuples jusqu’auxextrémités de la terre.» Deut., xxxiii, 17. Si Benjaminest le loup ravisseur, Gen., xlix, 27, et Juda le lion, xlix, 9, caché dans ses montagnes sauvages, dans saforteresse de Sion, gardant le sud de la Terre Sainte, Éphraïm, son rival, est le taureau moins belliqueux, mais non moins puissant, qui doit défendre le nord.Cependant le sentiment qu’il a de sa force, la fierté despromesses reçues, de la prééminence acquise, le poussentjusqu’à l’arrogance. Arrogant, il l’est vis-à-vis de Josué, quand il vient se plaindre, avec Manassé, de la faiblepart d’héritage concédée à «un peuple si nombreux, etque le Seigneur a béni». Jos., xvii, 14. Il l’est vis-à-visde Gédéon et de Jephté, à qui il fait durement le mêmereproche: «Pourquoi ne nous avez-vous pas appelésau combat?» Jud., viii, 1; iii, 1. Il ne peut tolérerqu’on puisse se passer de lui. Quoi qu’il en soit, Dieul’appelle «la force de sa tête», Ps. lix (hébreu, lx), 9; CVII (cviil), 9, bien qu’il lui ait préféré Juda. Ps. lxxvii(lxxviii), 67. Et la raison de cette préférence, c’est quece superbe n’eut pas le courage de résister aux séductionsde l’idolâtrie; en abandonnant le Seigneur et sa loi, il fitcomme un guerrier fanfaron, qui abandonne son posteau jour du combat. Ps. lxxvii, 9. — L’histoire du schibboleth, Jud., xii, 6, nous montre qu’il y avait en Éphraïmdes provincialismes comme en Galilée. Matth., xxvi, 73.
A. Legendre.
3. ÉPHRAÏM (MONTAGNE D’) (hébreu: Har’Éfraim; Septante: cfpo; tô’Efpa’151, ou ô’po; ’Efpaiji), nom parlequel est désignée’la partie montagneuse du territoireattribué à Éphraïm. Jos., xvii, 15. Voir Éphraïm 2. D’unefaçon générale, il indique la moitié septentrionale dumassif qui court, entre la Méditerranée et le Jourdain, depuis le sud de la Palestine jusqu’à la plaine d’Esdrelon, la moitié méridionale étant appelée «montagne deJuda». Jos., xi, 21; xx, 7. Ce district était aussi nommé «montagne d’Israël». Jos., xi, 16, 21, et «montagned’Amalec». Jud., v, 14; xii, 15. Il s’étendait même jusquedans la tribu de Benjamin, Jud., iv, 5, allant ainsi deBéthel à Samarie. Il comprenait dans ses limites lesvilles suivantes: Thamnath Saraaou Thamnathsaré, Jos., XIX, 50; xxiv, 30; Jud., ii, 9; Sichem, Jos., xx, 7; xxi, 21; 1Il Reg., xii, 25; 1 Par., VI, 67; Gabaath de Phinées, jos., xxiv, 33; Béthel, Jud., iv, 5; Samir, Jud., x, 1; Ramathaïm-Sophim, I Reg., i, 1. C’était une des douze préfecturesque Salomon avait établies pour l’entretien desa maison, et l’intendant chargé d’y lever les impôtss’appelait Ben-Hur. III Reg., iv, 8. La contrée, en effet, était renommée pour sa fertilité, comme le Carmel, Basanet Galaad. Jer., l, 19. Elle était aussi bien boisée. Jos., XVII, 15; IV Reg., ii, 24. Comme c’était le centre dupays, Aod y fit entendre, par le son de la trompette, l’appel aux armes pour marcher contre les Moabites.Jud., iii, 27. Gédéon y envoya de même des courrierspour convoquer le peuple contre les Madianites. Jud., vu, 24. C’est là que demeuraient Michas ou Michée, dontl’histoire est racontée Jud., xvii, xviii, et le lévite dontla femme fut victime des habitants de Gabaa. Jud., xix.C’est de là qu’était Séba, fils de Bochri, qui s’était soulevécontre David. II Reg., xx, 21. Les rois de Juda yconquirent certaines villes. II Par.; xiii, 19; xv, 8.
A. Legendre.
4. ÉPHRAÏM, ville de Palestine ainsi nommée II Reg., xili, 23. Dans d’autres passages de l’Ancien Testament, elle est appelée Ophéra, Éphron, etc. Dans le Nouveau, elle est appelée Éphrem. Voir Éphrem 1.
5. ÉPHRAÏM (FORÊT D’) (hébreu: Ya’ar’Éfràim; Septante: Spïfiôç’Efpiiu.; Vulgate: saltus Ephraim), forêt dans laquelle eut lieu le combat entre les arméesde David et de son fils révolté Absalom, et où celui-citrouva une mort tragique. II Reg., xviii, 6. Cet endroitn’est pas mentionné ailleurs, et l’on se demande de quelcôté du Jourdain il faut le chercher. Comme la tribud’Éphraïm habitait un pays bien boisé, Jos., xvii, 15, qu’Absalom lui-même avait des propriétés près de laville de ce nom, II Reg., xiii, 23, on serait tout d’abordtenté de croire que ce bois tirait son nom ou du pays oude la ville, et qu’il était par là même à l’ouest du Jourdain.On ajoute à ces raisons un détail du récit sacré, qui nous montre Achimaas prenant «le chemin du kikkar» ou de la vallée du Ghôr, pour aller porter des nouvellesde la bataille à David, resté à Mahanaïm, de l’autrecôté du fleuve. II Reg., xviii, 23. Cette circonstance laisseraitdonc supposer que les événements se passèrentdans la région occidentale. Telle est l’opinion admise parcertains auteurs, comme Winer, Biblisches Realwôrlerbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 334, et Keil, Die BûcherSamueîs, Leipzig, 1875, p. 339. Il semble bien cependant, à considérer la marche et les opérations des deux armées, qu’elles se rencontrèrent à l’est du Jourdain. Ainsi: 1° David, après avoir franchi le fleuve, vient à Mahanaïm; Absalom, suivi de tout Israël, «passe aussi leJourdain,» et vient «camper dans le pays de Galaad», II Reg., xvii, 22, 24, 26, et l’on ne dit nulle part qu’ilsoit revenu sur ses pas. — 2° Le roi se tient dans laville, afin de pouvoir en cas de besoin porter secoursà son armée, II Reg., xviii, 3; l’engagement n’eut doncpas lieu très loin de là. — 3° Cette proximité ressortencore des points suivants: c’est le jour même de labataille que David reçoit la nouvelle du succès de sesarmes, II Reg., xviii, 20; les deux messagers paraissentavoir franchi la distance de la forêt à la ville tout d’unetraite, et même en courant. II Reg., xviii, 22. On ajouteaussi que, après la victoire, l’armée de David revint àMahanaïm, II Reg., xix, 3, tandis que, si le combat avaiteu lieu en deçà du fleuve, elle eût marché directementsur Jérusalem. Mais on peut répondre que, la révolteétant terminée après la mort d’Absalom et la défaite dessiens, les vainqueurs n’avaient plus qu’à aller chercherle roi à Mahanaïm, pour le ramener dans sa capitale, où personne ne devait penser à organiser la résistance.
On a dit, contre les deux premières preuves, qu’ellesne sauraient avoir de force que dans le cas où nousaurions le récit complet des faits qui se sont passés danscette guerre. «Le combat décisif pourrait à la rigueuravoir été précédé de plusieurs autres, comme il arrivedans toutes les opérations militaires, et les mots: «lepeuple sortit dans la plaine,» II Reg., xviii, 6, signifieraientuniquement que l’armée de David prit l’offensive.Ce serait alors à la suite de plusieurs échecs partielsqu’Absalom aurait repassé le Jourdain et se seraitréfugié dans une région d’un accès difficile, afin de résisteravec avantage.» Cf. Clair, Les livres des Rois, Paris, 1879, t. ii, p. 108. Avec ce système d’interprétation, on peut faire toutes les hypothèses; mais ne donneit-il point trop de facilité pour tout expliquer? D’après lei récit biblique, tel que nous le possédons, les événements
! racontés semblent bien avoir eu pour théâtre une coni
trée située à l’orient du Jourdain et non loin du fleuve.Cependant l’expression dérék hak-kikkâr, littéralement «le chemin du cercle», II Reg., xviii, 23, signifie-t-elle «la vallée du Jourdain», qui aurait offert à Achimaasune voie plus facile pour arriver plus vite vers le roi? Cei n’est pas sûr. La Vulgate y a vu un «chemin plus court», Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/980 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/981 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/982 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/983 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/984 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/985 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/986 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/987 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/988 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/989 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/990 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/991 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/992 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/993 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/994 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/995 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/996 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/997 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/998 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/999 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1000 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1001 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1002 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1003